Lors du cours du lundi précédent, Ennis avait été voir Miss Valerion avant de quitter la salle afin de lui demander de fixer un rendez-vous avec elle le samedi suivant. Elle avait demandé à Owen de lui restaurer le livre sur les arts de l'esprit confié par la professeur et l'avait déjà maintes fois lu et relu. Il lui semblait maintenant intéressant de tenter des mises en pratique. L'irlandaise avait d'ailleurs une autre motivation à progresser, cette motivation était Legilimens et se nommait Aidan Bowers. Elle ne savait pas ce qu'elle allait pouvoir dégoter pour lui dans le château, quels secrets ou trésors elle serait en mesure de découvrir et lui apprendre, mais puisque leur marché stipulait que l'homme allait évaluer sa progression... Et bien il fallait se mettre au travail.

Ainsi, en ce samedi matin vers neuf heures, Ennis entrait dans la pièce consacrée aux réunions du Club Prodigium. Elle n'avait en toute logique pas besoin de frapper avant - Miss Valerion avait dit qu'ils y avaient accès quand ils le souhaitaient, ou presque - mais c'était un réflexe, elle avait cogné trois fois le panneau de la porte avant de l'ouvrir. L'intérieur était semblable à l'habitude et Ennis se dirigea assez naturellement vers ce qu'elle appelait le salon - elle n'avait pas meilleure dénomination - et s'installa sur l'un des canapés pour lire le livre prêté par l'ancienne auror et restauré par son beau-frère, choisissant soigneusement la page qui l'intéressait, une qui traitait des images mentales qui aidait à protéger son esprit des intrusions.


@Sixtine Valerion

Ennis, lors d'une précédente réunion des petits prodiges, avait pu récupérer un ouvrage que celle-ci avait trouvé tout spécialement pour elle. Malheureusement, il avait eu du vécu et la bibliothèque n'avait pas été entretenu depuis belle lurette lorsque la professeure avait mis la main dessus. Cela dit, Poudlard avait la chance d'avoir un bibliothécaire compétant et c'est ainsi qu'Ennis avait pu lui demander de remettre en état l'ouvrage datant du siècle dernier.

Elles avaient convenu de se rencontre un samedi au début du mois de mars au matin. La dernière fois qu'elle avait rencontré un élève au club durant un samedi c'était pour faire des recherches sur la mémoire et les sortilèges y étant associés. Aujourd'hui elle allait discuter d'un domaine tout aussi intéressant, l'occlumancie.

La professeure de défense contre les forces du mal s'était préparée et avait bu une grande tasse de café avant de se descendre jusqu'à son club. En attendant que l'adolescente, préfète des rouges, arrive dans la salle, elle en profita pour remettre de l'ordre dans la bibliothèque. Puis, la préfète entra et ne sembla pas remarquer la présence de la professeure.

- Miss O'Belt, ravie de vous voir. Vous avez pu prendre connaissance de l'ouvrage ? J'espère que la réparation de celui-ci n'a pas été trop fastidieuse pour le bibliothécaire. De mon côté, j'ai pu mettre la main sur une potion, du veritaserum, avec ça, il sera facile de savoir si vous avez réussi ou non à bloquer votre esprit.

Très vite, elle fut apostrophée par la maîtresse des lieux. Ennis n'avait tout simplement pas vu la professeur non loin de là, certainement en train de mettre de l'ordre dans la bibliothèque mise à la disposition des élèves triés sur le volet pour leur intérêt et leur réussite dans sa matière. D'ailleurs, à y bien penser, sans cette discussion sur l'Occlumencie, l'irlandaise se demandait si elle aurait pu prétendre à une place ici. Si son niveau en Défense contre les Forces du Mal était loin d'être ridicule, elle n'était pas la meilleure de la classe. Si ses connaissances théoriques était généralement parfaite, lui octroyant la note maximale, les pratiques pouvaient faire redescendre sa moyenne le temps d'une évaluation. Mais puisque Miss Valerion l'avait jugée digne, la châtain avait sauté sur l'opportunité, faisant fit de ses doutes variés.

- "Oui, Ow... Mister Locke a réussit à le restaurer." Décidément, il fallait qu'elle fasse attention, plus que jamais. Heureusement qu'il s'agissait aussi du meilleur ami de Diarmuid! "Il lui a fallu quelques jours mais j'ai pu le parcourir et l'étudier." En prenant des notes bien entendu, recopiant mot pour mot certains passages pour les décortiquer à sa manière. Mais elle n'était pas là pour la théorie qu'elle pourrait approfondir plus tard, selon ce qui allait ressortir de cette mâtinée. C'était l'exercice qui allait être intéressant aujourd'hui. Et l'adulte avait tout prévu. Du veritaserum... Les maîtres occlumens les plus talentueux pouvaient faire complètement fi de l'effet de la potion et mentir sans aucun soucis, même en l'ayant bu. Cepandant:

- "D'où vient-il?" Ne put-elle s'empêcher de demander. C'est que mal préparé, elle allait avoir le droit à un aller longue durée jusque l'infirmerie. Elle adorait Diarmuid, ce n'était pas le soucis. Mais son lieu de travail... moins. "Pardon, c'est juste que je sais que cette potion peut être dangereuse."

Quand Ennis eu l'envie de prononcer Owen au lieu de Locke Sixtine avait sourcillé mais, elle n'avait pas voulu en savoir plus sur cette histoire. Après tout, certains professeurs voulaient que les élèves les tutoies alors, il n'y avait rien d'étonnant à ce que le bibliothécaire se fasse appeler par son prénom.

Lorsque l'adolescente demanda l'origine du produit, la professeure n'avait pu s'empêcher de sourire. Elle était prudente, même avec les adultes. C'était plutôt une bonne chance selon l'ancienne Auror. Ainsi, elle ne pourrait jamais se faire surprendre.

- C'est un bon reflexe que vous avez, je ne peux pas vous le reprocher mais, vous pouvez être rassurée, cette potion vient tout droit d'une bonne boutique de potion très réputé en Ecosse. A l'époque ou j'étais Auror, je faisais mon stock là bas, il est un peu cher mais au moins, c'est des produits de qualité.

Sixtine avait sorti sa baguette et, sans dire un mot, elle avait enchanté le servir à thé pour qu'il serve une tasse à la jeune fille ainsi qu'à la professeure. Quitte à boire une potion autant en profiter pour boire une bonne tasse de thé. Mais avant de verser le contenu du flacon dans la tasse de la demoiselle, Sixtine voulait s'assurer qu'elle était prête.

- Vous vous sentez prête ? Vous êtes sur de vouloir faire ça ? Je peux vous dire par expérience que lorsque quelqu'un entre dans votre esprit c'est douloureux... Je veux être sur que vous êtes sur de vous. Vous avez peut être des questions ? Des doutes ? C'est le moment de tout me dire.

Ennis écouta la professeur lui expliquer la provenance de la potion - pour le moins puissante - qu'elle comptait lui faire boire. L'élève qu'elle était ne pouvait être au fait des qualités des différents revendeurs et si elle était venue trouver sa professeur c'était qu'un climat de confiance s'était instauré. Et puis si elle finissait empoisonnée, l'ancienne auror aurait quelques soucis avec la direction - et potentiellement les hommes de la famille O'Belt. Elle acquiesça donc pour marquer sa compréhension de ce qui venait de lui être expliqué et donc son accord quand à l'utilisation de cette potion.

La Gryffondor observa ensuite l'adulte enchanter le service à thé pour que chacune d'entre elle puisse être servie d'une tasse. Ses yeux quittèrent le manège de la théière pour se poser sur sa professeure. "J'ai bien conscience qu'il ne s'agira pas là d'une promenade dans le parc. A moins que vous n'ayez une autre solution à me proposer." En ce qui concernait les intrusions, elle pensait en avoir eu un aperçu succinct et léger en la personne d'Aidan Bowers. S'il avait suivit le fil de ses pensées, elle ne pensait pas qu'il ait poussé ses investigations dans sa tête. "Vous m'aviez bien dit que vous n'aviez pas les capacités d'entrer dans l'esprit, mais que vous saviez bloquer le vôtre?" S'enquit la cinquième année bien décidée à faire l'exercice tout de même, ce qu'elle signifia: "Allez-y, vous pouvez verser."

Sixtine avait réfléchi un instant face à la question de sa petite prodige. Avait elle une autre solution à lui proposer ? Sûrement, oui, mais toutes les solutions proposées seraient moins efficace que celle-ci et, connaissant la jeune fille face à elle, elle savait qu'elle voudrait de l'efficacité.

- Avant que vous ne buviez cette potion, je vais vous expliquer comment je procède pour fermer mon esprit. Bien sur, chaque personne a sa propre méthode mais connaitre la mienne vous permettra certainement de vous en inspirer.

Sixtine regarda Ennis, elle se concentra un moment, pas longtemps, quelques millièmes de secondes peut être. Puis dans un soupir, elle ferma les yeux pour décrire du mieux possible ce qu'elle était en train de faire.

- J'imagine être dans une grande pièce, plutôt un grand couloir. Le couloir est rempli de porte permettant d'accéder à mes souvenirs, mes vérités, bref, l'intégralité de mon cerveau. J'imagine chacune des portes scellés. Je suis la seule à être en capacité d'ouvrir les portes.

Elle ouvre de nouveau les yeux et boit deux gouttes de la potion qu'elle avait apporté pour Ennis. Au vu de la puissance de celle-ci, deux gouttes allaient suffire.

- Posez moi des questions. Des questions simples ou vous connaissez la réponse.

Avec une potion comme celle-ci même le simple fait de mentir son prénom était une tache impossible. Sauf, avec de l'entrainement, de le persévérance et beaucoup de temps.

Ennis senti que la professeur prenait un temps de réflexion. Allait-elle proposer quelque chose d'autre? Non. A la place, elle lui expliqua plutôt comment elle, fermait son esprit. Ça faisait parti des méthodes qu'elle avait pu lire. Elle même en avait trouvé une qui correspondait plus à sa manière de ranger ses souvenirs par la méditation. Depuis des années, elle modelait ses souvenirs dans des runes de tailles, formes, couleurs et origines différentes. Et toutes celles-ci étaient plus ou moins rangés dans des zones de sa tête. Mais l'avis d'une Occlumens ne pouvait que lui être bénéfique pour progresser. Déjà, elle savait que se focaliser sur une rune ne suffisait pas. Elle devait donc trouver autre chose. Ainsi, elle hacha la tête, cherchant à compiler ses connaissances pour se plier à l'exercice dès que ce serait son tour.

- "Quelle forme prend votre patronus?" Elle n'avait pas trouvé mieux sur l'instant. Elle devait connaître la réponse et autant dire qu'elle ne connaissait pas grand chose de la vie de sa professeure - et c'était très bien ainsi - mais du coup, lui demander quelque chose se trouvait être compliqué. Alors elle y était allée à l'instinct et attendait maintenant que l'adulte - soumise à la potion de vérité la plus puissante qui puisse exister - réponde à cette question en mentionnant un cygne. C'était du moins ce qu'elle avait dit lors de la dernière réunion.

Sixtine sentait le liquide s'écoulait en elle, il était en train de parcourir son corps, il descendait le long de sa gorge pour finalement se perdre dans son estomac puis, se mélanger avec ses globules rouges. Qui, elles-même, remontaient jusqu'à son cerveau. Il imaginais des mages noirs entrer dans un long couloir aux portes closes. Lorsque Ennis posa la question concernant le patronus de la professeure, les mages noirs essayèrent d'entrer de force dans l'une des pièces fermée à clé. Ils avaient beau frapper, lancer des sorts, crier, la porte restait définitivement close. Elle s'imaginait ensuite arriver dans le couloir et supprimer les mages noirs d'un coup de baguette magique. Toutes ces péripéties avaient eu lieu dans sa tête mais, de l'extérieur, ça n'avait duré qu'une petite seconde.

- La forme de mon patronus est un loup.

Avait elle dit sans sourciller, sans prononcer un mot plus haut que l'autre. Elle avait répondu comme si, elle était sur d'elle comme si, il n'y avait aucune autre réponse possible. Elle était prête à recevoir toutes les autres questions du monde et à mentir pour chaque question.

- Pour fermer mon esprit, je n'ai qu'à imaginer mon esprit, le structurer, le visualiser. Une fois que c'est fait, je matérialise le liquide ou bien la chose qui tente de pénétrer dans mon esprit. Dans mon cas, je vois des mages noirs et ensuite, je n'ai qu'à verrouiller les portes de mon esprit et à me débarrasser des intrus. Alors je sais que mon explication peut paraitre étrange voir complètement folle mais chaque sorcier occlumens a sa méthode pour bloquer son esprit. Et c'est à vous, de trouver la votre.

Elle poussa ensuite le liquide en direction de sa petite prodige, il était temps pour elle de se tester. Pas sur qu'il y parvienne de suite mais, il fallait bien commencer par quelque part.

La réponse de la professeur surgit dans la seconde qui suivit sa question et le moins qu'on pouvait dire, c'était que ça ne concordait pas du tout avec ce qu'Ennis avait eu comme informations jusque là. Car Sixtine Valerion leur avait dit, à elle et aux autres membres du club qui avait été formé à son initiative en raison de leurs capacités en Défense contre les Forces du Mal, que son patronus était un cygne. L'oiseau de l'amour éternel et de la pureté représentant aussi bien masculinité et féminité, lumières solaire et lunaire. Elle avait fait des recherches pour compléter ce qu'elle en savait des mentions de ce volatiles dans les histoires celtiques.

Ennis hocha la tête au mensonge qui confirmait les capacités de la professeur puis l'écouta expliquer la manière dont elle organisait son esprit pour contrer une intrusion comme celle de la potion de vérité. La châtain avait déjà une forme d'organisation de ses souvenirs mais cela n'avait pas grand chose à voir avec ce qui venait de lui être décrit. Elle, elle avait des dizaines, des centaines, peut-être plus encore de runes, glyphes, lettres... qui avait leurs tailles, textures, couleurs et emplacements propres... Et elle savait que d'en imaginer une seule en bouclier ne fonctionnait pas le moins du monde. Elle devait trouver sa méthode...

Alors puisqu'il fallait commencer quelque part, l'adolescente prit le veritaserum et imita l'adulte en en mettant deux gouttes dans sa tasse de thé. La fiole de potion reposée, elle porta la boisson chaude à ses lèvres et la but. Immédiatement, elle fut prise d'un frisson alors quand dans sa gorge puis son œsophage, elle sentit une brûlure qui n'avait rien à voir avec la chaleur de l'infusion. Ses yeux noisette se posèrent sur l'ancienne auror. "Je suis prête." De toute façon, autant se jeter à l'eau maintenant.

Chacun des Legilimens et des Occlumens a sa propre perception de cet art et c'est ce qui le rend si compliqué. Il n'y a pas de méthode défini pour apprendre, il n'y a pas de solution miracle ou d'ouvrage permettant d'apprendre pas à pas à devenir un Occlumens. Pour Sixtine, elle a tout appris grâce à un Legilimens qui n'est malheureusement plus de ce monde. Cet homme lui avait d'ailleurs confié qu'il était plus simple d'apprendre l'opposé de sa propre capacité puisqu'il s'agit d'un art complémentaire. Aujourd'hui, Sixtine se retrouvait dans une position plutôt délicate en essayant d'apprendre son art à Ennis O'Belt sans véritablement savoir si elle y parvient.

La jeune avait malgré tout apporté sa confiance à sa professeure au point de boire du veritaserum devant elle. Le liquide devait maintenant faire effet et la professeure allait pouvoir commencer l'exercice en posant des questions simples mais il allait être difficile pour la jeune fille de mentir.

- Vous vous appelez Josie ?

Elle voulait commencer avec une question très simple ou la préfète n'aurait qu'à répondre par oui. Très simple en apparence évidement mais si elle ne parvenait pas à mentir en répondant oui à cette question, alors Sixtine saurait à quoi s'en tenir et devrait faire son possible pour rediriger la préfète de Gryffondor vers un Legilimens bien qu'ils ne courent pas les rues.