Cette fois ci c'était officiel, Agatha était grande. Enfin, toujours pas en taille, et elle se faisait petit à petit à l'idée de rester petite pour le reste de sa vie, mais en âge. Désormais, seuls Benedict et elle prenaient le Poudlard Express, et ils n'avaient besoin de personne pour les aider à faire leur valise. C'était du moins ce qu'ils avaient convenus avec Aisling, mais les deux cousins avaient sous estimé avec négligence leur propre penchant pour la procrastination. Ils promettaient depuis deux semaine que leurs valises étaient prêtes, mais Agatha avait passé la moitié de la nuit, et Benedict l'entièreté, à fourrer à la hâte ses affaires dans la valise en espérant tout faire rentrer. Elle avait du diviser en deux le nombre de livres qu'elle apportait, et n'avait que deux paires de chaussures. Il lui faudrait se trouver un petit boulot pour financer un achat lorsque l'été viendrait. D'ici là, les bottes suffiraient.

Elle avait passé un mois dans les Hébrides à garder une petite fille, en découvrant à l'occasion une nouvelle facette de sa personnalité : elle aimait être seule, planifier ses journée, et faire partie d'un groupe. Et elle détestait moucher un enfant. La famille chez laquelle elle avait travaillée étant moldue, Agatha avait recu son salaire en argent lui aussi moldu. Qu'à cela ne tienne, elle en avait profité pour acheter un très, très vieux téléphone. Il lui servirait à garder le contact avec certains jeune de la bande que la jeune sorcière avait rencontré là bas. Enfin, "garder le contact" quand on est enfermé la plus grande partie de l'année dans un internat sans communication, ce n'était pas une sinécure.

Ce trajet du retour serait nombreux en première et en dernière fois. C'était la dernière fois qu'elle prenait le Poudlard Express pour y retourner l'année prochaine, mais c'était aussi la première fois qu'elle retournait majeure à la maison. Maison à laquelle ironiquement elle n'était pas majeure, mais passons. C'était également la première fois qu'elle ramenait , son chaton Mérytaton, premier animal de compagnie qu'on lui avait offert à son anniversaire. Passé l'émerveillement d'avoir un chat était arrivé l'épineuse question du prénom.

Benedict avait suggéré des prénoms tous plus incongrus les uns que les autres pour créer des jeux de mots parfois douteux. Aisling avait proposé des noms irlandaise. Mais finalement, la bonne idée lui fut soufflée par Robert Grantham lui même : elle allait s'inspirer de l'Egypte Antique. Le petit chat étant une petite chatte, elle avait tout de suite sut à quel personnage l'identifier. Un allé retour plus tard dans un livre d'histoire pour vérifier qu'elle ne se trompait pas plus tard, son chat s'appellait Mérytaton. C'était le nom la fille de Neferiti, devenue une des cinq pharaonne d'Egypte dans toute l'histoire, à l'âge de 15 ans. Ce qui avait le plus attristé Agatha était l'oubli total dans lequel était tombé son court règne. Certain de ses objets portant son cartouche avaient été modifié pour la tombe du pharaon suivant Toutankhamon et son nom effacé sur les inscription murale. De plus, le définitif Méry était court et plutôt sympathique. Depuis longtemps, l'Egypte Antique et ses civilsation attiraient Agatha, sans qu'elle puisse vraiment définir la cause de son attrait. Mais c'était sûr, un jour, elle irait.

Elle avait peine à y croire, mais sa dernière rentrée à Poudlard était bien arrivée. Le regard perdu dans le paysage qui se transformait lentement, prenant des tons plus écossais, Agatha jouait à l'un de ses jeux favoris : imaginer des histoires. Etre majeure selon la loi sorcière, pouvoir transplaner ou jeter des sorts à sa guise n'avait pas éteint la part d'enfance qui demeurait solidement ancrée dans la Serdaigle et qui teintait ses imaginations d'un brin de mièvrerie ou de malice. Cette fois ci, le train était comme une bulle dans laquelle elle était enfermé, condamné à voir le monde sans jamais pouvoir le toucher. Elle se prit à imaginer la vie dans cette ferme, dont les petits murets de pierre donnaient un aspect charmant et géométrique à la campagne alentour. Dans cette chaumière vivait une sorcière qui avait renoncé à sa magie pour embrasser la vie de moldu, sacrifice pour l'être aimé qui l'avait rendue amère. La baguette était enterré plus loin, sous ce pommier, et appelait la femme, comme un aimant lui rappelant chaque jour ses privations. Elle avait donné donné naissance à des jumeaux, identiques en tout points, sauf un : un avait le don, et l'autre en était dépourvu.

- Agatha ! Tu viens ? On va aller chercher les autres pour attendre le chariot ensemble. Stephen a des jeux de cartes, on va bien s'amuser !

Tirée un peu brutalement de ses rêveries, Agatha accepta tout de même d'un hôchement de tête l'invitation d'une de ses amies, et quitta son compartiment, prenant avec elle Méry dans ses bras.

Cette fois ci, c'était bien la fin. Agatha avait beau l'avoir envisagé une centaine de fois, elle ne s'était pas attendue à ressentir autant de nostalgie. Dur de croire qu'elle ne reverrait plus son dortoir, ni les reflets du Calamar Géant dans le lac, ou n'assisterait à un cours mortellement ennyeux, serait en retard à cause des escaliers, ou aurait de longues et originales conversations avec les tableaux qui peuplaient le château. Cette époque était révolue, mais ce n'était pas ce à quoi elle était habituée. Carressant pensivement Mery, Agatha tenta d'imprimer profondément dans sa rétine l'image du chateau qui s'éloignait petit à petit jusqu'a être effacé par son pouce. Et puis devint invisible, caché par les montagnes.

La Serdaigle, ou plutôt l'ex Serdaigle était plongée dans ses reflexions. A quoi ressemblerait la nouvelle promotion de jeunes sorciers l'année prochaine ? Quelle sera la chanson du Choixpeau ? Qui occuperait son lit ? Qui récupérerait ses manuels ? Comme pour conjurer le sort, elle prit un petit bout de papier, marqua Agatha était ici et l'enfonça profondément être deux banquettes, comme pour laisser quelque chose derrière elle. Elle avait laissé à Poudlard le club du mardi, ses rêves d'enfant sur les sorciers, une bonne partie de son temps. La maison de Rowena avait dignement acceuilli l'étrange fillette, et l'avait renvoyée chez elle avec un peu plus de plomb dans la tête. Elle le reconnaissait, son passage à Poudlard avait tout transformé.