Doux Salazar Serpentard, comment avait-elle donc fait pour oublier une chose pareille ? Manquer à un match de Quidditch ne faisait pas partie de ses habitudes, loin de là ; il lui semblait même qu'elle n'avait jamais raté de match joué par sa maison. Son cerveau devait être resté chez elle, encore en vacances.

Ava s'empressa de descendre les escaliers. Une fois à l'extérieur, elle prit soin de contourner la foule d'élèves agités — supporters des Hel's, d'après leurs maquillages et accessoires. Ils semblaient tous se réjouir de la victoire écrasante de leur équipe. Cent soixante-dix à zéro, avaient-ils dit. La gorge de la troisième année se noua alors qu'elle déglutissait avec difficulté. Un espoir stupide lui traversa l'esprit : elle aurait aimé que cette foule mentait et que, comme par magie, on lui annoncerait que c'était en réalité les Crochets qui avaient remporté le match. Chassant cette idée futile qui ne faisait que de la déprimer davantage, elle continua d'avancer dans le Parc pour rejoindre le stade.

Ils vont avoir leur vengeance bientôt, s'efforça-t-elle de penser. Elle n'osait imaginer l'humeur des cheerleaders verts en cet instant, encore moins celle des joueurs.

L'adolescente aperçut une rousse non loin d'elle, qui lui tournait le dos. Remarquant l'uniforme des Crocheers qu'elle portait sur elle, la châtaine s'approcha de celle-ci.

— Cheryl ! s'exclama-t-elle lorsqu'elle la reconnut. L'irlandaise eut le bon sens de ne pas lui demander si elle allait bien : vu son expression, elle ne s'était pas encore remise de la défaite cuisante de leur équipe. Je… j'avais complètement oublié et j'ai loupé le match.

Ridicule. Ce match était ridicule. Les Poufsouffle qui célébraient leur victoire étaient tout aussi ridicules. Leur victoire, c'était juste de la chance. Comment est-ce qu'ils pouvaient imaginer gagner un match de Quidditch contre la maison de Salazar Serpentard ? Surtout à 170-0. Une chose était sûre, une vengeance se préparait.

Dès la fin du match, Cheryl avait préféré se rendre au parc — là où elle avait passé la plupart de son temps durant les vacances de Noël. Sauf que son état d'esprit n'était pas tout à fait le même. Alors que pendant les vacances, la fillette respirait la joie, ce n'était pas le cas ce jour-là. Elle avait préféré s'assoir, non loin des plantes. Et tant pis pour le froid.

Alors que la Serpentard jubilait de son côté, quelqu'un l'interpella comme par magie. C'est vachement le moment.Par réflexe, la rouquine se retourna — toujours avec un regard mauvais — avant de remarquer que cette personne n'était autre que Ava, son ex-coéquipière de cheerleading. Soudainement, le regard de Cheryl devint plus doux, mais sans pour autant afficher un sourire, vu son humeur actuelle. Ava s'était approchée d'elle et lui expliqua qu'elle avait oublié de venir voir le match.

- T'as pas raté grand chose, fit remarquer la jeune Styles. J'imagine que t'as vu le magnifique score de notre maison, ajouta-t-elle sarcastiquement.

Le cœur d'Ava manqua un battement sous le regard glacial que lui offrit la rousse. Et mince. La troisième année aurait dû la laisser tranquille, c'était une mauvaise idée de l'interpeller alors que sa mauvaise humeur était évidente. Cependant, à son plus grand soulagement, les traits de Cheryl s'adoucirent, sans pour autant muer en un sourire. Ava se détendit ; la cheerleader ne lui en voulait donc pas de son intervention inopportune.

— Ouais, magnifique… J'ai entendu des élèves de Poufsouffle qui en parlaient dans les couloirs. Ce s'rait génial si un miracle pouvait se produire et que, comme par magie, les scores s'inversent.

Un soupir ponctua la fin de sa réponse, tant ce petit vœu prononcé à voix haute était irrationnel et futile. L'irlandaise resta muette un petit moment, cherchant les mots pour remonter le moral de son amie. La défaite de l'équipe de Quidditch de sa maison, notamment lorsque l'on occupait le poste de cheerleader, était frustrante ; Ava était bien placée pour le savoir. Et un échec aussi cuisant que celui-ci l'était d'autant plus.

— Le prochain match n'est-il pas après les vacances de Pâques ? Ils auront leur vengeance, je n'ai aucun doute là-dessus, tenta-t-elle pour la rassurer, s'évertuant pour mettre dans sa voix tout l'entrain et l'assurance dont elle était capable.

Après tout, n'étaient-elles pas dans la maison de Salazar Serpentard ?

— M'enfin bon. Sinon, ça s'est bien passé niveau cheerleading ? C'était quoi, votre thème pour le match ?

La rouquine soupira. Pour une fois, elle voulait bien croire au miracle et que les scores s'inversent. Mais ce qui était fait était fait, et rien ne pouvait changer ça. Sauf un retourneur de temps — mais cela impliquait trop de risques. C'est pourquoi Cheryl se contenta de rester assise là, le temps de passer à autre chose.

Son amie la consola, lui rappelant qu'un autre match se profilait à l'horizon après les vacances de Pâques. C'était pas faux, d'un côté. Les Crochets étaient loin d'être incapables — les Poufsouffle avaient juste eu de la chance. A croire que l'un d'eux avait eu recours à de la chance liquide. Chassant cette idée de la tête, elle lui répondit d'une voix morose.

— Ouais, il faudra VRAIMENT qu'on gagne ce coup-ci, fit Cheryl. Sinon, je vais passer de sales grandes vacances.

Par Merlin, heureusement que ce match contre les Poufsouffle n'était pas le dernier de l'année, sans quoi, la Serpentard aurait passé tout l'été à faire la tête.

— Ça a été, oui. Depuis que vous êtes parties, on n'est pas beaucoup donc c'est plus compliqué mais on se débrouille, commença la deuxième année. Notre thème c'était le serpent. Mais là, le serpent il s'est fait manger par un stupide blaireau. Elle ne put s'empêcher de cracher sur les Poufsouffle pour exprimer sa colère.