La future troisième année monta sur le Poudlard Express, se retournant pour adresser un signe de main en direction de sa famille. Son regard se posa sur Emma et son sourire s’effaça pendant une fraction de seconde devant l'expression de sa petite sœur qui cachait tant bien que mal sa déception. Celle-ci étant née fin septembre, elle n’allait rentrer en première année à Poudlard que l’année prochaine. Elle demeurait néanmoins souriante en présence de ses aînés ; en effet, la benjamine lui avait offert un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue pour le trajet, en ajoutant dans un rire que c’était en réalité pour l’endetter envers elle.
La châtaine lui adressa un dernier sourire sincère avant de s'engouffrer dans le couloir du train.
Traînant sa valise derrière elle d’une main, tenant fermement le paquet de l’autre, Ava ne tarda pas à trouver un compartiment vide. L’irlandaise prit place sur le siège près de la fenêtre, piochant au passage une dragée rose pâle qui se révéla heureusement être goût jambon.

Le regard de la petite s'attarda sur les dragées. Certaines dragées qui avaient une couleur suspecte ; elle n’avait nullement envie de s’y tenter. Elle poussa donc la porte coulissante du compartiment pour sortir sa tête de la porte et apostropher la première personne qu'elle vit passer, haussant les sourcils dans un air de défi :

— Eh, tu veux des dragées ?

Retour à Poudlard! Bon sang que ces vacances avaient été interminables pour le fils Goldwin. Sa seconde année était passée à la vitesse de l'éclair et bien que ses efforts et sa bonne volonté pour devenir un sorcier digne de ce nom soient récompensés par ses notes et que son dur labeur obtiennent un juste paiement, il fallait admettre que Nefarius s'était trouvé particulièrement...vide, cette dernière année. D'un autre côté, être particulièrement discret, enfin plus que de raison, se débrouiller pour ne voir personne et travailler sans relâche en évitant soigneusement le moindre contact humain pendant des mois avait été un exercice aussi stérile que pratique, cela prouva bel et bien à Nefarius que, oui, il était particulièrement concentré et apte à apprendre lorsqu'il était seul mais aussi qu'il était particulièrement seul lorsqu'il était concentré et apte...Erza, Gabrielle, même Eugène lui manquait, c'est dire. Il avait été si prompt à éviter tout le monde qu'on en arrivait même à se demander si il n'avait simplement pas disparu de l'école et que quelqu'un se faisait passer pour lui lorsqu'on entendait son nom en cours.

En bref, oui, Nefarius s'était perfectionné au prix de relations sociales plus basses que terre en raison d'un volonté stupide de ne pas s'impliquer dans des "distractions". C'était puérile et idiot et il s'était lui-même fermer la porte sur le nez à plusieurs reprises lors d'occasions conviviales et festives qui lui auraient probablement éviter de faire une sorte de dépression nerveuse durant l'été, au point que sa mère dût lui faire faire un petit sejour à la Nouvelle St-Mangouste pour essayer de ramener un peu de vie à ce gamin qui était devenu aussi lamentable après une année de travail intensive dénuée d'un entourage affectif sain.

Alors autant dire que Nefarius n'avait pas vraiment envie de retenter l'expérience pour sa troisième année, il avait été idiot et sa pensée stérile l'avait mené au fond du gouffre à un moment particulièrement important de son développement personnel, encore un choix de vie qu'il allait devoir regretter, enfin si ça n'avait pas été si profitable à son carnet de notes. De retour dans le Poudlard Express après un au revoir relativement sobre mais assez affectueux de la part de sa mère, il déambula dans les wagons à la recherche d'une place. Pas question pour lui de reproduire les erreurs de l'année passée, cette fois, il va aller directement chercher Erza et-

— Eh, tu veux des dragées ?

Une fille sortit comme un boulet de canon de son compartiment en s'interposant presque entre Nefarius et le reste du couloir. Nefarius se stoppa net, ne tenant pas forcément à lui rentrer dedans, ce serait assez mal vu mais il perçut comme quelque chose de familier chez elle, il leva les yeux et écarquilla les siens.

- Ava ? Ca va pas bien ? répondit Nefarius d'un ton sec, comme surpris et manifestement dérangé dans le fil de ses pensées.

Ava Meywood, une de ses camarades de classe, de la Maison Serpentard, et même année que lui. Dire qu'ils se connaissent est peut-être exagéré mais ils savent s'identifier en tout cas. Sa camarade lui tendait un paquet de dragées surprises de Bertie Crochue et la simple vue du paquet et de ses dizaines de petites sucreries farfelus colorées sonna comme un signe du destin pour Nefarius. Lui qui était morose et moralement gris, le voilà exposé à un arc-en-ciel, proposé par une des filles de sa classe et désireuse de lui faire partager un peu de sa joie de vivre...SAUTE SUR L'OCCASION!

- Deuuuh, je veux dire, euh...Salut, comment ça va? Les vacances c'était bien? Tu m'as surpris, c'était très génant, bien sûr que je veux manger des bonbons bariolés et un peu bizarres avec toi, il y a de la place dans ton compartiment?

Bon sang, arrête de parler, Nefarius. On dirait que tu déblatères tout ce qui te passe par la tête sans même y réfléchir une seule seconde, c'est manifestement une première pour toi en plus d'être ta première interaction sociale depuis dieu seul sait quand alors reprends-toi. pensa-t-il si fort que son visage trahissait son anxiété momentanée.

Il se glissa rapidement dans le compartiment sans même laisser la moindre chance à Ava de protester, enfonçant sa malle au-dessus de la banquette opposée à celle d'Ava et de s'y asseoir rapidement et nerveusement.

@Ava Meywood, et c'est parti

Après avoir lancé ce brusque défi au premier passant, Ava reconnut la personne devant elle : Nefarius Goldwin, de la même promotion qu'elle. Si la petite ne le connaissait que peu malgré leurs année et maison communes, elle savait qu'il s'agissait d'un élève taciturne. L'irlandaise se mordit la lèvre inférieure en entendant sa réponse sèche. Et mince.
S’en suivit un petit silence inconfortable dans lequel la châtaine réfléchissait pour trouver quoi dire. La seule option potable qui lui venait en tête était de s’excuser en ajoutant qu’elle l’avait pris pour quelqu’un d’autre.

— Euh, je… commença-t-elle donc d’une voix inintelligible.

Cependant, le Serpentard qui se reprit, lui épargnant ses efforts pour trouver une excuse ; le ton sec devait sans doute être le fruit de la surprise. La châtaine soupira intérieurement de soulagement. Ce dernier débita ensuite une série de questions à laquelle Ava bredouilla un « Oui et toi ? » répondant de manière globale à ses questions.

Une fois Nefarius installé en face, elle posa le paquet au centre de la table et y piocha au hasard une dragée d'une couleur marron. Ses traits se froissaient dans une grimace à mesure qu'elle mastiquait la dragée, répandant un goût terreux dans sa bouche.

— Goût terre , annonça-t-elle en avalant avec difficulté la dragée. A ton tour. Et pas le droit de choisir : c'est le hasard qui décidera.

À ces mots, Ava s'empara du paquet qu'elle secoua légèrement pour mélanger son contenu avant de le reposer là où il était.

Le regard de Nefarius se fixa sur le paquet de sucreries multicolores que sa camarade avait mis à la disposition du duo pour leur petite séance de dégustation...Le truc, c'est qu'il avait vraiment le chic pour se taper les gouts les plus immondes, il fallait admettre que ça avait plusieurs contribuer à ne pas acheter davantage de ces petites confiseries espiègles et aux arômes...uniques, dirons-nous. Il essayait vainement de voir les couleurs et de ne pas se laisser avoir alors même qu'Ava mélangeait le paquet et faisait son possible pour ne pas laisser à Nefarius la moindre chance de ne pas pouvoir tricher. Après, peut-être que le sort lui serait favorable...peut-être.

Il tendit la main et vint timidement attraper une dragée surprise. Il y lança un regard curieux et attentif afin de prendre conscience de ce qui l'attendait. C'était une couleur chaude, orangée avec une pointe de rouge, les options étaient variées d'autant plus que la couleur ne donnait aucune certitude quant à la saveur du petit bonbon, Nefarius l'avala d'une traite, il valait mieux éviter d'y réfléchir plus d'une minute: Si le goût était mauvais, l'effet sur l'esprit serait probablement pire, à se répéter "Je savais que ce serait dégueulasse", etc.. Son visage se figea en une expression surprise alors qu'il venait de découvrir le goût, ô combien délicat, de viande hachée marinée. Ce n'était pas si terrible mais il y avait CLAIREMENT beaucoup mieux. C'était un début.
Il macha le bonbon et l'avala.

- Viande marinée...Mes compliments au chef. dit-il en poussant lentement la boite vers Ava.

@Ava Meywood

Ava fixa son camarade de maison alors qu'il saisissait à son tour une dragée. La petite eut le temps d'apercevoir la couleur orangée de la friandise avant que le Serpentard ne le mette dans sa bouche. Un petit sourire en coin naquit sur les lèvres de la châtaine alors que ses yeux dévisageaient Nefarius, guettant toute grimace venant déformer ses traits. Cependant, sa réaction était loin d'être celle qu'elle attendait : ce fut la surprise et non le dégoût qui transparut sur son visage.

Il mâcha la sucrerie avant de déclarer qu'il s'agissait d'un goût de viande marinée. Réprimant une petite moue déçue en voyant qu'il s'en était sorti avec un goût pas trop mal, Ava s'empara d'une dragée et la posa sur la paume de sa main gauche afin de mieux l'examiner. Elle était d'une couleur jaunâtre, recouverte de quelques taches plus claires.

— Goût chou-fleur, fit-elle après l'avoir dégusté. C'était loin d'être le pire goût, mais ce n'était pas le meilleur non plus.

Lorsqu'elle s'apprêtait à repousser le paquet vers son voisin, une petite idée germa dans son esprit. Elle se ravisa et releva les yeux vers ce dernier.

— Pour pimenter la chose, je propose de choisir moi-même la dragée que tu vas goûter, et inversement. Qu'est-ce que t'en penses ? demanda-t-elle, un sourire innocent aux lèvres. Seule cette lueur de défi brillant dans son regard trahissait son amusement.

Finalement, se joindre à Ava pour cette petite séance de dégustation n'était pas désagréble. Nefarius se sentait déja un peu plus vivant et presque un peu plus humain, c'était un bon début, en tout cas, c'est ce qu'il aimait à croire. Il n'était pas encore arrivé à Poudlard qu'il semblait retrouver un semblant de quiétude et de paix morale, sa deuxième ayant été éprouvante et l'ayant poussé à la rupture autant sociale que morale, il se sentait motivé à renouer avec ses camarades pour essayer de vivre cette année et non la subir.

Il inspecta la dragée piochée par Ava, l'observant avec le même intérêt qu'elle pour essayer de deviner à l'avance ce qu'elle allait avaler. Une fois la révélation faite, un sourire moqueur mais pas mesquin, ce qui allait souvent de paire lorsque Nefarius souriait d'habitude, apparût sur son visage. Le paquet fût lentement approché par Ava vers son comparse de troisième année puis elle le recula délicatement alors que Nefarius approchait sa main. Cette réaction lui fit lever les yeux vers sa consoeur de Vert et Argent, surpris et désireux de comprendre pourquoi elle reprenait les friandises.

Lorsqu'elle expliqua sa petite idée, visant à corser le jeu, il s'y prêta sans trop d'attention, ne cherchant donc pas à piocher dans le paquet mais tendant la main pour obtenir une dragée de la main d'Ava, le tout avec le sourire. Après tout, même les goûts les plus infâmes restaient des défis bien moindres...

- A la seule condition qu'on ne choisisse pas les parfums. Tu laisses le hasard décider pour nous. Dit-il, le regard plus jovial et empreint d'une lueur de défi.

@Ava Meywood

Nefarius accepta son offre, à condition que les dragées soient choisies aléatoirement. La châtaine souffla du nez, dissimulant étonnamment bien sa déception. Elle qui comptait faire de lui son cobaye pour lui faire goûter toutes les dragées de couleur douteuse, le voilà qui la coupait court dans ses projets. Ne perdant néanmoins pas son sourire innocent, Ava hocha la tête à contrecœur.

— Bien entendu, arriva-t-elle à prononcer d'un ton désinvolte, comme s'il s'agissait d'une évidence.

Et le regard toujours planté dans celui de son camarade de promotion, elle plongea sa main dans le paquet et en sortit une dragée d'une couleur jaunâtre. La petite sorcière examina attentivement la friandise qu'elle tenait entre son index et son pouce, à la lueur des rayons de soleil que laissait filtrer la fenêtre.

— J'aurais peut-être dit citron ou banane aux premiers abords, mais en regardant d'un peu plus près, il est plus foncé et un peu trouble, observa-t-elle à voix haute. Je dirais pomme de terre, voire vomi.

Ce dernier mot fut prononcé avec un haussement d'épaules, le tout avec une nonchalance qui la surprit. La petite n'avait que rarement vomi dans sa vie, mais ces quelques expériences avaient été plus qu'assez pour savoir à quel point ce goût acide et nauséabonde persistant dans la bouche même après coup était désagréable. Malgré tout, la Serpentard tendit à son camarade la sucrerie, se demandant intérieurement quelle serait sa réaction si la dragée était réellement au goût vomi.

Lorsque Ava prit la dragée entre ses doigts et que Nefarius pût observer la petite friandise au ton jauni et peu agréable. Ava l'étonna à la façon qu'elle avait d'observer, voire même d'examiner le bonbon sous toutes les coutures. C'en était même à croire qu'elle ne tenait pas une dragée mais un véritable diamant, une perle ou une sorte de pépite d'or, surtout au vu de sa couleur, et qu'elle cherchait à s'assurer de son authenticité. Bien entendu, elle se gaussait probablement à l'avance qu'il s'agisse d'un goût infâme qu'elle évoquait, bien qu'il était davantage possible que le jeune Serpentard soit bien plus dégoûté par la possibilité de déguster une saveur banane qu'un vieux relant gastrique... Mouais, fallait peut-être préciser que Nefarius n'était pas un très grand fan des bananes...

Le Serpentard, sans un mot, prit la dragée entre ses doigts et la mit en bouche pour s'assurer de son goût, pour le meilleur et pour le pire.



Et comme une foutue malédiction semblait le suivre dans ce contexte, c'était...le goût infect d'une banane. Nefarius ne pouvait tout bonnement pas saquer ça. Ce n'était pas que ce n'était pas bon, mais il y a des saveurs qu'on aime pas et la banane en faisait partie. Quelques instants après avoir porté la dragée à ses lèvres, Nefarius se leva, sans dire un mot, attrapa la poignée de fenêtre du compartiment et cracha la dragée à l'exterieur du train, dans les plaines anglaises. Il ferma la fenêtre, se tourna vers Ava et reprit, avec un calme olympien.

- J'ai une sainte horreur de la banane.

Il plongea ensuite sa main dans le paquet, cherchant et récupérant une dragée aux tons noirs, un sourire amusé et mesquin traversa ses lèvres alors que ses yeux passaient de la dragée à Ava plusieurs fois de suite, pour lui indiquer qu'il avait trouvé le bon candidat.



@Ava Meywood, désolé pour ce mois de retard, le travail a repris avec une certaine rage.

Ava dévisagea son camarade dans un haussement de sourcils, peinant à masquer son impatience alors que celui-ci conservait une expression insondable pendant quelques secondes. Le Serpentard se leva dans le plus grand des silences, sous le regard intrigué de la châtaine. Puis, il ouvrit la fenêtre et se pencha vers l'extérieur pour… recracher la friandise. S'attendant à ce qu'il lui annonce que le bonbon avait pour parfum la nourriture régurgitée, la petite se vit vite détrompée.

— De la banane ? répéta-t-elle, partagée entre l'incrédulité et le rire. Chacun son goût, j'imagine.

Son camarade plongea à son tour sa main dans le paquet pour y pêcher une dragée. Ava fronça le nez ; la teinte sombre de cette dernière ne présageait rien de bon. Nefarius sembla le remarquer également et ne manqua pas de le souligner silencieusement d'un sourire railleur. Réprimant un soupir de désespoir, la châtaine s'empara de la confiserie qu'il lui tendait et avec une certaine réserve, la glissa dans sa bouche.


Un goût intense et épicé se répandit dans sa bouche alors qu'elle mâchait la dragée, les sourcils froncés dans une expression d'intrigue avant de reconnaitre la saveur caractéristique du poivre noir. La Vert et Argent n'avait rien contre le poivre ; elle saupoudrait régulièrement ses plats avec et était habituée au parfum qu'il ajoutait à ses repas. La petite devait cependant avouer qu'elle n'en avait jamais goûté à lui tout seul, et n'était pas certaine d'en apprécier le goût au point d'avoir envie de retenter l'expérience.

— Poivre noir, annonça-t-elle après l'avoir avalé. En plus d'être désagréablement épicé, le parfum était coriace et restait ancré dans sa bouche. Elle déglutit pour tenter de l'évacuer, sans succès.

Ava s'empara à son tour du paquet et attrapa une dragée au hasard. Elle était d'une couleur vert clair cette fois-ci. Elle se contenta de la lui tendre sans ajouter de commentaire, trop curieuse d'en connaitre le goût pour s'attarder aux détails.