Rafael avait d’abord été soulagé de revoir ses collègues entrer dans la Grande Salle à travers le portail magique mais ce soulagement avait très vite laissé place au doute et à l’inquiétude. Deux de ses collègues manquaient à l’appel et plusieurs d’entre eux semblaient blessés. Il n’y avait aucun doute sur le fait que leur soirée avait été difficile aussi. Rapidement, l’infirmier essaya de capter le regard de Joanne, il avait besoin de savoir comment elle allait. Malheureusement, elle semblait trop absorbée par l’inspection de la Grande Salle. Il verrait Joanne plus tard, il devait, avant toute chose, parler de la situation à la directrice et transporter le corps ailleurs que dans la Grande Salle.

Il s’empressa de se rapprocher de Kristen pour lui faire part de la situation. Les enseignants comprirent assez rapidement de ce qu’il venait de se passer ici et s’empressèrent de renvoyer les élèves dans leur salle commune et s’assurer qu’ils ne voient pas plus longtemps le corps. Rafael, quant à lui, expliqua rapidement ce qu’il s’était passé ici en s’excusant plusieurs fois auprès de sa supérieure pour ne pas avoir sauver Dai Hong Dao. Bien qu’elle ait passé une soirée très compliquée, elle prit les choses en mains et Rafael s’inquiéta de l’état de santé de ses collègues.

Il demanda à Elina si elle avait besoin d’aide car elle avait plusieurs blessures sur le corps mais celle-ci le remercia en lui expliquant qu’elle avait ce qu’il fallait. Il remarqua aussi que son collègue d’Astronomie était assez touché. Il se rapprocha alors de lui et lui proposa son aide.

Une fois qu’il eut terminé, Rafael retourna auprès de Kristen pour l’aide à prendre en charge Dai Hong Dao. Elle ne pouvait décemment pas rester dans la Grande Salle et ils travaillèrent ensemble pour elle. Après plusieurs dizaines de minutes, les choses semblèrent se calmer à Poudlard et Rafael comprit que la soirée était finie et il prit la direction de l’infirmerie. Mais en montant les escaliers, il repensa alors à Joanne, il ne savait pas comment elle allait, ni si elle avait souffert pendant la soirée. Il ne l’avait pas revue depuis son retour dans la Grande Salle, elle avait pris en charge les élèves de Serpentard. Il décida alors de faire un crochet par son bureau, il était peu probable qu’elle se soit couchée directement.

Il monta les escaliers d’une démarche assez rapide en essayant vainement de chasser toutes les pensées qui surgissaient dans son esprit. Il n’arrivait pas à faire disparaitre le visage choqué, triste et dévasté de plusieurs élèves. La soirée avait été horrible pour eux et, à cause de lui, ils se souviendraient certainement toute leur vie de cette soirée. Perdu dans ses pensées, il ne se rendit pas compte de la vitesse à laquelle il était monté et se retrouva bien vite devant le bureau de sa collègue. Il hésita quelques secondes puis frappa à la porte. Il oublia très vite les élèves et se demanda comment elle allait? Qu’avaient-ils du affronter?

C’était une nuit d’encre, aussi noire que le cœur de son père. Et encore. Même au tréfond de sa folie dévastatrice, elle n’avait jamais vu cela. Les cadavres, les blessés. Et cette peur intrinsèque, liée à elle, au plus profond d’elle-même. Même revenue à Poudlard, même en sentant les pierres du château sous la paume de ses mains, elle avait vu l’horreur, elle l’avait vécu, elle avait senti les sortilèges fusaient non loin d’elle. Si sa collègue brésilienne n’avait pas été là, serait-elle là pour en parler ? Elle trembla.
Quand ils étaient revenus, ils avaient tous fait bonne figure. Pour les élèves, déjà secoués par ce qu’ils venaient de vivre. Elle avait simplement renvoyé ses élèves dans la salle commune et elle-même avait trouvé le chemin de son bureau. Elle aurait voulu travailler sur ses copies, faire quelque chose de ses dix doigts. Mais l’incapacité de penser à autre chose, de voir autre chose au travers de ses paupières closes … elle n’y arrivait pas.

Aussi, quand quelqu’un frappa quelques coups à la porte, elle avait la tête collée à son bureau, les yeux cernés par la violence de sa soirée. Elle ne voulait pas rester ici, elle voulait fuir, s’en aller loin, rester seule pour le reste de ses jours. Elle ne voulait pas affronter ça. Non, jamais. Alors d’une voix cassée par le chagrin, elle répondit à la volé « Qui que ce soit, je pense que ça attendra demain, merci ». Oui, c’était bien ça. Elle avait déjà enfoui sa tête entre ses bras.

Rafael tendit l’oreille dans l’espoir d’entendre les pas de Joanne à travers la porte mais ce ne fut pas le cas et il pensa dans un premier temps qu’elle n’était pas dans son bureau. Mais alors qu’il s’apprétait à faire demi-tour, il perçut un bruissement de l’autre côté de la porte et la voix de la jeune femme brisa le silence. L’infirmier n’avait pas besoin de voir Joanne pour deviner qu’elle n’allait pas bien. Le son de sa voix suffisait au trentenaire pour comprendre qu’elle en avait trop vu ce soir là. Joanne ne voulait voir personne et ne voulait pas ouvrir la porte.

Il hésita quelques secondes, il ne savait pas si le voir l’aiderait un petit peu où si elle souhaitait réellement voir personne. Il laissa retomber son bras le long de son corps et resta quelques secondes immobile devant la porte. Il savait que Joanne avait souvent le besoin d’être seule pour faire face à ses problèmes mais depuis leur rencontre et la construction de leur relation, l’infirmier s’était promis de ne pas la laisser seule. Il se risqua donc à entrer dans le bureau de l’enseignante. Doucement, il tourna la poignée du bureau et poussa la porte. Étonnamment, la porte n’était pas vérouillée et Rafael n’eut pas besoin de sortir sa baguette ou d’insister.

En ouvrant la porte, il vit que la jeune femme avait enfoui son visage entre ses bras. Il s’empressa de rentrer et referma la porte derrière lui. Avant qu’elle ne lui demande de ressortir, il prit la direction de son bureau pour se rapprocher d’elle tout en soufflant.

« — Joanne ce n’est que moi. Je me suis douté que tu serais dans ton bureau. »

Visiblement, la personne derrière la porte n’avait pas compris que Joanne voulait rester seule, hantée par les images de sa soirée. Relevant la tête, s’apprêtant à déverser une colère non contenue, les yeux fulminant tel un volcan, Joanne allait dire un certain flot d’insulte à l’encontre de son visiteur impoli. Mais quand elle croisa les yeux gris-bleus de Rafael, quand elle confirma sa vision en regardant le tatouage de son cou, elle se laissa retomber entre ses bras, lui marmonnant un « Verrouille la porte, je n’ai pas envie que quelqu’un rentre ici ». Elle soupira longuement.

Dans le creux de ses bras, elle revit les évènements de sa soirée, elle imagina, l’espace d’un instant, le cadavre de Rafael à la place de ses collègues des autres écoles. Elle en eut un haut-le-cœur, se releva instantanément, vrilla son regard sur celui de son compagnon et lui dit sans l’ombre d’un doute « On doit s’en aller ». La peur panique brûle dans son regard. Leurs vies ont déjà été trop difficiles, ils doivent fuir, partir, aller loin de tout ça. « Installons-nous chez les moldus, loin des sorciers, oublions tout ça, s’il te plait ». Les larmes affluent dans ses yeux, roulent sur ses joues. Elle ne veut plus souffrir, ni perdre ce qu’elle a durement construit. « Ca aurait pu être nous Rafael … » Le chagrin brise la voix, combien de sorciers sont morts ce soir ?

Lorsque Joanne releva la tête en entendant les pas dans son bureau, Rafael cru qu’elle allait déverser sa colère sur lui mais elle sembla se raviser lorsqu’elle le reconnut. Elle ne perdit pas une seconde pour laisser sa tête retomber dans les creux de son bras et demanda à Rafael de verrouiller la porte derrière lui. Déjà arrivé près du bureau, Rafael se retourna et à l’aide de sa baguette, il verrouilla la porte.

Arrivé près de son bureau, Rafael s’empara d’une chaise qui se trouvait en face de celle de l’enseignante et la déplaça de manière à s’installer près d’elle. La jeune femme semblait avoir vécu une horreur cette nuit-là, son visage, qu’il n’avait aperçu que quelques secondes, en témoignait. L’infirmier se rendit compte qu’il ne savait pas vraiment ce qu’il devait dire à sa compagne, il n’avait pas réfléchit et se sentit inutile pendant quelques secondes mais Joanne laissa échapper quelques mots.

Elle releva la tête et fixa Rafael en lui révélant qu’elle voulait s’en aller, avec lui. Il ne faisait aucun doute qu’elle était terrifiée. Il ne savait pas ce qu’elle avait vu ni vécu mais cela devait être un cauchemar. Avant qu’il ne réponde quoique ce soit, elle lui demanda de fuir le monde des sorciers pour se cacher dans celui des moldus. Choqué, Rafael ne savait pas quoi lui répondre. Il ne savait rien de ce qu’elle avait vécu mais il était persuadé d’une chose, il ne voulait ni se cacher, ni fuir. Il s’était montré inactif pendant trop longtemps et alors qu’il avait intégré le Réveil, il ne lui était plus permis pour lui de fuir, il avait des responsabilités.

Joanne ne s’arrêta pas là et finit par laisser des larmes couler le long de ses joues. Elle laissa quelques mots s’échapper de sa bouche et cela confirma ce que Rafael craignait. Il y avait eu des morts ce soir, Joanne en avait certainement vu tomber au combat près d’elle. Parlait-elle de Aydan et Eleanor? Il ne savait pas et n’osa pas demander. Ne sachant que répondre sur le moment, il se rapprocha de Joanne et l’entoura de ses bras dans le but de la réconforter. De sa main droite, il caressa les cheveux de la jeune femme dans l’espoir de l’apaiser un petit peu bien qu’il sache pertinemment que cela ne suffirait pas à lui ôter les images de l’esprit. Le sien quant à lui essayait d’imaginer ce qui avait bien pu se passer derrière ce portail magique. Combien de vies avaient été prises?

Il repensa ensuite à la proposition de Joanne, partir et fuir tout ça. Pour elle, il en aurait peut-être été capable mais l’infirmier ne pouvait s’empêcher de penser à sa famille qui ne supporterait pas l’idée de voir disparaître une autre personne. Cela l’amena à penser à Mila, il se devait, pour elle, de ne pas fuir. Sa mort n’était certainement pas liée à tout ce qu’il se passait en ce moment mais elle n’aurait pas fui. Au contraire, elle se serait opposée à tout cela et aurait fait tout ce qu’elle pouvait pour rétablir l’ordre. Depuis que Rafael avait fait le deuil de sa soeur, il s’était promis d’agir comme elle le ferait et de ne pas laisser l’injustice et la terreur s’installer autour de lui. Mais Joanne n’était pas prête à entendre tout ça, la tristesse dans sa voix et sur son visage en témoignaient. Il essaya malgré tout de la rassurer.

« — Je suis désolé que tu aies du vivre tout ça ce soir, j’aurais aimé être là pour te soutenir plus que ça.

Il fit une pause, il voulait faire comprendre à Joanne qu’elle réagissait à chaud en réponse à la souffrance qu’elle avait vécue ce soir là. Il n’était pas sur que ses propos étaient légitimes car il n’avait pas vécu la même chose qu’elle mais il reprit néanmoins la parole.

— Mais ne prends pas de décisions hâtives que tu pourrais regretter plus tard. C’est certainement facile à dire pour moi qui suis resté à Poudlard mais laisse toi le temps de prendre la bonne décision. Il fit une nouvelle pause avant d’ajouter: Et si tu as envie d’en parler ou d’extérioriser tout ça, je suis là. Tu peux me faire confiance Joanne. »

Son âme sembla se déchirer un peu plus encore, comme si cela était seulement possible. Rafael refusait de venir avec elle. Comment avait-elle pu croire l’espace d’un seul instant qu’ils étaient sur la même longueur d’onde ? Elle n’avait plus la force, elle ne voulait plus se battre. Relevant difficilement la tête, Joanne cracha sa rage au visage de son compagnon « C’est donc tout ce que je mérite ? »

La rage la consume toute entière, elle sent flamber son sang d’une haine mal contrôlée, mal dirigée. C’est Rafael qui prend la tempête. « Tu n’as pas vu ce dont ils sont capables, ce qu’ils vont nous faire, tu ne sais pas ! » Elle hurle presque, les larmes coulant à flot sans discontinuer. La peur lui noue l’estomac, elle a comme une envie de fuite pour se sauvegarder, pour survivre. Pourquoi ne comprenait-il pas ça ?

Suffoquant, elle finit par relever la tête, s’essuyant les yeux avec les manches de sa robe de sorcière. « Pars. Dégage. Sors de ma salle de classe ». Les mots sont hachés, durs. Elle ne prend aucun gant pour lui. Elle n’en a pas plus envie. Elle veut faire ses valises, partir loin. Son esprit n’est ni assez sage ni assez reposé pour qu’elle sache que cela ne suffira pas à faire taire la fureur de ce qu’elle a pu vivre ce soir. Mais pour l’instant, c’est sa seule porte de sortie : la survie.

Sans grande surprise, la jeune femme ne semblait pas d’accord avec les propos de Rafael. Alors qu’il terminait seulement de parler, cette dernière releva la tête en direction de l’infirmier et lui répondit. Sa voix était froide et sèche. Elle prit directement pour elle ce que venait de lui dire Rafael. Elle lui reprocha de ne pas savoir ce qu’elle savait.

Elle avait raison sur un point, il ne s’était pas trouvé avec elle cette nuit là, ni avec ses autres collègues. Il n’avait pas vu ce qu’il s’était passé de l’autre côté du portail. Malgré tout, cela ne penchait pas dans la balance en faveur d’une fuite, le trentenaire ne voulait plus fuir. Les hurlements de Joanne se transformèrent en sanglots puis en larmes et Rafael voulait s’approcher d’elle pour la réconforter et la rassurer. Cependant, au moment où il eut l’idée de se rapprocher, Joanne releva de nouveau la tête et lui donna l’ordre de sortir de la pièce.

Rafael arrêta aussitôt son geste, la voix était froide et il se demandait s’il ne devait pas écouter ce qu’elle disait. Une petite partie de lui le voulait, lui aussi avait passé une dure soirée. Peut-être qu’il ne s’était pas battu ni avait vu des choses horribles, mais il avait du gérer des centaines d’élèves regardant une sorcière mourir devant eux. Il avait fait tout ce qu’il avait pu pour sauver cette dite sorcière mais cela ne semblait pas compter dans la balance. Il savait aussi que s’il partait ce soir, Joanne prendrait cela comme un abandon et il ne voulait pas lui infliger cela. Il décida de tenter de raisonner Joanne sans grand espoir:

« — La fuite est peut-être ta solution, je ne sais pas de qui tu parles mais tu penses vraiment qu’en fuyant tu leur échapperais? Ils savent qui tu es et avec qui tu te battais ce soir, ils n’auraient certainement aucun mal à te trouver où que tu te caches.

Rafael avait envie de faire comprendre à Joanne que la fuite n’était pas toujours la solution mais il devinait qu’il était certainement trop tôt pour parler de ça. Il ajouta seulement:

— Si tu veux vraiment que je te laisse seule ce soir dit le et tu viendras me voir quand tu te sentiras prête. »

Joanne siffla entre ses dents. « Imagines-tu seulement le nombre de cadavre sur lesquels nous avons marché ? Pour au final se rendre compte que nous nous faisions rouler depuis le début ! Quelle ironie ». Elle persiffle entre ses dents, sa haine et sa rage doivent sortir, pourtant Rafael n’est pas l’auteur de ce syndrome, il n’en est qu’un spectateur. Spectateur malheureux pris dans la tourmente démente de sa compagne. Elle refuse « Eh bien va-t’en ». Pensant intérieurement qu’elle ne retournera pas le voir, puisque lui ne voulait pas fuir avec elle, pourquoi devrait-elle faire des efforts ?

Les larmes redoublèrent sur ses joues et sa voix faiblit lorsqu’elle répéta comme une litanie « Si tu n’es pas décidé à fuir, alors laisse-moi ». Ce n’était pas tant la fuite dont elle avait besoin, mais plutôt de se savoir soutenue. De savoir que si elle faisait ce choix affreusement égoïste de partir, elle aurait quelqu’un sur qui compté. Et la vérité, ce soir, lui revenait en pleine face. Seule sa solitude serait là pour lui faire passer les nuits d’insomnies. Seule sa conscience serait son amie pour lui rappeler avec amertume que si sa collègue brésilienne n’avait pas été là, elle aurait fait partie des cadavres elle aussi. Quelle tristesse, quel désarroi qui l’entourait à mesure où elle prenait conscience de cette vérité douloureuse.

La réaction de Joanne ne se fit pas attendre et une image de la scène qu’avait traversé Joanne et ses collègues se dessina dans l’esprit de l’infirmier. Il avait deviné qu’il y avait eu des morts durant cette soirée mais il semblait qu’il y en ait eu plus qu’il ne l’avait imaginé. À cela s’ajouter un sentiment d’impuissance quand les sorciers s’étaient rendus compte qu’ils avaient, en quelques sorte, été manipulés. Rafael comprenait totalement que sa compagne puisse ressentir toutes ces émotions.

Pour autant, il ne considérait pas la fuite comme la réponse à ces évènements. Il savait pertinemment qu’il avait la meilleure place pour réagir ainsi car il n’avait pas été témoin ni acteur de ce qu’il s’était passé derrière le portail. Néanmoins, il campait sur ses positions, il ne pouvait pas répondre par l’affirmatif à Joanne. Qui plus est, cela ne faisait que quelques mois qu’ils se connaissaient et après dés débuts difficiles, ils apercevaient seulement depuis peu les prémices d’une phase en symbiose. Malheureusement, cette soirée prouvait une nouvelle fois à Rafael que ce n’était pas si simple.

La voix de Joanne se fit entendre une nouvelle fois dans son bureau et Rafael accusa le coup. Elle lui demandait de sortir. Pire, elle le lui ordonnait! L’infirmier ne savait pas comment réagir mais son corps décida pour lui même. Sans qu’il ne l’ait décidé, il se retrouva debout à un mètre du bureau de Joanne. Il savait ce qu’il voulait, et fuir ne faisait pas partie de ses souhaits. Malgré tout, voir les larmes couler le long des joues de Joanne le faisait hésiter. Il resta immobile quelques secondes essayant de mettre fin à ce dilemme mais cela semblait impossible. Il s’approcha finalement de la porte mais ne sortit pas. Il se retourna et demanda à Joanne:

« — Y a-t-il autre chose que la fuite qui pourrait t’aider. Qu’est ce que je pourrais faire qui t’aiderait? »

Autre chose qu’il pouvait faire ? La seule chose qu’il pouvait faire pour elle, il le lui refusait obstinément ! Que faisaient-ils ensemble ? Pouvait-il seulement la comprendre ? Et face à cette colère qu’elle ressentait, qu’elle n’arrivait pas à juguler la rage qu’elle avait. Alors, quand il lui demanda ce qu’il pouvait faire pour l’aider, elle hurla à sa figure « PARS ! DISPARAIS DE MA VUE ! ». Sa fureur l’emportait sur une porte dangereuse. Terriblement glissante. Elle ne voulait pas comprendre les arguments de Rafael. Elle ne voulait pas les entendre. Elle voulait fuir, sauver sa vie, sauver ce qu’elle pensait avoir construit.

Et là, ce soir, tout semblait s’écrouler. Quelle terrible désillusion. Elle s’enfuirait. Seule. Elle irait loin. Seule. Et tout ce qu’elle voulait construire avec lui, elle le ferait seule. Sa colère tendait chacun de ses muscles, tel un animal prêt à bondir sur sa proie. Ou plutôt telle une proie souhaitant échapper à son funeste destin. Quelle cruelle désillusion. Elle voulait qu’il parte. Qu’il sorte. Qu’il aille ailleurs. Qu’il ne recroise plus son chemin.

Elle n’avait plus rien à dire d’autre que sa colère qui palpitait dans son cœur, dans ses tempes. Elle sentait son sang bouillir dans ses veines. « DEGAGE » qu’elle hurla une dernière fois, pour bien lui faire comprendre l’étendue de son ressentiment.