J'ai décidé de faire quelque chose de débile, inutile même, mais je crois que j'en ai besoin. Je vais écrire des lettres aux personnes que j'aime le plus, pour leur dire des choses que jamais je ne serai capable de leur dire en face. Bien sur, je ne les enverrai pas. Ces lettres seront là juste pour moi.

J'ai décidé d'écrire ma première lettre à Maman. Parce que c'est par elle que tout à commencé.

Chère Maman,

Je sais qu'entre nous, cela n'a pas toujours été rose, pourtant, je crois qu'au fond de moi je l'ai toujours su, que tu m'aimais. Je ne sais pas si un jour j'arriverai à me le pardonner, mais sache que je sincèrement désolée pour toutes les horreurs que je t'ai dites, et que je t'aime. À présent, dès que tu m'agaces, ou bien que m'énerve un peu, je repense à cette nuit d'orage, à l'époque où j'en avais encore peur. Je devais avoir 4 ou 5 ans, et alors que dehors c'était la tempête, j'étais recroquevillée sur le canapé. Alors, tu es sortie de ta chambre, et tu m'as serrée dans les bras avant de m'emmener dehors. Je me rappelle avoir été très réticente avant de comprendre que la peur ne venait que de moi. Je me suis laissée aller et après, nous avons pu retourner nous coucher tranquillement. Je ne sais pas pourquoi je me remémore ce moment en particulier, mais étrangement il me fait du bien.

Je t'écris cette lettre, mais c'est avant tout pour dire des choses que je suis incapable d'avouer en vrai. Je t'aime, et plus fort encore que ce dont je me rend compte. Je t'admire même je crois. J'aimerai en savoir un peu plus sur ton passé, mais je crois que ça viendra, avec le temps. Je me demande comment tu as fait, quand tu es partie de Shulista Croft, mais ça rentre dans "le passé". Ce que je veux pour nous, pour notre avenir, c'est le meilleur. Ça va te paraître vraiment débile, surtout venant de moi (c'est sur que c'est pas dans mes habitudes de parler de ça...) mais je veux qu'on arrive à se reconstruire, à deux. Maintenant tu as Calum, et moi j'ai des amis, mais je crois qu'en plus d'eux, on compte l'une pour l'autre. Si je dois t'avouer des choses, je devrais encore te dire que j'aime une fille. Je n'arrive pas à y croire moi même, et je ne suis pas encore clair quant à la nature de ce que je ressens, mais je suppose que c'est normal ? Je ne sais pas quand je te le dirai, mais j'espère avant tout que tu le prendras bien, parce que même si ce n'est pas vraiment normal, c'est moi.

Je t'aime,
Erza

Je relis rapidement la lettre, et même si je n'en suis pas fière — après tout je n'ai jamais été forte avec les lettres — je la glisse dans une enveloppe, avant de la déposer dans une enveloppe encore plus grande, qui me servira à ranger toutes les lettres que je vais écrire ensuite. Je sais déjà à qui elles seront destinées.

Je prend une nouvelle feuille de parchemin, trempant ma plume dans l'encre avant de réfléchir *par où commencer*. Cette seconde lettre est destinée sans nul doute à Fred, si je dois faire un ordre chronologique. Ensuite ? Ce sera sûrement Lydia je crois. Pourtant, la lettre qui lui sera destinée pourrait presque être envoyée. Elle me manque tant, et c'est le seul moyen que j'ai de communiquer avec elle. Rien qu'en pensant à elle, mon visage s' assombrit. Si elle avait été là depuis la rentrée, tant de choses auraient été plus simple. Je lui aurait parlé d'Ivy sans l'ombre d'un doute... *Là tu t'occupes de Fred*. C'est certain que je n'enverrai pas la lettre à mon frère. Je ne crois pas qu'il soit aussi solide qu'il le laisse paraître. J'ai peur que s'il lisait ma lettre, il n'en sortirait pas indemne. Je ne veux en aucun cas le blesser, parce que je sais qu'il aura besoin de toutes ses forces pour affronter les épreuves de la vie. *Elle vient just' de commencer, même pour lui*. Alors, prenant une grande inspiration, comme si ma vie en dépendait, je commence à écrire.

Cher Fred,

S' il y a quelqu'un sur cette planète qui a toujours été là pour moi, c'est sans aucun doute toi. Dès ma naissance, je le sais, tu t'es occupé de moi. On est jamais allés à l'école, comme ces enfants "normaux" pourtant je sais que tu aurais été régler leurs comptes aux abrutis qui se seraient moqués de moi. Je t'aime, et tu le sais, pourtant, j'ai besoin d'être moi. Ta protection m'a toujours aidée, mais, à présent c'est fini. Comme les petites mésanges qui sont nées cet été, dans le jardin, je dois m'envoler, et je dois le faire seule, parce que sinon je vais rester à terre toute ma vie, ce qui m'est impossible. J'ai subi, tu as subi, nous avons subi, mais c'est justement ce qui fait notre force. La vie est comme elle est, vache et sadique mais on ne peut rien y faire, parce que c'est comme ça. C'est à nous de faire venir un rayon de soleil pour illuminer notre journée, à nous de sourire pour aider quelqu'un a se relever, parce que comme nous avant, il est tombé, à nous de nous défendre, mais ce nous, c'est toi, c'est moi, tout seul. Je veux être moi, vivre ma vie et te savoir en sécurité sans a être là dès que je fais une connerie. En aucun cas ça ne change quelque chose à notre relation, le temps l'a prouvé : il y a quelque chose au delà des liens du sang. C'est plus fort, et tu le sais. On a juste besoin de temps, et je sais qu'on l'aura. Alors, bats-toi, fais de ton mieux et sache que je t'aime quoi qu'il arrive.

Bisous,
Erza

Je pousse un soupir de soulagement. C'est fini. J'ai tout dit. Dit à qui ? À cette feuille de parchemin, mais je l'ai surtout dit à moi-même, et ça, c'est le plus important.

Lorsque je compare la lettre pour Fred à celle de Maman, je remarque que j'ai moins écrit dans celle de Fred. En vérité, ça ne me choque pas tant que ça, j'ai voulu abréger ce que je souhaitais dire à mon frère. À présent, je pense qu'elle sera bien plus longue, car je sais que j'ai beaucoup de choses à dire à Lydia. Je presse la feuille de parchemin, tentant d'évacuer ma frustration. Tout ça, c'est à cause des adultes. *Pourquoi ils sont partis bordel !* J'ai envie de hurler, cracher ma haine, dire ce que j'ai sur le cœur, mais bien évidemment c'est impossible. Parce qu'ici, on est pas libres, on est muselés par ceux qui nous élèvent, parce ceux qui nous éduquent, par la foutue direction qui se croit tout permis, mais qui n'est même pas fichue de nous protéger correctement. *Bon bah, au moins elle aura échappé à ça...*

Ma douce Lydia,

Je sais que tu sais que je sais que tu sais. Je t'aime, et ça tu le sais. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi, et je crois que je n'en rencontrerai plus. Comment te dire quelque chose chose sans te dire que tu es parfaite ? Sans toi, jamais je n'aurai survécu dans cette école de merde. Sans toi je ne me serai pas lancée dans le Quidditch. Sans toi je ne me serai tout simplement pas accrochée à la vie. Tu es la meilleure personne que j'ai jamais rencontrée.

À présent, je crois qu'il faut que je te parle de ma vie. Je ne sais pas vraiment comment t'annoncer ça, mais j'aime quelqu'un. J'avoue que je t'imagine déjà sourire en lisant ça, en pensant que je suis en train de blaguer, pourtant je n'ai jamais été aussi sérieuse. Je n'y croyais pas non plus au début, surtout que c'est une fille. Tu te rends compte ? Moi, Erza McGowan, j'aime une fille. Je doute que tu la connaisse, étant donné qu'elle a un an de moins que nous, et qu'elle est à Serdaigle. Je n'ai p1s vraiment envie de m'etaler sur notre relation, si on peut l'appeler comme ça, mais c'est juste une amie, parce qu'elle ne ressent pas la même chose que moi. Aucun rapport, mais j'ai continué le Quidditch et cette fois-ci on gagné ! (Enfin, un match sur les 2 pour l'instant). Quand je vois les Crocheers sur le terrain je t'imagine au milieu d'elle, et ça me donne du courage. J'ai pas mal passé de temps avec Gianna cette année, mais il manque une personne avec nous : toi. Je me suis aussi rapprochée de Maman, et j'ai un nouveau "père" moi aussi. Après, je le connais depuis longtemps, mais j'avoue avoir du mal à m'habituer au fait qu'il soit mon père. On vit à Godric's Hollow depuis les vacances, mais je m'y perd complètement, en même temps je connais pas la ville !
Bon, je crois que je t'ai tout dit pour le moment. Je t'aime je t'aime je t'aime ma Lydia. ❤

Erza

Il manque sûrement des choses, mais j'ai encore du papier, alors j'écrirai tout ça plus tard.

Il me faut désormais commencer la lettre que je redoute le plus. Je ne devrais pas ressentir de telles choses alors que je ne vais pas l'envoyer, mais pourtant... *Je le hais, pourtant ça reste mon père.* Des milliards de questions me trottent dans la tête, et j'aimerai tant les lui poser, mais ça m'est évidemment impossible. *Et si...* Je m'empêche immédiatement d'achever le cours de ma pensée. Pas d'espoir vain. Pas d'idées débiles. Pour éviter que je poursuive malencontreusement mes idées, je me lance dans la rédaction de ma lettre.

Alexander, papa, moldu, abruti, ou que sais-je d'autre encore. Je ne sais même pas comment t'appeler à vrai dire. Alexander et papa sont trop gentils, mais tu reste mon père. Malgré tout ce que je dis, malgré tout ce que je pense, tu m'as "donné la vie". Pourquoi ? Tu me déteste, tu déteste Maman, tu déteste les sorciers, tu nous hais tous, et pourtant c'est "grace" à toi que je vis. Après tout ce qui s' est passé, ce qui s' est dit, je ne te remercie pas mais j'ai besoin de savoir qu'elle était ta motivation. Comptais-tu t'approprier l'héritage ? Si c'est ça, j'avoue que j'aimerai bien savoir comment tu comptais t'y prendre. J'en rirai presque. Les moldus sont soit comme toi, soit absolument débiles et c'est la raison pour laquelle ils sont inutiles. Complètement inutiles. Toi, tu es désormais dangereux. On ne sait pas où tu es, mais tu sais qui nous sommes. Enfin plutôt tu sais simplement que nous sommes des sorciers. Tu ne nous connais pas autrement que par ce qualificatif. Je rêve de te détruire comme tu l'as fait avant. Je rêve de voir ta petite figure me supplier de l'épargner. Je rêve de te savoir complètement détruit. Pourtant, il faudra qu'avant cela, je te pose des question.
Pourquoi ?
Pourquoi ?
Pourquoi !
J'aimerai bien aussi savoir ce que tu deviens maintenant que tu dois te débrouiller seul. As-tu une famille ? Ais-je des grands parents, des cousins et des cousines, des oncles et des tantes ? Je veux savoir. J'espère tout de même que tu es seul, seul contre le monde parce que c'est ce que tu mérites. Rien d'autre que la solitude.
En vérité, je n'éprouve plus rien à ton égard. Tu n'es plus rien pour loi, quoi tu puisses en dire. Je te hais, mais j'ai compris que tu ne méritais même pas ma haine. Tu ne mérites rien du tout, que ce soit de ma part, de celle de Fred ou encore de celle de Maman. Et, as-tu pensé un seul instant à Felicia ? Combien y en a-t-il ? Combien sommes nous, à être tes "enfants". Es-tu en ce moment même avec quelqu'un d'autre ? J'espère que jour j'aurai une réponse à chacune de ses questions, en attendant, je vais vivre, enfin, et faire tout ce que tu m'as empêché de faire pour te prouver que tu n'es rien pour moi.

Je ne signe pas. Après tout, ce n'est pas comme si j'avais une quelconque respect pour lui.