Nous allions partir le lendemain. Rentrer dans nos foyers pour les vacances scolaires. Enfin, presque tous, à ce que j'ai compris, certains élèves restent ici pendant cette période. Je ne sais pas si cela est voulu ou pas mais personnellement je n'échangerais ma place pour rien au monde : cela fait près de 4 mois que je suis partie et j'ai hâte de retrouver mes proches. Cela ne veut pas dire que je n'apprécie pas le temps passé ici mais je n'ai jamais été séparée d'eux physiquement aussi longtemps. Et notre échange épistolaire ne remplace décidément pas le téléphone. Malheureusement, ici, ce genre d'objets est proscrit.
C'est la fin de la journée et nous nous rendons tous au dernier repas de l'année scolaire 2046 : le banquet !
Ici, ce genre de repas prenant des airs festifs revêt une tout autre dimension : tout est fait en plus grand déjà. Et puis, sûrement que l'ambiance est favorisée par toute cette neige qui tombe de temps à autre depuis quelques jours.
Une heure plus tôt, j'étais encore dehors à marcher dans la poudreuse, emmitouflée dans ma cape d'hiver, mon bonnet noir au pompon bien descendu sur mon front, une belle écharpe en laine et bien évidemment mes gants. J'étais rentrée ravie, un peu fatiguée et m'étais préparée rapidement pour le banquet.

En rentrant dans la Grande Salle, je lève les yeux machinalement pour regarder le plafond magique, me demandant ce que les professeurs nous ont concoctés. Une multitude d'étoiles parsèment les cieux ensorcelés et une fine neige semble tomber même si elle ne nous atteint pas. Voir ce spectacle me fait rapidement penser au dernier cours d'Astronomie où on étudie les astres célestes en tout genre, les planètes, les étoiles, les comètes... et je me demande brièvement si le professeur d'Astronomie a aidé à l'élaboration du plafond enchanté ce soir.

Alors que je me rends vers la table des Poufsouffle, je tourne machinalement la tête quand j'entend un cri sur ma gauche. Apparamment des petits plaisantins ce sont amusé à jeter un sortilège de Glacius sur le sol quelques mètres plus loin : deux élèves en font les frais, une des filles bat des bras pour tenter de garder l'équilibre tandis que l'autre s'écrase sur les fesses, sous les rires de quelques élèves.
Rahlala... certains élèves ont un humour bizarre. Heureusement, les deux élèves ne se blessent pas outre mesure, je vois de loin que les élèves s'écartent d'un coup. Sûrement un professeur qui vient voir ce qu'il se passe. Ça va barder pour les farceurs, qui que ce soit.
Je m'assois à table où je retrouve avec plaisir mes camarades de dortoir et de promotion. Avec intérêt, je regarde la décoration de la table. À l'instar des murs, il y a là quelques couronnes de houx méticuleusement placées à certains endroits de la table ainsi que des bougies et des pommes de pins peintes en argent et or. Quand tout le monde est installé, et après le discours de la directrice, les plats apparaissent comme par magie et le repas commence. Il y a toujours un certain brouhaha pendant les repas et le fait que la Grande Salle soit vaste et avec une hauteur sous plafond non négligeable fait que le bruit peut être assez conséquent. Ce soir ne fait pas l'exception, et on entend ça et là des rires fuser et des sortes de petites explosions quand des crackers magiques explosent. Le dessert arrive et alors que je me suis bien remplie le ventre jusqu'ici, mes yeux brillent devant tous les plats plus appétissant les uns que les autres. Je me sers de pudding bien sûr puis de mince pies avant de me demander s'il me reste de la place pour de la bûche. J'en aperçois une qui a l'air succulente.
J'entends alors un rire provenant de l'autre bout de la table, je me penche et avise un garçon riant à gorge déployée. Je me demande s'il rigole naturellement comme ça ou bien s'il est victime d'un sortilège genre Rictusempra. Pas le temps de me poser davantage de questions quand je vois apparaître un petit lutin qui gambade joyeusement sur le centre de la table, créature inventée par magie et guidée par un élève de la table - vi sa baguette - sous les acclamations de certains de ses camarades. Le lutin « magique » fini par glisser et se rétame la tête la première dans un plat de pudding, ce qui déclenche l'hilarité d'une partie de la table, moi y compris. Je pouffe de plus belle quand le lutin relève la tête, du pudding glissant lamentablement par morceaux de son visage, tel un mucus marronnâtre. Puis il s'évanouit tel un courant d'air. L'enchantement est terminé. J'espère réussir un jour un tel tour de passe-passe.

Le repas terminé, nous rentrons joyeusement à nos maisons respectives, les couloirs s'emplissant du brouhaha présent dans la Grande Salle. Ah, c'était quand même un chouette banquet, je dirais même unique !