Je me rendais comme tous les jours à la bibliothèque, le sourire aux lèvres. J'avais hâte de pouvoir me promener dans les rayons en saisissant quelques livres pour feuilleter leurs pages recouvertes d'encre noire. C'était le moment de la journée que je préférais.
Mais aujourd'hui, s'y j'allais à la bibliothèque, ce n'était pas pour exécuter ces occupations habituelles. C'était pour faire autre chose.
Une chose bien spéciale.
J'allais écrire une lettre d'amour.
Revenons donc à quelques jours en arrière. J'avais fais la rencontre d'une nouvelle amie et d'un Poufsouffle mystérieux. Ce garçon-là m'avait fait éprouver malgré moi un sentiment étrange, dont j'avais bien pris soin de l'inspecter dans tous les recoins, pour me rendre compte que je l'aimais.
Sauf qu'à partir de ce jour, je ne cessais de penser à lui, je le cherchais du regard, et quand je croisais...eh bien...je perdais les pétales de mon vélo.
C'est pourquoi j'avais pris une décision : étaler mes sentiments envers lui sur un parchemin, pour espérer ne plus éprouver de l'amour pour lui.
J'ouvris la porte en bois grinçante de la bibliothèque, puis longeai les rayons en saluant les élèves qui s'y trouvaient. Je m'assis à ma place fétiche, puis sortit un parchemin de mon sac à dos.
Je plongeai ma plume dans mon encrier, puis me raclai la gorge : le moment était venu pour moi d'écrire tout ce que je ressentais envers lui.
Mais attention : je ne voulais en aucun cas qu'il y tombe dessus. Sinon, la gêne allait être de retour. une énorme gêne extrêmement...gênante.
Voici ce que j'écris avec patience :

Depuis que mes yeux ont croisés les tiens,
Je n'arrête pas de penser à mon destin,
Qui, je l'espère, serait lié au tien.
Je ne sais pas quel est ce sentiment ravageur,
Mais, ce que je sais, c'est qu'il a touché mon cœur,
Et, je n'ai plus qu'une envie : vivre dans la joie et le bonheur.
C'est frustrant, énervant, désespérant,
De se dire que même le vent,
Ignore alors mes sentiments.
Donc, que je te le dises franchement :
Je t'aime, y'a pas plusieurs façons,
Pour te décrire cette attraction.
Pour : Lukas Sharp
De la part de : T.S.

Je soupirai en lisant et en relisant cette lettre. J'étais désespérée : mes sentiments pour ce Poufsouffle n'avaient pas disparu. Au contraire, ils étaient bien décidés à vivre dans mon esprit.
Je levai les yeux au ciel, puis me levai. Je rangeai cette lettre dans mon sac à dos, puis me promenai dans les rayons.
Hélas, je n'avais pas vu la fameuse lettre tomber devant la porte d'entrée de la bibliothèque.

@Lukas Sharp dis-moi si ça te convient

Cela fait plusieurs jours que je passe du temps à ma bibliothèque lorsque mon emploi du temps me le permet. J’épie les livres, les manuels, tout ce qui pourra avoir un rapport avec la force magique. Il n’y a rien en sortilèges, rien en métamorphose, mais c’est en potions que je trouve mon bonheur. J’ai beau avoir emprunté mon livre hier, il a beau être à moi, c’est à la bibliothèque je souhaite le lire. Peut-être pour prouver à M. Locke que je n’ai rien à cacher, peut-être pour me persuader que je ne fais que lire tous ces chapitres.

Ainsi, c’est avec determination que j’entre dans les lieux que je connais déjà bien. Je passe la porte d’entrée, scanne la pièce principale d’un rapide regard et choisis une table qui m’offrira le calme. Beaucoup se ruent vers les tables du fond, celles que l’on ne voit pas, quand je choisis la première, celle que l’on ne choisit pas. J’y pose mes affaires, sors immédiatement mon manuel de potions de Cinquième année et ouvre la page au sommaire. Mon index parcourt chaque sous-texte et je trouve la page qui m’intéresse. Je m’y rends et relève la tête pour observer les alentours, que personne ne vienne se demander ce qu’un première année fabrique à lire la recette d’une solution de force, et aperçois un papier blanc à quelques mètres de ma table. Je fronce les sourcils, étonné que cet endroit si immaculé à chaque moment de la journée ait ce papier qui traine à cet endroit, près de la porte d’entrée. Je réfléchis un instant, cherche le ou la propriétaire des yeux mais ne vois personne. Une petite moue sur le visage, je m’interroge sur la curiosité et la volonté que je possède en moi : est-ce que je me lève ? Est-ce que je vais vérifier et lire ce qui n’est peut-être qu’un bout de parchemin vide ? La réponse est oui, je suis curieux.

Je referme mon manuel, par précaution, et me dirige vers le papier perdu, abandonné là à quelques mètres. Je regarde une dernière fois autour de moi, que personne ne m’observe, et je m’abaisse pour saisir l’objet. Je le déplie et y découvre un texte. Un poème, on dirait même. Je n’y fais pas grandement attention, car cela ne me touche pas, jusqu’à ce que j’y vois mon nom inscrit. Quoi ? Pourquoi est-ce que mon prénom et mon nom sont inscrits là ? Et qu’est-ce que c’est T.S ? Je relis le poème en prenant conscience qu’il m’est destiné et rougis. Je ne sais pas réagir, je ne sais pas ce que je dois faire car je n’y comprends rien. Évidemment, l’idée première est de penser à une blague. Mais personne ne m’observe. Ou je ne vois personne m’observer. Qu’est-ce que je fais de ce truc ? Je reste là stoïque près de l’entrée, prêt à être bousculé sans ne rien dire par le premier qui me foncera dedans. Je replie le mot et attends de trouver une solution. Je fixe mon manuel au loin et je me dirige vers celui-ci, la lettre repliée à la main.

J'avais fais quasiment tout le tour des rayons, et avais sélectionné plusieurs livres qui avaient l'air intéressants. Les bras chargés, je posai mon sac à dos sur une table pour le remplir, et me pétrifiai sur place : la lettre d'amour que j'avais écrite n'y était plus ! Je me pris la tête dans les mains, me sentant idiote. Comme avais-je pu faire pour la perdre ?
Stressée, je balayai la bibliothèque du regard. Aucune trace de la lettre. Je me mis à paniquer. Et si Lukas était tombé sur mes écrits ? Comment avait-il réagi ? Je me sentis rougir de honte.
Je jetai mon sac sur mon épaule droite, et partais à la recherche de ma pauvre lettre. Au final, ça ne m'avais servit à rien d'étaler mes sentiments sur un morceau de parchemin. A part peut-être me créer des ennuis.
Alors que je fouillai chaque recoins de la bibliothèque, je me figeai sur place : Lukas était à quelques mètres de moi, tenant un morceau de parchemin dans une main. Oh non...
Je ne savais pas quoi faire, et laissai mon cœur s'emballer malgré moi. J'étais fichue. Heureusement que je n'avais pas inscrit mon nom complet sur la lettre. Mais, après tout, je me sentais obligée de la récupérer.
Je m'avançais timidement vers le Poufsouffle, le stress s'amplifiant dans mon esprit, et lançai :
- Euh...salut Lukas. Tu...tu te souviens de moi ?

@Lukas Sharp

Le papier replié, bien serré dans ma main, je me rapproche dans ma table, tout en fixant mon manuel qui n'a plus grand intérêt tant les vers de ce petit poème me trottent dans la tête. Quelle était la probabilité pour que moi, Lukas Sharp, tombe sur ce papier alors qu'il m'est adressé ? Que ce soit une blague ou un réel message m'étant destiné, mon égo se réveille peu à peu et laisse place à de nouvelles émotions. Je déplie le petit mot pour relire la première ligne : oui, on parle bien de mes yeux qui auraient déjà croisé les siens. Mais j'ai dû en croiser des centaines depuis mon arrivée dans ce château ! Je me demande même si..

Je sors de mes pensées lorsqu'une voix derrière moi me salue. Je me retourne aussitôt, comme pris sur le fait en plein flagrant délit de réflexion. Mes yeux s'arrondissent face à la Serdaigle qui se trouve en face de moi. J'enfouis le papier dans ma poche pour qu'elle ne m'interroge pas dessus. Hors de question de parler de cela à qui que ce soit. Je l'écoute parler alors que je prends une grande respiration pour ne rien laisser paraître. Si je me souviens d'elle ? Je fronce les sourcils, fouille dans ma mémoire une petite seconde. Oui, c'est bien elle. Celle qui m'invitait à aller faire une balade dans le parc. Ou était-ce la Gryffondor ?

- Salut, je lance en me grattant l'arrière de la tête, encore gêné. Je.. Euh oui.. Lena ou Tessa ? Tessa ou Lena ? Vite, choisis un des deux ! Viiite ! Tessa, non ?

J'épie son regard à la recherche de la surprise que j'aie retrouvé son prénom, ou de la déception d'avoir choisi le mauvais. Je n'ai pas l'impression de m'être trompé, mais mes émotions sont tellement ailleurs que je ne saurais même pas reconnaître ma propre déception.

- Tu es venue étudier ?, demandé-je dans la précipitation. Bien sûr qu'elle est venue étudier ! Elle n'est pas venue ramasser des petits bouts de papier qui trainent.

Je ne faisais que balancer mon pied droit dans tous les sens. Un tic nerveux, sans aucun doute. Mais j'avais peur que Lukas ai lu la lettre d'amour, et ai deviné que j'étais celle qui l'avait écrite. Je croisai d'ailleurs les doigts pour qu'il ne le sache jamais.
Le Poufsouffle mit quelques secondes pour retrouver mon prénom, et je cachai mal ma mine attristée. Il avait surement du me confondre avec Léna...mais bon, ce n'était pas grave, je n'allai pas en faire tout un plat, voyons !
Mon cœur battait la chamade dans ma poitrine, et, si j'aurais pu, je lui aurais demandé de cesser de s'emballer pour rien. Je restai figée, cherchant le parchemin que Lukas tenait dans ses mains quelques minutes auparavant.
Il avait disparu. Plus de parchemin.
- Oui...Tessa, c'est ça, affirmai-je en évitant son regard, stressée.
Je restai là sans rien faire, en cherchant désespérément ma pauvre lettre. Quel idiote j'étais, d'écrire un poème de la sorte !
- Oui, je viens ici...chaque jour, soit pour étudier, soit pour lire..., répondit-je timidement. Et...et toi ?
Je ne savais pas quoi dire d'autre. Je devais avant tout rester calme. Le problème, c'était que dès que je croisai le regard de Lukas, je rougissais. Pourquoi ce genre d'émotions existait-il ? Pourquoi fallait-il rougir quand quelqu'un nous plaisait ? Je n'en savais rien.
J'étais perdue.

@Lukas Sharp

Ouf ! Son prénom était le bon, elle s’appelait bien Tessa ! Je souris, alors qu’elle baisse son regard. Instinctivement, j’analyse ses traits, je cherche à comprendre. Je penche légèrement la tête sur le côté, comme si cela allait m’aider à mieux cerner son attitude. Je remarque seulement maintenant qu’elle balance son pied droit, comme si elle s’apprêtait à tirer dans un ballon. Je ne crois pas avoir déjà vu quelqu’un faire ça avant. Faudra que j’en parle aux potes du dortoir. Eux qui ont un avis sur tout. Ou est-ce que c’est encore moi qui provoque cette gêne ?

Lorsqu’elle répond à ma question, je ne peux m’empêcher d’être surpris par l’information que j’entends. Wow, tous les jours ? T’es sacrément motivée ! Je baisse la tête vers son écusson. Bon, Serdaigle, en même temps, lâché-je, amusé par cette blague qu’on avait déjà dû lui faire cinquante fois. Et puis, alors que j’aurais dû m’y attendre, le retour de question arrive. Évidemment, lorsqu’on pose ce genre de questions, on reçoit la même en échange. C’est ce qu’on appelle une discussion banale, mais normale. Oh, moi ? Je me retourne vers mon manuel, vérifiant qu’il est toujours à sa place, et refusant toutefois d’énoncer la vraie raison. Oh, je… lisais-un-manuel-de-potion-de-cinquieme-annee-pour-preparer-une-potion-hors-de-ma-portee Je lisais un livre de cours. Ma main passe sur ma nuque. Ce n’est pas réellement un mensonge, mais ce n’est pas non plus l’entière vérité. D’ailleurs, je vais y retourner, je pense, ajouté-je en désignant la table du pouce.

Je me sentis rougir quand le Poufsouffle me dit que j'étais "sacrément motivée", mais secouai discrètement la tête pour faire partir cette rougeur absurde de mes joues, en sachant parfaitement que rien n'allait changer en un simple mouvement. Je ne me sentais pas très à l'aise, même si il n'y était pour rien.
Fin, après tout, il était mon crush sans qu'il le sache. Je soupirai intérieurement. Je n'aimais pas l'appeler comme ça, mais je n'avais aucune autre idée de mots en tête pour expliquer que...que je l'aimais.
Je redressai brusquement la tete quand il dit qu'il allait retourner à ses occupations. Non, pas maintenant ! Il faut absolument que je récupère cette lettre ! Mais, que devais-je faire ? Je n'allais quand même pas lui dire que j'étais celle qui avait écrit ce poème !
Alors, je me lançai dans l'improvisation la plus totale :
- Attends ! criai-je un peu trop fort. Oh...excuse-moi...
Je me maudis intérieurement. Ne vas pas jusqu'à l'agresser, voyons ! Je balançai mon pied droit de plus en plus vite, jusqu'à m'épuiser complètement.
- Euh...tu...tu n'aurais pas vu...euh...un parchemin...sur lequel est écrit...un poème d'amour ?
Je n'allai bien entendu pas lui dire la vérité, mais juste trouver un faux argument pour récupérer ma lettre.
- En fait...j'ai...j'ai une amie qui a écrit un...poème d'amour et qui l'a perdu...dans la bibliothèque...tu ne l'aurais pas vu, par hasard ?

@Lukas Sharp

Alors que mon regard vient doucement vers elle, abandonnant mon manuel qui me crie de revenir à lui, elle me fait sursauter. Mes yeux s’arrondissent, surpris par cette réaction à laquelle je ne m’attends pas. J’espérais plutôt un ça-marche-bonne-journée, mais pas une demande d’attendre. Mais j’attends et l’écoute, curieux. J’observe son pied qui se balance et cela me fait sourire. J’ai envie de la prendre par les épaules et lui demander de rester stoïque, que sa jambe cesse de gigoter de la sorte, mais je tente de rester concentrer sur le message. Un message qui, d’ailleurs, arrive en plusieurs morceaux. La pauvre a du mal à parler et je ne comprends pas pourquoi.

Si j’ai vu un parchemin ? J’écarquille les yeux, tourne la tête à droite et à gauche, en direction des tables qui nous entourent. Je veux bien chercher, mais il va me falloir plus d’informations. Enroulé ? Neuf ? Abimé ?

— Un poème d’amour ?, répété-je en m’assurant d’avoir bien compris, prenant ma quête de détective très au sérieux. J’oublie tout le reste. Je réfléchis un instant. Mais on ne va pas lire les parchemins de tout le monde. Et la bibliothèque est énoooorme. Peut-être que vous pourriez demander à M. Locke ? Je regarde autour de nous. Elle est où ton amie ? Vous avez cherché dans quel secteur déjà ?

Je prends une grande inspiration, prêt à aider, je scanne la bibliothèque entière. On va en avoir pour la soirée ! Il fait quelle taille ce parchemin ? J’essaie de glaner toutes les informations possibles pour retrouver l’objet perdu. Agent Sharp au rapport !

Le stress s'empara rapidement de mon esprit. J'étais prise au piège. Au fond de moi, une minuscule voix me soufflait d'avouer toute la vérité à Lukas, mais ma peur prenait le dessus, et je gardai mes révélations dans un coin de ma tête. Le problème, c'était que le Poufsouffle ne me donnait pas la lettre, au contraire : il voulait m'aider à la retrouver.
Au final, peut-être que le parchemin qu'il avait dans les mains quelques minutes plus tôt n'était pas le poème d'amour...Je n'en savais rien, et cette ignorance était insupportable.
- Euh...mon amie n'est pas ici...euh...elle est à l'infirmerie, elle...est malade, mentis-je en baissant les yeux vers mes chaussures. Et...oui, on a déjà demandé à M. Locke...on...on a cherché dans la moitié de Poudlard...dans notre salle commune, les salles de cours...
Que devais-je dire d'autre ? La taille du parchemin, bien sûr...
- Euh...il fait environ...la taille de mes deux mains assemblées..., poursuivis-je en montrant mes mains.
Au final, lui dire la vérité n'aurait pas été une si mauvaise idée, non ? Dans tous les cas, je n'avais pas le temps. Je devais à tout prix récupérer cette fichue lettre. Et puis, au final, tout raconter à Lukas n'est pas si difficile...il me suffira de courir à toute allure vers la sortie quand je lui aurais dit mes sentiments...
Je restai figée pendant plusieurs minutes, puis, après un long débat entre moi et moi-même, je décidai de me lancer :
- En fait, Lukas, je...je...je te mens depuis le début...je...c'est moi qui ai écrit la lettre d'amour...qui est destinée à ton nom, et que...tu as dans ta veste...je ne sais où...
Je m'arrêtai quelques secondes, pour lui laisser le temps de digérer la nouvelle.
- J'aimerais que nous soyons juste amis, ou de simples connaissances, mais...depuis que nous nous sommes rencontrés dans les couloirs, je...j'éprouve des sentiments pour toi. C'est effrayant, car...c'est la première fois que ça m'arrive. Mais...c'est pourquoi j'ai écrit ce poème. Pour espérer ne plus t'aimer. Las, ça ne m'a servit à rien. Je...je suis...amoureuse de...de toi...
Je fermai les yeux, sachant pertinemment que sa réponse n'allait que planter un nouveau poignard dans mon cœur déjà meurtri par l'absence de ma famille à Poudlard.

@Lukas Sharp

J’ai beau vouloir l’aider à retrouver son parchemin, son comportement semble toujours fuyant et étrange. Des hésitations et des regards vers ses chaussures, tout ce qui me fait penser qu’elle voudrait être ailleurs. Est-ce que c’est moi le problème ? Je l’écoute sans rien dire, en souriant et en retenant mon rire amusé lorsqu’elle me montre ses deux mains jointes pour les comparer à la taille du parchemin. Deux mains d’enfant donc, c’est un petit bout de parchemin que l’on cherche. Je me redresse, prêt à partir à la recherche du document, le regard déjà ailleurs, et enfouis mes mains dans les poches. Je reviens à elle lorsqu’elle prononce mon prénom, intrigué par ce mensonge qu’elle m’avoue. Pourquoi est-ce que je n’ai rien vu d’ailleurs ?

Elle enchaine les informations, les révélations et je n’ai pas le temps de les assembler entre elles tant je ne m’y attends pas. Lorsqu’elle parle du papier dans ma veste, ce sont mes doigts qui réagissent. Mes doigts qui, maintenant, touchent la dite lettre. Mes doigts s’y agrippent sous le choc et je comprends. Je tente de remettre les autres éléments dans l’ordre mais elle enchaine, ne me laissant plus aucun semblant de contrôle. Je la fixe, l’écoute, sans rien dire.

Des sentiments pour moi ? Comme ma mère et mon père ? Mes yeux s’écarquillent, je ne sais pas quoi dire. Le temps entre notre rencontre et celle d’aujourd’hui me parait si court que je ne comprends pas. Il faudra que je demande à ma mère si elle aussi est tombée amoureuse de mon père en une semaine. Je panique car je ne me suis jamais dit ça de qui que ce soit. Bien sûr, je trouve Mary jolie, mais c’est tout. Peut-être que c’est pareil pour elle. Je déglutis, ne voulant pas la blesser, aucun mot ne sort. Je sors le petit papier de ma poche et le lui tends.

— Tiens, dis-je d’une petite voix. Après tout, c’était ce papier qu’elle cherchait. Voilà qu’il était à nouveau à elle, maintenant. Je la regarde en silence pendant quelques secondes. Toujours rien. Toujours aucun autre mot. La gêne est en moi et rien d’autre ne peut sortir.


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@Mary Bain Petite mention pour toi