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10 mai 2022, 22:54
 Solo  Chavirage du cœur
Mai 2028
En sa 5ème Année


Déboulant dans la salle de Répétition, Max fila s'installer au piano. Là, il ne déverrouilla pas le clavier, non. Il ne souhaitait pas même effleurer les touches. Le jeune musicien n'était pas là pour ça.

Dans sa poitrine, il sentait son coeur se serrer, et se relâcher. Sensation étrange, alors que les larmes lui montaient aux yeux. La tête enfoncée dans ses bras croisés, il pleurait doucement, à chaudes larmes. De temps en temps, un petit sanglot sortait de la bouche du garçon mais, la plupart du temps, il restait silencieux. La salle était vide, mais ce n'était pas une raison pour attirer les regards. Il ne souhaitait pas que quelqu'un sache dans quel état il se trouvait. Tout ce qui se savait arrivait forcément, tôt ou tard, dans l'oreille du meilleur ami du Poufsouffle. Et c'était la chose qu'il ne voulait surtout pas. Que le Gryffondor sache dans quel état se trouvait son ami était la pire chose qui puisse arriver. Dans ce cas, ce ne serait pas plus facile pour Max, au contraire. Faire son deuil était difficile quand le mort tentait de vous consoler. Savoir qu'ils seraient pour toujours éloignés, brisait le jeune coeur du musicien. Une telle histoire n'existait donc pas que dans les livres. Dans la réalité aussi, ça arrivait. Et, de l'expérience de Max, ce n'était pas des plus agréables.

Le jeune adolescent se remémora le visage de son meilleur ami. Traits si fins, si délicats. Une bouche qui semblait toujours sourire, de ces sourires qui se communiquaient. Un nez long, fin, aquilin, et si beau. Des yeux bleus azur, couleur du ciel. Le Poufsouffle aimait se perdre dans ceux-ci. Et une tignasse, des cheveux épais mais soyeux, bruns et blonds quand le soleil dégnait éclairer l'espace d'un instant une ou deux mèches. Et, touche de l'artiste sur le visage, de courtes fossettes qui apparaissaient quand il osait rire. Dans ces moments-là, des dents blanches apparaissaient, les yeux se plissaient, et le cœur de Max se resserait. Non, il ne pourrait jamais, jamais, le serrer dans ses bras, il ne pourrait jamais passer quelques doigts dans ses cheveux, lui caresser le visage du dos de la main. Ce n'était pas possible, ça n'existait pas.
Et le jeune garçon, le coeur serré, les yeux bouffis, se remémora un épisode lors des dernières vacances. Partis ensemble dans la famille du Gryffondor, ils s'étaient retrouvés à se baigner dans la mer, en maillot de bain réglementaire. Et là, les muscles si bien dessinés l'avaient choqué. De si beaux abdominaux, une poitrine se soulevant doucement au rythme de la respiration et des battements de cœur, une peau hâlée qui rappelait le soleil d'août à Max. Un corps si harmonieux, si... Beau.

Non, pas beau. Ce n'était pas possible. Ça n'existait pas. Ça n'existait pas. Ça... n'existait... pas... Et le jeune musicien fondit de nouveau en larmes.

CHEF DE CHOEUR À LA RETRAITE.
11 mai 2022, 17:00
 Solo  Chavirage du cœur


Doucement, les larmes coulaient, suivant les traits du visage de l'adolescent. Inarrêtables, elles semblaient ne jamais ralentir, et, lorsque, enfin, une goutte s'écrasait sur le piano, une autre glissait doucement sur le visage, hors des yeux du Poufsouffle. Ceux-ci rougissaient lentement, semblant se teinter en même temps que le désespoir s'installait dans le cœur du garçon. Plusieurs fois, celui-ci ci avait été touché, attristé par une situation. Mais jamais il n'avait ressenti de tels sentiments. Une peine de cœur, comme ils disaient. Et pourquoi celle-ci devait absolument se diriger envers son meilleur ami? Surtout, une peine de cœur signifiait qu'il ressentait quelque chose.
Qu'il était... amoureux. D'un garçon. Des mots, rien que des mots. Et pourtant si puissants. Deux mots, deux mots qui voulaient tout dire. Qui expliquaient bien des choses, laissaient tout autant d'interrogations. Mais si le jeune musicien ressentait toujours un serrement au cœur, son esprit, lui, était libéré. Juste le dire, se le dire, l'aidait tellement. Max comprenait toujours si peu de choses. Pourquoi, pourquoi on l'avait doté d'un cœur si étrange, qui aimait les garçons? Pourquoi entendait-il si souvent sa famille critiquer les gens comme ça, qui se retrouvaient avec un organe si étrange? On le lui avait si souvent répété, qu'il n'arrivait presque plus à y croire. Ces hommes qui avaient le cœur d'une femme, ça n'existait pas. Ou en tout cas, c'était ce qu'il croyait. Si ce que l'adloescent ressentait pour son ami ne s'appelait pas de l'amour, qu'est-ce que c'était?

Butant sur ce mot, amour, Max préféra se rafraîchir les idées. À cela, il n'existait qu'un seul moyen pour le jeune garçon, à savoir la musique. Cela faisait déjà trop longtemps qu'il n'avait pas touché à un piano, et il était temps de s'y remettre.
Alors, relevant la caisse qui protégeait encore le clavier, le musicien se redressa, de façon à chanter au mieux. C'était l'exercice qu'il se plaisait à faire, ces derniers temps, et qui lui permettrait de progresser rapidement. Séchant ses larmes, il posa ses mains sur le clavier et réfléchit un instant à ce qu'il allait jouer. Une fois son idée fixée, il partit dans son univers. Au moins, là bas, personne ne pouvait le fatiguer à propos de qui il aimait. Il était au calme.

Les premiers accords posés résonnèrent dans toute la salle. La voix qui les accompagnait avait muée, mais restait maîtrisée et capable des plus belles envolées lyriques. Les paroles résonnaient dans l'esprit du garçon. *Relax, Take it easy*, il en avait tant besoin, en ce moment. Il n'y parvenait pas, pourtant. Ce n'était pas si facile, de lâcher prise et de se laisser guider.

CHEF DE CHOEUR À LA RETRAITE.
17 mai 2022, 18:05
 Solo  Chavirage du cœur
Il fallait mettre des mots sur ses sentiments. Être attiré par un garçon, ça n'arrivait pas, normalement. Mais Max, lui, n'avait jamais été dans le normalement. Il n'avait jamais été normal. D'ailleurs, ça voulait dire quoi, un tel mot? Qu'est-ce qui était normal, qu'est-ce qui ne l'était pas ? Est-ce qu'un garçon qui aimait une fille c'était vraiment normal? Qu'est-ce qui prouvait que, finalement, ce n'était pas l'attirance du jeune Poufsouffle qui était normale?
Bien sûr, l'immense majorité des sorciers, et de la population en général, était attirée par le sexe opposé. Alors est-ce que ça voulait dire qu'il fallait toujours être comme les autres? Est-ce que ça voulait dire qu'il n'y avait qu'un bon modèle d'humain, le plus générique, le plus normal? Non, ce n'était sûrement pas ça. Einstein, Rimbaud, Churchill et Shakespeare étaient-ils vraiment normaux? Non, ils ne l'étaient pas. Mais ça voulait dire que la normalité, finalement, n'était pas toujours la meilleure. Ou plutôt que l'excellence était anormale, et donc que l'anormalité était bonne pour la société. Et donc que l'homosexualité était bonne pour tous, tout du moins pas mauvaise.

Que de réflexions, que d'interrogations pour quelque chose finalement d'aussi naturel. Max continuait à plaquer les accords, mais ne chantait plus. Il se laissait simplement porter par ceux-ci, improvisant quelques fois de la main droite quelques notes pour se détendre. Ce moment de grâce était puissant, et le jeune musicien voulait en profiter. On disait souvent que le plus dur était de l'accepter soi-même, que le reste suivait tout seul. Mais maintenant qu'il se trouvait devant une nouvelle montagne, le Poufsouffle ne pensait plus ainsi. La difficile que lui paraissait le fait d'annoncer la nouvelle à sa famille le subergeait. Il ne savait pas quand il devrait le faire, mais, il en était certain, cela serait une épreuve. Dans la bonne tradition du cirque, ils apportaient un soin tout particulier aux mariages, qui devaient se faire le plus possible entre forains – cela permettait ensuite de créer des liens entre les compagnies. Mais, pour pépertuer le sang et que le cirque Graham ne disparaisse pas, il fallait des enfants. Et pour cela il fallait une femme. Or, le jeune garçon n'avait aucune envie d'épouser une femme qu'il n'aimerait pas, lui qui ne voulait que vivre avec son meilleur ami. Et cela, sa famille ne le comprendrait pas. Elle prendrait cette attirance comme un refuge, une excuse pour quitter le cirque et abandonner le travail de dizaines de générations.
Pourtant, il fallait bien s'y résoudre, Max n'allait pas se marier avec qui que ce soit. Et cela, il comptait bien le signifier à ses parents. Alors, prenant une plume et une vieille feuille de musique, le jeune Poufsouffle commença à rédiger sa lettre. Il devait prendre soin de ce qu'il écrivait, faire passer le message tout en douceur.

CHEF DE CHOEUR À LA RETRAITE.
12 juil. 2022, 21:32
 Solo  Chavirage du cœur
Une fois la lettre rédigée, Max quitta la salle. Allait-il envoyer le parchemin immédiatement à ses parents? Peut-être pas. Il devait réfléchir, d'abord. À quoi servira réellement cette lettre, si ce n'était régler une possible future situation problématique. Envoyer ce message maintenant risquait d'embrasser la situation plus qu'autre chose. Alors, le jeune Poufsouffle, inspirant encore une dernière fois, se leva et quitta son siège de piano confortable. Il pouvait partir maintenant. Tout était plus clair, réellement.
Ses questions avaient disparu, ou plutôt, avaient changé. Pour chacune des questions ou il avait trouvé une réponse, deux avaient pris sa place. Mais l'important, c'était que certains questions avaient disparu. Les autres trouveraient leurs réponses dans les temps.
Max regarda sa montre, cherchant à savoir combien de temps il lui restait. Les cours qu'il avait après bébé permettaient pas qu'il arrive en retard au contraire. Le Poufsouffle ferait mieux d'arriver en avance. Alors, récupérant la cape de sorcier qu'il avait posée négligemment sur une table à l'entrée de la salle de répétition, quand il était arrivé ici. Il quitta ce lieu dans un tout autre état qu'il était arrivé. La confiance en l'avenir le remplissait pleinement. Il ne savait pas ce qui allait se passer plus tard, ni ce qu'allait devenir cette belle relation. Fermant la porte de répétition, Max se dirigea d'un pas fermé vers sa salle de cours.

CHEF DE CHOEUR À LA RETRAITE.