Hier fut la pire journée de ma vie, une journée que je ne suis pas prête d’oublier, une journée où mes rêves furent brisés. Comment une journée qui avait si bien commencé avait elle pu se finir ainsi ? J'étais pourtant si heureuse de retrouver Carry, si heureuse de la voir arriver en salle commune. Et maintenant, maintenant j'avais peur, peur de la voir, de la croiser, de l'entendre. J’avais vu le vrai visage de mon amie, j’avais vu Carry, la vrai. J’avais vu une fille horrible qui avait blessé une camarade. Une fille avec une haine profonde contre les gens comme moi. Comme si j’étais réellement différente des autres, comme si elle était différente de moi. Elle a vomit dans la salle commune et pourtant, au lieu de la laisser la, de la laisser se noyer dans son vomi j’ai accouru, j’ai préféré m’assurer qu’elle aille bien. Et comment m’avait elle remercié ? En me criant dessus, en m’insultant. Elle avait été horrible avec moi... Avec moi, comme avec tous les né-moldus. Elle était cruelle.

J’avançais dans les couloirs à moitié endormie, cherchant désespérément le bureau de ma directrice de maison. Elle m’avait demandé la veille de venir la voir après les cours. J’espérais que ce n’était pas pour me crier dessus... J’avais entendu assez de cris, versais assez de larmes. J’avais songé toute la nuit, j’avais tourné dans mon lit encore et encore et, les seuls fois où j’avais réussi à fermer les yeux j’avais eu une image de Carry au dessus de moi tentant de m’étouffer avec un coussin. Après ça, il était impossible pour moi de me rendormir. Je n’arrivais pas à ne pas la voir, j’avais constamment peur. J’avais beau essayé de me donner du courage rien n’y faisait.

Enfin j’étais arrivée en haut de la tour nord, je me tenais la, devant le bureau de Miss Taylor. J’inspirerais et expirais lentement puis je fermais les yeux. Allez, je devais prendre mon courage à deux mains. Après tout, Miss Taylor n’était pas un monstre, je n’avais aucune raison d’avoir peur. Et puis, j’avais côtoyé Carry pendant plusieurs alors mentalement j’étais prête à tout. Puis, je repensais à Yesenia, ne devait elle pas elle aussi venir dans le bureau ? Elle était en cours avec moi mais je n’avais fait attention à personne aujourd’hui. Je m’étais assise seule au fond de la classe ne pensant à rien. Ou pensant à tout. Je ne savais plus, je ne savais plus où j’en étais, je ne savais pas si j’avais le droit de ressentir de la tristesse pour Carry... J’étais totalement perdue. Et j’espérais que Miss Taylor puisse m’apporter des réponses, qu’elle puisse me guider et m’apprendre à surmonter cette épreuve. Elle devait me venir en aide.

Prenant mon courage à deux mains je toquais à la porte et attendis qu’elle me donne la permission d’entrer dans son bureau.


@Joanne Taylor voilà ! Si quelque chose ne va pas dites le moi

Joanne n’arrivait pas à se concentrer. Ses yeux allaient et venaient sur les parchemins qui recouvraient son bureau, des copies s’entassaient en nombres, arborant des runes plus ou moins bien écrites. Aucune d’elle ne semblait l’intéresser, l’esprit de Joanne étant déjà à son entrevue à venir. La jeune Fullbuster. Joanne ferma ses yeux et se massa les tempes en réfléchissant à cette histoire rocambolesque. Harrison, la sang-pur qui le faisait remarquer à tort et à travers c’était entiché d’une née-moldue. Si personne ne souffrait de cette histoire, Joanne s’en serait mordue les joues mais elle aurait continué à vivre comme si de rien n’était. Mais ce jour-là, dans sa salle commune, elle avait vu la souffrance sur les visages de ses élèves.

Davantage encore dans les yeux de Kelly. Quelle terrible désillusion se devait-être pour elle. Découvrir que son amie, celle qu’on portait au plus près de son cœur, nous voyait comme un monstre. Kelly ne devait pas s’en faire : le monstre entre les deux, c’était bien Carry. Mais est-ce que Kelly savait toute l’histoire ? Savait-elle le mot que la sang-pure avait pris plaisir à écrire sur le visage de l’un de ses camarades ?

Rien qu’à l’évocation de ce souvenir, Joanne frissonna. Ses pensées allaient et venaient à un rythme infernal alors qu’un bruit résonna sur sa porte. « C’est le moment », pensa-t-elle. « Entrez ». La professeure ne se leva pas mais invita son élève à prendre place face à elle. « Vous savez sans doute pourquoi je vous ai fait venir ici alors ne tournons pas autour du pot … que savez-vous de Carry ? »

La professeure de runes m’avait autorisé à entrer, sans en dire trop, un simple « entrez » rien de plus. Étrangement ce simple mot m’avait fait peur, est-ce qu’elle voulait me faire peur ? Elle ne se leva pas, mais le fit signe de prendre place en face d’elle. Je m’entendais respirer, comme si j’allais suffoquer. Elle voulait savoir ce que je savais sur Carry, elle allait être déçue, je ne savais finalement pas grand chose. J’étais même persuadée qu’elle en savait plus que moi, mon corps tremblant, j’avais les yeux lourds et je me sentais complètement perdue. Savoir que Carry passait ses nuits dans le même dortoir que moi, c’était effrayant...

- Eh bien, depuis hier je dirais que j’ai appris pas mal de choses à son sujet mais je vous jure miss que je n’étais au courant de rien du tout... Vous savez je l’ai rencontré le jour de la rentrée dans la salle sur demande et... Et je ne sais pas, elle a été gentille avec moi... C’était mon amie mais elle ne m’a jamais parlé de ce qu’elle a fait et pour tout vous dire hier je n’ai pas tout compris... Je ne sais pas, je n’ai pas compris elle m’a traité de sans je ne sais pas quoi... Tout ce que je sais aujourd’hui c’est qu’elle me déteste parce que mes parents sont des moldus, c’est bien ça ?

Ma voix était tremblante, tout comme mon corps, j’espérais que miss Taylor puisse m’écouter, me comprendre et pourquoi pas me rassurer. Est-ce que c’était mal d’avoir des parents moldus ? Était-ce réellement moi le problème ? Je remettais tout en question.

- Est-ce que vous pouvez me dire ce qu’elle a fait aux gens comme moi ? S’il vous plaît...

J’avais besoin d’avoir des réponses, besoin de savoir si Carry avait réellement fait du mal aux moldus ou aux nés moldus... J’avais peur de la réponse mais j’avais besoin de l’entendre.

Cette rentrée à Poudlard n’avait rien de normal. A vrai dire, elle était même bien trop incroyable pour que l’on puisse la croire. Yesenia avait beau se passer les évènements en boucle durant des heures et des heures, elle ne trouvait rien de normal dans tout ce qui lui était arrivé le jour précédent. Cette journée avait été si longue et si riche qu’elle se demandait même si elle n’avait pas usé d’un retourneur de temps pour se retrouver simultanément à deux endroits et pour vivre tout cela.

Il y avait le retour de Carry, et il y avait la trouvaille de cet elfe dans un couloir. Yesenia en avait fait des cauchemars. Elle s’était réveillée à plusieurs reprises, transpirante, puis avait fini par veiller en observant les profondeurs du lac noir de son lit.

La journée s’était alors passée comme dans un épais brouillard, sans un mot pour qui que ce soit, masquant ses grandes cernes violettes sous son épaisse frange bien trop longue pour être appelée frange.

Ensuite, quand l’heure était venue, elle s’était dirigée dans la classe de sa Directrice de Maison. Mrs. Taylor l’avait convoquée, elle aussi. Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre de sa part, mais elle avait hoché la tête en signe d’approbation. Trainant les pieds jusqu’à la tour Nord du château, elle arriva discrètement, pointant le bout de son nez dans l’entrebâillement de la porte. Kelly était déjà présente, face à leur directrice.



- Désolée… retard… marmonna-t-elle en baissant la tête. 



Elle n’avait pas grand chose à dire, alors elle resta là, plantée au fond de la classe, près de la porte.

Comme convenu par mp, je me suis incrustée

La pauvre. Ne la terrorise pas trop. Choisis tes mots. Joanne entendait sa conscience lui parler tandis qu’elle observait la jeune Fullbuster. Quelle histoire. Harrison n’aurait jamais dû rester ici, Poudlard n’en aurait été que plus sain et sécure pour le reste des élèves. Mais voilà, les choses étaient ainsi, au grand désarroi de Joanne qui aurait bien accompagnée la jeune sorcière à l’extérieur du château avec ses seuls remords comme bagage. Minute. La sang-pure avait-elle des remords ? Non. Vu ce qu’elle avait dit dans la salle commune, il était clair que si elle avait le pouvoir de recommencer, elle recommencerait. Joanne se nota mentalement de renforcer la surveillance autour d’elle. Tableaux, elfes de maisons, collègues … ils ne seraient pas de trop à la surveiller.

Joanne se massa les tempes. Elle écoutait Kelly, elle sentait son silence. Il avait la saveur des secrets qu’il fallait partager, qu’il fallait avouer. L’enseignante sentait la bile montait en elle. Quelle terrible histoire. Et Alice qui était partie, la joue marquée par une affreuse cicatrice. La directrice de Serpentard s’apprêtait à ouvrir sa bouche alors que la jeune Cooper entrait à son tour. Elle poussa un soupir. Bon sang, elle était prête là !

« Asseyez-vous Miss Cooper ». Tout reprendre du début, calmement. Sans attendre, Joanne tourna son regard d’azur sur la dernière venue. « Et vous, que savez-vous de Carry ? ». L’heure n’était plus au faux semblant, à la protection, à la miséricorde. Il fallait trancher dans le vif. Comme elle l’avait fait. Mais de manière plus subtile. Sans violence physique. D’abord, faire comprendre à ses « amies », le risque qu’elles couraient en restant son amie. Joanne cligna doucement des yeux, la journée était loin d’être finie, elle le sentait.

Alors que nous avions entamé la discussion avec la directrice de ma maison, quelqu'un entra dans la pièce en s'excusant du retard. J'avais reconnu très rapidement la voix de Yesenia, je me demandais comment elle avait fait pour être en retard alors même que nous avions cours ensemble juste avant... Peut être n'avait elle pas envie de venir à ce rendez-vous ?

La professeure de runes poussa un soupir avant de l'inviter à s'assoir près de moi et de lui demander ce qu'elle savait de Carry. Cette question m'intéressait tout autant que la professeure même si nous en avions déjà parlé un petit en privé avec Yesenia, peut être qu'ici elle en dirait plus. Je lui prêtais un oreille attentive à l'affut d'une information que je n'aurais pas en ma possession ce qui ne devrait pas être compliqué à obtenir puisque finalement je ne connaissais rien de celle que j'appelais autrefois mon «amie».

Je repensais à la discussion que nous avions eu la veille avec Yesenia concernant ce rendez-vous avec notre directrice de maison, est ce qu'elle nous demandait tout ça dans le but de nous crier dessus ou nous faire la morale par la suite ? Je ne voulais pas me mettre mal dès ma deuxième année à Poudlard, j'avais des rêves moi, des objectifs et je ne voulais pas que mon bulletin ou même mes relations soient entachées à cause d'une seule et unique personne. Je sentais mon cœur qui battait de plus en plus fort, signe que je me laissais emporter par la panique. Discrètement je me pinçais le petit doigt pour me calmer et respirer de nouveau normalement.

Yesenia traina des pieds jusqu’au siège que lui indiquait sa Directrice de Maison. Elle sentait les cernes lui mordre les joues. Ses yeux piquaient. Elle avait froid. Elle était épuisée. Elle releva la tête vers Mrs. Taylor. La question la rendait perplexe. Qu’attendait-elle, exactement ? Qu’Yesenia déballe tout, de A à Z ? Elle n’avait pas la force de remuer les lèvres, et pourtant, elle se lança dans son récit.

- Hum… Je dirais que j’en sais suffisamment sur Carry pour avoir eu peur d’elle, l’année dernière. Je me faisais petite pour ne pas croiser son chemin. Même si mon statut de sang semble… elle tourna la tête d’un air désolé vers Kelly. Acceptable, pour elle et sa famille.

Elle ne parlait jamais de son statut de née-sorcière. Cela coulait de source, pour elle. Elle était baignée dans la magie depuis bébé, mais n’avait jamais éprouvé la curiosité d’en savoir plus sur les autres. Etait-ce de l’indifférence ou de l’égocentrisme de sa part ? En fait, elle s’en fichait. Ca ne changeait rien pour elle. Elle battit des cils pour chasser cette idée. L’adolescente avait du mal à se concentrer, désormais.

- Je sais qu’elle a fait beaucoup de mal à une élève, je sais qu’elle déteste les nés-moldus. Je sais qu’elle est capable de vouloir faire du mal à quelqu’un par jalousie. Mais je sais qu’elle est capable de changer. Enchaina-t-elle dans un souffle. Du moins, je l’espère. Je n’aime pas ça. Je n’aime pas ça du tout. Mais je ne m’en suis jamais mêlée, j’avoue.

Ce dernier regard vers Kelly, c’était une sorte d’excuse qu’elle lui faisait. Depuis le temps qu’elle la fréquentait, jamais Yesenia ne s’était vraiment opposée à Carry. Elle désapprouvait, voilà tout. Elle n’acceptait pas, et mettait beaucoup de distance entre elles pour ne jamais être mêlée à une quelconque histoire. Par lâcheté, par pure lâcheté.

Mes excuses pour le délai (oui je dis ça sur tous mes RP ce soir !)

La rage fulminait aux tempes de Joanne. Cette gamine, la Harrison, n’en faisait qu’à sa tête depuis le début. Au-dessus des lois, au-dessus de tout. La directrice de Serpentard n’appréciait pas ce genre de comportement. En plus d’être … inhumains ? Ils étaient aussi préjudiciables pour sa maison. « Et alors même que vous aviez peur de Carry l’année dernière, vous n’avez pas cru bon de prévenir l’un de vos professeurs ? ». La sorcière voulait garder le contrôle de sa colère mais dans sa voix, les tremolos parlaient pour elle.

« Capable de changer ? Une étudiante qui grave un mot sur la joue d’une autre peut-elle vraiment changer croyez-vous ? » La réaction de Carry dans la salle commune donna des arguments à l’enseignante. « Vomir sur son amie née-moldue est-ce une preuve du changement dont vous parlez Miss Cooper ? ».

Ne pas laisser la rage prendre le dessus, se répétait Joanne comme un mantra de vie. La hargne qu’elle ressentait n’était pas dû aux jeunes filles – encore que, elle aurait aimé qu’on la prévienne, qu’on la sente assez digne de confiance pour venir lui parler – mais elle ne pouvait s’empêcher de ressentir au plus profond d’elle-même la colère qui teintait son sang. Pulsations aux tempes. Se calmer, et vite. Au risque de faire sortir de manière prématurée les étudiantes qu’elle avait face à elle. Joanne souffla longuement. Comme si ce simple acte pouvait éloigner la fureur un instant.

Yesenia avait prit la parole pour répondre à Miss Taylor. Elle m'avait regardé en évoquant son statut de sang qui était forcément plus prestigieux que le mien. Elle semblait s'excuser avec les yeux. Ensuite, elle avait expliqué à notre directrice de maison tout ce qu'elle savait sur celle que j'appelais autrefois ma meilleure amie. Apparemment, elle était au courant de tout, dans les moindres détails.

Miss Taylor semblait excédé et le ton qu'elle avait employé pour répondre à ma camarade confirmait mes craintes. Elle n'hésita pas à reparler du vomi de Carry lorsque cette dernière avait pris mon statut de née moldue. Quelle honte j'avais eu... Vomir ainsi devant tout le monde. Et moi, j'avais été tellement bête que la seule chose que j'avais faite c'était de lui venir en aide croyant à une maladie soudaine... Non, Miss Taylor avait raison, cette fille là n'avait pas envie de changer sinon, elle m'aurait accepté tel que je suis, elle ne m'aurait pas repoussé comme une malpropre.

La directrice ne s'était pas adressée à moi, je m'étais donc contentée d'écouter et d'enregistrer les paroles des deux interlocutrices sans piper mot. Mais au fond, j'avais envie de crier, de pleurer et d'arracher les yeux de Carry Harrison. Celle que je pensais être une fille bien n'était finalement qu'un monstre sans cœur prête à tout pour ses principes.

Cependant, je m'inquiétais des futurs éventuelles représailles. Maintenant, tous les Serpentard ou presque étaient au courant de mon statut de sang et vu la situation, il était possible qu'on me le fasse payer. Heureusement, je croyais dur comme fer en ma bonne étoile et, je comptais sur elle pour me protéger.

Yesenia baissa les yeux sur ses mains, tout en écoutant sa directrice de maison parler. Carry était-elle capable de changer ? Yesenia le pensait-elle vraiment ? Après tout ce qu’il venait de se passer, Yesenia n’en était plus si sûre. Carry avait agressé Alice. Carry avait voulu faire du mal à Yesenia. Une urne noire était apparue dans la Grande Salle. Il y avait un elfe mutilé qui avait transplané dans l’enceinte de l’école. Poudlard n’était pas un endroit sûr. Mais comment se protéger, alors ?



Yesenia souffla du nez, comme pour réprimer un rire nerveux à l’idée que quelqu’un ait pu vomir sur une autre personne, mais elle retira immédiatement le fin sourire sur son visage. Ce n’était pas drôle, et ce n’était encore moins pardonnable. Comment Carry avait-elle pu être autant dégoutée de Kelly pour en avoir la nausée.

- Je ne sais pas, Mrs. Dit-elle simplement.

Elle avait envie d’entremêler ses doigts autour de ceux de Kelly, pour lui montrer qu’elle n’était pas seule, et qu’elles pourraient affronter ce mauvais moment ensemble. Mais ce n’était pas le bon moment. Elles n’étaient pas assez proches, et Yesenia peinait déjà à être forte pour elle-même. Ses yeux lui picotaient.



- Les bonnes personnes peuvent devenir mauvaises. Alors, je pense que les mauvaises personnes peuvent devenir bonnes. Carry s’est faite absorbée par cette part d’ombre, je crois. Elle murmurait. Elle peut devenir quelqu’un de bien, j’en suis certaine… Vous ne pensez pas ?