Edmund avait observé le match avec un stress croissant. Les Hel's étaient parvenu à marquer deux buts et à arrêter un tir — Eileen était incroyable ! — ce malgré les probables fraudes des Crochets Ardains, et tous ses coéquipiers étaient fabuleux sur le terrain. Thaïs et John, pourtant tous aussi nouveaux que lui, étaient au même niveau que les autres, l'une s'étant jeté à la poursuite du vif d'or avec à peine une fraction de seconde d'écart avec l'attrapeuse adverse, pourtant joueuse confirmée, et l'autre ayant rapidement pris ses marques face aux anneaux, pénétrant la psyché des adversaires pour les pousser à faire des erreurs. Oui, il avait réellement une équipe remarquable.

Il avait si peur de tout gâcher.

Deryn semblait nourrir de très bons espoirs en ses talents, tout comme Eileen, qui l'avait accepté dans l'équipe malgré un premier entrainement peu engageant, ou même Miss Delphillia, qui était allé jusqu'à le menacer pour le forcer à rester dans l'équipe. Enfin, pour Delphillia, il n'aurait su dire si c'était par reconnaissance de ses compétences ou par simple plaisir de le tourmenter, il avait encore du mal à la cerner. Elle était parfois étonnamment aidante pour le conseiller sur son rôle de batteur et parfois complètement terrifiante. Mais bref, toujours était-il que plusieurs de ses coéquipières paraissaient confiantes en ses capacités de réussir, ce qui ne faisait qu'accroître sa peur d'échouer lamentablement.

Alors que les joueurs se réarrangeaient une fois de plus sur le terrain comme autant de pièces d'un jeu complexe et rapide, Edmund perçut du coin de l'œil un mouvement vif sur sa droite : sa capitaine lui faisait signe d'entrer sur le terrain. Au même moment, il la vit réitérer le signe, en direction de la batteuse titulaire cette fois-ci, qui commença rapidement à perdre en altitude. Gorge serrée aussi fort que ses main sur son Comète 260 et sa batte, le garçon se leva et tituba quelques pas en direction du terrain.

Sur ton balai idiot, c'est sur balai que le match se joue, pas à pieds.

Enfourchant son balai avec nervosité, le Poufsouffle s'éleva difficilement dans les airs, hocha la tête avec respect à l'encontre de la batteuse qu'il remplaçait et raffermit son emprise sur la lourde arme qu'il tenait de sa main directrice. Non, pas une arme, un outil. Son outil.

S'autorisant un dernier instant de panique avant d'entrer complètement dans le rôle qui était le sien — les pièces n'ont pas peur, et il en était une à présent... n'est-ce pas ? — il ferma les yeux un instant pour se concentrer. Faire ce qu'il savait faire. Ne pas voir trop gros. Avancer pas à pas. Bien.

Que savait-il faire ? Observer. Il observa.

Un mouvement de balle : le souafle, chutant dans le vide, à l'écart de tous. Rien sur quoi il pourrait agir.

Un deuxième mouvement : les attrapeuses, qui se lançaient à la recherche du vif d'or qui avait dû montrer un reflet et attiré leur regard. Vu le score des deux équipes, il fallait absolument que Thaïs prenne de l'avance sur son homologue, ou alors ils risquaient la défaite.

Troisièmes mouvements : sifflant dans le vents, le cognard et le batteur adverse, qui l'avait pris de vitesse dans l'assaut de la balle folle.

Edmund savait ce qu'il avait à faire : il s'était suffisamment entraîné à réaliser ce coup sous la tutelle stricte de Miss Delphillia. Il s'interposerait sur la trajectoire de la balle folle et la frapperait violemment pour lui faire changer sa route. Un tour de passe-passe assez risqué et diablement compliqué auquel il s'était affairé durant les quelques derniers mois afin de maîtriser le geste et le timing. D'un changement d'appui mesuré, le Poufsouffle s'avança vers la balle, avant de s'immobiliser sur place.

Hébété, il vit comme au ralenti Belhmont armer son coup, viser. Il savait qu'il devait avancer, s'interposer, faire barrage pour dévier le cognard sur l'attrapeuse adverse pour gagner l'avantage. Il ne parvenait pas à bouger. Toute la pression accumulée depuis plusieurs mois ressortait subitement et le paralysait complètement. Et s'il ratait et se faisait renverser à la place ? Et s'il frappait de travers et envoyait le cognard non pas sur Chassin mais sur un allié ? Et s'il le choc le déséquilibrait et qu'il tombait ? C'étaient des pensées stupides qu'il avait très rapidement appris à mettre de côté, mais là, sous les feux des projecteurs, il perdait tous ses moyens.

CLANG

Le bruit métallique agit comme un électrochoc, ses nerfs relâchant des pulsions douloureuses dans ses avant-bras qu'il avait crispés sur la batte et le manche du balai. Une fraction de seconde lui suffit à comprendre qu'il était trop tard pour espérer pouvoir viser qui que ce soit : les quelques secondes nécessaires à cela avaient été avalées par l'abîme de son coup de panique. Sentant une culpabilité sournoise sourdre dans son cœur, il se força à se concentrer : il était toujours temps d'éviter le pire. Pour l'instant, c'était sur cela qu'il devait se concentrer.

Filant dans le vent, Edmund se rapprocha du plus vite qu'il put de Thaïs et, la batte serrée contre son corps déjà moite de transpiration, guetta l'arrivée de la balle folle pour en protéger sa coéquipière.

Action : Protéger [voler tout autour du coéquipier]
Cible : Thaïs South

Alexander le sentait. Le match n’était peut-être pas terminé, mais les attrapeurs semblaient bien plus concentrés qu’au début de la rencontre, traquant sans relâche la petite balle ailée. Il ne la voyait pas, mais la tension était palpable. Ils semblaient s’en rapprocher inéluctablement, et avec eux, la fin du match. Priorité au vif…. Voilà l’image que renvoyait l’attrapeuse des blaireaux en lâchant le souafle. Ils pensent peut-être déjà avoir gagné ?. L’occasion pour le Gryffondor de tenter de subtiliser ce souafle abandonné. Lui ne voyait pas les choses de cette façon. Négliger ainsi la balle de cuir était pour lui signe de la trop grande confiance qui régnait chez les jaunes. Il était évident qu’ils voulaient mettre fin au match dans les plus brefs délais, mais Alexander avait confiance en Elfie pour la capture du vif. En attendant, rien n’était joué, et les poursuiveurs Rouge tomate - tant par la couleur de leur visage que de leur cape - ne devaient pas se relâcher. Les anneaux n’étaient plus très loin. Le deuxième année serra le manche de son Brossdur de toutes ses forces et souffla, volant à basse vitesse pour s’ajuster à la trajectoire tombante du souafle. Dans son champ de vision commençait à se dessiner la silhouette de O’Connors. Elle lâchera pas l’affaire celle là…. Alexander ne la laisserait pas faire. Il n’avait pas encore posé ses doigts sur le souafle, et il était hors de question que le match se termine avant qu’il n’y parvienne.

La pause sur le banc des remplaçants rouges entre Swann et Phoebe m'a permis de récupérer un peu d'énergie. Mais en réalité, pas tant que ça : je suis le match le coeur battant, le regard levé vers le ciel - ou plutôt vers les joueurs fendant les airs, les doigts pianotant nerveusement sur le bois du manche de ma batte. Le vif qui semble avoir pointé le bout de son nez sur le terrain... mais échapper à Elfie. La balle de cuir qui s'approche des anneaux jaunes... pour être interceptée et re-traverser le terrain en sens inverse, avant de changer une nouvelle fois de mains, d'équipe et de direction. De temps en temps, je lance des petits commentaires à voix basse aux deux coéquipières à mes côtés, de temps en temps je lève la voix pour crier une indication ou un encouragement aux robes rouges qui se battent sur le terrain. Et toujours ce regard qui glisse en direction du panneau des scores pour lancer une oeillade un peu soucieuse aux soixante points d'avance de Poufsouffle. Il nous faut à tout prix éviter un nouveau but. Glissant quelques indications à Swann, je fais signe à l'arbitre qu'on remplace, pour permettre à Ennis de se reposer un peu.

Je vois Elfie accélérer... le vif encore une fois. Il nous le faut, absolument. Et soudainement, je vois le cognard à ma portée. Sans hésiter, je fais un second signe à l'arbitre puis à Julian : je prends le relais. J'arrive pas à rester passivement sur le banc encore plus longtemps. Cette frappe, je l'ai.

Dernier instant de concentration, c'était la fin, Elfie le savait. Si cette tentative ratait, Ce serait la prochaine, à chaque fois elle était de plus en plus proche, c'est doigts frôlant le métal du vif d'or. Avec ce sentiment, indiquant que la fin était proche, elle avait aussi envie d'en finir rapidement. Elle adorait voler, et le faire sans s'arrêter, mais avec le public, cela changeait un peu. Elle savait que tous attendait le moment fatidique où l'un des attrapeur réussirait à refermer ses cinq doigts sur le vif. De plus, elle ne sentait plus ses cuisses, à force de les contracter autour de son manche à balai, du au stress, et à la peur de glisser pour tout et n'importe quoi. Voler sans contrainte et plus librement, étaut ce qu'elle préférait, le quidditch venait ensuite, mais un match ne devait pas durer trop longtemps. Pour résoudre ce problème, il était évident qu'il faudrait lancer un sort de coussinage sur le balai, pour lui redonner du confort, et que les courbatures des fessiers, n'empêche pas les joueurs de marcher d'une façon étrange, et d'avoir du mal à s'assoir sur les chaise de cours.

Elfie avait réfléchis, qu'avec la fatigue du match, elle pourrait s'autoriser une petite sieste le lundi après-midi, puisque le dimanche ne suffirait pas. Elle voulait finir plutôt ce Lundi, en loupant le cours de Sacm, mais après avoir bien tergiversé, elle avait déjà séché les deux dernières semaines, cette fois-ci, c'était ricrac. Elle verrait bien, au fil de la journée, comment elle sentait voir la fin de du premier jour de la semaine. Mais ce n'était pas le moment d'approfondir sur la question, sa concentration devait être fixé sur le vif, le vif, et... le vif.

Edmund se mordit les lèvres, se remettant du choc rude qu'il avait encaissé à peine quelques secondes auparavant. Il avait réussi à s'interposer entre le cognard et Thaïs mais, au dernier moment, s'était légèrement écarté de peur de se faire mal. Il n'avait de fait que réussi à frôler le cognard de sa batte pour le faire dévier légèrement de sa trajectoire, au lieu de le faire rebondir comme il avait déjà vu faire d'autres batteurs par le passé, et la balle lui avait allègrement éraflé l'épaule en passant. Dents serrées, il fit rouler un peu son épaule, puis finit par regarder derrière lui, pour voir si sa tentative minable de protéger son attrapeuse avait suffi ou si, comme il le craignait, il n'était pas parvenu à affecter la trajectoire suffisamment pour la sauver du coup.

En lieu et place de son attrapeuse, ce fut sur celle des Griffes Ardentes que ses yeux se posèrent. Une attrapeuse qui avait l'air fort affairée. C'était tout naturel, après tout, puisqu'elle était elle aussi sur la trace du vif d'or.

Soucieux de savoir s'il avait réussi à accomplir son rôle et aider Thaïs, Edmund voulut la chercher du regard avant de, par un effort de volonté extrême, se forcer à retourner les yeux vers la joueuse rouge. Aussi viscéral que fût le désir de déterminer s'il avait réussi à ruiner tout à fait le match et s'il était effectivement le fardeau qu'il pensait être en cet instant précis, il se fit violence et prit sur lui de fixer Chassin, et seulement Chassin. Que Thaïs ait été touchée par le cognard n'avait plus aucune importance à présent : qu'elle aille bien ou ait été expulsée sur le côté, frappée en plein cœur par le cognard, il ne pouvait plus rien y faire. La chercher était donc inutile. Chassin, en revanche, volait encore, et ça c'était un problème dont il pouvait s'occuper. Dont il devait s'occuper. C'était son rôle.

Faisant demi-tour, le Poufsouffle embrassa le terrain du regard, soucieux de trouver le monstre métallique qui lui permettrait de mettre fin à la chasse de l'attrapeuse rouge... Le voilà !

La surface presque brillante, et étonnamment toujours exempte de la moindre tâche de sang malgré le nombre effarant de joueur qu'il avait assommé, le cognard effectuait un large arc de cercle afin de s'en prendre à une nouvelle proie. Une fois de plus, cependant, il avait été devancé par le batteur rouge.

Edmund s'élança sans réfléchir. Il ne pouvait pas se permettre de se laisser le temps de paniquer comme quelques minutes plus tôt. Il lui fallait agir à chaud, avant que le stress n'ait le temps de le bloquer, de l'immobiliser de nouveau.

PANG

L'adversaire avait frappé le cognard, qui partit à vive allure. Heureusement, Edmund avait anticipé la cible et se trouvait exactement sur la trajectoire.

3...

Genoux serrés autour du manche de son balai, il se maintenait en équilibre précaire, tâchant de ne pas trop y penser.

2...

Mains au niveau de la tête, il maîtrisait sa respiration comme il le pouvait pour éviter de perdre bêtement en précision.

1...

Le cognard arrivait, vrombissant et louvoyant. Edmund ferma les yeux et, torsion du buste qui projette les épaules et les bras en avant, frappa.

CLANG

Action : Dévier
Cible : Elfie Chassin

uel déception, il était si prêt. Thaïs l'avait eu dans son champ de vision. Ça lui avait paru être une éternité. Elle l'avait au bout des doigts.
Malheureusement un manque de précision ou de vitesse l'en avait privé.

Ce n'était pas le moment d'abandonner. Il en était hors de question. Malgré les bêtises que Thaïs pouvait faire. D'ailleurs chaque faute de sa part lui faisait beaucoup de mal. Elle tentait de s'en défaire pour assurer au mieu la suite. La place d'attrapeur était tellement importante. Ça pouvait changer radicalement le résultat du match. Et Thaïs n'arrivait pas à assurer son job.
Elle tenta de s'enlever les idées noires qu'elle broyait. Il fallait y retourner.

Thaïs fit le tour du terrain pour reprendre une recherche approfondie dans tous les coins du stade. Où pouvait il encore s'être faufiler. Elle partit des anneaux au sud pour remonter vers les tribunes est puis les annneaux pour revenir sur les tribunes à l'ouest. Elle entreprit un déplacement en lacet pour ne rater aucune zone. Rien à l'horizon, elle tenta de prendre de la hauteur.

Elle regarda ses camarades se battre pour gagner ce match. Le cognard avait quitté le terrain. Au moins Thaïs ne le prendrait pas en pleine poire. Il fallait qu'elle aussi apporte des bonnes choses qu'elle montre qu'elle était faite pour faire partis de son équipe.

Je vis Edmund qui se dirigea vers Thaïs avant de commencer à la protéger avec sa batte. Il avait du entendre mes paroles car il semblait plutôt content. De même, j'étais content. Content de faire parti de cette équipe, content de jouer avec eux, content de jouer pour ma maison, content d'être sur ce balai, content de tout. Pourtant, l'action n'était pas à notre avantage, le souafle se trouvait dans le vide, et les poursuiveurs adverses pouvaient s'approcher et tirer à tout moment. C'était vraiment imprévisible le Quidditch et c'était surement pour cela que j'aimais tant ça, pour le fait de ne pas savoir ce qu'il se passait. C'était ça que j'aimais, l'incertitude.

J'avais juste, un poursuiveur pris le souafle et se dirigea tout droit vers moi. Il lacha la balle rouge qui se précipita vers mes buts. J'étais maintenant seul dans cette situation. Personne pourra me sauver, personne pourra m'aider. C'était moi seul qui était maître de mes actions, de mon destin et celui de mon équipe. C'était déjà stressant d'être sous tous ses regards, mais sachant que je devais maintenant supporter la pression de l'équipe. Je sentis mon regard défaillir et je faillis rester en place. Cependant, il fallait que je bouge, pour arrêter ce tir. Je pris mon courage à deux mains, analysa le souafle et sa trajectoire et pris la défense de l'anneau qui me semblait le plus judicieux.

Les quelques mots soufflés de mes lèvres traversent le stade, mais mon souhait n’est pas comblé : la brise endiablée doit faire vibrer les tympans de Long, puis son corps tout entier.

Pourvu que ça marche.

Le froid paralyse déjà le bout de mes doigts, que je tente d’articuler en les faisant pianoter dans le vide, une main après l’autre. Chaque respiration forme un autre nuage de cette fumée blanchâtre s’échappant de ma bouche. Mon regard parcourt le terrain, avant de se braquer sur Elfie, en quête du vif. Cet atome doré, bien qu’infinitésimal, porte bien son nom. À ce stade du jeu, l’attraper serait synonyme de victoire.

Victoire.

Le mot est foudroyant, résonnant en écho dans mes pensées. Un brin de bonheur, doucement tinté de nostalgie, se loge au creux de mon cœur, tout prêt. Je nous vois encore là, sur la pelouse brillante, un sourire étiré sur le visage. Ensemble.

Boh… Il est noir l’gazon là.

Je jette un coup d’œil sur l’herbe, dont les brins ne sont plus que des fils de boue, enterrés dans la terre. Miam. La coupe est passée. C’est une nouvelle année.

Et on a pas encore gagné...

J’agrippe le manche de mon balai puis redresse mes épaules, tandis que mes yeux suivent le Souafle, au cœur d’un attroupement de joueurs, que je ne peux distinguer clairement. Le vent impétueux souffle dans les capes, jaunes et rouges, mais toutes mêlées dans un même mouvement. Perchée sur mon balai, devant les anneaux, je tente d’apercevoir Alexander –ou plutôt Alexander avec le Souafle dans les mains–. Je m’en persuade. Il doit le saisir… il doit marquer.

C’est bien beau d’être brun aux yeux verts, mais prends la balle et tire s’teuple.

Je ricane intérieurement, puis longe les anneaux, avant de crier quelques mots à Leo, en espérant qu’ils atteignent ses oreilles.