PRESENTS DANS CE RP :

	EVELYN KERNAC'H (personnage joué) Père d'Elian. Sorcier de quarante-sept ans, il est trésorier dans une entreprise de fabrication de chaudrons.
	ELIAN KERNAC'H A quatorze ans dans ce RP (décembre 2045), il est en quatrième année d'études à l'école de sorcellerie Poudlard.

Avec le déménagement de l'année dernière, les Kernac'h avaient pu réaliser de grandes économies - merci au contexte politique désastreux du Monde Magique. Etant donné qu'ils étaient à présent hébergés dans l'auberge du hameau sorcier de Lavernock, ils n'avaient plus à payer le loyer conséquent de leur appartement situé à Cardiff. Pour la première fois depuis une éternité - c'est-à-dire depuis qu'Evelyn Kernac'h avait signé son divorce et subvenait seul aux besoins de son fils - ils pouvaient enfin respirer un peu au niveau de leur budget. Alors même si les choses n'allaient pas fort pour les sorciers, les deux gallois arrivaient à garder leur sang froid durant cette période de fêtes.
« Surtout tu restes à côté de moi », n'arrêtait-il pas de rabâcher à Elian comme un sorcier sénile. C'était une habitude qui avait d'autant plus lieu d'être en ces temps troublés. Evelyn lançait des regards méfiants dès qu'ils s'approchaient un peu trop près d'autres sorciers. On ne pouvait savoir à quelle allégeance chacun appartenait dans ce climat de peur, le Conseil des Sorciers étant retourné aux mains des familles Sang-pur si l'on en croyait la Gazette. Elian avait beau avoir grandi depuis leur dernière sortie à Londres, il n'en restait pas moins toujours son frêle garçon que l'on pouvait briser en deux si facilement - et peu importait ce que lui répétait Sigmund à son sujet. Lui lâcher du lest à son âge et avec son caractère de tête-en-l'air, c'était le perdre définitivement, Evelyn en était persuadé.

Ils ne restaient pas à Londres très longtemps, de toute façon, Evelyn ne voulait pas donner l'occasion à la mère d'Elian de les recontacter de nouveau - peu importe de quelle manière elle pouvait s'y prendre. D'un geste machinal, il attrapa le poignet d'Elian quand ce dernier s'écarta un peu pour observer des gnomes dansants sur un arbre de Noël. Il ne le lâcha plus jusqu'à leur arrivée dans la banque Gringotts, où Evelyn put de nouveau respirer. La banque des sorciers était sûrement l'un des lieux les plus protégés du Monde Magique, il n'y avait donc pas d'inquiétude à avoir. Le seul problème qui pouvait encore agacer Evelyn, c'était la foule de sorciers présente dans les lieux. Il allait falloir se montrer patient.
« Papa... Les messieurs c'est des Elfes de maison rabougris ou des gros Gnomes qui savent s'habiller ? » lui demanda tout fort Elian. Evelyn Kernac'h avait complètement oublié que son fils n'était jamais venu à la banque pour sorciers, gérée presque totalement par les Gobelins. Il adressa un geste d'excuse un peu gêné envers le Gobelin qui se trouvait près d'eux, derrière son comptoir, puis chuchota à son fils avec un sourire en coin : « Ni l'un ni l'autre, bien que tu ne sois pas loin de la réalité, en vérité... » Evelyn avait toujours en travers de la gorge le stage d'étude qu'on lui avait refusé dans cette banque prestigieuse. Il en profita pour épousseter un peu les épaules d'Elian de la suie du Poudlard Express. La file d'attente s'étirait jusqu'à l'accueil du hall principal, il semblait que tout le monde avait eu la même idée, soit pour gérer le budget dépense des fêtes de fin d'année, soit pour s'assurer de bien disposer d'une épargne en cas de nouveau rebondissement dans la gestion des affaires du pays.

Il s'en voulait un peu de devoir imposer ce rendez-vous à son fils qui revenait tout juste de l'école pour les vacances, surtout que ce dernier devait se contrôler pour ne pas lui demander de faire tous les magasins du Chemin de Traverse. Elian était le plus gentil et obligeant des garçons, il en était certain. Il devenait peu à peu tout ce dont il voulait que son fils devienne. Sa main lui dépeigna un peu les cheveux et Elian se retourna pour lui adresser un sourire. Nul doute qu'il avait dû se faire violence pour respecter leur engagement mais, visiblement, son isolement de ses camarades ces dernières années lui réussissait et Evelyn n'avait eu de toute façon aucun doute sur la meilleure façon de régler ses égarements à répétition. Elever un tel trésor, cela n'avait pas de prix, même pour un Gobelin. La seule ombre au tableau, c'était Poppy et sa manie de se mêler de ce qui ne la regardait plus. C'était elle qui avait réussi à convaincre leur fils de se permettre de rêver à une carrière de brigadier dans la police sorcière. Même si Elian ne voulait pas lui avouer, il n'était pas difficile de le deviner...

Son attention se posa un instant sur la file d'attente parallèle à la sienne. Une charmante sorcière était accompagnée d'une jeune fille qui, Evelyn en avait la conviction - les parents savaient se reconnaitre entre eux, comme une espèce à part entière - était sa fille. Son œil avisé lui permit de juger rapidement que la sorcière devait faire plus jeune que son âge et qu'elle appartenait comme lui au clan des quarantenaires. A y regarder de plus près, elle était bien plus que charmante, elle était très belle, avec ses cheveux blonds clairs. Avec son meilleur ami qui n'avait pas arrêté de l'inciter à fréquenter de nouveau des sorcières pour ne pas qu'il finisse tout seul une fois qu'Elian serait parti en études - il avait encore du temps pour l'en dissuader -, le cerveau d'Evelyn commençait à tourner un peu. Il ne pouvait d'autant plus s'empêcher de constater qu'elle ressemblait à sa première femme, la mère d'Elian.
« Papa... Pourquoi tu fixes la dame comme ça ? » fit Elian, encore une fois sans prendre la peine de baisser la voix. Evelyn retint un sourire et fit comme s'il regardait depuis toujours le fond du hall d'un air naturel. Il chuchota ensuite rapidement à son fils : « T'es gonflé, toi tu fixes tout le temps les gens comme ça ». Elian haussa les épaules, ce genre de critique un peu superficielle glissait sur lui. Au moins Evelyn était sûr que son fils ne changerait pas sa manière d'être pour des raisons stupides. D'un geste inconscient, il lissait sa barbe en ne pouvant s'empêcher de jeter de nouveau un regard en biais à la sorcière, peut-être pour s'assurer qu'Elian n'avait pas ruiné ses chances de l'aborder proprement.

Arc I: Début des troubles

Gringotts, Banque des sorciers, Londres, Angleterre

23 Décembre 2045

Elizabeth Merrow, Elian Kernac'h , Meghan Merrow et Evelyn Kernac'h

PDV Meghan Merrow

La jeune femme marchait sûre d'elle vers la banque des sorciers, Gringrotts. Elle devait déposer de l'argent dans le coffre fort de la famille, argent qu'elle avait reçu par son travail en tant que Guérisseuse-en-Chef. Meghan avait décidé d'emmener avec elle sa fille, pour passer un peu plus de temps entre filles. Enfin, c'est ce qu'elle se disait. La jeune Elizabeth marchait à sa droite, le dos courbé, les mains dans les poches et le regard vide. La mère regarda son enfant, le visage impassible. Elle pensait qu'elle ne voulait pas forcément rester avec elle, à cause du peu de temps qu'elle lui a consacré. C'est vrai, Meghan avait passé le plus clair de son temps à l'hôpital, jusqu'à la naissance du petit Steven. Le plus jeune des Merrow était très protégé par ses parents, même par sa mère qui travaillait beaucoup. Peut être une question de jalousie ? Mrs. Merrow l'ignorait, mais ce qu'elle savait, c'est qu'Elizabeth était là à contre gré. Elle n'avait aucune idée pour lui remonter le moral. Peut être une glace chez Florian Fortarôme ? Pour le moment, la Guérisseuse-en-Chef n'avait pas la tête à y penser, elle devait se concentrer sur le numéro de son coffre, la clé et son but. En entrant dans le grand bâtiment, les Merrow firent la queue sur une des files d'attente disponible. Elle regarda sa fille qui fixait toujours le sol. Il fallait qu'elle renoue les liens entre elles, mais ne savait que dire. Parler de Poudlard ?
- Dis moi Elizabeth, commença Meghan en redressant le menton de sa jeune fille, redresse moi d'abord ton dos et je voulais savoir... Comment se passe Poudlard ? Je t'ai envoyé quelques lettres, un peu pauvre en texte je l'avoue, mais tu ne m'as jamais répondu. Il fallait qu'on en parle que toutes les deux, entre filles...
La jeune Poufsouffle observa sa mère, les yeux éteints. Elle ne répondit pas, et détournit la tête. C'était plus complexe pour la mère que prévu. En attendant d'essayer de parler à sa fille, elle sentit un regard sur elle. Meghan ne se retourna pas, convaincue que la personne qui la regardait allait bientôt arrêter...

PVD Elizabeth Merrow

Elizabeth était au côté de sa mère en direction de Gringrotts. Elle n'avait aucune envi d'y aller, encore moins avec elle. Elle avait beaucoup de raisons, mais là, celle qui resortait c'était son envi de rester avec son père, qu'il lui parle du monde de la magie, qu'il lui montre ses dessins... Pas déposer de l'argent dans un coffre fort à Gringrotts. Dans la file d'attende, sa mère lui avait posé une question, et la première année n'y avait pas répondu. Elle n'avait pas envi de parler, pas maintenant en tout cas. Elle dégagea sa tête de la main de Meghan, et continua de fixa le sol. Elle entendit une voix d'un jeune garçon venant de la file d'attente parallèle à la sienne, qui venait de dire quelque chose comme: "Pourquoi tu fixes la dame comme ça ?". La jeune Poufsouffle leva les yeux et vit qu'un homme fixait sa mère, pas comme la jeune fille fixait l'homme et probablement son fils. Elizabeth se doutait que sa mère s'en était aperçue mais ne disait rien. Elle décida de laisser le temps faire son travail, et pourquoi pas, de rire un peu. Elle sentait qu'Iratus était présent, et le vit presque observer la scène avec attention. La jeune Poufsouffle fit de même, et s'arma de son carnet ainsi que de son crayon, et commença à dessiner ce qu'elle observait.

La file de gauche des Kernac'h avançait bien plus vite que la file de droite. Il fallait dire qu'à la file de droite se trouvait un sorcier bien connu pour passer sa vie à la banque Gringotts - à croire qu'il y travaillait. Ce sorcier ralentissait considérablement le rythme des autres rendez-vous et transactions avec ses questions interminables. Evelyn prit la parole dès qu'ils se trouvèrent devant l'un des Gobelins, assis sur son haut tabouret. Il plaça machinalement une main sur la bouche d'Elian pour ne pas risquer que ce dernier raconte des bêtises. Ses connaissances sur les employés de la banque étaient limitées, mais Evelyn avait déjà eu affaire à ce Gobelin, un dénommé Crading. « Bonjour, nous souhaiterions ouvrir un coffre-fort pour y déposer cet argent. » Il déposa une petite bourse à plat sur le comptoir, qui devait contenir bien plus qu'elle ne le laissait paraitre. Le Gobelin s'en empara, l'ouvrit, inspecta son contenu, et se fendit d'un sourire édenté. « Bien sûr monsieur Kernac'h, nous pouvons l'ouvrir dans les meilleurs délais. » Il sonna une petite clochette à ses côtés et l'un de ses collègues apparut presque immédiatement. Ils chuchotèrent quelque chose entre eux, puis le deuxième Gobelin disparut avec la petite bourse. « La banque est très heureuse de constater que vous avez fini de payer vos dettes monsieur Kernac'h. Nous vous remercions de la confiance que vous nous accordez. » Evelyn ne laissa rien transparaître de son mépris. L'amabilité de Crading changeait en fonction de ses intérêts, quelques mois auparavant, il ne se serait pas montré aussi obligeant. Il n'avait jamais réellement apprécié la nature des Gobelins... Le grand sorcier lui accorda un sourire mesquin avant de le saluer, retenant par la même occasion son fils qui s'était mis en tête d'attraper la clochette pour s'amuser avec.

Quittant les comptoirs, de retour dans le hall, Evelyn remarqua que la sorcière entraperçue dans la file d'attente était toujours là, avec sa jeune fille à ses côtés. Elian paraissait un peu vexé d'avoir été ainsi entravé durant toute l'opération, il repartait déjà en direction des portes et de l'escalier en marbre. Son père le retint en passant un bras autour de lui. « Attend un peu, lui imposa-t-il en ne quittant pas des yeux la sorcière.
— Non tu ne vas quand même pas- », commença Elian dont les paroles s'évanouirent lorsqu'il se trouva directement nez à nez contre la sorcière. Evelyn abaissa légèrement son chapeau de sorcier :
« Madame. » Il fit semblant de ne pas remarquer que son fils à ses côtés se cachait à moitié derrière lui. « Votre visage m'est familier, je me trompe peut-être... En tout cas, il me rappelle mes jeunes années à l'école de Poudlard », déclama-t-il en se tournant légèrement vers la petite sorcière. Nul doute que cette dernière allait être ou était déjà une camarade d'Elian à l'école de sorcellerie. Etait-ce pour cela qu'il se turbocontorsionnait pour ne rien entendre et ne rien voir de cette discussion ? Les enfants étaient si facilement gênés par les interactions au-dehors de leur école et surtout quand les adultes étaient impliqués, Elian ne dérogeait pas à la règle - ou bien il respectait leur accord de se tenir à l'écart des autres un peu trop scrupuleusement. C'était peut-être la première fois depuis plus de dix ans qu'Evelyn abordait une femme, il se demandait comment Sigmund avait pu se remettre à cet exercice après tant d'années. Mais, si son meilleur ami y était arrivé, lui-même pouvait forcément y parvenir également. Il avait dans le regard cette once de défi, comme s'il voulait gagner un match ou quelque chose dans ce genre-là. La présence de son fils importait peu, en réalité il pouvait même l'utiliser comme une excuse puisqu'il fallait bien avouer que l'innocence d'Elian avait plus de chance de charmer les sorcières que les sales ambitions attribuées naturellement aux sorciers lorsqu'ils abordaient une femme - c'était souvent vrai, cela dit, et surtout pour le cas présent. Evelyn fit un pas sur le côté pour faire apparaitre Elian. Ce dernier considéra les interlocutrices un instant avec son air un peu perdu et finit par comprendre ce qu'il était censé faire, comme une pièce de théâtre bien répétée :
« Ah euh... Bonjour, oui oui. » fit-il à la petite sorcière.

PDV Meghan

La file d'attente n'avançait pas, et la jeune femme resta impassible malgré son mécontentement. Si cela continuait ainsi, elle n'allait jamais pouvoir proposer à sa fille de manger une glace, et de discuter avec elle. Surtout que cette dernière ne parlait absolument pas, et Meghan aura besoin de temps afin de démarrer une conversation constructive. Autant commencer maintenant.
- Bon... À ce que je vois, tu ne souhaites pas discuter... J'avoue que je n'ai pas été très bavarde dans mes lettres, mais tu devrais me comprendre non ? Je suis débordée... Mais j'ai tout de même pris le temps de t'emmener avec moi à Gringotts. Je fais des efforts, t'envoyer des lettres étaient déjà beaucoup de temps pris, mais toi tu ne me répondais jamais, même maintenant... Sauf à ton père, bien sûr...
Toujours aussi impassible. La jeune femme soupira. Sa fille ressemblait beaucoup à son mari, cela se voyait, et pas qu'au niveau de son comportement. Physiquement parlant, c'était son portrait craché. Mrs. Merrow observa sa fille, et fit mine d'abandonner la partie. Ou en tout cas, c'est ce qu'elle souhaitait lui faire croire. Meghan regarda la file d'attente devant elle, et se mordit les lèvres: elles en auront pour longtemps.
Un petit détail la fit sortir de son mécontentement: l'homme qui semblait l'observer approchait vers sa fille et elle, accompagné de probablement son fils. Le visage de la jeune femme se fit neutre, mais ses émotions étaient visibles dans ses yeux: de la curiosité et de la méfiance.
L'inconnu s'approcha et la salua. Il expliqua que le visage de la mère d'Elizabeth lui était familié, et qu'il lui rappelait ses années d'étude à Poudlard. Meghan resta impassible, mais elle était très curieuse à son sujet: elle ne se souvenait pas de lui, et pensait ne l'avoir jamais croisé auparavant. Lorsque le regard de l'homme se dirigea vers sa fille, Mrs. Merrow regarda le jeune garçon qui était caché derrière son père. Ce dernier se déplaca pour qu'il puisse lui donner la chance de se présenter, et le jeune garçon salua la petite fille en étant un peu perdu.

PDV Elizabeth

Sa mère continuait de parler, mais la jeune fille n'y prêta pas attention, elle était concentrée avec l'homme et le jeune garçon. Comme de par hasard, ils se dirigèrent vers elles quelques minutes plus tard. La première année se tendit, et resta paraliser pendant que l'inconnu parlait. Le jeune garçon salua Elizabeth, perdu. Elle le regarda dans les yeux, en essayant de lui dire "Pourquoi ? Et qui êtes vous ? C'est quoi ce jeu ?". La jeune Poufsouffle entendit sa mère répondre:
- Eh bien Elizabeth... Tu ne salues pas en retour le jeune garçon ?
Elle avait l'air de ne pas avoir enregistrer les paroles de l'homme, et la petite fille fronça les sourcils avant de se tourner vers son interlocuteur:
- Je... Bonjour...
- Il ne me semble pas vous avoir déjà aperçu à Poudlard, continua Meghan Merrow d'un ton sérieux mais légèrement mielleux. Dites moi mon cher, auriez vous l'aimabilité de me rafraîchir la mémoire ?

Elizabeth écarquilla les yeux et commença à trembler. À quel jeu jouait sa mère ?

Désolée pour le retard... si quelque chose ne va pas, hésite pas !

Le grand sorcier jetait des regards en coin à son fils pour s'assurer qu'il ne perdait pas pied, même s'il savait qu'Elian était un garçon téméraire en général lorsqu'il s'agissait de s'adresser à des inconnus. Le démarrage était toujours un peu faiblard, mais Evelyn n'avait pas besoin qu'Elian continue de parler plus longtemps - il était même préférable de le stopper avant les multiples catastrophes en chaînes qu'il pouvait causer par inadvertance. Cela dit, il était assez mignon de voir son fils interagir avec la petite sorcière, on aurait dit deux animaux de compagnie se croisant dans la rue et essayant de flairer s'il y avait un quelconque danger avant de réellement interagir. Il reporta son attention sur l'objet de son accostage :
« Ah, donc vous étiez bien à Poudlard ! Evelyn Kernac'h, promotion 2009. Je suis persuadé qu'on s'est déjà vus, ou peut-être avez-vous une sœur ?... Ou un frère ! » Le sourire d'Evelyn s'étira, il connaissait bien des façons de creuser un peu la vie de ses interlocuteurs sur le ton de la discussion, bien que l'idée d'aller trop loin devant les enfants, surtout devant Elian, le repoussait fortement. « Votre fille, n'est-ce pas ? » fit-il en désignant la jeune accompagnatrice. Elle n'avait pas l'air très bavarde, et le souvenir de sa fille aînée, Edith, se rappela à sa mémoire. Déjà à cet âge-là, elle non plus n'avait pas été bien éloquente contrairement à Elian qui pouvait parfois même oublier de respirer en déversant un flot de paroles en continu, quand le sujet s'y prêtait assez pour lui.
« Vous vous connaissez les enfants ? » hasarda-t-il pour essayer de se raccrocher à quelque chose à défaut de débarquer de nulle part et de commencer à paraitre louche.
Elian tourna la tête lentement vers son père, comme s'il venait d'être insulté, l'air de dire "moi, un enfant ? Alors que je viens tout juste de lacer mes chaussures avec un nœud qui existe vraiment !" Evelyn avait noté le progrès avec toujours ce même constat que son garçon grandissait trop vite. Visiblement, le petit sorcier décida de ne pas lui en tenir rigueur, comme d'habitude, en répondant d'un ton neutre : « On ne s'est jamais parlés, si ? Non, je ne crois pas... Mais maintenant on peut dire qu'on se connait parce qu'on est en train de se parler ! ». Devant le sourire figé de son papa, Elian conclut rapidement : « On va à la même école et puis on est à Poufsouffle tous les deux ». Il savait que sa camarade était une amie de Charlotte Dwight, une autre sorcière de leur maisonnée à qui il s'efforçait de donner des cours de soutien en Botanique bien qu'elle n'en avait aucunement besoin. Peut-être pourrait-il réussir à convertir l'amie de Charlotte à cette occupation s'il en avait l'occasion ? En se faisant cette réflexion, le garçon remarqua que sa camarade tremblotait de façon très visible. Il plaça sa main devant lui, paume vers le haut, comme s'il s'attendait à ce qu'il neige ou quelque chose de ce type-là, mais il en vint rapidement à la conclusion que la température de la banque était loin d'être basse contrairement à celle de l'extérieur. C'était curieux pour lui. Même si chacun avait ses problèmes - comme son père disait toujours pour éviter de trop s'inquiéter pour les autres - Elian estimait que c'était son devoir d'aider une camarade qui avait froid dans un endroit aussi bien chauffé que la banque des sorciers. Il lui tendit un bonbon à la menthe qu'il venait de sortir de sa poche, parce qu'il était évidemment connu que c'était la meilleure façon de guérir quelqu'un de quelque chose, tandis que son père s'adressait de nouveau à sa mère sur le ton de la confidence :
« Vous êtes une sorcière, n'est-ce pas ? » Une question qui devenait tristement banale à Londres. Non pas qu'Evelyn se montrait xénophobe ces derniers temps, mais ses lectures de la Gazette du Sorcier commençaient à lui tourner la tête à propos des Moldus de façon générale. Il était toujours bon de savoir à qui on avait affaire avant de s'engager.

Meghan continuait d'observer l'homme sans le reconnaître: il ne lui disait rien du tout. Peut-être qu'elle avait eu l'occasion de le croiser dans les couloirs sans pour autant y faire attention, ses années à Poudlard remontait il y a plusieurs années, cela ne datait pas d'hier. Lorsque l'inconnu l'informa qu'il faisait parti de la promotion de 2009, la mère d'Elizabeth comprit instantanément pourquoi elle ne semblait pas le connaître: les deux adultes avaient sept ans d'écart, si elle l'avait croisé à Poudlard, cela devait être au début de sa scolarité.
- Promotion 2009 ? répondit la Sang-Pur sur un ton toujours aussi doux. Je suis entrée à Poudlard seulement en 2016, donc à priori, si vous avez du me croiser, je devais avoir 11 ou 12 ans. Et j'ai bien un grand frère, qui est mon aîné de seulement deux ans. J'ignore si vous avez eu l'occasion de le croiser, et que vous me reconnaissez en lui.
Son grand frère faisait parti de la promotion de 2014, et elle ne se souvenait pas que ce dernier avait eu l'occasion de fréquenter des élèves plus âgés que lui. À vrai dire, elle prenait le temps de réfléchir, mais c'était simplement pour passer le temps et faire mine devant le sorcier qu'elle essayait de le retrouver dans sa mémoire. Elle savait très bien à quel jeu jouait son interlocuteur, mais l'ancienne Serdaigle voulait badiner un peu avec lui. Lorsqu'il mentionna sa fille, Meghan entoura Elizabeth de ses bras qui se pétrifia aussitôt au contact avec sa mère.
- C'est ma plus grande, expliqua la mère avec gaieté. Elle ne me ressemble pas physiquement, tout vient de son père. Elle a un petit frère de quatre ans son cadet mais qui me ressemble beaucoup.
Elizabeth, qui avait cessé de trembler entre temps en reprenant ses esprits, se sépara de sa mère en marmonnant "Tu m'étouffes", et observa le fils de l'homme qui les avait accosté. Il était blond aux yeux marrons, et il se pouvait qu'elle l'ait croisé dans la salle commune des jaunes et noirs, étant donné qu'il venait d'affirmer qu'il était également à Poufsouffle. Elle se pinça la joue avant de répondre, en se raclant la gorge:
- On a pas eu l'occasion de bavarder, mais oui on est bien à Poufsouffle tous les deux. Comme on ne fait pas parti de la même promotion, on a pas parlé plus que ça j'pense...
Avant qu'elle ne put ajouter autre chose, le garçon lui tendit un bonbon, qui semblait être à la menthe. Surprise, la première année l'observa, stupéfaite, avant d'accepter son petit cadeau en le remerciant. Elle n'avait pas de quelconque sucreries sur elle, sinon la fillette lui aurait proposé à coeur joie pour le remercier. Tandis qu'elle suçait doucement la friandise fraîche, le dénommé Evelyn Kernac'h demanda à sa mère si elle était sorcière. La brune ne comprit pas l'intérêt de la question et regarda sa mère, qui répondit, toujours avec un sourire aux lèvres:
- Oui, tout à fait. J'ai quelques affaires à régler à Gringotts. Je suppose que vous aussi ? Un moldu aurait eu du mal avec le fonctionnement de la banque... Nos deux mondes sont vraiment très différents.
Elle n'avait pas tord: même Elizabeth qui était une sorcière, ne comprenait pas grand chose à Gringotts et à l'argent en général, alors qu'il n'y avait rien de bien compliqué. Meghan jeta un coup d'oeil à la file d'attente avant de continuer:
- Excusez mon impolitesse, j'ai oublié de me présenter. Meghan Merrow, je travaille en temps que Guérisseuse-en-chef. Ma fille s'appelle Elizabeth. Enchantée de vous rencontrer mon cher Evelyn si j'ai bien retenu.
La jeune sorcière avala son bonbon de travers, et toussa: pourquoi sa mère ajoutait des "mon cher" par-ci et par-là ? Elle n'avait pas l'habitude de parler comme cela... Si ? Elle trouvait son comportement vraiment étrange, car même avec son père, Elizabeth ne l'avait pas vu se comporter de la sorte. Ou du moins, pas devant elle.

Devant les réponses de la sorcière, le grand barbu feignit un étonnement assez naturel. Bien entendu, cette dame était trop jeune pour qu'ils aient foulés tous les deux en même temps le sol du château, mais ce qu'il avait voulu établir en essayant de trouver un sujet commun, c'était une ambiance de proximité : il serait ainsi facile pour elle de tolérer sa présence tout à fait étrangère. Quelque chose d'autre était certain : Evelyn appréciait la voix de cette maman, calme et douce, bien que la petite Elizabeth n'avait visiblement pas l'air plus à l'aise que son Elian. Les yeux souriants, il nota mentalement les informations qui lui parvenaient sans savoir s'il les lui soutirait ou bien si elle avait pleinement conscience de ce qu'elle lui confiait. Il y avait donc un grand frère, un fils plus jeune encore que la petite sorcière ainsi qu'un... mari. Voilà qui était fort regrettable. Bien qu'il n'avait jamais songé aller plus loin qu'une tentative de flirt, s'il se mentait à lui-même. Dans tous les cas Evelyn n'était pas un sorcier qui volait les dames des messieurs, il tenait à sa réputation bien qu'elle n'était pas bien élargie dans la communauté sorcière.

Elian, lui, semblait avoir tout compris en offrant un présent à sa petite camarade - bien qu'aussi anodin qu'un bonbon à la menthe. Charmer les sorcières, voilà un art qui était définitivement à la portée des sorciers les plus inattendus... Son fils souriait en voyant que son bonbon avait été accepté et Evelyn pria pour qu'il ne lui révèle pas combien de temps il avait traîné dans la poche de son manteau d'hiver. D'une expression furtivement inquiète en voyant la jeune Elizabeth le déballer et le placer dans sa bouche, le grand barbu réadopta un sourire mielleux devant sa charmante interlocutrice.

« En effet, en effet... Même si on peut trouver quelques similitudes entre notre banque et celles des moldus. »

Tandis que la file d'attente continuait de désépaissir, il observa à droite et à gauche comme pour s'assurer qu'ils n'étaient pas épiés puis reprit :

« On m'a rapporté que leurs banquiers se montraient tout aussi froids et avides d'argent. »

A vrai dire, il savait sûrement de quoi il parlait puisqu'il faisait partie intégrante de cet univers, étant lui-même trésorier - et, en effet, il n'était pas le plus chaleureux des sorciers au quotidien. Quelque part, il paraissait davantage à l'aise maintenant qu'il était certain de s'adresser à une vraie sorcière. Les temps qui couraient le rendaient extrêmement méfiant - et il lisait peut-être un peu trop la Gazette, il fallait bien l'avouer. Comme elle se présentait en bonne et due forme - toute victoire, même petite, était bonne à prendre - Evelyn lui accorda une légère révérence appréciatrice de la tête. Son cœur s'arrêta cependant lorsqu'elle annonça sa fonction au sein de l'hôpital pour sorciers. Une guérisseuse, il n'y avait pas métier plus salutaire à ses yeux !

« Chère Meghan, vous m'inspirez tout le respect du monde ! s'exclama-t-il en souriant. Vous devriez venir prendre le thé avec nous dès que possible, je suis sûr que les enfants seraient ravis de faire un peu connaissance pendant les vacances. »

Tout en sortant une petite carte de son long manteau, le grand sorcier précisa avec aplomb :

« Je suis trésorier à la chaudronnerie de Cardiff, mon bureau est relié au réseau des cheminées. Si l'occasion se présente... »

Laissant sa phrase en suspens d'un air entendu, Evelyn tendit sa carte qui comportait l'adresse de la chaudronnerie ainsi que son nom complet. Elian était devenu tout rouge, à côté de lui. Il souriait d'un air peu intelligent mais du moins sincère : lui qui n'avait pas le droit d'accueillir ses amis pendant les vacances, il ne voulait peut-être pas louper cette occasion d'avoir une copine de jeu approuvée par son père.

Meghan trouvait le comportement de Evelyn Kernac'h de plus en plus intéressant. Cette sortie à Gringotts n'était pas aussi fastidieuse que prévu. Lorsqu'il réagit face au métier de la jeune femme, cette dernière éclata de rire, avant de lui répondre, toujours extrêmement souriante:
- Vous me flattez Evelyn ! Ce n'est que mon métier. Je pense que chaque métier mériterait d'être honoré, le mien comme le votre.
Mister Kernac'h semblait vraiment s'intéresser à la femme, et cette dernière l'avait bien compris et comptait l'utiliser à son avantage. La mère jeta un coup d'oeil à sa fille afin de vérifier si elle était plus à l'aise que quelques minutes plus tôt, mais fut quelque peu refroidit. En effet, la première année l'observait en fronçant les sourcils, et son regard signifiait très clairement qu'elle ne comprenait rien à son jeu, et voulait que cela s'arrête afin de rentrer rapidement. Meghan se contenta de continuer de discuter avec l'homme, en le regardant dans les yeux:
- C'est avec grand plaisir que j'accepte votre invitation, cela me permettra de prendre du bon temps, étant donné que mon métier m'occupe bien assez. Et je suis sûre que cela sera extrêmement bénéfique pour Elizabeth: cela lui donnera l'occasion de connaître un peu plus de personne à Poudlard ! Voyez-vous, ce n'est pas l'élève la plus sociale de son école.
Elle savait pertinemment que sa fille ne s'était pas liée d'amitié avec beaucoup de monde, et qu'elle souhaitait simplement rester avec son ami moldu, chose qui n'était pas possible à l'heure actuelle. Même si la situation semblait la déranger, Meghan se disait que c'était une bonne chose qu'elle fasse connaissance avec le jeune garçon: il semblait sympathique à vue d'oeil, et vu la couleur qu'avait prit son visage après que son père présenta son métier, il paraissait un peu timide. Cela aiderait sûrement Elizabeth, qui comprendrait ses ressentiments.
- Trésorier à la chaudronnerie de Cardiff ? répéta Meghan en prenant la carte des mains de l'homme, en veillant à frôler ses doigts. Voilà un métier tout à fait honorable ! Vous devez être très rigoureux et très bon en négociation alors ! Ce sont des qualités très importantes chez une personne, ou du moins de mon point de vue. Quand l'occasion se présentera, je n'hésiterai donc pas à passer vous voir !
Elizabeth qui observait silencieusement sa mère depuis quelques minutes était de plus en plus perdue: pourquoi irait-elle voir un trésorier ? Elle n'en avait pas besoin, si ? La conversation entre adultes lui donnait de plus en plus mal au crâne, mais en la regardant, elle n'avait qu'un seul moyen pour s'en sortir: entrer dans le jeu de sa mère. En jetant un coup d'oeil au garçon, elle décida de prendre la parole afin de recentrer l'attention sur eux, et empêcher sa mère de débiter plus de bêtises:
- Ça te dérangera pas si je viens au thé que ton père vient de proposer ? Enfin, s'il se fait. J'apporterai des sucreries avec moi, pour te remercier pour ton bonbon à la menthe !
Ce n'était pas un début de conversation très intelligent de sa part, mais la fillette n'avait trouvé que ce sujet auquel elle pouvait se raccrocher: il fallait bien débuter quelque part !

Les Merrow s'excusent également pour ce terrible retard ! u.u