-Ta sincérité ?!

Le monde de Carry s’effondrait tout autour d’elle. Il lui fallait plusieurs secondes avant de réaliser que les dire de Lili qu’elle avait entendu plutôt était vrai… Lili Cooper était une Sang-pur. Une personne de stature égale à la sienne, une personne envers qui Carry aurait protégé les arrières sans aucun doute ni regret. Mais il semblait que cette façon de penser n’allait pas dans les deux sens.

-Pourquoi ?! Se retint de crier Carry qui manqua de secouer la Serpentard. Parce que ça veut dire que tu es comme moi et que si tu avais été dans une situation telle que la mienne je t’aurai protégé ! Mais toi, tu n’as fait que me regarder en silence ! Nous sommes une minorité dans cette école et si en plus on ne se soutient pas les uns les autres, on va un jour le payer très cher mais là n’est pas la question…

Elle ne voulait pas dire que les nés-moldus seraient la raison de leur chute. Même si elle n’en pensait pas moins, elle était persuadée que ce seraient les impurs qui finiraient par frapper les premiers mais quand et comment ? C’étaient des points que la jeune sang-pur ignorait.
Carry tenait fermement Lili. La rancœur qu’elle ressentait envers elle était immense. Si immense que l’idée de l’envoyer par-dessus la sécurité lui caressa l’esprit. Mais agir ainsi reviendrait à se débarrasser de l’une des leurs et comme Carry le disait elle-même, ils étaient déjà assez peu nombreux…de plus, si on devait retrouver le cadavre de Lili, Carry était certaine de figurer parmi la première suspecte. Si quelqu’un avait vu Lili monté, il serait étrange de ne voir que Carry redescendre. Non, Carry refoula se sentiment primaire qu’était la vengeance et se contenta de la garder pour elle-même comme pour chaque sentiment négatif qui continuait d’affluer en elle. Pardonner était une route désormais possible.

-J’étais seule cette année…Complètement seule… isolée de tous… et si toi tu avais été à ma place, je serai venu te voir et je t’aurai soutenu peu importe le crime que tu aurais commis dans l’école… Parce que tu l’une des nôtres et que je tiens à toi… Est-ce que tu comprends où je veux en venir ? Demanda-t-elle en relâchant son emprise sur la Serpentard en la regardant emplit de déception mais aussi de tristesse. Espéré trop de ceux qu’on appelle « amis » était une chose très dure à faire.

Comme tu l'avais pensé, Carry ne met que très peu de temps à t'expliquer la raison qui l'a poussée à poser cette question. Et, lorsqu'elle a terminé de parler, tu ne peux pas cacher ta surprise en comprenant là où elle veut en venir. Décidément, elle n'a pas compris de quelle manière tu vois ton statut mais ce n'est pas étonnant, puisque tu ne le lui as pas expliqué. Elle n'a pas l'air de vouloir relâcher son étreinte, tu en profites donc pour lui faire saisir au mieux tes pensées et qu'elle n'essaie pas de te faire changer d'opinion.

- Donc, si j'ai bien compris, tu penses que j'aurais dû soutenir tes actions lors du bal simplement parce que nous avons le même statut ?

Tu marques une pause, plus que nécessaire à tes yeux : il faut que tu assimiles cette vision que tu trouves bien ridicule.

- Je n'ai pas soutenu tes actions parce que mettre en danger plusieurs élèves et se ranger du côté d'autres élèves qui souhaitaient faire de même est totalement irresponsable à mes yeux et égoïste. Tu aurais aimé que je te soutienne suite à la blessure que tu as fait à Alice, aussi ?

Plus tu développes, plus tu te demandes avec effroi comment Carry peut te demander une chose pareille avec un tel calme. Après tout ce temps, n'a-t-elle pas compris à quel point ses actions étaient mauvaises et dangereuses ?

- Ta punition était de rester seule parce que, sur le coup, tu étais un danger pour plusieurs d'entre nous. Penses-tu que ce que tu as fait était normal ? Ce n'est pas pour rien que j'ai coupé les ponts avec toi, et, si j'ai fini par accepter de te parler à nouveau, c'était justement pour éviter que tu sois trop seule mais aussi parce que je me souviens de ce que tu m'as dit, après le bal. Je voulais empêcher cette chose dont tu m'as parlé de refaire surface.

Tu aimerais éviter que Carry ne recommence, voilà pourquoi tu acceptes de lui parler lorsque tu la croises par hasard. A aucun moment, tu n'as pensé au statut qui vous unissait. En fait, pour toi, il n'y a pas de bonne raison pour soutenir quelqu'un que tu considères comme un ami mais là, avec tout ce qu'elle a pu faire, tu devais prendre du recul et couper les ponts avec elle, notamment parce que, non, tu ne soutenais pas ses crimes.

- Tous les crimes ne sont pas justifiés, tu sais que la punition était méritée et tu dois savoir que je fais comme si les statuts n'existaient pas, ça ne veut rien dire sur moi ou sur les autres, à mes yeux. Les actions en disent bien plus sur la personne. Alors, non, je ne t'aurais pas soutenue à cause de ce statut, désolée.

Tu sais ce que tu risques en parlant de cette façon à Carry mais, tant pis, il faut que ça sorte d'un ton ferme qui t'est de plus en plus familier. Tu défies son regard et tu t'écartes légèrement lorsque la troisième année te lâche. D'un coup, tu te radoucis un peu pour éclaircir ta vision sur les statuts.

- Ce que tu dois comprendre, c'est que je n'ai pas envie que ces statuts existent : pourquoi devrions-nous êtres classés selon quelque chose que nous n'avons pas choisi ? Pourquoi devrions-nous nous soutenir uniquement entre statuts alors qu'on pourrait tous se montrer solidaires, entre sorciers ? Que les Sang-Pur soient en minorité, franchement, ça m'est égal. Je n'ai pas choisi ce statut, contrairement à toi, je n'arrive pas à m'y identifier.

Faux. Tout sonnait complètement faux dans la bouche de Lili. Carry avait du mal à croire ce qu’était en train de dire celle qui était son amie autrefois. Une traitre a son sang. Voilà ce qu’était devenue Lili Cooper. Une fille qui ne croyait pas au valeur du sang et qui pensait que tout le monde était égal. La bouche de Carry grimaça de dégout, de déception mais aussi de tristesse. La douleur d’avoir appris que son ancienne amie était une Sang-pur faisait déjà assez mal mais entendre sa justification l’était encore plus. Elle avait de bon points en ce qui concernait la punition que Carry endurait mais tout n’était pas correcte.

-C’est la ou tu te trompes Lili ! C’est la ou vous vous trompez tous ! C’est la ou personne ne me comprends ! Je n’ai pas attaqué Rufus parce qu’il est ne-moldu ! Dit-elle en se retenant de crier. Je l’ai fait pour l’humilier comme lui m’a humilié dans la grande salle ! Evidemment quand c’était lui dans la grande salle, personne ne lui a fait de reproche, je me trompe ? En revanche quand c’est moi, la sang-pur sans cœur qui l’humilie, là ça ne va pas, là ça dérange, alors il faut alimenter cette rumeur que Carry Harrison hait les nés-moldus comme ça on la décrédibilise encore plus en ignorant ces raisons, car ces raisons sont invalides car Carry Harrison est une Sang-pur !

Carry avait mis tant d’intensité dans sa voix qu’elle sentie rapidement ses poumons s’essoufflés. Pourquoi personne ne voyait cette injustice ? Pourquoi tout le monde pensait que les Nés-moldus étaient une minorité alors qu’il était clair que c’étaient eux, les sang-purs, qui étaient en désavantages du nombre.

-Je me fiche d’Alice Sangblanc. Si vous pensez tous que je suis obsédée à faire du mal à cette greluche, posez-vous des questions car vous vous fourvoyez grandement. Reprit-elle en essayant de parler calmement. Ma punition envers elle est clairement méritée mais ce n’est pas moi le danger. J’espère qu’un jour Poudlard prendra feu et tombe en ruine et ce jour-là, j’espère que tu te rendras compte que ce n’est pas moi qui l’ait allumer ce feu et que votre fixette sur moi s’arrêtera, toi, le autres comme tous les autres professeurs !

*Elle n’a pas envie que les statuts existent…*
Sans statut, l’identité des Sorciers disparaitraient. C’était ce que pensait Carry. Avec ces statuts il était simple de savoir d’où l’on venait. Les nés-moldus provenaient du monde moldus, les Sang-Mêlés d’une famille moldu et sorcier et les sang-purs qui provenaient du monde sorcier. Oublier les statuts, s’étaient oublies ses propres racines, même pour les nés-moldus.

-Si tu n’arrives pas à t’identifier, pourquoi tu ne quittes pas ta famille ? Pourquoi tu ne demandes pas à te faire adopter par une autre car on dirait que ta famille s’en préoccupe de ça et un jour tu vas peut-être devoir faire un choix entre ta famille et les autres.

Ce discours, tu l'as déjà entendu de sa part, elle te l'a déjà expliqué. Cependant, elle n'a pas l'air de comprendre que tu ne parles pas que du bal, mais bien de tout ce qu'elle a pu faire depuis que le gouvernement a mis à nouveau en place le statut de sang-pur. Même si ce n'était pas pour cette raison qu'elle s'en est pris à Rufus, cela n'explique pas qu'elle ait balancé sans aucun scrupule deux autres Né-moldu en précisant qu'ils s'en sont pris à une Sang-pur. Cette intervention, tu t'en souviens comme si c'était hier.

- Il n'y a pas que Rufus, tu le sais très bien, surtout que tu m'as déjà expliqué tes raisons pour lui. Avoue que tu en as quand même bien profité, surtout que tu as dit qu'ils attaquaient une Sang-pur, ce n'était pas anodin de ta part. Il me semble qu'Alexei et moi sommes venus vers toi après que Rufus t'ait humilié, tu t'en souviens ? A aucun moment je n'ai trouvé que c'était normal et qu'il ne fallait rien dire.

Tu te souviens de sa promesse, de son envie de devenir une meilleure personne. Aujourd'hui, tu te demandes encore si c'est encore d'actualité ou non, même si tu as peu d'espoirs à ce sujet. Lorsque Carry te parle d'Alice, tu ne relèves pas, il ne faut pas qu'elle sache que tu as choisi de t'éloigner d'elle pour pouvoir continuer à parler librement à Carry, même si tu ne la considères pas comme une amie. Tu as une promesse à tenir alors, tu l'écoutes silencieusement.

Même si vous avez été proche en début d'année, Carry ne sait rien de toi au sujet de ton statut, comme la plupart des élèves. Ce n'est pas étonnant puisque tu parles rarement de toi, surtout que tu souhaitais garder ce statut secret. Ses paroles sont à côté de la plaque, elle ne peut pas comprendre ce que tu as pu ressentir lorsque tu as su que tu étais sang-pur.

- Ce ne sont pas mes parents qui ont choisi qu'on ait ce statut, mais bien mon grand-père, alors, s'il te plait, ne parle pas de ce que tu ne sais pas. Eux aussi portent ce statut comme un fardeau. Quant à mon grand-père, il s'est éloigné tout seul de ma famille mais ça n'a pas réglé le problème, le statut est toujours là.

Tu penses que vous vous êtes tout dit mais tu n'as pas envie que la conversation se termine ainsi. Même si tu as encore un peu de mal à la fréquenter, tu détestes les embrouilles donc tu fais de ton mieux pour reprendre d'une manière un peu plus calme :

- Bon, je pense qu'on s'est dit ce qu'on avait à se dire. Le passé est passé, tu en as subi les conséquences donc j'espère que tu pourras être une meilleure version de toi-même à l'avenir, seule toi peut le décider. Sur ce, bonnes vacances Carry et, peut-être à bientôt, on risque sûrement de se recroiser dès la rentrée.

Tu lui jettes un dernier regard avant de quitter la salle. Ton visage est assez neutre, tu ne vois pas comment tu pourrais lui sourire pour le moment. En refermant la porte, tu pousses un long soupir, avant de retourner dans ta salle commune : tu pourras admirer les couchers de soleil à la maison, ce sera sûrement le plus simple à faire.

Fin du RP pour Lili, merci Carry !