Arc II: Regarde la douleur en moi, la seule chose que tu as laissé derrière

Parc, llalalallalalalalalalaala Poudlard, Écosse

llalalalaaa 09 septembre 2046 Dans les alentours de 7h

@Eryne O'Kieran

Il s'était réveillé en sursaut ce matin là. Encore un cauchemar. Depuis le temps qu'il en faisait, il ne les comptait plus. Bizarrement, il ne se souvenait pas de ce dernier. Ratio s'était simplement réveillé trempé de sueur et tout tremblant. Afin de se changer les idées, il décida de se lever et d'aller se promener dans le parc malgré l'heure très matinale à laquelle il venait de se lever. Il se doucha et s'habilla en vitesse, et sortit de la pointe des pieds de son dortoirs, afin de ne pas réveiller ses camarades de chambre. Une fois dans la salle commune, il s'arrêta au milieu du petit salon pour tendre l'oreille. Aucun bruit. C'était étrange d'être dans un silence le plus total dans un lieu comme Poudlard. Il sortit de la maison Poufsouffle et se trouva au premier étage: toujours aucun signe de vie. Il était heureux de ne tomber sur personne; il n'aurait pas à raconter le pourquoi du comment il était réveillé 7 heures du matin. Il avança, le pas léger, jusqu'aux escaliers qui menaient au rez-de-chaussée. Une fois devant la Grande salle, il stoppa sa cadence afin de réfléchir: prendre son petit-déjeuner, ou ne pas le prendre ? Telle est la question. Il observa son estomac qui ne s'agitait pas le moins du monde, et en conclue qu'il n'avait pas faim. Ces derniers temps, il avait beaucoup de mal à manger, ne sachant s'il souhaitait se nourrir, et s'il en avait réellement besoin. Autant écouter le premier concerner. Depuis un bon moment, il ne prenait plus aucun plaisir à faire quoi que ce soit. Il avait l'impression d'être seul dans un trou noir. Mais il le cachait. Il l'enfouissait au plus profond de lui même, afin de ne rien montrer à qui que ce soit. Il ne voulait pas que ça se sache. Il ne voulait pas qu'on lui porte secours rien que pour ça. Peut-être, au fond de lui, il souhaitait être un peu plus estimé et reconnu par les autres ? Il pensa à la veille, ce soir là où il avait écrit ces mots: Sadtember, Octrouble, Nopartner, Disable. Breakdown. Cela représentait peut-être son parcours à l'avenir ?
Il soupira longuement avant de reprendre son chemin vers le parc. S'il fallait philosopher, autant le faire en pleine nature. Il foula le sol plein d'herbe touché par la rosée matinale et chercha un coin où il pourrait se perdre dans ses pensées sans que personne ne le gêne. Ratio décida tout d'abord de s'adosser à un arbre, et en levant les yeux vers le ciel, il trouva que le firmament n'était pas mis en valeur. Au bout de quelques minutes de recherches, il finit par découvrir un petit chemin désert. Il s'y allongea, malgré la terre qui vint parsemer sa jupe et ses cheveux de poussières.
- Change de ciel et tu changeras d'étoile... Pour moi, changer le point de vue de ce dernier revient au même.

@Eryne O'Kieran tu l'as tant attendu non ?

Un pied, et puis l’autre. Droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche, jusque l’infini. Une respiration contrôlée. Inspirer en un temps ; expirer en deux temps. Pas trop rapidement, maintenir le rythme. Secouer les bras pour accompagner le reste du corps, les coudes avançant et reculant.

Toutes les pensées focalisées sur un même point, une même idée, un même but, dans la minute, la seconde, le moment précis.

*Courir*

Ce petit rituel matinal me faisait énormément de bien. Il me rappelait Papa et les moments joyeux passés à Limavady, mais me défoulait aussi, me permettait de déconnecter de la réalité. Si les jours pouvaient sembler répétitifs et ennuyants, mes courses dans le parc reliaient les jours les uns avec les autres et ne se ressemblaient jamais. Courir m’octroyait un sentiment de toute-puissance, c’était ma petite dose de bonne humeur et motivation pour le début de la journée.

On avait beau être le week-end, je m’étais levée assez tôt et habillée pour sortir. Sans raison précise. J’en avais juste envie. Quitte à être dans un château sans surveillance parentale, je pouvais courir quand j’en avais l’envie, non ? Le petit-déjeuner et le sommeil attendraient.

Je n’avais pas encore de trajet défini dans le parc, et je testais différents chemins tous les jours. Ça devait être la quatrième ou cinquième fois que je faisais mon sport dehors et je voulais savoir quels sols étaient les meilleurs à fouler. Le sentier emprunté maintenant semblait assez confortable, depuis quelques minutes. Mais il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’un obstacle se dessine… Pourquoi ne pouvais-je pas courir, à l’infini, sans rien pour m’obliger à m’arrêter, sans temps m’imposant des limites, météo capricieuse ou gros troncs d’arbre bloquant le passage ?

Je ralentis mes foulées jusqu’à m’arrêter totalement.

Bordel. Qui m’empêchait de courir, dormant par terre ? Voilà ce qui ne m’avait pas manqué de Poudlard. Les élèves qui se croyaient tout permis. Les élèves qui pensaient que le château étaient à eux, ces égoïstes qui ne pouvaient pas imaginer que d’autres personnes voudraient profiter du beau temps et le peu de foule qu’il y avait le matin. Le plein d’essence dans mon cerveau fait, mélangé à la rancune montante formait un cocktail explosif dont la fille allait subir les conséquences.

– Eh ! aboyai-je. Pour dormir c’est dans les dortoirs ! Ici c’est pour marcher, laisse de la place aux gens qui passent.

*Allez*, avais-je envie de hurler à la gamine couchée sur la terre. *Dégage ! Je cours ! Je cours et je veux personne sur mon chemin !* Contrôler ma colère ? Voire mes émotions en soit ? La bonne blague. C’était un exploit impossible depuis cet été, un art dominé seulement par les meilleur.e.s. Non, moi, j’étais là, et je courais ; et quand je courais, j’étais dans l’instant présent. Et là tout de suite, on m’empêchait de faire ce que j’aimais.


Désolée pour le mégenrage de Ratio, mais il va sûrement durer x)

Certes, le sol poussiéreux n'était pas le lieu le plus confortable au monde, mais de ce point de vue, Ratio observait le ciel d'un meilleur angle. Lorsque ses pupilles se perdirent dans l'univers lointain qu'était le ciel, la douleur des cailloux lui piquant ou grattant le crâne disparut aussitôt. Selon lui, le firmament était la chose abstraite la plus belle et la plus mystérieuse que la Terre puisse connaître. D'après ses connaissances, la galaxie serait sans cesse en expansion, et donc infinie. Il n'y avait donc, en soit, ni de début, ni de fin. Qu'en était-il du commencement et de la chute ? Existaient-ils vraiment ? Que c'était-il réellement passé il y a des milliards et des milliards d'années ? Est-ce que les scientifiques avaient véritablement raison ? Ils se basaient seulement sur des hypothèses, comment en être sûr ? Ratio soupira, et fronça les sourcils à la vue de ces dizaines et dizaines de questions qui l'entouraient, rien qu'en regardant le ciel. Ne pouvait-il pas observer un chef d'oeuvre, l'esprit vide, quelques secondes ? L'art abstrait était là pour être contempler, et non pas pour être questionner. Au moment où il allait chasser toutes ces pensées de sa tête, une fille l'interrompit pour lui expliquer, de la manière la plus brutale possible de si bon matin, qu'il pouvait aller se coucher dans les dortoirs. Il soupira et ne fit même pas l'effort de la regarder dans les yeux. S'énerver en début de journée promettait une fin de celle-ci spectaculairement lamentable. Ratio cligna des yeux plusieurs fois, avant de répondre d'un ton las:
- Je ne crois pas véritablement te déranger lors de ta promenade... Tu peux simplement éviter les obstacles en les contournant... Et il semblerait que les stades soient mieux adaptés à la course...
Il était vrai qu'un parc n'était pas fait pour "dormir" ou s'allonger en plein chemin et gêner élèves ou adultes, mais la fille aurait pu adapter son ton, et lui demander plus poliment de changer de place. À vrai dire, même si la politesse était les maîtres-mots de la discussion, il n'allait pas bouger d'un pouce. Sa position était bien trop parfaite pour songer à déplacer, ne serait-ce, qu'un millimètre de son corps. De plus, il était très tôt le matin, pour la première semaine de la rentrée. La probabilité de rencontrer des sorciers dans le parc était plutôt faible. Encore une raison pour ne pas se mouvoir. Pourquoi la fille aurait-elle ce privilège ? Ratio n'allait pas passer de prochaines longues minutes à rechercher une nouvelle place à cause d'elle, et seulement d'elle. Il en était désormais sûr: l'inconnue allait devoir le contourner ou changer de chemin, à elle de voir. Dans tous les cas, il était certain que d'ici, il allait sauter dans l'univers qu'était la galaxie. Ici et nul part ailleurs.

Tête de mule bonjour

Je ne dus pas entendre longtemps pour que le long soupir ennuyé de la gamine résonne, ce qui eut le don de m’énerver encore plus. Me prenait-elle de haut ? C’était une blague ? Le parc ne lui appartenait pas ! Elle faisait comme si mes ordres ne servaient à rien, comme si… comme si… Et voilà, je la sentais, la colère, logée dans ma poitrine, grandir, grandir et grandir. *PERSONNE ME DÉRANGE QUAND JE COURS* Et personne ne soupirait de cette façon après qu’on lui aie adressé la parole ! C’était une question de bon sens, de politesse ! Et ici, la fautive, c’était elle.

Pas vraiment me déranger ? Pardon ? Elle était couchée au milieu du chemin, bloquait le passage ! Et ce n’était pas que moi qu’elle gênait, mais toutes les personnes qui se décideraient à passer par ici ! Et si quelqu’un ne la voyait pas ? La luminosité du matin était chaque jour plus faible, et si quelqu’un lui marchait dessus sans la voir ?

Ou en la voyant, peu importait.

La contourner ? Mais c’était à elle de partir ! Elle avait des kiiilomèèètres d’herbe, pour se rouler par terre, dormir si elle voulait ou Merlin savait ce qu’elle faisait ici. Mais un chemin ? Un chemin sur lequel je passais ?

Le feu logé entre mes côtes était nourri par toutes les secondes qui passaient, par ses mots ennuyés, comme si je n’étais qu’une vulgaire petite mouche qui passait par là. Oh que non. Oh que non, elle n’allait pas s’en sortir comme ça : ça n’allait pas se passer comme ça ! Les stades ? Et puis quoi d’autre ? Elle allait me dire comment m’habiller aussi ? Oh que non.

Je m’efforçai de garder une respiration calme, de ne pas commencer à hurler et me jeter sur elle. Non, une tenue civilisée, Eryne. Calme. Comme la grande troisième que tu es. Amie avec des préfètes. Troisième année que tu habites dans ce château. Supérieure en tous points à cette sorte de limace traînant sur le sol.

*Bouge. De. Là.*

– Pardon ? mes émotions étaient filtrées à travers mes mots, d’une voix dure, à chaque fois plus dure. Pardon ? Mais tu te prends pour qui, là ? T’es pas seule au château ! Y’a des gens qui veulent passer ! Et ils vont pas te contourner juste parce que maaademoiseeeelle a décidé qu’elle allait faire sa sieste sur le chemin. Tu. Vas. Bouger. Et. Me. Laisser. Passer.

Les yeux toujours fixés sur sa silhouette échouée sur le sol, je ne comprenais pas comment ma haine avait pu monter si vite, se déverser aussi rapidement sur cette gamine. Mais, après tout, elle l’avait cherché. Elle aurait pu rester sagement dans les dortoirs, mais non, elle avait voulu former un barrage vivant… À ses risques et périls, comme on disait, non ?

*voix de commentateur* La tension monte, la tension monte ! Que va-t-il donc se passer ensuiiiite ? Nous attendons la réponse de Ratio, comment va-t-il réagir ? Est-il immunisé à la colère d'Eryne ? Taaaaant de suspeeeeens !

L'inconnue n'était pas de bonne humeur. Ratio non plus, ce qui était compréhensible avec sa courte nuit de sommeil. Être seul avec une chose abstraite qui le détendait était trop demandé à priori. Ou peut-être rien que se reposer n'était pas une chose si facile à atteindre, d'après ses quelques expériences. Il soupira plus bruyamment et bien plus longtemps, afin d'appuyer sur sa grande lassitude et que la jeune fille puisse comprendre le message d'un moyen ou d'un autre: la paix.
- Tu n'as pas l'air d'humeur ce matin, et moi de même, lâcha t-il d'un ton harassé. Sache qu'il est à peine 8 heures du matin et que la probabilité que des personnes viennent ici reste tout de même assez faible. Tu fais donc partie, selon moi, des quelques pourcent de personnes qui marchent ou courent le matin. Je sais que je ne suis pas seule, tu ne m'apprends pas grand chose, mais si tu pouvais avoir l'amabilité d'être plus calme, je t'en serai éternellement reconnaissante.
Il était exténué. Des cernes entouraient ses yeux depuis plusieurs semaines maintenant. Les insomnies étaient assez fréquentes mais rattraper son sommeil était peine perdu; le temps qui ne cessait ne le couper ne lui laissait pas un moment de répit. Ce début de l'année était prometteur: se faire d'ors et déjà attraper par le Temps l'éventreur ne lui assurerait pas une deuxième année digne de ce nom. De toute façon, Ratio se doutait bien que cette nouvelle année à Poudlard n'allait pas être de tout repos: la première année, qui fut extrêmement mouvementé, n'était peut-être qu'une simple entrée du repas qu'est sa vie. Il soupira de nouveau: comparé une vie à sa propre alimentation était ironique car lui même mangeait de moins en moins au cours du temps. Que lui réservait l'avenir ? Une nouvelle question dont la réponse sera entièrement connu quand Ratio rencontrera la Mort en personne. Il cligna plusieurs fois des yeux avant de détourner, à contre-coeur, le regard du ciel afin de le poser sur la jeune fille qui l'avait dérangé pendant sa philosophie. Une blonde d'environ un mètre cinquante se tenait devant lui. Le regard emplit de haine, Ratio l'observait impassiblement. Sa réaction ne le déconcertait pas, au contraire. Il n'eut qu'une envie, lâcher un petit rire devant son attitude. Et pourtant, son visage resta de marbre, et ne laissait aucune émotion s'échapper. Peut-être qu'en faisant mine de ne pas se soucier d'elle, elle finira par partir, exaspérée ? Du moins, c'est ce qu'il espérait. Ses lèvres s'ouvrirent sans qu'il ne commande quoi que ce soit, et des paroles s'enfuir de sa bouche afin d'atterrir chez l'inconnue toujours autant énervée:
- Il semblerait qu'il n'y ait plus rien à voir ici, à part le ciel. Si tu pouvais disposer le plus rapidement possible, ça serait bien plus agréable. Mon espace vital est en train de prendre un gros coup.
Il ne se qualifierai pas d'associable, mais il fallait tout de même poser certaine limite, surtout au niveau de la distanciation sociale.

*voix de commentateur* un Ratio impassible répond à une Eryne en furiiiiie ! Eh oui chère Plume, rien ne semblerait le toucher, ou il ferait mine de se désintéresser de la situation. Eryne rêve t-elle de lui sauter dessus afin de l'écrabouiller tel un insecte ? C'est que les spectateurs ont hâte de voir la suite d'un potentiel combat verbal ou physique ! Que compte répondre la jeune blonde ?

Je soufflai un long filet d’air entre mes lèvres, essayant de dégager de mon cerveau l’énervement qui montait contre la gamine. L’air froid de l’environnement était mordant quand je courais, mais dès que la sensation de glace dans la gorge partait, je ne sentais plus la température extérieure à mon corps. Mais maintenant que je m’étais arrêtée, mes poils s’étaient hérissés sous les manches du pull et je voulais juste reprendre ma course pour que cette sensation de froid disparaisse.

Le premier coup fut sa phrase, comme une énorme claque dans la figure. À sa place, je ne serais pas restée aussi calme, avec une phrase simplement… descriptive. Pourquoi n’avait-elle pas envie de me cracher à la figure, de s’énerver ? Et sa voix… Sa voix semblait simplement me dire j’en-ai-rien-à-faire-de-ce-que-tu-racontes-dégage. Comment devais-je le prendre ? Devais-je m’énerver encore plus, d’être prise de haut par cette gamine ? Ou alors devais-je m’inquiéter du peu d’émotions que laissait transparaître sa voix ?

Je lâchai mes bras sur les côtés, secouant un peu mes poignets pour reprendre une température normale. J’étais à deux doigts de commencer à trottiner sur place mais non : j’avais confiance en moi et en mes capacités de la faire bouger très rapidement pour reprendre ma route. *Avoir l’amabilité d’être plus calme* Pfiouuu. Je soufflai une autre bouffée d’air frais, pour reprendre le calme demandé par la fille. *D’accord* Si elle pouvait exiger ma tranquillité, je pouvais exiger mon chemin.

J’ouvris la bouche pour lui montrer que je pouvais faire preuve d’une très grande preuve d’amabilité pour qu’elle s’en aille quand sa tête tourna vers moi. Ah ! Enfin une réaction ? Ce n’était pas trop tard. Je clignai des yeux en apercevant son visage : j’étais sûre de l’avoir déjà vue quelque part… Ce n’était pas une de mes camarades de promotion, dans ce cas-là, je l’aurais su… Où est-ce que j’avais pu la croiser ? En salle commune, ou…

Deuxième coup. Son espace vital. Son espace vital. Je me trouvais à presque deux mètres d’elle ! L’inconnue n’allait pas me sortir aussi que je la dérangeais dans sa réflexion ? Ou que je l’empêchais de se concentrer ? Ce serait le comble. Je voulais juste continuer ma course, bordel ! Je claquai des lèvres avec mécontentement, ne sachant plus trop quoi répondre ni par où commencer. J’avais d’abord pensé lui adresser une formule de politesse très, très polie mais… Elle exagérait un peu. Et puis, c’était très dérangeant de ne pas savoir qui elle était.

– Ok, on reprend alors ? Tu veux que je rejoue toute la scène, comme si j’arrivais en courant, ou ça va aller si je recommence ma pétition ?

*Tranquille Eryne. Polie*

– Excusez-moi de vous déranger, Ô… Madame… Qui Observe les Étoiles. Il se trouve que je courais tranquillement – et de bonne humeur –, jusqu’à croiser… votre… *corps échoué tel un sac de patates* barrage naturel sur ma route. Pourriez-vous me faire l’honneur de vous décaler le temps que je passe et continue mon chemin ?

Elle avait intérêt à obéir cette fois-ci.

– S’il vous plaît, insistai-je d’une voix teintée d’ironie, Ô Magnifique Personne ?

Je n’avais pas envie de devoir la menacer ou la bouger moi-même, alors elle… Elizabeth ! Oh, c’était ça ! Elizabeth ! Je l’avais croisée à l’anniversaire de Lena dans les dortoirs, c’était donc ça… Je n’avais pas le souvenir d’une gamine aussi débile à ce moment-là, mais elle ne m’avait pas donné une très bonne impression non plus… Et puis, ce n’était pas elle, de qui m’avait parlé Charlotte en début d’année ? La camarade de dortoir un peu cheloue ?

Désolée pour ce petit retaaard !
Eh bieeen... *voix de commentateurice passioné.e* Eryne a un grand moment de blanc, d'intense réflexion... ! Que va-t-elle répondre ?! Va-t-elle faire un effort ou... ? Eh bien elle opte pour l'ironie ! Très désagréable, comme gamine... Ce sera suffisant pour se débarrasser de Ratio ? C'est ce que nous allons voir !

Lorsqu'elle lui proposa de refaire la scène, il ne prit pas la peine de la regarder et ne répondit pas. Il voulait simplement qu'elle parte, ce n'était pas si compliqué. Il garda les yeux fermés pendant toute la durée de sa représentation. Magnifique Personne ? Était-il une magnifique personne en réalité ? Bien sûr que non. Tout cela n'était que de l'ironie pure et dure. Il soupira bien plus longuement lorsque la jeune fille finit la scène. Il n'était pas une princesse, pas besoin de ces formalités. Quoi qu'elle disait, il n'allait pas bouger d'un pouce. Tout était une question de point d'observation dans le ciel. De là où il était, il avait une vue globale sur une partie du ciel qui l'intéressait. D'une certaine façon, tout élève n'étant pas intéressé par l'astronomie penserait que dans tout le parc de Poudlard, quelque soit le lieu où il se trouvait, il verrait la même chose. Pourtant, Ratio n'était pas du même avis. Chaque centimètre carré du sol avait son importance. Il finit par rouvrir les yeux et répondre à la jeune fille:
- Je ne suis pas une princesse comme tu pouvais le sous entendre avec tes interjections. Je ne suis qu'une simple élève, tout comme toi.
Il avait une grande envie d'ajouter que sa touche d'ironie se détectait d'une facilité presque amusante. Il décida de bloquer passage à ces mots, et ajouta cependant:
- Ce n'est pas comme ça que tu me feras bouger, je suis navré de te le dire. Abandonne tout espoir de me voir mouver vers un autre endroit. Je resterai ici. Quoi qu'il en coûte.
En réalité, il y avait plein de facteurs qui pouvaient le faire bouger, tel que le début des cours, ou si le garde chasse venait à lui demander de chercher un autre lieu pour ses observations. Et tout cela bien sûr, à contre-coeur. La pluie ne pouvait le faire partir, au contraire. Épier le ciel emplit de nuages et d'eau qui tombe par millier de gouttes était fort intéressant. Il voyait simplement une masse visible constituée d'une grande quantité de gouttelettes d’eau en suspension dans l’atmosphère. Pas une étoile en vue. C'était un peu comme un jeu de cache-cache: les étoiles se cachaient derrière les nuages. De plus, observer le ciel en pleine journée restait également passionnant: les étoiles étaient pour la plupart invisible, dû à la lumière du soleil. Le meilleur moment pour observer le ciel n'était qu'autre que la nuit. Une multitude de points blancs habillant la galaxie. C'était tout simplement un chef-d'oeuvre non humain. Personne dont l'existence était limité sur Terre ne pouvait s'auto-proclamer créateur d'une telle merveille. C'était simple.

*voix de commentateur absorbée par le duel de mots* Ratio est de marbre face aux louanges tout à fait ironique d'Erne ! Eh bien, eh bien, il réplique tout à fait tranquillement ne se qualifiant pas de princesse. Eryne ne restera pas calme à cette situation, n'est ce pas ? C'est ce que nous allons vooiiiiiiirrr !

Pas une princesse, gnagnagna, interjections, blablabla, pourquoi est-ce qu’elle se mettait à parler avec de grands mots de vieux politiques renfrognés ? Ça ne la tuerait pas de parler anglais et de se lever pour me laisser passer. J’avais envie de de de- *calme-toiii, respiiire, on tapera personne aujourd’hui*.

Abandonner tout espoir de la voir… mouver ? Elle avait dit mouver ? On était en quel siècle ? J’avais actionné une machine à remonter le temps en courant ou c’était cette *gamine ingrate* qui s’était trompée d’époque ? Elizabeth, Ô grande duchesse avec fort peu d’éducation, se tînt en cette belle matinée de septembre devant mes pieds. Me provoquant de ces idées dénuées de sens et ainsi affalée sur le sol du chemin que je prévoyais de fouler, je décidai, non pas de m’arrêter devant son corps bloquant mon passage et celui de mes congénères, mais avancer jusque *lui donner deux bonnes baffes*. Hop, debout ! Ça dégage !

Un rictus amusé par mes pensées fort sarcastiques, je m’avançai d’un pas, de manière à me tenir fort près de la statue parlante, et me penchai un peu vers elle, prenant une voix assez désagréable, même à mon oreille. Je la voyais mal apprécier que je lui parle comme si elle avait perdu ses neurones dans une malencontreuse chute.

– Elizabeth. *Imagine c’est pas son nom* Elizabeth… je secouai la tête, avec une expression faussement peinée. Ça pourrait être dangereux pour une petite fille comme toi (et non princesse, comme tu l’as bieeeen fait remarquer) de se trouver ici. Il n’y a peut-être pas beaucoup de gens qui passent à cette heure… Mais ceux qui le font ne font peut-être pas autant attention que moi à ce qui les entoure. Que se passerait-il si quelqu’un ne t’apercevait pas en, par exemple, courant par ici ? Et si, oups, il continuait son chemin et… aïe !

Je n’étais pas en train de m’emporter un… *Non.* Je pliai encore un peu plus les jambes pour m’approcher.

– Ce serait fort dommage, non ? soupirai-je. Enfin, tu vois, moi je n’ai pas que ça à faire, de t’apprendre les codes de la politesse. D’ailleurs, je vais gentiment continuer mon chemin… d’accord ?

Je me relevai et montai mon pied, pour l’enjamber d’une mimique exagérée. Arrivée de l’autre côté, je me tournai pour me pencher encore.

– Alors, je dis ça, je dis rien… mais je te conseille de bouger tes fesses de ce chemin et dégager avant qu’un élève moins soucieux… arrive, conclus-je en me redressant et reculant d’un pas.

Espèce de bouse de troll morveux en hibernation. C’était dur de m’énerver à ce point, mais là ! Quand je courais, je courais. Qu’elle s’en aille, Merlin.

*voix de commentateurice choqué.e par l'insulte d'Eryne* Merliiiiin, il semblerait que la troisième s'énerve un peu ! Elle semble mourir d'envie d'en coller une à Ratio... mais elle se contient, elle se contient, quels efforts ! Comment va réagir la personne d'en face en entendant ses propos aussi provocants et cruels ? C'est ce que nous voulons toustes savoir !

La blonde était vraiment... exaspérante ? À chacune de ses phrases prononcées, un soupire s'échappa de la bouche de Ratio. La fille avait réussi à trouver son prénom... Comment le connaissait-elle ? Il ne s'était pas présenté, et il semblerait qu'il ne l'avait jamais vu auparavant: elle n'était même pas de sa promotion. De plus, la façon dont elle parlait était beaucoup trop... forcée pour que cela lui paraisse polie. "Plus ironique tu meurs". Il se contenta de l'écouter parler à tord et à travers, tout en ponctuant ses phrases de petits soupires agaçants. Au moment où elle comptait partir, elle l'enjamba pour passer de l'autre côté. Il serra les dents, cligna plusieurs fois des yeux et ses yeux tournèrent à environ 90° pour regarder l'élève. Le fait qu'elle soit passée au dessus de lui l'avait légèrement mis en rogne. Elle aurait pu simplement faire le tour et ne pas gâcher sa vue avec un corps. Au moment où il comptait répliquer, elle conclut avec des mots peu courtois, ou plutôt assez violent. Ratio n'aimait pas la violence, il était plus du genre à résoudre les conflits en trouvant un terrain d'entente même si le marché devait le désavantager. Il soupira une énième fois, et se redressa, le regard toujours planté dans celui de sa camarade. Ça tête tournait de plus en plus, mais il était beaucoup trop concentré sur les paroles de la blonde pour se soucier de son mal de crâne. Le fessier au sol, la tête lever vers elle, il lança avant qu'elle ne parte:
- Hé, madame l'impératrice de la politesse, attends deux minutes s'il te plaît.
Drôle de surnom, mais il était sûr et certain que la blonde n'allait pas partir, et n'allait pas forcément apprécier son nouveau prénom. Mais comment l'appeler s'il ne connaissait même pas son identité ? Mais là n'était pas la question principale, elle l'avait dérangé en pleine exploration de son Univers, et osait lui parler de la sorte, même si elle était plus grande qu'elle en terme d'âge. Car, en effet, désormais debout, il était plus grand qu'elle de cinq centimètres. C'était une situation qui le faisait secrètement rire: il avait une hâte, voir la réaction de l'élève. Mais il ne lui laissa pas le temps de répondre quoi que ce soit, il devait lui même enchaîner comme elle l'avait fait. Comme se prendre un enchaînement de claques plus ou moins fortes. Il s'avança d'un pas, et continua de la regarder dans les yeux, le regard impassible: il ne devait laisser passer aucune émotion. D'une part pour qu'il puisse se calmer, et d'une autre part pour attiser la colère de la jeune fille. Il était clairement en train de la provoquer, et il le savait pertinemment. Et pourtant, il voulut continuer.
- Regarde, lâcha t-il en faisant quelques mouvements avec ses bras, j'ai "bougé mes fesses de ce chemin" comme tu me l'as demandé. "Dégager" ne fait pas encore parti de mes projets, mais on avance bien non ? Si j'étais toi, j'éviterai de jouer avec mes nerfs de cette façon, je peux être très patiente, mais... je ne suis pas forcément d'humeur ce matin, vois-tu ? Tu peux donc tranquillement t'en aller tout en gardant à l'esprit de en plus jamais m'enjamber comme tu l'as fait, ni de m'importuner en pleine séance de méditation. Ça doit pas être trop compliqué à comprendre je suppose pour l'impératrice de la politesse, je me trompe ?
Il était probablement allé trop loin, mais une rage inconnue au bataillon venait de l'agripper et ne comptait pas le lâcher avant sa revanche.

*voix de commentateur outrée par le comportement de Ratio* Par le caleçon de Merlin, j'avais si espoir en Ratio ! Il énerve Eryne comme quand on jette une allumette dans un bidon d'essence ! Serait-ce Iratus qui arrive pour causer des problèmes comme à son habitude ?