Mercredi 4 Décembre 2047,
Fin d'après midi
Avec @Narcisse Brando

Copain toujours visible du coin de mon œil, je m'avance en sautillant dans l'herbe fraîche. Lui, il observe le ciel et je sais qu'il se demande quand est-ce qu'il va neiger. Il aime ça, Copain. La neige le fait toujours sourire mais après avoir joué dedans avec moi, il tombe souvent malade. Sa santé est fragile, parfois j'aimerais qu'il fasse plus attention à lui. Il ne m'écoute pas souvent, après tout, je pense qu'il ne me comprend pas trop non plus.

Aujourd'hui, il m'a emmené jouer dehors sans Clivia et même si elle me manque déjà, j'aime courir dans l'herbe. Comme à chaque fois que Copain me laisse m'éloigner, je suis à la recherche de quelque chose qui brille. Quand j'en trouve une, je lui ramène et il la range dans sa poche. Ca ne me dérange pas qu'il les garde parce qu'après il joue avec et crée des choses mais parfois il oublie de les retirer de ses poches et quand je veux m'allonger dans sa veste, ça me tire les poils. Mais bon, quand ça me fait mal comme ça il est toujours près de moi et j'ai le droit à des câlins pendant longtemps. Il m'en fait souvent, et depuis un mois encore plus. Il s'endort contre moi et même si c'est très dur, j'essaie de tirer la couverture sur ses épaules en la prenant entre mes dents.

Je pousse l'herbe avec ma truffe. Même si je suis plus grande que les autres boursoufflets, j'ai du mal à y voir correctement là dedans. Je fais attention aux bruits et aux ombres pour ne pas trop me rapprocher des pieds des autres élèves, surtout de ceux que Copain n'aime pas. Clivia m'a raconté comment une fille que Copain n'apprécie pas l'a jeté par la fenêtre la dernière fois alors j'espère ne jamais la croiser. Je n'aimerais pas qu'elle me fasse la même chose, surtout parce que je ne sais pas ce que Copain fera sans moi. Il est trop fragile, il faut que je m'occupe de lui. Il ne saura pas faire tout seul sans moi, même avec Grand frère. Copain aime Grand frère mais je n'arrive pas très bien à savoir quel prénom il a. Il me parle d'un "Owen", mais aussi d'un "Ennis" et aussi de "Domhall" et "Diarmuid". Parfois, quand il me dit un de ces mots, il m'emmène manger alors peut être que "Owen" est un mot pour dire "manger" dans la langue étrange que les humains chez qui il a passé l'été parlent parfois.

Soudain, un éclat dans l'herbe brille sous la lumière du soleil et je couine de joie. Copain sera ravi d'avoir quelque chose qui illumine tant ! Ca me fait presque mal aux yeux quand je m'approche mais cela semble parfait pour lui. J'appuie avec mes petites pattes sur la sangle du gros objet en tissu pour que le brillant soit à portée de dents. Puis, je l'attrape et je tire de toutes mes forces. Ca ne se détache pas et je sautille autour de l'objet en tissu pour trouver un meilleur angle. C'est un sac, je pense. Je le sais parce que Copain m'en parle certains matins. Il me regarde et me dit "Piou, je ne sais même pas quoi mettre dans mon sac aujourd'hui". Il finit toujours par y mettre des papiers et des bocaux tout plein d'un liquide noir. Je pense qu'il n'y a donc rien d'intéressant dedans mais le morceau qui brille l'est. Je dois le prendre, Copain sera ravi.

Cependant, un petit homme s'approche et je lève les yeux sur lui. Il est bien plus grand que moi, mais beaucoup moins que Copain. Est-ce ce qu'on appelle un "enfant" ? Je couine plus fort en sautant aussi haut que je le peux pour qu'il me voit et je mordille à nouveau l'objet brillant. Il pourra m'aider à le récupérer et je pourrais l'amener à Copain.

Décembre ! Enfin ! Comme Narcisse adorait ce mois. Et cette saison, et tout ce qui les accompagnait ! D'autant qu'il avait la chance de ne pas craindre le froid. Cela était sûrement dû au fait qu'il n'avait pas peur du ridicule, et que son bonnet de noël trop grand lui tenait la tête bien au chaud, ainsi que sa robe trop grande. Enfilant ses mitaines en sortant du château, il avait envie de se promener dans le parc aujourd'hui. Parce que pourquoi pas, respirer un bon coup l'air frais, faire un peu d'exercice même, ou encore une petite sieste ! Bien enroulé dans sa grosse et épaisse écharpe, ce serait l'idéal.

Le temps est encore au beau fixe, mais Narcisse n'attendait qu'une chose : La neige. Faire des batailles de boules de neige, des bonhommes de neige, des anges, et pleins d'autre choses qu'on pouvait faire avec la neige ! Il marcha un instant, profitant de l'air calme et glacé qui lui emplissait les poumons, laissant échapper des petits nuages de brume à chaque expiration. Il se sentait vivant et éveillé, vif d'esprit, il aurait été dommage de gâcher cela par une sieste. Posant son sac adossé à un arbre, il allait donc simplement méditer.

Alors qu'il s'apprêtait à s'asseoir sur le sol gelé, il entendit un petit bruit. Une sorte de cliquetis métallique et des froissements de tissu. Il se redressa, cherchant des yeux l'origine du bruit, empli d'une curiosité soudaine et toute-puissante. Il fit le tour de l'arbre, et le bruit diminua. Il devait donc, en toute logique, provenir de... Qu'est-ce que c'était que cette petite bestiole ?

Une sorte de petites boules de poils toute ronde, en train de se hisser sur son sac, et de tirer de toutes ses forces sur la boucle de sa sangle. Pris d'une énergie apparemment inépuisable, le petit animal mystérieux sautilla autour de son sac, avant d'apparemment remarquer la présence de Narcisse. Mais contrairement à ce qu'attendait ce dernier, il ne s'enfuit pas, bien au contraire. Il couina davantage et plus fort, tout en faisant des petits bonds, avant de s'attaquer à nouveau au sac de Narcisse !

Par nature, Narcisse adorait tous les animaux, sauf les grenouilles, traumatisme d'enfance. Mais il n'avait jamais vu cette bestiole auparavant. Il s'agenouilla à côté de lui, circonspect, mais entièrement sous le charme de la mignonnerie de cette petite boule de poils, qui semblait déterminé à s'emparer de sa boucle !

- Coucou toi ! Mais qu'est-ce que t'es ?

Il tendit délicatement la main vers la petite boule, la touchant doucement du bout du doigt. Constant qu'elle ne lâchait pas la boucle, il la prit gentiment dans sa main droite pour la soulever du sol et la regarda de plus près.

- T'es tout mignon !

Il tourna l'animal vers la boucle de son sac.

- C'est ça qu'tu veux ?

L'apparent empressement de la boule de poils confirma bien ses impressions, il voulait désespérément cette boucle.

- Attends j'vais t'aider.

Des boucles, il en avait d'autres, sa mère prévoyait toujours ce genre de chose, et il avait appris à coudre, alors qu'est-ce que ça pouvait bien lui coûter d'en donner une à un petit animal ? Il savait que les Nifleurs aimaient collectionner les choses brillantes, peut-être était-ce une sous-espèce ? Il déposa la petite boule sur le sol avant de s'appliquer à découdre la boucle habilement. En la détachant, il se redressa en prenant la petite boule dans ses bras, pour lui donner la boucle qu'il saisit joyeusement entre les dents, couinant énergiquement.

- Gouzigouzigouzi...

Narcisse commença alors à lui grattouiller ce qu'il estimait être son ventre, faisant bien attention de ne pas le laisser tomber. Mais il ne comptait pas se séparer de cette boucle sans au moins avoir grattouillé un peu plus cette petite bestiole.

A la recherche du moindre signe d'un nuage neigeux, Edwin parcourait le ciel des yeux avec mélancolie. Décembre n'avait pas eu énormément de signification pour lui, et encore moins depuis qu'il était à Poudlard. Il lui semblait que c'était toujours une journée qui se terminait par de la déception. Mais, cette année, cela changerait sûrement. Le Serpentard n'osait pas trop demander à Owen ce qu'il avait prévu pour Noël, de peur de se faire rejeter mais il espérait encore beaucoup que son grand frère ne lui parle d'une possible soirée. Oh, bien sûr pas quelque chose d'extraordinaire, car il préférait largement la chaleur d'un feu et d'une conversation à l'ambiance d'une soirée à la musique si forte qu'il aurait les oreilles sifflantes pendant trois jours. Ce Noël, ça allait être différent, tout du moins il l'espérait vraiment. Une petite partie de lui ne pouvait pas non plus s'empêcher de se demander s'il recevrait un cadeau de sa mère, même s'il pensait que son espoir était, encore une fois, jeté par la fenêtre pour rien. Elle l'avait à peine fait même quand il vivait avec elle, alors pourquoi se serait-elle mise à changer maintenant qu'elle avait encore plus de raison de le détester ?

Quant à son père, Edwin le savait trop occupé par ses autres enfants pour songer à son fils ainé. Il n'avait de toute façon jamais été d'une grande importance pour lui. Après le divorce de ses parents, c'est comme s'il n'avait plus existé que pour leur rappeler leur mariage. Son père le fuyait et sa mère s'y accrochait comme à une bouée en pleine mer. C'était déprimant, mais au moins Edwin n'avait jamais eu à choisir chez qui passer ses vacances. Son père avait refait sa vie et Edwin ne s'était jamais senti à l'aise dans sa nouvelle famille, comme si elle ne faisait que lui rappeler que la sienne s'était brisée il y a longtemps. A part les quelques cadeaux de Noël et d'anniversaires, qui avaient fini par ne plus affluer il y a quelques années, Edwin n'avait pas vraiment eu de contacts avec son père depuis bien 10 ans. Deux trois visites quand il avait presque neufs ans, mais Edwin avait bien compris qu'il ne faisait plus partie de la famille de Newt Wellhister.

L'adolescent poussa un long soupir. Pas de neige pour aujourd'hui. Il se cacha un peu dans l'écharpe qu'il avait volé à Owen - même si l'aîné avait semblé plutôt d'accord - et fouilla les herbes autour de lui du regard. Son petit boursoufflet n'était nulle part en vue, mais pour autant ce n'était pas affolant. Edwin lui avait apprit comment se faire voir dans l'herbe pour ne pas être blessée par d'autres élèves et il ne doutait pas du sens de l'orientation de Piou. Elle reviendrait toujours se coller contre son mollet, il en avait l'habitude. Il avait cependant envie de rentrer et commença à chercher par lui même sa petite boule de poils rose pétant.

En ce moment, Piou était une des seules choses qui le faisait véritablement dormir sereinement. Il n'était pas un mensonge de dire qu'Edwin la considérait comme un membre de sa famille. Il se serait volontiers jeté par la fenêtre avec elle pour la rattraper si Carry avait eu le malheur de l'y envoyer. Ou alors aurait-il préféré passer ses nerfs sur l'autre. Il ne savait plus trop. Cette famille était maudite, et s'il avait eu le malheur de toucher un cheveux de Carry, ils se seraient sûrement vengés pendant...

Il se gratta la joue par réflexe, à l'endroit où se trouvait précédemment sa cicatrice. Il la sentait toujours parfois. A un moment donné elle avait été la seule preuve qu'il avait vécu quelque chose et il l'avait chéri pour ne pas tout oublier. Aujourd'hui, il donnerait n'importe quoi pour se débarrasser de la sensation grouillante sous sa peau. Il avait parfois envie de se gratter la joue juste pour se décharger de toute la peau contaminée. Il sentait qu'elle l'était. Malgré le fait que la cicatrice ai disparu depuis longtemps, c'était comme s'il pouvait encore la sentir sous ses doigts. Il l'avait regardé des heures, en avait mémorisé chaque recoin, chaque bosse. Il savait qu'une partie de lui ne l'oublierait pas.

Les couinements de son boursoufflet le réveillent et il ne tarde pas à apercevoir son petit animal.. à se tortiller dans les mains d'un élève. Bien loin de s'apercevoir du malentendu ou de remarquer que l'élève, en plus d'être minuscule, ne semble pas menaçant, il s'en approche à grands pas et lui agrippe le col de la robe d'une main, le soulevant sans trop de difficulté. Sur le coup, il ne semble pas trop capter le poids plume du petit première année.

Lâche la. croasse-t-il, la voix rauque des cauchemars de la veille. Tu veux pas connaitre l'autre option. Elle est plus importante qu'une retenue ou qu'une exclusion.

Narcisse découvrait avec plaisir les joies de caresser une petite boule de poils. Il n'avait jamais vraiment eu d'animal chez lui. Non pas que ses parents soient contre, mais ni l'un ni l'autre n'avaient le temps de s'en occuper, et Narcisse était trop petit pour pouvoir le faire lui-même. Mais ils en avaient reparlé récemment, et l'idée commençait à doucement se faire son chemin dans les esprits de ses parents de lui-même.

- Oh bah oui t'es tout mignon toi... Oh bah oui...

Une petite idée lui traversa la tête : peut-être que cette petite boule de poils ferait un bon animal de compagnie ? Pas cet individu en particulier, peut-être qu'elle avait déjà un propriétaire, ou qu'elle était sauvage ? Dans le deuxième cas, elle était sacrément familière avec les humains.

Des bruits de pas le tirent de sa réflexion, et il se redresse en observant la grande perche qui s'approche de lui. À peine eut-il le temps de sourire qu'il se fit agripper puissamment par le col. Les réflexes de Narcisse manquèrent d'avoir le dessus. Ses yeux parcoururent l'adolescent, repérant les endroits où le tranchant de sa main aurait pu le frapper. Sa gorge était à découverte. Mais il secoua rapidement la tête, revenant à la réalité.

Il demeura interdit durant un instant face à la demande de l'inconnu, il plissa les yeux, avant de penser comprendre, et il ouvrit de grands yeux.

- Oooh, ça ?

Il leva la main dans laquelle était posée la boule de poils roses.

- C'est à toi ? Elle était en train d'essayer d'me voler ma boucle d'sac. J'lui ai offert, elle avait l'air d'y t'nir !

Si il y a encore un instant, Narcisse se visualisait déjà comment se défendre contre cet assaillant, il comprit rapidement que tout ceci n'était qu'un sombre malentendu. Un grand sourire déformais désormais ses lèvres, les joues rougissantes sous le froid, tandis qu'il tendait l'animal en direction de son propriétaire, la boucle en métal toujours en possession de l'animal inconnu.

Edwin resta interdit quelques instants devant le Poufsouffle devant lui. Trop habitué à la violence, Edwin se serait attendu à une réaction plus... Agressive. Des insultes, des tentatives de coups. Essayer de jeter le boursoufflet, des coups de pieds ou un cri strident. Enfin, en bref, tout sauf... ça. Cette espèce de joie trop enfantine pour être réelle qui le désarçonna tellement qu'il laissa le gamin retomber sur ses pieds. C'était tellement étrange, même après qu'il ai apprit qu'il n'y a pas que les coups et les cris pour se faire des amis après son arrivée à Poudlard. Il n'était pas encore prêt à rencontrer quelqu'un comme ça. Merlin, il était encore pire qu'Infini, et le Gryffondor était déjà d'un niveau particulièrement haut sur l'échelle de la naïveté enfantine et joyeuse.

Edwin se racle la gorge et pose sa main sur le bas de son visage pour cacher ses joues rouges. Mon dieu, ce gamin est adorable. Un mélange entre un humain et un petit animal. Un écureuil par exemple. La honte lui attrape les tripes et il détourne les yeux, les mains moites. Merde. Il n'avait pas vraiment réfléchit avant de se précipiter sur lui, mais vu la réaction du Poufsouffle, Edwin ne pouvait pas se trouver d'excuses pour son comportement.

Le plus grand tend les mains, les joues toujours roses de gêne et attrape Piou qui lui grimpe bien vite sur l'épaule pour se glisser entre son cou et son écharpe. Ses poils rafraichis par le vent lui donnent la chaire de poule mais ont le don de calmer son cœur qui s'emballait dans sa poitrine. Il avait eu peur, et il se sentait vraiment débile pour ça. Sérieusement, qui avait peur à longueur de journées ? Il n'était pas faible, ce n'était pas un bébé pleurnichard et pourtant il se comportait presque comme tel. Pathétique, lui souffle son esprit. Le mot pour te décrire, c'est pathétique.

Une excuse fleurit sur ses lèvres, mais il ne parvient pas à prendre assez sur lui pour la dire à voix haute. Au lieu de ça, il essuie ses mains moites sur son jean et se mord la lèvres inférieure, venant encore une fois maltraiter la pulpe déjà bien massacrée au cours de la journée. Après quelques secondes à calmer son souffle, Edwin parvient enfin à relâcher ses épaules tendues.

C'est... C'est un boursoufflet. Elle s'appelle Piou. finit il par dire, la voix râpeuse contre son palais. Elle est trop curieuse... désolé pour ton sac.

Il papouille du bout des doigts la peluche dans son cou avant de récupérer la boucle qu'elle tenait entre ses dents et de la tendre au garçon sous les couinements mécontents de Piou. Elle a l'habitude de me ramener tout ce qui brille. Pour que je bricole. Je pourrais te la recoudre, je suis doué avec des aiguilles.

Pour l'amour du ciel, il devait presque se pencher pour voir entièrement l'autre, il était si petit. Comment avait-il pu être assez con pour penser qu'un truc comme ça pourrait lever le petit doigt contre Piou ? Elle le ferait basculer d'un coup de tête ! Il pince ses lèvres et regarde du coin de l'œil le petit animal T.. t-t'en avais jamais vu ? Né moldu ?

En retombant souplement sur ses pieds, Narcisse baissa sa garde. Réajustant ses vêtements avec un sourire. Même si sa mère aurait désapprouvé le fait qu'il se relâche si facilement, en cet instant, il n'arrivait pas à imaginer son aîné redevenir agressif. Une grande tristesse s'en dégageait, mais Narcisse était incapable de le concevoir précisément, il le ressentait simplement, sans être en mesure de le saisir pleinement. Il laisse finalement partir le petit animal mystérieux avec un salut de la main et sourire, le trouvant vraiment trop mignon et amusant, pouffant de rire en le voyant se blottir dans l'écharpe de l'aîné.

Son sourire s'agrandit en entendant le nom de cet animal. Un boursouflet hein ? Et bien, tiens-toi bien, les prochaines vacances, il s'en procurera un, sans le moindre doute.

- Oh Piou ! Comme piou-piou ? J'adore ! C'est trop mignon ! Et t'inquiète pas pour mon sac, j'ai des boucles de rechange.

Lorsque l'aîné lui rendit cette boucle, il la refusa, un sourire aux lèvres, avant de pouffer de rire, secouant la tête et agitant les mains.

- Oh j't'en prie ! Garde-là, j'en ai d'autres comme j'disais, et pis c'est qu'une boucle, Piou avait l'air d'l'aimer, donc j'pense qu'ça lui f'ra plaisir d'la garder !

Narcisse avait l'habitude de regarder les gens d'en bas, et il ne s'en formalisait pas, les mains sur la taille, les joues rouges. La question du serpentard le fit pencher la tête sur le côté, arquant un sourcil et lui faisant faire une moue de perplexité.

- Euh... Mes parents sont pas sorciers ouais, j'savais pas qu'la magie existait avant qu'Miss Miller vienne chez moi haha ! Mais j'm'habitue vite, j'adore la magie !

Il se frotta l'arrière de la tête, légèrement embarrassé par le fait d'être littéralement un petit nouveau dans ce monde. Ensuite, il tendit la main vers son aîné, un sourire encore plus grand aux lèvres.

- Au fait, yo ! Moi c'est Narcisse, Narcisse Brando !

Edwin sourit doucement et enfonce la boucle dans son sac quand l'autre lui propose de la garder. C'est bien un Poufsouffle, il n'y a qu'eux pour être gentils et généreux comme ça. Edwin doutait qu'à sa place, il ait laissé la boucle à l'autre, surtout si on lui avait à moitié volé en premier lieu. Mais il imaginait déjà quelque chose avec, et pour sûr, il l'offrirait à ce petit bonhomme. Cela lui rappellera un souvenir, Edwin espérait qu'il soit un bon. Il ne voulait pas que l'autre garde en tête leur rencontre catastrophique, alors lui offrir une petite figurine bricolée pourrait peut-être effacer le mauvais comportement qu'il avait eu. Son cœur se serrait un peu à l'idée d'avoir pu faire du mal à quelqu'un d'autre sans raison. Il n'aimait pas ça, Edwin, être méchant, même si beaucoup pensaient qu'il était juste une brute. Parfois, il ne pouvait simplement pas s'en empêcher, la colère débordait de lui comme un tsunami et elle embarquait toute sa retenue au passage. Le pire, c'était quand elle était poussée par l'angoisse : à ce moment-là, il devenait quelqu'un qu'il détestait. Si on lui avait demandé, la personne qui prenait sa place à ces instants n'avait rien de comparable avec lui. C'était juste complètement quelqu'un d'autre.

Il rigole doucement et hoche la tête. Ouais, comme un petit piou piou parce qu'elle est très énergique parfois, mais c'est surtout parce que les Boursoufflet couinent quand ils sont contents, et elle, on dirait qu'elle fait "pioup ! piou !" Il pose sa main sur son épaule et serre légèrement la main Merci pour la boucle, je te ferais un petit truc avec.

Edwin n'arrive pas à se défaire de son sourire quand l'autre explique sa vie familiale. Il est heureux que celui-ci se fasse au monde de la magie beaucoup plus facilement que le Serpentard. C'est mieux, ça manque les enfants comme lui, qui sourient tout le temps et semblent juste... Insouciants. Narcisse, puisqu'il s'appelle comme ça, a l'air d'une boule de guimauve, mais quelque chose se passe dans sa tête. Edwin ne sait pas trop ce qui accompagne cette gentillesse qu'a le jeune Poufsouffle, mais il y a quelque chose d'autre. Il ne va pas pousser, parce qu'en fait ça ne l'intéresse pas tant que ça. Tout le monde a ses secrets, et on ne montre jamais son vrai soi aux autres. On porte tous un match, tout le temps, mais c'est juste la société qui veut ça. C'est comme ça, ça ne change rien au fait qu'il a l'air mignon.

Moi c'est Edwin Wellhister, mais si tu veux, tu peux m'appeler Ed. Et t'en fais pas, je suis né-moldu aussi, t'as l'air de t'en sortir vachement mieux que moi. Il relâche l'épaule de l'autre pour lui serrer la main doucement. Qu'est-ce qui te plaît le plus dans toutes les choses que tu découvres cette année ?

Narcisse regardait Edwin avec un sourire, avant d'éclater de rire en jetant un coup d'œil à son boursouflet, les yeux écarquillés. Il adorait les petits surnoms, et l'idée qu'on ait ainsi nommé un petit animal simplement à cause de son comportement, il trouvait ça hilarant et adorable.

- Ooooh j'vois ! C'est vrai qu'c'est un peu c'qu'elle faisait quand elle s'acharnait sur ma boucle haha !

Il serra ensuite la main de son nouvel ami avec un immense sourire, fermant les yeux alors que le haut de ses joues rougirent doucement. Narcisse aimait beaucoup les poignées de main, et c'était ainsi qu'il sympathisait avec tout le monde, hommes comme femmes.

- Enchanté Edwin !! Ok, va pour Ed, j'aime bien c'est rapide !

Il rouvrit les yeux en penchant la tête sur le côté, fronçant légèrement les sourcils sous la confusion de sa dernière phrase.

- Tu t'en sors mal ? Comment ça ? T'as des difficultés avec les cours !? Oh si tu veux j'pourrais t'aider un peu ! Enfin, juste un p'tit peu, j'connais presque rien, mais travailler ensemble ça motive toujours !

Il vint claquer le dos de la main d'Edwin qu'il serrait, souriant à nouveau, et hochant la tête, sûr du fait qu'ils pourraient mutuellement s'apporter le meilleur. Puis il lâcha sa main pour venir se frotter le menton en attrapant son biceps avec l'autre main, levant le regard en l'air un court instant.

- Mh... Juste pour les matières, j'adore la défense et les sortis !! C'est mes matières préférées ! J'adore utiliser ma baguette et la magie, mais j'adore tout ici ! C'est trop bien ! J'adore la magie j'crois hihi. Et toi ?! Comment ça s'passe Poudlard pour toi ?

Un sourit naquit à nouveau sur son visage. Sûrement qu'à force de sourire à l'autre, il allait se faire des crampes aux joues. L'autre avait fait changer son mood stupidement facilement. Peut-être que cela voulait dire que les choses commençaient à aller mieux. Ses petits moments de déprime et de réflexion sur sa vie avant Owen étaient de moins en moins durables dans le temps. Malgré la grosse rechute de début Novembre, les choses allaient de mieux en mieux.

Il faillit frotter la tête du petit Poufsouffle en geste d'affection avant de se raviser. C'était dingue, d'habitude les premières années l'indifféraient mais celui-ci avait l'air... Il ne savait pas trop, sûrement moins chiant que les autres. Plus mignon aussi. Elle le fait quand elle est contente, je suppose que ta petite boucle brillante l'a mise dans tout ses états.

Un petit rire passa la barrière de ses lèvres quand l'autre lui proposa de l'aider en cours. Edwin pressa simplement son épaule en signe de reconnaissance même s'il doutait sérieusement que l'autre puisse l'aider en quoi que ce soit. Ils avaient tout de même deux année de Poudlard d'écart. Et puis Narcisse devait s'intéresser à ses cours avant d'en apprendre plus sur les sortilèges et devoirs d'Edwin. C'était bien un comportement de Poufsouffle de vouloir aider les autres au détriment de sa propre avancée.

C'est gentil mais je pense pas que tu puisses m'aider. Concentre toi sur tes cours, c'est plus important.

Réfléchissant quelques secondes à la question de l'autre, il prit le temps de penser à une vraie réponse. Avec son temps à Poudlard, il avait pu se trouver de grandes affinités avec certaines matières, et de l'animosité envers d'autres. Le vol, par exemple était une matière qu'il n'appréciait pas beaucoup. Parler de Quidditch tous les quatre matins ça devenait rapidement chiants. En plus, il n'aimait pas non plus les parties pratiques à cause du vertige qui le prenait dès qu'il posait ses fesses sur un balais. Un jour, peut-être qu'il saurait voler comme un pro mais il en doutait fortement.

Mes matières préférées c'est les sortilèges et les runes. Je suis un peu nul pour lire et écrire des runes mais je trouve ça passionnant. C'est difficile mais Owen - mon grand frère - m'a déjà offert des cadeaux avec des runes dessus. J'aimerais apprendre plus dans cette matière pour pouvoir faire pareil. J'adore bricoler et pouvoir créer des trucs avec de la magie apportée par les runes c'est fascinant. C'est aussi pourquoi j'adore les sortilèges, on peut faire tellement de trucs avec ces deux matières.

428 mots

Narcisse pouffa d'un petit rire en penchant la tête sur le côté lorsqu'Edwin lui expliqua le comportement de son boursouflet. Ok, c'était décidé, il en aurait un aussi, un jour ! L'idée d'avoir une petite boule de poils qui l'accompagnait et laquelle il pourrait s'occuper en y consacrant toute son énergie avait quelque chose de profondément fascinant. Puis il lui répondit qu'il ferait mieux de se concentrer sur ses propres cours.

Ses lèvres se tordirent en une petite moue pensive et boudeuse, le temps qu'il lève les yeux au ciel pour réfléchir. Mh... Est-ce qu'il était d'accord avec cette idée ? Après, bon, c'est sûr, il ne serait peut-être pas d'une grande aide à son aîné, qui avait l'air d'avoir plusieurs années d'avance sur lui. Mais d'un autre côté, on apprenait toujours mieux à plusieurs, on pouvait se stimuler mutuellement et s'apporter énormément. Enfin... ouais, en l'occurrence, l'apprentissage serait ici peut-être un peu trop unilatéral.

Soit, il hocha la tête d'un air résigné en posant ses mains sur ses hanches.

"Mh, ok... j'suppose qu't'as raison, mais bon, hésite pas sinon !"

Le regard de Narcisse passa d'incroyablement joyeux à confus lorsqu'Edwin mentionna son attrait pour les sortilèges puis les runes. Les... runes ? Il arqua un sourcil sous la confusion et la réflexion, et écouta le reste de ses paroles, en tentant de comprendre ce qu'il pouvait bien baragouiner. Ses doigts vinrent frotter son menton doucement.

"Les runes... Euh... c'est... quoi ?.. Enfin, ça a l'air stylé, mais, c'est magique comme truc ? Oui, probablement, euh, ça s'apprend en quelle année ?"

Il pouffa d'un petit rire déconfit en abandonnant pour le moment l'espoir de comprendre pleinement les enjeux de ce mot. Peut-être plus tard, pour le moment, trop abstrait.

Et même plus tard, il se découvrirait une grande antipathie envers cette matière, ainsi qu'une absence totale de talent et d'instinct. Oups.