Un cadeau pouvait-il à la fois être génial et empoisonné ? Même si ce n'était évidemment pas l'intention du camarade qui avait offert ce magnifique objet à Narcisse, ce dernier n'en était pas moins dans une sacré mouise désormais. Le week-end dernier, quelle ne fut pas la surprise de Narcisse constater qu'on lui avait offert un magnifique échiquier. Au début, il pensa qu'il allait faire un peu doublon avec celui qu'il possédait déjà dans sa valise, mais après une minutieuse observation, il constata qu'il était fort différent. Les pièces n'étaient pas les mêmes, et lorsqu'il avait voulu le tester, il tomba des nues en observant les pièces se déplacer elles-mêmes et se détruire l'une l'autre ! Au début horrifié, ce sentiment s'est très vite transformé en joie inconditionnée ! Il était tellement impatient de pouvoir le montrer à sa mère qui était une fan d'échecs et lui avait tout appris.

Mais sa joie fut de courte durée et il reçu une véritable douche froide quand il appris ce que genre d'objet était strictement proscris dans son monde. Il s'était rongé les sangs toute la nuit, car buté comme il était, il voulait absolument le rapporter chez lui et partager enfin un peu de magie avec sa famille ! C'était totalement injuste ! Après réflexion, il avait demandé conseil à un camarade plus âgé, qui lui avait recommandé d'aller consulter Mister O'Lake, professeur d'étude des moldus.

Narcisse trouvait un peu bizarre qu'il existe un pareil prof, mais en se rappelant que certains n'avaient parfois jamais rencontré de moldus ni même grandi avec eux, cela tombait plutôt sous le sens.

Et le voilà donc, campé devant la porte de son bureau, l'échiquier concerné sous le bras, un air déterminé et buté affiche sur le visage. Il toqua aussi poliment qu'il put à la porte, attendant que le professeur lui autorisé l'entrée.

@Lancelot O'Lake En espérant que ce premier post vous plaise !

Le silence était d’or ce lundi-là ; je me trouvais dans le bureau attenant ma salle de classe et y rangeais les derniers arrivages littéraires que m’eût envoyés ma mère au cours de la semaine écoulée. Je devais rester à la page selon elle. Cependant, je ne lui en voulais pas ; si cela me permettait de découvrir de nouveaux genres littéraires ou de modernes auteurs que je pourrais mentionner en cours en plus d’utiliser les éternels classiques comme le furent Jean-Paul Sartre ; Molière ; William Shakespeare ; Arthur Rimbaud ou encore Sir Arthur Conan Doyle ; même si je possédais la connaissance que je pouvais sans doute faire don des doublons « involontaires » à Owen, enfin, il fallait pour cela que je lui en parlasse quand je le croiserai.

Néanmoins, tout cela subsistait comme une activité plaisante bien que je fusse interrompu par un coup contre la porte principale de la salle de leçon. Abandonnant alors mon refuge, je pris la direction de cette séparation entre mon « monde » et la vie scolaire me demandant quelle personne de ce lieu emblématique avait besoin de me voir. À ma plus grande surprise, se fut un étudiant de classe inférieure ; un élève que je reconnaissais bien puisqu’il eut assisté à l’initiation de la matière que j’avais introduite le premier mercredi de cette année pédagogique : le jeune Narcisse Brando. Que me voulait-il ?

— Monsieur Brando, y a-t-il un problème ? Que puis-je faire pour vous aider ?

Légèrement décontenancé par l'ouverture de la porte par le professeur, Narcisse ne perdit toutefois pas concentration très longtemps. Il prit le jeu d'échec entre ses mains, le tenant devant lui, comme pour montrer un objet dérobé rapporté.

« B'jour m'sieur ! Euh, ça ! C'est un échiquier sorcier c'est ça ? En fait, on m'la offert, et j'étais super content, parce que j'adore les échecs vous voyez. Enfin, surtout ma mère, du coup j'étais super impatient d'lui rapporter pour jouer avec elle. Mais j'ai entendu qu'on avait pas le droit de ramener ce genre d'objet chez nos parents si c'étaient pas des sorciers ? C'est vrai ? »

De colère et révolte, Narcisse était passé à enragement. Il se sentait incroyablement frustré, un si bel objet, si raffiné et bien fait, avec une telle originalité dans son concept, le fascinait. Mais le plus important était de pouvoir faire au moins une partie avec sa mère ! Rien de plus ne comptait pour lui. Alors le simple fait d'imaginer être dans l'incapacité de le rapporter, ça le rendait fou. Surtout pour une explication aussi absurde que ses parents n'étaient pas sorciers, les deux connaissaient l'existence de ce monde ! Alors pourquoi diablevert n'aurait-il pas le droit d'apporter cet innocent échiquier chez lui ?

Ce professeur lui avait fait bonne impression lors du cours découverte, et cette sensation n'avait toujours pas changée. Étonnamment, le simple fait de se lever pour aller ouvrir soi-même la porte en disait long. Aucun des autres profs ou adultes à qui il avait rendu visite ne s'était comporté de cette manière. Mais cela ne changeait rien à la situation, et au fait qu'il appréhendait fortement la réponse de Mister O'Lake.

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Un oratoire particulièrement rapide provenant de Narcisse me surprit ; il semblait tant être dans une phase de pure panique ce qui me parut bien singulier. Et pourtant, d’une certaine manière, je compris immédiatement ses ressentis ; la peur de le décevoir me prit de cours : nous avions donc besoin d’un dialogue plus clair et peut-être qu’une solution se mettrait en face de nous.

— Effectivement, c’est une question assez intéressante, mais vous donner une réponse de façon si abrupte n’est nullement mon intention. Alors, entrez et allons dans mon bureau ; vous aurez sans doute ainsi l’occasion de vous détendre quelques instants afin que nous discutions de manière bien plus posée.

Je lui cédai la place dans le dessein de le faire acquérir l’accès à la classe ; surtout, à mon bureau personnel que j’ouvrisse d’un simple petit coup de baguette afin de ne pas lui couper la route. Dans l’office se trouvèrent chaises, meuble de travail, bibliothèque, photos non magiques ainsi qu’une bien vieille guitare ; pourtant, j’aspirai lui laisser — pour plus de bien-être — la possession de ma chaise à roulette.

— Installez-vous, Monsieur Brando, à moins que vous aimiez le tutoiement ainsi que l’utilisation de votre prénom ? Et désirez-vous quelque chose à boire ou à manger, j’ai bien quelques sodas moldus comme du Coca-cola sauf si vous demandez autre chose ?

La plus belle manière de débuter une conversation dans le calme était de proposer tous ces extras de commodité et de remise en condition — en quelque sorte — par rapport au contexte qu’il souhaitait entreprendre ; s’il fallait parler de notre monde d’origine, je me devais de l’utiliser comme base de confort et il deviendrait bien plus simple de s’imaginer les solutions à la circonstance dont Narcisse voulait discuter.

Narcisse se retrouva de nouveau fort décontenancé. En effet, Mister O'Lake était bien différent de Miss Montmort ou Miss Valerion. Tenant son échiquier, il s'avança avec lui dans son bureau. La sensation était particulièrement singulière : retrouver après presque 3 semaines de départ la familiarité de son monde ne manqua pas de laisser une vague de nostalgie le frapper de plein fouet. Il déposa l'échiquier problématique sur le bureau, avant de se hisser du mieux qu'il put sur la chaise, ses pieds ne touchant absolument pas le sol.

« Euh... j'vous remercie, mais les boissons gazeuses et moi, ça fait deux haha, n'hésitez pas toutefois. »

Il gardait d'assez mauvais souvenirs des boissons à bulles, surtout du Coca. Oh, tous les caprices que son estomac avait pu faire juste après qu'il n'en ait bu ne serait-ce qu'une canette. Narcisse ignorait malgré tout totalement s'il préférait le tutoiement.

« J'suppose qu'on peut essayer l'tutoiement si vou... tu veux. »

Ok, c'était définitivement quelque chose de bizarre, et un drôle de doute lui vint.

« Enfin, uniquement si vous proposez c'traitement à tous les élèves et pas qu'aux nés non-sorciers. Ce s'rait pas juste. »

Il aurait en effet été inenvisageable pour Narcisse de bénéficier d'un traitement différent de ses camarades simplement à cause de sa naissance. Il trouverait ça totalement absurde. En observant le bureau, il remarque nombre de références. Et il ne put retenir le développement de sa sympathie pour Mister O'Lake, pour le moment, tout lui parlait ou presque, à croire qu'il faisait cela exprès, mais ça le fit sourire.

Il attendait la réponse du prof, il tenait à clarifier la question du tutoiement avant de continuer outre mesure la discussion. Il n'avait pas envie de bafouiller entre le "tu" et le "vous" à chaque phrase, de un, ça serait purement insupportable, et de deux, fort peu pratique.

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Le questionnement provenant de l’élève me fit sourire ; il était vrai que peu eussent eu droit à cette observation ou ce privilège, mais jamais, il ne fut fait par une préférence de sang. Je ne pouvais pas me permettre de faire aux autres ce que je ne désirais pas que l’on me fasse.

— Je te rassure, je m’autorise plus facilement ceci depuis que j’ai entrepris le rôle de professeur surtout quand ce sont des discussions privées comme celle que nous entretenons en cet instant. Et il n’y a pas de préférence, tous les élèves sont à mes yeux égaux même si les prémices de l’enfance en conditionnent certains dans l’opposé de mon propos ; un sorcier est un sorcier, qu’importe son ascendance. La famille aide à la personnalité, mais la maîtrise des sorts crée le mage et sa possibilité de les placer habilement fait qu’il est puissant ou non. Du moins, ce n’est que mon avis.

Je me sentais divaguer de l’objectif premier de cette rencontre, mais cette élucubration me paraissait nécessaire afin de le mettre dans une position de confort.
Lentement, je tendis une main vers son échiquier enchanté afin qu’il pût le désister sur la table ; une méthode, pour moi, d’apporter les explications à ses interrogations tout en lui démontrant la logique à ce jeu plus que particulier.

— Une partie te tenterait-elle ? Ainsi je pourrais répondre à tes questions d’une manière plus concrète. Mais, je dois t’avouer que cela fait bien des années que je n’ai plus ordonné à des pions de se déplacer.

Alors que Narcisse se grattait la tête en écoutant Mister O'Lake, il finit petit à petit par approuver ce qu'il disait. Plus particulièrement le fait qu'il avait l'air d'avoir passé du temps à réfléchir à la question. Mais bizarrement, ce n'était pas une discussion qu'il souhaitait avoir sur le moment, il n'avait pas eu le temps d'y réfléchir, et il savait qu'il pouvait facilement se laisser emporter dans ce genre de situation. Il eut un petit pincement au cœur en pensant à ses parents.

Puis il carra les épaules, des étoiles dans les yeux et un petit sourire malicieux aux lèvres en l'entendant proposer une partie. Voilà un domaine avec lequel il était à l'aise. Il sortit donc les pièces d'échec, et il parla en les disposant avec une aisance évidente de celui qui a l'habitude de jouer.

- Bon dans c'cas, j'pense qu'ça pourrait m'convenir. Et ce s'rait avec plaisir !

Il en était aux deux tiers des pièces placées.

- Mais du coup, pour c't'histoire d'interdiction, pourquoi j'aurais pas l'droit d'amener c't'échiquier chez moi ? J'comprends vraiment pas...

Il ne plaça pas les deux derniers pions noir et blanc, il en pris un dans chaque main, qu'il plaça derrière son dos jusqu'à oublier dans quelle main était quel pion, puis il tendit les poings fermés face au prof.

- Choisis !

Il n'avait aucune préférence pour la couleur des pièces. Il perdait quoi qu'il arrive face à sa mère, et elle gagnait peu importe la couleur avec laquelle elle commençait. Et même que plusieurs fois, il avait perdu alors qu'elle lui avait laissé plusieurs coups d'avance !

Je ressentis une sorte de gêne lorsqu'il me tutoyât pour la première fois ; c'était compréhensible : on ne pouvait pas se voir permettre une telle chose tous les jours. Pourtant, je désirais que mes élèves se sentissent à l'aise en dehors des cours. Après tout, nous étions tous et tous humains malgré bien des différences.

Narcisse prépara ensuite le terrain de la partie, il était difficile de choisir un camp dans tous cela, car en tant que premier à jouer, on pouvait avoir un adversaire qui trouvait possibilité de contre et nous devions à la fois préparer une défense à l'offensive tout en devant d'autre part attaquer : enfin, cela ce n'était qu'une théorie moldue. Pour l'échiquier sorcier, il fallait aussi faire preuve d'autorité sur les pièces pour être certains qu'elles ne s’entretinssent pas au sein d'un même camp et qu'elles ne contredisent pas les ordres en s'alignant sur une case que l'on ne désirait pas user. Et il allait le comprendre et comprendre en quelque sorte pourquoi ce jeu, ne pouvait pas être usé en face de moldu même si personne n'y jouait. Rien ne laissait entrevoir les possibilités d'action d'un échiquier magique surtout quand on avait pas l'œil dessus.

─ Étant donné qu'il s'agit de ton échiquier, je vais te laisser commencer la partie. Et ainsi aussi me poser toutes les questions qui peuvent te passer par la tête.

Narcisse eut un petit temps d'hésitation, durant lequel il regarda ses poings. Il était fort rare que ses adversaires ne piochent pas, et encore plus rare que les camps soient volontairement choisis. Mais comme il s'agissait d'une partie cordiale, il n'y avait pas de mal à ce qu'il commence, il supposait. Il eut toutefois un petit sourire taquin alors qu'il reposait les pièces sur l'échiquier. Soit, ce prof savait ce qu'il savait, et n'aimait pas commencer pour avoir le loisir de répondre aux coups de Narcisse, soit il s'agissait réellement de pure politesse. Mais ces considérations n'eurent que peu d'impact sur l'esprit du garçon, qui s'était déjà concentré sur le premier coup.

- Ça m'va. Mais du coup, j'voulais surtout savoir, pourquoi j'peux pas ramener cet échiquier chez moi ? Même si mes parents sont pas sorciers, il sont sérieux ! Et ma mère est trop forte aux échecs, c'est pas juste.

Il prit ensuite le pion blanc en E2, qu'il entreprit de vouloir déplacer en E3.

- Et... Hm ?

Il fut surpris et se figea en constatant que la pièce ne bougeait pas. Il leva les yeux vers son prof, les joues virant légèrement au rouge. Puis il força un peu plus pour la bouger, mais rien à faire, elle restait inébranlable. Il essaya même à deux mains, et après plusieurs longues secondes, lâcha la pièce en poussant un grand soupir d'effort. La forme du pion s'était imprimé dans la pulpe de ses doigts.

- J'voulais bouger mon pion en E3 mais... Ah !!?

Il fut proprement ébahi de voir le pion de mouvoir de par lui même, à la case demandée. Il demeura ainsi interdit plusieurs secondes, à fixer le plateau, ouvrant de grand yeux.

Je vis son désarrois dans son regard lorsque j'énonçasse l'idée qu'il commençât le jeu ; à la fois, cela était une marque de respect, mais dans un autre temps, cela pouvait permettre l'acquisition de réponse à l'ensemble de ses questions même si j'espérais pas le décevoir à ce jeu tant je pouvais me sentir rouiller ; en même temps, avoir un meilleur ami/ancien amant platonique qui n'appréciait pas la logique magique et deux meilleures amies dont les envies étaient bien aventureuses que l'envie de partager une partie d'échec. Mais ce n'était pas chose à retenir contrairement à la surprise qui envahissait peu à peu le corps de mon pseudo-opposant : il découvrait que le jeu était bien différent de ce qu'il aurait pu imaginer. La magie irradiait de cet échiquier, et cela n'était que le début.

─ Je conçois entièrement le fait que tes parents peuvent être des gens plus que sérieux, mais comme exprimé en début d'année, la magie peut avoir certains inconvénients et pas des moindres. En plus de devoir être gardiens du secret, tes parents vont devoir, tout comme toi découvrir chaque aboutissement de tes pouvoirs, et cela peut passer par le loisir. Le jeu d'échec en fait, malheureusement, partie. Comme tu as pu le voir, les pièces ne bougent pas manuellement, il faut une commande orale ; mais elles peuvent aussi ─ une fois que certains sorts appliqués dessus se désagrègent ─ prendre vie et agir seule, alors devant des moldus cela pourrait mettre en péril notre secret...

Il y avait un certain regret dans ma voix ; tout ce que j'exprimais fut l'essence même d'une majorité des évènements de ma vie : j'avais détesté faire vivre à mes parents des incidents magiques sans pouvoir même leur en expliquer le fonctionnement, car tout n'était que résultat de découvertes au fil du temps où je devenais véritablement un sorcier.

─ Sinon, Cavalier G8 déplace-toi en F6 !