Votre examinatrice prend le temps d'écrire quelques petites choses sur son parchemin pendant que vous soufflez, puis, elle reprend immédiatement le court de l'entretien dès qu'elle voit que vous vous redressez. Elle vous interroge alors, reprenant son air le plus neutre possible :
- Pouvez-vous m'indiquer à quels évènements faisaient référence dans le document et quel sont leur rapport avec votre sujet ? Pour rappel, ce dernier était Être un sorcier britannique, de la Renaissance jusqu'au XXIème siècle, vous reprécise-t-elle avec une pointe de douceur transperçant de très loin dans sa voix. Vous pouvez noter que sa plume est prête, mais que ses yeux restent posés sur vous d'un regard indéchiffrable.

Cette partie de l'examen a été vue en cours : pour avoir la meilleure note, vous devez argumenter votre réponse en vous appuyant sur les éléments que vous tirez du document pour les rattacher à vos propres connaissances, mais donner l'ensemble des éléments attendus dans le document vous assure de récolter la grande majorité des points et ne vous empêchera pas d'avoir un O si le reste de votre oral se passe correctement. Mais saurez-vous vous en souvenir à temps, malgré vos émotions ?

Se remettre à réfléchir était légèrement compliqué pour la jeune fille. Mais elle n'avait pas le temps de se reposer plus longtemps car le sablier continuait de se vider. Dawn ferma les yeux afin de se concentrer sur ses connaissances et balbutia:

- L'extrait parle de la "Chasse aux sorcières" menée par les moldus et qui s'est déroulée à la Renaissance, en Europe et en Amérique du Nord principalement. Et encore récemment d'ailleurs. Les moldus capturaient surtout des femmes dont ils pensaient qu'elles pratiquaient la magie et les brûlaient vives. Le bûcher était un moyen de vérifier que les prisonnière étaient bien des sorcières. Si elles survivaient, elles étaient coupables. Bien sûr, peu survécurent au bûcher. Le lien avec mon sujet est qu'il n'est pas bon d'être un sorcier depuis cette époque. C'est cet événement qui a poussé les sorciers à changer leur façon de vivre et à se cacher des moldus avec le Code International du Secret Magique.

La gryffone avait le regard vide. Elle parlait d'une voix monotone, comme si elle récitait un texte par cœur.

Votre examinatrice prend en note votre réponse ou du moins semble écrire et entourer des choses sur son parchemin. Si elle paraît hermétique à votre détresse, mais vous sentez néanmoins qu'elle est très attentive à vos signaux visuels et auditifs. Elle continue, rebondissant sur votre réponse :
- Pensez-vous que ce code soit une bonne ou une mauvaise chose ? Si on vous laissait le choix, là actuellement, chercheriez-vous plutôt des solutions pour le maintenir en place ou pour au contraire le réduire à néant ?

Si les questions sont d'apparence neutre, la réponse attendue peut, elle, être toute orientée. Mais vous le savez, dans cet exercice, normalement ce n'est pas tant votre avis qui compte que votre réflexion et les arguments avancés.

Dawn pensa à la nouvelle question qu'on venait de lui poser. C'était plus un avis politique qu'on lui demandait là mais Dawn savait que l'examinatrice testait plutôt sa manière de réfléchir. Récemment, les sorciers ont pu voir ce que donnait la vie sans le Code International du Secret Magique et elle ne tenait pas à revivre ça.

- En ce qui me concerne, je suis pour le maintien du Code du Secret Magique. On a eu récemment un petit aperçu de ce que donnait la vie sans et c'était une période sombre pour la Grande-Bretagne. Il garde la paix entre les deux mondes. De plus, le Code protége autant les moldus que les êtres magiques car bon nombre d'innocents ont péri sur les bûchers à cause de fausse dénonciation.

Le cerveau de Dawn réfléchissait à toute vitesse afin de trouver des solutions qui vont dans ce sens. C'est une question qu'elle ne s'était jamais posée.

- Le conseil pourrait créer plus de villes, comme Godric's Hollow, réservées aux sorciers. Et donner des avantages aux sorciers vivant dans ces villes pour les encourager à le faire sans les forcer.

C'était une solution viable mais elle n'était pas pour la gryffone qui était fille d'une moldue. L'esprit de la jeune fille retrouvait petit à petit son état normal au fil de son discours. Ses pensées étaient plus claires et elle argumentait facilement.

Tout en prenant des notes sur votre réponse, votre examinatrice veille néanmoins à continuer de vous observer régulièrement. Sur le bureau, le sablier vous indique qu'il vous reste environs 8 minutes d'examen.

Quand vous achevez de parler, votre examinatrice reprend :
- Vous me disiez qu'il ne fait pas bon d'être un sorcier depuis la Renaissance, le fait que les moldus ignorent notre existence et que nous devons rester cachés d'eux, a-t-il un impact négatif sur notre vie ? Pouvez-vous me citer des conséquences importantes pour les sorciers d'avoir fait ce choix de vie ? Qu'est-ce que cela implique au quotidien ?
Le regard est incisif sans être négatif, vous sentez que toute l'attention de Mrs Moore est orienté sur vous et votre réponse, comme si elle lisait dans votre gestuelle une partie de votre réponse en plus de ce que vous répondez.

Plus de la moitié du temps imparti s'était écoulé. Elle approchait doucement de la fin de l'examen et ne craignait pas le sablier. La question que l'on venait de lui poser n'était pas facile. Étant à moitié moldue, Dawn avait l'habitude de vivre partiellement comme eux et parmi eux. Elle ressentait donc moins les effets négatifs du Code comparé à une famille entièrement sorcière. Elle entrelaça ses doigts comme pour s'aider.

- Et bien, je sais que mon papa, qui est sorcier, a longtemps dû mentir à ma mère, moldue. Ce code nous bride et nous ne pouvons pas être nous même lorsque des moldus sont à proximité. Je suis convaincue que les deux modes de vie peuvent être compatible et que chacun pourrait tirer profit de l'autre. Le Code signifie de devoir employer de grands moyens pour rester cachés. Les sports et les grands rassemblements sont hautement surveillés et contrôlés pour pouvoir avoir lieu. Un match de Quidditch ne peut pas avoir lieu n'importe où. Les animaux magiques aussi doivent être gardés dans des réserves au lieu d'être totalement libre.

Elle avait encore une chose à ajouter mais l'examinatrice travaillant pour le Conseil, elle hésita un peu. Elle choisit de ne pas en dire de trop.

- Et puis, il y a aussi un décret qui empêche les élèves de posséder une baguette durant les vacances. Même si nous ne sommes de toute façon pas autorisés à utiliser la magie en dehors de l'école.

Elle est persuadée que les choses ne se serait pas déroulé de la même façon à Pâques si les élèves avaient pu se défendre… Mais cette pensée, elle l'a garda pour elle.

Je vous présente mes excuses pour le temps de réponse !

Votre examinatrice continue de gratter son parchemin, puis vous regarde comme si elle vous jaugeait. Après quelques secondes de silence, elle reprend son interrogatoire :
- Pourriez-vous me dire quelle institution a été créée à la suite de la mise en place du Code International de Secret Magique ? Que pouvez-vous me dire de son organisation et de son histoire ?

Décidément, les examinateurs ont tous cette faculté de vous mettre mal à l'aise en un seul regard. Elle reporta alors son attention sur sa professeur qui lui inspirait confiance.

- Le conseil des sorciers a laissé place au Ministère de la Magie après la signature du Code International du Secret Magique. Il s'est rendu compte que les sorciers du Royaume-Uni avaient besoin d'un gouvernement plus structuré et organisé et ainsi soutenir au mieux les sorciers dans le secret magique. C'est ainsi que le Ministère de la Magie a pris totalement la place du Conseil en 1707. Le tout premier Ministre de la Magie s'appelait Ulick Gamp.

La jeune fille marqua une courte pause avant de reprendre la suite de ses explications.

- Le siège du Ministère se trouvait à Londres. Il y avait sept départements, répartis sur neuf niveaux qui avaient chacun un domaine d'expertise: la coopération magique, les sports, les transports, les créatures magiques, la justice, les accidents et le département des Mystères. En mai 2044, il est renversé par Ursula Parkinson qui a remis le Conseil des Sorciers en place.

Vous ne pouvez voir votre professeur mais vous sentez son regard bienveillant posé sur vous et vous entendez sa respiration calme et profonde, comme si elle essayait de vous contaminer par sa sérénité... Du moins c'est ce que vous imaginez sans trop pouvoir le vérifier, mais cette idée vous aide à reprendre confiance.

Votre examinatrice, elle, poursuit ses gribouillis sur son parchemin, continuant de ne rien laisser paraître. Elle jette un regard au sablier et prononce tranquillement :
- Pour conclure, que répondriez-vous à votre problématique initiale ? Trouvez-vous qu'il y a eu une évolution dans le fait d'être un sorcier, entre la Renaissance et le XXI^ème siècle ?
Vous avez environ 4 minutes pour développer votre réponse, soit un peu de temps, cette fois, pendant votre réplique, elle vous regarde sans toucher à son parchemin, comme pour essayer de vous déstabiliser ou simplement prêter entièrement attention à vos paroles.

Dawn se sentait étrangement calme par rapport à la situation. L'épreuve touchait à sa fin, ce qui marquait aussi la fin de la session d'examens. Il ne lui restait visiblement plus qu'une question à répondre mais pas des moindres. La réponse à cette question n'était pas facile. La jeune fille prenait le temps de répondre, pesant chacun de ses mots. Elle ne voulait pas répondre à côté ou extrapoler.

- Je dirais que non… Qu'il n'y a eu aucune évolution au fil des siècles… On pourrait le croire car il y a une différence depuis que le Code International du Secret Magique nous protège. Mais les sorciers continuent à cacher leur magie tout comme ils le faisaient à la renaissance pour éviter le bûcher. Et à la moindre petite incartade, les moldus prennent peur et la chasse aux sorcières recommence. La vraie évolution serait que les moldus et les sorciers puissent vivre ensemble et en paix sans que personne n'ait à cacher ce qu'il est vraiment. À partir de ce moment-là, on pourra dire qu'il y a une évolution dans le fait d'être un sorcier. Mais actuellement, avec ou sans le Code, les conditions de vie sont les mêmes, seul la durée de nos vies a changé.