Il est de ces cours qui ne pardonnent pas l’oubli d’une baguette magique, et d’autres pour lesquels une cuillère en bois suffit. Aujourd’hui, même si mon catalyseur était bien posé sur ma table de travail, je savais qu’il ne me serait pas utile pour une potion contre les furoncles. Aujourd'hui, je voulais faire mes preuves, montrer que j'étais capable de faire une potion avec un minimum de difficultés. Il le fallait si je voulais mener à bien mon plan. J'avais deux livres sur ma paillasse aujourd'hui : mon livre de potions de première année, et celui de cinquième année. Evidemment, j'avais posé le plus utile par dessus l'autre, comme pour le cacher. Cela me rassurait de l'avoir près de moi. C'était comme présenter l'élément final que je pouvais obtenir, la potion finale à créer, le graal à obtenir.

Une fois la théorie enseignée, voilà que l'étape de la pratique arrivait. Notre chaudron devant nous, il me faudrait le remplir et travailler de paire. Sans faire attention, je m'étais placé à côté d'une Gryffondor presque aussi timide que moi, avec laquelle je n'avais pas échangé un seul mot de tout le cours. Je tournais la tête vers elle, cherchant à comprendre si elle acceptait de travailler avec moi, mais n'osais encore rien dire. A la place, je saisis le chaudron et allai directement au robinet pour le remplir à moitié. Au moins une étape qui était facile à réaliser. En revenant vers ma table et ma voisine qui ne parlait pas beaucoup, je m'osais à un premier échange.

- Euh... Tu veux commencer à écraser les crochets de serpents ?, demandai-je d'une petite voix, craignant qu'elle ne m'ordonne de la laisser tranquille et qu'elle veuille faire bande à part. Je saisis les huit dans mes deux mains et les plaçai devant le chaudron, entre nous deux. Si elle acceptait, elle les prendrait pour les mettre dans son mortier, sinon, je les reprendrais. En attendant sa réponse, feintant d'être très occupé, j'ouvrais mon livre à la page de la potion du jour et relisais la recette que je connaissais déjà par cœur. Du moins, les ingrédients. Je jetai quelques petits regards discrets vers la jeune fille, ne cherchant pas à lui mettre la moindre pression.

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Pardon pour le retard ! J'suis là maintenant

On était enfin dans le vif du sujet de ce que préférait Ottilia, les potions. Il fallait dire que depuis son arrivée à Poudlard, la coréenne ne jurait que par cette matière. Cela se traduisait d'ailleurs dans ses notes qui étaient particulièrement excellentes à toutes les évaluations menées par Miss Xarinez. Aujourd'hui d'ailleurs, elle menait un cours qui reprenait certaines bases déjà abordées en début d'année pour ceux encore à la traine. Ottilia n'était pas particulièrement friande de ce genre de cours qu'elle connaissait déjà, elle voulait continuer à étudier d'autres préparations et apprendre à en préparer de nouvelles qui l'intéressait beaucoup plus. Il faut dire que le sujet du jour était la potion pour soigner les furoncles, c'était une potion assez basique enseignée très rapidement en début d'année et ça ne passionnait pas franchement la brune, soyons franc.

Malgré tout, Ottilia se voulait toujours être la meilleure dans cet exercice, elle pouvait particulièrement mal vivre le fait de ne pas exceller dans ce qui la passionnait. Et même pour un exercice de rattrapage, l'enjeu était assez présent. Malheureusement, le sort et sa professeure avaient décidé de lui coller dans les pattes un binôme qu'elle n'avait pas demandé. Elle espérait simplement ne pas tombé sur sa camarade de Serdaigle qu'elle ne pouvait pas voir en peinture. Heureusement pour elle, ce fut cette fois-ci un Poufsouffle avec qui elle devrait mener à bien cette potion. Le laissant aller remplir le chaudron, ayant beaucoup de force qu'elle, elle commença de son côté à préparer les divers ingrédients de la potion. Aujourd'hui ça serait des orties séchées, des limaces à cornes, des épines de porc épic et des crochets de serpents. En parlant de ces crochets de serpents, le Poufsouffle semblait lui proposer d'écraser les crochets de serpents. Au moins, il était plutôt sérieux, c'était déjà un bon point.

Bien décidée à faire le meilleur remède contre les furoncles possible, la brune prit les choses en main lui indiquant d'un ton monotone mais directif. — Je vais commencer à faire chauffer le chaudron et les écraser. Il y a les limaces à cornes et les orties séchées dans l'armoire en face, si tu peux aller les chercher. Les épines de porc épic étaient en face d'elle. Il fallait gagner du temps car la potion était plutôt longue à mijoter.

Sans attendre, la petite posa le chaudron un peu lourd sur le feu déjà prêt pour le mettre à chauffer. Elle se saisit de son mortier avant de regarder les crochets de serpents. Il fallait particulièrement faire attention à la manière de les manipuler sous peine de se piquer avec la pointe des crochets. Prenant un gant renforcé prévu à cet effet préparé non loin, elle ajouta les 8 crochets de serpents prévus pour la potion dans le mortier avant de les écraser avec force. Elle n'avait même pas besoin de regarder la page dédiée à cette potion tellement elle l'avait déjà lu et relu. Puis ceci fait, elle se tourna vers son voisin pour lui indiquer la marche à suivre. — Maintenant, il faut que tu prennes les orties et que tu les frottes entre tes mains. Sans préciser de mettre des gants, car elle trouvait cela évident. Puis après que t'auras versé la poudre d'orties, j'ajouterais les crochets en poudre et les limaces. On a plus qu'à laisser mijoter 40 min avant d'enlever du feu. Surtout, touche pas aux épines de porc-épic avant ça. Tu sauras faire ? Le regard inexpressif et perçant de la brune se plongea dans ceux de son interlocuteur.

Elle essayait un peu de jauger son niveau et surtout sa connaissance de la préparation, elle ne voulait pas de quelque chose d'approximatif, elle qui était profondément rigoureuse sur ce qu'elle devait faire et la manière dont elle devait le faire. Elle ne connaissait pas le Poufsouffle, même pas son nom d'ailleurs et ce n'est pas vraiment comme s'il voulait se présenter et ce n'est sûrement pas Ottilia qui le ferait vu sa capacité naturelle de ne pas être du tout avenante avec ses camarades. De toute façon, il n'y a pas besoin de nom pour préparer une potion.

La Gryffondor semblait plus distante que je ne le craignais et je n'étais pas très à l'aise avec le regard totalement neutre et dépourvu d'empathie qu'elle me jetait. Je décidai toutefois de suivre les indications qu'elle me donnait, la laissant diriger si cela lui faisait plaisir. Après tout, tout ce qui m'importait aujourd'hui, c'était de réussir une potion, me prouvant ainsi que je pouvais espérer en réussir d'autres plus compliquées. Elle accepta de s'occuper des serpents et m'indiqua l'armoire en face pour aller récupérer les orties séchées et reste des ingrédients. Un léger sourire se dessina sur mon visage, et m’amusai de ses semblants d’ordre. Encore une qui se croyait plus intelligente que les autres et qui ne pensait pas nécessaire de faire équipe avec quelqu’un. Silencieux, je me rendis près du lieu désigné.

En passant à côté des paillasses, je jetai quelques discrets coups d'œil vers les autres chaudrons. Nous venions à peine de commencer, mais je craignais déjà avoir perdu du temps à mener une discussion, qui n'allait pas en être une, avec ma voisine. Une fois devant l'armoire, j'ouvrais la porte de droite, saisis les petits bocaux nécessaires et ramassai au passage la paire de gants pour plus de sécurité, avant de revenir à ma table. La jeune fille semblait bien attelée à la tâche et me retins de faire une quelconque commentaire. Je déposai les ingrédients devant moi et ouvrai, par précaution, mon manuel de potions. Je plaçai mon index sur la page de la potion du jour, le fis glisser le long de la liste des ingrédients et m'assurai de bien tout avoir : 8 crochets, limaces cornues, épines de porc-épic. Tout y était.

Et alors que je croyais devoir faire cette potion seul, tellement la fille n'avait pas l'air d'être communicative, elle s'adresse à moi pour me donner les prochaines instructions. J'en sursautai presque, mais réussis à me contrôler avant que nos regards se croisent, priant Merlin qu'elle n'ait rien vu. Frotter les orties avec des gants ? Ok, ça je peux faire sans problème. Je tournai la tête vers mon livre, voulant tout de même m’assurer de la véracité de tous ses propos, et elle avait bien raison. Chouette, cette élève avait vraiment la recette en tête. Cela allait me demander donc moins d’efforts. J’en venais même à penser que je pourrais l’embarquer dans ma mission d’une potion de cinquième année. Je la regardais avec intérêt, cherchant un indice qui pourrait me faire penser qu’elle ne répéterait rien à Miss Xarinez de mon plan… Mais c’était encore un peu tôt pour le dire.

- Euh... Oui, oui, bien sûr, je peux faire tout ça, répondis-je d'une petite voix, mettant fin au léger silence qui s’était installé par mes rêveries. J’imagine qu’il faudra être prudent pour jeter cette poudre dans le chaudron… Tu crois qu’il faut tout mettre d’un coup, ou verse tout doucement ? Honte à moi, je testais ces connaissances. Je donnais des airs de mecs curieux, alors que je la testais pour une mission qu’elle ne connaissait même pas encore. Si elle me répondait correctement, qu’il fallait la verser délicatement, alors je lui confèrerais un point bonus. De toute manière, elle devait sûrement être en train d’analyser tous mes gestes, à en juger le regard sérieux qu’elle me lançait depuis le début.

Je saisis les orties dans mes gants bien enfilés et commençai à les frotter au dessus du mortier. Je ne voulais pas le faire tout de suite au-dessus du chaudron, au cas où j’en mettre trop. D’ailleurs, c’était quoi la quantité ? Je jetai un nouveau regard vers ma partenaire et guettai si des gros yeux allaient naître sur son visage, ou un air d’approbation.

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