Les phalanges d'Aliosus frappèrent trois coups sec à la porte du bureau de Miss Valerion. Puis, avec une précipitation qui ne lui ressemblait guère, trois coups à nouveaux agitèrent la main du cinquième année, se faisant dès lors beaucoup plus pressant qu'il ne pouvait en avoir l'habitude. N'importe qui connaissant un minimum le préfet en chef de la Maison Serpentard aurait remarqué quelque chose d'étrange dans cette insistance qu'on se serait attendu à constater de la part d'un première année sans grande notion de la bienséance ou un né moldu venant d'une société de l'instantané et du caprice immédiat, mais pas du calme, flegmatique et mesuré Aliosus Nerrah.

«Miss Valerion, je dois m'entretenir avec vous.» Dans la bouche du jeune homme, cela sonnait moins comme une demande que comme une exigence malgré les termes sans doute choisis avec soin. Le timbre de la voix n'était pas des plus assurés non plus. Il y avait bien quelque chose qui dérangeait l'élève, le poussant à des extrémités auxquelles il ne se serait jamais permis en des circonstances normales.

Il savait sans doute que sa professeure, directrice de Serpentard qui plus est, amie intime de ses parent par dessus le marché, gouterait fort peu son audace et sa manière de faire, et pourtant, voilà que la main droite se levait une nouvelle fois, se préparant à faire résonner de nouveaux coups secs.

@Sixtine Valerion

Le mercredi Sixtine ne dispensait pas de cours et ça, tous les élèves de Poudlard était au courant. C’était d’ailleurs le mercredi que la plupart des élèves choisissaient pour venir s’entretenir avec la professeure. Mais, Alisous Nerrah, n’était pas du genre à venir s’entretenir un mercredi. Pour dire vrai, le préfet en chef n’était pas du genre à s’entretenir tout court. L’été dernier, elle était venue chez lui, dans sa demeure, pour discuter avec lui de son rôle de préfet et de son futur rôle de préfet en chef. Plus tard, il était venu au club en tant que prodige et avait répondu aux attentes de Sixtine. Un Nerrah respecté et respectable.

Ce mercredi matin, lorsqu’il frappa à la porte de son bureau avec une certaine impatience qu’elle ne lui connaissait pas Sixtine se mit presque à paniquer. Elle imaginait déjà le pire : Willow était morte ? Magnus était dans le coma ? Le couple était ruiné ? Magnus avait il trompé Willow avec une moldu ? Quelle trahison… Lorsque la professeure ouvrit la porte et qu’il lui donna l’ordre de s’entretenir avec lui, elle ne répondit pas, elle n’avait pas jugé nécessaire de le faire.

Elle s’était assise à son bureau et avait invité Aliosus à prendre place sur le siège qu’elle avait enchanté et positionné à côté d’elle. Pas besoin d’être séparé par un bureau avec cet élève la. Si il avait besoin de soutien, elle serait là comme une tante presque affective.

- Dites moi Aliosus, qu’est-ce qui vous tracasse ? Vos parents ont ils un problème ? On va tout arranger ensemble, ne vous inquiétez pas.

Avant qu'il n'ait eu à risquer de s'écorcher la peau sur la lourde porte du bureau, on lui ouvrit et il ne perdit pas de temps, il pénétra rapidement dans la pièce, visiblement stressé. Il accepta sans broncher de s'asseoir à côté de sa professeure, qui était devenue assez rapidement bien plus pour le garçon depuis qu'elle était arrivée à Poudlard. Cette simple démarche qu'elle avait faite en restant à ses côtés plutôt que de rester installée dans son fauteuil, signe de sa position d'autorité, était un geste qui surpris le jeune homme. Désarçonné par cette preuve de proximité et par les mots qu'elle lui adressait, il se sentit soudain submergé par une émotion à laquelle il ne s'était pas le moins de monde attendu.

«Miss, oh non rien de tout cela rassurez-vous, par Merlin, quel idiot de je fais...» il détourna sa tête de miss Valerion en répétant pour lui même Quel idiot, quel idiot... Qu'est ce qu'il lui avait pris de venir ainsi, comme une tornade annonciatrice de mauvaise nouvelle ? Comment avait-il pu croire un seul instant que c'était une bonne idée ? Il avait envie de disparaître de la surface de la terre, qu'un abîme s'ouvre sous ses pieds et l'engloutisse afin qu'il n'ait pas à supporter la honte devant la femme qui se montrait si sincère et attentive à lui.

- Il me faut un verre… Ou deux.

Elle s’était fait toute une série de scénarios tous plus dramatiques les uns que les autres et finalement… Le préfet en chef venait de lui assurer que ce n’était rien concernant les parents de l’adolescent. Avec sa baguette Sixtine s’était servie un verre d’alcool et la voilà déjà en train de vider son contenu.

- Si vos parents vont bien qu’elle est donc la raison de votre venue dans mon bureau aujourd’hui ? Vous n’êtes pas du genre « causant » en temps normal alors comprenez que je m’interroge.

Elle fit ensuite le nécessaire magiquement pour servir un verre de jus d’orange à son invité. Elle ne l’avait pas littéralement invité à être là mais si tout allait bien pour ses parents c’était déjà une bonne chose. Maintenant, elle devait savoir pourquoi ce jeune garçon semblait dans tous ses états. Une peine de coeur ? Il n’aurait aucune raison d’en parler à sa professeure. Un problème de garçon ? Sixtine n’était pas là personne là plus approprié…

- Buvez donc, vous semblez déshydrater.

Elle attendit qu’il prenne une gorgée avant de reprendre.

- Dites moi ce qui vous amène à mon bureau aujourd’hui ? Si je peux vous aider, je le ferais.

Et elle le pensait sincèrement, elle aimait beaucoup cet adolescent et était prête à le protéger comme son enfant si cela s’avérait nécessaire.

A mesure que Miss Valerion sortait une boisson pour elle et un jus d'orange pour lui même Aliosus se décomposait rapidement. Où avait il eut la tête ? Comment cette idée stupide avait elle pu germer dans sa tête pourtant bien faite ? Les dents serrées, il prit néanmoins le verre que lui avait servi la directrice de Serpentard et en bu une micro gorgée du bout des lèvres, la mâchoire encore crispée par la tournure qu'avaient pris les choses. Il laissa passer quelques secondes, prit une grande inspiration, résigné à devoir tout expliquer et par la même, lourdement décevoir la figure de modèle qu'il s'était créé ici à Poudlard.

Sans trop oser la regarder, il commença.
«Miss... Il n'y a... Je n'ai... Écoutez, je suis vraiment navré d'être arrivé comme ça dans votre bureau. Ce n'était pas pour vous alarmer, enfin... Nous sommes en février miss, aussi cela fait six mois que j'ai pris mes fonctions de préfet en chef, et ça n'a été possible que parce que vous avez vu quelque chose en moi et que vous êtes venu à ma rencontre pour m'ouvrir les yeux. Je ne crois pas vous avoir remercié correctement depuis tout ce temps et aujourd'hui, j'ai voulu vous surprendre, comme un genre de... de farce ou quelque chose comme cela. Je vous prie de m'excuser, c'était puéril et je vous ai inquiété alors que je voulais simplement...»

Il fini par se tourner vers miss Valerion en sortant un paquet de sa veste, c'était une boîte de macarons du Café du Rosier de Godric's Hollow qu'il avait demandé à ses parents de lui envoyer. Attachée à la boite, une étiquette manuscrite "Merci de votre confiance".
«Je voulais vous offrir ceci, oh j'aurai voulu pouvoir vous offrir une bouteille mais impossible de la faire venir à l'école, alors j'ai pensé que ça pourrai vous faire plaisir.»

Voilà, c'était dit, à présent il désirait plus que tout pouvoir prendre congé et que chacun oublie cet incident regrettable le plus rapidement possible.

Une chose étonnante était en train de se produire, l'enfant du couple Nerrah était en train de bégayer, il ne parvenait pas à trouver ses mots, du moins au début. La professeure écouta ensuite avec beaucoup d'attention les explications farfelues du préfet en chef.

- Je peux vous dire que j'étais surprise, mais Aliosus, n'essayez plus de faire une farce, ce n'est clairement pas inné chez vous. Laissez plutôt ce plaisir à votre petite amie, Cooper.

Il avait ensuite présenté à la professeure et directrice de maison une boite de macarons avec une étiquette ou il était inscrit des remerciements. Il expliqua qu'il aurait préféré lui offrir une bouteille mais qu'il n'était pas possible d'en faire entrer dans l'enceinte de l'école. Naturellement, elle avait récupéré la boite pour la déposer sur son bureau tout en souriant. Replongeant son regard dans celui de son élève, elle lui offrit une étreinte douce et maternelle qui dura quelques secondes.

- Merci Aliosus, j'apprécie beaucoup ce geste. Ne vous en faite pas pour la bouteille, j'ai tout ce qu'il faut. Puisque ça fait 6 mois que vous êtes en poste, vous voulez fêter ça ? Je peux vous servir un fond de vin blanc.

D'un geste habile du poignet, elle fit venir jusqu'à son bureau une bouteille de vin et deux verres. Un verre rempli à moitié pour elle même et un fond pour son élève qui n'avait pas encore accepté de boire en son propre honneur.

Quelle honte, non mais vraiment. Quel imbécile... Aliosus allait acquiescer aux paroles de sa Directrice de Maison, jurant que plus jamais on ne le reprendrai à faire une farce. C'était plus que vrai que ce n'était pas inné chez lui, il avait toujours considéré les farces comme de curieuses pertes de temps. Il se souvenait encore d'Irisia devant lui expliquer l'intérêt de faire changer de couleur des moutons lors de leur toute première discussion à Poudlard, il semblait que ça s'était passé il y avait une éternité de ça... Et typiquement, il associait les farces aux cancres et aux nés moldus, comme Fullbuster par exemple. Heureusement, Yesenia, elle, semblait avoir grandi et... Il s'étouffa presque. Qu'avait dit miss Valerion ?

«Pardon Miss ? Qu'est ce que vous voulez dire ?» Il n'était pas fou, elle venait bien de lui parler de sa relation avec Yesenia. Comment avait-elle su ? Ils avaient fait beaucoup d'effort pour rester discrets, après tout les gens avaient déjà l'habitude de les voir beaucoup ensemble, donc il ne restait plus qu'à trouver de petits moments d'intimité afin de, heu, bref.

Non seulement il devait ressembler à une véritable lanterne rouge, mais voilà que sa professeure et mentor lui tendait du vin. Blanc pour être précis. Or, d'après l'article I, discipline générale, section 3, objets, sous section 2, objets interdits, sont interdit à la possession et à l'usage, toute une liste de choses dont l'alcool, c'était noir sur blanc. Si Miss Valerion était bien évidemment soustraite à cette obligation qui ne concernait que les élèves, lui ne l'était pas, et accepter de boire ce verre, fut-il si peu rempli, était bien un usage d'un objet interdit.

Il fini par considérer que le moment qu'il était en train de partager était d'ordre privé, car ce n'était pas tant en qualité de directrice de Serpentard que Miss Valerion lui tendait cette quantité toute symbolique de vin, qu'en tant qu'amie de sa famille et adulte proche du jeune homme. Aussi tendit-il sa main pour accepter le verre qui lui était offert.

L'enfant de ses amis avait manqué de s'étouffer, le vin n'était peut être pas à son gout. Elle s'apprêtât à sortir une nouvelle bouteille, quelque chose de moins fort comme une bière par exemple lorsqu'elle comprit le malaise de l'adolescent. Ce n'était pas l'alcool le problème mais le fait qu'elle aborde le sujet de sa petite copine. Pourquoi semblait il si étonnait ? Après tout, ça faisait un moment qu'elle avait remarqué leur complicité et ça ne devait être un secret pour personne.

- Ne vous en faites pas, je crois que vos parents apprendrons à l'apprécier. C'est vrai que cette petite est... Particulière mais après tout, on ne choisit pas de qui on tombe amoureux, n'est ce pas ?

Car Sixtine pensait que si l'adolescent était mal à l'aise c'était à cause de l'appréhension qu'il ressentait. La professeure avait déjà parlé de cette petite copine particulière aux parents du garçon car elle pensait qu'ils étaient déjà au courant. Elle avait compris qu'après coup que ce n'était pas le cas.

Quand Aliosus accepta le verre de vin elle trinqua avec lui avant de boire doucement ce liquide doux. Ce vin n'était pas amer et l'alcool n'était pas trop fort du moins, pour elle. Elle observait avec intérêt la réaction du garçon, allait il aimer ou au contraire, détester ? Elle espérait ne pas lui donner le gout de l'alcool avec un si petit verre mais, c'était peu probable.

- Alors ce vin, vous aimez ?

Trop embarrassé d'avoir été si rapidement percé à jour dans sa relation pourtant naissante et gardée sous le sceau du secret d'un commun accord avec Yesenia, Aliosus ne rebondit pas sur les paroles de miss Valerion bien qu'elles fussent sources de questionnements. D'abord, pourquoi ses parents auraient-ils a redire sur cette relations ? Et surtout , qu'entendait sa directrice de Maison par "particulière" ? Le terme semblait péjoratif, Aliosus aurait plutôt choisit celui de "exceptionnelle". Il ne fit que hocher la tête dans un silencieux acquiescement vers sa professeure, pendant qu'il portait le verre de vin à ses lèvres.

Le liquide était frais, un brin acide pour les jeunes papilles du préfet en chef, il fut surpris tout d'abord, par cette découverte, puis commença à comprendre les saveurs qui se cachaient derrière cette première attaque, les notes fruitées et délicatement sucrées qui composaient ce vin blanc. Le goût d'alcool faillit le faire grimacer, il n'avait vraiment pas l'habitude de ça et cela lui provoquait des réactions similaires que lorsqu'il avait commencé à boire du café. S'il suivait une évolution similaire, il saurait bientôt apprécier la boisson et ses subtilités. Pour l'heure, il restait mitigé.

«Merci Miss, je n'ai pas vraiment l'habitude de boire du vin, mais j'aime son côté frais et fruité et... minéral, je ne sais pas si c'est le bon mot pour décrire un vin... J'en ai goûté en quelques occasions, plus souvent des pétillants qu'on m'a autorisé à boire en certaines occasions. Vous avez des vins préférés ?»

Après avoir bu le contenu de son verre, la professeure le reposa, elle n'avait pas l'habitude de boire de l'alcool en pleine matinée mais pour une fois et en présence de celui qui était probablement son élève préféré, elle pouvait s'accorder un petit plaisir. Au fut et a mesure, la conversation avait dérivé. Si elle était tout d'abord inquiète pour l'enfant du couple Nerrah, ils avaient ensuite vaguement abordé le sujet de sa petite amie et voilà que maintenant, ils parlaient de vin.

- Pour tout vous dire Aliosus, je préfère le champagne. Les petits bulles qui pétilles et éclatent en bouche c'est comme une explosion de saveur et de sensation. Et parfois, lorsque je ne suis pas d'humeur à me laisser envahir par le champagne, j'apprécie un doigt de Whisky pur feu.

Voilà pourquoi elle appréciait beaucoup Aliosus Nerrah. Elle le voyait comme un adulte dans le corps d'un adolescent. Quoi que, d'ici quelques mois, il aurait plus le physique d'un adulte que d'un adolescent. La professeure se demanda si il allait prendre les traits de sa mère ou plutot les traits de son paternel. Qu'importe, le résultat sera dans tous les cas, merveilleux.

- Votre rôle de préfet-en-chef vous plait il toujours ? Les autres ne sont pas trop difficile avec vous ? Je me doute que ce rôle ne doit pas être évident tous les jours. Malgré tout, il vous va comme un gant. Dit elle en regardant le badge brillant à la poitrine du préfet en chef.