L'infirmerie, oui voilà une idée qui était sage. Il y avait bien la possibilité de lancer un contresort, mais étant donné que le maléfice de la première année concernait la tête de sa victime, il ne se sentait pas d'essayer quelque chose au risque que ça tourne mal. Prudence était mère de sûreté : mieux valait l'amener tout de suite à monsieur Mason, et tant mieux si l'affaire était résolue en deux coups de baguette magique, que d'essayer de faire ça soit même. Le cas de Gilderoy Lockhart qui faisait plus de mal que de bien en voulant réparer les os brisés d'Harry Potter était un exemple qui l'avait marqué lorsqu'il l'avait lu dans une vieille revue de médicomagie.

«Aliosus, Aliosus Nerrah, reprit-il lorsque la fautive écorcha son prénom. Il détestait ça. Pourtant avec un nom comme le sien elle aurait du y faire attention non ? Il était prêt à parier qu'elle avait été appelée Yenesia ou Yesiena plus d'une fois dans sa vie. Ce manque de respect le consternait. Oui, on va le mener là-bas et... Oh mais qu'est ce que ?!»

Voilà que la citrouille ambulante prenait l'initiative de repartir seule ! Le Serpentard n'en revenait pas.
«Mais stop toi ! il se précipita vers lui et saisit sa citrouille à deux mains pour la rediriger vers la bonne direction. T'as pas écouté un mot de ce que j'ai dit sur les escaliers qui bougent c'est ça ? Ou tu tiens vraiment à finir en patacitrouille ? Toi, viens m'aider adressa-t-il à la farceuse. On va l'aider à se diriger.»

Yesenia fut ravie de voir que son interlocuteur, en la personne d’Aliosus, était légèrement contrarié qu’elle écorche son prénom. C’était une maigre consolation face à la déception de ne pas laisser ce petit Poufsouffle dans sa prison orange.

D’ailleurs, en parlant d’Ewen, celui-ci avait prit le chemin, seul, vers l’infirmerie. Décidément, ce garçon avait la bougeotte. Aliosus le rattrapa tant bien que mal en lui faisant un énième sermon sur les escaliers mouvants. Qu’il était rabat-joie !

- Bon, d’accord. Dit-elle à contrecœur, en attrapant son ami par le bras. Mais je t’interdis de m’asperger de ton jus de citrouille, Ewen.

Déambuler dans le château, accompagnée d’un garçon-citrouille et d’un Rabat-Joie-en-Chef devait être une situation particulièrement cocasse pour les autres élèves qui les dévisageaient, mais Yesenia s’amusait bien. Elle ne pouvait s’empêcher d’admirer le résultat de son sort. Pourtant, elle fut prise d’un doute tout à fait existentiel pour une jeune sorcière de onze ans.

- Tu comptes me dénoncer à l’infirmier ? dit-elle pour briser le silence lors de leur marche funèbre. La blague était drôle, non ? Et chuchotant, elle rajouta : parce que si c’était le contraire, moi je l’aurais pas fait, promis.

Et c’était vrai. Certes, la petite était irréfléchie et manquait cruellement de jugeote par moment, mais elle ne pouvait trahir ses amis. Elle se pencha un peu, pour voir la réaction d’Aliosus, par la même occasion. Que devait-il penser d’elle ?

L'inquiétude dans la voix de l'autre garçon était audible au point que le brun esquissait un sourire, l'attrapant pour lui éviter une chute mortelle des escaliers quelque peu farceurs. Il n'enviait pas la position de ce dernier puisqu'il connaissait quelques élèves encore plus têtus que lui et décida d'être plus calme le reste du temps qu'il passerait avec lui. Essayant de continuer de marcher sans se prendre les pieds, le brun lui répondit le plus simplement possible.

- Fais donc, fais donc. tandis qu'ils grimpaient les escaliers en direction de l'infirmerie.

Ce qui paraissait une éternité à ses yeux à chacun de ses pas puisqu'il n'avait aucune visibilité, Ewen ne répondit pas de suite à la blague de Yesenia. Il se concentrait sur cette nouvelle perception qu'il avait du château ayant l'impression de parcourir des distances anormales à chaque couloirs. Se demandant par la même occasion ce que les autres élèves pouvaient bien raconter en voyant arriver trois élèves dont un à la tête remplacée par une citrouille. Quant à l'inquiétude de la farceuse qui brisa le silence, le garçon la rassura et ne comptait pas la dénoncer pour ses sortilèges à l'utilisation douteuse.

Percevant par moment quelques rires et autres gloussements étouffés, Ewen compris qu'ils arrivèrent à destination au son de la porte de l'infirmerie qui s'ouvrait: laissant entendre la voix de l'infirmier de Poudlard. Ne sachant pas s'il était occupé ni s'il s'adressait à lui ayant du mal à visualiser d'où les voix pouvaient parvenir, Ewen laissa l'autre garçon s'occuper de son cas en expliquant son malheur.

Le trajet n'avait pas été de tout repos, guider un aveugle n'était déjà pas chose aisée, mais lorsqu'en plus la lourde citrouille qui lui servait de tête menaçait à chaque instant de lui faire perdre l'équilibre et l'entraîner dans une chute déplaisante. Aliosus n'avait de toute façon jamais aimé ses escaliers abominables qui ne servaient qu'à faire perdre du temps à tout le monde. Avec la magie la moindre des choses aurait été de rendre tout ça plus efficace, mais non, Poudlard était une somme de petite aberrations quotidiennes, il fallait bien s'y faire.

Il soupira plus d'une fois lorsque le Poufsouffle prenait une mauvaise direction ou qu'il se tapait les pieds dans les marches, tout ça le mettait très en retard pour se préparer pour le bal. L'oeil sur sa montre il avait hésité à abandonner les deux jeunes élèves à leur sort, mais il n'avait aucune confiance dans le sérieux de Yesenia qui aurait sans doute tôt fait de disparaitre en riant de la déconvenue d'Ewen. Quant à ce dernier, il ne se laisserait pas démonter et essayerai sûrement de rejoindre l'infirmerie seul, quitte à se perdre dans un couloir obscur ou bien grimper jusqu'à la tour d'astronomie.

Un sourire mauvais se dessina sur son visage quand la voix de la brunette se fit inquiète. Soudain la perspective que ses actions pouvaient avoir des conséquences négatives sur elle percutait son esprit ? Il en avait fallu du temps. S'il avait été préfet il aurait fait un rapport carabiné sur cette plaisantine.

«On est arrivé. dit-il en toquant de sa phalange sur la citrouille, c'était inutile mais assez amusant il devait bien le reconnaitre. Vous ne bougez pas, je vais aller chercher monsieur Mason et le prévenir de toute la situation.» Il avait accentué le "toute" en regardant la Serpentard dans les yeux, des fois qu'elle serait tentée de fuir maintenant, au moins un adulte allait être au courant.

Une fois que ce fut fait, il se hâta de retourner dans son dortoir pour ce qui allait être une merveilleuse soirée. Il avait hâte de retrouver Irisia, elle rirait sans doute beaucoup de cette mésaventure.

Fin du RP pour moi, merci à tous les deux !

Ils étaient arrivés. Le chemin n’avait pas été de tout repos, mais Yesenia fut soulagée de pouvoir détacher son bras du garçon. Elle le dévisagea - bien que lui ne puisse pas en faire autant -. Quelque part, là, en-dessous de cet amas gluant et orange, se cachait son ami Poufsouffle. Elle profita qu’il ne puisse pas la voir pour l’observer de plus près ; ses mains, son uniforme avec l’insigne du blaireau, et son énorme tête de citrouille. Elle était silencieuse.

C’est Aliosus qui prit l’initiative de toquer à la porte - et il ne fallait pas compter sur elle pour le faire, il était hors de question qu’elle se présente à l’infirmier de cette manière -. Elle s’imaginait déjà la scène : « Bonjour Mr. Mason. Alors voilà, comme vous pouvez le constater, j’ai tenté d’assassiner Ewen Agnew ici présent. Oui oui c’est bien lui, vous pouvez toucher. » Non. C’était ridicule, elle ne pouvait pas dire ça. Elle se contenta de laisser Aliosus expliquer toute la situation. Elle allait avoir de sérieux ennuis… 



Aliosus s’éloigna alors, et Yesenia le maudit sur six générations pour l’avoir vendue à l’ennemi. Pire, elle lui souhaita intérieurement de passer une mauvaise soirée d’Halloween le lendemain. Voilà. C’était sa vengeance. Elle le regarda partir d’un mauvais oeil. « Nous n’en avons pas fini, Nerrah. » 



L’infirmier n’allait pas tarder à arriver, elle se tourna une dernière fois vers Ewen.

- Je suis désolée. marmonna-t-elle. Je… Je n’aurais pas du, c’était stupide. Tu dois beaucoup m’en vouloir. Peut-être même que tu ne voudras plus qu’on soit amis après ça. Mais je veux que tu saches que je regrette… Je n’ai jamais voulu te faire du mal. Promis.

D'un geste rapide, elle saisit la citrouille entre ses mains, tremblante à l’idée de se faire gronder, et posa son front contre le cucurbitacae, chuchotant des paroles inaudibles pour quiconque à part lui ; paroles qu’elle aurait pu répéter mille fois si cela avait le pouvoir de retourner en arrière.

- Pardon Ewen.

fin du rp