Le coeur n'y était plus. C'était la première fois que j'allais chez le concierge, et pour quoi ? Parce que j'avais "remarqué" que Kohler et Valerion se tenaient la main, rien que cela !
La veille, lors d'une sortie à Pré-au-lard et à l'occasion de l'ouverture du pot cassé, l'homme m'avait parfaitement fait comprendre que je devais aller dans son bureau. Je m'en était plainte à mon caillou de compagnie qui n'a fait que de me regarder en roulant le soir dans mon dortoir. Quelle ironie tout de même ! Je n'avais rien fait de mal non ?

Je toqua discrètement à la porte de la salle avec un petit retard. Pour ma gouverne, ce n'était pas parce que ma montre à gousset était mal réglée mais parce que j'étais restée plantée devant l'encadrure pendant facilement 5 minutes à m'imaginer tous les scénarios possibles qui se passeraient à l'intérieur.
J'entrai timidement avec un petit sourire qui traduisait mon malaise. Ce n'était pas non plus comme si j'avais répété à tout le monde ce que j'avais vu ce jour-là ! (enfin si je l'avais dit à mon caillou de compagnie et les filles du dortoir l'avaient sûrement entendu).

- Hum.. Bonjour monsieur ? Dé-désolée pour mon léger retard héhé..

Le rire nerveux qui tue. J'étais vouée à croupir dans les cachots jusque la fin de mes jours.

Suileabhan était de mauvaise humeur. Si ceux qui ne le connaissaient pas vraiment, soit la presque totalité de Poudlard, auraient pu croire que rien ne changeait par rapport à d'habitude, ce n'était cependant pas le cas. Le concierge était cette fois véritablement en rogne, et la raison en était simple. Sa journée de repos, sa sortie avec Sixtine, ses retrouvailles avec Briac.. étaient tant d'événements importants qui avaient été balayés à deux reprises, par deux jeunes sorcières. Et, honnêtement, il n'aurait su dire laquelle des deux le mettait le plus en rogne. Bien sûr, une infraction au règlement, ce n'était pas rien, mais c'était de la sécurité de la jeune élève ainsi que des responsabilités qui en découlait dont il était question.

Le cas de Harlez était complètement différent. Ici, pas d'atteinte précise au règlement, et ce pour une raison simple : il s'agissait d'une règle de savoir-vivre que Suileabhan aurait cru universelle... Enfin après quelques minutes, un faible bruit se fit entendre à la porte. La ponctualité n'était apparemment pas non plus une de ses qualités. L'irlandais ravala et grognement.

- Entrez.

Il avait hésite à lui proposer un siège, mais le concierge se radoucit, à peine, en remarquant le stress de la jeune fille. Il n'était pas psychomage, mais à dire vrai, n'importe qui l'aurait remarqué.

- Asseyez-vous.

Suileabhan n'aimait pas tourner autour du chaudron, et il n'allait pas commencer aujourd'hui. Cependant, il allait quand même laisser une chance à la Serdaigle de s'exprimer.

- Je veux la vérité, Miss Harlez. Soyez franche, nous sommes entre Serdaigle. Étiez-vous oui ou non en train de nous, de me suivre le jour dernier ?

La voix grave de l'irlandais était chargée d'accent, mais restait compréhensible.

Omg ça attaquait directement en frontal. Il faut dire que je n'étais pas forcément très à l'aise, et entre nous, ce "entre Serdaigles" était assez amusant, comme un moyen de détendre l'atmosphère trop tendue de mon côté.
Je me suis assise en me tripotant les doigts, posant ma sacoche que j'emmenais partout avec moi à terre. Puis choisissant mes mots avec précaution, j'ai répondu :

- En fait..

Je cherchais mes mots. Comment avouer que l'avenir des gossips de Poudlard dépendait entièrement de mes actions ? Du fait de les suivre ? Je ne devais pas me voiler la face et répondre franchement.

- Hum.. En fait.. Oui.. Je suis désolée si ça pouvait paraître malpoli ou même totalement immoral mais comprenez.. Je.. C'était la première fois que je vous voyais ensemble hors de Poudlard et.. Sous le coup de la surprise je n'ai pas réfléchi à ce que j'ai fait..

J'espérais le convaincre avec ces mots doux. En même temps si j'avais appris que moi et mon magnifique crush aka l'intervenant en langue des fées et des vélanes alors que nous sortions ensemble main dans la main que quelqu'un nous épiais comment je l'aurais pris ? Déjà, je me serais sentie populaire sûrement, ensuite j'aurais sûrement été très mal oui. Mais d'abord la popularité, c'est le plus important !

Suileabhan avait laissé une chance à la jeune Serdaigle mais, pour être tout à fait honnête, il ne s'attendait pas à ce qu'elle l'a saississe et qu'elle lui réponde franchement. Même si le concierge était conscient de son aura intimidante, il était courant pour lui que les élèves récalcitrants se complaisent dans le mensonge ou se murent dans le silence. Seulement, dans le cas de la jeune sorcière, il était déjà évidemment conscient de la vérité qui ne jouait pas en faveur de Kimberly Harlez. D'autant que la Serdaigle ne lui avait pas dit toute la vérité. Son honnêteté n'allait finalement lui éviter que la franche colère de l'irlandais, ce qui était déjà beaucoup.

- Vous n'avez pas réfléchi à ce que vous avez fait. Pas très digne d'une Serdaigle, vous ne trouvez pas ? C'est ce que j'aurais pu vous répondre si je ne connaissais pas déjà votre goût pour les commérages.

Qu'est-ce qui avait bien pu changer dans la maison bleue depuis son passage pour que les adolescents soient plus intéressés par les ragots que par leur recherche de la connaissance ?

- Mais puisque vous aimez tant me suivre, peut-être préfériez-vous m'accompagner durant toutes les prochaines journées de sortie à Pré-au-Lard pour assister à mes vérifications d'autorisation de sortie ?

Il accompagna sa déclaration d'un sourire qui n'avait rien d'amusant. Comment allait-elle réagir à l'évocation de ce qui ressemblait à une inhabituelle punition ?

Le concierge semblait en savoir beaucoup plus sur moi que moi même je n'en savais sur lui, ou même sur ma personne. Je fit la moue, en entendant ce caractère "indigne" de Serdaigle. Dans ce même élan cette question m'est venue en tête. Pourquoi étais-je dans cette maison ?
Je n'étais pas très intelligente, pas forcément créative ou originale. J'étais une gamine assez normale.. Alors pourquoi le choixpeau avait-il décidé de mon sort ainsi ?
Dans une toute petite voix suite à sa réflexion, j'ai lancé avec un sourire.

- En même temps je la coche bien la case de la curiosité de ma maison..

Cependant, la punition tomba. QUOI ?! Comment ça j'allais vérifier les autorisations de sorties ?! Quoi ??? C'était impossible ! J'étais importante ! J'avais tant à faire en dehors de simplement voir si une bande de morveux défiaient les règles ! Je devais faire les boutiques, acheter des bonbons, des chocogrenouilles, boire un thé.. Nooooooooon c'était vraiment la pire chose possible ! J'ai rapidement répondu au tac-à-tac :

- Non s'il vous plait monsieur ! Je.. Heu.. J'ai pas d'excuse mais.. Euh.. Vous savez, faire ce travail est quelque chose de faisable facilement tout seul ! Je pourrais ramasser les papiers à terre ! Mais s'il vous plait si c'est plusieurs sorties c'est horrible ! Je vais mourir d'ennui moi !

Comment_s'attirer_les_foudre_du_concierge.pdf



Désolée Kim est vraiment insupportable

Alors que les premières paroles de Suileabhan atteignaient finalement les oreilles puis le cerveau de sa jeune interlocutrice, le concierge lut de nombreuses interrogations personnelles dans le regard de la jeune fille. L'une d'entre elles se fit confirmer une poignée de secondes plus tard à peine par quelques mots chuchotés par la Serdaigle.

- Le choixpeau ne se trompe jamais.

Il n'allait pas en dire plus, ni consoler ni aider Kimberly Harlez. Après tout, il n'était pas là pour ça aujourd'hui. Et puis, aux derniers mots lâchés par l'irlandais, la jeune fille implosa, bien loin du murmure qui précédait ses exclamations de panique.

- Un peu de tenue, Harlez ! Vous n'êtes pas dans une troupe de spectacle gobeline.

À dire vrai, Suileabhan n'avait absolument aucune envie d'appliquer une telle punition. Premièrement, la vérification des autorisations de sortie était déjà une corvée suffisamment éreintante en soi pour devoir en plus avoir une telle présence à ses côtés. Et deuxièmement, il espérait en finir au plus tôt avec le cas de la jeune sorcière.

- En voilà une bonne idée. Ce n'est pas mon rôle, mais vous allez me suivre. Nous avons le temps jusqu'au déjeuner, alors vous allez vous tenir derrière moi durant ma ronde des quatrième et cinquième étages et nettoyer en silence tout ce qui traine - papiers, tâches - au sol ou sur les murs du château.

Suileabhan n'avait absolument pas envie que la jeune fille lui cause encore des problèmes, alors il en rajouta un peu.

- Bien sûr, si j'entends une plainte, une râlerie de votre part durant votre punition, vous y reviendrez à tous les weekend. Allons-y, pas de temps à perdre.

L'adulte se dirigea vers la porte, en attente de la jeune sorcière.


Milles excuses pour ce retard !

- Oui m'sieur Kohler

Ca sonnait comme Colère. Drôle de coincidence non ? Celui qui devait faire respecter la justice, les règles et les jeunes Serdaigle qui espionnent des couples adultes de Poudlard durant une sortie. La colère est une émotion qui peut inspirer la terreur, mais pas forcément. J'aimais faire le rapprochement.

Mon regard implorant devait avoir une de ces tête. Mais au final j'étais un peu contente de nettoyer Poudlard plutôt que de ne pas profiter de mes sorties sur Pré-Au-Lard. J'ai baissé la tête, car cela restait une punition, et en me retenant de rechigner je me suis levée pour l'accompagner à la porte.

Bon, pas le droit de se plaindre, c'était retenu. Et ramasser et nettoyer le sol et les murs du château c'était retenu aussi. Par contre il allait falloir que je me munisse d'un sac poubelle et d'un chiffon pour nettoyer tout, parce que j'allais pas garder les déchets dans mes doigts et essuyer les cloisons de l'école de sorcellerie avec mes mains. J'étais si nulle en sortilèges qu'en réalité je savais que pour apprendre Tergeo il me faudrait au moins attendre ma sixième année, sans compter sur le fait que je ne fais plus sortilèges, alors bonjour la galère.

Dans l'encadrure de la porte, je me suis sentie étrangement petite. Pff, de toute façon un jour je serais supérieure à lui dans mon boulot, c'est un but, pas sur de l'atteindre, mais j'aimerais bien.

excuse moi pour cet immense retard, je manquais de temps et d'envie x)
Si tu veux, ce post peut être mon dernier si tu considère que Kim fait son travail en silence, ou si tu as
d'autre projets à ce moment là ce n'est pas mon dernier post, j'ai juste pas envie de te faire subir mes retards

Alors que la jeune fille acceptait enfin sa sentence et se levait pour le rejoindre, Suileabhan put enfin goûter au silence auquel il aspirait. Mais le calme apparent se rompait facilement en un coup d'œil à la Serdaigle : celle-ci attendait quelque chose, et le concierge craignait d'avoir bien deviné. D'un coup de baguette, il fit venir à lui une paire de vieux gants qu'il savait trainer dans un des grands tiroirs qu'il avait pris du temps a organiser quelques temps plus tôt. Sans attendre, il les refila à l'adolescente.

- Tenez. Vous êtes une sorcière, vous n'aurez besoin de rien d'autre.

Et, en silence, il se mit en route pour la ronde prévue, la fille sur les talins. L'irlandais espérait sincèrement qu'elle se mettrait à la tâche en étant un minimum consciencieuse et silencieuse - pas parce qu'il se souciait de la voir préserver dans une boucle de punition, mais parce qu'il n'avait vraiment pas l'envie de la trainer dans ses pattes pendant des semaines. Surveillant du coin de l'oeil que Kimberly Harlez suivait bel et bien ses directives, Suileabhan accomplit un peu plus lentement qu'à l'accoutumée sa ronde matinale. Lorsqu'ils furent arrivés au troisième étage, il se tourna vers la Serdaigle.

- C'est ici qu'on se sépare. Retournez sur vos pas pour vérifier que vous n'avez rien laissé trainer, et retournez vaquer à vos occupations. Et prenez bien conscience que je vous ai désormais à l'œil : la prochaine fois, je ne serais pas aussi gentil avec vous.


Disons que c'est une fin de RP