Le cours de botanique venait de finir. Depuis le début du mois, c'était un nouvel enseignant qui dispensait ce cours, le professeur Charleston. J'avais eu l'occasion à quelques reprise de croiser l'homme à la moustache en dehors des cours, et il m'avait fait une bonne impression, notamment par sa gentillesse et son goût prononcé pour les friandises qu'il partageait facilement.
Depuis la rentrée, nous étudions les bulbes et notamment le bulbe sauteur, de couleur marron à crème, et dont la partie supérieure était surmontée de trois grandes feuilles.
L'enseignant nous avait expliqué que cette plante magique servait d'ingrédient pour la potion potiron, une potion qui faisait fureur à la période d'Halloween, car elle permettait d'enfermer temporairement la tête du buveur dans une citrouille. C'était l'élément indispensable pour se déguiser en "Jack O'Lantern". Si cette utilisation du bulbe sauteur était plutôt amusante, le professeur avait cependant expliquer que le rempotage de cette plante pouvait s'avérer moins drôle : en effet, il pouvait arriver que lors de cette pratique, quelques bulbes s'échappent des mains des élèves et se mettent à sauter au visage des malheureux.

Si je me trouvais à présent devant la porte de la salle de potion, cela n'avait rien à voir avec le cours de botanique, mais plutôt avec celui de sortilèges et des sorts qui nous avions commencé à travailler depuis quelques semaines.

Levant le poing, je frappe deux coups à la porte, puis j'attends l'autorisation pour rentrer dans la pièce.

- Bonjour Miss. Désolée de vous déranger, mais j'aurais voulu vous parler, s'il vous plait.

Les jeudis après-midi, Magdaléna ne donnait pas de cours. Mais, il n’était pas rare de la trouver tout de même dans sa salle de classe, le nez plongé dans des corrections de copies ou en train de scruter les réalisations de ses élèves afin d’en déterminer la qualité. Cette demi-journée lui permettait également d’effectuer une sorte de permanence : elle se rendait disponible pour les élèves qui souhaitaient la voir, concernant tel ou tel sujet, et ils pouvaient ainsi échanger plus longtemps qu’entre deux cours.

En apparence, rien ne distinguait ce jeudi d’un autre. La professeure était présente, seule, dans cette pièce où habituellement un ou plusieurs chaudrons mijotaient. Mais aujourd’hui, seul le bruit d’une plume grattant le parchemin et celui des pages que l’on tourne résonnaient. Assise à son bureau, Magdaléna lisait un ouvrage attentivement, tout en prenant quelques notes. Elle avait emprunté ce livre à Londres, auprès d’une petite médiathèque. « 25 astuces pour débloquer une branche » : le titre pouvait surprendre si on ignorait qu’il s’agissait là de généalogie… Car oui, son frère n’ayant pas renoncé à retracer l’histoire des deux branches de leur famille, la jeune femme essayait de trouver d’autres pistes ou d’autres archives qu’ils pourraient explorer concernant leur mère. Mais pour l’instant, ses résultats étaient plutôt maigres. *Pas de traces dans les archives de l’administration. Rien dans les journaux… A croire que Lucia Ava Abigail Smith est un fantôme en Angleterre…*, songeait-elle, frustrée. *Peut-être que la bibliothèque possède des livres de généalogie dans la section d’Etude des Moldus.* Elle était dubitative, mais elle ne voulait rien négliger.

Mais sa visite à la bibliothèque allait devoir attendre puisque deux coups venaient de résonner contre la porte et, qu’après autorisation, une jeune élève de Serdaigle fit son apparition.

"Oh, bonjour, Miss Fergusson. Entrez, je vous en prie. De quoi voudriez-vous me parler ?"

Enfin...

Une salle de classe sans élèves... c'est calme. Non pas que les cours de potions étaient bruyants, mais il y avait le glouglou des chaudrons bouillonnants, le pilonnage d'ingrédients dans les mortiers ou le clap clap des couteaux sur les planches à découper. Des bruits qui me faisaient toujours penser à ma mère, quand elle me laissait l'observer travailler lorsque j'étais petite. C'était peut-être pour cela que j'aimais les potions. Ca me rapprochait de ma mère...
Mais je ne venais pas ici pour parler potions... enfin, pas exactement.

La conversation que j'allais avoir aujourd'hui, j'en avais eu une similaire la veille avec Mr Dawson, mon directeur de maison. Oh bien sur, il ne s'agissait pas de la même question, mais l'objectif final était le même : mon choix d'options pour l'année prochaine.
Je savais déjà la filière que je voulais suivre l'année prochaine, la filière sciences, mais j'avais appris, lors du salon de l'orientation l'année dernière, que celle-ci ne comprenait pas de cours de défense contre les forces du mal, ni de cours de sortilèges, deux matières que l'appréciais beaucoup, même si j'avais quelques difficultés avec l'utilisation de certains sorts.
Et c'était justement par rapport à l'un des sorts que l'on était en train d'étudier actuellement que j'en étais venue à envisager la discussion qui allait débuter.

- Vous l'avez p'être remarqué, j'aime beaucoup les potions... Et en c'moment avec Miss Priddy, on étudie les sorts de feu et notamment "incendio". Et l'année prochaine, j'voudrais prendre la filière Sciences, mais y'a pas d'cours de sortilèges..., commençais-je à expliquer. Du coup, j'me d'mandais si y'a d'autres sorts qui peuvent être utiliser en potions...

Erin en vint très vite à l’objet de sa venue. C’était une chose que Magdaléna appréciait chez ses interlocuteurs: un surplus de blabla la fatiguait et la rendait systématiquement plus méfiante, puisqu’elle partait du principe que c’était pour cacher quelque chose. C’est donc avec un sourire bienveillant qu’elle accueillit la question de son élève.

La Serdaigle avait dû s’y prendre tôt pour en arriver à un tel niveau de réflexion sur son orientation. *Ca ne doit pas être la majorité de la promo… Ou alors les élèves sont devenus particulièrement prévoyants…*, songea-t-elle, davantage habituée qu’elle était aux interrogations de dernière minute, qui s’étendaient généralement jusqu’aux vacances estivales.

Agréablement surprise et ayant pris quelques instants de réflexion, la potionniste amorça donc sa réponse:
“Je suis ravie de voir que vous envisagez la filière Sciences, Miss Fergusson. Nul doute que vous y ferez des merveilles…” Puis revenant au sujet qui intéressait Erin: “Il y a effectivement plusieurs sortilèges que j’utilise, disons, couramment dans ma pratique des potions. Voyons… Puisque vous me parlez d’Incendio, je ne peux que vous citer Extinguo, son pendant. Mais celui que j’utilise le plus, et par conséquent, que je maîtrise le mieux c’est Aguamenti! C’est vraiment un énorme gain de temps lorsque l’on sait le moduler et que l’on connaît bien le matériel que l’on utilise!”

Magdaléna avait toujours eu une affinité particulière avec le sortilège d’eau. Elle savait bien que son passé n’y était pas étranger: avoir acquis, d’une certaine manière, une arme contre le feu la rassurait probablement. Mais il n'était pas question de cela ici, elle enchaîna donc:

“Ce sont les deux qui me viennent en tête, mais d’autres peuvent être utilisés d’une manière un peu détournée, comme Accio, par exemple, qui m’a sauvé la mise plus d’une fois lorsque je ne pouvais pas quitter mon chaudron d’un instant et que l’ingrédient désiré se trouvait à l’autre bout de la pièce. Il ne m’a pas servi dans la potion mais à réaliser la potion… Vous comprenez ce que je veux dire?”

@Erin Fergusson Désolée...

La filière Sciences pouvait donner accès à différents curcus. Mes parents, comme mes frères aînés, avaient choisi celle-ci et l'avait prolongé à l'institut de Médicomage et de Sciences Magiques. Vues les activités familiales, c'était logique : un père botaniste et une mère potioniste. La famille Fergusson était installée dans la région d'Inverness depuis des générations et mes frères allaient prendre la relève de nos parents d'ici quelques mois ou années. C'était le choix de mes frères de rejoindre l'entreprise familiale, mais pour ma part, même si j'adorais les cours de botanique et de potions, j'avais un autre rêve.

- Oh.. Euh.. Merci... J'ferais d'mon mieux en tout cas..., commençais-je à répondre.
Mais je me tais pour écouter les explications de Miss Xarinez.

L'enseignante cita deux noms de sortilège, Extinguo et Aguamenti.
- Oh oui, ça permet de pas avoir à se déplacer avec un chaudron plein d'eau !, commentais-je à propos du deuxième sort. Ou même pour arroser ses plantes., poursuivis-je en lâchant un petit éclat de rire.

Miss Xarinez continua avec un autre sort, celui d'attraction.
- Oui, oui, je comprends. C'est ce que j'aime avec la magie. Aider ou faciliter certaines choses., dis-je en hochant la tête.

Je réfléchis un instant aux sorts appris depuis mon arrivée à Poudlard, essayant de voir si certains pouvaient déjà être utiles.
- Et Diffindo ?, proposais-je.
Ce sort appris en première année m'avait demandé plus d'efforts que d'autres pour le maîtriser.

L'enseignante laissa échapper un petit rire au trait d'humour de son élève. "Vous avez parfaitement raison pour les plantes, Miss! Mais attention à ne pas les noyer tout de même, ça serait dommage!", ajouta-t-elle en souriant franchement.

Elle approuva ensuite Erin de la tête lorsque celle-ci parla des facilités octroyées par l'usage de la magie. Elle partageait parfaitement son point de vue, d'autant plus qu'en tant que née-moldue, Magdaléna pouvait facilement établir des comparaisons.

Mais, à l'évidence, la jeune aiglonne qui lui faisait face avait mis à profit les quelques secondes de silence qui avaient suivi sa dernière remarque pour réfléchir à l'utilité d'autres sorts et elle lui livra un autre nom.

"Diffindo?", répéta la potionniste. Bien-sûr, elle connaissait ce sort de découpe, mais elle ne pouvait pas vraiment dire qu'elle l'utilisait au quotidien, du moins, pas dans sa pratique des potions. Restait à en faire comprendre la raison à son élève. "Diffindo peut rendre de grands services au quotidien, c'est vrai. Mais je l'utilise assez rarement dans la préparation de mes ingrédients. En fait... je peux l'utiliser pour découper un gros ingrédient en deux parties distinctes, par exemple. Quatre à la rigueur. Mais guère plus... L'utiliser pour trancher quelque chose en rondelles serait un peu comme remplir un chaudron goutte à goutte, pour moi... Vous comprenez l'idée? Sans compter qu'il faudrait le maîtriser à la perfection et cela de façon répétée... Beaucoup de temps et d'énergie mobilisés pour un résultat assez modeste finalement..." Puis après quelques instants de réflexion, elle enchaîna: "L'absence de sortilèges dans votre future filière semble un peu... vous chagriner, Miss. Je me trompe?"

Mot souligné dans le cadre de Inktober 2023
@Erin Fergusson

- Oh, vous inquiétez pas, j'm'y connais pas trop mal en plantes. Enfin, j'les connais pas toutes, mais j'sais m'occuper d'une plante. J'en ai même une dans la serre des élèves.
Parler de plantes était un sujet qui m'intéressait, mais ce n'était pas le thème de cette discussion.

L'enseignante semblait avoir le même point de vue que moi par rapport à la magie. Du moins, c'est ainsi que j'avais interprété son mouvement de tête.
J'écoute ensuite ses explications à propos de l'utilisation du sortilège de découpe.
- Oui, j'comprends... , commençais-je à répondre. Et puis, à force de préparer les ingrédients pour les potions, on s'améliore au maniement du couteau. On devient plus rapide, précis et du coup, on garde de l'énergie pour autre chose, au cas où...

L'adulte me questionna alors à propos de l'absence des cours de sortilèges dans la filière Sciences.
- Oui, j'trouve ça dommage... Y'a tellement de sorts à apprendre... Et certains peuvent vraiment être utiles..., laissant ma phrase en suspend, je ne pensais pas seulement à des sorts comme aguamenti.
Venant d'une famille de sorcier, j'avais l'habitude de vous mes parents faire usage de la mage pour son utilisation de la vie quotidienne. Je savais que d'autres sorts servaient fréquemment lors des duels ou dans d'autres circonstances moins contrôlées, comme lors de l'attaque du Poudlard Express, presque deux ans plus tôt.

- Aguamenti, il s'apprend en quelle année, Miss ? Et y'a pas un sort pour alléger le chaudron ? Parce c'est lourd quand il est plein...

La jeune Serdaigle évoqua d’abord l’expérience que l’on acquérait en pratiquant. Une fois de plus, Erin la surprenait par la maturité de ses remarques. *Les cours seraient plus calmes si tous les élèves étaient aussi réfléchis qu’elle.* Peut-être même trop, par certains aspects : Magdaléna l’aurait volontiers reconnu, mais elle n’était pas contre une pause de temps en temps.

Sa jeune élève poursuivit ensuite sur l'absence de sortilèges dans la filière qu'elle envisageait. Erin trouvait cela dommageable, et la potionniste partageait son point de vue. Elle-même, à Beauxbâtons, avait choisi l'option qui mariait duel et sortilèges et l'avait suivie jusqu'au terme de son cursus. En effet, le fonctionnement de l'Académie française offrait, en dehors de quelques unes obligatoires, une grande liberté en ce qui concernait le choix des matières. Il n'y avait pas vraiment de filières. Un système différent de Poudlard donc.

Alors que la professeure réfléchissait aux différences entre les deux systèmes d'enseignement, la jeune Écossaise reprit ses questions sur certains sortilèges en particulier.
"- Houla, vous dépassez un peu le champ de mes compétences là!" commença-t-elle en riant. "Alors, voyons voir... Aguamenti: il me semble que je ne vois pas mes élèves l'utiliser avant les BUSES... Donc je dirais, 6e année? Mais il faudrait vous renseigner auprès de Miss Priddy pour être sûre", conseilla-t-elle à son interlocutrice. Puis, concernant la deuxième demande, elle enchaîna aussitôt: "Je pense que tous les élèves ont un jour connu le souci d'un chaudron trop lourd. Il est fréquent que les élèves utilisent le sortilège d'Allègement pour pallier ce problème. Il est plus accessible: sauf erreur, les élèves l'apprennent en 3e année. Bon après, il vous reste toujours la Solution de Force", conclut-elle, avant de préciser aussitôt. "Je plaisante, bien évidemment".

*Faire tomber une élève dans l'addiction d'une potion, sous prétexte qu'elle galère à manœuvrer son chaudron: ça ferait désordre, Magda!*, ajouta-t-elle in petto.

Puis revenant aux différences entre Poudlard et Beauxbâtons, la professeure réalisa que si son ancienne école demandait à ses élèves de choisir, très exactement, six cours à suivre, provoquant de véritables coups de poignard dans le coeur de certains de ses anciens camarades, tant les choix s'étaient révélés douloureux, son homologue écossaise permettait, elle, d'en ajouter.
"- Avez-vous envisagé de faire des sortilèges, une option, Miss?"



Mot souligné dans le cadre de Inktober (oui, même en novembre)
@Erin Fergusson

Il y avait une différence de taille entre se renseigner sur les sortilèges qui pouvaient être utiliser lors de la préparation d'une potion et demander à son enseignante de potion en quelle année tel ou tel sortilège était appris.
- Oh oui, désolée... Vous avez raison. J'irais en parler avec Miss Priddy., répondis-je en hochant la tête en signe d'acquiescement. Le sortilège d'Allègement ? Oh, je note. Ca fera encore un sort à ajouter à la liste., dis-je en lâchant un petit rire. Mais ça s'rait plus simple si les chaudrons pouvaient être directement ensorcelé ?, demandais-je en repensant aux nombreux modèles de chaudrons existants et qui étaient vendu dans la boutique du Chemin de Traverse. La Solution de Force ? On l'apprend pas tout d'suite, non ? Donc, peu d'chance que j'puisse en avoir., répondis-je.

L'enseignante de potions me demanda alors si j'envisageais de prendre les sortilèges, matière absente de la filière sciences, en option.
- Oui, c'est ça. Je trouve dommage que cette matière soit absente dans la filière sciences. Y'a tellement de sorts qui peuvent être utiles. Et j'parle pas que pour préparer une potion, mais de façon générale., commençais-je à répondre, un large sourire aux lèvres. Et vous v'nez de me le confirmer. J'vous remercie pour votre aide, Miss. J'vais vous laisser, j'voudrais pas vous déranger plus longtemps., poursuivis-je en reculant d'un pas en arrière. Au revoir, Miss. A la semaine prochaine., terminais-je en adressant un petit signe de tête avant de me tourner en direction de la porte pour sortir de la salle de classe.