APPARENCE : Jogging gris, crop top blanc à fines bretelles, chaussettes blanches, Air Jordan 1 argentées.
• Cheveux plaqués et attachés en une queue de cheval haute.
• Trait d'eyeliner noir, mascara noir, gloss transparent, cicatrice non camouflée.

Leann attendait patiemment, allongée sur le canapé d'angle beige dans sa chambre, l'arrivée d'Ava. Elle avait été dispensée d'entrainement aujourd'hui, et profitait de ce répit pour lire 古都, déjà bien entamé à cause d'une nuits à veiller, à cause de cet ouvrage plus qu'intéressant, bien qu'elle ne soit pas la plus grande fan de Chieko, elle ne rechignait pas à le lire en entier.
Soudain, quelqu'un frappa à sa porte et lui signifia qu'une invitée était arrivée. Chaussant ses Jordan, elle traversa rapidement l'entièreté de la demeure, ayant oublié de poser son livre sur sa table. Elle n'avait aucune crainte quant au fait que quelqu'un puisse la voir dans cette tenue plus que basique - un jogging gris, un crop top et des baskets - mais ce n'était qu'Ava, avec qui elle partageait un dortoir, alors elle l'avait déjà vu en pyjama.

Passant devant le bureau de son père, elle tendit l'oreille et ralentit, tentant d'entendre quelque chose. Quelques bribes lui parvinrent aux oreilles avant que la porte ne se ferme toute seule avec fracas. Bon *repérée*. Sa mère quant à elle, était occupée avec une pile de lettre à envoyer. Bon, elles seront tranquilles pour discuter. Un signe de la tête salua sa génitrice, et la Sepentard se pencha à la fenêtre pour apercevoir un elfe de maison - Laza - ouvrir le grand portail menant sur les jardins couverts de neige. Se dépêchant de plus en plus, elle arriva finalement à la porte principale qu'elle ouvrit avec quelques difficultés, et attendit que la brune la rejoigne, ne souhaitant pas s'aventurer dans le froid si légèrement vêtue (et ne voulant pas abîmer ses chaussures, peut-être).

La petite arriva devant la demeure de son amie, emmitouflée dans son manteau et une grosse écharpe en ces temps froids. Elle avait décidé de visiter Leann pour discuter un peu et lui souhaiter de joyeuses fêtes de fin d’année avant son départ chez ses cousins maternels. Un petit sourire naquit sur ses lèvres à cette pensée. Ces vacances de Noël allaient être inoubliables.

Le grand portail fut ouvert par un elfe de maison que la fillette remercia chaleureusement avant de reprendre son chemin. Ses yeux n'eurent guère le temps de s'attarder sur l'immense jardin de la résidence : en effet, Ava vit la porte s'ouvrir sur une silhouette semblant appartenir à son amie de l'autre côté du jardin et s’empressa de la rejoindre.

— Salut, ça va ? la salua-t-elle en souriant, une fois arrivée à son niveau.
— Si je pouvais ôter mon frère de mon esprit, je te répondrais oui. Et toi ?
— Pareil.

L’irlandaise se rendit compte ensuite que Cole et elle étaient fiancés et se demanda si évoquer son frère en sa présence était judicieux. Elle ouvrit la bouche pour ajouter quelque chose, mais se ravisa.
Son regard se porta ensuite sur son amie. Celle-ci était habillée simplement, mais elle restait tout aussi jolie, lui donnant une fois de plus l’impression d’être ridicule à ses côtés.

— Tu fais du combien ? lança-t-elle, distraite. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas mesuré sa propre taille, s’épargnant sans doute la déception que causait le constat qu’elle n’avait pas grandi depuis l’été. Leann devait faire... vers fin un mètre-soixante ?

Paroles de Leann vues avec sa Plume.

Laza passa en vitesse à côté des deux Serpentard, récoltant un hochement de tête de la part de Leann, signifiant qu'elle pouvait y aller et un sourire de son amie. L'elfe haussa les sourcils et s'arrêta un instant, mal habituée à ce qu'on lui sourit, et le lui rendit maladroitement.
Devant cette scène, la blonde reste perplexe, mais silencieuse.
Une fois Laza partie, elle invita Ava à entrer et fut obligée de passer devant le bureau de sa mère, qui ne fermait jamais la porte. Celle-ci, à la vue d'Ava, lui sourit en la saluant d'un signe de la main. Les yeux de sa filles se levèrent, excédée, et elle ferma la porte d'elle-même, soustrayant par la même occasion la brune de son regard acéré. Avant de claquer le battant, elle déclara en japonais :

- S'il vous plaît, ne gâchez pas tout.

Et elle reprit le chemin vers sa chambre, montant les escaliers en marbre jusqu'à un large couloir décoré de dizaines de tableaux représentant un sorcier différent à chaque fois. A sa connaissance, Ava n'avait jamais eu l'occasion d'emprunter ce passage pour se rendre dans la chambre de Leann, celle-ci ayant pour habitude de l'y emmener par l'arrière.

Lorsqu'Ava répondit, Leann souffla du nez, amusée. Elles étaient toutes les deux dans des situation similaires, mais opposées en même temps. La blonde trouvait cela amusant.
En entrant dans la grande pièce au milieu de laquelle trônait un king size à baldaquin beige, allant avec la décoration sobre de la chambre, la plus jeune s'arrêta. *Tu fais du combien ?* comment ? *Tu fais du combien ?* pourquoi lui demandait-elle cela ? *Tu fais du combien ?* Leann baissa les yeux vers la dizaine de centimètre de peau que laissait voir la coupe de son haut. Et son ventre parfaitement plat était à présent en forme de rond, gonflé, à ses yeux. *Tu fais du combien ?*

- ... Quoi ?

Pour quelle raison Ava lui demandait-elle cela ? Ses cuisses ne se touchaient pas, mais elle avait désormais l'impression que si, jusqu'à sentir le frottement de celles-ci entre elles. Avait-elle pris du poids ? Non, peu probable... Ava ne la trouvait-elle pas assez mince ?

Les deux Vert et Argent passèrent devant le bureau de la mère de Leann, qui salua Ava d'un sourire accompagné d'un petit signe de main. Celle-ci lui rendit son sourire, inclinant légèrement la tête et marmonnant un « Bonjour » inintelligible. Ava ne savait jamais si faire un signe de main à un adulte était synonyme de manque de respect ou de politesse, ainsi elle se contentait d'un petit hochement de tête pour la plupart des fois.

Leann dit quelque chose en japonais qu'elle ne comprit pas mais vu son regard, elle ne semblait pas ravie de voir sa mère. La petite se demanda pourquoi, mais ne lui posa pas la question, la jugeant trop déplacée. Leann la guida jusqu’à un couloir dont les murs étaient agrémentés de portraits de sorciers. Tiens, elle n’était jamais passée par ici. La brune observa les tableaux avant d’entrer dans sa chambre, qu’elle avait eu l’occasion de voir à plusieurs reprises.

— Tu fais du combien ? répéta-t-elle un peu plus distinctement et plus fort. C’est juste pour comparer avec moi.

Ava se mit sur la pointe des pieds avant de reposer ses talons contre le sol, réitérant ce mouvement plusieurs fois, ne se doutant pas un instant du malentendu qu’elle avait créé avec la formulation de question qui prêtait à la confusion.

Alors elle avait bien entendu. *C'est juste pour te comparer avec moi.* Ava était bien plus fine, Leann ne savait. Cela ne fit qu'accroître son sentiment de mal-être immédiat. Ciel, que la vie pouvait être injuste. Et si Ava ne la trouvait pas suffisamment fine, peut-être que le reste allait dans le même sens ? La cicatrice qui barrait son visage ? Était-elle trop voyante ? Trop laide ?
Pourquoi lui disait-elle cela ? Étais-ce une vengeance ? A cause de son mariage avec Cole, peut-être, ou cela remontait-il à plus loin encore ?

Elle serra les poings et se dirigea vers son dressing dans lequel elle disparut le temps de trouver un pull à capuche qu'elle avait volé à son frère. Elle l'enfila rapidement, écrasant par la même occasion l'humidité dans ses yeux, et retourna vers Ava.

- Je fais du 32. J'espérais que tu ne sois pas comme les autres, mais j'ai eu tort. Que pouvais-je attendre d'un traitre à son sang ?

Cette dernière phrase, elle l'avait prononcée en français, partant du principe que si Cole pouvait le parler, sa sœur également.
Une boule semblait obstruer sa gorge, et après ça, elle se sentit incapable de sortir un seul mot, comme paralysée. Du 32... était-ce trop grand ? Pourtant, la plupart de ses connaissances lui répétaient qu'elle était sublime... De l'hypocrisie ? Cela expliquerait beaucoup de chose.
Son visage se referma complètement en fixant la brune, et elle s'assit sur son lit.

Ava plissa les yeux en la voyant serrer les poings. Y avait-il un problème ? Ava cligna des yeux dans l'incompréhension lorsque Leann lui répondit faire du trente-deux. Se rendant enfin compte du malentendu qu’elle avait créé, elle se tapa le front intérieurement, exaspérée par sa propre stupidité. La troisième année commença un « Non, je voulais dire- » lorsque la blonde continua. *Hein ? Comme les autres ?* La brune ouvrit la bouche pour répliquer quelque chose, mais Leann continua en français.

— Que pouvais-je attendre d'un traitre à son sang ?

La fillette déglutit difficilement. D'accord, elle avait mal formulé la question. D'accord, elle savait que Leann prêtait beaucoup d’importance à son apparence et Ava ne pouvait en aucun cas la blâmer d'être irritée par sa question. Mais n'avaient-elles pas cessé de parler de leurs visions du monde totalement différentes afin d'éviter les débats interminables et sans issue ?

— Je pensais qu'on arrêtait d'en parler. J'pensais qu'on avait enfin réussi à faire abstraction de tout ça, souffla-t-elle, son visage ayant quitté son sourire. Le regard de la jeune fille se ternit, mais demeura planté dans celui de son interlocutrice.

N'avait-elle pas fermé les yeux sur toutes les probables insultes qu'elle avait dû cracher sur les nés-moldus ? N'avait-elle pas résisté à la tentation d'intervenir, faire quelque chose pour y remédier, dans le simple et égoïste but de maintenir leur amitié ?

Les poings toujours serrés, elle serra la mâchoire pour s'empêcher de pleurer. Elle le faisait souvent ces temps-ci, à l'abri des regards. *Tu deviens faible, l'amitié de ne te réussit pas.* Ses ongles précédemment enfoncés dans sa chair parvinrent à déchirer sa paume, et elle relâcha la pression immédiatement en sentant le picotement. Bien que peu profondes, les dix entailles laissaient s'échapper un petit filet de sang qui coula le long de ses doigts, et vinrent tâcher le sol de marbre. Laza ou les autres allaient devoir faire un petit tour par ici.

Le sourire d'Ava disparut aussitôt, plongeant la pièce dans une froideur étrange, peu semblable à celle de l'extérieur. Une atmosphère plus lourde s'abattit sur les deux Serpentard qui se fixaient désormais de la même façon. *C'était juste pour te comparer à moi* Ah, évidemment. Que pouvait-elle croire ?

Ava reprit la parole. Faire abstraction ? Le croyait-elle sérieusement ?

- Ha, tous les jours j'y pense, à la manière dont je hais mon frère à tel point que même le regarder me répugne, pourtant je faisais un effort pour toi, parce que j'étais persuadée qu'un jour tu retrouverais la raison.

Elle fit une pose, les yeux secs, s'interdisant de faire couler la moindre larme. Cela n'en valait pas la peine. Elle n'avait plus le droit.

- Avais-je eu tort ?

Soupirant, elle reprit avec un sourire carnassier collé au visage, tant pis maintenant, elle était lancée :

- Et un moldu Ava... Bien heureusement qu'il est mort, qui sait ce qu'il se serait passé si il était encore là ? Je pense que tu ne serais pas là si ce sous-être vivait encore.

Tellement mal placée pour faire un reproche de la sorte, et pourtant entrain de le faire.
Elle avait déjà dit nombre de choses terriblement blessantes à ses prétendus amis, mais jamais quelque chose de tel. Se rendant compte de cela, elle laissa tomber ses mains et ses épaules, et écarquilla imperceptiblement les yeux.

- ...

Non, rien ne sortit. Elle ne pouvait pas s'excuser. *Tu deviens comme elle.*

Le souvenir de l'accident que sa remarque fit ressurgir la percuta avec une telle force qu’elle en oublia de respirer.

Une odeur métallique envahissant ses narines. Les cris des personnes et la sirène de l'ambulance moldue retentissant autour d'elle. Son regard, perdu dans le vide, incapable de se poser sur le corps de son ami. La panique et la peur prenaient les rênes de son esprit. Rien, plus rien n'était sous contrôle.

Sa poitrine se souleva pour la forcer à inspirer une bouffée d’air, la ramenant à la réalité. Ava se reprit et cligna des yeux pour chasser les larmes qui commençaient à monter. L'irlandaise leva les yeux vers la blonde, qui affichait un sourire. La stupeur dans son regard se mua aussitôt en un profond dégoût. Elle sait parfaitement ce qu’elle fait.

Une terrible rage, une envie viscérale de se jeter sur elle et lui faire ravaler ses mots à coups de poings et de pieds la submergea alors. Pourtant, elle ne fit rien. La petite resta à une bonne distance de celle qui fût autrefois son amie, reculant même un peu pour s'éloigner d'elle. Peut-être était-ce parce qu'elle était consciente qu'elle ne serait pas de taille face à l'anglo-japonaise dans une confrontation physique. Ou encore parce qu'elle n'avait aucunement envie de toucher ce... *Monstre*. Les deux, sans doute.

— En effet, je ne serais pas là. Je serais avec lui. Il a beau ne pas être sorcier, au moins n'était-il pas une marionnette dont les ficelles sont tirées par sa propre famille, incapable de dire quoi que ce soit d'autre que ce qu'on lui a dit d'raconter. Tu me dégoûtes. Je me dégoûte d'avoir pu penser que tu avais du bon en toi.

Le visage toujours déformé par ce sourire qu'elle ne parvenait pas à ôter, la blonde cessa tout mouvement à l'entente de la réponse d'Ava. *Elle a raison.* C'était indéniable, tout ce qu'elle disait était vrai. Leann savait pertinemment ce que son - désormais - lointaine amie pensait d'elle. Un monstre, ce n'était pas la première à le penser, mais bien la première à ne pas lui jeter cette insulte au visage. L'expression qu'elle arborait sur son visage changea. Croyait-elle pouvoir échapper à ce que lui préparait sa famille ? Quelle naïveté, elle qui trouvait qu'Ava avait de l'esprit, elle s'était lourdement trompée. Elle restait plantée dans le regard de la brune, luttant contre l'envie de défigurer ce visage qu'elle avait complimenté lors du Bal.
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Leann n'était nullement en colère. Mais frustrée que quelqu'un lui parle comme ça. Oui, Ava pouvait deviner sans difficulté ce que Leann se retenait de lui faire.

Soudain, la première partie de sa réponse lui revint en tête. *Je serais avec lui.* Elle aurait préféré sa compagnie. *Je ne serais pas là.*

- Qu'attends-tu ?

Le début de culpabilité qu'elle avait ressenti avait été balayé comme une poussière, et désormais elle ne pensait qu'à une chose, faire mal à Ava. Le plus possible. Leur amitié avait existé, mais avait désormais complètement disparu.

Ava écarquilla les yeux devant ses propres mots. C'est sous l'effet de la colère que la vérité se dit. Cette phrase lui vint à l'esprit, mais elle s'empressa de l'oublier. Non, c’était faux et elle ne le pensait pas. L’irlandaise resta muette un instant, hésitant à revenir sur ses mots. Cependant, la Hartley fut la plus rapide.

La violence de ces quelques mots la laissait coi, effaçant sa culpabilité telle une gomme faisant disparaitre un trait de crayon de la surface du papier en un mouvement. Rien que de repenser à la question — mal formulée, certes, mais anodine — qui était à l'origine de cette altercation lui arrachait un pincement au cœur.

La relation entre Leann et elle avait été tumultueuse par moments. Juste avant que la blonde ne prononçât ces mots, cette altercation aurait peut-être pu être rattrapable, à l'instar des autres disputes qu'elles avaient eu auparavant. Cependant il était clair maintenant que ce n’était plus le cas. Leann voulait sa mort. Et ce constat eut l'effet d'une claque.

Ne trouvant rien à ajouter, la troisième année pivota ses talons et reprit le chemin qu'elles avaient emprunté en silence. Une fois hors du champ de vision de Leann, elle s'essuya rageusement les yeux humides avec sa manche. Aucune larme n’avait coulé le long de ses joues, et elle ne se permettrait pas du contraire. Du moins, pas devant Leann.