La fillette n'avait pas fermé l'œil de la nuit. Hanté par un voyage tumultueux, duquel elle ne savait que penser. Elle savait simplement qu'elle avait peur, qu'elle avait perdue confiance en Poudlard et ceux qui le dirigeait. Mélissandre avait passé la nuit à peindre, peindre ces souvenirs, des brides du moins. Un train, le vide, les ronces, une atmosphère pesante et malgré cette exutoire, elle continuait d'avoir peur. En prime, elle avait sommeil ! Il était l'heure du repas, midi et quelques peut-être plus. Pourtant la sorcière ne se dirigeait pas vers le festin habituel. À quoi bon ? Un noeud s'était placé au creux de son estomac, autour de ce noeud ? D'autres noeuds, des dixaines d'angoisses se liaient entres elles. La fillette se laissait glisser contre le mur près de la porte du bureau de sa professeur. Elle était probablement déjà au repas, si ça n'était pas le cas alors, elle trouverait simplement l'élève zombifié sur le sol du château. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, n'ayant pas d'affinité avec Madame @Magdaléna Xarinez. Était elle gentille ? Agréable ? Compréhensive ? La fillette le saurait à ses dépends. Elle aurait pu se rendre à l'infirmerie mais, elle ne le connaissais pas, encore moins que sa professeur. Elles s'étaient au moins croisés en cours de potion, ce qui n'était pas forcément un atout d'ailleurs, Mélissandre étant probablement la pire potionniste de son année. Malgré la bonne volonté, elle n'y arrivait pas, sans aucune raison.

La matinée fut un peu d'une ambiance particulière. Rien d'étonnant avec les événements d'hier. Magdaléna n'était pas dans le train: elle ne fut donc que "spectatrice" et en était réduite à se demander ce qu'elle aurait fait, elle, là-bas sur ce pont... En un mot, à faire des projections, sans certitude aucune...

Tout ce qu'elle savait, c'est que le stock de potions calmantes était au plus bas en ce lundi matin. C'est pour cette raison que, bien après le départ de ses élèves de la matinée, la jeune femme était encore présente dans sa salle de classe, occupée à finaliser quelques chaudrons de préparations diverses.

"-Bien, ça devrait suffire pour le moment...", estima-t-elle. Elle avait fait les potions les plus courantes et les plus simples, celles qui étaient rapides à réaliser. Elle prévoyait de lancer les autres ce soir afin de pouvoir les finaliser demain, journée où elle n'avait pas cours.

Réalisant qu'il était maintenant grand temps de se rendre à la Grande Salle, Magdaléna sortit dans le couloir et fut bien étonnée de se trouver face à une de ses élèves, assise par terre.

"- Miss Hyde...? Que faîtes-vous ici?", demanda-t-elle simplement. La professeur était curieuse de connaître sa réponse car Melissandre Hyde n'était pas vraiment le genre d'élève à poser des questions sur le cours, en tout cas en potions, et, Magdaléna le voyait bien, cette jeune Serdaigle arborait vaiment... une sale tête aujourd'hui. La potionniste voyait bien une explication mais restait à savoir si elle était dans le train ou dans la Grande Salle...

@Melissandre Hyde, navrée pour le retard

La fillette s'était laissé glisser jusqu'au sol et maintenant qu'elle y était, elle trouvait presque cela agréable. Elle posait ses mains à plat sur le sol, le sol en pierre, froid. Elle trouvait cela agréable ! Elle fermait les yeux, essayant de faire le vide.
Sa tête était tellement vide, son cerveau tellement endormi qu'elle n'entendait même pas la porte du bureau s'ouvrir.

* Miss Hyde...? Que faîtes-vous ici ? *
La sorcière ouvrait les yeux, il était aussi vide que son cerveau. Celui-ci essayait de se reconnecter à la réalité qu'il avait essayé de fuir juste avant. C'était plutôt difficile, elle avait du mal à revenir à elle, puisant dans ses dernières forces.

- Bonjour, je sais que ... je n'ai pas cours mais, je crois que j'ai besoin de vous madame Xarinez.

Elle tournait son visage vers sa professeur, il était le moment pour elle de se lever et d'expliquer ce qu'elle fichait ici. Péniblement elle se remit sur ses pieds, tremblante.

- Je ne pourrais pas continuer la journée, sans reprendre des forces. Fini elle par dire simplement. C'était un peu tordu, elle s'en rendait compte en formulant sa demande. D'ailleurs son corps avait déchargé une vague électrique, probablement une impulsion pour aider son corps à fuir. Elle ne bougeait pas, elle préférait se faire remuer par sa professeur de potion, plutôt que fuir. Elle espérait juste ne pas être obligée de faire sa potion elle même. Sinon elle risquait de mettre le feu, se bruler, ou au mieux s'endormir dans un chaudron.

Si la demande d’aide de la part de son élève étonna fortement Magdaléna, la notion de reprendre des forces lui fit clairement froncer les sourcils. Elle ne voyait pas vraiment pourquoi Mélissandre s’adressait à elle. Ou, du moins, la seule explication qu’elle entrevoyait ne lui plaisait clairement pas… Mais, peut-être faisait-elle fausse route et c’est pourquoi elle rouvrit aussitôt sa salle et y entra en annonçant à sa jeune élève :
« Bien, à l’évidence, mon repas attendra. Venez et expliquez-vous ! Qu’attendez-vous de moi exactement ? Et qu’entendez-vous par « reprendre des forces » ? »

Ces paroles prononcées, la professeure se dirigea vers son propre bureau, et, indiquant à Mélissandre les tabourets, elle reprit :
« Asseyez-vous, Miss Hyde. Vous me semblez proche du malaise. Puis, la jeune femme ajouta plus doucement : que faites-vous ici, dans cette pièce, Miss ? Au lieu d’être en train de vous restaurer au milieu de vos camarades… Vous n’aimiez pas le menu du jour… ou quelque chose vous tracasse… ? »

La potionniste savait bien que sa piètre tentative d’humour allait se solder par un échec, mais arracher un rire à son interlocutrice n’était pas vraiment son but. Non, ce qu’elle souhaitait, c’est que cette dernière soit suffisamment en confiance pour se confier. Pour réellement se confier, et non pour lui servir un beau mensonge, qui sonnait juste. Restait maintenant à savoir quelle gamme la jeune fille en face d’elle entendait jouer.

@Melissandre Hyde
Navrée pour ce terrible retard, Miss

* Venez et expliquez vous *

La porte du bureau s'ouvrait, la professeur s'engouffrait dans la pièce en invitant la brune à la suivre. Tout semblait s'enchaîner à une allure folle, alors qu'en réalité tout était normal. Seul l'esprit de la bleuette était ralenti, lui donnant l'impression de ne plus vraiment suivre ce qu'il se passait.

La professeur évoquait une deuxième fois le repas de ce midi. Il semblait évident qu'elle, madame Xarinez, avait un petit creux. Mélissandre ne ressentait pas l'envie, ou même le besoin de manger. Sa fatigue prenait une telle place, qu'il lui était impossible d'entendre les autres besoins de son corps.

Ou quelque chose vous tracasse… ? Mélissandre relevait la tête.

* Est-ce que quelque chose me tracasse ? Comme, le fait d'avoir failli mourir ? * Mélissandre secouait la tête, elle n'avait plus la force de se battre. La conversation avec madame Montmort tout à l'heure, maintenant celle-ci, peut-être pouvait elle aborder les choses sous un autre angle. Elle ne pouvait plus passer sa colère à tout va, elle pouvait essayer de chercher du réconfort? Elle n'était même plus sûr de ce qu'elle devait penser, comprendre.

- Je, je n'ai pas bien dormi, je voudrais simplement continuer ma journée. Si je ne bois pas une potion de ...

Elle portait une main a son front, déjà qu'elle n'était pas brillante en potion, avec son taux négatif d'heure de sommeil c'était encore pire.

- une potion de revigueur !

* Ou de vigueur plutôt... c'est pas très anglais tout ça. *

- Enfin, je pourrais dormir ce soir mais, mes cours ça sera perdue !

Finalement elle ne se sentait pas de se confier ainsi, mais tout le monde savait ce qu'il s'était passé et la question de sa professeur n'était pas innocente. Mélissandre préférait attendre de voir comment évoluait la situation avec sa professeur de potion.

*Finalement, le beau mensonge ne sonne pas si juste…*, songeait la jeune femme alors que l’élève indiquait simplement une insomnie. Tout en l’écoutant, Magdaléna se demandait si son interlocutrice pensait vraiment réussir à s’en sortir aussi facilement. Peut-être, après tout, c’était une adolescente… Cette assurance, cette naïveté même, aurait presque fait rire la potionniste. Presque. Car le problème initial, lui, était loin de la faire esquisser ne serait-ce qu’un sourire… Comment amener cette Serdaigle à se confier ? Magdaléna avait tenter un trait d’humour, en vain. Elle qui était loin d’être une psychomage, doutait de la méthode à adopter.

Après quelques instants de silence, elle reprit :
« - Vous ne me dites pas tout, Miss Hyde. » C’était beaucoup plus proche de la constatation que du reproche. « Oh, bien sûr, je ne doute pas de votre nuit blanche. Un seul coup d’œil à vos cernes lève aussitôt le doute. Libre à vous de ne pas m’en dire plus, bien sûr : vous êtes libre de vos paroles et je ne maîtrise pas l’art de la legilimancie. Mais, libre à moi, de vous refuser ce que vous demandez... » Et elle n’était pas un distributeur à potions, par Merlin !

La professeure n’était pas en colère, du moins, pas contre son élève. Mais elle était étonnée de son choix : pourquoi venir la voir, elle ? Lui demander était peut-être la solution la plus simple pour le savoir.
« Dites-moi : pourquoi ne pas avoir demander à M. O’Belt ? Pourquoi venir ici plutôt qu’à l’Infirmerie ? Peut-être aurait-il accepté de vous fournir quelques gorgées de Philtre Revigorant… », insinua-t-elle en insistant sur le nom de la potion.

Si la deuxième année ne voulait rien dire de plus sur son trouble, la professeure pouvait peut-être en apprendre davantage sur ses motivations.


@Melissandre Hyde

Libre a vous, la sorcière levait les yeux vers sa professeur ! L'idée d'en parler ne l'avait pas effleurer plus que ça. Elle ne voulait pas vraiment qu'on prenne soin d'elle, elle voulait la paix. La paix, sous toutes ses formes bien sûr.

Madame Xarinez semblait contrariée, ne cédant pas à la requête de l'aigle et évoquant son collègue. Pourquoi ne pas être passé par l'infirmerie ? Il est vrai que tout élève aurait fait cela, prendre soin d'eux était sa fonction principal. Est-ce que finalement Mélissandre ne cherchait pas à être rassurée en allant voir une professeur ? Avec beaucoup d'hésitation, elle finit par dire simplement ce qui était vrai.

- J'avais le sentiment d'être plus proche de vous, parce qu'on se voit en cours. Alors que Mr O'belt ...

En y réfléchissant, elle l'avait vu lors des repas, de loin. Il n'avait pas l'air d'être un mangemort. C'était quelqu'un qui d'apparence faisait plutôt doux, malgré cela, elle ne pouvait s'empecher d'avoir une appréhension. Il n'avait rien fait, ni même rien dit, mais aujourd'hui elle se méfier. De tout, de rien ... elle se sentait idiote à présent. Si l'infirmier était un ennemi, il y aurait de nombreux élèves transférés hors du château, vers saint mangouste. La fillette ouvrait de grand yeux rond, se disant qu'infirmier était le métier idéal pour qui voulait éliminer quelques élèves rapidement. Avant de se raviser, empoisonner ou négliger les soins des dits élèves seraient repérer facilement. Elle secouait alors la tête :

- Vous avez raison, c'est un peu idiot d'être venue ici. On a jamais vu d'infirmier tenter de tuer des élèves...

Du moins, ... pas a sa connaissance.

La professeure observait les différentes émotions qui passaient sur le visage de la jeune Serdaigle. De toute évidence, une ribambelle d’idées avait traversé l’esprit de cette dernière et, quand elle entendait la conclusion à laquelle Mélissandre était parvenue, la jeune femme était curieuse d’en connaître la teneur. Une curiosité teintée d’appréhension tout de même. *Si elle en est à se poser ce genre de question… Pas étonnant qu’elle n’ait pas dormi cette nuit…*, songeait-elle. *Mais difficile de l’aider si elle ne me donne aucune prise pour l’amener à se confier… Impossible également de lui donner cette fichue potion directement : cela ne ferait que… retarder le problème, voire l’empirer*. En effet, la voir développer une addiction aux potions n’était pas une solution envisageable, et encore moins souhaitable : autant continuer à la faire parler, peut-être que cela aboutirait enfin à quelque chose.

« - Non, effectivement, ce n’est pas la fonction première d’un infirmier. Mais, cela dit, je suis plutôt… flattée que vous m’accordiez une part de votre confiance. Aussi minime soit-elle. » Puis s’asseyant en face de son élève, elle continua : « Bien. Je sais que ce qui s’est passé hier vous a particulièrement… *traumatisé, perturbé* marqué. C’est normal : tout le monde serait chamboulé après de tels événements. Mais, quoique vous en pensiez, les adultes de Poudlard, Miss Loewy en tête, sont là pour vous, les élèves, et pour votre intérêt. D’ailleurs, pouvez-vous me rappeler vos cours de cet après-midi, Miss ? »

Même si cette dernière question arrivait comme un cheveu sur la soupe, la potionniste avait une petite idée derrière la tête.

@Melissandre Hyde
Désolée pour ce retard

C'était une réponse légère et amusante que lui offrait la potionniste. , Mélissandre avait besoin de ça et malgré son état, elle eût la force de sourire. Un léger sourire, comme un rayon perçant un altostratus. Bref moment, mais existant. Sa professeur prit alors place, sur une chaise, face à la bleuette, c'était comme un rapprochement. Mélissandre lui faisait confiance alors elle se mettait à sa hauteur pour lui faire comprendre qu'elle pouvait mais, que la conversation a venir serait difficile. Effectivement elle ne perdit pas de temps, lançant directement les hostilités : Marqué, Chamboulé,
Les mot était choisis, pesée par la professeur. certainement pour ménager la fillette. Les événements étaient encore sur le haut de la pensine. Tout était encore si réel et frais. Elle sentait encore cette odeur de poussière, l'air ne semblait plus aussi pur qu'avant.

Loewy, les cours ...

Mélissandre hochait la tête machinalement, sans vraiment comprendre l'enchaînement qu'avait donné cette conversation.

- J'ai cours de vol, madame mais, comment être sûr ! Ça ne serait pas la première fois qu'un adulte ment. Est-ce que les professeurs signent un contrat magique ? J'en doute et pourtant, ça serait une solution.

Mélissandre avait toujours des idées à la limite du légal, des solutions un peu trop radical. Heureusement que certaines potions étaient interdite ou que leur utilisation était contrôlée. Elle n'aurait aucune hésitation à user de certaines pratiques, pour sa sécurité et celle des gens qu'elle aime.

Ne t'excuse pas chacun son rythme.

Melissandre lui avait enfin lâché un sourire. Ténu, certes, mais étant donné la situation, Magdaléna l’accueillait comme si c’était un grand et franc éclat de rire et comme une petite victoire.

Répondant à sa question, la jeune aiglonne confirma qu’elle avait bien cours de vol dans l’après-midi puis revint sur le sujet de la confiance, proposant une solution, selon elle, pourrait être positive. *L’imagination des adolescents ne connaît vraiment pas de limites*, songea l’enseignante, amusée l’espace d’un instant. Voulant continuer développer la confiante de son élève, la potionniste tenta de lui expliquer que ce n’était pas si simple.

« Les adultes du château ne sont effectivement pas liés par un contrat magique. Il y a bien un contrat, mais c’est notre contrat de travail », commença-t-elle sur un ton léger. « L’idée que vous avancez peut vous paraître… idéale. Mais, croyez-moi, ce n’est pas aussi simple. Pensez-vous que s’il existait une telle possibilité, elle n’aurait pas déjà été mise en place, par un gouvernement, par exemple… ? Les contrats magiques ne sont pas fiables, il existe des failles pour qui sait les décortiquer… Je ne vais pas vous les exposer ici, mais sachez qu’il existe l’équivalent avec les potions, d’ailleurs. Prenez le Veritaserum. Puissante potion, n’est-ce-pas ? Vous ne pourriez pas combattre ses effets à votre âge, mais cela peut s’apprendre… Ce qui rend cette solution faillible, comme la précédente… Vous comprenez ce que j’essaye de vous dire ? Il n’existe malheureusement pas de solutions miracle, Miss Hyde… » Se levant, la professeure continua sa tirade : « Mais cela ne veut pas dire que vous ne devez pas vous sentir en sécurité. Les professeurs, les membres de l’équipe éducative, la direction : toutes ces personnes sont là pour les élèves. Pour les instruire, certes, mais aussi pour œuvrer à leur sécurité : vous devez réapprendre à faire confiance. »

Se détournant quelques instants de son élève, Magdaléna ouvrit l’un des tiroirs de son bureau et en tira une petite fiole, renfermant une potion liquide de couleur violette, qu’elle posa devant son élève :
« Reconnaissez-vous cette potion, Miss ? »