En ce temps d'hivers, Athéna n'avait pas toucher à sa guitare depuis un sérieux moment. En fait, et elle le savait très bien, elle n'avait plus toucher à sa guitare depuis qu'elle s'était faite virée de chez elle. Son instrument lui rappelait tout ses souvenirs, tout ceux qu'elle se forçait à effacer de sa mémoire afin de ne plus souffrir. Cependant, elle avait décidé de se reprendre en main et de ne pas se laisser abattre, cet instrument c'était le sien et la musique sa raison de vivre. C'est donc avec une rage folle d'exister qu'elle se dirigea vers son coffre enfiler son écharpe Gryffondor et attraper sa guitare. D'un pas déterminé, elle se dirigeait hors de son dortoir, regardait tout le monde avec un air de défi. Si au début de l'année elle avait été cette fille très timide qui se laissait marcher sur les pieds, les aléas de la vie l'avaient changé, transformant alors cette Athéna en une fille sarcastique et sûre d'elle, en tout cas d'apparence. Au premier pas fait à l'extérieur, elle prit une grande bouffée d'air et illumina son visage d'un sourire, le premier depuis belle lurette.

Au bout d'une petite marche intensive, son instrument commençait à la peser et elle avait enfin trouvé le coin parfait. Elle était abritée sous un arbre, comme elle adorait se réfugier et isolée, loins, loins des autres. Assise à même le sol, des frissons lui parcoururent tout le corps. Si son écharpe la protégeait un minimum, elle n'était cependant pas assez habillée et de loins, pour rester ainsi dehors. Ses parents le lui auraient dit, ses parents l'auraient grondée. Mais elle n'avait plus de parents désormais, elle faisait sa loi et personne, non absolument personne ne viendrait l'en empêcher.

Alors, un air rebelle affiché sur le visage elle mit sa guitare en position et grata les premières notes qui lui venaient à l'esprit. Sa mélodie n'était pas calme ou dansante comme habituellement, elle était dure, elle exprimait tout ce que la rouquine ressentait et cette dernière se délectait d'ailleurs des moindres vibrations que créait l'instrument. Mais ses émotions que trop peu exprimées, elle se mit à chanter par dessus. Les yeux fermés, elle oublia tout de son environnement se concentrant seulement sur la moindre note qui jouait et ce qu'elle chantait. Rien n'avait d'importance, ni les parents, ni l'amour, ni la haine, ni les autres, rien. C'était elle, seule au monde. Elle face à l'univers, le défiant alors avec ses chansons. Tout avait changé dans sa vision des choses et pourtant, rien, absolument rien dans sa vie n'allait. Mais elle avait décidé que c'était sa vie, ses chansons et son moment. Aujourd'hui, maintenant et pour toujours.

Sa transe fût pourtant interrompue par une jeune fille. Tiens, Athéna eut un faible rougissement de s'être fait surprendre ainsi mais se ressaisissa très vite, affichant alors un air interrogateur quelque peu méfiant.

Ce jour-là, je courais dans le parc. Ça ne changeais pas vraiment de d'habitude, en fait. Depuis que j'avais retrouvé l'envie de courir, c'est ici que je venais. Et quasiment tous les jours. Ça me permettait de me défouler et de me calmer, puisque je n'avais pas la musique. L'électronique ne fonctionnais pas ici, à cause de la forte concentration de magie je crois, alors il était impossible pour moi d'utiliser mon MP3. De toute façon, il faisait parti des objets interdits dans ce château. Alors j'avais remplacé ma dose de musique quotidienne par la course.

Comme je le disais, je courais ce jour-là. Le froid était moins mordant qu'il y a quelques mois, mais l'hiver était encore là et je le sentais sur ma peau nue. Ma pauvre tenue de sport ne couvrait pas suffisamment mon pauvre corps, mais à cette instant je m'en fichais. Je courais, c'est tout.

Il ne restait que trois jours avant mon anniversaire, et cela faisait six longs mois que je n'avais pas vu ma mère. Je ne serais même pas avec elle pour mon anniversaire ! Je serais seule. Et ça me déprimait autant que ça m'énervait.

À cette pensée, j'accélérai ma course. Je n'avais pas envie de penser à ça. C'est justement pour ça que j'étais sortie courir. Pour ne pas y penser.

Soudain, une mélodie résonna dans ma oreilles. Je reconnu sans problème l'instrument : une guitare. Par dessus, on pouvait entendre la voix d'une fille. Je regardai autour de moi : personne. La mélodie n'était pas douce, elle était dure. Mais cela ne retirait rien aux sentiments qu'on pouvait sentir.

Sa musique me fit l'effet d'une bouffée d'air frais. Des mois maintenant que le musique était sortie de ma vie, et quelle joie de l'y revoir enfin ! Sans m'en rendre compte, mes pas m'avaient mené à la source de cette musique. Une fille était là, sous un arbre. Elle jouait et chantait tandis que moi je l'observais sans me cacher. Elle dû sentir mon regard, parce que ses yeux finirent par rencontrer les miens.

Cramée.

J'eus le temps d'apercevoir ses joues rougir mais cela ne dura qu'un bref instant, si bien que je doutai pendant quelques secondes de ce que j'avais vu. Son visage était maintenant interrogateur, et elle semblait plutôt méfiante. Je m'approchai d'elle pour pouvoir lui parler sans avoir à crier.

- J'ai pas pu m'en empêcher.

Pas de désolé, mais cette phrase voulait dire que je l'étais. C'était ma façon à moi de le dire.

- Tu jouais quoi ? Dis-je en montrant sa guitare d'un coup de menton.

Je regardai sa guitare et me mis à l'envie quelques secondes. J'avais toujours voulu apprendre, mais jamais je n'en avais eu l'occasion. On ne roulait pas sur l'or, et même si on finissait les fin de mois sans soucis, je n'avais pas envie de mettre maman dans une situation délicate -financièrement parlant. J'aurai pu demander à mon père, mais je ne voulais pas lui être redevable pour quoique ce soit, même s'il avait largement de quoi me payer des cours. Et en plus, je ne suis pas certaine que Helena le prenne bien. Je m'en fichais de son avis, qu'elle le prenne mal m'importait peu en soit, mais je savais qu'elle me le ferait payer, et ça je ne voulais pas. Je m'étais donc contenté de mes écouteurs et de mon MP3.

Mes yeux quittèrent l'instrument pour se poser sur la musicienne derrière. La rouquine semblait être de Gryffondor, à en juger par son écharpe.
Je m'approchai encore, et m'installai sur l'herbe face à la fillette.

Athéna prit quelques secondes pour détailler la fille face à elle. Elle portait une tenue de sport et avait encore l'air en plein dedans, au vu de ses cheveux noirs quelque peu en batailles ainsi que de sa frange pas tout à fait ordonnée. Si la façon dont elle avait interrompu la rouquine l'avait dérangée, la question qu'elle avait posé lui avait mit le sourire aux lèvres bien qu'elle ne le cacha directement, de la même façon dont elle avait caché son rougissement.

~Je ne joue pas quelque chose de connu, en fait je joue ce qu'il me passe par la tête. Tu t'y connais en musique?

Si elle avait voulu paraître froide et distante, l'évocation à la musique ne pouvait pas le lui permettre. Peut-être sans le vouloir, l'inconnue fixait sa guitare sans ne plus rien dire, et la rouquine s'en sentit gênée. Quand elle prit finalement place à ses côtes, Athéna haussa un sourcil. Elle ne voulait pas de compagnie, encore moins de celle d'une inconnue mais elle avait deviné à cause de son insistant regard posé sur la guitare que la fille voulait en jouer, si elle savait en faire tout du moins.

Et alors, prise d'une bonté d'âme sans nom, elle lui tendit sa guitare. L'instrument était en bois de tilleul, et sur son corps il y avait peint un tournesol ainsi que deux enfants, une fille et un garçon. C'était son meilleur ami Ash qui les avaient peints avant le départ d'Athéna, afin de symboliser leur amitié immortelle. Elle tenait à sa guitare comme à sa vie, tout son univers tournait autour d'elle et, voir l'instrument dans les mains d'une autre personne lui faisait bizarre, vraiment bizarre.

~Fais très attention s'il te plaît... mais j'ai vu ton regard, joue je t'en prie.

Ne tenant pas à voir son instrument autre part qu'entre ses mains, la rouquine s'allongea dans l'herbe et observa le ciel gris. Fronçant les sourcils, elle se demandait encore et encore ce qui lui avait prit, en quel honneur elle avait été gentille avec une complète inconnue, elle qui d'habitude se montrait si distante et presque mesquine. Non pas qu'elle ne soit méchante non, elle avait juste peur des gens, peur de parler et peur des actes de ces humains qui passaient leur vie à abandonner tout le monde. Elle se redressa sur ses coudes et regardait à nouveau l'inconnue. La moue renfermée, elle attendait étrangement qu'elle prenne la parole. Si elle n'avait pas l'allure la plus classe ainsi dans sa tenue de sport, elle lui avait parlé de musique. Et alors tout de suite elle étincelait, montant dans l'estime de la rouquine immédiatement.

Je fus surprise. Je m'attendais à ce que la rousse me vire, mais elle n'en fit rien, même si je pu voir une légère réticence.

Ce qui lui passe par la tête.

Cela semblait plutôt logique au vu de sa façon de jouer. Je n'étais pas vraiment sûre que les émotions perçues par le public - moi-même, donc - aurait été une retranscription parfaite des émotions de la musicienne si elle n'avait fait qu'interpréter une chanson. Il est impossible de trouver une chanson qui est la parfaite définition de nos sentiments. Alors il vaut mieux la créer soi-même. Même si la rouquine ne jouait pas dans le but d'être entendu, à la base.

Je n'eu le temps de rien dire que déjà, la guitare était entre mes mains. Instinctivement, je plaçais l'instrument sur ma jambe, le manche en main. Je n'avais pas vraiment eu à réfléchir, cette position m'étais venue naturellement. Lorsque les yeux de la rouquine se posèrent de nouveau sur moi, attendant que je joue, je su que ma position était la bonne. Mais alors que ma main était au dessus des cordes, je ne pu rien faire. Jamais je n'avais tenu de guitare en main, comment aurais-je pu savoir quoi jouer ? Je n'avais aucune envie d'être ridicule face à la Gryffondor. C'est pour cette raison que je lui tendis l'instrument auquel elle semblait tant tenir.

- Je sais pas c'que t'as dis mon regard, mais j'ai jamais joué moi. J'y connais rien.

Je ne savais pas ce que ma camarade avait bien pu voir. Oui, j'avais fixé l'instrument avec envie, mais je ne pensais pas avoir eu l'air de m'y connaître un seul instant. Je ne connaissais que la base : do, ré, mi, fa, sol, la, si, do. Et je ne savais même pas où placer mes doigts pour jouer ces accords. Pour ce qui est du reste, il n'y avait rien.

Mes cheveux ne ressemblaient plus à rien à cause de ma course. Je me fichais de se que pouvait penser ma camarade, évidemment, mais mes cheveux me gênaient plus qu'autre chose. Je retirai alors la queue de cheval défaite qui retenait mes cheveux, passa mes mains dedans puis les rattacha avec l'élastique. Je ne pris pas le temps de replacer ma frange : elle ne me gênait pas, et le filet de cheveux qui descendait sur mon front bougeraient bien vite avec ce vent.

Je regardai à nouveau la guitare, brièvement, puis posais mes yeux sur la fillette. Ses cheveux roux volaient aussi, emportés par le vent d'hiver.

La musique semblait être une part importante de la vie de la lionne. Son comportement méfiant, celui qu'elle avait lorsqu'elle m'avais vu, s'était envolé aussitôt avais-je ouvert la bouche. Et c'était pour le mieux : je ne voulais pas d'un moment désagréable sur un sujet si important pour moi.

La rouquine regarda la fille se recoiffer et sourit un bref instant. Sa frange ne tenait pas en place à cause du vent qui soufflait inlassablement sur Poudlard et ses cheveux noirs avaient l'air d'avoir plusieurs noeuds. Cette fille avait quelque chose d'attendrissant, quelque chose en plus, quelque chose qui intriguait fortement Athéna et bien contre son gré.

~Oh allons te renfrogne pas comme ça. Dis ce que tu veux, mais tes yeux hurlent appel à la musique. Je n'ai jamais pris de cours de guitare, à vrai dire, je ne saurais même pas nommer les accords que je joue. Et pourtant, je pense avoir un bon niveau. Alors tiens, reprend cet instrument comme tu l'as fais il y a deux minutes et joue. Gratte ses cordes et ressens les vibrations, joue ce que tu ressens ça sort tout seul tu verras!

Et alors, elle regardait cette fille dont elle ignorait tout jusqu'à son prénom et lui tendit sa guitare pour la deuxième fois. Un sourire presque tout à fait réel se dessinait sur son visage, visage qu'elle voulait encourageant. Dans un élan elle se leva et alla s'installer derrière la fille. D'une main, elle tint le manche avec la fille et positionna l'autre sur les cordes. Ainsi, les deux filles dégageaient un tableau quelque peu cliché, digne d'une de ces comédies américaines un peu niaises. Mais la vérité c'était que la rouquine ne savait pas comment s'y prendre, quoi dire ou faire afin de l'aider à apprendre. La musique, ça se ressentait. Selon elle, apprendre avec acharnement chaque notes ainsi que chaque emplacement et le son qu'il émet ne servait à rien. Les vrais passionnés, ceux qui vivaient pour la musique, ceux qui restaient en vie pour la musique le ressentaient. Tout en réfléchissant à cela, elle se rendit conte au combien son instrument l'avait sauvé, et elle voulait partager cette rage de vivre avec quelqu'un, alors même qu'elle n'aimait pas grand monde.

~Je ne sais pas comment tu t'appelles mais, écoute, Ô inconnue. Tu aime la musique ça se ressens, et alors, la guitare le ressentiras aussi. On est à Poudlard, pour toi la magie est une évidence, comme respirer n'est-ce pas? Alors une vraie musicienne c'est pareil, elle joue naturellement, c'est comme respirer. C'est comme le fait que tu sois sorcière, tu es née avec et c'est une évidence. Joue, joue, joue!

Et alors Athéna ria doucement, comme si elle n'osait pas réellement le faire. Elle pouvait passer pour une folle quand elle parlait de ses passions et elle craignait que cette fille ne lui dise qu'elle était bizarre... comme tant et tant de fois on a pu le lui dire.

@Clarke Kane

Certains auraient dit que cette fille était folle. Mais, aussi étrange que cela pouvait paraître, je voyais ce qu'elle voulait dire. Il ne restait plus qu'à le faire.

Encore une fois, je n'avais eu le temps de rien faire que la guitare était dans mes mains. Mais cette fois-ci, la rouquine s'était placé derrière moi et tenait le manche avec moi. Ses doigts étaient déjà au-dessus des cordes, et les miens vinrent se placer au même endroit. Je n'aimais pas les contacts physiques, j'avais toujours détesté ça. Et personne n'avait vraiment eu le cœur de m'approcher suffisamment pour me prendre dans ses bras - ou alors à de rares occasions. Mais là, son étreinte ne me gênait pas. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'appréciais ce contact, mais il ne m'horripilais pas. Et c'était déjà pas mal.

Mes pauvres mains n'avaient pas bougé d'un pouce. La Gryffondor n'avait esquissé aucun mouvement non plus. Lorsque mes doigts se posèrent sur les cordes, je les fis glisser sur les six cordes de l'instrument. Chacune sonna, d'un son distinctif, puis le son s'évapora lentement dans l'air. Je posai deux doigts sur les cordes au niveau du haut du manche, complètement au hasard, puis je fis à nouveau glisser mes doigts sur chacune des cordes. Un son sorti effectivement de l'instrument, mais ce son sonnait faux à en être désagréable. Je plaquai donc ma main sur les cordes pour faire stopper ce son affreux.

Plusieurs fois encore, mes doigts passèrent d'une corde à une autre, pour trouver un son qui me convenait et qui n'était pas désagréable à entendre. Cela dura un moment, au moins un bon quart d'heure durant lequel je découvrais l'instrument et les diverses sons qu'il pouvait produire. Je m'amusais parfois à enchaîner deux accords qui m'avaient plu, puis je finis par arrêter ma découverte. Les derniers sons disparurent dans le silence et quelques secondes passèrent avant que mes doigts ne retrouvent naturellement leur place sur le manche. Je fermais les yeux puis commença à gratter les cordes, changeant le placement de mes doigts sur le manche. Au début, tout ne sonnait pas très clairement : le son retombait parfois dans les abîmes, sonnant la fin du morceau que je jouais alors qu'il n'était qu'au début. Petit à petit, ma mémoire enregistra les sons que je devais plutôt jouer à la fin, et ceux qui étaient le mieux pour commencer. Et enfin, les sons qui sortaient de la guitare ressemblaient à quelque chose de potable. Je laissai mes doigts glisser sur les cordes, se déplacer sur le manche et ainsi exprimer ce que je ressentais. La mélodie était plutôt mélancolique, laissant parfois quelques traces de colère. J'en avais complètement oublié la présence de la rouquine dans mon dos. Je ne m'en rappelai que lorsque le dernier accord de ma mélodie improvisée sonna, et que j'ouvrais les yeux.

Le contacte physique était dérangeant cependant, la rouquine n'en montrait rien et continuait à soutenir le manche afin de faciliter la première approche de l'instrument. Être ainsi à proximité d'un humain la troublait et elle se mit à songer aux insultes qu'on lui avait dit ou au coups qu'elle avait pu recevoir. Depuis ces jours, jamais plus Athéna n'avait accepter les contacts physiques ou apprécié les humains. Mais encore une fois, cette fille aux cheveux noir aimait la musique. On pouvait tolérer les personnes qui aimaient la musique.

Les premières notes faisaient mal aux oreilles et elle se permit un sourire tandis ce que la fille aux cheveux noirs ne pouvait pas la voir. Entendre ces sons si peu mélodieux replongeait Athéna à ses jeunes âges, l'année de ses cinq ans plus précisément.



Et alors plongée dans ses souvenirs, la rouquine sortit de sa torpeur en se rendant conte que la mélodie jouée avait pris la place de ces affreuses notes. Tout n'était pas parfait, mais, on ressentait les émotions que la joueuse voulait faire passer et alors, la musique était.

Athéna attendit patiemment que la fille finisse de jouer avant de se relever et de se positionner face à elle. De son ton le plus moqueur elle commença à châtier la musicienne en herbe.

~- Je sais pas c'que t'as dis mon regard, mais j'ai jamais joué moi. J'y connais rien.

Et alors elle tira la langue à la fille encore sans nom avant d'enchaîner à nouveau, ne voulant pas laisser entendre une forme de méchanceté dans ses paroles.

~Hmm, et bien et bien! Il semblerait que les vibrations t'aient guidé. Joli pour une première fois.

Et alors la rouquine se laissa tomber lourdement au sol avant de récupérer son instrument. Les yeux posés sur les deux enfants ainsi peints, elle sentit ses yeux briller. La nostalgie planait dans son coeur tel un oiseau taciturne et elle se prit à regretter sa magie, sa sorcellerie. Elle était heureuse d'être sorcière là n'était pas le problème, ce qu'il y avait c'est qu'elle ne se sentait pas à sa place dans ce monde. Ni dans la magie, ni chez les moldus. La différence était simplement que chez les moldus, elle avait Ash, Ash, son meilleur ami de tout l'univers. Et alors prise dans sa torpeur elle en sortit soudainement pour poser son regard sur la fille, celle qui ne portait pas encore de nom.

@Clarke Kane

La rouquine était de nouveau face à moi, et elle me parlait d'un ton moqueur. Je ne pus m'empêcher de rouler des yeux avec un sourire en coin en reconnaissant la phrase sue j'avais prononcé il y a maintenant une vingtaine de minutes.

Joli. C'était joli, m'avait elle dit.

Je la remerciai d'un hochement de tête. Sans elle, ça n'aurait pas vraiment été possible. Et je savais qu'elle comprenait ma gratitude, puisque jamais je n'aurai pu jouer ne serais-ce qu'un accord sans son aide, et qu'elle aimait la musique autant que moi - si ce n'est plus.

La fillette récupéra son instrument avant de se laisser tomber sur le sol. Elle semblait pensive, complètement sur une autre planète. Elle observait sa guitare, où plutôt les deux enfants qui y étaient peints. Cela représentait quelque chose- il faudrait être aveugle pour ne pas le voir- mais je ne voulais pas me risquer à gâcher ce moment en l'interrogeant. Moi aussi il y a des sujets que je ne voulais pas aborder, encore moins avec une inconnue. Alors après l'avoir fixé quelques instants, je l'imitai et m'allongeai sur l'herbe. J'observai les nuages passer, le froid mordant toujours ma peau nue, et je laissai libre court à mes pensées. Qui étaient principalement sur les paroles de la Gryffondor.

On est à Poudlard, pour toi la magie est une évidence, comme respirer n'est-ce pas? Alors une vraie musicienne c'est pareil, elle joue naturellement, c'est comme respirer. C'est comme le fait que tu sois sorcière, tu es née avec et c'est une évidence.

Jamais la magie ne m'avait semblé être une évidence. Je l'avais tellement détesté. Elle m'avait éloigné de ma mère et m'avait apporté tellement de problème.

C'est une évidence.

Ça ne semblait pas être évident pour tout le monde. Mon père niait complètement ce simple fait. Le simple fait que ça, la magie telle que j'étais capable de la pratiquer, puisse exister. Il inventait une vie pour sa fille, pour moi, juste parce qu'il était incapable de voir la réalité des choses. Il ne voulait pas voir ce que j'étais. Il ne voulait pas que je sois ce que je suis. Un monstre, comme dirait Helena. Alors il niait en bloc et inventait des histoires auxquelles il croyait tellement qu'elles avaient fini par refléter la vérité à ses yeux. Pour lui, je n'étais qu'une ado difficile envoyé dans un pensionnat loin, très loin de lui. Et moins il me voyait, mieux il semblait se porter.

Et que dire de ma belle-famille ! Helena et ses filles, et plus particulièrement Enola, me voyait comme un accident de parcours. La magie n'avait rien arrangé aux calvaires qu'elles me faisaient vivre puisque la découverte de ma vraie nature n'avait fait qu'empirer les choses. J'étais un monstre à leurs yeux, et elles profitaient du fait que mon père se voilaient la face pour se comporter comme de vraies garces. C'est ce qu'elles étaient, en fait : de vraies garces.

Je n'avais pas demandé à naître dans un tel contexte familial. Je n'avais pas non plus demandé à être une sorcière. La seule chose que je voulais, c'est d'une vie normale, avec une famille simple.

Je laissai échapper un soupir, les yeux toujours perdue dans le ciel. Le fixant comme si soudainement, un portail allait apparaître pour m'emmener ailleurs, dans un endroit où tout était plus simple. Mais rien ne vint.