— ... Parce que, bien sûr, môsieur est mieux que tout le monde. Ah bah il a qu'un an de plus et c'est bon. C'est le meilleur. Parce que, bien sûr, je suis un petit garçon qu'il faut protéger. Je suis en pleine croissance et tout, il ne faudrait pas altérer ma mémoire. Encore plus sachant que je souhaite me concentrer sur un charme aussi compleexe, malgré mon jeune ââge. Oh là làà, je risque de ne pas être en capacité de supporter tout celaa ! Mais bigre, elle ne semble pas tenir dans son équation que J'AI QU'UN AN DE MOINS.

Je m'arrête brusquement de parler. Je viens de me rendre compte que cela doit faire cinq bonnes minutes que je parle à haute voix. Le temps du trajet depuis mes dortoirs jusqu'au club Prodigium, en somme. Et il a fallu que je sois à la limite de crier pour que je m'en rende compte.

Je retrousse mes lèvres en essayant de ne pas penser au nombre d'élèves que j'ai croisés sur ma route. Ça va. Je n'avais pas l'air aussi salé que maintenant. J'avais juste l'air de marmonner à voix basse en étant perdu dans mes pensées. Je crois. Je l'espère, surtout.

Et j'espère encore plus que je n'ai pas prononcé mes derniers mots trop forts. Ou, à défaut, qu'il n'y ait personne dans le club à ce moment-là. Je n'ai pas très envie de me justifier, pour le coup. Surtout si je tombe sur Eaven. Dans le pire des cas, je me débrouillerai pour dévier la conversation. Dans le meilleur, je trouverai une excuse au bout d'un moment. Ça va, j'ai pas à m'inquiéter. Je peux ouvrir cette porte sans problème.

Je m'apprête à ouvrir la bouche dans le but de demander si quelqu'un est présent mais, avant que je ne dise quoi que ce soit, je m'aperçois de la présence d'Ennis. J'ai la réponse à ma question avant même qu'elle ait été posée.

Après avoir fermé la porte derrière moi, je m'approche donc d'elle d'un pas lent dans le but de lui poser ma seconde question :

— Tu es toute seule ?

Cette pièce du club Prodigium, Ennis faisait parti des rares privilégiés à pouvoir y accéder. Si cette notion de privilèges ennuyait pas mal de ses camarades, ce n'était pas vraiment son cas. La préfète de Gryffondor était quelqu'un qui cherchait les opportunités. Ce n'était pas quelque chose qu'elle mettait en avant et, si elle ne cherchait pas à se faire bien voir simplement pour être bien vu, quand elle voyait que c'était possible, elle prenait ce qui pouvait être prit. Certains parleraient d'égoïsme. C'était sans doute vrai. Mais la réduire à ce trait serait réducteur. Ses plus proches amis et ses frères savaient aussi qu'elle pouvait être capable de défendre ceux et ce qui lui semblait le mériter. Elfie par exemple en faisait partie, mais elle avait mal joué. Elle voyait donc avec Noah pour faire relai comme elle le pouvait. Maigre moyen de se rattraper.

En utilisatrice privilégiée de la pièce du club ouvert par Sixtine Valerion et à destination d'élèves qu'elle estimaient doués ou prometteurs, si ce n'était les deux, Ennis - vêtue d'une rob personnelle - était assise en tailleur sur un des sofa, un livre traitant de magie de l'esprit entre les mains. Bien plus riches que ceux qu'elle avait pu trouver dans la bibliothèque, elle accumulait des connaissance sur le sujet tout en s'essayant à des pratiques en solitaires. Elle peinait à voir sa progression mais elle s'efforçait d'avancer, pas après pas, aussi ténus soient-ils.

Plongée dans sa lecture, elle entendit la porte s'ouvrir, quelqu'un entrer, puis le battant de bois être refermé. Elle releva doucement la tête de sa lecture pour voir Edmund Dale - un an plus jeune - se diriger vers elle, posant une question qui lui tira un sourire. "Bonjour Edmund. Jusqu'à ton arrivée je l'étais." Dit-elle posément sans refermer son livre. A priori, l'espace était largement assez grand pour que chacun des deux vaque à ses occupations propres sans se marcher sur les pieds. "Tu venais t'entraîner ou consulter un livre?" S'enquit-elle par politesse, et, il ne fallait pas mentir, un brin de curiosité, même si elle ne le montrait pas.

Hmmmmpf.

Je dois admettre que je suis un peu frustré. Je n'avais originellement aucune espérance vis-à-vis de sa réponse à ma question mais, maintenant qu'elle est tombée, je me rends compte que j'aurais aimé qu'elle me réponde que Miss Valerion ou, à défaut, Eaven était ici. C'est idiot mais... Bon.

Elle m'a souri. Je lui souris.

C'est la moindre des choses. Je suis certes frustré mais je ne déverse pas ma frustration sur la première venue qui, en plus, n'y est clairement pour rien. Et puis... Si cela peut me permettre de parler à quelqu'un en attendant que Miss Valerion ne pointe le bout de son n-...

A- Ah... Euh... Oui. Aussi. Je peux m'entraîner, oui.

Je lâche un profond soupir de lassitude bien malgré moi. Oh, non. J'ai vraiment fait le tour du sujet sur tous les livres de toutes les bibliothèques de ce château, si je pouvais un peu m'arrêter de lire, au contraire, cela me serait le plus reposant...

Après... Qu'est-ce qui m'oblige à lire un livre sur ledit sujet ? Je peux très bien changer de sujet. Genre, Ennis, elle lit quoi, là ?

— À vrai dire... Je ne sais pas vraiment. Je me suis dit que je verrai ce que je ferai quand je serai dans le club et, ahem...

... Baah... Sans Miss Valerion, je ne pourrai pas faire grand chose, de toute façon.

— Tu lis quoi, toi ?

Edmund Dale ne l'avait pas habitué à ce genre de soupir. Il semblait être quelqu'un dont la détermination à se faire passer en premier étant sans commune mesure, elle ne dirait pas sans limite non plus, mais disons qu'il voulait se faire sa place. Fallait-il l'en blâmer? Très certainement que non, c'était juste qu'il faisait parti de ceux qui osaient le faire.

Toujours fut-il qu'elle ne releva pas, attendant simplement réponse avant de replonger dans son livre qui devenait d'un coup d'un seul, le centre de la conversation. Cacher son intérêt pour les magies de l'esprit à quelqu'un qui, par la force des choses, allait l'apprendre par le biais des réunions qui se dérouleraient dans ce même lieux, n'ayant pas de sens, la châtain répondit assez simplement. "Principes théoriques de Legilimencie et Occlumencie. Un ouvrage du XX^ème écrit par une sorcière bulgare." Elle tourna la tête vers la bibliothèque et tout ce qui était mis à leur disposition. "Il y en a tout un tas sur le sujet. Ça me donnera l'occasion d'en savoir suffisamment pour discuter avec ma correspondante." Olya étudiait à Durmstrang dans une voie axée sur ces deux disciplines, une aubaine pour elle qui comptait bien devenir Occlumens et avait obtenu une sorte d'échange de bon procéder avec un maître Legilimens. Elle allait certainement en souffrir psychologiquement, Aidan Bowers ne semblait pas être le type d'homme qui faisait des cadeaux. Mais elle n'était pas effrayée pour autant.

— Oh.

Les magies de l'esprit. Rien que ça.

Voilà un sujet sur lequel je pourrais acquérir des connaissances et non relire encore et encore ce que j'ai déjà compris depuis un mois et demi. Bon. Pour la pratique, ça va être encore plus compliqué que prévu. Mais, de toute manière, ce n'est pas mon sujet. C'est celui d'Ennis. Et il est toujours sympa de s'y connaître en théorie, même sans pratiquer. Ne serait-ce que pour savoir un minimum ce qui se traficote dans notre esprit lorsqu'un Legilimens use de son pouvoir sur nous.

— Elle vient de quelle école ?

J'ai posé la question presque au tac au tac lorsqu'elle a fait mention de sa correspondante. Histoire de déterminer à quel point elle est penchée "magie de l'esprit". Même si...

— C'est uniquement pour ta correspondante que tu te renseignes ?

Si j'étais elle, j'en profiterais pour essayer de gratter deux trois tuyaux sous couvert de renseignements pour ma correspondante. Ce n'est en plus absolument pas comme si les magies de l'esprit étaient une forme de défense contre les forces du mal et qu'elle était dans un club spécialisé en défense contre les forces du mal. Même si elle trouve que la légilimancie est trop longue et trop fastidieuse pour être maîtrisée parfaitement, au moins quelques trucs en occlumancie pour pouvoir préserver un minimum ses pensées. C'est toujours pratique.

- "Olya?" Oui forcément il parlait d'elle, mais l'interrogation était sortie toute seule. Pour autant, la préfète n'attendit pas de confirmation, elle enchaîna avec la réponse. "Elle est russe et étudie à Durmstrang. Les magies de l’esprit sont une de leur spécialité." La dernière phrase venait ponctuer la première. En réalité, si Ennis avait demandé à correspondre avec un ou une élève de cette école, c'était principalement pour cette raison. Son deuxième choix s'était porté sur Albaldah qui enseignat les runes - très certainement de manière bien différente qu'ici, à Poudlard.

La question suivante lui tira un sourire. "Bien sûr que non. Je me renseignais déjà depuis de longs mois. Miss Valerion me donne l'opportunité d'approfondir ce que j'ai pu trouver de moi même." Ca avait été long et fastidieux, et surtout, elle n'avait pas demandé à consulter les ouvrages de la réserve. Du moins pas encore. Elle allait finir par demander un papier à la professeur qui gérait ce club, ou même simplement à demander à Owen. Il y avait peu de chance qu'il le lui refuse. Dans un cas comme dans l'autre, il resterait avec elle donc... Ça ne changeait strictement rien. "J'ai justement demandé à correspondre avec quelqu'un de Durmstrang pour en apprendre plus. Et je n'aurais pas pu espérer mieux." Avec ce qu'elle venait de dire, elle donnait beaucoup d'informations au Serpentard. Juste de quoi satisfaire sa curiosité - normalement.

— Ah oui...

Si je n'avais strictement aucune idée de comment fonctionnait Tawaneer lorsque j'ai envoyé ma première lettre à Adams, je vois à peu près comment procède Durmstrang. C'est une école reconnue depuis bien longtemps, contrairement à celle de mon propre correspondant.

Donc, par déduction, sa correspondante est catégorisée dans les magies de l'esprit à Durmstrang. Cela ne m'étonne donc que très peu qu'elle ait voulu se renseigner pour pouvoir échanger à ce sujet.

Je ne peux m'empêcher moi-même un sourire en voyant son sourire à ma question. Elle est donc un peu plus intéressée qu'elle ne le laissait entendre. Même bieen plus intéressée. Facile de le déduire en écoutant la suite de sa réponse : c'est dans cette optique qu'elle avait originellement demandé quelqu'un de Durmstrang. Ma foi...

— Ah bah tu m'étonnes...

Chercher à comprendre les magies de l'esprit qu'on n'étudie pas réellement à Poudlard et tomber sur une personne dans cette voie-là à Durmstrang... Tu m'étonnes que tu n'aurais pas pu espérer mieux !

Donc ce n'est pas sa correspondante qui l'a poussée à s'intéresser au sujet mais le sujet qui l'a poussée à s'intéresser à sa correspondante. Mais donc...

— Qu'est-ce qui t'a poussée à t'intéresser aux magies de l'esprit ?

Oh, et. Question bête mais essentielle :

— Tu vises l'occlumancie ou la légilimancie ? Ou les deux ?

Après sa réponse déjà bien fournie, Ennis cru percevoir que son interlocuteur additionnait les différentes informations habilement avant de poser une dernière question, enfin non, deux si ce n'était trois. "Tu es bien curieux d'un coup." Commenta-t-elle sans reproche avant de poursuivre. "L'esprit est notre dernier rempart, cela est largement suffisant pour s'intéresser aux magies qui le concerne qu'elle soit protectrice ou investigatrice tu ne trouves pas?" Répondit la Gryffondor en lui retournant volontairement la question. Elle n'allait pas se livrer à lui, que croyait-il? Les seuls du club qui pourraient prétendre à pareilles informations était Jeffrey et éventuellement Bad. Edmund... Elle se méfiait un peu de lui et de ses manières. Pas qu'elle le pense foncièrement méchant, mais particulièrement tourné sur lui même ça oui. Hors de question de lui fournir l'ombre d'une petite chose qu'il pourrait retourner contre elle.

- "J'avoue que le choix est difficile. C'est pour cela que j'essaie de compiler les informations. Si un jour je peux prétendre à être formée par quelqu'un, que je sache les avantages et inconvénients des deux options." Vérité complètement arrangée, elle savait qu'elle souhaitait devenir occlumens. De son avis, il valait mieux savoir se barricader pour rester impénétrable. Et puis, une bonne défense pouvait se retourner conte l'attaquant... Elle devait avouer que - si un jour elle devenait maître, dans dans très longues années - la perspective de faire tourner chèvre un Legilimens lui paraissait affreusement tentant... et drôle.

Ah. Oups.

Je fais mine de regarder le plafond, l'air de rien, lorsqu'elle souligne ma curiosité sur le sujet. Je ne vois pas de quoi tu paarles. Noon.

Mais elle ne se renferme pas pour autant, non. Au contraire : elle répond tout de même à mes questions. Si cela la dérangeait réellement, elle aurait prononcé sa remarque sur un ton bien froid pour clore la conversation. Ou du moins c'est ce que n'importe quelle personne un minimum centrée sur elle-même aurait fait. Je pars du principe qu'Ennis sait respecter ses limites et qu'elle saura donc quand m'arrêter. Si j'apprends qu'elle ne continue la conversation que par politesse, me laissant donc à la portée de n'importe quelle information qu'elle n'aurait pas envie de me divulguer, elle baissera à coup sûr dans mon estime.

Mais sa réponse me laisse... Dubitatif. Elle aurait pu sortir un banal « Parce que c'est cool » - je suis persuadé que tous les élèves suivant la formation Animagus ne la suive que pour ça - ou un « Pour que personne n'aille farfouiller dans mon esprit ». Simple. Efficace. Mais, au lieu de ça, elle s'est tournée vers l'aspect... "Technique" de l'esprit. Même si je... Hmm... M'oui, bon, je vois ce qu'elle veut dire :

— Si. À ton avis, pourquoi je te questionne sur le sujet ?

J'accompagne ma réponse d'un sourire de gamin dont j'ai le secret. Celui qui laisse entendre un « Je suis plus malin que toi, nananah ».

À vrai dire... La seule raison pour laquelle je n'ai moi-même pas osé demander un enseignement supplémentaire sur le sujet de l'occlumancie à Miss Valerion, c'est parce que j'en ai déjà demandé au sujet du Patronus. Et que je me voyais mal multiplier les demandes à son égard alors que la première n'avait même pas encore abouti.

— Hmm. Oui, je comprends. Personnellement, instinctivement, comme ça, je porterais mon choix sur l'occlumancie mais peut-être qu'à force de documentation sur la légilimancie, je pourrais avoir des surprises...

Sage d'attendre.

Pourquoi me poser des questions? Elle le regarda silencieuse, considérant sa question comme rhétorique. Surtout que sa mimique digne d'un enfant de 6 ou 7 ans donc allant à l'école Maeva McQueen nouvellement ouverte lui donne tout sauf envie de lui apporter une réponse construite. Elle laissa donc filer l'interrogation le laissant plutôt venir à sa deuxième réflexion. Sa non-réponse quand au choix entre l'Occlumencie et la Legilimencie. Car elle même savait pertinemment vers quoi se diriger et si elle avait eu un doute, sa rencontre avec Bowers ne l'avait que confortée dans cette voie de rangement et de protection de son esprit.

- "J'en suis encore à compiler les pours et les contres de chacune des deux disciplines. Mais si on prend l'opposé de ton raisonnement, celui que je devine, le prélèvement d'information pour agir en premier pourrait être une défense intéressante. J'ai prévu de demander à Miss Valerion un entretien à ce sujet, après tout c'est elle l'experte en la matière dans ce château." En ça elle ne mentait pas, leur professeur enseignait la discipline où cette magie si particulière était abordée en sixième année. Plutôt en fin de sixième année d'ailleurs. Donc, si elle attendait que cela soit vu en cours, c'était dans une grosse année. Elle n'avait pas une année à attendre. Il lui suffisait d'aller voir l'ancienne auror à l'issu d'un cours un lundi pour fixer ce fameux entretien qui serait beaucoup plus orienter que ce qu'elle le prétendait devant le Serpentard.