Soigneuse, de bons conseils et toujours à l'écoute des autres, Johanna surnommée "John" est l'image de la jeune sorcière parfaite, à l'exception de la pureté de son sang : c'est une Née-Moldue. Aussi difficile à croire, cette jeune fille sans précédent est dans la maison des Serpentard et dans la promotion de celui qui deviendra un jour le sorcier Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Pourtant, seuls, quelques-uns connaissent cette histoire restée longtemps secrète et il est temps que la vérité soit avouée : John est une survivante !

Genre : Thriller
TW : Violence, Harcèlement, Meurtre.

CHAPITRE I

L'année venait de débuter d'une manière particulièrement simple. La montée dans le Poudlard Express, un long voyage qui serait bien différent à chaque fois et une répartition dans une salle d'un temps tellement ancien. Personne n'aurait pu imaginer l'obscurité qui émanerait de cette nouvelle promotion et plus particulièrement John. 
Cette jeune fille de onze ans découvrait un monde qui initialement ne lui appartenait pas, elle n'en ressentait nullement l'accroche contrairement à bon nombre de ses camarades. Cette place n'était pas la sienne ; l'avait-elle volé à un véritable sorcier comme elle le pensait ? Beaucoup eurent tenté de lui faire comprendre que cela n'était qu'une légende absconse des puristes du sang et qu'elle avait sa place en ce lieu. Alors pourquoi la sensation d'être entrée au cœur d'un danger sans nom lui torturait l'arrière de sa nuque ?

John était méfiante, l'inconnu était sans nul doute responsable de cet état nouveau ; la peur d'être sans cesse jugée par ceux qui connaissaient cet art lui remuait les entrailles tandis qu'elle prît place sur un tabouret dont elle doutait de la stabilité. Tout était différent, d'une autre époque aurait-elle pu dire. Et pourtant, elle se laissa aller à ce rituel de classification dont l'intérêt était plus qu'étrange. Pourquoi le caractère s'imposait à la scolarité. N'était-ce pas la pédagogie qui influençait la manière de pratiquer la magie et non ce que nous étions censés devenir par le choix d'un artefact ?
Elle ne put en envisager plus de raison qu'une voix s'infiltrait dans son esprit.

─ N'ai nulle crainte, Johanna. 
─ Il est difficile de ne pas en posséder. Vous allez définir ma façon de vivre pour les sept années à venir sans que je connaisse votre façon de faire pour certifier qu'une maison est bien meilleure qu'une autre pour moi. La différenciation n'apportera rien.
─ Le penses-tu vraiment ? La différenciation peut permettre mille possibilité d'avenir. Une maison pourra t'aider à développer ce que tu possèdes déjà au plus profond de toi sans même que tu n'en saches son existence. Je te sais déjà loyale ; ton père étant l'un des serviteurs personnels de la Reine, tu as appris de lui à être dévouée et fidèle à une personne ou une conviction ; cela pourrait faire de toi une excellente représentante de la maison Poufsouffle, mais elle ne te correspond pas. De ta mère, tu as acquis le courage, la détermination de réaliser certaines choses qui te semblaient impossibles, et Gryffondor aurait pu t'accueillir. Pourtant, au plus bas de ton cœur et de ton esprit se trouve une valeur pleine de ruse et avec elle, tu pourrais aller tellement loin ; et avec tout ce que tu vas obtenir comme connaissance, cette face maline de toi pourra faire de toi une bien incroyable sorcière. 
─ Alors vous pensez que, commença-t-elle à dire.
─ Effectivement. SERPENTARD ! 

Des applaudissement retentirent ressemblant, selon John, à une hystérie collective ; était-il si important d'appartenir à une maison si loin de la personnalité qu'elle possédait réellement ? Elle ne voulait pas y croire lorsqu'elle prit place à cette table même si au même moment sa nuque recommençait lui chatouiller alors que son regard se posa sur deux yeux sombres. Des pupilles si belles, mais néanmoins appelant à la cruauté ; son propriétaire n'allait pas être ordinaire pour la jeune enfant. Il serait celui qu'elle devrait éviter, s'éloigner au possible afin d'échapper au sort qu'il signerait à chaque combat des années plus tard.
Pourtant, elle le grava au fin fond de sa mémoire ; elle n'oubliera jamais que ce jour-là, elle venait de rencontrer Tom Elvis Jedusor : le futur Lord Voldemort.

CHAPITRE II

Si elle avait su ─ ce jour de Septembre ─ jamais elle n'aurait tenté de lui parler. Jamais, elle n'aurait pensé que sa vie serait potentiellement en danger. Pourtant, tout ce que l'on cherchait pendant cette période était un semblant de normalité : avoir des amis sur qui compter avec qui discuter de tout et de rien. Malgré la sensation étrange qu'elle ressentît ce jour-là, John s'imaginait pouvoir entretenir une relation amicale avec ce garçon au regard sombre, car comme elle l'entendait si bien, il avait vécu, lui aussi, loin de ce monde qu'elle découvrait. Ce garçon avait tout comme elle quelques appréhensions sur la manière d'aborder ce que leurs camarades appelaient "la magie" puisque chez les Moldus, ce même mot avait une tout autre signification ; les Moldus voyaient la magie comme de la prestidigitation : elle n'existait pas. Mais John devait y croire puisqu'un simple chapeau avait sondé son esprit, lui avait parlé afin de la classer dans une maison, mais surtout, de la nourriture était apparue sur les tables dès le triple clappement des mains du directeur de l'époque.

Ce phénomène d'apparition surprit au premier abord la jeune adolescente, mais cela allait lui devenir ordinaire ; ce n'était que le début de sa mutation sociétale : une transition qui ─ parfois ─ allait lui rendre la vie compliquée, mais ne fallait-il pas mieux pour elle de prendre ces découvertes à bras-le-corps et de laisser la rivière qu'était la vie couler à son rythme ?

─ J'espère que cela ne sera pas anecdotique...
─ Nous venons d'entrer au cœur d'une école de magie, pourquoi penses-tu qu'ils vont agir comme dans ce monde que nous avons laissé ? C'est d'un ridicule, nous devons apprécier cette puissance qui nous différencie des Moldus !
─ Apprécier un sujet qu'on ne connaît ni d'Ève ni d'Adam, qui terrorise presque nos familles ? Es-tu totalement fou ?
─ Nullement. Apprends juste à te soucier de toi-même et pas d'une famille qui risque de t'abandonner à la moindre occasion parce que tu es une sorcière.
─ Qui es-tu pour dire autant d'infamies ? Tu ne sais rien de moi ou de ma famille.
─ Tom Elvis Jedusor. Et toi, celle qui ne croit nullement ce qu'un autre sait mieux qu'elle ?
─ Johanna Elizabeth Thomas, mais tout le monde m'appelle John. Alors, en quoi saurais-tu ce qui pourrait m'arriver ? Tu sembles tout aussi surpris que moi sur certaines choses qui viennent de se dérouler, ce qui montre que tu ne sais pas tout !

Les mots eurent l'effet d'un glaçon sur l'entente qui venait de débuter entre les deux jeunes sorciers. John sentait que sa raison l'emportait sur son homologue, mais ─ d'un autre côté ─ les paroles de ce dernier lui infligeaient un certain doute. Peut-être n'avait-il pas tort et qu'un jour ou l'autre ses propres parents n'auraient plus envie de la voir deux mois par an ? Elle se mit à imaginer les scénarios les plus improbables, les plus humiliants ? Après tout, personne, hormis les sorciers, ne savait ce qu'était réellement la magie. Elle, John, avait désormais cette chance de le savoir, mais le prix serait très certainement fort à payer...

CHAPITRE III

La neige tombait sur les collines et vallées entourant la prestigieuse école de magie. L’ensemble des étudiants semblaient en être heureux, après tout, cela ne pouvait que se présenter comme étant un spectacle prodigieux.
Pourtant, John ne parut guère de cet avis. Pour elle, l’or blanc ne ressemblait qu’à un simple manteau ivoire et bien plus glacial que les cachots dans lesquels elle s’évertuait à s’adapter sans grand succès depuis quatre mois ; elle doutait du choix effectué par le Choixpeau. Elle ne se sentait nullement digne de Serpentard, surtout après en avoir appris l’histoire ainsi que son appréhension en rapport à l’inscription des Né-Moldus au sein de l’établissement. John aurait pu ne jamais y entrer, alors comment avait-elle pu être introduite dans cette maison ? Une question qui lui revenait bien souvent.

Ses pas faisaient craquer la neige sous son poids, ils l’emmenaient même vers celui qui devenait — en quelque sorte — ce qui s’assimilait le plus à l’image d’un ami quoiqu’il pût avoir des réactions froides à ses côtés. Il ne se remettait presque pas de certaines choses au sein de l’école, mais de ce qu’elle savait, il s’agissait surtout d’un problème social : des séquelles provenant de ses années de vie dans l’orphelinat. Oui, John connaissait les circonstances dans lesquelles le jeune sorcier se trouvait avant son arrivée ; il avait toujours été exclu, mais elle ressentait bien que son comportement actuel à Poudlard, certains sadismes dont il faisait preuve étaient déjà présents dans ce lieu. Elle se méfiait de sa non-innocence.

— À quoi penses-tu encore, John ? Encore au fait que tu ne te sentes pas à ta place. Si tu es une sorcière, c’est que ce n’est pas le cas.
— Ce n’est pas Poudlard le problème mais, tu t’en doutes un peu depuis le cours du professeur Binns, le fait que je me retrouve dans la maison de celui qui ne voulait guère l’adhésion des Nés-Moldus dans son établissement.
— Oh, et c’est tout ? Ce n’est rien de bien grave, une erreur du Choixpeau. Il n’est pas infaillible, mais si tu y es, adapte-toi ! Tu vois bien que j’y suis tout autant que toi et que je m’y accommode particulièrement bien.
— Et peut-être que tu y es aussi parce que tu n’es peut-être pas un Né-Moldu. Tom, excuse-moi, mais tu ne maîtrises rien sur tes parents, et peut-être que l’un d’eux était un sorcier ; tu n’en sais rien.

Sans le penser, elle avait imbriqué une idée dans l’esprit du thaumaturge. Elle avait introduit cette conception qu’il était peut-être un sang-mêlé qui s’ignorait au plus haut point et qu’il pouvait ainsi appartenir à une grande famille. Et en observant le regard et le sourire de son « ami », John se doutait que cela n’apporterait rien de bon : une intuition de plus dans sa nouvelle vie de sorcière.