Comme tous les mercredis matins, Ennis s'était rendu à son cours d'Histoire de la Magie. Cet enseignement n'était pas réellement celui qu'elle préférait à Poudlard, ce que ses proches savaient. Et pourtant, malgré un intérêt parfois difficile à garder malgré l'entrain donné par l'expérience de l'épreuve des BUSE, elle continuait de travailler cette matière au maximum de ses possibilités. Mais hiérarchie faisant, l'étude de l'histoire était souvent reléguée après toutes les matières que la châtain trouvait bien plus attrayante, après le russe, l'occlumencie, les entraînements et même le français - quand il lui fallait une excuse pour ne pas avoir à ouvrir un livre sur le sujet. Ce qui faisait que sur un sujet plus compliqué pour elle, le maintient de ses notes était beaucoup plus hasardeux.

Pour preuve le devoir qui venait de leur être rendu. Ce n'était pas qu'elle n'avait pas travaillé ou même compris, c'était - et elle le savait - autant lié à la méthode qu'à un entrain moindre sur les dates et évènements fondateurs de l'histoire des sorciers. Loin d'être catastrophique, la lettre qui trônait en haut de sa copie lui tira une grimace. Et pour cause en lieu et place des E, voir des O sur les sujets où elle se plaisait le plus, c'était un A qui s'affichait à l'encre rouge. Les commentaires indiquaient qu'il n'y avait rien de catastrophique et que le E n'était pas passé très loin, mais elle s'en serait bien passé. De la même manière qu'elle se serait passé de la demande de Miss Lydon de rester à la fin du cours et qu'elle se passerait du hibou paternel qui n'allait pas manquer de déposer une missive devant elle dès qu'il aurait connaissance de son bulletin.

Le moment de rejoindre la Grande Salle était venu et l'intégralité des sixièmes années suivant l'enseignement de l'irlandaise était exactement en train de rejoindre ce lieu. Mais pas Ennis qui, affaires rangées dans son sac, attendait, bonne dernière et devoir en main, de pouvoir donner son parchemin en sortant. Sauf qu'elle ne sortait pas: "Vous vouliez me voir Miss?" Interrogea la préfète en chef de son accent irlandais indéniable.


@Áine Lydon

Le cours de la matinée à présent achevé, les étudiants de sixième année se pressaient vers la sortie, rendant leur devoir un à un à la professeure qui les saluait avec le sourire. Fort heureusement personne n'avait oublié de le faire ce jour là, ce qui permis à la jeune O'Belt de pouvoir rester en toute discrétion. Du moins relativement. Áine referma la porte, récupéra le devoir de la jeune fille et, les bras chargés de parchemins, s'approcha de la porte de son bureau, invitant son élève à la suive :
- En effet, je crois qu'il est temps que nous ayons une petite discussion toutes les deux. Venez, dans mon bureau nous y serons plus tranquilles.
Son ton était posé, plutôt bienveillant.

Après avoir invité la jeune fille à s'assoir et s'être déchargée dans un de ses tiroirs, la jeune femme referma la porte d'un coup de baguette puis sorti d'un autre tiroir un parchemin qu'elle déroula à plat. Bien qu'à l'envers, la lionne pouvait aisément voir qu'il s'agissait d'un résumé de ses notes sur l'année en cours, avec des remarques ajoutées sur les points non-acquis et/ou à améliorer. Un second parchemin fut également sorti et mis de côté. Puis, Áine braqua son regard dans celui de l'élève :
- Je pense que vous vous doutez de pourquoi nous avons ce tête à tête. J'aimerais que nous discutions de tout ceci, elle désigna de la main les notes présentes sur le parchemin étalé, après l'avoir retourné pour qu'il soit face à l'élève. Je m'inquiète pour vous. Vous êtes sortie de votre BUSE avec une note plus qu'excellente, je crois bien me souvenir que sur votre épreuve orale vous avez même frôlé la perfection. Or depuis quelques temps vos notes baissent drastiquement. Pour le moment, ce n'est pas très handicapant et remonter vous demandera un peu de travail mais rien d'insurmontable pour une élève brillante. Néanmoins, si vos notes continuent de dégringoler, cela va devenir de plus en plus difficile et surtout, pour votre dossier scolaire, cela pourrait être très dommage.
La jeune femme soupira légèrement, puis repris :
- C'est mon devoir de vous avertir à ce propos, mais je ne doute pas que vous en soyez consciente, ce qui amène d'abord cette question : Comment vous sentez-vous en ce moment ? Face à vos cours et en règle générale ? Face à l'Histoire de la Magie ?
Elle avait été un peu directe, mais connaissant la rigide adolescente, Áine espérait qu'un petit "choc" l'aiderait à fissurer sa coquille et à se livrer. L'adulte ne pouvait aider la jeune fille que si cette dernière acceptait de se montrer et de recevoir cette aide.

La professeur d'Histoire de la Magie n'avait jamais été particulièrement sévère avec elle, même après l'avoir surprise avec Jeffrey en haut de la Tour d'Astronomie après le couvre-feu. La sanction qui était tombée s'était trouvée relativement juste et ce n'était que parce que cela avait ravivé des souvenirs profondément désagréable qu'Ennis avait été particulièrement bouleversée pendant la retenue. Non, l'adulte avait été juste. Mais la préfète-en-chef n'y pouvait rien, elle restait sur la défensive auprès de ses professeurs de la gente féminine. Elle ne leur faisait que difficilement confiance, ne parvenait pas à s'ouvrir. Et puis pour quoi faire quand elle avait trouvé les personnes auprès de qui elle parvenait à exprimer ce qui n'allait pas et pourquoi. Lui permettant par la suite de faire un peu de tri. La tout jeune adulte législativement parlant suivit donc son enseignante jusqu'à son bureau sans mot dire, s'asseyant sur son invitation et attendant que cette dernière ne s'exprime après avoir étalée devant elles ce qui semblait être son relevé de notes et de commentaires dédiées à la matière qui venait de les occuper quatre heures durant.

Ennis acquiesça. Elle n'était pas bête, loin de là, et n'avait pas spécialement besoin d'aide pour remarquer que ses résultats en Histoire baissaient légèrement depuis quelques temps. Pourtant, elle haussa un sourcil. Elle? Frôler la perfection dans son épreuve orale? Pour tout avouer elle avait plutôt songé que son écrit avait rattrapé un oral correct mais pas forcément exceptionnel. Puis, à mesure que le discours avançait, elle arrêta de laisser passer des émotions quelconques sur son visage. Parce qu'elle entendait la remontrance. Quand à son dossier scolaire... Il n'était pas prévu que ses notes atteignent le T. Ennis doutait que quelques A lui soient aussi délétères dans les deux voies qu'elle comptait arpenter à l'avenir; la science des potions et le sport. Alors certes, l'Histoire était importante à connaître... Mais est-ce que la question de la place des sorciers dans l'empire Egyptiens était si primordial? Elle émettait des doutes.

Aussi, Ennis ravala le commentaire qui lui était venu. Il n'était pas prévu que ses notes continuent de chuter. Le devoir qu'elle venait de rendre devrait normalement convaincre la professeur que les productions précédentes étaient des accidents. La Gryffondor ne prétendait pas que sa copie était parfaite, mais un E ne semblait pas si déconnant. Non, il fallait répondre autrement. "J'ai effectivement conscience de mes résultats. Et si vous en doutiez, mon père vous a précédé il y a peu pour me mettre en garde." Une historienne devait bien connaître la position de son père et se douter d'une partie de ses idées concernant l'image à donner, y compris en terme de réussite scolaire, non? Ce qu'elle venait d'énoncer n'était que stricte vérité, elle tenait son père - qui avait pris le relais de sa mère - au courant de ses notes de manière hebdomadaire. La châtain avait intégré depuis des années que mentir ne servirait à rien. Au moins son paternel était plus mesuré et relatif quand à ses résultats. Quoiqu'il lui avait fait sentir que cela n'allait pas pouvoir durer. Au moins Diarmuid avait eu la prévenance de ne pas lui en parler.

- "Tout va bien Miss. Ma vie personnelle est égale à ce qu'elle est depuis des mois." Elle marqua une pause. Elle savait que sa quatrième année avait été marquée d'une bien mauvaise expérience et que cela pouvait encore jouer, de moins en moins cependant. "Voir des années." Termina-t-elle à ce propos. Qu'elle pose des questions si elle voulait en savoir plus. "En ce qui concerne les cours..." La figure totalement neutre s'adoucit légèrement et arbora un sourire plutôt satisfait, car elle l'était, satisfaite. "Il me semble qu'il n'y a rien de notable." Et puis son regard, qui ne quitta pourtant pas la professeur; "Votre matière n'a jamais été celle qui me passionnait le plus. Les derniers sujets notamment." Allait-elle oser aller au bout de sa pensée. Dans sa tête, deux options s'opposaient, comme deux versions d'elle même qui cherchaient à prendre le dessus. Celle qui voulait asseoir sa vérité concernant le manque de vie des cours d'Histoire qui étaient généralement purement théoriques - même au travers des activités qui lui semblaient si enfantines mises en place. Et celle de la jeune fille de bonne famille qui se devait d'arrondir les angles. Le débat interne ne vit pas de gagnant. Ennis se tue donc, mais on pouvait lire dans ses yeux que quelque chose était à fleur de lèvres, il ne faudrait pas grand chose pour que cela sorte.

Ennis O'Belt était si difficile à lire... La jeune fille semblait parfois capable de contrôler le moindre de ses cils, ce qui était loin d'aider sa professeure à correctement la cerner. Bien sûr certaines expression animaient parfois le visage de l'adolescente, mais Áine n'était que rarement certaine de la sincérité complète de ces dernières. Pourtant certaines phrases faisait tiquer l'adulte, que ce soit la mention de son père ou la vie personnelle "égale", mais elle ne voyait pas forcément comment rebondir dessus, après les dernières paroles de la jeune fille.
- Vous avez le droit de ne pas être passionnée, ni par la matière, ni par les thèmes abordés. Malheureusement, ça ne peut et ne doit pas être une excuse pour ne pas travailler suffisamment pour les maîtriser autant que vous le pouvez et faire de votre mieux. Si ce n'est pas le sujet même qui vous motive, il faut que vous vous trouviez une autre motivation, cela vous sera utile toute votre vie de savoir faire cela. Je doute par exemple que tous les devoirs que votre fonction de préfète-en-cheffe vous mettent en joie, pour autant je ne crois pas que vous les bâcliez. C'est la même chose pour votre scolarité, d'autant plus d'ailleurs avec la place que vous occupez, vous êtes censée, entres autres, être un exemple pour vos camarades, non ?
La question était clairement rhétorique, d'autant plus quand on songeait à leur première rencontre, mais la jeune femme laissa un petit temps à son élève pour réfléchir et éventuellement répliquer. Elle n'avait pas été convaincue par le "Tout va bien", mais ne pouvait rien forcer, ni affirmer que la Gryffondor se cachait peut-être derrière une perte d'intérêt pour la matière. En revanche, si c'était vraiment cette dernière chose qui pêchait, peut-être que redonner du sens à la jeune fille en lui parlant de ses devoirs de préfète et à fortiori de préfète-en-chef l'aiderait à retrouver une motivation pour travailler l'Histoire de la Magie ? Et si la jeune fille ne faisait effectivement que se cacher derrière cette excuse, creuser le sujet pouvait peut-être donner à Áine une autre ouverture sur le vrai problème...

Si Ennis restait droite et calme devant sa professeur, les premiers mots prononcés la firent fulminer et il n'était pas impossible que cela se voit dans ses yeux. Qui était-elle pour juger les efforts qu'elle mettait à travailler dans sa matière où une autre? "Vous êtes en train de sous entendre que je ne prête pas l'attention nécessaire à mes révisions et mes productions en Histoire de la Magie?" La Gryffondor fit une courte pause avant de reprendre par une question tout à fait rhétorique. "J'ai bien compris, n'est-ce pas?" Nouvelle pause pour formuler mentalement la suite. "Avec tout le respect que je vous porte en tant que professeur, vous êtes insultante Miss. Si j'ai bien dit que je portais moins d'intérêt il ne me semble pas avoir dit que je négligeais votre matière ou que je n'y fournissais pas d'efforts." La voix de l'irlandaise était toujours empreinte de son accent mais distante, blanche. Et pourtant elle rebondit, faisant certainement preuve de plus d'audace et de cran qu'elle ne s'en serait crue capable en étant répartie à Gryffondor.

- "Je ne pense pas manquer à l'exemple que je dois fournir à mes camarades, ne confondez pas travail fourni et résultats." Elle n'était en rien irrespectueuse, ni dans son ton, ni dans son comportement. "Si vous en doutez, vous pouvez toujours questionner Clément Downing avec qui je travaille régulièrement. Ou bien je peux demander à mon frère Domhall de me faire parvenir les lettres liées aux questions que je peux lui poser et vous fournir ses réponses pour qu'il me guide lorsque je ne trouve pas la direction à prendre pour un devoir ou me réexplique certains points qui me sont obscures." Elle était piquée au vif par ce qu'elle percevait comme étant une insulte ouverte. D'autant plus avec l'argument de son rôle de préfète-en-chef. Si bien entendu les élèves choisis étaient de bons voire très bons éléments il n'était pas exigé d'obtenir des O à chaque devoir non plus... En simple, elle était actuellement en colère contre sa professeur. "A moins que d'être préfet ou préfet-en-chef interdise d'avoir des difficultés dans une matière. Auquel cas peut-être vous faut-il faire remonter l'information à la direction car je pense qu'aucun de mes collègues ne soit au courant de cette règle." Elle frisait l'insolence, elle le savait. Mais elle savait aussi être normalement encore du bon côté de la barrière parce qu'elle savait se contrôler quand elle parlait et qu'elle énonçait une vérité. Être plus faible dans une matière, surtout si c'était ponctuel ou récent, n'était pas motif à destituer qui que ce soit d'un rôle, préfets, préfets-en-chef, capitaine d'équipe... Le tout était de parvenir à corriger le tir, et Ennis y travaillait déjà, mais il fallait du temps.

Très vite le regard de la jeune fille parla pour elle. Áine avait manifestement réussit à toucher une corde sensible, mais était-il possible de la faire vibrer correctement pour que la jeune O'Belt accepte de se livrer ou de montrer ne serait-ce qu'un début de faille ou n'importe quoi qui puisse permettre à sa professeure de l'aider un tant soit peu ? Plus attentive que jamais et retenant ses propres pulsions avec plus ou moins de difficulté, la jeune femme écoutait son élève, traquant le signe le plus petit pour lire enfin ce que la jeune fille lui disait.

Un silence pensif flotta dans la pièce à la fin de la tirade de la Gryffondor, les yeux fixés dans ceux de son élève, Áine continuait de la sonder. Puis, calmement, prenant bien soin de choisir ses mots, la professeure reprit :
- Vous avez le droit d'avoir des difficultés. Et c'est justement mon rôle de vous aider à les identifier, les comprendre et les surmonter, mais pour cela, il faut que vous acceptiez de vous ouvrir. Pour le moment vos notes sont rattrapables, elles ne sont même pas encore catastrophiques et restent très bonnes pour un élève lambda. Mais vous êtes une très bonne élève et pour vous, ce sont des notes en baisse pour le moment. Or une telle situation, outre ses conséquences si elle s'éternise, est souvent synonyme d'un problème quelque part, et plus probablement du côté de la seule élève qu'il concerne sur la classe que des cours en eux-même, bien qu'Áine reconnaissait qu'il n'était pas non plus à exclure que ses cours ne soient pas si bons ou vivants que cela. Vous dites que vous faites beaucoup d'efforts, mais les résultats ne sont plus au rendez-vous, pourquoi ? Comment améliorer vos séances de travail ? Sont-elles vraiment efficaces ? Vous êtes encore en plein développement tant physique que mental et vos charges de travail sont plus importantes, surtout en cumulant, comme vous, les responsabilités, c'est normal que certaines choses qui semblaient fonctionner avant se montrent aujourd'hui moins efficaces qu'elles n'y paraissaient, surtout avec moins de temps disponible pour vos études. Et je doute que votre vie personnelle, de ce fait soit réellement "égale" sur ces dernières années, quoi que vous mettiez derrière cette formulation.
Elle fit une petite pause pour réfléchir :
- Je ne peux pas vous offrir de solution sur un plateau d'argent, mais je peux vous accompagner pour les trouver, seulement si vous l'acceptez. Vous pouvez refuser mon aide, si vous savez où la trouver ailleurs. Cet entretien n'est pas là pour vous miner, vous insulter ou vous forcer à quoi que ce soit, mais bien pour m'assurer que vous êtes consciente qu'il y a quelque chose à faire et voir éventuellement comment vous soutenir ou vous assister. Ce n'est qu'une main tendue, qui le restera aussi longtemps que nécessaire, miss. Mais s'il le faut, je l'agiterai sous votre nez aussi souvent que vous en aurez manifestement besoin, ne vous en déplaise.
Cela lui coûtait d'exprimer tout ceci, mais elle savait qu'elle ne pouvait aider que ceux qui le voulaient bien. Et Ennis O'Belt était loin d'être quelqu'un qui semblait accepter son aide, mais sa conscience professionnelle et sa sincère envie d'accompagner ses élèves vers leur réussite obligeaient Áine à essayer. Ne savait-on jamais, même si la jeune fille se montrait éventuellement hermétique, peut-être au moins que l'entretien planterait quelques graines dans son esprit, qui mettraient le temps qu'il faudrait pour pousser.

Je vous présente mes excuses pour ce temps de réponse ! Vous me direz s'il y a un problème quelque part !

A la fin de son petit discours, Ennis s'attendit à être reprise et elle savait que ça aurait été justifié compte tenu de ce qu'elle avait pu dire. Plusieurs de ses mots étaient discutables c'était évident. Elle avait pris un risque et en assumerait les conséquences si elles devaient se profiler. Mais après un silence flottant, la professeur à peine plus âgée que son aîné n'en fit rien, se contentant de lui répondre point par point.

Et la châtain écouta, serrant les dents pour ne pas la couper en répondant du tac-au-tac. Vu ce qu'elle avait dit avant, ça ne serait qu'aggraver son cas. Non, elle devait prendre - difficilement - sur elle pour parler à son tour, si possible de manière construite et constructive. Il fallait qu'elle y mette le fait qu'elle était pointée comme fautive. C'était bien ce que voulait dire la jeune femme en énonçant qu'elle était la seule à présenter des difficultés non? Que le reste de la classe s'en sortait et donc que le problème ne venait vraisemblablement pas des cours. Il y avait aussi la manière dont elle travaillait ou encore le soulignement de sa propre formulation de vie 'égale' ou de cette proposition d'aide qui pour le moment n'était que des mots, rien de concret.

- "Si cela est si important, ce n'est pas parce que cela fait neuf mois que ma famille est reconnue sang-pure que mes parents ne se comportaient pas comme tel auparavant. Cela implique des exigences de leur part. Exigence qui, si elles ne sont pas remplit, implique que je ne peux pas faire certains choix. Je sais quelles sont les conséquences si je ne parviens pas à remonter mes résultats. Au delà d'une potentielle fermeture des portes de l'IMSM juste en consultant mon dossier, c'est l'impossibilité de poursuivre le sport, un précepteur pour travailler durant les vacances, probablement l'interdiction de poursuivre mes échanges avec ma correspondante voir un mariage arrangé à la sortie même de Poudlard, sans possibilité d'espérer des études supérieures. Je le sais depuis plus de dix ans, ça n'a pas changé et ça ne changera pas Miss. C'est ainsi que ça fonctionne. Ma vie personnelle est donc bien égale à elle même et je vais que vous laisser supposer les conséquences de ce que vous avez surpris l'an passé en haut de la Tour d'Astronomie dès lors que mon père en a reçu la notification." L'irlandaise prit le temps d'une longue inspiration, les yeux toujours posés sur le visage de Miss Lydon. Elle voulait lui laisser mesurer qu'elle avait conscience de ce qui était en jeu, ses loisirs, sa vie entière dépendaient de ses résultats scolaires.

Et maintenant que c'était dit, il fallait rebondir sur le cœur de ce rendez-vous. Ses notes, ses difficultés, les cours. Et cela commença par une question de la part de la toute jeune majeure toujours aussi droite, mais peut-être moins incisive, plus posée dans ce qu'elle avait à dire. Formuler ce qu'était son quotidien, ce qui lui pendait au nez de la part de ses parents, même si sa mère ne s'impliquait plus, lui donnait la sensation de montrer que non, être une jeune fille d'une famille favorisée ne signifiait pas être une petite reine comme beaucoup semblait vouloir le croire. "Est-ce que vous vous souvenez de ce qu'il s'est passé pendant mon épreuve de BUSE?" Il y avait fort à parier que oui, la problématique, le choix d'un ouvrage, l'illusion dans laquelle elle était tombée puis son exposé.

La châtain attendit un signe quelconque de sa professeur pour savoir si elle comprenait à quoi elle faisait référence puis elle reprit. "Mes difficultés viennent comme je vous le disais du fait que l'histoire n'est pas un sujet qui me passionne. C'est un fait et j'ai bien peur qu'il n'y ait pas beaucoup de leviers sur lesquels agir, ni vous, ni moi, ni personne d'autre pour que cela change vraiment." Elle laissa planer un court silence avant de poursuivre. "Mais aussi de la principale différence entre vos cours et de ce qui s'est passé pendant cet examen. Vous - les professeurs, certains camarades - semblez penser que je retiens en claquant des doigts. Mais je sais bien depuis longtemps qu'il me faut quelque chose de concret pour retenir. Les propriétés des ingrédients en les manipulant dans les recettes et en cherchant la logique voulu par celui qui l'a conçu, la signification et l'usage des runes en les manipulant moi-même, l'appel aux émotions ou encore la manière de prononcer dans les sortilèges en faisant des essais multiples généralement entravés par mon accent." Expliqua-t-elle.

- "Je ne le retrouve pas dans vos cours quand bien même vous mettez en place des ateliers. Parce que malgré tout, en y passant du temps, j'ai d'autres moyens pour retenir le flot de dates et d'évènements. Mais forcément, tout ce temps n'est pas utilisé pour les différentes compositions que nous devons produire. Des compositions qui malgré tous mes efforts ne sont jamais - selon vos appréciations - assez argumentées. Jamais fausses, mais pas assez détaillées à votre goûts. Mais Miss, une fois un fait posé et la conclusion retirée, qu'y-a-t-il de plus à dire? Pourquoi discourir pendant trois rouleaux de parchemins avec dix exemples quand cinq ou six phrases construites et deux exemples permettent la même chose?" Elle n'avait pas lâché les yeux de l'historienne en lui expliquant un autre de ses problèmes.

- "L'illusion, le bout d'histoire que j'ai vu, vécu, pu palper pendant l'examen a suffit à tout faire remonter, même des informations que je pensais avoir oublié à propos des reliques, des bouts d'informations perçues ailleurs qu'à Poudlard. C'est de concret dont j'ai besoin Miss. Mais maintenant que vous savez tout ça, qu'elle est l'aide concrète," elle insista sur ce dernier mot "que vous pouvez proposer?" Car elle ne partirait pas à l'aveugle, ce serait bien mal la penser la connaître. Elle recula légèrement ses épaules, comme pour s'appuyer sur le dossier de sa chaises et croisa ses bras devant elle. Ennis était dans une position d'attente quelque peu fermée, en protection d'elle même.

A en juger sa mâchoire, Ennis semblait s'être retenue plusieurs fois d'interrompre sa professeure, mais cette dernière ne s'attendait pas à un déversement aussi dru une fois son propre discours achevé. L'adolescente montrait une force de caractère hors du commun, quelque chose qu'elle avait dû développer probablement à la section entre son environnement familial, comme elle venait d'ailleurs de l’énoncer, et son caractère initial et qui lui serait probablement très utile à l'avenir, mais qui en l'état actuel de la discussion n'arrangeait pas vraiment Áine. Quoi que...

La jeune femme pencha légèrement la tête, écoutant son élève avec attention, essayant de ne pas montrer la peine qu'elle éprouvait pour l'adolescente qui exposait les attentes de ses parents. Mais Ennis revint bien vite sur l'Histoire de la Magie. Áine prononça simplement "J'y était.", laissant par la même la jeune fille à poursuivre son idée. La professeur eu ensuite tout le mal possible à masquer ses émotions quand Ennis mentionna que ce qu'Áine s'efforçait d'accomplir pour intéresser ne fonctionnait pas. Mais aussi volontaire qu'elle était, la jeune femme restait humaine et ses yeux ne purent s'empêcher de tomber en même temps que les doutes qui s'insinuaient en chape de plomb en elle. Elle battit des cils deux fois inconsciemment avant de se redonner une prestance en se repositionnant sur son siège, son regard revenant vers la jeune fille. Maigre consolation, Ennis avait semblait-il apprécié l'illusion, procédé qui avait été soufflé par la professeure auprès des examinateurs d'Histoire de la Magie. Preuve que ses idées n'étaient pas forcément si mauvaises, non ?

A la fin du discours, Áine pris à nouveau le temps de réfléchir, laissant son esprit faire le tri entre ses propres doutes et les informations récoltées dans le discours de son élève. Puis, lentement, la jeune femme reprit la parole :
- Pour commencer... Si je vous demande du détail et de développer plus vos composition, cela a pour but de vous pousser -tous- à développer vos capacités de développement, d'être capable de faire des liens entre vos connaissances et de montrer que vous maîtrisez bien le ou les sujets en profondeur, que vous avez une excellente vision de ce sujet, tant dans sa globalité que dans ses détails importants. Les détails font la particularité des choses et si vous devez être capable de ne pas vous noyer dedans, vous devez aussi apprendre à reconnaître ceux qui sont essentiels, ceux qui forgent une identité ou qui ont pu avoir un effet domino, par exemple. Et quand je vous demande cela dans un devoir à rendre, mon but est de vous pousser à aller faire des recherches supplémentaires, si besoin, pour solidifier votre apprentissage et vous permettre d'ouvrir ces connaissances à d'autres choses que simplement une information à apprendre pour le cours d'Histoire de la Magie et à oublier ensuite, sans jamais prendre du recul ou l'aborder dans un autre contexte. Je souhaite de tout cœur que les compétences et les connaissances que vous gagnerez et exercerez par le biais de mon enseignement vous serve à l'avenir, ajouta-t-elle, jouant franc jeu.

Áine avait repris de l'assurance, en se rappelant à elle-même le sens qu'elle mettait dans son métier. Après un court silence de réflexion, elle poursuivit :
- Vous me dites avoir besoin de concret et vous attacher à l'émotionnel, "ce qui n'est pas évident au premier abord", se retint de prononcer la jeune femme. J'ignore quelles sont vos méthodes actuelles, mais si je ne peux pas changer intégralement mes cours, du moins pas pour le moment, peut-être que nous pourrions nous pencher sur l'en-dehors ? Plusieurs idées me viennent en tête. Que diriez-vous par exemple de ceci...

La professeure fit de la place sur son bureau puis sortit un parchemin vierge qu'elle étala devant Ennis pour illustrer ses propos, puis elle piocha dans un de ses tiroirs quelques images prévues pour les deuxième année.
- Vous pourriez essayer de prendre vos cours comme des enquêtes et les organiser sur un panneau. Vous avez une problématique initiale qui est votre trame de fond, selon cette problématique, vous mettez des évènements, des dates, tout ce dont vous avez besoin, pendant qu'elle parlait, elle positionnait au hasard des images sur le papier, puis vous tracez des liens entre eux, elle illustra ses propos en traçant quelques traits entre plusieurs images. Pour finir, au lieu de prendre du temps à apprendre par cœur et à fond vos dates, vous prendrez le temps d'expliquer à... Mr Downing par exemple, s'il a l'habitude de vous aider, ou n'importe lequel de vos amis, ou même à votre animal de compagnie, ce panneau : votre problématique, quels sont les évènements que vous y avez mis, quels liens existent et comment ou pourquoi et la conclusion de l'enquête, bref, vous mettez en scène votre cours pour quelqu'un qui vous importe et vous essayez de le faire sans notes. Cela vous aidera peut-être aussi à organiser vos idées dans vos devoirs et à trouver plus facilement quels éléments je peux attendre. Vous mémoriserez déjà le principal et le reste de l'apprentissage sera plus facile.
La jeune femme observa son élève, essayant de jauger son intérêt pour la solution proposée.
- De mon côté, si vous avez besoin d'aide pour faire ceci, je peux par exemple dans un premier temps être votre spectatrice sur vos premiers panneaux pour éventuellement vous faire un retour, ou encore vous fournir des outils, ou... eh bien, si vous me dites ce dont vous auriez besoin, je pourrais discuter avec vous pour trouver des solutions. Est-ce que vous pensez que tester cette solution serait envisageable ? Ou préférez-vous que nous cherchions autre chose ?

Alors qu'elle finissait de parler, de tout lâcher plutôt, Ennis se mit dans une position plus ou moins défensive. Pas qu'elle ne soit pas disposée à écouter, plutôt qu'elle craignait plus ou moins consciemment que son affront - elle n'avait après tout pas été tendre, pour preuve les yeux de sa professeur qui s'étaient mis à briller - elle regrettait d'ailleurs peut-être, elle ne savait pas trop. La mise au clair était probablement nécessaire pour que ça avance, même si elle détestait cette idée d'avoir été convoquée comme si elle se contentait de laisser tomber alors que c'était tout le contraire.

L'irlandaise laissa à son enseignante le temps nécessaire pour lui répondre puis l'écouta attentivement, elle le lui devait. Pour plusieurs raison. Parce que malgré tout elle l'avait convoqué dans le but de l'aider, aussi douloureux pour elle que ce soit. Et puis parce que c'était sa professeur, une adulte, il n'y avait pas à tergiverser, elle lui devait une base de respect, cela passait par ça aussi.. Au fur et à mesure de son discours, elle desserra ses bras et se détendit. Elle continuait à ne pas vraiment comprendre cet intérêt à pousser toujours plus les réflexions quand les choses essentielles étaient dites. Ce n'était pas forcément qu'elle ne connaissait pas les détails, simplement qu'elle ne les jugeait pas toujours nécessaires à l'endroit du devoir. Mais elle hocha la tête, signe qu'elle avait entendu et intégré les explications. Elle voulu d'ailleurs le dire, mais se mordit l'intérieur de sa lèvre inférieure pour ne pas le faire. Peut-être fallait-il attendre avant d'y revenir.

Puis vint le temps d'une proposition. La sixième année se permit d'avancer légèrement sa chaise pour mieux suivre le développement envisagé par l'adulte. Pour tout avouer, elle n'avait aucune idée de si ça pourrait ou non fonctionner. Par contre, elle savait qu'elle se sentait gênée par cette histoire de jeu et pas capable de voir à ça avec un camarade, fut-il son meilleur ami. Les yeux toujours planté sur l'exemple étalé devant elle, un exemple totalement factice comportant des images aléatoires et des traits sans aucune logique. Ses yeux passaient d'un élément à l'autre. Elle pesa rapidement les pours et les contres puis inspira longuement avant d'expirer tout aussi longuement. "Je vais essayer." Dit-elle sans relever les yeux avant de demander. "Vous pensez que c'est adaptable?" Elle reprit le contact visuel avec Miss Lydon. "Sous forme de... comme des exercices? Des choses à compléter? Par exemple... C'est plus facile pour moi que d'apprendre puis de restituer." Elle s'interrompit. "A force d'aller chercher les éléments dans mes notes je les retiens." On la sentait hésitante dans sa manière d'expliquer. Mister Lynch, son précepteur, avait toujours eut du mal à le comprendre et n'avait jamais voulu qu'elle fasse autrement que d'apprendre les différents éléments par cœur. Elle n'avait jamais réussi à trouver par elle-même.

Petit à petit l'adolescente semblait se détendre ou tout du moins se rendre disponible pour recevoir les idées que son enseignante lui proposait. Une accalmie plus que bienvenue et qui eu l'effet d'un coup de boost pour Áine. Ravie d'entendre Ennis s'investir dans la recherche de solution, la professeure lui sourit avec enthousiasme :
- Oui, bien sûr ! Je pensais vous laisser la liberté de faire le tout vous même pour que vous trouviez une logique qui vous parle, mais je peux me pencher sur la question et vous fournir quelques exercices supplémentaires tout au long des séquences pour vous aider à construire de tels panneaux.
Bon, cela lui rajouterait un peu de travail supplémentaire, mais l'avantage quand on était exigeant sur les notes à obtenir pour poursuivre en Histoire de la Magie après les BUSE, c'était justement qu'on pouvait accorder un peu plus de temps à chaque élève en ressentant le besoin, pour peu bien sûr qu'il ait envie de travailler et de fournir les efforts nécessaires. Et puis d'autres pourraient avoir besoin de cette méthode à l'avenir, cela serait toujours ça de fait !
- Si vous avez besoin d'un accompagnement plus poussé dans un premier temps, nous pourrons également prendre une petite heure par semaine pour discuter autour de cette solution, de votre avancée, revoir les points qui vous paraissent flous ou simplement pour corriger ensemble votre production ? Je ne pourrai pas vous proposer cela aussi régulièrement sur une trop longue durée, je dois rester disponible pour d'autres de vos camarades qui pourraient en avoir besoin, mais si cela peut vous aider à vous remettre sur des rails assez solides pour vous, c'est envisageable ! Autrement, eh bien... si vous le souhaitez, vous pourrez me rendre vos production et je vous les corrigerai, ou alors je pourrai vous fournir les corrigés en fin de séquence, vous avez le choix.
La jeune femme réfléchit un instant avant de demander frontalement :
- Est-ce qu'il vous arrive d'aider vos camarades à comprendre leur cours en le leur expliquant, que ce soit dans ma matière ou dans une autre ?
C'était tout le fond de l'exercice qu'elle voulait donner à Ennis : on apprenait mieux quand on expliquait à quelqu'un d'autre, du moins c'était ce que sa propre expérience lui avait montré.