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15 sept. 2022, 01:55
Des Voltiflor pour ma mère  Privé 
Avec Orla LeFer,
début septembre 2047

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𝓙e n'ai rien contre la botanique, comprenons-nous bien. J'adore les fleurs, comme tout le monde. C'est très joli, très sympa et j'ai toujours aimé les champs de pâquerettes.
Mais je dois avouer qu'Oscar n'aurait pas pu manifester davantage d'indifférence à l'égard de cette science. À l'écouter (ce qui au demeurant est rarement une bonne idée), cette matière était en compétition féroce avec l'Histoire de la Magie pour prétendre au titre de pire matière de Poudlard.

Cependant, il y avait sa mère. Elle était passionnée de jardinerie et de botanique ; elle faisait pousser dans son extérieur toutes sortes de fleurs et de plantes, d'abord par désir d'impressionner le voisinage avec un jardin esthétique et coloré, puis ensuite par plaisir expérimental et par amour des plantes qu'elle qualifiait sous le regard abasourdi de son fils d'« organismes fascinants ». Sa création végétale n'était cependant composée que de plantes moldues et elle avait toujours manifesté une curiosité réservée à l'égard de la botanique sorcière. Son époux lui avait quelques fois parlé de filets du diable et autres curiosités, et lui avait offert quelques livres à ce propos, mais la connaissance d'Abigail sur le sujet restait étonnamment incomplète.

La question de la relation entre sa mère et les plantes magiques n'aurait évidemment pas pu moins préoccuper Oscar en temps normal, mais la veille de notre récit, il avait reçu durant son petit-déjeuner une lettre accompagnée d'un colis envoyé par son père ; il lui offrait un appareil photo sorcier et lui souhaitait d'en faire bon usage et l'invitait à le remercier pour ce cadeau en lui envoyant autant de photographies qu'il le pouvait.

Oscar avait d'abord prévu de négliger ce cadeau, qui l'intéressait peu, mais voilà ; il n'avait pas cours cette après-midi et s'ennuyait fermement. Tandis qu'il tuait le temps dans la salle commune de Gryffondor en pratiquant des sortilèges de son invention (autrement dit en faisant inutilement tournoyer sa baguette magique dans l'air), son regard trébucha sur l'appareil photo qu'il avait posé près de la cheminée la veille au soir. Il hésita un instant puis s'en saisit et quitta sa salle commune, s'attirant au passage les reproches de la Grosse Dame qui dut se réveiller de sa sieste pour le laisser sortir - « c'est ton taf » murmura-t-il entre ses dents, puis il descendit le grand escalier en ignorant son exclamation outragée.

Il sortit de l'enceinte du château et se dirigea vers les serres de Botanique sous le ciel clair de septembre, l'appareil photo de son père en mains, d'un pas décidé. Il s'était habillé à la mode moldue, comme il le faisait dès qu'il le pouvait, et portait un short kaki et un t-shirt noir légèrement trop grand pour lui.

Quelques élèves traînaient dans le parc et devant les serres mais il n'y prêta pas attention. Les jardins, eux, étaient à peu près vides. Il repéra deux élèves de Serdaigle qui semblaient échanger des messes basses dans la serre du désert et n'y entra pas, peu désireux de s'attirer les regards courroucés d'adolescents importunés dans leur séance de potins.

La serre tropicale était vide. Sans grande conviction, mais désormais décidé à faire plaisir à sa mère avec quelques photographies de plantes qu'il supposait rares, il prit quelques clichés de celles qui se trouvaient là et dont il ne connaissait même pas le nom. Au moment où il s'apprêtait à découvrir le coin sombre qui abritait Merlin savait quel végétal bizarre (il aurait su qu'il s'agissait de Voltiflor s'il avait fait l'effort d'ouvrir les ouvrages de botanique à dix mètres de lui), il entendit des pas furetés dans son dos.

Il se retourna et son regard croisa celui d'une jeune fille qu'il n'avait encore jamais vue et qui portait un étrange ruban à mesurer autour du cou. Il tiqua mais ravala sa remarque et la salua d'un signe de tête. D'un ton un peu abrupt, mais pas méchant, il l'interrogea.

« Tu fais quoi ici ? »

En vérité, il aurait préféré rester seul, car il avait un peu honte de prendre des photos pour sa mère. L'âge bête !

Devant mon ordi j'attends le chaos

15 sept. 2022, 22:44
Des Voltiflor pour ma mère  Privé 
Quand Orla poussa la porte de la serre, un frisson lui parcourut le corps, tant le contraste entre la chaleur de la serre et le froid du dehors la saisit. On ne lui avait pas dit que le mois de septembre en Écosse pouvait parfois faire penser aux pires jours d'hiver en Irlande. Mais dans cette serre qui portait si bien son nom, il n'y avait plus d'Écosse, ni même d'Irlande. Il y avait en revanche de gigantesques palmiers, des cacaoyers dotés de feuilles plus larges que sa tête, et des espèces d'arbustes qui sentaient bon le thé.

Orla ferma la porte derrière elle et commença à avancer à pas feutrés. Son instinct lui disait que le lieu ne se prêtait pas au tintamarre qu'elle se plaisait à faire d'ordinaire. Si elle était venue dans cette serre, ce n'était d'ailleurs pas parce qu'un intérêt soudain pour la botanique l'avait poussée à fuir son dortoir douillet pour le froid de septembre. Non, c'était pour une raison un peu particulière qu'Orla avait décidé de braver le temps.

Depuis que Tante Lydia était partie en Indonésie, Orla se surprenait parfois à être mélancolique, un état qu'elle ne se connaissait pas. Il lui arrivait de regarder dans le vide et de se demander ce que sa tante faisait, qui elle rencontrait, où elle vivait. Quand Lydia lui avait appris la nouvelle, elle avait essayé de temporiser : « De toute façon, tu es dans ton école maintenant... Tu ne verras même pas la différence. » Oui, évidemment, vivre en internat, c'était vivre coupé du monde et de sa famille. Être sorcière, c'était faire comme si rien de ce qu'il s'était passé auparavant n'était advenu. C'était entrer dans une nouvelle vie, comme lui avait dit son père. Évidemment.

Sur ce coup-là, Orla s'était comporté comme une grande. Elle n'avait pas geint, ni essayé de retenir Lydia. Elle avait dit qu'elle comprenait. « Tu comprends, hein, Orla ? » Évidemment qu'elle comprenait. Évidemment.

Mais ce n'est pas parce qu'elle comprenait qu'elle ne se sentait pas profondément triste d'avoir perdu sa meilleure amie de cœur, sa confidente, celle qui connaissait toutes ses peines, tous ces instants de bonheur. C'était donc pour cette raison qu'en voyant le petit papier un peu usé sur le panneau d'affichage de la salle commune qui listait toutes les serres disponibles, elle eut envie de voir à quoi pouvait bien ressembler une forêt tropicale. Quand Orla était petite, Lydia ne manquait jamais de raconter les quatre cents coups qu'elle faisait dans la forêt avec ses camarades de dortoirs.

Orla s'était donc mis en tête d'aller dans cette serre. Et elle était à présent plantée là, devant ce qui était apparemment un Rafflesia, plante magique venant d'Indonésie. Mais cela, elle ne pouvait en être moins sûre : le regard dans le vague, elle était moins concentrée sur l'écriteau que sur sa dernière discussion avec sa tante. « Tu comprends, Orla ? » Orla essuya les larmes qui coulaient déjà. Non, bien sûr qu'elle ne comprenait pas.

Soudain, elle entendit un bruit, comme un déclencheur d'appareil photo. Intriguée, elle leva la tête pour voir si quelqu'un se trouvait dans la serre qu'elle pensait vide. Pendant un temps, rien ne se passa, puis le bruit se fit entendre à nouveau. Délaissant le Rafflesia, Orla s'approcha du fond de la serre.

Il fallut quelques temps à ses yeux pour s'habituer à la pénombre, mais quand cela fut fait, elle vit un garçon de dos, courbé sur des plantes qu'il semblait... photographier ?

Orla n'eut pas le temps de faire demi-tour que le garçon se retourna et l'aperçut.

- Tu fais quoi ici ?

Grillée. Orla ne se formalisa pas outre mesure du ton abrupt du garçon, et réfléchit à une réponse qui lui éviterait de paraître ridicule. « Je voulais voir les plantes des forêts tropicales ? » Trop plat. « TOI, tu fais quoi ici ? » Trop enfantin, ils n'étaient plus en maternelle. « J'avais envie de voir des plantes d'Indonésie pour me souvenir de ma tante qui me manque terriblement et que je ne reverrai plus avant très longtemps ? » Trop... trop.

- Je... (Orla fit un geste évasif vers les plantes.) Je regarde... les plantes.

Après cette démonstration d'éloquence à couper le souffle, Orla montra du doigt l'appareil que le garçon portait autour du coup.

- C'est un appareil photo sorcier ? Tu l'as eu où ?

Affreusement original, comme entrée en matière. Mais Orla avait besoin de sauver la face, pour éviter que son camarade ne remarque ses yeux rougis.

| #8c2f39 | 3e année RP (48-49) |
¤ Matriarcat Marla viendra à bout des fiers-à-bras ! ¤

18 sept. 2022, 01:38
Des Voltiflor pour ma mère  Privé 
Oscar aurait pu exiger de la nouvelle arrivante qu'elle l'informe sur-le-champ de la trente-troisième composante de la suite de Fibonacci qu'elle n'aurait pas semblé plus confuse. Elle réfléchit quelques secondes - Oscar avait presque l'impression de voir les rouages de son cerveau qui tournaient à toute allure, comme dans les dessins-animés - puis l'informa qu'elle regardait les plantes sur un ton drôlement incertain. « Ah, ben oui » répondit-il platement, déconcerté par l'étrange aura que dégageait la petite fille. Il aurait sans doute deviné qu'elle avait du chagrin s'il avait eu une once d'intelligence émotionnelle, mais puisqu'il était dangereusement incapable de deviner les émotions de ses interlocuteurs, il estima simplement qu'elle était très timide.

Il n'était lui-même pas très à l'aise car il avait le sentiment d'avoir été interrompu durant une activité intime, qui ne concernait que lui ; il n'aimait pas que les autres élèves de Poudlard le surprennent en pleine démonstration d'amour envers ses parents, aussi indirecte cette démonstration puisse-t-elle être. Cela lui donnait l'impression que son image de sorcier indépendant était réduite à néant. Il aimait ses parents de tout son cœur maladroit, mais il est dans la vie de tous les enfants un âge où sonne le temps contrariant du désir d'autonomie.

La petite fille qui aimait les plantes ne lui laissa cependant pas le temps de s'enfoncer dans sa gêne car elle le questionna au sujet de l'objet qu'il avait rapidement passé autour de son cou quand il l'avait aperçue, sans doute désireuse de vaincre sa timidité - Oscar lui reconnut un certain courage. Il hocha la tête quand elle lui demanda s'il s'agissait bien d'un appareil photo sorcier.

« C'est un ami qui me l'a offert, mentit-il en s'approchant fièrement de sa camarade pour qu'elle puisse admirer l'objet, heureux de pouvoir se vanter de quelque chose. C'est cool, hein ? demanda-t-il avec conviction, même s'il n'avait accordé absolument aucun intérêt à l'objet lorsqu'il l'avait reçu. »

Les quelques pas qu'il avait dû parcourir pour s'approcher de la petite sorcière lui suffirent apparemment pour oublier toutes ses inquiétudes car il continua sur sa lancée.

« Tu veux regarder ? proposa-t-il en lui tendant l'appareil photo pour qu'elle l'observe de plus près, avare de compliments. »

Mais avant qu'elle n'ait le temps de faire quoi que ce soit, il se souvint soudainement que cet objet avait appartenu à son père et qu'il contenait les photographies qu'il avait prises avant de le léguer à son fils. Oscait ne les avait pas effacées.

« Non ! s'exclama-t-il. Attends, attends ! »

Craignant que la sorcière ne fasse défiler toutes les images que contenait l'appareil et ne déduise qu'il avait appartenu à un de ses parents (certaines des photographies avaient pour objet Oscar lui-même quand il était petit), il le reprit brusquement et effectua impulsivement la manipulation qui permettait d'effacer tout ce qu'il contenait.

« Voilà. »

Il lui tendit à nouveau l'appareil, Son secret (terrible secret, attention ! Oscar a des parents, personne ne doit le savoir) était désormais à l'abri dans le nulle part des photographies supprimées.

Devant mon ordi j'attends le chaos

24 sept. 2022, 18:34
Des Voltiflor pour ma mère  Privé 
La diversion qu'avait tenté Orla semblait avoir fait mouche : le garçon acquiesça et l'informa que c'était un cadeau de la part d'un ami. Il devait avoir grandi entouré de Né-sorciers, s'il avait des amis aussi généreux en objets magiques. Cela dit, la mère d'Orla aussi la couvrait de cadeaux, jusqu'à l'année dernière du moins. Orla n'avait pas eu de nouvelles d'elle depuis l'attaque du train. Elle sentit les larmes lui monter à nouveau alors que le garçon s'approchait. « Ah non ! Non, non, pas maintenant. » Elle renifla bruyamment et força un sourire quand le garçon lui demanda, ou plutôt, lui affirma que c'était cool. Oui, oui. Très cool.

Cependant, la curiosité quasi maladive d'Orla l'empêcha de se morfondre davantage : s'il lui proposait de regarder, elle n'allait pas se faire prier ! Observer le mécanisme de l'objet – si tant est qu'il en avait un – l'aiderait peut-être à se distraire. Elle tendit les mains vers l'appareil – elle faisait en effet partie de cette catégorie de personnes qui ne comprend pas l'adage « Toucher avec les yeux ». Mais le garçon se rétracta aussi sec. Interloquée, Orla le considéra alors qu'il manipulait l'appareil. Ce pourrait-il qu'il soit en train de... supprimer les photos ? « Quel étrange garçon... », pensa-t-elle. Pourquoi supprimer des photos qu'il venait pourtant de prendre ? Ou alors ne lui faisait-il pas confiance ? C'était très probable : après tout, ils ne se connaissaient pas, ou si peu. Ils ne s'étaient même pas présentés. Pour ce qu'elle en savait, cette rencontre pouvait bien n'être qu'un rêve qu'elle avait fabriqué de toutes pièces en observant le Rafflesia.

Le garçon coupa court à son fil de pensée en lui tendant à nouveau l'appareil. Orla ne lui demanda pas la permission et prit l'objet avec toute la précaution dont elle était capable.

– Wow, souffla-t-elle.

Cette seule onomatopée suffisait à résumer son admiration. Orla n'avait encore jamais vu un appareil photo sorcier d'aussi près. Comme beaucoup d'objets magiques, elle n'aurait pas soupçonné qu'il l'était si elle n'y avait pas regardé à deux fois : l'appareil ressemblait en tous points aux premiers argentiques qu'elle avait eu l'occasion de voir, petite, dans la boutiques d'antiquités à quelques rues du commerce de son père. Elle observa l'objet sous tous les angles en le soulevant légèrement, mais impossible pour elle de voir ce qu'il avait de sorcier. En essayant de ne pas paraître déçue, Orla rendit l'appareil au garçon et lui demanda :

– Tu prenais en photo les plantes, non ? Tu vas en faire quoi ? Des photos, je veux dire.

Orla se retint de demander pourquoi le garçon en avait supprimé certaines. Elle était devenue assez douée pour deviner quand les affaires des autres n'étaient pas les siennes.

Et voici, toutes mes excuses pour ce retard ! N'hésite pas à me dire si quelque chose ne va pas.

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02 déc. 2023, 23:58
Des Voltiflor pour ma mère  Privé 
Mais je t'en pose, moi, des questions ? Oscar avait eu la délicatesse de ne pas lui demander pourquoi elle avait pris vingt minutes à bafouiller qu'elle était dans une serre pour regarder des plantes et il aurait apprécié qu'elle non plus, elle ne se mêle pas de ce qui ne la regardait pas. Il ravala difficilement son injuste colère car il lui restait assez de jugeote pour comprendre que s'il s'offusquait ouvertement de ces questions, la petite curieuse devinerait que quelque chose clochait et là, il serait définitivement fini et pourrait faire une croix sur sa réputation de sorcier mystérieux et sans attaches.

Il tenta mentalement d'apaiser le rouge qui avait enflammé ses joues et essaya d'invoquer, vite, un mensonge crédible. Vite. Plus vite, elle attend !

« Heuuuuu... »

Mais encore ?

« C'est pour moi, pour les cours de Botanique, on sait jamais, ça peut être utile, enfin j'sais pas... »

L'explication était décousue mais Oscar sembla la trouver convenable car il reprit un peu contenance... mais au moment où son esprit s'apaisait, calmé d'avoir évité la catastrophe, il réalisa avec horreur qu'il venait éhontément de dire à quelqu'un qu'il aimait les cours de Botanique – or, comme tout le monde le savait très bien, il n'y avait que des élèves inintéressants et mauvais en magie pour compenser leur incompétence en Défense contre les Forces du Mal par une passion pour de bêtes plantes. Donc, rattraper la gaffe, sauver sa réputation.

« Enfin je veux dire, non, j'aime pas la Botanique, c'est super ennuyant, mais bon je sais pas, j'ai fait ça au hasard. »

Lucide à nouveau, il savait que tout ceci manquait sérieusement de cohérence et ne voulait plus qu'une chose : partir d'ici et mettre tout en œuvre pour que cette fille soit bannie de Poudlard. C'était la seule manière pour Oscar d'être certain qu'elle ne répètera jamais rien de ce qui s'était passé dans ces serres. Au moins, se réconforta-t-il, il était presque sûr qu'elle n'était pas à Gryffondor car il ne l'avait jamais vue dans sa salle commune. Il n'aurait donc peut-être plus jamais à lui reparler, puisqu'il ne l'avait jamais non plus aperçue en cours, ce qui signifiait qu'elle n'était pas en première année. Tout de même, il valait mieux s'en assurer.

« T'es pas à Gryffondor, hein ? »

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