1er Mai
A la table des Serdaigle,
Repas du Midi.
Avec @Nico Ferrell

Comme à son habitude, Edwin était un peu en retard dans la Grande Salle. Il ne lui fallait jamais beaucoup de temps pour manger alors il ne voyait pas l'intérêt de se présenter dans les premiers et d'y poireauter une demie heure après avoir fini son assiette. Contrairement à cela, il profitait du calme du château pour marcher un peu ou pour sortir Piou les jours où ses cours finissaient tard à la place de leur balade avant le coucher du soleil. Ca ne dérangeait pas le Boursoufflet qui était tout aussi content de pouvoir sortir en pleine journée qu'en fin de soirée.

D'un côté, il aimait bien aussi arriver un peu en retard parce que, comme ça, Owen le voyait s'installer et il pouvait remarquer sans soucis qu'il mangeait. Edwin se doutait que ni son frère, ni l'infirmier, ni Ennis ne le surveillaient h24 pour ce point là, mais il appréciait se dire que ses repas faisaient plaisir à quelqu'un d'autre. Ca l'encourageait énormément à manger correctement et à se pas trop en louper. En somme, il ne mangeait pas spécialement pour lui, mais surtout pour les autres. Certains pourraient trouver ça malsain, mais ça lui permettait d'avoir un rythme de vie à peu près sain s'il réfléchissait à ce que Owen voulait pour lui.

Le Serpentard se glisse dans la Grande Salle mais ne marche pas vers la table qui porte sa couleur. Aujourd'hui, il ne mange pas avec un ami alors il n'ira pas sur cette table. Comme souvent, il décide de se glisser entre deux élèves inconnus au bataillon à une autre table. Eh bien, pas forcément inconnu car il pense se souvenir d'avoir déjà croisé le petit Serdaigle blond à côté duquel il se pose. Mais il ne se souvient pas où. De toute façon l'autre est si petit, comme tous les premières année que Edwin pourrait très bien le confondre avec tous les autres élèves de 11 ans blonds de sa Maison. Il n'a pas forcément une bonne mémoire des visage et reconnait bien plus facilement les gens à leur coupe ou à leurs habits.

Il ne s'attarde pas trop sur son petit camarade et commence à piocher quelques légumes et un petit morceau de viande sur les plateaux en face de lui. Pas énormément de choses, mais juste assez pour qu'il n'ait plus faim. Avec le temps, il sait parfaitement reconnaître la quantité de nourriture qu'il sera capable d'avaler d'un jour à l'autre. Il rempli son verre d'eau, faisant un signe de la tête à la personne qui pousse légèrement la cruche vers lui. Ca n'a plus l'air d'éffarer autant les élèves de voir Edwin se glisser à une table qui n'est pas la sienne. Cela fait plus d'un an qu'il le fait, alors les seuls encore vraiment surpris sont soit les premières années, soit les gens ne l'ayant jamais vraiment remarqués. En somme, ça fait quand même pas mal de gens, mais ils restent une minorité d'élèves.

L'adolescent lève le nez de son assiette au son caractéristique des ailes d'un hibou battant l'air et sourit au majestueux animal qui vient se poser devant un Serdaigle assit non loin de lui. C'est un beau hibou, qui porte qui plus est un paquet semblant bien rempli. Edwin ne reçoit quasiment jamais de courrier depuis sa première année, mais avec le temps il a apprit à accepter cette partie de son quotidien, même s'il ne peut pas tout le temps empêcher la piqure de tristesse qui lui fend parfois le cœur. Cependant, depuis qu'il sait que Owen est un membre de sa famille, cette piqure fait de moins en moins son apparition. Il se trouve chanceux d'avoir un membre de sa famille à Poudlard, qui plus est une belle famille qui y soit également en partie.

Le premier mai, c'était toujours synonyme de fête, je me rappelle qu'avant avec ma maman, on allait cueillir du muguet dans le jardin et que je faisais des jolis cartes pour elles. Beurk, en y repensant c'était totalement niais. Mais au moins, c'était un jour plutôt spécial car c'était aussi la distribution des courriers. Moi j'étais pas du genre hiboux, enfin c'est pas comme si ma mère pouvait se le permettre. Ça faisait quand même un moment que j'avais rien reçu mais bon, c'est juste qu'ils étaient occupés, je m'en fais pas trop mais j'étais sûr qu'aujourd'hui ça serait la bonne !

D'ailleurs, je vois une grande tête brune se mettre à coté de moi. Une tête que je connaissais particulièrement bien vu que c'était l'énergumène qui avait foncé sur Miss Priddy avant qu'elle m'utilise comme bouclier humain. Mais il voyait pas qu'il se trompait de table ? J'avais pas vraiment grand chose pour lui, il l'avait pas fait exprès puis il s'était excusé.

— T'es devenu Serdaigle ? Je t'aurais pas conseillé mais c'est toi qui décide hein ..

J'esquisse un sourire taquin et amusé. J'avais pas trop l'habitude de voir d'autres élèves venir se mélanger à notre table. Faut dire qu'à part moi, on était pas les plus amusants. Oh tiens d'ailleurs, la distribution commence. J'observe un peu ce balais particulier. Chaque hibou arrivait dans la salle commune comme une danse endiablée où chacun recevait ses petits paquets. D'ailleurs, il y en a un qui en a un sacré gros ! C'était quoi comme truc ? Un pull ? Un balai ? Je continue de regarder. Toujours rien pour moi .. et je crois pas qu'il restait de hibou à recevoir. Je regarde au fond de la salle, voir s'il y en a un qui s'est pas perdu en chemin. Non plus aucun ? Bon.

Mon sourire perd tout de suite de son importance tandis que je réalise que j'allais rien avoir aujourd'hui non plus. Ça devait faire plus d'un mois que j'avais pas de nouvelles de mes parents mais je pensais vraiment que ... on s'en fout de toute façon, qu'est-ce que ça peut bien me faire ? Ils ont pas eu le temps de m'écrire ou .. la lettre s'était peut-être perdue je sais pas. J'avais beau essayé de me convaincre, cette fois-ci, c'était plus difficile à avaler. Je reviens doucement à mon banc, la mine un peu faiblarde sans dire un mot, mon nez se concentrant sur mon assiette.

Il sursaute légèrement quand il comprend que quelqu'un lui parle. Il ne s'y attendait pas, et sur le coup ça le surprend un peu. Il tourne la tête vers le première année à côté duquel il s'était assis, et lui sourit légèrement. On dirait bien qu'il le connaît, ou alors a-t-il juste réfléchit trois secondes en regardant la couleur de son uniforme. Il agite son nez et se le frotte légèrement, un peu gêné de sa réaction peureuse et clairement excessive au vu de la menace inexistence qu'est l'autre garçon. Il l'observe jusqu'à le remettre légèrement. Il ressemble beaucoup au petit truc qu'il a boulé quand il a presque bousculé Miss Valerion. Le monde est petit, c'est amusant qu'ils se croisent de cette manière, sans même vraiment le chercher.

Nah, dit il en gloussant légèrement Mais j'mange pas souvent à ma Table. Ca t'embête que j'me sois mis là ? Il fredonne tranquillement et pioche dans son assiette avec sa fourchette. Votre table est assez calme, c'est plutôt pas mal comme ambiance. A la mienne, souvent c'est des drames entre couples ou entre sang purs, tu vois ? Enfin, j'avais l'habitude de voir que de ça donc maintenant j'y vais plus à part quand je mange avec des potes.

Il continue à manger sans plus trop s'intéresser à l'autre. la conversation est finie de son côté, et l'autre semble trop intéressé par l'elfe qui passe entre les tables pour lui répondre directement. Cependant, quand Edwin le sent se lever du banc, il tourne la tête vers lui et l'observe filer après le pauvre elfe. Cependant, il ne peut pas le trouver ridicule de courir après son courrier et, quand il voit sa mine déconfite, il se sent tout de suite mal pour lui. Il lui refait un peu de place sur le banc et se tourne entièrement vers lui, en tailleurs sur l'assise en bois. Son assiette a été complètement oubliée, et il y a des chances qu'il n'y replonge pas sa fourchette avant que l'autre n'ai assouvi sa curiosité. Pour le coup, la table à laquelle il est assis contamine un peu son caractère. Enfin, il n'est pas si curieux de base, non ?

Eh, ça va ? Edwin ne résiste pas plus longtemps et pose une main réconfortante sur l'épaule du petit élève à ses côtés. Cette mine, il ne la connait que trop bien. La souffrance d'être oublié, et d'attendre pour autant le moindre signe d'affection comme un verre d'eau dans le désert, il l'a vécu tant de fois qu'il peut se la représenter sans soucis. C'est à cause du courrier, tu attendais quelque chose ?

Il ne sait pas trop quoi dire. Il n'a pas envie de lui sortir des banalités du style "ça va arriver", "c'est sûrement en retard" ou "concentre toi sur tes amis ici" parce qu'il sait que ça ne va pas aider, mais à part ça, il n'a pas d'idées. Il n'est pas dans sa tête, et il ne sait même pas sa situation. Si cela se trouve, il attend une lettre importante pour la santé de ses proches, ou au contraire peut-être qu'il s'est disputé avec et qu'il attend de voir si le contact va être rompu. Ou peut-être que, lui aussi, a une mère foncièrement anti sorciers pour qui il ne peut pas s'empêcher de ressentir tout l'amour du monde et l'attachement que chaque enfant porte à celle qui l'a mis au monde.

Tu veux parler d'un truc ?

Ola, je pensais pas que lui parlait aurait fait autant d'effet. Faut dire que depuis le jour où il m'a bousculé celui-ci, il était un peu différent de tous ceux que je voyais chez Serpentard. Il avait ce coté Serpy maiiiis pas totalement. A croire que j'étais p'têtre pas le seul qu'on avait pas mis dans la bonne case. Il me demande quand même si ça me dérangeait de le voir là. Si j'avais voulu être méchant, j'aurais pu lui dire que oui, mais faut croire que le choixpeau m'a pas envoyé à Serpentard pour une bonne raison.

— Pas vraimeeeent. Honnêtement si ça peut m'éviter de passer mon repas avec les relous de Serdaigle, t'es le bienvenu quand tu veux !

J'esquisse un sourire vers sa direction. Je pensais surtout à la rousse de l'autre jour, quelle peste celle-ci, toujours à vouloir faire sa madame je sais tout.

— J'préfère un peu d'ambiance que l'ambiance de mort qu'il y a ici. Au moins lui il avait de la chance. Puuiiiis j'aime bien les drames entre couple, c'est marrant un peu. Mince, j'avais pensé un peu trop haut, désolé fallait dire que je buvais ça comme du coca à chaque fois. Peut-être que c'est à force d'avoir regardé les feuilletons de ma mère avec elle ?

La distribution de courrier avait été faite et encore une fois, j'avais été le malheureux oublié. Mais j'étais sûr, j'étais sûr que c'était pas voulu, je pouvais pas croire autrement. Hein que c'était pas voulu ? Fallait croire que ma déception se voyait plus que ce que je voulais cacher car le petit brun des serpents l'avait vite remarqué. J'aimais pas tellement montré ça. Ça intéresse qui les gens tristes ? Mon regard se lève vers lui, tandis que j'essaye un peu de garder contenance. Tu t'en fous de toute façon Nico. Je me lance faussement énergique pour faire comprendre que y'a pas de soucis, Rémi, tout va bien.

— Non t'inquiète ! C'est rien .. c'est juste que .. y repenser rend la chose un peu plus difficile à cacher malheureusement .. ça fait un mois que j'ai pas eu des nouvelles de mes parents. Ils me manquent un peu .. enfin ma mère surtout. C'est juste ça t'en fais pas ..

Mais je pouvais pas m'empêcher de penser que c'était peut-être l'école qui les faisait fuir. Faut dire que quand j'ai reçu ma lettre, c'était pas la fête à la maison. Mais c'était peut-être comme ça dans toutes les familles au final. Fallait juste un temps d'adaptation .. mais ça commençait quand même à faire long là.

— Dis .. ils ont réagi comment tes parents quand t'as reçu ta lettre toi ? Ca me fait quand même me dire qu'il a rien reçu non plus. Et toi .. ça va ? Je veux dire, t'as rien reçu non plus.

Peut-être qu'il pourrait un peu m'aiguiller. A vrai dire, ça me rassurerait un peu de voir que j'étais peut-être pas le seul, ou pas .. enfin ça sert à rien d'y penser, peut-être que c'était juste le hibou qui s'était perdu en chemin ?

Un petit sourire naît sur les lèvres d'Edwin quand il entend les paroles que l'autre a chuchoté. Il doit bien avouer que lui aussi aime entendre parler des couples, mais il préfère largement entendre des bonnes choses. Bien que ça ne soit pas très visible, Edwin est un vrai romantique dans l'âme. Entendre parler des gens qui racontent comment ils aiment leur partenaire, ça fait fondre son petit cœur. Les reproches et les disputes, par contre, il préfère s'en tenir loin. Ses deux parents en ont suffisamment eu devant lui pour qu'Edwin n'ai pas besoin d'aller en chercher autre part. Cependant, même s'il trouve cela stupide, il ne juge pas vraiment ceux qui adorent les potins. C'est une passion comme une autre et, tant qu'ils ne font de mal à personne, ils peuvent faire ce qu'ils veulent. La plupart du temps, les gens ont aussi besoin de parler de ce qui ne va pas, alors si des gens ont envie de les écouter quand ils parlent d'amour pour se défouler, tant mieux.

Juste, lui, il préfère ne pas trop y jeter une oreille. Son petit cœur se serre toujours quand il voit des gens se déchirer alors qu'ils s'aimaient, il n'y a pas si longtemps. Et puis ces visions, ça le perd encore plus sur la vision qu'il essaie d'avoir de l'amour. Il ne sait pas trop ce que c'est Edwin, alors il préfère éviter les mauvaises situations pour ne pas se créer une peur en plus. Il a déjà assez d'angoisse comme ça pour ne pas vouloir rajouter une perte de confiance en ses sentiments et ceux des autres à la liste.

Si tu aimes ça, tu seras servi à Serpentard. Enfin, je pense que c'est à toutes les Maisons, après tout, c'est de notre âge nan ? Puis la plupart du temps, les couples sont pas dans la même Maison, donc ça amplifie le truc encore plus.

Cependant, son sourire se fane quand il remarque que le plus jeune lui ment. C'est évident, surtout pour lui qui a eu l'habitude pendant longtemps de garder un faux sourire aux lèvres. Continuer à dire que tout va bien quand ce n'est pas le cas, ça fait plus de mal que de bien. Plus on se répète ça, plus nos problèmes semblent minables. Plus cela semble inutile d'en parler, parce que tout le monde a beaucoup plus de problèmes que soi. Ça fait du mal, ça détruit à petit feu. Il n'a pas envie que d'autres personnes vivent ça, et ce gamin qui a l'air d'être tout heureux, encore moins.

Eh. T'inquiètes, t'as le droit d'aller mal, pas besoin de le cacher, je te jugerais pas. Est-ce qu'ils savent comment envoyer du courrier jusqu'ici ? C'est pas toujours facile pour les moldus, si t'es né-moldu comme moi. Mais tu peux toujours leur envoyer des lettres toi aussi, tu as déjà été à la volière ? Suffit de passer la lettre à un des hiboux qui n'a pas de propriétaire et qui appartient à l'école.

Quand la question fatidique tombe, Edwin met du temps à répondre. Il repousse son assiette, le ventre noué. Comment expliquer ça sans lui faire peur ? Edwin voit bien qu'il attend d'être rassuré : c'est évident. Il attend qu'il lui dise que ça s'est bien passé, que ça a été difficile au début mais que c'est vite allé mieux. Que c'est juste qu'aujourd'hui, ce n'est pas le jour du courrier, ou alors qu'il vient juste d'envoyer sa lettre et qu'il n'a pas eu de réponses maintenant.

J'habite avec Owen. Le bibliothécaire. dit-il en pointant du menton l'adulte à la table d'honneur. C'est pour ça que je reçois pas de courrier, y'a plus personne à Londres qui ai envie de m'en envoyer. Il fait la moue et réfléchit quelques secondes à comment tourner les choses. Je suis pas un bon exemple, ma mère a très mal réagi et moi j'avais pas mon père. Elle était pas bien, ma mère, malheureuse. Elle a pas aimé que je parte, et puis c'était pile pendant une période pas ouf, et après y'a eu la révélation du secret magique. Je suis sûr que ça ira pour toi, s'ils ont du mal faut simplement leur laisser le temps d'encaisser. Mais j'pense que ça les rassurerait si tu leur parlais de Poudlard. Comme ça, ils sauront ce que c'est, et surtout ils verront que t'as pas tant changé que ça, tu vois ?

Son regard se perd sur Owen à nouveau et le pincement dans sa poitrine revient. Les parents c'est important, je suis sûr que les tiens pensent encore à toi.

A Serdaigle, on avait pas vraiment d'histoires d'amour. En fait, on avait pas grand chose à part des fayots qui se sont dans leur livres, du coup ils avaient pas le temps de tomber amoureux, ils voulaient que leur Optimal et se faire bien voir auprès des profs. De toute façon, les autres maisons avaient l'air quand même beaucoup plus cool. Je voyais que je pouvais pas lui faire à lui, il avait quand même assez vite remarqué que j'étais pas le plus heureux d'apprendre que j'avais rien reçu. Ça se voyait autant que ça ? Malheureusement, le truc c'est que ce que me disait le Serpentard me rassurait pas vraiment, le soucis c'était pas de les contacter, mais plus qu'eux le fasse.

— Ouais, j'ai déjà envoyé des trucs, et ils m'en ont déjà envoyé, mais c'était toujours un truc écrit super vite fait, en mode "fais pas de bétises", "tu ferais mieux de continuer des vrais études" des trucs comme ça. Avant ma mère, elle était pas comme ça, mais depuis qu'elle sait que je viens ici .. c'est plus pareil.

Et je parlerais pas de mon père, j'étais sûr qu'il était tout le temps au dessus de son épaule pour lui dire quoi mettre. Mais je sais que c'était pas le seul qui était pas heureux que je sois là. Heureusement qu'il y a Joshua, mais il est tellement pris par son boulot qu'il m'envoie des lettres qu'une fois par mois. Après je suis pas le plus à plaindre, il y a bien des gens qui reçoivent rien car ils ont pas de parents, j'avais la chance d'avoir les deux quand bien même c'était pas les plus démonstratifs parfois. J'écoute un peu ce que me raconte Edwin, comment ça il vit avec le bibliothécaire ? Je lève un sourcil.

— Vous vous connaissez avec le bibliothécaire ? .. comment ça se fait que tu vis chez lui ?

C'était quand même pas banal de vivre avec un de tes profs, ou des personnels que tu croises dans l'école. De ce qu'il me disait, personne voulait plus lui écrire. Peut-être que lui aussi il avait des soucis avec ses parents, mais comme quoi, c'était peut-être le cas aussi des miens. Je baisse un peu la tête, peut-être que ma maman m'en voulait après tout, c'était peut-être ça le soucis ? Je le regarde à nouveau, encore une fois pas vraiment rassuré, tandis que mon regard se fait un peu plus expressif de la tristesse de la situation.

— Tu penses qu'elle m'en veut ma mère .. comme la tienne ?

Leur parler de Poudlard, leur parler de Poudlard, à chaque fois que je leur faisais ils me disaient qu'ils voulaient pas entendre mes histoires de magie et de trucs imaginaire.

— Ça les intéressent pas trop Poudlard .. mon frère oui mais pas mes parents, ils veulent pas en entendre parler quand je rentre pour les vacances. Du coup, je fais comme si ça existait pas .. même si j'aimerais bien.

Et c'est pas faute de leur avoir parler des cours, de Valerion, ils pensent que j'invente tout et ils veulent pas croire à toutes ces histoires de magie. Au final c'était un peu peine perdu.

Edwin ressentait d'un coup un besoin mauvais d'éclater en sanglots. Il se souvenait avec une clarté impressionnante du sentiment qui le prenait la nuit quand il se rendait compte qu'il ne reverrait probablement jamais sa maman sans que ça ne soit pour du négatif. Il doutait - en fait il en était certain mais refusait de se l'avouer - qu'elle se remette à l'aimer un jour, ou qu'elle comprennent que les sorciers n'étaient pas des monstres. Il aurait aimé que les choses se passent bien avec elle. Malgré le fait qu'il aimait vraiment vivre avec Owen et qu'il n'avait jamais été plus calme que quand il était avec le plus vieux, il ne pouvait parfois pas s'empêcher de penser à sa maman. Il imaginait comment elle devait être triste à cause de lui. Il pensait à combien il avait dû lui faire mal. Il savait que, pour elle, il était un mauvais fils. Il n'avait jamais été suffisant pour la rendre heureuse. Jamais assez gentil, présent, bon l'école. Il n'avait été qu'un échec sur tous les points qui importaient à sa mère. Le pompon sur le gâteau c'était qu'il l'avait même abandonné alors qu'elle aurait sûrement eu qu'un seul besoin : être entourée.

Il baissa les yeux sur ses mains. Il n'avait jamais, jamais été assez bien pour elle, ni pour son père d'ailleurs qui avait rapidement oublié l'existence de son fils. Edwin imaginait que Poudlard avait rajouté encore plus de distance qu'avant. Avant Poudlard Edwin pouvait encore parfois recevoir des cadeaux de Noël ou au moins des petites cartes. Depuis 3 ans et demi, il n'avait plus rien reçu. Il avait abandonné sa mère et avait été abandonné par son père. Le cercle se répétait. Le Serpentard espérait cependant qu'il était fini : il ne supporterait pas si Owen décidait finalement qu'il n'était qu'un bon à rien et le jetais aux oubliettes. Il avait mis tellement d'espoir dans cette relation qui l'aidait à cicatriser ses plaies. Owen ne pouvait pas l'abandonner, Edwin ferait en sorte d'être toujours assez bon pour mériter son amour.

Il se ressaisit d'un coup et cacha ses mains tremblantes entre ses jambes. Son cœur battait follement dans sa poitrine, excité par toutes ses idées noires. Il secoua la tête avant de laisser son attention revenir au petit Serdaigle à ses côtés. Ils doivent sûrement pas savoir quoi t'envoyer surtout si tu leur parle pas trop de Poudlard. Même si ça les intéresse pas... il poussa un soupire à fendre l'âme Ils sont peut-être inquiets pour toi et pour ton avenir. Ca doit être difficile pour eux d'imaginer leur fils dans un monde différent du leur. Et ils doivent pas non plus savoir s'il y a de bons débouchés pour ton avenir après Poudlard.

Il se frotta la nuque, gêné. Il aurait dû s'attendre à ce que l'autre pose une question sur Owen. Après tout, c'était assez étrange qu'un élève se retrouve à la charge d'un des membres de l'équipe éducative. Owen c'était... Enfin, ma mère a eu un autre enfant avant moi. C'est mon grand frère en fait. Enfin, mon demi frère. Je lui ai demandé si je pouvais venir habiter avec lui. Et puis y'a eu un espèce de procès avec des gens qui m'ont posé des questions sur moi et ma mère... Voilà c'est à peu près tout.

Il tourna les yeux - qu'il avait encore baissé - à nouveau vers le Serdaigle. Parler de tout ce qui s'était passé pour lui permettre d'aller vivre chez Owen ne lui plaisait pas. C'était assez flou dans sa tête. Il avait passé cette période comme dans la brume. Il s'était laissé promener un peu partout jusqu'à ce que la décision soit donnée et qu'il ai l'impression d'entièrement revivre. En y repensant il s'en voulait un peu. Il avait été tellement, mais tellement soulagé de ne plus avoir à retourner chez sa mère. C'était méchant pour elle.

Je pense pas que ta mère ira aussi loin que la mienne. Tes parents te détestent pas, ils doivent juste avoir du mal à comprendre et à encaisser toute cette histoire de magie. En plus, y'a pas de guerre contre les moldus par les sorciers maintenant, alors ça doit aller, non ?

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