Cette fois-ci, c'était la goutte qui avait mis le feu aux poudres. Il y a deux jours, la boursouflette de Narcisse avait répandu ses poils d'hiver absolument partout dans sa salle commune. Tout ça parce qu'il l'avait laissé échapper à sa surveillance un moment. Alors c'était décidé : il la garderait à portée de vue à chaque instant. Plus question de la poser sur sa tête ou dans une poche. Elle demeurerait sur son épaule, ou dans sa main, et il ne laisserait plus faire de bêtise. Klee lui faisait payer, mordillant sa main chaque instant, ou lui mordillant l'oreille avec agressivité, mais Narcisse comptait bien ne pas se laisser faire. Il avait une lettre à envoyer aujourd'hui, et en s'y rendant, il gardait toujours un œil en coin sur Klee, posée sur son épaule.

Juste avant de prendre l'escalier qui montait à la volière, il regarda en l'air, histoire de voir si personne ne descendait. Mais en ramenant son regard sur son épaule, plus de Klee.

- Mais... c'est pas possible !!

Et pourtant si, en une fraction de seconde, la petite boule rose avait dégringolé de sa robe, atterrissant au sol, avant de se mettre à galoper à toute patounes, dans une direction inconnue, direction l'aventure. Narcisse eut juste le temps de la voir tourner à un couloir avant de se mettre à sa poursuite, baguette dégainée, prêt à lui lancer le sort de lévitation.

LIBERTÉ ! HAHA ! Klee avait bien eu son humain de compagnie. Elle avait attendu une occasion, et avait magnifiquement exécuté son plan. J'étais décidément la boursouflette la plus géniale qui existait, ce n'était pas pour rien que j'étais leur déesse. Et même celle de certains humains. J'avais notamment acquis récemment une sublime humaine rousse qui me gâtait de gâteaux et de câlins. Peut-être que j'allais changer d'humain de compagnie ? Non, non, la dame à la voix d'acier ne serait pas contente.

Klee galopait toujours plus rapidement, débarrassée de ses poils d'hiver, ceux de printemps ayant poussés dans la nuit, elle se sentait plus légère. Elle roulait aux tournants pour gagner de la vitesse, dérapant et cognant chaque être vivant qu'elle croisait, poussant de grands couinements de guerre.

Je m'arrêtai, dérapant sur quelques centimètres. Je sentis une odeur. Oh... Je reconnaissais cette odeur, c'était l'odeur d'un combat épique en approche ! J'observais l'humaine qui venait de sortir d'une pièce, et j'estimai qu'elle ferait un parfait ajout à la collection de Klee la conquérante ! BANZAAAAAÏE ! BULIAAAA ! YAKARAAAAAARARARA !

Roulant dans la direction de l'inconnue, Klee se prépara à mordre brutalement les vêtements de l'inconnue et tout ce qu'elle pourra attraper, tout en poussant de grands couinements de guerre dans le but d'intimider l'adversaire.

Le week-end Sixtine avait pour habitude de passer du temps avec Suileabhan. Et le samedi n'avait pas fait exception à la règle. Elle avait passé la soirée en sa compagnie puis elle avait décidé de rester dans les quartiers du concierge au lieu de retourner à ses propres quartiers. Finalement, le lendemain matin, ils avaient tous les deux rejoint son bureau et Sixtine sortit de là presque souriante.

Le regard de l'ancienne Auror est attiré par une chose rose qui roule sur le sol. Un Boursouflet seul et sans défense. La professeure ne possède aucun animal non pas parce qu'elle ne les aime pas mais simplement car à la mort de sa chouette, elle n'a jamais voulu reprendre une créature. Elle n'avait plus le temps ni l'envie. Lorsque ce Boursouflet était venu frapper la cheville de Sixtine, elle fut d'abord surprise et haussa un sourcil, pourquoi cette créature avait fait ça ? Et alors que la professeure allait tout simplement continuer sa route, l'animal à la couleur plus horrible qu'un Troll commença à couiner et elle se prépara à mordre la robe de la professeure.

Avant que la petite chose ne puisse froisser le tissu délicat de son vêtement, Sixtine posa son pied sur la créature en mettant juste assez de poids pour l'immobiliser complètement. Elle récupéra ensuite la baguette coincée à sa cuisse et, d'un coup de baguette, elle fit s'élever la créature dans les airs.

- Je ne sais pas qui est ton sorcier mais si il ne vient pas rapidement jusqu'à moi, je ne donne pas cher de ta peau infâme créature.

BOULACOULIII... Ah ? MAIS ? Comment ? Que diable ? Quelle diablerie ? La grande déesse Klee se ferait-elle... marcher dessus ??? Heureusement que ma fourrure de guerre nouvellement poussée amortit l'attaque sanguinaire de l'humaine. Mais alors que je m'apprête à repartir à l'attaque, voila que je suis décollé du sol !

Roooh... Décidément, attaquer des sorciers, c'est jamais drôle ! Déjà que l'humain de compagnie de la grande Klee avait pris cette habitude, si les autres s'y mettaient, ça n'allait pas du tout le faire. En m'élevant, je donnai des coups de patounes en l'air, tout en poussant mes grands cris de guerre. Cette femme allait voir ce qu'elle allait voir !!

Narcisse courait à toute allure, mettant à profit son cardio et ses entraînements pour ne pas s'essouffler, tout en pistant sa boursouflette, baguette à la main. Lorsqu'il la vit disparaître à nouveau à l'angle d'un couloir, prenant une grande inspiration, il piqua un grand sprint, en faisant les plus grandes enjambées que ses petites jambes étaient capables de fournir.

- Klee ! Au pied !

Il avait commencé à lui apprendre quelques ordres, mais bizarrement, "au pied" était l'ordre qu'elle avait le plus de mal à accomplir. Il était désormais certain que c'était par manque de volonté. Elle n'était pas bête. Lorsqu'il atteignit le tournant, il freina brusquement, ses baskets dérapant sur une dizaine de centimètres, alors qu'il ouvrit de grands yeux effrayés, observant la scène qui se déroulait sous ses yeux.

Sa boursouflette, flottant en l'air, avec, derrière elle, la prof qu'il admirait et craignait. Sixtine Valerion. Il se redressa, reprenant rapidement son souffle, demeurant interdit une petite seconde, avant de prendre son courage à deux mains et s'approcher, gardant sa baguette le long de son corps dans sa main.

- Hrm. Euh... Bonjour Miss... Euh...

Il désigna Klee du doigt.

- C'est... Hrm. C'est ma boursouflette, Klee. Elle est un peu difficile... Elle vous a rien abimé j'espère ?

Son visage refléta soudainement une grande inquiétude, qu'allait-il arriver à Klee et à lui si jamais elle lui avait froissé un vêtement ? Il savait que la prof ne l'aimait pas beaucoup, et de son point de vue, c'était bien mérité. Mais il ne baissait pas les yeux, prêt à défendre sa boursouflette si nécessaire.

L'infâme créature rose semblait crier et essayait de se débattre mais c'était peine perdue. Sixtine se demandait comment elle allait pouvoir utiliser cette petite chose rose quand un gamin à bout de souffle fit son entrée. Et comme si Merlin lui-même avait décidé de jouer une farce à la professeure, il s'agissait de l'élève le plus pitoyable de tous : Narcisse Brando.

Une créature aussi stupide et dépourvu d'instinct de survie ne pouvait être que l'animal d'un sorcier tout aussi stupide et dépourvu de bon sens. Elle n'avait pas retenir un long soupir qui en disant long. La professeure regarda l'élève durant quelques secondes tout en réfléchissant à un moyen de lui faire comprendre qu'il ne devait plus laisser sa chose sans surveillance.

- Vous osez comparer ma magie à votre stupide Boursouflet ? Bien sur que non, elle ne m'a rien abimé mais elle m'a fait perdre mon temps.

D'un geste rapide, et sans même prononcer un mot, l'ancienne auror fit grandir la créature qui faisait maintenant au moins la taille d'un gros chat. Elle venait de lancer le sortilège Amplificatum. Puis, elle jeta l'énorme Boursouflet sur l'élève de Poufsouffle.

- Alors stupide créature, vas tu chercher à te venger de moi en revenant m'attaquer ou vas tu t'en prendre à ton sorcier, fais ton choix.

Qu'importe la décision, finalement Sixtine s'amusait bien à torturer mentalement ce pauvre petit garçon.

Narcisse sentit des frissons parcourir le bas de son dos alors que la professeure poussa un long soupir qui en disait beaucoup trop. Même lui en comprenait la signification, et se sentit cruellement découragé. Était-il condamné le restant de sa scolarité ? Il se redressa. Et puis quoi encore ? Il n'allait pas partir défaitiste, ce serait simplement plus compliqué que prévu, mais ça ne l'avait jamais arrêté. Ses yeux soutenaient le regard de Miss Valerion, déterminés. Il fronça les sourcils quand elle dit que Klee était stupide, mais malgré son envie de la contredire, dans cette situation, il était censé de penser cela. Hésitant sur ce qu'il devait faire, il fut surpris par la réaction de la prof.

- Je suis vraiment désolé Miss, il a suffit d'une seconde d'inattention et... Wow !

Rattrapant habilement Klee, qui était devenue énorme, il était partagé entre l'horreur et l'hilarité. Elle était gigantesque ! Enfin, comparée à d'habitude, mais toujours aussi douce, et elle poussa un couinement de surprise une fois dans ses bras, s'agitant dans tous les sens.

- Par Merlin ! C'est fou !

Il faisait de son mieux pour la tenir, mais Klee fut prise d'un soudain accès de violence, encore plus puissant qu'avant, et elle se tourna vers lui pour le marteler de ses petites patounes, désormais plus aussi petites. Il chancela sous cette soudaine agression démultipliée et Klee en profita pour s'échapper et bondir vers Miss Valerion, poussant ses puissants couinements de guerre.

VENGEAAAAANCE ! Cette femme maudite avait osé me faire grandir ? Moi ? La déesse des boursouflettes ? Ignorait-elle donc que la valeur d'une guerrière ne se mesurait pas à la taille ? J'allais prendre un malin plaisir à l'écharper sauvagement !!!!

Et voilà que ce petit gnome était impressionné par un sortilège si primitif. Il ne fallait pas grand chose à ce petit pour l'impressionner. A cette remarque, l'ancienne Auror leva les yeux au ciel et reporta son attention sur la chose Rose. Quel choix allait elle faire ? Le choix de la raison ou, le choix d'une mort certaine.

La mort certaine, soit, qu'il en soit ainsi.
L'affreuse boule rose venait de bondir en direction de la professeure qui hésita un instant a lancer un Diffindo sur l'animal mais, son plaisir prendrait fin trop vite. Il signerait immédiatement la fin de ce petit jeu. A la place, elle décida d'invoquer un serpent. L'animal rampant s'avança dangereusement vers sa proie. Une fois à sa hauteur, le serpent mordu le Boursouflet. Heureusement, ce sort n'était pas dangereux et Sixtine n'aurait pas à fournir des soins à cette chose.

- Brando, je crois que votre animal à eu une bonne leçon pour aujourd'hui, vous feriez mieux de le récupérer.

D'un coup de baguette, elle redonna sa taille d'origine à la créature. Dorénavant, la créature était de nouveau une petite chose sans défense. Réduite à cette taille, l'enfant pouvait récupérer son misérable Boursouflet ou, le laisser de nouveau décider et prendre le risque de ne jamais le revoir. Car, si Sixtine avait été indulgente durant quelques minutes, il n'était pas certains qu'elle le reste encore longtemps. Sa patience avait des limites.

Narcisse n'eut pas le temps de réagir pour protéger Klee, et assista impuissant à l'attaque sauvage et sanglante sur sa boursouflette.

- KLEE !

Il sentit une colère froide et terrible l'envahir, et il n'eut qu'une envie : coller une grande droite à Miss Valerion, ou au minimum, lui balancer ses quatre vérités en pleine face. Si Narcisse était très patient quand les attaques étaient dirigées contre lui, s'attaquer à quelqu'un ou en l'occurrence, quelque chose qu'il aimait, cela touchait sa corde sensible. Prenant une grande inspiration, le regard plongé dans celui de la prof, il prit sur lui : il fallait en premier lieu mettre en sécurité Klee. Hésitant un instant à pointer sa baguette sur la professeure, il visa Klee et la fit venir dans sa main en la faisant léviter, le visage rouge de colère.

Il l'observa rapidement, et sentit son cœur se fendre en observant les petites blessures causées par le serpent. Au-delà de la colère sans limite qu'il ressentait en cet instant, il se découvrir également profondément attristé et déçu. Pourquoi se montrait-elle si cruelle ? Pourquoi si gratuitement ? Les traits déformés par les émotions qui l'assaillaient, il commença à se détourner d'elle, il fallait la soigner. Il n'avait jamais vu Klee comme ça : complètement apathique, légèrement tremblante, et malgré les quelques regards confus, il sentait qu'elle aussi bouillonnait de rage. Mais c'était la première fois qu'il la voyait si passive.

- Madame, j'apprécierais que vos ressentiments personnels envers moi n'impactent pas les gens et les choses que j'aime. Je vous remercie.

Et il fit totalement demi-tour, se dirigeant vers l'extérieur, pour aller voir Mister Dawson, il fallait que Klee se fasse examiner. La phrase qu'il avait dit, peut-être qu'il le regretterait. Mais il n'avait pas pu se contrôler. Et peu importe si la prof le rattrapait ou l'empêchait de partir, peu importe si elle lui collait une punition, il n'aurait pas pu rester sans rien dire. C'était la seule explication logique qu'il voyait : elle avait fait cela parce qu'elle le détestait. Et il s'en voulut atrocement en cet instant : Klee avait souffert par sa faute, par sa stupidité, sa bêtise et son impulsivité.

Jetant un dernier regard en arrière, il se fit une promesse : elle allait voir ce qu'elle allait voir, cette cruelle professeure insensible. Il allait travailler comme un forcené, et elle serait bien forcée de reconnaître sa valeur un jour, et de changer d'avis à son sujet. Quelque chose de sombre et de puéril au fond de lui voulait qu'elle réalise qu'elle s'était trompée. Il voulait qu'elle en ait conscience, et qu'elle se rende compte que malgré ses airs supérieurs, elle n'était pas omnisciente.

Le gamin scande le nom de son horrible boule rose comme si cette petite chose allait mourir. Par Merlin, il n'avait donc aucune connaissance en magie et aucune connaissance concernant les créatures magiques ? Et qu'elle excuse allait il trouver ? Qu'il n'a pas encore étudié les soins aux créatures magiques ? Des excuses d'enfant capricieux. La professeure observait l'enfant en levant presque les yeux au ciel puis, alors qu'elle allait l'informer que son petit animal ne craignait rien face à serpent créé par un sort, il prit la parole pour sermonner la professeure.

- Gnome, il s'agit d'une métamorphose, les blessures de votre boursouflet ne sont que superficiel, c'est une créature magique que vous avez entre les mains, regardez de nouveau et vous verrez qu'elle n'a déjà plus rien.

La professeure de défense contre les forces du mal tourna les talons et s'apprêtât à partir avant de s'arrêter en cours de route. L'enfant lui-même avait tourné dans la direction opposé pour quitter ce couloir.

- Brando, séchez vos larmes, un jour, quand vous serez plus vieux, vous repenserez à moi et vous aurez un avis diamétralement opposé à celui que vous avez aujourd'hui. Peut être même que vous regretterez de ne pas m'avoir dit merci.

Et cette fois-ci, elle quitta réellement les lieux. Elle se doutait que l'enfant n'allait pas comprendre ce qu'elle venait de lui dire. Mais, elle savait qu'un jour il allait y repenser et à ce moment là, il pourra dire qu'elle avait raison. Car, si un jour il devenait plus fort, ça serait grâce à elle et à ses "ressentis personnels" comme il l'avait dit.

Narcisse s'arrêta soudainement pour plonger son regard dans le pelage de Klee, qui reprenait du poil de la bête et commençait à couiner de rage. Il lui lança un regard métallique : hors de question que tu bouges de ma main toi. Et elle se tut, avant de s'immobiliser, sous la colère, Narcisse devenait beaucoup plus convaincant. Il hésita à avant de tourner son visage vers la prof, car il ne savait pas si elle le regarderait. Et si elle le regardait, elle y verrait sans aucun doute la colère flamboyante qui brillait au fond de ses yeux, faisant danser les flammes blanches au fond de ses iris. Mais il ne pleurait pas. Si l'inquiétude pour Klee demeurait encore, son cœur était envahit de colère et de soif de vengeance. Il tenta de l'étouffer, cela ne lui ressemblait pas. Mais il avait envie de faire souffrir cette prof, un bref instant, un fugace moment, une éphémère seconde, il voulut lui faire connaître ce qu'il venait de ressentir. Cette sale... Cette maudite... Bon sang !

Il se mordit la joue, chassant la colère, plus tard. Ce n'était pas ce qu'il fallait ressentir, il le savait. Il avait envie de lui balancer moult remontrances et moult reproches, lui dire ce qu'il avait sur le cœur et même davantage. Mais c'était mal. Ce n'était pas la bonne réaction. Il prit une grande inspiration en reprenant sa marche, il allait tout de même aller voir Mister Dawson, par précaution. Peut-être qu'il comprendrait ce qu'elle avait voulu lui dire, peut-être. Mais pour le moment, il la trouvait juste incroyablement cruelle.

Toutefois, cela ne fit que renforcer sa détermination à se dépasser et à prouver à cette satanée prof qu'il n'était pas celui qu'elle pensait. Il se figea en tournant au croisement des couloirs : pourquoi ? Pourquoi avait-elle conclu cette manifestation de cruauté et de méchanceté par un conseil de vie ? Il serra les dents. Il y avait des manières de dire les choses sapristi ! L'art et la forme, le fond était important mais... Oh... Ah.

Elle l'avait fait exprès. Il n'y avait pas d'autre explication. Il refusait de croire qu'elle aurait vraiment pu blesser Klee. Elle n'aurait pas fait prof sinon ? Si ? Il l'ignorait, et poussa un long soupir. Ça ne changeait rien. Il fallait qu'il lui prouve qu'elle se trompe. Et pour lui, il fallait qu'il s'améliore. Elle allait voir ce qu'elle allait voir, et désormais, il allait s'en ficher de ce qu'elle pensait de lui, tout ce qui compterait en cet instant, c'était de devenir meilleur.