Dans un des coins de la salle s'ouvre une porte donnant un accès direct au bureau privé de Miss Priddy. Il est également possible d'y accéder par le couloir.

Le bureau est divisé en deux zones distinctes. D'un côté une cheminée avec quelques fauteuils confortables pour s'assoir et discuter, un meuble bas, une corbeille de fruits et un vase pour le moment vide. De l'autre, le bureau à proprement parlé. Miss Priddy venant d'arriver, les choses ne sont pas vraiment ordonnées mais, le seront-elles un jour ? Des cartes et autres souvenirs de ses voyages occupent une partie de l'espace.

LE BUREAU DU PROFESSEUR PRIDDY EST ACTUELLEMENT

OUVERT

HISTORIQUE

▨ Emprunt avec Edmund Long, 3 octobre 2046

▨ Trop court avec Noémie Claire-Cornwell, 11 janvier 2047

▨ Baguette malade avec Erin Fergusson, 4 septembre 2047

▨ Une affaire culottée, 27 avril 2047

▨ Arbrisseau de Pâques. Suite et fin par ici.

▨...

Edmund fixait la porte qui fermait le bureau de Miss Priddy avec intensité, comme si ses yeux tentaient de percer des trous fumants à travers le bois lisse. Il avait l'impression de s'être retrouvé de — trop — nombreuses fois dans une situation similaire : immobile dans un couloir vide à chercher une autre porte de sortie que celle présente sous ses yeux soucieux. Bien que cela ne lui soit arrivé que deux fois — toutes deux avec Mister Dole l'année précédente — les souvenirs qu'il avait de chacune d'entre elle lui avaient fait passer toute envie de réitérer l'expérience. Et pourtant, il était de nouveau là, dans un couloir, regard glué à une porte en bois qui devait bien se moquer de lui.

Durant le dernier mois, le garçon s'était contenté du minimum en matière d'entraînement pratiques avec sa baguette. Puisque la défense contre les forces du mal et les sortilèges n'étaient plus que des cours optionnels, il s'était permis de ne travailler que la métamorphose, s'offrant même le luxe de se concentrer presque uniquement sur son aspect théorique puisqu'il savait que ses Optimaux systématiques en travail manuscrit rattraperaient sans aucun mal les Piètres — voire Désolants — des exercices pratiques. Il avait fait le calcul : il suffisait que seulement vingt-sept virgule trois pourcents de la note finale porte sur la théorie pour qu'il passe la matière avec un Acceptable. C'était donc sans aucun remords qu'il avait laissé tomber sa baguette, ne la sortant presque plus en dehors des cours. Enfin, ça c'était jusqu'à ce que son père finisse par le rappeler à l'ordre d'un hibou particulièrement sec, lui rappelant le marché qu'ils avaient conclu durant l'été.

C'était pourquoi, après un mois d'une quiétude qu'il n'avait encore jamais connue à Poudlard, il se retrouvait devant la porte sarcastique du bureau de Miss Priddy à treize heures trente-quatre, la baguette enfouie au fond d'une poche. Avec réticence, et priant pour que la professeure de sortilèges ait l'humanité d'être absente — la permanence commençait seulement à quatorze heures — il frappa trois coups mouillés qui résonnèrent entre les murs de pierre.

C'était de nouveau le mercredi. Sarah n'en revenait pas de voir à quelle vitesse les semaines défilaient. Elle avait l'impression que c'était hier qu'elle entrait de nouveau dans la grande salle et pourtant c'était il y a déjà un mois.

Assise à son bureau, elle avait sortie la pile de devoir rendus par les premières années la veille. Un compte-rendu sur les lancers de Lumos et Nox. Certaines copies lui faisaient un peu peur rien que dans l'aspect général. Pourquoi n'étaient-ils pas capable de suivre une consigne ? Il suffisait dans le fond de remplir les trous. Mais non, certains voulaient innover... à tort du peu qu'elle voyait.

Sarah soupira en regardant l'heure sur la petite montre à gousset posée sur le coin de son bureau. A quelle heure la petite Delphillia devait venir déjà ? Il fallait qu'elle pense à noter toutes ces horaires quelques parts d'une semaine sur l'autre sans quoi, elle n'allait pas s'en sortir.

Et si elle commençait par boire une tasse de thé. C'était une bonne idée ça non ? Avec un peu de chance il lui restait même quelques uns de ces délicieux biscuits qu'elle gardait normalement pour ses élèves. Sarah se saisit de sa baguette, la pointa vers la porte entrouverte de son armoire et s'arrêta net. Delphillia ? Déjà ? Non c'était plus tard normalement et... elle ne frappait pas de cette façon à la porte.

"Oui ? Entrez."

La curiosité la piquait maintenant et ses yeux se plissèrent légèrement comme si elle essayait de voir à travers la porte.

Le destin avait eu la clémence de ne pas répondre au vœu creux de l'adolescent. Et bien que son estomac se serrât que ses échappatoires se fussent évaporés, il pourrait être reconnaissant de ne pas avoir à traîner le poids de cette obligation beaucoup plus longtemps — pas que ce fût sa façon de voir les choses à cet instant-là, bien sûr. Forçant avec difficulté un air neutre peu convainquant qui trahissait son appréhension, il ouvrit la porte et pénétra dans la pièce. Ou plutôt, y posa un talon avant de s'arrêter, pointe du pied toujours en l'air, dans une position plus comique que stable.

Derrière l'ouverture, une Miss Priddy assise à son bureau le fixait, ses yeux froncés pointés sur lui. Quoi... ne lui avait-elle pas dit d'entrer ? Pourquoi le rictus crispé ? Arrivait-il à un mauvais moment ? Elle ne donnait pas l'impression d'être en colère mais... il s'était déjà fourvoyé sur les expressions des autres — il y avait tant de facteurs à prendre en compte pour lire un visage... — et il ne pouvait imaginer d'autres raisons pour lesquelles la professeure pourrait le fixer ainsi.

Par réflexe, l'adolescent baissa les yeux et fit un pas en arrière, commençant à refermer la porte — si Miss Priddy était de mauvaise humeur alors il ne voulait surtout pas la déranger plus que cela — avant de se rendre compte que partir sans piper mot après s'être à moitié introduit dans son bureau serait tout à fait incorrect voire irrespectueux. Il interrompit donc son geste à mi-distance et rouvrit la porte en grand, prenant garde à bien rester dans le couloir cette fois-ci.

- Euh, bonjour Miss Priddy, la salua-t-il enfin d'une voix hésitante.

Edmund, regarde les gens quand tu leur parles enfin ! le réprimanda le souvenir de son père.

Automatiquement, le Poufsouffle releva la tête et fixa un point du mur juste à côté de la tête de l'adulte.

- Euh, pardon — je voulais dire — Bonjour professeure Priddy ! se corrigea-t-il. Je suis Edmund Long, élève en troisième année, filière sciences. Je suis vos cours en option et je voulais vous demander quelque chose mais je vois que vous êtes occupée...

Comme pour chercher à confirmer ses propos, il fit glisser son regard sur le bureau où gisaient plusieurs tas de copies, sans doute en plein processus de correction, ainsi qu'un certain fatras d'éléments de nature inconnue. Dans une autre situation il aurait très certainement été tenté de venir y mettre un peu d'ordre mais ce n'était absolument pas le moment pour ce genre de chose.

- Ce n'est pas très important — enfin, bien moins important que votre travail en tout cas — je repasserai plus tard, je suis navré de vous avoir interrompue, au revoir !

Sitôt ses explications expédiées, sa main se jeta sur la poignée. Plus vite il partait moindres étaient les chances de se faire réprimander.

Quand la porte s'ouvrit, une touffe de cheveux châtains apparut. Sarah croisa le regard du garçon qui sembla alors fondre littéralement sur place, refermant la porte sur lui ou presque. Mais qu'est ce qu'il fabriquait ? Etonnée Sarah jeta un coup d'oeil autour d'elle. Y avait-il un troll dans la pièce ou un épouvantard tapit devant son bureau. Avait-elle un truc sur la tête ?

Finalement la porte s'ouvrit en grand et le jeune Poufsouffle (d'après la couleur de sa tenue) se lança dans une explication peu claire qui fit sourciller la professeure de Sortilège.

"Vous ne dérangez pas, je suis de permanence aujourd'hui et si c'était le cas, le dérangement était fait de toute façon donc autant en profiter pour éclaircir le sujet qui vous amène."

Pressentant que les choses ne seraient pas forcément aussi simples qu'elle venait de l'énoncer, Sarah rangea ses copies dans le tiroir de son bureau et déblaya rapidement son bureau. Après tout les élèves ne devaient pas forcément pouvoir lire tout et n'importe quoi. Elle pointa ensuite une chaise devant elle et reprit.

"Approchez par ici et expliquez moi ce qui se passe. J'allais me servir un thé, cela vous intéresse ?"

Elle se retint de rire en songeant qu'elle accueillait toujours les Poufsouffle avec un encas, était-ce le hasard ou cette réputation célèbre de mangeur qui poussait Sarah à agir ainsi. Elle plissa en tout cas les yeux en réfléchissant à ce qu'elle faisait et fit venir à elle de la pièce voisine deux tasses fumantes et la fameuse boîte à gâteaux, espérant qu'il reste au moins deux biscuits à l'intérieur puisqu'elle avait un invité surprise.

Avant qu'il n'ait le temps de refermer la porte, Miss Priddy lui assura qu'il ne la dérangeait nullement, non sans lui faire cadeau d'une petite remarque qui fit rougir le Jaune. Elle n'avait pas tout à fait tort...

Malgré une réticence initiale — il ne parvenait pas à savoir si elle était énervée mais prenait sur elle pour ne pas le montrer ou bien s'il ne risquait réellement rien à s'introduire dans le bureau — Edmund accepta l'invitation et vint d'asseoir sur la chaise qu'on lui indiquait.

- Oui, volontiers, répondit-il avec une hésitation imperceptible : que dirait son père s'il refusait de boire du thé !

Installé face à sa professeure, il tenta d'observer son visage sans en avoir trop l'air pour déterminer s'il était dans une situation risquée : depuis le dérapage avec Mr. Dole l'année précédente, il fournissait des efforts bien plus développés qu'avant pour éviter les foudres de ses professeurs. Miss Priddy semblait cependant d'assez bonne humeur : ses traits étaient un peu tirés mais en ce qui ressemblait davantage à une réflexion interne qu'un embarras ou une quelconque prémisse de colère. La tête qu'elle avait faite lors de son arrivée n'avait donc rien à voir avec un potentiel énervement ? Peut-être plissait-elle les yeux régulièrement sans réelle raison alors, tout comme son père se grattait parfois la joue de façon impromptue.

Deux tasses fumantes arrivèrent de la pièce adjacente, suivies d'une boîte à gâteaux que le Poufsouffle fit de son mieux pour ne pas la fixer avec trop de convoitise. Des gâteaux ! Voilà qui serait bien meilleur que le thé !

... heureusement que personne ne pouvait entendre ses pensées...

La porcelaine posée sur la table, Edmund jeta un coup d'œil à sa tasse où un thé noir reposait tranquillement. Il avait eu de la chance : ce n'était pas du thé vert. Il prit la tasse brûlante dans ses mains et sembla s'absorber dans les reflets ténébreux de l'eau.

- Je... à vrai dire j'étais simplement venu vous demander si... si vous auriez... des boîtes à cliquetis ? — je sais que Miss Perkins en avait l'année dernière et je me demandais si vous en auriez aussi.

Le Poufsouffle porta le breuvage à ses lèvres. Non pas qu'il aimait la boisson — il trouvait le thé au mieux tolérable — mais il espérait ainsi dissimuler sa honte et faire passer l'échauffement de ses joues comme une simple conséquence de la chaleur de ce jus de plantes séchées.

Edmund avait depuis longtemps déjà accepté son incompétence à réaliser des sortilèges : il avait eu deux ans pour le faire. Ce qu'il ne parvenait toujours pas à accepter en revanche était d'être forcé à l'admettre à haute voix à autrui. De se tourner en ridicule. Il l'avait déjà fait une fois avec Miss Perkins, presque par erreur, et ça avait été un moment difficile pour lui — malgré l'incroyable clémence de l'ancienne professeure. Il aurait volontiers cédé nombre de ses possessions pour ne pas avoir à réitérer l'expérience.

Et pourtant, il était néanmoins là, dans le bureau de sa professeure, à lui avouer à demi-mot ne toujours pas maîtriser les sortilèges de verrouillage et déverrouillage qu'il aurait dû connaître depuis au moins neuf mois. Le destin avait le chic pour le placer dans des situations qui lui déplaisaient...

Vivement que Miss Priddy lui réponde, qu'il puisse enfin partir. Si elle avait la gentillesse de le libérer rapidement, qui sait ? il pourrait peut-être même repartir sans avoir eu à boire tout son thé.

Sarah but une gorgée de son thé tandis que l'adolescent s'installait sur la chaise qu'elle lui avait désigné un instant plus tôt. Après avoir reposé sa tasse elle ouvrit la boîte à gâteau en croisant intérieurement les doigts. Ses yeux se posèrent à l'intérieur et elle découvrit avec plaisir qu'il restait une petite dizaine de biscuits. Le jeune Long reprenait justement la parole et elle délaissa un instant les gâteaux pour l'écouter avec attention.

"Oui, j'ai des boîtes à cliquetis mais... que voulez-vous en faire ? C'est un matériel précieux et certaines sont fragiles. A quelle utilisation les destinez-vous ?"

Tout en parlant, elle avant tendu la boîte en métal vers son interlocuteur pour qu'il se serve. Elle avait maintenant hâte d'en savoir plus sur les intentions de son visiteurs. Sarah cherchait déjà intérieurement quelles activités il avait pu envisager. Peut-être cherchait il un coffre-fort pour protéger ses... sucreries ? Oui, un élève de la maison Poufsouffle cache surement des sucreries mais ce n'était pas là le rôle des boîtes à cliquetis. Ou alors, ils organisaient une chasse au trésor et l'indice final devait être difficile d'accès ? Mais tout de même pour des jeunes élèves, une boîte à cliquetis pouvait s'avérer très complexe. En avait-il conscience ?

"Vous savez bien sûr que ce sont des systèmes d'ouvertures complexes ? Certaines personnes à Poudlard n'en viennent pas à bout facilement ou pas à bout du tout d'ailleurs."

Son regard était posé sur le garçon ainsi que toute son attention désormais.

Les questions de la professeure prirent Edmund de court. L'incompréhension peignit sur son visage un masque surpris et il leva les yeux vers l'enseignante comme pour confirmer qu'il avait bien entendu ses propos. Illisible, elle ne s'était pas départie du calme qu'elle avait affiché depuis qu'il s'était installé à son bureau et paraissait honnêtement intéressée par la réponse qu'il pourrait lui apporter.

- Euh, eh bien, oui, je sais qu'elles sont difficiles à ouvrir — je veux dire... elles sont spécialement conçues dans ce but, justement, répondit-il à la dernière question.

Quant aux autres... pourquoi pensait-elle qu'il désirait emprunter une boîte à cliquetis ? Ranger ses confiseries à l'abris de camarades de chambre un peu fouineurs ? Il avait suffisamment confiance en eux pour simplement les disposer dans un tiroir de sa table de nuit — et puis ce n'était pas exactement comme s'il en possédait beaucoup. Non, les boîtes à cliquetis étaient connues pour leur aspect pédagogique — ou c'était tout du moins ce qu'il avait retenu des cours avec Miss Perkins sur le sujet — aussi les raisons de sa demande étaient plutôt claires, non ?

Elle ne voulait tout de même pas le forcer à le dire de vive voix, si ?

Au-dessus de lui, le regard de Miss Priddy était toujours centré sur lui, expectatif.

Timidement, Edmund attrapa un biscuit en remerciant la professeure pour l'en-cas. Il en cassa un petit morceau au-dessus de sa tasse et se concentra sur l'observation des miettes qui pleuvaient dans le breuvage.

- Et donc je me suis dit que ce serait certainement le plus efficace pour m'entraîner... avoua-t-il finalement tout bas. J'avais commencé en m'entraînant sur le verrou de ma valise, mais maintenant que je le connais il y a plus tellement d'intérêt...

Le Poufsouffle acheva sa phrase en croquant dans le biscuit, tête basse, honteux.

"Aaah ! Vous voulez vous entrainer au sortilège de déverrouillage. Mais il fallait le dire tout de suite."

Ravie d'avoir en face d'elle un élève de toute évidence volontaire et travailleur, elle se leva et prit la direction de la grande armoire au fond de la salle. Sarah ouvrit les portes d'un Alohomora silencieux puis reprit sa discussion avec le jeune Poufsouffle tout en soulevant boîtes et livres. L'armoire était à l'intérieure bien plus grande qu'elle n'y paraissait de l'extérieur et y trouver certaines choses pouvaient parfois s'avérer complexe.

"J'ai exactement ce qu'il vous faut. J'ai trouvé cet été un tout nouveau modèle passionnant. Il devrait vous plaire. Bon... cette armoire est trop grande..."

Sarah recula et leva les yeux au ciel soudain concentrée.

"Accio carton vert !"

Aussitôt, ledit carton vert jaillit et la professeure de sortilège le cala sous son bras le temps de ramasser les quelques objets hétéroclites qui étaient tombés de l'armoire dans la bagarre puis, elle retourna vers le bureau. Une fois le carton posé, elle entreprit de fouiller à l'intérieur et finit par sortir deux boîtes à cliquetis avec un sourire satisfait.

"Celle-ci est une boîte à cliquetis classique. Cinq serrures assez banales et traditionnelles. Celle-ci est un peu spéciale. Elle est composée comme sa sœur de serrures mécaniques mais elle alterne serrure moldue et serrure magique ce qui rend l'exercice plus varié mais aussi plus complexe."

Sarah poussa vers le garçon les deux boîtes à cliquetis mais s'arrêta soudain en fronçant les sourcils.

"Mais dites-moi, pourquoi travaillez-vous ce sortilège en particulier ? Vous n'avez pas l'intention de faire une bêtise dans le château ?"

Toutes les serrures du château étaient protégées magiquement mais on n'est jamais trop prudent. Elle ne souhaitait pas être la formatrice officielle d'un futur délinquant.