Inscription
Connexion

23 nov. 2020, 17:48
Just make the world more beautiful
23 Novembre 2045
APAISEMENT


Image

Avec Adaline Macbeth
« Les gens étaient des animaux, et les animaux n'étaient qu'une mâchoire garnie de dents. Être le premier à mordre, et mordre souvent. C'était le seul moyen de survivre. »

L'Île aux mensonges





Il est tôt, peut-être trop. Tu attends, emmitouflée dans ton manteau, assise au bord des marches et faisant face au grand parc. Tu attends avec apaisement que le château se réveille, que les corps reprennent l'étincelle de vie que la nuit leur avait retiré. L'air froid te fait grelotter, mais tu refuses de rentrer à l'intérieur, préférant profiter encore un peu du silence matinal.
Bientôt, le vent soufflera furieusement sur le pays, ramenant avec lui les nuages blancs qui font tomber les flocons. Le sol se couvrira de ce doux manteau de givre, qui fait plier les herbes hautes et glacer les insectes aux longues pattes. Les feuilles rouges et oranges seront toutes tombées, laissant les branches nues et ces vestiges asséchés s'étendront aux pieds des troncs, craquant sous les pas des marcheurs aux vêtements sombres. La nature, lentement, s'endormira pour quelques longs mois aux jours éphémères. Mais pas tout de suite.

Bientôt auront lieu les fêtes, tant attendues par tous les ages qui iront, presque cérémonieusement, dépenser leur argent dans la première boutique qu'ils croiseront. Les rues seront remplies des passants aux longues écharpes et aux bonnets de laine. Les plus grands feront croire aux plus petits qu'une entité certaine au manteau rouge viendrait pendant la nuit leur offrir ce qu'ils souhaitaient le plus. Tous iraient ensemble décorer leurs chaumières de rubans et de paillettes scintillantes, installant dans leur salon un conifère à l'allure splendide, devant lequel s'amassera peu à peu des paquets aux mille couleurs. Et alors que dehors, le ciel deviendrait blanc, ils se masseront tous devant le feu pour réchauffer la plus petite parcelle de peau. Mais pas tout de suite.

Tes parents t'avaient jamais fait croire à toutes ces choses, que ce soient les rennes, la magie de l'hiver ou bien ce Père Joël, comme aimait l'appeler Ambre pour te faire rigoler. À vrai dire, il n'y avait jamais eu de vraie fête comme on pouvait en voir à la télé ou dans toutes familles à cette période de l'année, chez les Swan. Sans doute y en avait-il eu quand tu étais bien petite, mais tu n'en gardais pas le moindre souvenir. De toute façon, ta mère refusait obstinément de t'offrir quoi que ce soit, et ton père n'avait jamais eu l'argent pour.
Tu soupirais à ces pensées, le regard dans le vague. Ton souffle forma un léger nuage de vapeur qui disparut en une seconde à peine, alors que tu frottais tes mains pour te réchauffer.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

24 nov. 2020, 14:16
Just make the world more beautiful
Le jeudi 23 novembre 2045
3ème année


Je suis lovée dans un fauteuil de la salle commune, et je veille sur le feu qui crépite faiblement dans la cheminée tout près de moi. Il n'y a plus de flammes depuis un moment, je ne sais même plus s'il y en avait encore quand je me suis glissée jusque ici, et me suis entourée des deux gros bras du fauteuil rouge et couverte de la couverture grise qui me protège. Les braises sont rouges, et en regardant bien des flammes minuscules s'élèvent parfois. Mes yeux sont perdus dans les rougeurs des cendres qui se soulèvent dans l'âtre. Lune est sur mes genoux repliés contre moi et je m'emploie à la caresser sans arrêt, pour que ses ronronnements rassurants ne s'arrêtent pas.

Si le moment est agréable, plus encore parce que je suis toute seule dans le salon rouge – parce que la nuit est haute, mon ventre est froissé. J'essaie pourtant de respirer au même rythme que le félin ronronnant mais je n'y arrive pas. Mon ventre me fait souffrir et j'aimerais lui crier d'arrêter. Tout ce que je suis capable de faire c'est penser, les yeux lourds du sommeil qui ne me gagne pas, et le cœur grave de ce qui me reste en tête.

Je me torture mais je suis bien incapable de me répéter les mots que j'ai échangés avec elle. Cette tête blonde m'apparaît pourtant clairement si je ferme les yeux, mais je ne me souviens pas des mots exacts que je lui ai jetés à la figure et moins encore de ceux qu'elle m'a renvoyé. Mais je fronce les sourcils et je ne dors pas à cause de cela. Une dispute débile qui me tord le ventre et m'arrache au sommeil. Je grogne, en m'enfonçant un peu plus dans le fauteuil quitte à disparaître dans son creux.

*


Dans la salle commune, il fait sombre. Les lumières encore allumées quand je me suis endormie là sont toutes éteintes et le soleil n'est pas levé. Le ciel n'est pas noir, il se mue d'un bleu mélangé à un vieux gris. Les ombres des fauteuils s'étendent jusque sur les murs sans être inquiétants. Dans l'âtre de la cheminée, les cendres sont complètement éteintes.

Je découvre la salle commune dans cette faible lumière en ouvrant les yeux. Le bruit du tableau de la grosse dame qui se referme me sort de mon sommeil et met fin à cette courte nuit. Je sais qu'elle est courte en regardant l'horloge au mur – elle indique sept heures – mais je n'en aurais pas eu besoin tant mes cernes tirent mes yeux. Mais je souris. Ce qui m'empêchait de dormir hier n'a pas disparu de mon esprit, mais je m'en sens plus libre. Sur mes jambes pliées, le chat est toujours endormi.

Dans une volée de mouvements, j'attrape Lune avec mes deux bras pour la poser sur un autre fauteuil, la couverture glisse jusqu'à mes pieds et je l'enjambe pour monter discrètement jusqu'à mon dortoir. Sur la pointe des pieds, en retenant même ma respiration, je m'habille en vitesse dans l'obscurité qui règne et au milieu des discrets ronflements qui couvrent les froissements de mes vêtements. Ma robe de sorcier, une cape, une écharpe rouge autour de mon cou, une queue-de-cheval en vitesse. J'attrape le sac que j'ai préparé hier, dans cette insomnie qui me lacérait le ventre, et descends aussi vite.

En traversant la salle commune rouge comme si quelqu'un était à mes trousses, avec le cœur battant et les sens en éveil, je réveille Lune qui saute de son fauteuil pour se mettre à me suivre.

« Contente que tu sois là... »

Je lui glisse en passant derrière le tableau de la grosse dame.

Bientôt, nous atteignons toutes les deux le grand hall. Le vent qui vient du parc est froid, comme une matinée qui n'a pas encore été réchauffée par les rayons du grand soleil. Je fourre mes mains dans les poches de ma cape après avoir passé mon sac à dos sur mes épaules. Mon nez est caché dans mon écharpe pour le protéger de ce temps de fin de novembre. Mais j'aime ça, et j'ai hâte de passer la tête dehors pour regarder les feuilles tomber des arbres.

Alors que je m'apprête à tourner pour rejoindre l'arche qui mène dehors et descendre ses deux trois marches, je vois le chat filer tout droit vers le coup de vent. Je le suis en trottinant quasiment, dans le silence qui enserre encore le château. Je me doute que le brouhaha des autres sorciers risque de se déverser bientôt sur le château puisque le petit-déjeuner sera bientôt servi.

En arrivant en face de la sortie vers le parc, je peux déjà le voir s'étendre derrière la silhouette assise là. Je me fige mais Lune décide de s'élancer. En m'approchant à petits pas, je devine que c'est une fille. Impossible de savoir qui. Mais déjà, le chat frotte sa tête à son coude.

Magic Always Has a Price
6ème année

10 déc. 2020, 12:40
Just make the world more beautiful
En glissant la main dans ta poche, tu sens un papier se froisser au creux de ta paume. Tu le tires hors du tissu, déplies avec précaution la lettre blanche où une fine écriture balbutie quelques mots rapides. Tes doigts tremblent sous une bourrasque inattendue, et tu serres la feuille un peu plus fort. Tes yeux parcourent presque instinctivement les quelques phrases pour la cinquième fois depuis deux jours. Toujours les mêmes, rien n'a changé.




À l'adresse d'Ashley Swan.


J'espère que tout va bien là où tu es, nous on est vraiment très heureux !
Tu dois être manifestement très surprise de recevoir une lettre de ma part et encore plus depuis la mort de ton père, mais je ne t'apporte aucune mauvaise nouvelle. Au contraire, ta mère et moi t'annonçons que ton demi-frère Howard est né le 5 octobre dernier ! 52 centimètres pour 3,6 kilos. C'est le plus adorable bébé au monde, je suis sûr que t’attachera très vite à lui. En attendant ton retour, nous profitons des derniers beaux jours avant d'entrer dans les longues nuits d'hiver.
Ta mère voudrait te faire savoir que tu peux rester à Poudlard pour Noël, on se verra donc pour les vacances de Pâques, tes grands-parents ont demandé à ce que tu reviennes pour qu'ils puissent te voir.
Je leur ai d'ailleurs passé cette lettre pour qu'ils puissent te l'envoyer ; je ne m'habituerais jamais à tout ça, décidément !


Walter R.




Tu te souviens, après avoir récupéré la lettre entre les serres de la vieille chouette, du dégoût avec lequel tu avais lu la signature. Tu avais bien failli la jeter au feu, sa lettre, ton beau-père étant bien la dernière personne avec qui tu voulais converser. Néanmoins ça t'avait bien intrigué et tu avais fini pas y jeter un léger coup d’œil. Ce que tu n'as point regretté.
Ainsi, tu as un petit frère, désormais. *Un demi-frère, exactement.* Cette nouvelle t'avait réchauffé le cœur, bien que celui-ci ne perdure encore dans les ténèbres de ta tristesse. Ce qui t'avait irrité - en plus du fait que l'on ne voulait pas de toi pour Noël - c'était que la lettre n'avait été envoyée qu'il y a peu, alors que l'enfant était né il y a plus d'un mois maintenant. Tu n'étais incontestablement pas une priorité pour ta mère, et cela te refroidissait encore plus.
Tu inspires profondément l'air glacial, avant de ranger la lettre à sa place. Tu l'ouvriras sans doute une nouvelle fois demain, et après-demain encore, redécouvrant toujours avec la même intensité cette douceur mêlé à la rancœur.

Tu sens un léger contact sur ton bras, et tournes la tête pour apercevoir un être poilu se coller à toi. Tu n'as aucun doute sur le fait que tu connais ce chat, peut-être as-tu déjà manqué de l'écraser dans les escaliers, à la sortie d'un cours ? À moins qu'il ne fasse partie de l'animalerie très complète des dortoirs de Gryffondor. Tu lèves la main pour venir le caresser derrière les oreilles, le regard dans le vide.


- Bonjour le chat. On s'est déjà croisé, je me trompe ?


Navré pour ce retard..

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

16 déc. 2020, 19:43
Just make the world more beautiful
Les pas que je fais après la découverte de cette silhouette sont drôlement étranges. C'est comme marcher sur des œufs. Mes genoux s'articulent pour se soulever lentement à chaque mouvement mécanique que je fais pour me déplacer. J'essaie surtout de me faire silencieuse pour laisser résonner le bruit d'un papier qui se froisse puis le miaulement du chat et finalement le bruit des poils que l'on caresse. Mais c'est ma respiration qui me trahit. Elle fait beaucoup de bruit et plus encore parce que je l'étouffe dans la laine d'une écharpe aux rayures rouges.

Je m'arrête quand je suis assez près pour voir le visage de cette fille à demi-penchée vers Lune. Ce sont d'abord mes sourcils qui se froncent pour exprimer mon incompréhension. Je souffle et un petit nuage vaporeux se dégage de sous mon écharpe pour se disperser autour de mon visage. Mon nez blotti dans la laine souffre un peu de son contact rugueux et le froid mêlé à la fatigue fait larmoyer mes yeux sombres.

En entendant sa voix et les mots qu’elle prononce, je me mets à sourire. Mon observation de la face que j'aperçois sous une cascade de cheveux noirs est concluante. Je dirais même qu'elle est satisfaisante. Mon regard humide caresse le contour de son nez rouge qui dépasse à peine de son manteau et détaille son front comme il le peut. Je peux voir sa main caresser le chat qui n'arrête pas de se frotter à elle : son coude n'est plus à sa portée alors c'est sur son genou qu'elle jette son dévolu en le poussant avec sa tête pour se gratter les oreilles. La scène sous mes yeux a des airs attendrissants mais c'est à autre chose que je pense en me tenant près de Swan.

Lune se met déjà à ronronner.

Autour de mon cou, je desserre l'écharpe pour laisser mon nez respirer – je la laisse se dénouer pour n'être plus que deux pans rayés par-dessus ma cape. C'est l'air froid qui souffle depuis le parc et qui s'engouffre dans le château en passant à travers nous qui me frappe d'abord. Puis je fais un dernier pas pour m'appuyer contre l'embrasure de pierre qui forme la porte vers l'extérieur. En contre-bas, je peux voir le front de Swan toujours penché sur Lune qui ne remarque même pas que je me suis approchée, et qui ne cesse de ronronner.

« Salut Swan. »

Je plisse les yeux pour la regarder. J'attends de voir ses yeux se lever vers moi pour lui adresser un de ses sourires vagues que j'adresse aux autres filles de mon dortoir. Pourtant, je ne crois pas que je considère Swan comme les autres filles. Je ne la connais pas mais je peux dire que je n'ai jamais entendu son rire et je sais qu'elle se bagarre. Cette pensée me ferait sourire si je n'étais pas concentrée à attendre son regard pour réagir comme il le faut.

Si j'avais l'habitude de rechigner pour adresser la parole aux autres, ce n'est plus vraiment le cas. Je ne suis pas contre de parler et quelque part au fond de moi je sais que ça m'apporte parfois des choses intéressantes. Il arrive que cela me donne matière à penser. Et puis, Swan n'est vraiment pas comme tous les autres.

Magic Always Has a Price
6ème année

23 déc. 2020, 19:19
Just make the world more beautiful
Il aurait été mentir que de dire que tu l'avais entendu arriver. Pourtant le reconnaître t'énervait beaucoup, te refusant la moindre faiblesse, même d'entendre quelqu'un arriver dans ton dos. La fatigue devait amoindrir les sons autour, car il n'était point normal que le bruit de pas est échappé au radar de ton hypersensibilité auditive. Tu ne connaissais pas beaucoup de gens discret à Poudlard, et encore moins à Gryffondor et qui plus est, possédant un chat. Car c'était incontestablement le sien, aucun animaux ne se baladant aussi tôt le matin avec une autre personne que son propriétaire. Ce dernier continuait à se frotter à toi, imperturbable, mais tu cessais toutes caresses quand tu remarquais la silhouette du coin de l’œil. *Discrète, secrète même. Ça promet d'être intéressant.*
Tu n'accordais plus vraiment d'importance aux autres, depuis la rentrée. Tu laissais leurs mots et leurs regards filer en coup de vent, mais brûlant comme des braises ardentes. Toi qui depuis toujours était bien solitaire, profitant du moindre instant de calme loin de tous, te sentais affreusement seule. Comme repoussée de la moindre civilisation et cela te piquait le cœur un peu plus chaque jour. Tu étais las de te cacher, de fuir pour éviter qu'on puisse voir l’Affreuse, mais tu ne répondais pas à la moindre question la concernant.
Ton nom te fait relever la tête vers la face frigorifiée de la Gryffonne. Tu lui adresses une petite moue de bienvenue, avant de tourner la tête vers le parc, remettant ta main dans ta poche.


- Salut Macbeth.


Tu n'avais jamais eu l'occasion de parler avec la troisième année, bien que tu en eus souvent l'occasion. Tu l'avais quelques fois croisé dans la Salle Commune, mais tu savais qu'elle passait beaucoup de temps au milieu des livres. C'était une fille intelligente, de ce qu'on t'avait rapporté, plutôt discrète et si tu ne la connaissais pas par son esprit, tu considérais qu'elle faisait parti des belles personnes. Tu levais une seconde fois les yeux vers elle, détaillant son visage et ses taches de rousseur qui décoraient délicatement son nez et ses joues.


- Tu viens t'asseoir ? Maintenant que t'es là..

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

07 janv. 2021, 14:51
Just make the world more beautiful
Ses deux yeux clairs finissent par se lever sur moi et je dois avouer que je n'avais pas imaginé ces pupilles comme ça. Il faut dire que le peu de fois où j'ai eu l'occasion de croiser, de frôler, d'observer cette fille je ne l'ai pas fait aussi directement : jamais je n'ai eu l'occasion de me plonger dans son regard alors j'ignorais même jusqu'à la couleur de celui-ci. Je souris vaguement, comme je l'avais prévu, et je profite de voir son visage d'aussi près aussi longtemps qu'elle voudra bien me le montrer. Son visage n'est pas beau mais je ne me lasserais pas de le regarder.

Mon visage s'illumine d'un sourire plus grand, sans retenue, quand elle m'appelle par mon nom de famille. Elle a sûrement dû m'entendre grogner et me voir grimacer en entendant mon prénom. C'est une nouvelle lubie un peu étrange mais drôlement bien acceptée par mon petit entourage ; sauf Chems à qui je n'exige pas cette dénomination. Penser à lui met toujours un air particulier sur mon visage.

Entre les jambes de Swan, Lune ronronne toujours. Elle frotte sa tête presque amoureusement contre les genoux qui l'encadrent, sa queue touffue à la verticale. C'est un beau chat, pensé-je en laissant mon regard caresser son poil crémeux.

« Je peux ouais. »

Marmonné-je en m'asseyant. Je dois descendre d'une marche pour m'asseoir à côté d'elle. La place que nous avons est assez restreinte et je me recroqueville presque pour me faire toute petite. Mes genoux sont collés et mes coudes posés sur eux. Devant mon visage, je mets mes mains pour souffler entre mes doigts croisés. Le souffle de ma bouche réchauffe mes doigts froids même si le vent continue de passer à travers nous, sans aucune vergogne.

Mon regard glisse jusque sur le visage de Swan et ma tête tourne dans le même mouvement. Je pose ma tête sur mes mains liées en articulant mentalement ma prochaine phrase.

« C'est quoi ce parchemin ? »

Je demande, en accompagnant mes mots d'un signe de tête en direction de ses poches.

Les derniers jours, et toutes les fois où j'ai vu Swan, il y avait ce morceau de parchemin. Je l'ai vue le lire dans la salle commune et dans la grande salle, en me demandant à chaque fois pourquoi elle avait cette mine. Toutes les fois aussi, je n'étais pas sûre de la mine qu'elle avait parce que j'étais trop loin pour l'être. Et je le vois dépasser de sa poche depuis que je suis assez prêt d'elle, ce froid matin de novembre.

Magic Always Has a Price
6ème année

18 févr. 2021, 19:08
Just make the world more beautiful
Tu l'observais alors qu'elle descendait à ton niveau et se ratatine à tes côtés. Le chat passe et repasse, tourne autour de toi, mais il ne t'intéresse plus autant qu'il y a quelques instants. Tu trouvais ta voisine bien plus fascinante et attrayante que la boule de poils et tournais un peu plus ton buste dans sa direction, comme pour lui signifier que tu étais ouverte à toute discussion. Tu n'aimais pas spécialement échanger avec les autres, et encore moins le matin. La fatigue pouvait provoquer chez toi des sautes d'humeur plus violente que d'habitude et pour contrer les attaques physiques et verbales envers d'autres personnes, tu aimais venir t'isoler dans le parc. Mais aujourd'hui, contrairement aux autres jours, la présence de Macbeth ne te dérangeait pas plus que cela, même si tu aurais préféré que ce soit Ruby à tes côtés.
Tu croises son regard et te surprends à observer les reflets qui miroitent dans ses pupilles foncées. Ce dernier glisse vers tes poches, suivit de ces quelques mots qu'elle balance d'une voix calme, sans doute encore légèrement ensommeillée. En plus d'être discrète, la jeune fille semblait être très observatrice. *On est un peu pareille, finalement.*
Tu sors une nouvelle fois la lettre *Décidément* la tripote entre tes doigts en baissant les yeux vers le papier usé, avant de le tendre à Adaline.


- C'est mon beau-père pour m'annoncer que j'ai un frère depuis plus d'un mois et que me prévenir plus tôt n'était pas une priorité, visiblement. Et aussi qu'on ne veut décidément pas de moi pour les fêtes. Comme d'hab' quoi.


Tu laisses échapper un ricanement de mépris tout en frottant tes mains l'une contre l'autre, pour t'apporter un peu de chaleur. Tu replaces une mèche derrière ton oreille avant de lâcher un soupir vers le parc.

Navrée pour ce retard, Plume.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

31 août 2021, 10:37
Just make the world more beautiful
Et bien ! Ce que fait Swan me surprend. J'avais imaginé qu'elle ne me parlerait pas de cette lettre et qu'elle m'enverrait bouler en me crachant au visage que cela ne me regarde pas. Elle aurait eu raison et je l'aurais compris, j'aurais probablement laissé Lune occuper l'espace en m'effaçant avant de disparaître à la seconde où elle aurait détourné les yeux. Mais au lieu de cela, elle sort la lettre en posant les yeux dessus avec une douceur doucereuse. Mes yeux sont toujours aspirés par le morceau de parchemin mais remontent sur son visage quand elle me tend la lettre : est-ce qu'elle me la tend vraiment ? Suis-je sensée la saisir ?

Je penche la tête, autant parce que la queue de Lune vient de me chatouiller la cheville avec surprise alors qu'elle s'assied sur mon pied - littéralement - que parce que les mots que j'entends m'interrogent.

La lettre de Swan est toujours dans sa main, et mes yeux passent du papier au visage de la brune un peu frénétiquement. Je n'ose pas la prendre, et puis qu'est-ce que j'en ferais de sa lettre ? Je ne me vois pas la lire, alors que j'ai déjà du mal à lire les lettres que m'envoient mes propres parents soit parce qu'elles m'ennuient, soit parce qu'elles m'intéressent trop. Elles me déçoivent toujours, cela dit. Il n'y a que les lettres de ma grand-mère qui me plaisent : écrites d'une belle main, à fréquence correcte, et toujours dans de jolies enveloppes. Je souris doucement en y pensant, les yeux sur ce morceau de parchemin jauni. Je me demande comment la lettre est écrite... À entendre Swan, elle doit avoir été écrite d'une main distraite et désintéressée.

Pour autant, et même si ma curiosité commence à me piquer alors que j'hoche la tête pour signifier que j'ai entendu, je ne saisis pas la lettre. Je lève les yeux vers Swan définitivement avec un sourire désolé - une moue étrange que je n'ai pas l'habitude d'articuler mais qui est apparue spontanément.

« Je crois que la famille, c'est décevant... »

Marmonné-je, dans ma barbe, parce que mes mains frigorifiées sont toujours tout près de ma bouche. Un sourire moqueur remplace ma moue quand je pense à quel point j'ai été déçue par ma cousine, et à quel point elle peut gâcher mon quotidien en le diluant de colère.

« Je suis désolée. »

Je me sens obligée de dire - c'est ce que je pense pour me rassurer, mais ces mots sont sortis de ma bouche sans que je ne puisse les en empêcher. Ils ne me font pas rougir, pourtant, je sens qu'ils sont à la place qu'ils doivent occuper. Swan comprendra que ce n'est pas de la pitié, ou un sentiment aussi minable, mais juste des mots pour lui dire que je comprends.

À nos pieds, le chat crémeux s'est définitivement installé : les fesses sur ma chaussure droite et la tête sur la chaussure gauche de Swan.


Cela fait déjà autant de temps ! Veux-tu bien m'excuser ?

Magic Always Has a Price
6ème année

31 oct. 2021, 10:57
Just make the world more beautiful
Tu lui adressais un coup d’œil, comprenant enfin son refus silencieux de prendre ta lettre. Ramenant ta main en face de toi, tu fixais le bout de papier sans dire un mot, hochant à peine la tête à sa remarque. Que faire de cela à présent ? Tu n’avais aucune envie de conserver cette lettre, que ce soit la garder tout près de toi, dans le creux de ta paume ou même d’aller la cacher au fond de ta malle. D’un autre côté, la jeter dans le feu de la cheminée te semblait trop cruel. Mais était-ce vraiment injuste de choisir un destin aussi tragique à des mots aussi douloureux ? N’était-ce pas tout ce qu’ils méritaient ? Tu finis par choisir la vengeance du geste contre les mots, froissant avec violence la lettre, comme un boulanger aurait pétri sa pâte, sans douceur ni remord. À vrai dire, en réduisant ainsi le papier à une boule informe entre tes doigts, tu souhaitais y voir le cœur de cet homme qui se disait être ton beau-père. Pouvoir le réduire à néant, l’écraser entre tes doigts bleuis par le froid, le transformer en des millions de confettis tachés d’encre.
Estimant que tu avais assez torturé ce bout de parchemin, tu jetais la boule à tes pieds, prêtant bien peu attention à ce que ton geste soit écologique ou non. Tu voulais la voir traîner dans la boue, se faire bouffer par les vers et les mouches, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de Lui.

L'acte de vengeance parfaitement exécuté, tu te redressais fièrement, prenant une longue et narcotique respiration de délivrance. Les derniers mots d'Adaline se perdent dans le sifflement strident d'une soudaine bourrasque, faisant claquer tes mèches sombres contre ta joue. Tu n'oses te pencher vers elle pour lui demander de répéter les mots qui n'ont pas réussi à te parvenir, préférant regarder la boule de papier rouler à grande vitesse loin de toi, emportée par le vent. Tu plisses tes yeux qui te brûlent sous les rafales, sentant une larme se former au coin de ta paupière. Sans tristesse, seulement causée par la violence du vent, mais tu ne veux pas que la rouge s'y méprenne. L'essuyant du bout de l'index, le plus discrètement possible, tu replaçais ton écharpe autour de ta bouche, sans pour autant totalement la recouvrir.

«Je crois qu'il va pleuvoir.» Dis-tu en levant le nez vers le ciel qui s'assombrissait de minute en minute, alors que de gros nuages s'avançaient vers vous en provenance de la forêt. Le nez rouge et reniflant, tu baissais de nouveau les yeux loin devant toi, dans le vague, profitant du silence qui venait de s'installer entre vous. «Tu sais quoi, un jour je deviendrais tellement puissante que c'est moi qui leur ferai la misère.»
À ces paroles, s'ensuivit un sourire que tu ne su retenir, s'étalant sur ta face comme une marée montante, bouffant peu à peu tous tes traits. On ne voyait que lui, tel un phare dans la nuit noire.

Go away chicken ! Alison M.
Éloge à la Charogne.

13 nov. 2021, 16:51
Just make the world more beautiful
Mes mains sont toujours liées devant mon visage, pour que mon souffle chaud puisse se répandre sur ce dernier. Il faut dire que le vent est mordant et il le devient de plus en plus, alors que le soleil peine à se lever sur le parc.

Toujours assise sur nos pieds, Lune aide encore à me réchauffer alors que je laisse finalement une main tomber pour caresser son dos. Ses ronronnements sont instantanés et interviennent en même temps que le froissement du papier. Je lève la tête vers celle de Swan aussi brusquement qu’elle a froissé le papier, que je découvre être sa lettre. Je m’en suis doutée, au moment où j’ai entendu le crissement, cette lettre a l’air de n’avoir rien d’agréable et d’être même carrément douloureuse pour celle qui est assise à mes côtés. C’est étrange mais je me sens très sereine alors que nous ne nous connaissons pas tant que ça : je sais qu’elle est aussi amie avec la fille du feu et c’est un point commun important. Quand on a aussi peu d’amis, les amis de nos amis ont leur importance. En général, je considère d’office que les amis de mes amis sont des gens dignes d’intérêt - autrement, cela signifierait soit qu’ils choisissent mal leurs autres amis, soit que je choisis mal mes propres amis.

La boule de papier froissée est rapidement abandonnée après avoir été remodelée. Le vent fait son travail et l’emmène avec lui dans le parc, on peut la voir s’envoler, tourbillonner, monter dans l’air puis redescendre avant de quitter notre champ de vision.

Quand Swan fait mention de la pluie, je lève mon propre nez vers le ciel. Le soleil ne daigne pas se lever et je crois qu’elle a raison. Je hoche la tête pour le lui dire, et la phrase qui vient ensuite, après un silence qui ne me dérange pas, me fait hocher la tête un peu plus décidément. J’esquisse un sourire en voyant la face de ma voisine s’illuminer. Oui, un jour, elle deviendra une puissante sorcière. Je ne sais pas comment, je ne sais pas pourquoi, mais je peux sentir qu’elle le deviendra.

« J’en suis sûre. »

Je lui réponds sincèrement.

Bien sûr, que c’est sincère. Je ne m’amuserais pas à faire gonfler ses chevilles si je ne croyais ni en elle ni en ce que je dis. Mais c’est le temps, et lui seul, qui nous dira si oui ou non elle devient la puissante sorcière qu’elle peut devenir. Au fin fond de ma tête, entre toutes mes pensées, se cache une pensée plus noire que les autres : je deviendrais encore plus puissante qu’elle.

Je n’ai pas le temps de penser à ça qu’une goutte tombe sur le bout de mon nez. Puis une autre sur la main qui caresse Lune. Encore une autre sur le museau du chaton. Un « ah ! » s’échappe de la bouche alors que je récupère le chaton aux couleurs crème pour le caler dans mes bras. Décidément, la présence de l’animal m’adoucis. Je me lève et adresse un signe de la tête à Swan.

« À plus tard… pour le vérifier… »

Je dis finalement.

Un dernier sourire derrière moi et je laisse la rouge sur les marches. Je sais que je la reverrais dans les couloirs, dans notre salle commune ou dans les dortoirs, alors je n’ai aucun remord à couper court.


Fin

Magic Always Has a Price
6ème année