Il était dans les parages de dix-huit heures, Alice marchait sur l’herbe du parc mouillée, il faisait un peu frais. Une petite pluie en cette infernale chaleur n’était pas pour lui déplaire. Arrivant au point de rendez vous, elle attend son fidèle et éternel amour, Aaron. Ce n’était pas sans dire qu’elle était stressée.

Voyant une fleur, un peu à l’abandon, en manque d’eau, d’habitant et toute sèche, sans la moindre couleur vive ou signe de vie, notre petite protégée s’avouait attristée. Avançant vers une fleur bien garnie en insectes, elle lui pique plusieurs petites bestioles pour les déposer sur l’autre. Regardant doucement voir si personne ne l’avait vu, la lionne voyait que c’était totalement désert. Haussant les épaules, la rouge se dit que de toute manière si un insecte voulait se venger, qu’il le fasse. C’est pas ça qui allait la tuer !

À ses yeux, la Smith n’avait rien fait de mal. Certes, déplacer des insectes n’était pas très bien même si c’était peu, mais les donner à un autre être vivant qui n’en avait pas, c'était assez généreux. De plus, elle était sûre que l’autre fleur ne serait pas en grand manque de ses deux ou trois petites bestioles.

Le Serdaigle avait l’air d’avoir un peu de retard. À moins que la brune se soit trompée d’heure ? Ce n'était pas le genre d’Aaron d’arrivé en retard à leurs rendez-vous, il était même bien souvent en avance par rapport à elle ainsi qu’à l’heure fixée.

Ce coin du château était assez agréable, surtout pour un début de soirée en plein été, où le soleil commençait à peine à se coucher laissant de grands espaces cachés par l'ombre des arbres. L'autre avantage de la zone était son calme, à une heure comme celle-ci, certains écolier se retrouvaient dans des lieux plus fréquentés en intérieur ou bien jouaient à divers jeux magiques dans le parc, mais pas ici. A vrai dire, il n'y avait littéralement personne. Mais j'avais pas trop le temps de réfléchir au sens de la vie, il fallait que j'accélère le pas afin d'éviter d'arriver trop en retard et qu'Alice ne se soucie pas de ce qui aurait pu m'arriver, et puis, je n'aimais pas la faire attendre.

Passant au travers des différents chemin, l'ambiance devint soudainement un peu plus macabre mais le soleil encore présent permettait de rendre le tout plus convivial. Apercevant Alice au loin, je pris quelques secondes pour l'observer se pencher sur une fleur, me demandant ce qu'elle y faisait avant de la voir subtiliser quelques insectes et les poser sur une autre fleur. Le geste était assez mignon car je savais qu'elle faisait ceci en partant d'une bonne intention vis-à-vis du fait que voir une fleur sans insectes l'avait probablement attristée. Mais d'un air taquin, sans même qu'elle ait pu m'apercevoir ou m'entendre auparavant, je lui dis :
- Je savais pas que tu étais du genre à voler, et à une plante qui ne peut pas parler en plus ! Espérons qu'elle n'a rien vu si tu veux pas qu'il t'arrive des malheurs !

La voix d’Aaron la fit vivement sursauter. Il est là ? Visiblement oui. Durant sa première année, la Gryffonne agit assez pusillanime et se serait excusée d’une voix à peine audible en remettant les insectes à leur place. Mais maintenant, son caractère avait un peu évolué "mais… c’est qu’un peu non…? Et elle en a beaucoup ? Et elle, elle est toute seule…sans personne qui s'en occupe…". Le manque de confiance en elle était tout de même encore visible.

Notre petite protégée se rappelait l’histoire intéressante de Wayne, devant l’école ou encore ces macarons sapides mangés au café rosier. Regardant les diverses fleurs, la rouge lui dit "en tout cas, je suis contente de te voir, tu m’as trop manqué !". Lui faisant un rapide câlin en guise de salutation, l’enfant en profite pour humer ce délicieux parfum et lui piquer un peu de sa chaleur.

Assez énergique, la brune dit ensuite "bon, assez parlé, place à l’action ! On commence par quoiiii ?". Baillant rapidement, la Smith ne cherche même pas à cacher sa fatigue, la semaine avait été longue, chargée et complexe. Alice ne pouvait s’empêcher de penser à la chance qu’elle avait de l’avoir. C’était juste divin, sublime, magnifique, merveilleux et tous les autres adjectifs de ce type sur terre. Ça redonnait un peu de joie et un grand sourire à notre jeune protégée.

Bien évidemment, tout ça n'était que pure blague, et sa réaction me fit doucement rigoler, voilà qui instaurait déjà une bonne ambiance dans notre petite rendez-vous à la fois macabre et amusant. Je savais que je lui avais manqué, à vrai dire, ses nombreux hiboux me le faisaient régulièrement savoir, et je lui répétais aussi souvent que je le pouvais, mais je le dis quand même pour lui éviter le stress de rester sans réponse.

L'objectif de se rendez-vous n'était rien d'autre que de s'amuser un peu avec nos baguettes et les sorts que nous connaissions. Alice était assez en avance sur moi dans son cursus scolaire, mais j'espérais tout de même lui en mettre plein la vue bien qu'elle doive certainement connaitre les sorts que je comptais faire. Et puis, de toute manière, ce serait une bonne occasion de se préparer pour la rentrée en faisant un petit récapitulatif de ce que j'ai appris lors de la première année.

J'avais déjà une idée de comment commencer cette session alors sans même lui répondre, je dégainais ma baguette fraichement sortie de ma poche dans sa direction, prenant quelques secondes pour me concentrer, canaliser mes émotions et visualiser l'effet du sort, j'effectuais la gestuelle associée en prononçant la formule associée au sort : « Colloshoo ».

Immédiatement, je le sentais au plus profond de moi, le sort avait fonctionné, j'observais sa réaction en lui laissant le temps de répliquer, en espérant au fond de moi que ce ne serait pas trop violent pour autant.

Éclatant de rire face au sortilège elle lui dit "tu ne me l’as pas déjà fait l’an dernier au parc quand je t’ai offert ceci ?" dit-elle en pointant du doigt la bague. Lançant le contresort afin de libérer ses pieds, notre petite protégée sort sa baguette de sa manche assez délicatement en regardant dans le vide. Fermant les yeux, l’enfant choisi un sort apprit en début de troisième année "iMMObulus", une lumière bleue sort alors de sa baguette.

Le sort avait marché, la jeune fille était vraiment contente, car la gestuelle à réaliser n’était vraiment pas simple. Ensuite, lançant un deuxième sort tout délicat, Alice choisie le sortilège de marionnette également appris en troisième année "mobiliCORpus". Portant doucement Aaron, elle reste bien concentrée et le pose, dans l’herbe en face d’elle.

Prenant ensuite la parole notre petite protégée dit "c’est des sorts que j’ai appris en troisième année ! J’espère en apprendre encore plus en quatrième année. Je suis contente d’avoir réussi, tu aimes ? Je ne t'ai pas fait mal au moins hein ?". L’Anglaise se penche et lui tends la main avant d’ajouter "tu maîtrises bien tes sorts, tu me montres ce que tu sais faiiiire d’autre monsiiiiieur Smith ?". Il faut dire qu’aujourd’hui elle avait de l’énergie et de la joie à revendre, un beau sourire sur son visage, l’enfant ajoute "je t’aime !".

- Moi aussi, je t'aime !
Malgré mon esprit de compétition, je ne pouvais pas la laisser sans réponse, ce qui l'aurait fortement inquiété. Mais je ne pouvais pas non plus me laisser faire et transporter comme un vulgaire pantin, alors je repris la parole assez rapidement :
- Très impressionnant... mais il en faut plus pour me surprendre ! Lashlabask !

Je profitais du fait d'avoir discrètement sorti ma baguette et de son inattention pour lancer un nouveau sortilège de première année. J'avais tout de même pris soin de viser ses cuisses pour éviter tout risque que le coup de fouet puisse la blesser ou lui faire trop mal, sachant que cette partie du corps était assez résistante, la peau épaisse et recouvert du tissu de son uniforme. Malheureusement, j'étais déjà bientôt à cours de sortilège, ceux appris en première année ne sont que trop peu efficace et le seul que nous avions pu voir en deuxième année étant le charme du bouclier. Je pourrais potentiellement m'en servir pendant la phase de défense selon ce qu'elle décide de faire pour répliquer, n'oubliant pas que j'avais toujours cette corde à mon arc.

En attendant, je me contentais d'observer l'effet de mon sortilège qui avait encore une fois bien fonctionné, sans trop de surprise. Espérant pour qu'elle n'ait pas trop mal à cause de moi tout de même. Nous étions, certes, en plein duel, mais je n'étais pas là pour l'amocher à vie non plus...

Le jeune homme ne se laisse pas déstabiliser par ses sentiments, à peine, la réponse avait franchi ses lèvres qu’il lance un nouveau sort. Dans les cuisses, Alice tombe en arrière sur les fesses. Le sort un peu mal réparti entre ses deux cuisses avait laissé transparaître une discrète grimace à la jeune fille qui observe rapidement sa cuisse droite avant de répondre "pas mal !".

Ce qui était sûr, c’est que la quatrième année ne lui laisserait pas la merveilleuse satisfaction de pouvoir frimer pendant une semaine sans s’être donnée à fond ! Petite, gamine comme elle était la Smith en aurait sûrement eu les larmes aux yeux, mais actuellement, la Gryffonne était quasiment sûre qu’il n’y avait aucune marque et à part un faible picotement, la brune ne ressentait rien. Et pour être honnête, ce n’était pas sa priorité.

Mais après quelques secondes de réflexion, la jeune fille n’avait plus trop d’idées de sort ni même de motivation, le sol était bien confortable. Lançant un "orchideus", elle tend au beau Serdaigle, le bouquet de sa victoire. Baillant rapidement, notre petite protégée lui dit "tu as gagné !". Sans trop savoir pourquoi l’Anglaise était vraiment épuisée. Cette nuit, elle s’était endormie assez vite et tôt, et le réveil était plutôt tardif, pourtant ses yeux piquaient et l’énergie lui manquait un peu. Ça devait être bien étonnant - elle-même n’en revenait pas - car il était rare d’avoir sous les yeux une Alice en manque d’énergie. Même triste, ses mains ne cessaient de bouger et ses yeux de regarder partout d’un air curieux.

Alors qu'elle était au sol, elle pointait sa baguette dans les airs et commença à articuler une nouvelle formule « Orchideus », malheureusement, je ne connaissais pas cette formule et j'étais déjà sur mes gardes, la baguette à la main, prêt à me défendre avec le sortilège adapté. Alors comme par reflex, par instinct de survie, je prononçais l'incatation « Protego ! » tout en pointant ma baguette en direction d'Alice. En voyant la fleur apparaitre, derrière ce magnifique et grand bouclier bleu témoignant de la réussite du sort, je ne pus m'empêcher de laisse tomber ma baguette au sol en explosant de rire face à la situation plus que cocasse à mes yeux.

Une petite arrière pensée traversait tout de même mon esprit, celle que j'aurais bien aimé pouvoir observer ce qu'Alice avait encore en réserve, qu'elle me montre l'étendue de son savoir appris au travers de ses 3 premières années d'étude. Mais au final, elle me concéda bien rapidement la victoire, mais le tout étant accompagné d'une jolie fleur, malgré mon esprit taquin, je ne pouvais pas me permettre de surenchérir là dessus. Toujours la petite douleur liée au rire dans les abdominaux, je saisi la fleur tout en la regardant droit dans les yeux de ce regard charmeur qui m'habitait naturellement. L'instant était assez amusant, et comme d'habitude : mémorable. Je savais que ce serait le genre d'anecdote dont nous nous rappellerions dans des mois voire des années.