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07 mai 2023, 23:30
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
Disclaimer - Avertissement
Reducio
L'œuvre que vous vous apprêtez à lire est une fiction. Une fiction au sein d'une fiction en quelque sorte. Cette dernière peut contenir des scènes violentes, des descriptions explicites, des sujets pouvant toucher certaines âmes sensibles. Dans les mentions notables auxquelles je peux penser, il y aura du sang, de la violence, de la manipulation psychologique, ou encore des discours haineux et discriminatoires envers les Né-Moldus et Sang-Pur. Si jamais un passage vous touche un peu trop, je vous prie de me contacter pour que nous puissions en discuter et trouver une solution. De mon côté, je m'engage à trouver les meilleurs compromis entre l'écriture que je souhaite faire et le tout public.

Une dernière précision avant de vous laisser tranquille, mais le personnage principal secondaire de cette histoire, Honor Brando, est largement inspiré, honteusement inspiré même, du personnage d'Honor Harrington, de la série de livres de SF éponyme. Je vous invite de tout mon cœur à aller lire cette série de livres, ou au moins les premiers, qui sont, à mes yeux, les meilleurs livres de SF que j'ai pu avoir la chance de lire.

Si vous êtes encore là, merci à vous, et bonne lecture.
Narcisse Brando et sa plume.
RÉSUMÉ
-
Si vous ne voulez pas être spoilé, ne lisez pas.
Reducio
Georges Tuséki et Drago Malfoy décident d'accélérer leurs plans. Grâce aux magouilles politiques et juridiques, voilà l'ex-détenu lavé de tous soupçons, avec carte blanche pour arrêter Honor Brando, l'ennemie numéro un de la société sorcière. Pendant que Narcisse se remet et découvre ses nouveaux pouvoirs, l'homme se marie avec Tiffanie Shell, une ancienne amie de Narcisse. Cette dernière délaisse sa famille en espérant laver son nom, mais la relation avec Georges la marque par sa violence et ses abus.

Pion sur l'échiquier de Tuséki, elle attire Narcisse, désespéré de retrouver sa mère, dans un piège. L'homme, dévoré par l'ambition, prend la place de Drago, tout juste assassiné par Honor. Tiffanie défie Narcisse dans une clairière non loin du manoir Tuséki, elle ne fait malheureusement pas le poids contre Narcisse. Georges est forcé d'entrer en scène, prenant en otage la petite sœur de sa femme, Ella Shell. Narcisse n'a d'autre choix que de se rendre, et de se laisser tuer par son ancienne amie sous les yeux de Georges. Usant de ses dernières volontés, il supplie l'homme de correctement traiter Tiffanie, leur apprenant qu'elle est enceinte.

Avant que quiconque n'ait le temps de réagir, Honor abat Tiffanie, qui menaçait son fils, avant de plonger dans la bataille contre Georges. Narcisse est à son tour projeté au cœur de l'affrontement, essayant de stopper les deux protagonistes, les empêchant de s'entretuer.

Georges, blessé, finit par s'enfuir. Honor tente de briser psychologiquement son fils pour le forcer à renoncer. Un combat brutal s'ensuit entre mère et fils. Mais Narcisse, épuisé et blessé, finit écrasé par la force d'Honor, qui le l'abandonne à son sort pour finir le travail, cherchant à retrouver Georges. Elle sera plus tard kidnappé par les forces de Poudlard, et ramenée au château, pour servir de monnaie d'échange.

Car Georges souhaite plus que tout faire main basse sur Poudlard, Elina n'a pas le choix. Narcisse ramène, pendant ce temps, le corps de Tiffanie et Ella, jusqu'à leur maison. Dianne Shell les y attend, morte d'inquiétude, au comble du désespoir en apprenant ce qu'il s'est passé cette nuit-là. Elle soigne Narcisse, le force à dormir chez elle, avant de prendre soin de sa fille. Le lendemain, un groupe d'homme aux ordres du Conseil vient pour finir le travail, ils blessent et questionnent Dianne, mais Narcisse intervient. Et dans sa grande colère, il les balaye. Il est sauvé de justesse par Dianne, qui abat froidement un homme après en avoir désarmé un autre.

Narcisse confie sa baguette à Ella, avant de partir en quête de puissance, ayant appris la capture de sa mère, il est persuadé qu'il est trop tard pour la sauver, mais pas suffisamment pour la venger.
Dernière modification par Narcisse Brando le 19 oct. 2023, 21:27, modifié 7 fois.

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Avatar par Merinda Swart

16 mai 2023, 23:55
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
PROLOGUE

Blablabla Malfoy se laissa tomber dans son fauteuil luxueux, poussant une longue expiration en desserrant sa cravate de la main, avant de prendre son visage entre ses paumes. Les derniers jours avaient été proprement infernaux. Pas le moindre répit, pas la plus petite seconde durant laquelle il aurait pu éventuellement se reposer, ne serait-ce qu'un peu. Il n'arrivait pas à croire qu'il ne s'était écoulé que dix jours depuis l'évasion d'Honor après l'attaque du tribunal. Quel désastre... Une calamité, un foutoir, une véritable débâcle. Il inspira avant de laisser ses mains glisser sur le bas de son visage, grattant la barbe naissante sur ses joues et son menton. Son dos s'appuya contre le dossier de la chaise face au balcon, alors qu'un elfe lui apporta discrètement une boisson. Faisant tournoyer le liquide dans le verre, il contemplait béatement le coucher de soleil sur la ville de Godric's Hollow. De longs nuages serpentaient le ciel, se confondant avec la couleur orangée de l'astre disparaissant derrière les collines lointaines, remplaçant durant un temps le bleu azuré de l'horizon par un rouge grenat.

Blablabla Deux membres de la famille Harrison tués, un juge blessé, un procureur ayant démissionné, un professeur de Poudlard abattu et un autre grièvement blessé. Une erreur judiciaire révélée, que certains journaux n'hésitaient pas à qualifier de complot et de machination, et une opinion publique à fleur de peau.

- Oh, puis j'allais oublier un criminel notoire hors de contrôle en liberté... Bravo Drago. Vraiment, bravo.

Blablabla Il se pinça les paupières, fronçant les sourcils pour tenter de détendre ses rides de souci. Georges demeurait le principal problème. Par une habile prestation oratoire et une préparation exemplaire des membres du conseil, il avait été possible de démontrer que Georges n'avait agi que dans le cadre de la légitime défense. La direction de Poudlard avait vivement protesté, mettant sur le dos de Georges la mort du professeur et les blessures des autres, ainsi que le préjudice porté à l'un de ses élèves. Mais Drago avait subtilement redirigé le problème sur la moldue. Au final, c'était elle le problème. Elle, uniquement elle, et personne d'autre qu'elle. Monsieur Tuséki avait peut-être simplement agi un peu trop vite en besogne, mais qui pouvait se targuer d'être irréprochable ? Mister Brando était un suspect tout indiqué, et Miss Valerion devrait s'estimer heureuse qu'on ne porte pas plainte pour entrave à la justice. Quant aux accusations de tortures, il s'agissait de la parole de l'adolescent contre celle de Georges. Or, comme par miracle, il s'avérait que ce dernier était entièrement dépourvu de tout souvenir de cette histoire. Et pourtant, il avait accepté de se soumettre à l'examen de cette maudite prof de défense. Mais rien. Drago en était autant surpris qu'elle. Aucun souvenir, rien. Et ceux de l'adolescent étaient déjà particulièrement flous, en plus d'être irrecevables : qui aurait pu croire que ces souvenirs n'avaient pas été créés de toute pièce par cette professeure experte en mémoire ?

Blablabla Une gorgée traversa sa gorge avant de couler lentement jusqu'à son estomac. Il grimaça sous la brûlure de l'alcool, mais l'accueillit également avec soulagement alors qu'il sentait ses épaules se détendre lentement. Ses yeux se tournèrent pour regarder le grand portrait accroché au-dessus de la cheminée de sa chambre. Lucius et Narcissa l'observaient. Son père avec un air quelque peu méprisant et supérieur, sa mère avec une empathie dissimulée derrière un sourire neutre. Drago inspira longuement par les narines, emplissant ses poumons d'oxygène, avant d'expirer tout aussi longuement pour se détendre. Il avait encore tant à faire, et il n'en voyait pas le bout. Il porta son verre à ses lèvres, goûtant à nouveau la délicieuse liqueur hors de prix.

Un claquement de fouet retentit soudainement, provenant du balcon.

Blablabla Le verre se brisa en tombant sur le sol alors que Drago se précipita à l'extérieur en dégainant sa baguette, le cœur battant à ses oreilles et les yeux écarquillés. Il se figea en passant les lourds rideaux de velours séparant sa chambre du balcon, pris d'un hoquet de surprise. Une haute silhouette imposante se tenait au milieu de la terrasse, dissimulée par la pénombre du crépuscule, une lourde cape rouge sang battant sous le vent frais de novembre. La baguette d'Aubépine de Malfoy se dressa dans la direction de la silhouette, le majeur et le pouce de son autre main collés, prêts à claquer pour appeler un elfe à la rescousse. Sa gorge se gonfla et l'air ambiant vibra sous sa voix profonde, sous-tendue par un mince fil de légilimancie.

- Qui êtes-vous ? Que voulez-vous ? Parlez vite.

Blablabla La silhouette ne broncha pas, Drago cru même apercevoir l'esquisse d'un sourire sous la capuche de l'inconnu. Une autre voix vibra, encore plus puissamment que celle de Malfoy.

- Sont-ce donc là des manières d'accueillir l'homme qui vous tend sur un plateau d'argent votre victoire prochaine ?

Blablabla Georges. Évidemment. Malfoy expira d'exaspération en levant les yeux au ciel, baissant sa baguette avant d'avancer en fermant les rideaux. Il se mordit les lèvres, irrité, proche de la fureur, seulement retenue par son épuisement lancinant. Alors qu'il se tenait à un mètre de Tuséki, ce dernier ôta sa capuche, laissant flotter ses cheveux poivre et sel dans le vent. Drago ne put retenir un hoquet de surprise choquée. Le visage de l'homme était effroyablement tiré. Des cernes gigantesques, une barbe mal entretenue, les cheveux non huilés, la peau sèche. Et accessoirement, un bandeau noir couvrant son œil.

- Allons... Point de sensiblerie entre nous, voulez-vous ?

Blablabla Georges tapota de l'index l'endroit où aurait dû se trouver son globe oculaire, avant de soulever le tissu. Drago eut un hoquet de dégoût, sentant une remontée acide lui brûler l'arrière de la gorge. La peau déchirée laissait apparaître une cicatrice blanchâtre formant une ligne du haut de sa joue jusqu'à son front, passant par sa paupière. Cette dernière était fermée, mais Malfoy devinait sans mal le sort de son œil. Georges avait raconté avec force détail l'agression qu'il avait subi de la part de la moldue. Drago n'y avait pas assisté en personne, mais tous s'entendaient à dire qu'effectivement, Honor avait tiré sur Tuséki, qui avait eu de la chance de n'en sortir que blessé. Il s'était présenté aux entretiens de police avec un bandeau ensanglanté, le teint maladif, et la voix tremblante. Une habile mise en scène pour attirer la pitié de l'opinion publique. Ce qui n'avait pas été totalement inutile, puisque désormais, l'homme était blanchi de toute charge. Drago rengaina sa baguette, sentant à nouveau la colère monter en lui.

- Comment, par Merlin, pouvez-vous parler de victoire ?! Vous avez provoqué un véritable carnage ! L'opinion est déchaînée, tout Poudlard est sur notre dos, la confiance du peuple envers le Conseil est à son plus bas, et pour couronner le tout, cette moldue court toujours !

Blablabla Il s'approcha de lui, le foudroyant du regard, décontenancé un bref instant par le fait que Georges n'avait plus qu'un œil. Ce dernier le regarda passivement, sans une expression, avant de lentement sourire. Un sourire satisfait, mesquin. Il pouffa de rire avant de poser sa main sur l'épaule de Drago, lui tapotant les vêtements.

- Allons, allons... Encore une fois, vous ne voyez pas le tableau dans son ensemble.

Blablabla Il se tourna, et le bruit de ses bottes claqua sur le marbre tandis qu'il s'accoudait au muret de la terrasse.

- Vous voyez une opinion publique belliciste, je vois un peuple révolté. Vous dites que vous avez Poudlard à dos, je vois un champ vierge, prêt à être fertilisé, et vous dites que cette moldue court toujours, je ne vois qu'une... particule. Une poussière, un grain de sable.

Blablabla Georges se retourna vers Drago, un sourire carnassier aux lèvres.

- Un peuple révolté est aisément manipulable. Et que pensez-vous qu'il va arriver avec Poudlard ? Je vous le dis, rien du tout. Ces pleutres vont se renfermer sur eux-mêmes. Et croyez-moi, les rumeurs iront de bon train.

Blablabla Un claquement de fouet, Tuséki se retrouve derrière Drago, à sa droite, prenant une voix aiguë qui mit ce dernier mal à l'aise.

- "Oh, par Merlin, n'avez-vous pas entendu la rumeur ? On raconte que la mère d'un né-moldu veut tous nous tuer ?"

Blablabla Un autre claquement, il se retrouva à sa gauche, sa voix changea à nouveau.

- "Croyez-moi, mes parents entendront parler de ça, je ne veux pas prendre le risque de m'attirer les foudres des nés-moldus !"

Blablabla Encore un claquement, et il se retrouva assis sur le balcon, les jambes croisées, les bras écartés, laissant flotter sa cape, un air hystérique et terrifiant sur son visage déformé par son sourire triomphant.

- Et les journaux, les bars, tout le monde en parlera : "Vous voyez, je vous l'avais dit, les nés-moldus, c'est de la mauvaise graine, tout juste bons à nous apporter du malheur !"

Blablabla Il s'abandonna à un rire mauvais, sinistre, qui fit frémir de terreur Drago, qui malgré lui, recula d'un pas, avalant difficilement sa salive. Ce dernier était tiraillé entre la peur glaciale qui lui ravageait les tripes et la sensation rassurante qui s'était emparée de lui. Effectivement, partout au ministère, on chuchotait. Ceux qui au départ étaient réticents à rejoindre la cellule de crise anti-moldu se pressaient désormais pour agir. Et si les oppositions étaient certes devenus plus virulents, elles ne s'étaient pas démultipliées. De plus, jamais ses soutiens n'avaient été de son côté de manière aussi fervente. Un spectre de sourire déforma les lèvres de Drago, qui se mit à rire lentement à son tour, saisissant ses bras, avant de longuement respirer. Il sentit les lourdes mains de Georges soudainement le saisir par les épaules. Ce dernier soupira profondément, jaugeant Drago du regard.

- Mon ami... Ouvrez les yeux. Nous y sommes presque. Tous ces morts... C'est tragique certes, mais c'est pour le plus grand bien.

Blablabla Il passa ensuite à côté de lui, ouvrant à nouveau les bras en laissant claquer sa cape.

- Nous sommes à l'aube d'une nouvelle ère ! Une ère enfin débarrassée de ces immondes sangs impurs ! Et dire que cela arrivera grâce à une moldue... J'en rirais presque.

Blablabla Malfoy se racla soudainement la gorge avant de se tourner vers lui, ayant repris contenance.

- Tuséki, votre optimisme m'enchante. Mais vous ne pouvez ignorer que parfois, un simple grain de sable suffit à balayer les plans les plus parfaits. Certaines choses vont ont échappé, admettez-le. Vous retrouvez à inventer qu'une moldue a fait de la magie... Et puis quoi encore ? De plus, elle s'est enfuie, en manquant de vous tuer. Brillant.

Blablabla Il avait lancé son dernier mot avec tout le mépris dont il était capable, le laissant vibrer entre eux, porté par toute la puissance de sa légilimancie. Les bras de Georges demeurèrent levés encore un temps, avant de s'abaisser le long de son corps, claquant contre le tissu. Son poing se serra, ses dents grincèrent.

- Oui. Il est évident qu'une moldue qui fait de la magie, c'est insensé. Pas vrai ? Le choc, je suppose.

Blablabla Pour la première fois de sa vie, Georges allait mentir. Il allait cacher une partie de la vérité, pour mieux se préparer. Drago ne dégageait pas l'aura de quelqu'un qui croyait ce qu'il entendait, mais ce qu'il avait vu ce jour-là, Georges lui-même n'y croyait toujours pas. D'un côté, une partie de lui refusait catégoriquement d'envisager que cela avait pu arriver, et que le bouclier n'était dû qu'à la magie du jeune Narcisse, simplement catalysée avant de tomber dans l'inconscient et soutenue par sa forte volonté. Mais d'un autre côté, il avait vu ce bouclier s'incarner ensuite dans la bague de cette moldue. Il avait constaté la différence de couleur dans ces magies. Celle de l'adolescent était blanche, et celle qui avait catalysé le bouclier était grise... Il eut un sourire carnassier, une idée lui traversant soudainement l'esprit, avant de tourner.

- C'est fascinant, n'est-ce pas ? D'observer ainsi le changement de nature magique chez un jeune sorcier.

Blablabla La seule explication qui s'imposait désormais à Georges était que Narcisse avait vu la couleur de sa magie changer sous la pression intense et les émotions exacerbées. C'était déjà arrivé par le passé, lorsqu'une personne changeait profondément. Lui-même avait eu dans le temps une magie couleur violette. Il claqua des doigts.

- La voilà, l'explication.

Blablabla Puis il revint à la réalité, regardant Drago qui avait arqué un sourcil en croisant les bras, perplexe et plein de jugement.

- Oubliez cela...

Blablabla Il s'approcha ensuite du bord du balcon, croisant les bras dans son dos.

- Je concède que l'évasion de cette moldue était inattendue. Mais c'est en partie de votre faute, vous savez ?

- Que voulez-vous dire ?

- Et bien... Si vous n'aviez pas fait lever les protections anti-transplanage du Consilium pour intervenir, la moldue et le sang pourri n'auraient pas pu nous échapper.

Blablabla Il se tourna vers Drago, le défiant du regard, tandis que ce dernier le foudroyait également au travers de ses pupilles grises en serrant les poings. Georges eut un rire sarcastique, avant de renfiler sa capuche.

- Mais ne vous en faites pas. Je la trouverai. En attendant, je vous confie l'aspect communication publique, il est judicieux que je m'en éloigne un temps.

- Ce serait plus judicieux, en effet.

- Hm, petit malin. Ne vous reposez pas trop sur vos lauriers, vous aurez fort à faire pour tirer profit de l'ouragan qui est en train de se lever.

Blablabla Drago croisa les bras, il y avait quelque chose qu'il devait demander.

- Dites-moi : ces histoires de tortures... Sont-elles vraies ?

Blablabla Georges marqua un instant de silence, se mettant à sourire démesurément, puis jeta un regard charmeur à Drago.

- Si même Madame Valerion n'a rien trouvé dans mon esprit, c'est qu'il n'y avait plus rien à y trouver, pas vrai ?

Blablabla Malfoy secoua la tête, relevant bien l'emploi du mot "plus", refusant de croire qu'il s'agissait d'un lapsus. Il comptait bien tirer cela au clair un jour ou l'autre. Tuséki remit ensuite son bandeau autour de l'œil, le rajustant rapidement, avant de contempler la ville dans un silence religieux. La voix de Drago brisa le silence, il s'adressait à Georges sans le regarder.

- Pas trop handicapant ?

- Du tout. Et puis, je compte bien le faire remplacer. Le plus tôt possible.

- Je pourrais vous recommander des chirurmages si vous le désirez. J'en connais d'excellents.

- Inutile. J'ai mon propre fournisseur.

Blablabla Drago frémit à nouveau en entendant le mot fournisseur. C'était donc tout ce que représentait la perte d'un œil pour cet homme ? Un simple accessoire qu'il était aisé de remplacer par un autre ? Mais il n'eut pas le temps de se plonger davantage dans les sensations que cette impression déclenchait en lui.

- Au fait... Trouvez-moi une femme.

Blablabla Malfoy se figea, manquant une respiration, clignant des yeux.

- Je vous demande pardon ?

- Une femme. Une donzelle, une demoiselle quoi. Vous m'écoutez quand je parle ?

Blablabla Georges laissa échapper un raclement de gorge irrité.

- Il est temps que je transmette mes gènes. Et puis, une bonne femme, c'est toujours utile.

Blablabla Il se frotta le menton quelques instants, tandis que Drago tremblait sous la rage et le dégoût. Les mariages arrangés étaient véritablement le quotidien des sang-purs, et il n'y avait rien de choquant à cela pour lui. Mais la manière dont cet homme en parlait... L'aura qui se dégageait de lui en cet instant... Rarement Malfoy eut autant envie de vomir, incapable de prononcer le moindre mot. Georges claqua des doigts.

- La fille Shell, elle est majeure n'est-ce pas ? Peu importe après tout, mais elle sera parfaite. Dites-lui que c'est votre cadeau en échange de la réhabilitation de son nom. Je suis persuadé qu'elle meuuuurt d'envie de se racheter, pas vrai ?

Blablabla Drago fut incapable de répondre, sentant sa gorge se serrer sous l'émotion. Tuséki le regarda d'un air suffisant.

- Je vous laisse, nous resterons en contact. Comme j'ai cru comprendre que mon innocence avait été prouvée, je retourne à mon manoir. Belle soirée, Drago.

- Ne faites pas trop le malin ! C'est de justesse que les charges contre vous n'ont pas été retenues ! Vous avez eu de la chance qu'il était accompagné par cette professeure. Sous la menace de la poursuivre pour entrave, la direction a préféré reculer. Mais vous marcherez sur des œufs, à partir de dorénavant. Encore un pas de travers, un seul, et je ne pourrais plus rien pour vous !

Georges observa un instant de silence, laissant sa cape flotter dans le vent, avant de se tourner et de regarder Drago avec un sourire carnassier.

- Belle soirée, Drago.

Blablabla Un claquement de fouet retentit, suivi de près par un bruit de régurgitation. Drago s'essuya les lèvres, tremblant, réalisant la pression écrasante que Tuséki exerçait par sa simple présence. Son flegme, sa confiance absolue, tout son être le dégoutait. Et sa requête...

- Par Merlin...

Blablabla Mais il était trop tard pour faire machine arrière, et il valait mieux avoir Georges dans son camp. Toutefois, en se redressant, après avoir claqué des doigts pour faire venir ses elfes et nettoyer, il lança un regard entendu à la nuit.

- Profitez bien, monsieur Tuséki.

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Avatar par Merinda Swart

18 mai 2023, 23:36
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE PREMIER
Reducio

Je me réveillai à nouveau au beau milieu de la nuit. Ou bien était-ce le matin ? Le soir ? Je ne savais plus. La plupart de mon temps, je le passais à simplement regarder dans le vide, le regard flou, sans fixer quoi que ce soit. Forcer les muscles de mes yeux à faire la mise au point ne valait pas la peine d'être fait. De temps à autres, je voyais des gens passer auprès du lit dans lequel j'étais allongé. Parfois très tôt le matin, au beau milieu de l'après-midi, et certaines personnes très tard le soir. Je crus reconnaître Sandra. Il me semble qu'elle m'a parlé. Longuement, mais succinctement. Je ne me rappelle pas ce qu'elle m'a dit. En revanche, je crois me rappeler qu'elle a tenté de me prendre la main. Je n'aime pas me rappeler de ce moment. Je dois me forcer à fermer les yeux pour éloigner le souvenir des minutes qui ont suivi. L'infirmier est intervenu vite, mais je me rappelle le bruit de craquement d'os, la position anormale de son bras, et l'adolescente tirée en arrière. Je me rappelais ma respiration haletante, la sensation de brûlure glaciale enserrant chacun de mes membres alors que plusieurs paires de mains tentaient de me clouer au lit, me suppliant de me calmer.

Mais elle m'avait touché. Elle m'avait touché. Pourquoi m'avait-elle touché ?

Parfois, le simple contact des draps avec ma peau était insupportable, et je devais être immobilisé de force pour ne pas renverser le lit. Je détestais être immobilisé. J'avais toujours détesté ça. Mais désormais, la simple entrave de mon corps suffisait à me faire perdre pied, j'oubliais tout ce qui se passait, mais quand je revenais à moi, mes joues étaient trempées de larmes, et ma gorge desséchée et douloureuse, mes muscles endoloris. Et parfois, je pouvais au contraire passer plusieurs heures, voire plusieurs jours, sans faire le moindre mouvement. Je ne sais pas si c'est vrai. C'est ce qu'on me disait. Parfois, je mangeais. Parfois non. Je pouvais demeurer très longtemps à simplement fixer mon plateau, sans bouger. Au bout d'un moment, il finissait par disparaître. Je ne voyais pas toujours comment, parfois, il suffisait que je cligne des yeux et que je les rouvre pour qu'il disparaisse. J'avais peur de cligner des yeux désormais. Parce qu'à chaque fois que je clignais des paupières, j'avais peur de m'endormir, et de ne plus me réveiller. J'avais peur de dormir, j'avais peur de rêver... Mes rêves et mes cauchemars me poursuivaient parfois même lorsque j'étais éveillé. Il paraît que certains n'étaient pas vraiment des cauchemars, mais ils étaient tellement horribles que ne pouvait pas être vrai, si ?

Depuis quelques jours, davantage de personnes venaient me voir. Ou peut-être que je me souviens simplement davantage des choses qui arrivent autour de moi ? J'ai cru reconnaître Merinda, Lukas, et Sandra à nouveau. J'avais eu envie de lui parler, pour m'excuser. Mais rien ne voulait sortir. Elle avait dû me prendre pour un fou à simplement la fixer sans bouger, mes lèvres s'entrouvrant et se fermant. Il me semble aussi avoir reconnu Mary et Orla, peut-être. Plusieurs professeurs sont également passés. Je ne me souviens pas de tous. Mais Miss Priddy, par exemple, je me rappelle une fois, très clairement, où j'avais enfin réussi à croiser son regard. Je voulais qu'elle m'en veuille. C'était de ma faute si son mari avait été blessé non ? Je voulais qu'elle me haïsse. Après tout, ça lui ferait du bien non ? Je fus incapable de déchiffrer son expression. Je ne me rappelle plus de ce que j'ai fait, mais je crois avoir souri. Cela l'a fait réagir, et ensuite, l'infirmier et d'autres personnes sont venues me voir. Mais je n'avait fait que sourire, rien de bien extraordinaire pas vrai ?

Je sais que d'autres personnes sont venues, mais je ne m'en rappelle plus. Je suis désolé.

Mes souvenirs étaient flous. Décousus, incomplets, obscurs, abstraits. Je pouvais me rappeler de ce qui s'était passé il y a dix ans, mais ce qui s'était passé la veille, ou même il y a une heure, j'en étais incapable. Et parfois, ils revenaient. Mes souvenirs m'assaillaient impitoyablement quand je m'y attendais le moins. Ils m'engloutissaient, me submergeaient, me laissaient pourrir au sol après m'avoir balloté dans tous les sens sans la moindre pitié. Je voulais juste avoir la paix. Je revoyais cet homme, Georges, clairement, distinctement, je sentais son odeur, je sentais sa haine, son plaisir, l'odeur du cachot. La douleur. Parfois, j'avais l'impression qu'il me faisait encore mal. Et j'entendais son rire. Il m'arrivait d'ouvrir les yeux et de le voir dans un coin de la pièce. Personne ne pourrait arriver à temps. Et puis, le temps d'une respiration, il n'était plus là. Je me souvenais du feu, de la mer de feu, et j'avais mal au bras.

J'avais mal au bras. Mais il n'était plus là. Et je me souvenais.

La perte de mon bras était quelque chose qui ne m'avait pas posé tant de problèmes que ça. C'était ainsi, j'étais vivant. C'était le plus important, pas vrai ? Mais alors pourquoi me faisait-il encore mal ? Il n'était plus là, je l'avais perdu, à tout jamais. Pourquoi ne pouvait-il tout simplement pas me foutre la paix au lieu de venir gratter aux portes de mon subconscient, m'indiquant une démangeaison de la paume de ma main gauche. Je détestais la sensation de cette manche vide. Je sais que j'allais devoir apprendre à utiliser mon bras droit. Mais à chaque fois que je prenais quelque chose en main, je le lâchai. Quoiqu'hier, il me semble que j'avais réussi à prendre ma baguette sans la faire tomber. Ou peut-être était-ce la main de l'infirmier avec sa baguette. Je ne savais plus.

Et tous les jours, je pensais à ma mère, et je pleurais.

Elle était partie. Comme mon bras, comme tout le reste. Elle m'avait regardé, elle m'avait prise dans ses bras, et était partie. Je lui en voulais. Je voulais la tuer, je voulais la faire souffrir comme elle m'avait fait souffrir. Après tout, c'était de sa faute si j'avais été torturé non ?! C'était de SA faute si on avait pensé que c'était moi qui avais tué ces sorciers, non ? Et c'était de sa faute si j'avais perdu mon bras, et si un professeur était mort et que d'autres étaient blessés ! De SA faute, à ELLE, à personne d'autre. Je la maudissais, la haïssais, et puis l'instant d'après, je ne ressentais plus rien, les larmes coulant librement le long de mes joues. Mais ma main droite ne suffisait pas toujours à toutes les essuyer.

Je me souviens également d'autre chose. Plusieurs fois, des hommes inconnus étaient venus à mon chevet. Des femmes aussi, je ne sais plus trop. J'ai cru voir passer Carry, le président du Conseil des sorciers, et peut-être des policiers. Ils venaient toujours en groupe, accompagnés des professeurs et de la directrice, qui refusaient de me laisser seul avec eux. Je ne comprenais pas pourquoi, ils voulaient juste parler pas vrai ? Ils m'avaient montré des liasses de parchemin qu'ils voulaient que je lise. Il m'arrivait de hocher la tête quand je croyais distinguer correctement un mot. En revanche, je me souviens parfaitement de leur dernière visite. Ils avaient lourdement insisté pour je ne quitte plus Poudlard jusqu'à nouvel ordre. Ce n'était pas dans mes projets. De toute manière, j'allais probablement pourrir dans ce lit, puisque plus rien n'avait d'importance. Dormir. Dormir était devenu une bonne chose depuis quelques jours. J'aurais bien aimé simplement m'endormir jusqu'à ce qu'on oublie mon existence et qu'on me laisse tranquille.

Vous pouvez tous crever, je n'en ai plus rien à foutre. Laissez-moi dormir.

*

Ce matin, Narcisse se réveilla sans hurler, sans se débattre, ou sans être couvert de sueur. Quelque chose était différent, il le sentait. Il le sentait, car ce furent des fourmis dans les jambes qui le réveillèrent. Le soleil filtrait doucement à travers les rideaux semi-transparents de l'infirmerie. Il plissa les yeux, se redressant sur le lit. Les choses lui apparaissaient clairement. Il regarda sa main, la ferma et l'ouvrit plusieurs fois, la retourna pour en regarder le dos, puis la paume. Il vit ses veines, sa peau, ses ongles, les plis de ses articulations. Ses doigts vinrent toucher son visage, et il inspira plus profondément qu'il ne l'avait fait depuis des jours. Durant un instant, il crut que tout cela n'avait été qu'un mauvais rêve, et puis les souvenirs émergèrent à nouveau. S'il fermait les yeux, il sentait qu'ils pourraient à nouveau le submerger s'il se relâchait ne serait-ce qu'un tout petit instant. Un frisson lui parcourut le dos. Son regard fut attiré par sa baguette, posée sur la table de nuit. Il hésita à la toucher. Plus tard, se dit-il, plus tard. Dans un bruissement de tissus, il s'appuya sur sa main pour basculer sur le côté, puis s'asseoir au bord du lit.

Klee sortit soudainement la truffe de sous son oreiller, couinant doucement avant de prudemment s'approcher de lui, posant une patoune timide sur sa jambe. De fugaces souvenirs assaillirent Narcisse, et il se souvint qu'il l'avait plusieurs fois repoussé et encore plus souvent ignoré. Sa main gauche voulut la prendre. Il ferma les yeux, sentant un spectre de rire monter de sa poitrine tandis que le fantôme de son bras le démangeait. Puis les doigts de sa main droite vinrent serrer son épaule, avant de se poser sur Klee, alors qu'il se tordait sur le côté pour l'atteindre. Elle bondit de joie, glapissant de bonheur en escaladant son pyjama pour se blottir dans le creux entre son épaule et son cou. Narcisse demeura un long moment sans bouger, les yeux fermés, à simplement respirer lentement, en caressant le pelage de sa boursouflette. En rouvrant les yeux, il voulut marcher.

Ce fut proprement ridicule, il dut se rattraper au lit en sentant ses jambes se dérober sous lui. Sa main droite glissa en agrippant le bord du lit tandis qu'il envoyait sa main fantôme en renfort, en vain. Il renversa la petite table et les pieds du lit raclèrent le sol tandis qu'il s'effondrait au sol. Une voix retentit, qui surprit Narcisse :

- Mister O'Belt ! Mister O'Belt !! Venez vite !!

L'adolescent ne reconnut pas cette voix, il n'avait même pas remarqué que quelqu'un était là. Un frisson s'empara de lui. Avait-il perdu à ce point la conscience de ce qui l'entourait ? Il n'eut toutefois pas le temps de trop y penser, puisqu'un claquement de semelles se précipita vers lui. Observer ainsi l'infirmier s'avancer, baguette en main, le visage consterné par l'inquiétude et ce qui semblait être un élève caché à moitié derrière lui, baguette en main également, était une scène presque comique. Pourquoi en faisaient-ils tout un plat ? Tandis que Narcisse se redressait lentement, les jambes chancelantes, l'infirmier se figea brusquement, prenant une inspiration choquée, avant que sa main libre ne remonte devant le bas de son visage. Narcisse tenta de lui sourire.

- Yo.

Sa voix grinçait et lui faisait mal à la gorge. Il toussa et se plia en deux, récupéré juste à temps par Mister O'Belt qui se précipita vers lui. Narcisse eut un mouvement de recul brusque et puissant, sentant sa peau vibrer, il bondit en arrière, se prenant le lit et basculant en arrière, chutant la tête la première sur le sol. Klee roula en arrière, couinant de panique, avant de se ruer vers lui. Mais Narcisse ne ressentit rien. Cela l'étonna. Il glissa sa main derrière sa tête, pas de bosse, pas de sang. L'infirmier s'accroupit à ses côtés, sans toutefois le toucher.

- Vous allez me faire le plaisir de ne pas bouger. Au moins quelques minutes, vous pouvez faire ça ?

Si Narcisse demeura un instant interdit et immobile, il hocha imperceptiblement la tête l'instant d'après. Diarmuid leva ensuite les yeux vers l'élève.

- Allez me chercher Miss Montmort, dites-lui qu'il est réveillé, s'il vous plaît.

Et sans demander son reste, l'assistance détala comme si sa vie en dépendait. Narcisse crut l'entendre crier quelque chose, mais il n'était pas certain de quoi, toute son attention était focalisée sur l'infirmier qui était bien trop proche de lui à son goût. Il tendait la main vers lui.

- Brando... Je vais vous aider à vous redresser, d'accord ? Mais pour ça, je vais devoir vous toucher. Je ne vais pas vous faire mal, c'est promis.

Narcisse le fixa longuement, sans bouger, la respiration courte, la nuque brûlante et le cœur battant à ses oreilles. Il prit une grande inspiration avant de secouer la tête.

- Non. Non.

Il se recula, s'aidant de sa main pour glisser en arrière, avant de s'adosser au mur, sur lequel il s'appuya pour se redresser laborieusement. Il avait mal à la tête, il avait mal à la poitrine, il avait mal aux yeux, mais il ne voulait pas qu'on le touche. Plus jamais quelqu'un ne poserait la main sur lui, hors de question. Tandis que l'infirmier se tenait toujours à l'endroit où il était resté, sans ranger sa baguette, d'autres bruits de pas accouraient provenant de la porte. La vision de Narcisse devint floue, son cœur éclata de sa poitrine et il se heurta au mur en tentant de reculer. Il vit Georges, Honor, Carry, le procureur Lilith, les policiers, tous les gens qui lui avaient fait du mal, il les voyaient franchir cette porte pour finalement l'emporter devant un nouveau jugement, et sa mère ne serait plus là pour le sauver.

- NON !

L'air autour de Narcisse s'électrisa, et poussant sur ses jambes, il se retrouva dans un bruit de tonnerre devant la porte de l'infirmerie. Un brusque courant d'air fit voler les rideaux autour des lits et des fenêtres, soulevant une trombe de poussière là où les pieds de Narcisse atterrirent. La seconde d'après, la porte s'ouvrir, laissant apparaître la directrice, Sixtine Valerion, le sous-directeur et quatre autres adultes. La voix de Diarmuid retentit.

- ATTENTION !

La main de Narcisse était déjà brandie vers eux, ses yeux virant à nouveau au blanc, sa vision effaçant le monde réel pour ne laisser place qu'à la perception abstraite de ce qui se trouvait devant lui. Au creux de sa paume se formait une boule blanche crépitante, faisant vibrer l'environnement autour d'elle, tel un mirage, causant des rafales de vent à l'intérieur de la pièce. Des baguettes jaillirent face à lui, tandis que les membres de l'équipe éducative reculaient rapidement, combinant leurs Protego alors que la magie de l'adolescent explosa soudainement dans un hurlement déchirant l'air ambiant. Le sort ricocha sur le bouclier collectif sans difficulté, et Narcisse fut projeté en arrière, rattrapé de peu par le sort de l'infirmier qui se tenait en retrait. Dans une brusque expiration, Narcisse revint à la réalité, ses yeux redevinrent noirs, son cœur tonnait toujours à ses oreilles, mais il voyait clair. Mais les baguettes pointaient encore vers lui, et il sentit la panique monter.

Ce fut Sixtine qui s'interposa brusquement, sa voix tonnant sous la colère, jouant de sa baguette et des mains pour se mettre entre eux et Narcisse. Sans un mot, pas un cri, sans lever les bras. Simplement en se tenant face à eux, elle paraissait plus grande que chacun des professeurs qui pointaient Narcisse de leur baguette.

L'adolescent ne sut dire combien de temps les choses autour de lui restèrent immobiles. Mais lorsque la voix d'Elina Montmort parvint à ses oreilles, il se remit brusquement à respirer. La tête lui tournait, il avait l'impression que son cœur allait bondir hors de sa poitrine.

- Mister Brando, vous êtes avec nous ?

Et il réalisa qu'il avait mystérieusement rejoint le sol, assit par terre, replié sur lui-même, le souffle court, tremblant de frissons et couvert de sueur. Les adultes ne le menaçaient plus de leur baguette, mais l'entouraient à une distance respectable, seule Miss Valerion était accroupie face à lui, plongeant ses yeux bleus dans les siens. Le silence s'éternisa, et Narcisse comprit que c'était à lui de répondre. Il mit un temps infini à lâcher sa jambe qu'il enserrait, et il mit encore plus de temps à calmer sa respiration. Se redressant lentement, poussant sur ses jambes pour se relever, il regarda chacune des personnes présentes dans la pièce, sa main agrippant sa poitrine. Il avala difficilement sa salive, se forçant à ne se concentrer que sur Klee qui s'était positionnée devant lui, faisant face aux adultes. Une inspiration, la bloquer, une longue expiration.

- Oui. Oui, je crois. Pardon. Pardon...

Le soulagement fut perceptible dans toute la pièce, et les adultes se regardèrent. Certains avec joie, d'autre avec espoir, tandis que sa professeure de défense se redressait. Son visage était marqué par quelques nouvelles cicatrices, et elle s'approcha de lui. Narcisse eut à nouveau un mouvement de recul. Elle se figea, lui aussi. Elle écarta les bras avant de reculer d'un pas. Narcisse avala sa salive.

- Euh... Ça fait... Je... Quel jour on est ?

Sixtine regarda les autres, avant de regarder à nouveau l'adolescent. Tout le monde semblait légèrement gêné. Narcisse ne comprit pas pourquoi. Chacun d'eux se tenait à une distance respectable de lui.

- Brando... Depuis que vous êtes revenu à Poudlard, depuis... Tout ce qu'il s'est passé... Il s'est écoulé plus d'un mois. Un mois et trois jours, pour être précise. Nous sommes le 21 décembre.

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2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart

24 mai 2023, 22:21
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE DEUXIÈME
TW : Relation abusive, manipulation psychologique.
Je vous conseille de continuer votre lecture avec prudence si vous êtes quelqu'un de facilement choquable par rapport aux relation abusives. Ce n'est pas grave, ce n'est pas de votre faute. Prenez soin de vous avant tout. Si malgré tout, vous avez décidé de lire et que vous ne vous êtes pas senti bien, ne restez pas tout seul. Mon discord et ma volière vous seront toujours ouverts.
Reducio
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Blablabla Madame Tuséki courait aussi vite qu'elle le pouvait de sa chambre à celle de son mari. Encombrée par sa lourde robe composée de plusieurs épaisses couches de tissus, sans parler de sa cage thoracique écrasée par un corset légèrement trop serrée, elle peinait à parcourir la vingtaine de mètres entre les deux chambres. Ses talons claquant le sol régulièrement, son souffle devenant de plus en plus court, son visage peinant sous l'effort, elle s'arrêta finalement face à la lourde porte en chêne à deux battants qui la séparait de Georges. Rajustant sa lourde tignasse rousse attachée en un épais chignon, elle aplanit quelques plis sur ses vêtements, tout en reprenant contenance et respiration. Il lui était inenvisageable de se présenter à son mari dans un état moins qu'irréprochable. Elle frémit en toquant doucement à la porte, mais sans latence, cette dernière s'ouvrit sur un claquement de doigts de Georges, lourdement assit dans son fauteuil, face à sa cheminée, tenant dans sa main un cocktail rouge sang. Tiffanie fit quelques pas, soulevant légèrement sa robe du sol en croisant les jambes pour faire la révérence, inclinant la tête vers le bas en fermant les yeux.

- Pardonnez-moi de vous déranger mon aimé.

- Mh ? Moui ?

- Mais... J'ai réussi, j'ai enfin réussi à accrocher l'esprit de Narcisse.

Blablabla Durant un bref instant, aucune réaction ne put être observée. Puis l'homme fit doucement tournoyer le liquide rougeoyant avant de porter le verre à ses lèvres, le vidant d'un trait, avant de le déposer sur un plateau porté par un elfe à l'allure misérable, tremblant comme un chaton. Georges fit un geste des doigts et l'elfe disparu dans un claquement. L'homme poussa ensuite une longue expiration en croisant les jambes avant de s'accouder à la chaise qui grinça, puis posa sa tête contre ses doigts, en fixant les flammes.

- Et donc ?

Blablabla Son ton était neutre, indifférent, mais tout en étant glacé et cruel. Tiffanie ne put retenir un autre frisson en demeurant aussi immobile qu'elle le pouvait, ses lèvres pincées. Elle prit son courage à deux mains, en regardant le sol devant elle, les mains croisées sur son ventre.

- Et bien... C'est ce que vous m'aviez demandé. Vous vous souvenez ? Vous aviez dit que c'est ce que j'étais censée faire... Pour me faire pardonner.

Blablabla Georges demeura à nouveau sans réaction.

- Vous n'avez pas oublié, n'est-ce pas ?..

Blablabla La voix de Tiffanie allait descendante, de plus en plus faible, tandis que son corps se mettait imperceptiblement à trembler. Georges laissa échapper un claquement de langue exaspéré, se redressant dans son fauteuil, avant de se lever, les mains croisées derrière son dos, et de s'approcher de l'âtre. Le silence s'éternisa, et Tiffanie tremblait de plus en plus, tandis que Georges tapotait lentement de l'index sur le dos de sa main. L'air se mit à vibrer autour de lui, il serra sa main plus fermement.

- Approche.

Blablabla Tiffanie eut un soubresaut de surprise et de terreur, la faisant reculer d'un pas, hésitant un bref instant avant d'obéir, lentement. Le bruit de ses talons résonnait dans la chambre, seulement interrompu par les crépitements du feu. Une fois arrivé aux côtés de son mari, Tiffanie s'immobilisa, se tournant vers lui. Il n'eut à nouveau aucune réaction durant plusieurs longues secondes, durant lesquelles l'anxiété de la jeune femme grimpa en flèche, son cœur menaçant de bondir hors de sa poitrine. Georges leva soudainement une main, et elle eut un réflexe soudain : celui de fermer les yeux et de détourner le visage tout en se crispant. Mais l'homme ne fit que passer les doigts dans ses cheveux parfaitement huilés, arrangeant ses mèches blanches de manière organiques et homogènes. Tiffanie rouvrit un œil, retenant un soupir de soulagement, ses mains se plaçant devant sa bouche, sentant son anxiété avoir lentement raison d'elle. La main de Georges s'abattit ensuite lourdement sur son épaule, ce qui la fit tressaillir de nouveau. Il l'approcha de lui, la forçant à déposer sa tête dans le creux de son épaule, la jeune femme se détendit légèrement, ses mains demeurant toutefois croisées sur sa poitrine. La voix suave et grave de Georges vit vibrer la poitrine de Tiffanie.

- Te souviens-tu de ce que je t'avais demandé, Tiffanie ?

Blablabla Elle avala difficilement sa salive, fermant ses yeux en crispant son visage, priant pour que tout se passe bien.

- Vous m'aviez demandé de... d'infiltrer l'esprit de Narcisse, et puis de... De le traquer pour l'amener devant vous.

Blablabla Georges hocha doucement la tête, faisant glisser sa main des cheveux de Tiffanie sur sa joue jusqu'à son menton sur lequel il appuya pour faire remonter son visage, plongeant ses yeux dans les siens. Il était dépourvu de toute émotion faciale, mais un léger sourire inquiétant flottait sur ses lèvres, et Tiffanie détourna brièvement le regard, avant de cligner nerveusement pour ramener son attention dans ceux de son mari.

- Mhm. C'est tout à fait cela mon amour. Et quelles conclusions tires-tu de cela ?

Blablabla La jeune femme se bloqua, cessant de respirer un bref instant. Elle avait délibérément mis de côté la deuxième partie de ses instructions. Malgré tout ce qui avait pu se passer entre Narcisse et elle, l'idée qu'elle doive aller l'affronter pour ensuite le ramener à son mari la terrifiait. Mais il ne lui laissait absolument aucun choix, et la fermeté dans son regard en témoignait, si bien qu'elle se résigna dans une longue expiration alors qu'elle fermait les yeux.

- Je vous demande pardon mon aimé... Je me suis emportée... Pardonnez-moi.

Blablabla Sa voix trembla alors qu'elle prononçait ses derniers mots, tandis que Georges demeurait toujours aussi immobile, avant de subitement l'attirer contre lui, l'enlaçant dans ses bras. Tiffanie demeura interdite un bref instant, envahie par une panique d'origine inconnue, avant de sentir ses yeux s'humidifier et la tension qui occupait ses épaules s'effacer. Elle leva à son tour les bras pour serrer le tissu de la chemise de son mari, retenant ses larmes. Georges tapota doucement son dos, un sourire prédateur sur les lèvres qu'elle ne pouvait pas voir.

- Shhh... shh... Là. Ce n'est rien.

Blablabla La main de Tiffanie glissa sur son visage pour essuyer ses larmes, tandis que Georges entama un lent mouvement de rotation répétitif, comme pour la bercer. Il chuchotait presque désormais, ses lèvres quasiment collées à l'oreille de sa femme.

- Je sais que tu ferais tout pour réparer les actes innommables de ton défunt père, n'est-ce pas ? Il ne s'agissait là que d'un petit écart qui ne se reproduira pas, j'en suis... persuadé.

Blablabla Il la saisit fermement par les épaules avant de la repousser doucement, l'empêchant de bouger, plongeant son regard froid dans le sien, sa voix sifflante et faisant vibrer la cage thoracique de Tiffanie.

- N'est-ce pas, ma chère ?

Blablabla La jeune femme ne put avoir d'autres réactions que celle de hocher vigoureusement et convulsivement la tête de haut en bas, laissant s'envoler quelques perles salées de la commissure de ses yeux. L'homme passa son pouce sur sa joue, essuyant un sillon de larmes, penchant doucement sa tête sur le côté sans la quitter du regard.

- Alors... Dis-moi tout.

Blablabla Tiffanie renifla avant de se ressaisir. Elle tenta d'échapper à la poigne de son mari, mais seule une résistance de fer répondit à son léger effort, et sentant la pression de ses doigts s'accentuer sur sa peau, elle préféra demeure immobile, les mains toujours sur sa poitrine, tentant de calmer sa respiration.

- J'ai essayé tous les jours de pénétrer son esprit, vous savez ? Mais il est encore à Poudlard, c'est très difficile, et puis... Il y avait quelque chose d'être avec son esprit. C'était comme si j'essayais d'attraper de la fumée avec les doigts, enfin... Plus exactement, c'est comme s'il n'y avait rien à attraper. Je ne saurais pas expliquer... je vous demande pardon.

Blablabla Georges demeurait de marbre, plus elle parlait, plus elle sentait la tension entre eux s'accroître inexorablement, sa voix tremblait de plus en plus. Plusieurs fois Georges l'avait sévèrement réprimandé car elle n'obtenait aucun résultat avec sa légilimancie, lui reprochant d'être inutile. Après tout, c'était l'une des raisons pour laquelle il avait daigné l'épouser. Il lui avait rendu un service absolument incommensurable, et c'était ainsi qu'elle le remerciait ? La culpabilité de Tiffanie la rongeait, c'est pour cela que dès le premier résultat obtenu, elle s'était précipité dans sa chambre, espérant obtenir ne serait-ce qu'un semblant de reconnaissance.

- J'avais beau essayer, essayer, je ne me trouvais que face à du vide impénétrable. C'était comme si son esprit avait déserté son corps. Parfois, il m'arrivait de percevoir des bribes de cauchemars terrifiants, mais ils étaient si brefs et illusoires...

Blablabla Elle secoua lentement la tête, avant d'enfin regagner une ombre de sourire en levant les yeux vers Georges, qui aurait tout aussi bien pu être un carcan de pierre qui l'enserrait.

- Et puis ce matin, c'est comme s'il avait jailli hors d'un brouillard impénétrable, maintenant, ça me paraît évident, il devait être dans une sorte de coma, sans le moindre doute. Et là, son esprit m'est apparu clairement ! Mais... Je n'ai pas pu avoir la moindre emprise sur lui... C'était... Différent. Vraiment, je vous supplie de me croire mon aimé ! C'était comme essayer d'embarquer à bord d'une caravelle en plein ouragan ! Et...

- C'est assez.

Blablabla Les yeux de Tiffanie se teintèrent à nouveau d'humidité alors qu'elle cacha sa bouche derrière ses mains, inspirant brusquement sous la terreur de la voix d'acier de son mari. Sa respiration était si profonde qu'on aurait pu croire entendre un grognement. Imperturbable, la jaugeant du regard, elle se mit à trembler d'effroi en sentant l'index de Georges tapoter lentement son épaule alors qu'il se perdait dans la contemplation de ses yeux gris. Il s'écoula un temps qui, du point de vue de la jeune femme, sembla infini. Il leva le regard, semblant réfléchir, avant de sourire d'un air mielleux. Ses mains tapotèrent les épaules de Tiffanie, la laissant enfin libre de ses mouvements. Cette dernière manqua de s'effondrer en perdant soudainement le soutien sur lequel elle s'était inconsciemment appuyée durant tout ce temps. Un rire narquois naquit du fin fond de sa gorge alors qu'il se tourna vers la fenêtre, dos à Tiffanie.

- Et bien, et bien... Dire que je t'ai offert rédemption, absolution, et même le nom de ma famille... Et c'est ainsi que tu me remercies ? En me bassinant d'excuses et d'échecs ?! Dire que tu n'es même pas fichue de tomber enceinte, à croire que tu n'y mets pas du tien...

Blablabla La jeune femme sentit la panique monter en elle et se précipita à côté de Georges pour désespérément saisir son bras, la voix croissante, brisée sous l'émotion et les larmes.

- Pardonnez-moi, je vous en prie !! J'essaye, j'essaye nuit et jour ! Et vous savez que je fais de mon mieux pour respecter les engagements de notre mariage, je vous supplie de...

- ASSEZ !

Blablabla Le bruit de la gifle retenti violemment à travers la pièce, suivi de près par un bruit sourd tandis que Tiffanie s'effondrait au sol, pratiquement projetée contre le fauteuil de son mari. La respiration de Georges était d'un calme absolu, tandis que celle de sa femme était courte et convulsée, ses joues recouvertes de larmes sans qu'elle ne puisse toutefois se permettre de sangloter par peur de la réaction de son mari. Sa joue était rouge, pratiquement violette, la tête lui tournait sans cesse, violemment, elle avait envie de vomir, de crier, de se débattre. Mourir n'aurait peut-être pas été une si mauvaise chose finalement. C'est alors que Georges s'agenouilla à côté d'elle, prenant son visage entre ses mains calleuses et rêches.

- Allons... Point de pleurs. Tu vois ce que tu me fais faire ? Tu te rends compte ? Tout cela aurait pu être évité, si tu avais simplement fait ce que je t'avais demandé.

Blablabla Il la prit ensuite par les épaules pour la prendre dans ses bras, tandis qu'elle ravalait ses sanglots du mieux qu'elle pouvait, fixant le plafond, se répétant que tout irait bien. Il lui chuchota suavement à l'oreille.

- Tu sais ce qui me ferait plaisir ? Immensément, délicieusement, somptueusement plaisir ?

Blablabla Après une seconde d'hésitation, la jeune femme sentit un rayon d'espoir percer dans sa poitrine, étouffant ses doutes et ses angoisses, balayant d'un revers de la main toutes les souffrances qui avaient pu la mettre dans cet état. Elle se recula pour le regarder, le visage calme et apaisé, presque suppliant. Georges laissa glisser son pouce sur sa joue puis sa lèvre inférieure, affichant un sourire vicieux et satisfait. Elle secoua ensuite la tête pour indiquer qu'elle ne savait pas. Le sourire de l'homme s'agrandit, affichant ses dents sublimement blanches. Son nouvel œil se détourna dans un angle peu naturel, brillant d'une lumière rouge qui l'était tout aussi peu. Tiffanie ne peut retenir un frisson de dégoût, mais fit tout pour conserver la contenance de son visage.

- Après mûre réflexion, j'estime que tuer ce moins-que-rien au sang pourri n'est point une tâche digne de ma stature. Aussi, j'ai changé d'avis.

Blablabla Il se redressa en soutenant sa femme par la taille, la collant contre lui, son visage à quelques millimètres du sien, il huma longuement le parfum de la jeune femme, qui du se retenir de ne pas détourner le visage sous les effluves lourds et miasmatiques d'alcool. Elle le supplia du regard de continuer, n'osant pas briser la magie de ce moment d'un mari qui confiant ses vœux les plus sincères à la femme qu'il aimait sans évidemment de tout son cœur. Il fit glisser le dos de sa main sur la joue de Tiffanie.

- Au lieu de capturer cet animal, je souhaiterais que tu l'extermines. Et si tu fais cela, tu seras absous de tous tes crimes envers les sang-purs. J'oublierai même jusqu'au nom de ton père, et l'influence que tu as eu sur sa décision. Qu'en dis-tu ?

Blablabla La première réaction de la jeune femme fut l'horreur. Elle voulait détester Narcisse de tout son corps, de toute son âme, mais malgré toutes ses tentatives de l'écarter de sa vie pour se rapprocher de ses grands-parents, pour leur faire plaisir, il ne l'avait jamais abandonné. Mais sous le regard intransigeant de son mari, elle aurait accepté sans la moindre retenue absolument chacun de ses souhaits. Reprenant contenance et la maîtrise de soi, elle affermit ses traits et hocha fermement la tête, laissant tomber une mèche rousse sur son visage qui s'était échappé suite à la gifle de Georges. Ce dernier remit tendrement cette mèche derrière son oreille, avant de la faire venir contre son épaule pour lui tapoter le dos.

- Oui, je le ferai. Merci mon aimé, je vous suis tellement reconnaissant... Merci, merci... Pardon...

- Allons, allons... Ce n'est rien. Je compte sur toi, d'accord ? Ne me déçois pas. Je suis certain que cette tâche ne sera pour toi qu'une simple... formalité. N'est-ce pas, ma Fanny ?

Blablabla Une autre hésitation de Tiffanie. Elle n'avait jamais tué quiconque. Et encore moins quelqu'un dont elle était inconsciemment très proche, malgré toute la haine apparente qu'elle s'efforçait de lui porter. Mais si ce n'était encore que ça... Il s'agissait là de devoir tuer quelqu'un qui disposait désormais d'un esprit tempêtant plus puissamment que n'importe quel ouragan, et laissant entrevoir des fragments d'une personnalité qu'elle n'avait jamais, ne serait-ce qu'envisagé de trouver chez Narcisse. Le frisson de terreur qui l'envahit soudainement n'était en rien dû à son mari, contrairement au frisson de dégoût qui la secoua quand il passa sa main sur sa hanche.

Blablabla Tiffanie ferma lentement les yeux en hochant la tête contre l'épaule de son mari, se raccrochant à ce dernier de toutes ses forces, puisqu'il représentait la dernière lueur d'espoir qui subsistait dans sa vie, s'abandonnant à lui et tentant vainement d'oublier les heures qui ensuivirent. Il l'avait appelé par son surnom préféré... C'est qu'il l'aimait vraiment, pas vrai ?

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02 juin 2023, 01:00
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE TROISIÈME

Blablabla J'étais dans une forêt. Il faisait sombre, et il faisait froid, le vent sifflait dans les hautes branches craquantes des arbres. Les feuilles balayaient l'espace autour de moi, m'empêchant de bien distinguer les alentours. J'avais beau regarder autour de moi, j'étais incapable de savoir exactement où j'étais. Une vive douleur surgit soudainement de sous mon crâne, et ma main agrippa ma tête alors que je fermai les yeux en grognant, ma vision se brouillant soudainement. Quelque chose rampait dans ma tête, grattait aux portes de mon inconscient, je le sentais... Mais ce n'était pas le moment de s'en soucier, il fallait impérativement que je...
*

Blablabla Narcisse fut brutalement extirpé de sa transe par sa camarade, et tous deux poussèrent la même expiration brusque à l'unisson. Tous deux étaient assis en tailleur, face l'un à l'autre, le souffle court, couverts de sueur, le visage de Narcisse faisait face au sol, et Orla n'en menait pas large non plus. Il serra le poing avant de relever les yeux, les dents serrées, la voix grondante.

- Pourquoi t'as arrêté !? J'y étais presque !

Blablabla Elle demeura un instant silencieuse, sans le moindre mouvement, les mains sur le visage, une goutte de sueur finissant de perler le long de ses doigts avant de toucher le sol de la salle sur demande. Cet endroit était devenu leur lieu de méditation, et ils y avaient passé un temps incalculable depuis plusieurs semaines. Orla finit enfin par ôter les mains de son visage pour regarder Narcisse dans les yeux. Elle blêmit un bref instant, sous le regard noir de son ami, dans lequel elle ne reconnaissait presque plus rien de l'adolescent souriant qu'il était il y a encore quelques mois. Elle inspira longuement, avant de se redresser en posant les mains sur ses genoux.

- Bon sang Narc, tu sais pourquoi j'ai arrêté.

Blablabla Elle ne baissait pas les yeux, serrant l'une de ses mains en tentant de s'imposer.

- Y'a quelque chose qui va pas, tu l'as pas senti, sérieusement ?

Blablabla Son sourcil s'arqua imperceptiblement, elle n'arrivait pas à croire que Narcisse n'ait pas repéré le sentiment étrange qui s'était emparé de lui lorsqu'elle l'aidait à faire voyager son corps astral. Ils se livraient à cet exercice tous les jours désormais, sous les supplications de l'adolescent, qui cherchait un moyen de retrouver sa mère. Elle avait longuement hésité, au début, ne voulant pas risquer de le mettre en danger. Mais l'insistance de Narcisse était vraiment sans limite, et au bout de plusieurs jours, ils s'étaient finalement tous deux immergés dans le monde astral, guidé par l'habile maîtrise d'Orla dans ce domaine. Toutefois, les résultats n'étaient pas à la hauteur des attentes de l'adolescent. Il voulait toujours plonger plus loin et plus longtemps, et Orla devait encore et toujours le modérer. Depuis plusieurs jours, les recherches en étaient au point mort : la même vision s'offrait à eux, une forêt sombre, lugubre, déserte, et ils étaient incapables de voir plus en avant.

Blablabla Narcisse poussa un juron en se redressant, s'appuyant avec sa main sur le sol, tâtonnant encore quelque peu pour trouver son équilibre sans son bras gauche. Il se tourna dos à son amie, les dents et le poing serré, laissant planer un silence de quelques instants, avant de passer sa main sur son visage en expirant longuement.

- Je suis sûr que c'est là...

Blablabla Orla soupira en se frottant les paupières avec le pouce et le majeur, les lèvres pincées.

- C'est évident, non ? Elle m'appelle, il doit y avoir quelque chose là-bas !

- Narcisse, non !

Blablabla Elle avait soudainement élevé la voix, ce qui surpris Narcisse. Il se tourna vers elle, et durant une seconde, la gravité qui ombrageait constamment son visage depuis plusieurs semaines ne fut plus perceptible. Puis elle revint à la charge, et ses traits se durcirent à nouveau, ses narines s'évasèrent alors qu'il détournait le regard. Orla se redressa péniblement, à bout de forces.

- Ta mère est une moldue, elle ne peut pas t'appeler ni... ni quoi que ce soit ! Si quelque chose t'appelle effectivement... Et bien... ça ne peut pas être elle...

Blablabla Elle continuait de le fixer, refusant de le précipiter vers sa perte potentielle.

- Je suis désolée, mais c'est trop dangereux.

Blablabla Un ange passa, et Narcisse, qui contemplait le mur de l'autre côté, tourna à nouveau lentement son regard jusqu'à plonger ses yeux dans ceux de son amie. Elle frémit et avala difficilement sa salive, l'impression d'un poids colossal venait brusquement de s'abattre sur ses épaules, mais elle ne détourna pas les yeux. Au fil des années, elle était devenue encore plus butée qu'elle ne l'était lorsqu'ils s'étaient rencontrés, et ce n'était pas aujourd'hui qu'elle allait courber l'échine devant lui, peu importe à quel point il pouvait avoir changé. Narcisse la fixa plusieurs secondes, avant de lentement fermer les yeux. Des mannequins d'entraînement se matérialisèrent alors derrière lui, armé de miroirs d'Effusiore. Un frisson parcourut la nuque d'Orla lorsqu'il rouvrit les yeux, ses pupilles noires légèrement teintées de blanc. Il baissa les yeux pour contempler sa main ouverte, qu'il ferma et rouvrit plusieurs fois, lentement.

- Est-ce que tu as peur, Orla ?

Blablabla La question prit de court la jeune femme, qui laissa passer l'occasion de pouvoir lui répondre avant qu'il ne lui tourne le dos, faisant face aux mannequins.

- Parce que si c'est ça, tu peux juste foutre le camp d'ici, et je me démerderai tout seul.

Blablabla Il serra les dents, baissant légèrement les yeux en fermant le poing, l'air autour de lui commençait à imperceptiblement onduler. Puis il leva lentement sa main, la paume grande ouverte.

- Aguamenti.

Blablabla Un puissant jet d'eau jaillit brusquement de la paume de sa main, se précipitant droit dans le miroir d'Effusiore. Accomplissant son rôle à la perfection, le miroir absorba l'entièreté du sort, mais Narcisse ne cessa pas.

- Je suis sûr qu'il y a quelque chose là-bas.

Blablabla Il interrompit son sort le temps d'un instant, déviant le retour du miroir en lui présentant à nouveau sa paume, générant un puissant bouclier blanc luminescent sans le moindre mot. Après un bref instant, lorsque l'eau fut absorbée par le sol de la salle, il présenta à nouveau sa main en direction du mannequin, mais Orla arqua un sourcil en observant que la position de ses doigts avait changé. Elle était ouverte, mais seules la pointe de ses doigts était braquée vers le miroir, comme s'il s'apprêtait à serrer une main, mais avec les doigts tendus. Il catalysa à nouveau le sort, mais sans formuler le sort cette fois-ci. Le jet qui en sortit avait l'air bien plus puissant et concentré, provoquant un bruit pareil à une cascade, des rafales de vent secouaient les vêtements d'Orla et décoiffaient ses cheveux. Elle leva la voix pour se faire entendre.

- Ça fait des semaines qu'on cherche ! Tu crois sincèrement que comme par hasard, elle resterait toujours au même endroit pour t'attendre ?! Si j'ai bien compris, elle a d'autres chats à fouetter Narcisse...

Blablabla Narcisse replia son auriculaire. Le débit de son sort diminua, mais le jet gagna en puissance. Orla entrouvrit la bouche un bref instant en observant le mannequin reculer, malgré le fait qu'il absorbait encore le sort avec un miroir.

- J'en sais rien. Mais y'a un truc là-bas.

Blablabla Il replia l'annulaire, et le diamètre diminua, mais la pression s'accentua prodigieusement, projetant le mannequin contre le mur face à Narcisse. Sa camarade gonfla les joues, serrant les poings.

- Non mais t'écoutes rien sérieux ! T'as pété un plomb ou quoi ?! Y'a RIEN là-bas, tu m'as demandé de l'aide, alors la moindre des choses serait que tu m'écoutes, non ?

Blablabla Narcisse ne répondit pas, et se contenta de replier son majeur, catalysant son sort avec l'index seulement. Le mannequin et le miroir furent découpés sans la moindre difficulté par un jet d'eau extrêmement concentré qui laissa sa marque sur le mur derrière lui. Après plusieurs secondes à découper calmement les mannequins qui restaient, Narcisse ferma le poing, le sort s'interrompit. Orla fut surprise : ses oreilles bourdonnaient. Elle inséra son auriculaire dans son oreille, se rendant compte d'à quel point le sort lancé par son ami avait littéralement ravagé les alentours. Ce dernier regardait sa main légèrement entrouverte, son index dégoulinant encore de quelques gouttes d'eau magique. Il parla sans la regarder, abaissant lentement son bras.

- Je n'ai pas besoin de quelqu'un qui abandonne à la première difficulté.

Blablabla La jeune femme ressentit une grande colère se déchaîner dans son cœur, et sa main fit mine de se diriger vers sa baguette, mais lorsqu'il se tourna vers elle, Orla dut faire un effort incommensurable pour ne pas se détourner de lui et s'enfuir. Ses yeux étaient entièrement blancs, et quelques veines faisant écho à cette couleur éclatante parcouraient les veines de son cou et de son visage, comme des serpents de lumière glissant sous sa peau. Il eut un mouvement nerveux de la tête, et ferma les yeux. Lorsqu'il les rouvrit, Orla fut soulagée au-delà de toute commune mesure de retrouver les pupilles obsidiennes de son ami, et ne put retenir un soupir de soulagement. Narcisse pencha la tête sur le côté, son bras pendant le long de son corps.

- Tu m'as été d'une aide précieuse, indispensable même. Mais si tu ne veux plus m'aider, tu peux foutre le camp.

Blablabla Il serra son poing, jaugeant son amie du regard. Les deux adolescents se fixèrent ainsi, dans la plus grande immobilité, dans le plus grand silence, un temps qui s'étirait à l'infini de leur point de vue. Orla LeFer hésita. Longuement. Elle ne savait pas quoi faire. D'un côté, elle ne voulait pas abandonner son ami, mais de l'autre, il plongeait corps et âme dans un domaine vers lequel elle ne pourrait pas le suivre. Et cela l'inquiétait tout autant que cela l'effrayait. Un léger sourire déforma ses traits, et elle ferma les yeux en soupirant.

- Tu te rends compte qu'on n'a pas la moindre idée de l'emplacement potentiel de cette vision ?

Blablabla Elle leva la main pour se frotter l'arrière de la tête, avant de s'étirer dans la foulée, se posant sur la pointe des pieds, levant les bras au-dessus de sa tête. Puis elle abandonna ses doutes, et plongea tête la première dans la folie avec son ami.

- Peut-être qu'elle est passée par là... Mais rien n'est moins sûr ! C'est peut-être juste un endroit qui ressemble vaguement à un endroit que vous aimiez tous les deux, ou alors qu'elle aime, ou je sais pas ! Vraiment, il y a dix autres explications plus crédibles que simplement : "Elle est ici et m'appelle, c'est sûr !"

Blablabla Elle mima des guillemets avec ses doigts en imitant grossièrement la voix de Narcisse, avant de se laisser aller à un sourire plus large, que même l'adolescent reprit lentement. Alors qu'elle s'apprêtait à développer, l'épuisement la rattrapa, et sentant sa tête tourner, ses genoux suivirent dans la foulée, tandis que les bordures de sa vision devinrent blanches. Narcisse poussa sur ses jambes, et en un éclair, dans un silence absolu, déclenchant simplement un souffle de vent, il rattrapa son amie qui menaçait de s'écrouler sur le sol, son bras dans le dos. Si son visage était toujours aussi inexpressif, sa voix trahissait une inquiétude sincère, et son cœur se teinta d'une timide culpabilité.

- Ça va aller ?

Blablabla Alors qu'elle reprenait sa respiration, les mains sur son visage, il baissa les yeux de honte.

- Je suis désolé, j'aurais pas dû te pousser à ce...

Blablabla Narcisse sentit son cœur exploser lorsqu'Orla posa sa main sur son épaule pour se redresser. Ses oreilles explosèrent à leur tour : il sentit l'odeur des cachots, sa peau frémit, il se couvrit de sueur alors que sa respiration devint courte. Ses jambes devinrent faibles alors qu'il reculait, laissant son amie retrouver son équilibre sans aide, tandis qu'elle lui jeta un regard inquiet, peinant à rassembler ses esprits. Seul le bruit de son souffle atteignait les oreilles de Narcisse, la main sur le visage, les doigts écartés, l'œil écarquillé, fixant le sol. Il entendait le rire de Georges, l'endroit où Orla avait posé sa main le brûlait comme un charbon ardent. Un raz-de-marée de terreur et de colère menaça de jeter à bas sa conscience, qui risquait à tout instant de s'effondrer s'il n'arrivait pas à reprendre... une très longue respiration. Il ferma les yeux, tremblant, mais totalement immobile. Ses narines humèrent longuement l'air qui l'entourait. Il ne sentit que l'odeur sa propre sueur, celle d'Orla, et l'odeur caractéristique de la salle sur demande. Ses oreilles se risquèrent à entendre à nouveau, mais de voix de Georges il n'y avait point.

Blablabla Et puis, aussi rapidement que la peur l'avait envahi, elle laissa place à une honte gigantesque qui écrasa son cœur, se rendant compte qu'il s'était montré si vulnérable face à son amie. Toutefois, un mince éclat de joie le rassure : il ne l'avait pas blessé. Il soupira de soulagement, encore tremblant, incapable de distinguer correctement les mots d'Orla. Pourtant il les entendait, il savait qu'elle lui parlait, mais son cerveau refusait de leur donner un sens. Lorsqu'elle s'approcha de lui, les mains tendues, il eut un réflexe malheureux, et poussant sur ses jambes, il se retrouva soudainement à plusieurs mètres d'elle, projetant des bourrasques de vent autour de lui, le souffle court.

Blablabla Se laissant glisser le long du mur, ses doigts agrippant son crâne sous ses cheveux, les tempes battantes, son dos le brûlait. C'était là que Georges avait pris le plus de soin dans ses tortures. Son dos. Il s'en était donné à cœur joie, alors, si Narcisse se tenait adossé à un mur, il ne pourrait plus l'atteindre, pas vrai ? La paume de sa main trempée de sueur glissa sur sa tête, agrippant le vêtement de son épaule, s'étreignant lui-même dans un geste protecteur. Ses dents étaient tellement serrées qu'elles crissèrent violemment, mais il ne pouvait pas se détendre, il en était incapable, ses pensées tournoyantes dans une boucle infernale dont il ne voyait pas la fin. Et dans un geste désespéré, il ferma les yeux, baissant la tête, se recroquevillant contre le mur, brandissant la main face à lui, ne voulant que se protéger du monde extérieur qui ne représentait désormais pour lui qu'une souffrance qu'il aurait voulu oublier.

Blablabla Après plusieurs longues respirations, Narcisse se décida finalement à de nouveau rouvrir les yeux. Le sol lui rendit son regard. Il leva lentement la tête, sa main toujours tendue, mais tremblante sous l'effort et l'afflux de sang diminué, était presque aussi blanche que l'écran qu'il projetait face à lui et qui l'entourait presque entièrement. Il demeura plusieurs secondes ainsi, avant de se souvenir qu'Orla l'attendait de l'autre côté, et qu'il avait également encore quelques tâches à accomplir. Son bras s'abaissa, et ses nerfs lui rendirent enfin un semblant de soulagement avec des fourmis sous la peau de ses doigts. Narcisse leva les yeux, et se retrouva littéralement bouche bée.

Orla était là, certes, mais elle n'était pas la seule.

Blablabla Cette dernière était assise en tailleur face à elle, mais à ses côtés, assis sur des chaises non loin de là, se tenaient également Merinda, Miss Valerion, qui portait sur son épaule Klee. Cette dernière poussa un couinement impatient avant de bondir vers lui. Il y avait également Lukas et Sandra, et tous le regardaient d'un air plus ou moins préoccupé. L'adolescent n'eut durant les premiers instants aucune réaction. Puis, la fatigue réclamant soudainement ce qui lui était due, coupa la force de ses genoux sur lesquels il était accroupi, et s'effondra contre le mur derrière lui, tombant à genoux, le regard abaissé vers le sol, sans force. Si ses camarades réagirent pour se précipiter vers lui, Orla et Sixtine levèrent à l'unisson leur main, stoppant net le mouvement. Narcisse leur en fut incroyablement reconnaissant. Et tandis que Klee se blottissait dans le creux de son épaule, il leva lentement les yeux vers eux. Sa gorge était sèche, son corps tout entier lui faisait mal, et son bras gauche le démangeait. Il porta sa main à son moignon sous ses vêtements, agrippant ses derniers, le visage couvert de sueur, des mèches de cheveux collants à son front.

- C'est bon ? Vous avez terminé ?

Blablabla Seule la professeure Valerion était capable de prononcer cette phrase avec autant de sarcasme. Ce qui eut pour effet surprenant de faire sourire l'adolescent, et il secoua doucement la tête en fermant les yeux.

- Quelle heure il est ?

- Il est deux heures du matin Narcisse...

Blablabla La voix timide de Sandra s'imposa malgré tout parmi ses camarades, et Narcisse laissa échapper un rire nerveux qui le secoua, presque comme un aboiement. Plus de six heures s'étaient ainsi écoulées... Cela expliquait mieux le fait qu'il soit proprement incapable de bouger ne serait-ce qu'un doigt désormais, et il observa que son bras valide venait finalement lui aussi de rendre les armes pour tomber au sol. Il le regarda, avant de lever à nouveau les yeux. Orla le regardait avec un air profondément désolé. Il sourit.

- Ça va en faire Miss, des heures de retenues à distribuer...

- Oh, ne vous embêtez pas, elles seront toutes pour vous. D'ailleurs, personne d'autre que vous n'était ici ce soir, n'est-ce pas ?

Blablabla Elle congédia ses camarades d'un mouvement négligeant de la main, qui s'éclipsèrent un par un, en jetant chacun leur tour un regard de soutien à leur ami gisant au sol, tremblant. Il ne put retenir son sourire. Mais au fond de lui, il était abyssalement vide. Il souriait, certes, mais son cœur ne suivait pas, son corps ne suivait pas, il ne ressentait aucune hilarité. En cet instant, il aurait pu dormir pour ne plus jamais se réveiller, et c'était un programme qui lui apparaissait comme séduisant. Mais c'était sans compter sur Sixtine, qui se leva souplement, rajustant ses vêtements. Même à cette heure tardive, il n'arrivait pas à trouver un accroc à sa tenue ou son maquillage.

- Miss LeFer m'a mis au courant de vos... petites pratiques.

Blablabla Un éclair de rage traversa Narcisse, elle lui avait tout raconté ?! Il lança un regard noir à sa professeure, qui soupira.

- Libre à vous de vous plonger dans une activité qui occupe votre esprit, mais je vous demanderais simplement de ne pas entraîner de camarade avec vous.

Blablabla Il l'observa en silence, interdit. Puis il reprit ses esprits, et hocha la tête, décontenancé. Si Orla lui avait parlé de la forêt, ce serait sans aucun doute la première chose dont elle lui aurait parlé, en insistant fortement sur le fait qu'il était hors de question qu'il ne pose ne serait-ce qu'un pied hors de l'enceinte de Poudlard. Il l'entendait déjà d'ici. Par chance, le manque d'énergie de son corps l'aida à conserver un visage neutre tandis qu'il s'appuyait péniblement sur le mur derrière lui pour se relever tout aussi péniblement. Sixtine attendit qu'il se tienne debout, et ne fit pas mine de s'approcher de lui. Narcisse lui en fut infiniment reconnaissant.

- Bien. À partir de demain, vous ferez le ménage dans ma salle de classe, et de la salle du Club, ainsi que mon bureau.

Blablabla Elle claqua de la langue en agitant brièvement la main devant elle.

- Tsk, vous savez quoi ? Peu importe, tant que vous faites autre chose de votre temps que vous perdre dans les méandres de votre esprit et de celles de votre camarade. Considérez-vous chanceux que je ne retire pas de points à votre maison pour avoir bravé le couvre-feu. À présent, je vous prierai de me suivre, je vais vous raccompagner à votre dortoir. Vous avez une mine épouvantable, et une bonne nuit de sommeil ne sera pas de trop.

Blablabla Ses talons glissèrent sur le sol alors qu'elle lui tourna le dos pour se diriger vers la sortie qui débouchait commodément face à la salle commune de l'adolescent. La professeure se tourna vers lui juste avant de franchir le pas, laissant claquer ses talons, les mains croisées sur son ventre.

Blablabla Il laissa passer un bref instant, avant de poser finalement un pied devant l'autre. Ses dents se serrèrent, et il se senti pathétique et misérable d'avoir autant de difficulté pour accomplir une action aussi simple que celle de marcher. Il eut besoin d'un temps qui lui paru infini pour atteindre sa professeure, et il était en nage lorsqu'il sortit enfin de la salle sur demande. Sixtine l'observa ouvrir l'entrée de sa salle commune, avant lui murmurer.

- Je vous serais reconnaissant de ne pas faire d'autres bêtises. Quoi que vous ayez en tête.

Blablabla Il se figea, la main sur l'embrasure de la porte. Il était étonnamment calme, il savait ce qu'il avait à faire. Aussi, ce fut un regard confiant qu'il porta sur Sixtine, plongeant ses yeux dans les siens, mentant plus joliment qu'il ne l'avait fait de toute sa vie.

- Cela va de soi, Miss. Je vous remercie.

Blablabla Puis sans attendre une quelconque réponse, il pénétra dans sa salle commune, prenant la direction de son dortoir. Au fond de son cœur, empêchant les fondements de sa conscience de s'effondrer, brûlait une petite flamme blanche. Parcourant lentement ses veines comme du magma en fusion, Narcisse sut en cet instant que rien ne pourrait le briser. Ce n'était pas parce qu'il n'avait pas assez souffert, ce n'était pas parce qu'il s'était suffisamment reposé. Il prit simplement conscience qu'il faudrait le tuer pour l'arrêter.

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2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart

03 juin 2023, 23:52
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE QUATRE
TW : Torture, humiliations.
Blablabla Drago était un vieil homme. Et après plus de sept décennies passées à vivre son existence, il n'en voyait toujours pas la fin. Les sorciers étaient voués à vivre plus longtemps que les moldus, c'était un fait. Cela aurait dû suffire à justifier la supériorité des sorciers sur ces derniers, non ? Le fait que les moldus meurent plus tôt devait bien prouver quelque chose, pas vrai ? Sans le moindre doute possible, Drago était convaincu au fond de lui que les sorciers, et plus particulièrement les vrais sorciers, les Sang-Purs, étaient une race d'êtres humains infiniment supérieure. La forme de vie ultime, sans le moindre défaut, vouée à dominer le monde et à imposer ses idéaux. Comment aurait-il pu en aller autrement ? Mais pourtant, malgré toutes ses convictions, solidement ancrées au plus profond de lui, Drago Malfoy, le Président du Conseil des sorciers, était un homme fatigué. Les derniers mois, et plus particulièrement les dernières semaines, avaient été un véritable calvaire pour lui. Jamais sa politique n'avait été plus prudente et paranoïaque qu'aujourd'hui. Et cela commençait à se ressentir dans sa vie quotidienne.

Blablabla Quand il sortait du Consilium, il guettait les ombres et les coins de bâtiments, jetant des coups d'œil réguliers par-dessus son épaule, sursautant au moindre bruit, tremblant à la moindre âme croisée lors de son chemin. Il aurait bien aimé pouvoir transplaner à chaque fin de journée, mais l'image qu'il aurait renvoyé en faisant cela aurait été destructrice. Il ne pouvait pas montrer qu'il était terrifié, c'était impossible. Et pourtant, terrifié, il l'était. Profondément.

Blablabla La moldue n'avait pourtant pas donné signe de vie depuis l'attentat du Consilium, et son fils était passé sous les radars, il n'avait pas quitté Poudlard depuis environ deux mois. Tout portait donc à croire qu'elle était probablement morte, mais Georges n'avait toujours donné aucune nouvelle. Drago serra les dents en prenant le dernier tournant qui le menait jusqu'à la vieille ville. Il détestait ce quartier. À ses yeux, avoir temporairement déménagé là-bas était le pire signe de faiblesse, mais les forces de police avaient été intraitables. Hors de question de le maintenir au centre-ville, beaucoup trop exposé. Sa résidence secondaire n'était pourtant pas laide, ni même modeste, pour être honnête, c'était un autre manoir tout à fait honorable. Mais l'idée même d'y aller, non pas par choix, mais par obligation, le rendait fou de rage.

Il entrouvrit la grande porte, puis jeta un dernier regard en arrière, juste au cas où.

Blablabla Une ombre, quelque chose avait bougé, il en était sûr ! Il se tourna brusquement, dos à l'autre battant de la double porte, dégainant sa baguette pour pointer l'endroit, la voix tremblante.

- Q... Qui est là ?

Blablabla Il fixa l'ombre plusieurs longues secondes, puis cligna des yeux. Ce n'était rien du tout. Rien, même pas une poubelle ni même l'ombre d'un lampadaire. Le vide, un simple coin de bâtiment légèrement plus sombre que ses voisins. Drago demeura immobile quelques secondes encore, avant de laisser échapper un rire nerveux, tremblant de tous ses membres. Il espérait que personne ne l'ai vu, et il remerciait son métier prenant qui l'avait fait quitter le Consilium aussi tardivement. Il rengaina donc tranquillement sa baguette, soupirant de soulagement, avant de tirer un mouchoir de la poche de sa veste sombre pour tapoter son front moite de sueur paniquée. Puis il posa sa main sur la poignée pour finir d'ouvrir la porte.

Un picotement dans la nuque, puis le noir absolu, le silence.

*


Blablabla Un bruit d'eau qui coulait, une odeur de sang s'insinuant dans les narines, Drago poussa un grognement de douleur, la nuque endolorie, le corps engourdi. Bon sang, il avait les bras lourds comme du plomb et... Ses mains étaient entravées. Il ouvrit brusquement les yeux. Il était assis sur une chaise, au milieu de sa cuisine, un chandelier posé sur la table illuminait la pièce. Une terreur sourde s'insinua en lui alors qu'il leva les yeux en direction du bruit de l'eau qui coulait.

Blablabla Un serpent. Ce fut la première chose qu'il vit. Un gigantesque serpent noir se mouvant lentement face à lui. Il voulut pousser sur ses pieds pour tenter de reculer, mais ces derniers étaient également entravés. Il cligna des yeux. Ce serpent n'en était pas un. Et il constata qu'il observait en réalité le dos nu d'une femme, et ce dos était presque entièrement tatoué de serpents entrelacés qui s'étendaient jusqu'aux bras musculeux de la femme aux cheveux noir de jais, en train de faire ses ablutions comme si de rien n'était. Son corps était parsemé de cicatrices, son flanc droit était creusé et noir, parsemé de croûtes à peine cicatrisées. Des taches de sang frais disparaissaient lentement sous le frottement de ses mains. La terreur sourde se transforma en colère, en indignation. Il serra les dents, tirant de toutes ses forces sur ses liens, avant de gémir de douleur lorsque la corde lui cisailla la peau.

Blablabla Honor s'immobilisa, les mains posées sur le bord de l'évier.

- Surpris, Monsieur Malfoy ?

Blablabla Drago trembla en entendant cette voix. Il pensait qu'il ne pouvait exister voix plus terrifiante que celle de Georges, il s'était lourdement trompé. Il pensait savoir ce que cela faisait de se trouver face à quelqu'un qui voulait vous tuer. Là encore, jamais il ne s'était à ce point fourvoyé. La voix était froide, tranchante comme de l'acier, mais trouvait de surcroît le moyen de faire vibrer son corps jusque dans ses tréfonds. La colère s'était évaporée, laissant simplement place à une peur panique.

- À L'AIDE ! QUELQU'UN ! À MOI !!

Blablabla Il tenta de claquer des doigts pour appeler ses elfes, mais ses mains étaient solidement attachées aux accoudoirs de la chaise, il pouvait à peine lever les doigts. Un bruit de tissu se fit entendre alors qu'Honor se rhabilla, remettant son débardeur, sa chemise blanche, puis sa veste de costume d'un noir faisant écho à ses cheveux. Elle se tourna ensuite vers lui. Drago pensait être déjà terrifié, mais lorsqu'il croisa le regard noisette de la moldue, seules ses longues années d'expérience l'empêchèrent de s'uriner dessus. La femme remettait habilement sa cravate, le fixant d'un regard méprisant et vide. Drago se débattit à nouveau, tentant de renverser la chaise sur le côté, n'importe quoi qui lui permettrait d'échapper ne serait-ce qu'une seconde à ce regard ! La voix d'Honor retentit à nouveau et l'immobilisa.

- Inutile.

Blablabla Elle s'empara ensuite d'une chaise, et le bruit de ses pieds racla le sol de la cuisine, rythmé par le bruit des rangers d'Honor qui tapait sur le carrelage. Elle posa la chaise face à lui, et s'assit, raide comme la justice, les mains croisées sur ses jambes. Sa tête pencha légèrement sur le côté.

- Je suis persuadée que vous deviez vous sentir en sécurité ici. Mais seulement quatre gardes ?

Blablabla Elle secoua lentement la tête, laissant échapper quelques claquements de langue désapprobateurs.

- Les sorciers sont encore plus stupides que je ne le pensais.

- Où sont-ils ? Où est ma garde ?! LIBAWA ! AU RAPPORT ! SUR LE CHAMP !

Blablabla Seul l'écho de sa voix résonna faiblement. Il tourna la tête vers la fenêtre, les volets étaient fermés, et des coussins étaient attachés dessus, les fenêtres fermées, il écarquilla les yeux. Honor soupira.

- Vous savez, je n'avais rien contre eux. Ils avaient tous l'air d'être de gentils garçons.

Blablabla Elle croisa les jambes en s'adossant à la chaise d'osier qui grinça sous son poids, puis elle rajusta une mèche de cheveux avant de croiser les bras sur sa poitrine. Drago se débattit à nouveau, l'écume à la bouche.

- MISÉRABLE !! ASSASSINE !! VOUS ALLEZ REGRETTER CES EXACTIONS, NE CROYEZ PAS VOUS EN SORTIR IMPUNÉ...

Blablabla La main d'Honor vola, et le bruit de la claque résonna plus puissamment que la voix de Drago. Il sentit une chaleur douloureuse envahir son visage tandis que sa pommette éclata et que sa tête fut violemment projetée sur le côté. Cette dernière pendit misérablement, dodelinant alors qu'il hoquetait de surprise et de douleur.

- La ferme.

Blablabla Mais qui était cette femme ? Cette garce, cette maudite, comment avait-elle osé porter la main sur elle ?!

- Savez-vous seulement qui je...

Blablabla Une autre gifle, encore plus violente que la première, son autre pommette céda à son tour, saignant abondamment et tachant ses vêtements. Son visage était rouge de sang. Drago était totalement abasourdi, en état de choc, les yeux écarquillés, le souffle court, ses oreilles bourdonnaient. Honor poussa un soupir d'exaspération en passant sa main dans ses cheveux alors qu'elle se redressa souplement. Elle attrapa son glock posé sur la table, avant d'enclencher la culasse. Drago ignorait totalement de quoi il s'agissait, mais le bruit d'une arme que l'on recharge pouvait tirer de la transe le plus ignorant des hommes. Il se figea, cessant même de respirer un bref instant, avant de lever les yeux vers elle. Honor rangea ensuite son arme dans son holster sous sa veste, avant de dégainer son couteau. Ça, il connaissait, et son expression faciale se déforma sous la terreur.

- Ne vous faites pas d'illusion, vous allez mourir, ce soir.

Blablabla La sentence tomba comme un couperet, Drago perdit toute force, les ténèbres l'envahirent brutalement, et ses yeux perdirent tout éclat. Le ton de sa voix ne laissait aucune place au moindre doute, ni à la moindre hésitation.

- Alors, évitons les souffrances inutiles, voulez-vous ?

Blablabla Elle s'assit face à lui, rapprochant la chaise de la sienne, les jambes écartées comme si elle était chez elle. Son regard plongea dans celui de Drago, qui le soutint malgré tout, rassemblant ce qui lui restait de courage et de dignité pour ne pas perdre la face. Il respirait lourdement, compulsivement, les dents serrées, les joues et les vêtements poisseux de sang. Honor eut un petit sourire, presque satisfait. Puis, aussi vive qu'un serpent, elle posa la pointe de sa lame sur le haut du genou de l'homme. Une désagréable sensation envahit la jambe de Drago, des fourmis mille fois plus puissantes que le simple engourdissement. Sa peau reconnaissait le danger et lui criait de toutes ses forces de fuir. Honor appuya imperceptiblement, et il s'immobilisa totalement, osant à peine respirer, les yeux fixés sur la lame.

- Bien.

Blablabla Elle laissa planer une seconde, avant de pencher la tête sur le côté.

- Dites-moi où trouver Tuséki.

Blablabla Drago demeura un instant interdit, à simplement fixer sa ravisseuse. Malgré toute la terreur qui l'étouffait et occultait sa vision, malgré toute la haine qu'il pouvait porter à Georges, Drago n'était pas le genre d'homme à dénoncer. Et encore moins à une sale moldue ! Il serra les dents en fronçant les sourcils et en enfonçant ses ongles dans le bois de la chaise.

- Allez vous faire f...

Blablabla Le couteau s'enfonça en un éclair dans le genou de Drago, transperçant la rotule, raclant contre l'os, déchirant les vêtements, la peau, les muscles et les tendons. Jusqu'à la garde. Le hurlement qui s'échappa de la gorge de l'homme ne pouvait pas être décrit par des mots. Il convulsa sous la douleur, tremblant de tous ses membres, ses yeux s'emplissant de larmes et sentant sa conscience foutre le camp. La main d'Honor appuya brusquement et brutalement sur la bouche de Drago, épousant sans ménagement la forme de son visage, étouffant son hurlement guttural alors qu'elle plongea son regard dans le sien, rabaissant son visage à son niveau, à quelques centimètres du sien.

- Shhhh...

Blablabla L'homme fut traversé par un choc électrique et se mordit la langue pour arrêter de crier, ses larmes ruisselant sur le sang de ses joues et les doigts d'Honor qui ne bronchait pas d'un millimètre. Après quelques instants, elle ôta sa main, et Drago poussa une grande expiration paniquée, la voix rauque, le cœur battant à tout rompre, la jambe totalement insensible, à part à l'endroit où le couteau était enfoncé. Une boule de douleur aiguë pulsait à cet endroit, remontant toujours plus haut à chaque seconde. Ce fut d'une voix presque sensuelle qu'Honor reprit.

- Je vais répéter.

Blablabla La main qui tenait l'arme pivota lentement, causant une nouvelle décharge de douleur qui fit convulser Drago. Mais dans un effort de dignité et de contrôle de soi, il se mordit les lèvres pour ne pas crier, gémissant simplement en laissant tomber sa tête en arrière.

- Où... est... Tuséki ?

Blablabla Le couteau avait pivoté entièrement sur lui-même, Drago ne sentait plus du tout sa jambe. Une pensée brève lui traversa l'esprit et lui susurra qu'il était probable que plus jamais il ne pourrait se servir de cette jambe. Puis il fut secoué d'un rire nerveux en prenant conscience qu'il ne sortirait pas d'ici en vie. Il toussa péniblement en rabaissant son visage vers elle, peinant à ouvrir les yeux, transi de douleur et de tremblements. Puis il se mit à rire. Doucement, un rire provenant du fond la gorge. Honor haussa légèrement un sourcil en inclinant la tête sur le côté avec un sourire. Drago eut ensuite un sourire carnassier.

- Je vais rien vous dire, sale moldue ! Animal puant et répugnant ! Vraiment, vous me faites pitié ! Vous êtes là, à vous débattre comme les cafards que vous êtes, pour lutter contre l'inéluctable, et vous me faites vomir !

Blablabla Il approcha son visage d'elle et planta son regard dans les yeux noisette d'Honor.

- Vous perdez votre temps, je préfère endurer mille tourments que parler !

Blablabla Elle l'observa longuement, avant de pousser un long soupir. Puis Drago se figea. Honor se mit à sourire. Ses dents reflétaient la lumière des flammes des bougies, ses yeux étrécis fixaient les tréfonds de l'âme de sa victime. Il se sentit aussi faible et aussi minuscule qu'une ciseburine. Et cette fois-ci, toute sa volonté et son expérience ne purent retenir le grand président du Conseil des sorciers de se pisser dessus de terreur. Honor se mit à rire à son tour. Un rire glacial, carnassier, prédateur, et retira brusquement le couteau du genou de Drago. Ce dernier crut tout simplement mourir de douleur, les crans de la lame déchiquetant la chair encore davantage qu'à l'aller. Pour être plus exacte, en cet instant, il aurait souhaité mourir. Elle balança le couteau devant elle, faisant voler le sang qui était sur la lame au sol, et l'arme retrouva toute sa brillance, comme s'il n'avait jamais servi. Drago n'avait même plus la force de crier, sa tête brinquebalant contre le dossier de la chaise, la bave aux lèvres, à peine conscient. Honor l'attrapa par les cheveux pour tourner son visage vers elle, sa voix grondait, mais son visage était toujours déformé par ce terrifiant sourire.

- Non pas que cette petite séance me déplaise, mais je n'ai pas de temps à perdre.

Blablabla Elle posa la pointe de la lame sur l'entrejambe de l'homme, qui tressaillit, avant de se mettre à sangloter.

- Regardez-vous... Vraiment, vous me dégoûtez. Tous autant que vous êtes. Vous foulez au pied les vies que vous jugez inférieures, et vous vous attendiez à vous en sortir impunément ?!

Blablabla Drago continuait de sangloter, luttant contre lui-même de toutes ses forces, serrant les dents, refusant de céder le moindre centimètre de terrain à cette forme de vie inférieure !

Blablabla Puis elle appuya sur l'entrejambe de Drago, et il se brisa. Il s'effondra sur sa chaise, comme une marionnette dont on viendrait tout juste de couper les fils, respirant à peine. Elle l'observait avec mépris et dégoût, immobile. La voix de l'homme était à peine plus audible qu'un murmure.

- Au... au nord... hhhh... Hhh... Au milieu... au milieu... d'une forêt... Il... il... manoir... Hhh... Là-bas... pitié... pitié... s'il vous plaît...

Blablabla Les larmes coulaient sur ses joues. Mais le sentiment qui le dominait le plus puissamment en cet instant n'était ni la terreur, ni la rage, ni la tristesse, mais le dégoût. Non pas contre Honor, mais contre lui-même. Il se voyait avachi sur cette chaise, totalement immobilisé, couvert de sang et d'urine, transi de douleur, tremblant, bavant, en train de céder face à une moldue... Ses traits se déformèrent sous la souffrance causée par sa propre faiblesse, et il sanglota comme un enfant, sans ménagement pour sa dignité désormais à jamais réduite en miettes. Honor l'observa un instant, avant de sourire et de retirer dans un bruissement de tissu la lame du couteau. Elle tapota la joue de Drago.

- Bon garçon. Ce n'était pas si dur, n'est-ce pas ?

Blablabla Puis elle s'éloigna vers la table pour rengainer son couteau sous sa veste, avant de ramasser sa sacoche et de la poser sur la table dans un cliquetis de métal. Elle ne prêtait plus aucune attention à Drago, sanglotant toujours et suppliant sans cesse. La sangle de sa lourde sacoche appuya sur son épaule, puis elle dégaina son glock, avant de se diriger à nouveau vers Drago. Elle pointa l'arme vers lui, en direction de son front. Une seule question la tourmentait : allait-elle lui laisser l'occasion de prononcer ses dernières paroles ? Elle hésitait. Elle voulait en finir le plus rapidement possible. Il ne méritait aucune pitié de sa part, et si elle avait été sa place, il n'en aurait certainement pas eu pour elle. Alors elle n'eut aucune hésitation.

- Un dernier mot ?

Blablabla Son regard s'assombrit. L'image de Narcisse et d'Oscar avait brièvement passé devant ses yeux, occultant tout le reste un infime seconde. Son cœur lui faisait mal, et elle serra son poing libre pour ne pas trembler. Drago redressa lentement la tête, les yeux baignés de larmes, le regard suppliant.

- Pitié... pitié... je ne veux pas mourir...

Blablabla Honor serra les dents, et ferma son cœur à ses états d'âme.

- La ferme ! Vos derniers mots, vite, avant que je ne change d'avis.

Blablabla Il couina de terreur, pathétiquement, fermant les yeux et tournant le visage pour s'éloigner du canon, comme un enfant. Un mélange de pitié et de dégoût donna soudainement envie à Honor de vomir, plus puissamment que dans toute sa vie. Il s'écoula le temps de plusieurs respirations, avant qu'il ne se mette à murmurer en sanglotant.

- Laissez ma famille tranquille... S'il vous plaît... Je... je vous jure qu'ils sont innocents... ma femme ne fait même pas de politique, et ma fille... elle...

Blablabla Le bruit de la détonation atténué par le silencieux interrompit le plaidoyer de Drago. Une gerbe de sang éclaboussa le mur derrière lui alors qu'il s'effondrait, sans vie. La main d'Honor ne tremblait plus, son regard était acéré, et son cœur verrouillé à double tour. L'instant de faiblesse qui l'avait frappé quelques secondes plus tôt avait été balayé par sa volonté implacable. Elle serra les dents en rengainant son arme avant de se détourner de lui.

- Tant qu'ils ne se foutent pas sur mon chemin.

Blablabla Elle se dirigea ensuite vers la grande armoire dans le coin de la cuisine, avant d'en ouvrir les portes. Quatre corps ligotés s'y trouvaient. Honor avait bien cru reconnaître l'un des amis de son fils, tout à l'heure. Miles. Maintenant, elle s'en souvenait. Les traits vides, elle les observa un bref instant. Son cœur aurait tout aussi bien pu être un bloc de glace, et son âme était desséchée et tout aussi glaciale, mais elle se réjouit, en cet instant, de ne pas les avoir tué comme elle avait hésité à le faire. Mais selon ses critères, ils ne méritaient pas de mourir, c'était aussi simple que cela. En laissant cette armoire entrouverte, elle s'éclipsa discrètement, se fondant au milieu de la nuit, disparaissant comme si elle n'avait jamais été là.

Blablabla Elle savait désormais où aller, et plus rien ne pourrait l'empêcher de faire payer l'homme qui avait mutilé et torturé son fils.

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12 juin 2023, 22:34
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE CINQ

Blablabla Narcisse était depuis toujours connu à Poudlard comme un grand lève-tôt. Peu importe son état, peu importe la journée, la période de l'année, il était, chaque matin, debout aux aurores. Et les tragiques événements des dernières semaines n'avaient en rien changé cela. Mais ce matin-là, aucune trace de l'adolescent. Rien d'anormal pour un dimanche, rare étaient les élèves qui aimaient sacrifier leur précieux temps de sommeil au profit d'une quelconque activité autre que le repos. En revanche, ce qui fut anormal, ce fut que ce matin-là, la directrice de Poufsouffle, Sarah Priddy, débarqua en trombe, accompagnée de Lukas Sharp, préfet en chef, et de la directrice de Poudlard, Elina Montmort, dans le dortoir des garçons de Poufsouffle. La scène aurait pu se dérouler de façon comique, et nous aurions pu assister à des couvertures s'agitant brusquement pour cacher la nudité, des cris de protestation, des oreilles placés par-dessus la tête pour dormir encore un peu plus. Mais ce matin-là, aucun garçon des dortoirs "Norbert Dragonneau" n'était encore dans son lit. La panique régnait, et ce fut la voix ferme de la directrice qui mit un terme à ce remue-ménage.

Blablabla Un attroupement s'était formé autour du lit de Narcisse, l'inquiétude et la surprise se lisant sur tous les visages alentours. Les adolescents s'écartèrent, certains encore en pyjama, d'autres étaient assis sur les lits non loin, la tête entre leurs mains, incapables d'exprimer le moindre mot. Un petit couinement désespéré retentissait au rythme des pas des deux femmes et du préfet s'approchant du lit désert. Au centre des draps, parfaitement pliés, trônait la cage de Klee, dans laquelle cette dernière tournoyait en panique, s'efforçant de s'enfuir, ses cris déchirants et suppliants vrillant les tympans de tous ceux qui l'entendaient. Un vent froid s'empara du dos des adolescents et des adultes, alors que Sarah et Elina se regardèrent, incrédules. Cette dernière se tourna vers Lukas, le visage fermé, la voix sèche.

- Rassemblez les préfets, et fouillez tout le château.

Blablabla Sans attendre, Lukas tourna les talons et se permit de réquisitionner tous ses camarades qui n'hésitèrent pas un instant à le suivre, laissant les deux adultes seuls face au lit de Narcisse. Sarah se pencha pour délicatement ouvrir la cage d'un mouvement fluide de baguette. Klee bondit hors de la cage, criant encore plus fort, tournant en rond sur les draps. Si elle avait été capable de pleurer, il était certain que ses yeux auraient versé des torrents de larmes. Après un dernier tour, elle plongea sous l'oreiller, et en tira la baguette de son maître. Un papier était soigneusement entouré autour, et elle la tendit aux adultes en sautillant pour désespérément tenter d'atteindre leurs mains. Elina jeta un regard inquiet à Sarah, avant de tendre les doigts pour récupérer la baguette et le papier. Klee s'enroula ensuite en boule sur les draps, se mettant à pousser de longs couinements de détresse lancinants et déchirants. Le bruit du papier qu'on défroisse fit se rapprocher Sarah après qu'elle eût examiné rapidement le lit.

Toutes deux eurent un hoquet de surprise, et un vent encore plus glacial que celui de toute à l'heure achevèrent de faire picoter leur peau et d'écarquiller leurs yeux.

*

- Et oui, je suis parti. N'essayez pas de me retrouver, je ne reviendrai pas. Et inutile de vous échiner à questionner mes camarades, aucun ne sait où je vais. Merci à tous, mais je dois partir. Prenez soin de Klee s'il vous plaît, je ne pouvais pas l'emmener où je vais.

PS : Je répète : n'essayez pas de me retrouver, pour votre propre sécurité.


Blablabla Narcisse parcourait lentement la forêt à quelques kilomètres de chez lui, murmurant doucement le contenu de la lettre qu'il avait laissé sous son oreiller. Le dernier contact avec Poudlard, avec ses camarades et ses professeurs, le dernier contact avec Klee. Ses yeux s'humidifièrent, il les ferma un bref instant en s'essuyant les paupières avec son avant-bras. Le vent froid battait les arbres sans feuilles, pliait les hautes herbes et balayait le sol qu'il foulait précautionneusement. Gravissant la colline qu'il avait si souvent grimpé étant petit, les doigts de sa main droite enserrait une jonquille. Un sourire déforma malgré lui ses lèvres alors qu'il quitta l'orée de la forêt, arrivant dans une grande clairière, s'étendant à perte de vue au sommet de cette petite colline. De là, il pouvait voir sa maison, Cork, et les villages alentours. Cet endroit avait toujours été l'un de ses préférés, à lui, son père et sa mère.

Blablabla Au centre de cette clairière trônait un grand chêne, mort depuis des années, mais jamais personne n'avait eu ne serait-ce que l'idée de le couper. Cet endroit était sacré pour Narcisse, et pour sa famille. C'était l'endroit de leurs réunions, de leurs escapades, de ses découvertes d'enfant, des confidences de ses parents. Narcisse n'avait jamais aimé personne comme il avait aimé ses parents. Il en prenait conscience en cet instant, aucun de ses amours d'adolescent n'approchait ce qu'il avait ressenti, et ressentait encore pour eux. Le vent fouettait ses cheveux sur son visage, il n'y prêta pas attention alors qu'il s'avançait vers cet arbre, complice de ses joies et peines de vie.

Au pied de cet immense tronc, se trouvait une petite croix.

Blablabla Oscar avait toujours été très clair sur ce qu'il voulait devenir une fois mort. Il voulait que son corps soit donné à la science, il refusait catégoriquement l'idée d'être un poids pour sa famille une fois décédé. C'est pour cela qu'aucun corps n'était réellement enterré ici. Pour être totalement honnête, si vous aviez creusé sous cette croix, vous n'auriez rien trouvé, absolument rien. Oscar n'avait pas non plus souhaité une quelconque tombe, mais Narcisse et Honor, en secret, il y a quelques années, s'étaient mis d'accord pour en faire une malgré tout, le temps venu. Mais cette croix, Narcisse l'avait faite seul. Il serra les doigts autour de la tige de la jonquille, la fleur favorite de son père. Elle n'avait même pas été là pour lui à ce moment-là. Et il ne s'était douté de rien, comment avait-il pu être aussi aveugle ? Où était sa mère, cette personne si aimante et attentionnée, qu'était-elle devenue ?

Alors qu'il s'arrêta devant la croix, lui arrivant à peine aux genoux, il se mit à pleuvoir. Il sourit en levant les yeux au ciel, et sourit en constatant que le ciel était dépourvu de nuages.

Blablabla Les larmes roulaient silencieusement sur ses joues, et il ferma les paupières, le vent froid glaçant sa peau, envolant les gouttes d'eau salée qui terminaient leur délicate glissade le long de son menton. Narcisse regarda à nouveau la croix, posant un genou à terre pour déposer la fleur au pied de la tombe artisanale. Et c'est là qu'il remarqua l'autre fleur, déposée sur une photo, à l'abri du vent, entre les racines. Il tendit délicatement les doigts pour la saisir. Elle était totalement séchée, tombant presque en poussière au moindre contact, il n'osa pas la toucher davantage. Sur la photo, il pouvait voir sa mère et son père, se tenant dans les bras l'un de l'autre. Ce genre d'objet était rare, plus personne n'imprimait de photo. C'est pour cela qu'il pût la reconnaître. Cette photo trônait autrefois sur la table de chevet de sa mère.

Blablabla Il demeura immobile un moment infini, laissant le soleil d'hiver terminer sa courte course dans le ciel gris de février. Ses larmes s'étaient asséchées, il ouvrit les yeux, espérant que son père serait là pour lui dire quoi faire. Un tic agita la commissure de ses lèvres alors qu'il passait la main sur son visage en expirant compulsivement.

- Tu fais chier... Papa... On avait besoin de toi, tu sais.

Blablabla Sa main poussa sur son genou alors qu'il se redressait péniblement, ses articulations engourdies par le froid mordant du soir tombant. Il parcourut les alentours du regard, espérant encore une fois que quelque chose surgirait pour le tirer de ce cauchemar, devenu sa nouvelle réalité. Mais personne ne vint. Rien ne vint. Narcisse posa la main sur son cœur, en fermant les yeux une dernière fois. Il ne priait pas, il ne croyait pas, pour lui, il n'y avait rien après la mort, juste le silence, le vide, rien d'imaginable. Et pour la première fois de sa vie, il souhaita avoir tort. Il voulut se tromper comme jamais il n'avait voulu se tromper de sa vie. Ses dents mordirent sa lèvre inférieure, il renifla un grand coup.

Blablabla Il durcit son cœur, il le ferma à nouveau. Il n'avait pas que ça à faire. Il avait abandonné sa baguette pour ne pas être bridé, pour ne pas être traqué. Il avait abandonné Klee pour ne pas être handicapé. Il avait abandonné ses camarades pour ne pas qu'ils assistent à ce qu'il s'apprêtait à faire. Sa main glissa sous sa veste, sa manche vide flottant au vent, le tissu claquant aléatoirement au gré des bourrasques gelées. Un bruit métallique retentit alors qu'il tira lentement l'un des glock de sa mère. Elle n'avait pas tout emmené lors de sa croisade monstrueuse.

Blablabla Lorsqu'il avait constaté ce qu'il restait dans sa cave, il avait longuement hésité. Il voulait l'arrêter, par tous les moyens, et il avait retourné sans maison dans l'espoir de trouver quelque chose qui permettrait de l'arrêter. Lorsqu'il était tombé sur cette arme, soigneusement enfermée dans l'un des casiers de sa mère, il avait fait semblant d'hésiter. Lorsqu'il reprit conscience de son corps, il était déjà en route pour le sommet de la colline, le poids de l'arme pesant sur sa poitrine. Son esprit savait quoi faire, mais son cœur refusait de s'y résoudre. Alors, pour accepter, il avait conclu un pacte avec lui-même : Narcisse ne tuerait sa mère qu'avec une arme moldue. Il regarda la tombe de son père, un petit rire nerveux agita la commissure de ses lèvres.

- Je sais... Tu voulais pas que je touche à ça.

Blablabla Il regarda l'arme, dirigeant le canon un bref instant sur sa poitrine, avant de souplement la retourner pour enclencher la culasse du pouce, vérifiant que la cartouche était correctement insérée. Il n'avait qu'un chargeur, il ne pourrait de toute manière pas recharger l'arme avec sa main en moins. Narcisse disposait donc de quinze cartouches pour arrêter sa mère, et pas d'une de plus. Ses yeux glissèrent sur la photo coincée sous la fleur séchée.

- Qu'est-ce que tu ferais toi ?

Blablabla En réalité, il savait ce que son père aurait fait. Il se serait jeté corps et âme pour ramener sa femme, affrontant quiconque se dresserait sur sa route sans la moindre pitié. Il aurait ensuite ramené Honor à la raison, et tout se serait bien terminé. Une nouvelle larme roula sur la joue de Narcisse alors qu'il rengainait l'arme dans un bruit de cuir.

- J'ai essayé... J'ai vraiment essayé. Pardon papa.

Blablabla Il ne savait pas exactement ce qu'il dirait à sa mère une fois qu'elle serait face à lui, mais ce qu'il savait, c'est où il devait aller. Cette foutue forêt. Elle tournait en rond dans sa tête depuis des jours, il en avait aperçu tous les détails, la moindre feuille morte, le moindre tronc, la moindre souche, le moindre sentier. Il savait où elle était, et il ne voyait qu'une seule explication : le lien magique entre lui et sa mère qui s'était créé lors de l'évasion du tribunal l'appelait indiciblement. Sa mère avait dû s'en rendre compte, et elle l'appelait sans le moindre doute. Qui d'autre voudrait l'attirer à cet endroit ?

- J'arrive maman, j'arrive.

Blablabla Il tourna les talons, sa veste claquant dans le vent, il ne voulait pas transplaner si près de la tombe de son père. Et il trouva cette absence de volonté ridicule. Il était mort. Il s'en fichait, pas vrai ?

Un claquement de fouet retentit aussitôt que ses pas eurent franchi la lisière de la forêt. Sous l'impulsion du vent, la fleur séchée, fragilisée par son contact, laissa échapper la photo, qui alla se coincer contre le tronc du chêne. La nuit allait bientôt tomber, il était temps de rentrer.

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14 juin 2023, 00:30
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE SIX
Reducio
Reducio

Blablabla Un claquement de fouet retentit au milieu de la forêt plongée dans l'obscurité du crépuscule. L'écho s'étendit à l'infini parmi les arbres dépourvus de feuilles, désormais balayées à même le sol par les vents glacés et tournoyants. Debout au milieu de la clairière qu'il avait mille fois vu en rêve, Narcisse observant les alentours, plissant les paupières, sa nuque assaillie par les picotements. Son cœur battait la chamade. Il était terrifié par cette plongée dans l'inconnu, mais l'idée de faire demi-tour ne lui effleura même pas l'esprit. Ses pupilles noires scrutaient la lisière de la clairière, cherchant le moindre signe de vie. Des craquements retentirent, provenant du fin fond de la nuit noire, les arbres pliés par le souffle du vent formant des silhouettes fantomatiques et terrifiantes, abstraites et irréelles. L'adolescent prit une grande inspiration, portant sa main sous sa veste pour dégainer son pistolet. Comme il pesait lourd dans sa main. Il serra les dents lorsque l'acier refléta un bref instant la lumière de la lune, visible au travers de la cime des arbres, filtrant à travers leurs branche, éclairant légèrement l'endroit. Narcisse se détendit, prenant une grande inspiration, laissant pendre son bras et son arme le long de son corps, tournant lentement sur lui-même, campé sur ses jambes, genoux pliés, souple sur ses appuis, prêt à tout.

- Maman. Je suis là. Il faut qu'on parle.

Blablabla Sa voix sonnait lointaine à ses oreilles, presque comme si elle ne lui appartenait pas. Elle lui semblait rauque, grave, trop sérieuse. Sa lèvre inférieure trembla un bref instant, accompagnée par le cliquetis métallique de son arme suivant le tremblement imperceptible de sa main. Soudainement, il ferma les yeux, et planta un grand coup de dents dans la peau de sa joue, diffusant une douleur vive dans tout son visage. Il se força à respirer normalement, inspirant par le nez, expirant pas la bouche, tentant de ne pas se laisser envahir par la psychose causée par l'obscurité et l'imagination. Où pouvait-elle bien être ? Narcisse jeta un dernier regard autour de lui, sa nuque se mettant soudainement à picoter violemment. Après un instant de réflexion, il leva lentement son bras, brandissant l'arme en direction des cieux. Peut-être qu'un peu de bruit suffirait à...

- Repello Transere !

Blablabla L'adolescent se tourna brusquement dans la direction de la gerbe de lumière qui venait soudainement de jaillir à l'orée de la clairière, ses pieds crissant sur les feuilles mortes, pointant le canon de son arme droit devant lui. Son pouce enclencha le percuteur, un cliquetis métallique retentit à nouveau au milieu du bruit sourd provenant de la source lumineuse. La colonne de lumière jaune monta à plusieurs dizaines de mètres, avant de soudainement s'abaisser autour de la clairière, comme un écran protecteur. Puis, une fois qu'il eut fini d'entourer la zone, il disparut, comme si rien ne s'était passé. Un silence assourdissant s'installa alors, plus aucun bruit ne retentit, même le vent s'était tu. Son regard ne quittait pas l'endroit d'où était parti cette lumière jaune, toute son attention focalisée sur ce point précis, l'arme stable, sa main ne tremblait pas, son doigt sur la détente. Puis, après plusieurs longues secondes, il serra les dents, avant d'abaisser l'arme. Non. Cette arme, il ne l'utiliserait sur personne d'autre qu'Honor.

- Qui...

- WADDIWASI !

Blablabla Narcisse n'eut pas le temps de se poser de question, l'air autour de lui se mit immédiatement à onduler, et il plongea sur le côté, poussé par un réflexe salvateur. Il se réceptionna maladroitement par une roulade, sentant l'objet propulsé aussi puissamment qu'une balle de fusil voler au-dessus de sa tête, avant d'éclater bruyamment contre un arbre de l'autre côté de la clairière. Cette voix... elle lui disait quelque chose, mais...

- REDUCTO !

Blablabla Une nouvelle esquive, Narcisse se projeta littéralement en arrière, poussant de toutes ses force sur ses jambes, avant d'atterrir lourdement sur le dos, l'air de ses poumons violemment chassé par le choc. La zone du sol qu'il venait de quitter s'était profondément creusée, la terre désintégrée. L'adolescent serra les dents, sentant son cœur s'accélérer et sa nuque le brûler. Il n'entendit même pas le sort suivant, se contentant de souplement se redresser par une pirouette, rengainant dans le même temps son pistolet sous sa veste, ses yeux cherchant l'assaillant.

Blablabla Une silhouette fut brièvement éclairée par le lancer du sort, et il écarquilla les yeux. Accroupi sur le sol, Narcisse bloqua un autre sort de la paume de sa main. L'air autour de l'impact fut déformé.

- Tiffanie ?! C'est toi ?

Blablabla Il ne comprenait rien. Il était certain de l'avoir reconnu, mais pourquoi l'attaquait-elle sans raison ? S'agissait-il d'une méprise ? Un nouveau sort, une nouvelle roulade.

- Tiffanie ! C'est moi, Narcisse !

Blablabla Il s'attendit à un nouveau sort, mais rien ne vint. Son bras légèrement écarté de son corps, la main grande ouverte, la magie affluant dans ses veines, Narcisse respirait profondément, contrôlant son souffle, luttant pour ne pas céder à l'effet tunnel. Son assaillante s'approcha d'un pas, sortant de derrière l'arbre d'où elle se tenait. Plus de doute, c'était bien Tiffanie Shell. L'adolescent se laissa aller à un sourire, commençant à se redresser, puis se figea soudainement. Sa nuque ne cessait de picoter, son instinct tirait la sonnette d'alarme à tout rompre, il ne comprenait rien. La jeune femme avança à nouveau d'un pas, mais il ne s'expliquait pas sa position... Elle était en train de braquer sur lui sa baguette, son visage était dur, elle avait le souffle court. Mais ce qui déstabilisa le plus Narcisse, ce fut le regard qu'elle lui lança.

Emplie de rage, de haine, de terreur, elle le foudroya littéralement de ses yeux gris. Un frisson parcourut le dos de Narcisse.

- Tiff, pour...

- Tu es stupide, Narcisse.

Blablabla Sa voix était cassante, froide, et le cœur de Narcisse se serra. Alors qu'elle stoppa son approche, les pas de Narcisse le portèrent instinctivement sur le côté, et elle suivit son geste, entamant alors tous deux un mouvement circulaire, se jaugeant l'un l'autre du regard. L'adolescent se refusait à admettre l'évidence, espérant encore que tout ceci n'était qu'un malentendu. Mais malgré tout, il continuait de charger sa magie dans la paume de sa main, simple précaution.

- Sérieusement, tu pensais vraiment trouver ta chienne de mère ici ? C'est pathétique.

Blablabla Narcisse fronça les sourcils d'incrédulité, se campant sur ses positions, faisant glisser son pied droit en arrière, sa main au niveau de la hanche, le coude ramené en arrière, tourné de trois quarts vers son adversaire. Son instinct lui soufflait la vérité, mais il tenta encore de l'ignorer.

- Qu'est-ce que tu fais ici Tiff ? Parle-moi, on va régler ça !

- La ferme ! Tu... Arrête ! Arrête de parler !

Blablabla L'adolescent écarquilla les yeux, observant alors une réaction à laquelle il ne s'attendait pas. La baguette de Tiffanie se mit à trembler, et lorsqu'il plissa les yeux pour mieux voir, il était presque certain de voir dans ses yeux les reflets de ses larmes. Il poussa un long soupir, désarmant soudainement sa garde en se redressant. Il secoua sa main pour en chasser l'excès de magie, qui souffla l'air autour de lui dans une légère étincelle blanche. L'incrédulité fit place à la colère, et il tourna la tête sur le côté en serrant les dents. Si sa mère n'était pas ici, il n'avait rien à faire là. Il se détourna, ignorant copieusement son ancienne amie. Sa voix retentit derrière lui.

- Où tu crois aller ?! Tu ne peux plus transplaner, et il est hors de question que tu repartes d'ici vivant ! STUPEFIX !

Blablabla Cette fois-ci, Narcisse n'eut aucun mal à esquiver. Poussant simplement sur sa cuisse, il fit un pas chassé instantané. Les feuilles autour de lui volèrent sous sa vitesse, et le sort passa à côté de lui sans l'effleurer. Il reprit sa marche. Quelle perte de temps. La colère grondait en lui, et il voulait absolument s'éloigner de Tiffanie, il ne voulait pas lui faire du mal.

- Je t'ai dit d'arrêter !

Blablabla Trois sorts furent décochés en une seconde. Un bref coup d'œil en arrière, Narcisse vit qu'il ne pourrait pas les esquiver, ils l'assaillaient sur tous les côtés.

- Tsk.

Blablabla Ses yeux virèrent au blanc, le temps ralentit, et l'air autour de lui ondula de nouveau, alors qu'il plia ses genoux avant de brusquement pousser sur ses jambes. Sautant dans le vide, il disparut, et se retrouva derrière Tiffanie, les sorts qu'elle avait lancé frappant brutalement le sol où il se trouvait il y a une seconde. Le grondement de la magie de l'adolescent résonnait autour de lui, une grimace de fureur découvrant ses dents alors qu'il se tenait face à la jeune femme.

- C'est impossible !!

Blablabla Elle se tourna vers lui, poussant un cri de terreur, le visage blême, décochant en panique un sort réflexe qu'il n'eut aucun mal à parer de sa paume, à bout portant.

- EXPULSO ! EXPULSO !!

Blablabla Tiffanie décochait ses sorts sans réflexion, sans stratégie, elle voulait simplement qu'il recule, qu'il s'éloigne. Narcisse fut brutalement éjecté par le premier sort, le second passant au-dessus de sa tête alors qu'il volait sur plusieurs mètres. Il atterrit souplement sur ses pieds, accroupi, le poing frappant le sol, avant de redresser la tête. Il ne voyait plus son amie, il ne voyait qu'un adversaire à éliminer.

- SERP...

- Deprimo.

Blablabla Narcisse posa calmement la pulpe de ses doigts sur le sol, ses yeux fixant l'endroit où les pieds de Tiffanie étaient posés, et le sol s'enfonça subitement sous la pression magique. La jeune femme bondit sur le côté, poussant un cri de surprise, mais Narcisse ne cessa pas son attaque. Il tourna sa main vers le haut, son index pointant vers le ciel.

- Ascendio.

Blablabla La jeune femme fut brutalement élevée de deux bons mètres en l'air, et dans le même souffle, Narcisse pivota de nouveau la paume de sa main, vers le sol cette fois-ci, toujours accroupi, ses yeux ne quittant pas leur cible.

- Descendo.

Blablabla Le corps de Tiffanie heurta brutalement le sol, elle toussa, crachant du sang. L'adolescent se redressa en serrant le poing.

- Comprimo.

Blablabla Narcisse n'utilisait habituellement jamais ce sort, le trouvant trop violent. Mais il faisait partie du trio de contrôle, inventé par sa professeure de défense, et son instinct prenait le dessus, au détriment de la raison. Fort heureusement pour la jeune femme, elle s'entoura d'un bouclier d'un mouvement gracile de sa baguette. La bulle jaune fut écrasée par la force magique de Narcisse, mais ne céda pas. Il claqua de la langue, rouvrant son poing avant de pointer l'index et le majeur en direction de Tiffanie.

- Aguamenti.

Blablabla Un jet d'eau surpuissant propulsa la bulle jaune dans laquelle était enfermée la rousse sur plusieurs mètres, et elle heurta violemment le tronc d'un arbre. Le bouclier éclata, elle manqua de perdre connaissance, alors que le bois creusé par l'impact se fendillait déjà, dans un craquement lugubre et sinistre. L'arbre s'abattait lentement sur Tiffanie. Narcisse hésita à tourner les talons. Puis ses yeux clignotèrent, et il inspira brusquement. Le monde devant lui redevint net un court instant.

- Tsk, merde.

Blablabla Il poussa sur ses jambes et apparut aux côtés de Tiffanie. Et profitant de sa courte lévitation, il décocha un coup de tibia dans le flanc de cette dernière, tout en veillant à toucher les côtes flottantes pour ne rien briser. Il voyait tout, il savait où viser. Il voulait lui faire mal, il voulait qu'elle le laisse tranquille. Mais il était hors de question qu'elle meurt ! Elle fut projeté sur le côté, et l'arbre s'abattit là où se elle se trouvait, il y a encore une seconde, et Narcisse leva le bras, psalmodiant entre ses lèvres :

- Aleviari.

Blablabla Durant un bref instant, lorsque le tronc toucha les doigts de l'adolescent, l'arbre pesa de tout son poids sur eux, manquant de les briser net. Puis le sort agit, et la masse du tronc fut divisée par quatre. Narcisse le réceptionna de toute sa force, ployant sous l'impact, son genou heurtant le sol, sa gorge laissant échapper un cri de douleur. Il tremblait de tout son corps, puis serra les dents, sa puissance magique affluant à nouveau dans ses veines, pompée par son cœur, jusqu'au bout de ses ongles. Un sourire carnassier déforma ses lèvres alors qu'il se poussa sur ses jambes, se redressant en tremblant, refusant de céder le moindre centimètre.

- Reducto !

Blablabla Un violent bruit d'explosion retentit dans toute la forêt, les quelques oiseaux non-migrateurs s'envolèrent en panique, l'onde de choc projeta Tiffanie au sol, qui venait de se redresser. Des milliers de copeaux de bois jaillirent dans toutes les directions, égratignant la peau de Narcisse. Il ne bronche pas d'un iota. Des morceaux fumants retombèrent plus loin, alors qu'il se tenait droit, campé sur ses pieds, levant la tête en direction du ciel, le poing serré. Il expira lentement, satisfait, avant de tourner le regard vers la jeune femme, qui peinait à se redresser, mais s'obstinait à pointer sa baguette vers lui. Un rictus de haine déforma les lèvres de l'adolescent. Il se tourna vers elle et s'avança, le poing serré, s'arrêtant face à elle, la fixant de toute sa hauteur. Plusieurs respirations séparèrent le silence qu'il laissa flotter de sa prise de parole.

- À quoi tu joues ?

Blablabla Elle toussa péniblement, rampant pour s'éloigner de lui, avant de décocher un nouveau sort. Il pencha souplement la tête sur le côté pour l'esquiver, sentant sa colère monter à chaque nouveau battement de cœur. Poussant sur ses jambes, il se transporta à côté d'elle en un éclair, l'agrippant par le col et la soulevant du sol, ses yeux irradiant de magie plongèrent dans les siens. Il la voyait comme une petite silhouette, menue, fragile, son flux de magie était irrégulier. Elle se débattit faiblement, mais alors qu'il baissa les yeux pour regarder sa baguette et la faire sauter de ses doigts, il écarquilla les yeux, son souffle fut brusquement coupé par la surprise. Il releva les yeux vers son visage, et toute trace de lumière blanche s'évaporant de ses pupilles. Il la déposa au sol, reculant d'un pas fébrile.

- Tu...

Blablabla Un claquement résonna à l'orée de la clairière. Puis un autre. Et encore un autre. Des claquements rythmés, lents, profonds. Des paumes de mains s'entrechoquant l'une contre l'autre. Un applaudissement, sarcastique, dégoulinant de moquerie résonnait aux oreilles de Narcisse. Puis un rire. Un rire caverneux, mais presque mielleux. Sa vision se brouilla, son corps fut paralysé par la terreur et la rage. Les battements de son cœur tonnèrent à ses oreilles, faisant battre ses tempes, alors qu'il se tourna lentement dans la direction d'où provenait le bruit. Et là, tous les souvenirs de ces dernières semaines l'assaillirent sans merci. Il huma l'odeur des cachots, il ressentit la douleur cuisante des cicatrices qui ornaient désormais son dos, il entendit le rire infâme de l'homme qui se tenait désormais à quelques mètres de là.

- Bravo. Bravo ! Quelle su-blime prestation !

Blablabla Georges Tuséki applaudissait lentement, un sourire carnassier aux lèvres, sa cape rouge sang bordée de dorures flottant au vent. Ses cheveux poivre et sel étaient parfaitement coiffés, le bruit de ses applaudissements étouffés par le gant de velours qui ornait sa main gauche. Puis, il cessa d'applaudir, avant de poser sa main gantée sur sa hanche, dissimulée sous sa cape, souriant de toutes ses dents, son regard glissant sur Narcisse pour se poser sur Tiffanie, qui tremblait de terreur, à genoux sur le sol froid et dur de la clairière. Il pointa un index accusateur sur la jeune femme.

- Tu me déçois, femme.

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17 juin 2023, 23:47
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE SEPT

(Commencez à écouter à partir de 4:39)

Blablabla L'index de Georges s'abaissa lentement, son regard fixé sur Tiffanie, qui osait à peine respirer, se tenant aussi immobile qu'une statue, sa main couvrant sa bouche, reflétant l'horreur que lui inspirait la vision de cet homme se tenant non loin de là. Ce dernier ferma les yeux en venant passer sa main sur son visage, secouant la tête lentement.

- Vraiment... Comment pourrais-je t'accorder ma confiance alors que tu n'es même pas capable d'occire un vulgaire animal ? La future mère de mes enfants se doit d'être obéissante, mais également efficace, tu ne crois pas ?

Blablabla L'air se mit à vibrer. Imperceptiblement au début, puis de plus en plus violemment au fil des mots de l'homme. Aux pieds de Narcisse, les feuilles mortes s'envolèrent avant de se mettre à tournoyer autour de lui, ses yeux s'illuminant sous la rage sans borne qui l'envahissait. Ses genoux se plièrent lentement, son corps accumulait la magie à une vitesse folle. Ses pouvoirs accrus par le voile blanc qui venait de s'abattre devant ses yeux, il tremblait, incapable de contenir l'animosité de son cœur. Tiffanie se relevait péniblement, tendant une main désespérée en direction de son mari, les yeux larmoyants, la voix tremblante et brisée, le tissu de sa robe, déchiré par le combat laissait entrevoir les tremblements de ses genoux.

- Mon aimé... je vous en prie... laissez-moi une autre chance ! Je... j'allais, j'allais, j'y étais presque ! Laissez-moi encore un peu de temps par pi...

Blablabla Narcisse fit un pas en direction de Georges. Le sol qu'il foula se fissura sous ses pieds, saturé par la colossale énergie magique qui se dégageait de lui. Son visage était déformé par la haine, une haine violente et froide, dépassant tout ce à quoi il s'attendait en s'imaginant croiser à nouveau cet homme. Les contours de sa vision s'étaient obscurcis, la silhouette de Tuséki était lumineuse, presque aveuglante, plus rien à part lui n'avait d'importance. Tout en faisant ce pas, ce simple pas, la main de Narcisse entama le mouvement pour se dresser dans la direction de l'homme qui avait brisé sa vie. Un frémissement de la lèvre supérieure, un grincement de dents, les muscles de ses jambes étaient prêts à faire un nouveau pas, celui qui le ferait bondir pour enfin pouvoir frapper Georges de toutes ses forces. Son cœur tambourinait à ses oreilles, martelant sa poitrine, envahissant son esprit, occultant tout le reste. Encore un pas, il était prêt à avancer, l'air tournoyait autour de lui, chargé de poussières, de feuilles mortes et de copeaux de bois.

Blablabla Mais Georges dégaina en un éclair sa baguette, un sourire mauvais aux lèvres, et il la brandit, non pas en direction de Narcisse, mais de l'arbre à sa gauche. Un claquement retentit, et une fillette blonde se retrouva à ses côtés, les cheveux tressés, portant une robe blanche simple. Il posa sa lourde main sur son épaule, s'accroupissant à côté d'elle. Tiffanie s'effondra à genoux, les mains crispées sur sa bouche grande ouverte, les yeux écarquillés de terreur, laissant librement couler les larmes. Un cri de désespoir lui échappa, suivi par un gargouillement de gorge.

- Plus un pas.

Blablabla Narcisse se figea, son visage se vidant de toute émotion. L'air volant autour de lui retomba comme il s'était levé, laissant les débris qu'il avait entraîné retomber là où étaient leur place. Le souffle de l'adolescent devint plus court, tandis que petit à petit, il se mit à revoir le monde par ses vrais yeux, étouffant sa magie autant qu'il le pouvait, des griffes glacées enserrant insidieusement son cœur. Son poing serré tremblait, il avala difficilement sa salive, jetant un regard en coin en direction de Tiffanie, pâle comme un mort, tremblante de tout son corps, s'étouffant dans ses larmes. La gorge de l'adolescent se serra, il ferma les yeux un bref instant avant de les poser à nouveau sur Georges et la fillette qu'il tenait. L'homme pencha sa tête sur le côté, avant de baisser le regard pour chuchoter à la petite, avec un sourire presque rayonnant, mais sinistre.

- Dis bonjour, Ella.

- Bonjour !

Blablabla La scène était proprement ubuesque. Ella, après avoir joyeusement salué Narcisse comme si rien ne s'était passé, un sourire jusqu'aux oreilles, la voix légère et les joues rougissantes, se tourna vers Tiffanie. Son visage perdit un peu de sa lumière, et elle voulut avancer vers elle, manifestement inquiète. Georges l'en empêcha par une légère pression sur son épaule, avant de lever les yeux vers Narcisse, un sourire triomphant déformait ses lèvres.

- Fanny !! Pourquoi tu pleures ? Tout va bien d'accord ? Regarde, je suis venu pour te voir ! Le monsieur a dit que tu avais quelque chose à me dire !

Blablabla Les ongles de Narcisse s'enfoncèrent dans la paume de sa main, laissant couler un mince filet rouge le long de ses phalanges blanchies sous l'effort. Ses dents serrées crissaient à ses oreilles, menaçant à tout instant de se briser sous la pression. Il tremblait, chacun de ses muscles était contracté à son paroxysme, au risque de se déchirer, laissant apparaître les veines battantes sous sa peau. Ses pupilles noires étaient étrécies, sa respiration gonflait sa poitrine, sa gorge était enrouée sous l'émotion, et l'air raclait sa trachée à chaque passage. Il comprit. La voix déchirante de Tiffanie retentit, tremblante, brisée, étouffée par ses sanglots.

- PITIÉ ! Pitié... Georges... s'il te plaît, ne fais pas ça, ne lui fais pas de mal, s'il te plaît... ELLE N'A RIEN À VOIR AVEC TOUT ÇA !

Blablabla Elle voulut se redresser, ses jambes cédèrent sous son poids, et elle s'étala de tout son long sur le sol, les mains tendus en direction de sa petite sœur, ses doigts s'enfonçant dans le sol et ses ongles raclant la terre. Elle se mit à ramper vers eux, tentant à nouveau vainement de se redresser. Georges brandit sa baguette en direction de la tête d'Ella, qui semblait parfaitement indifférence à cette menace, toute son attention braquée sur sa sœur. Des larmes roulaient sur ses petites joues, ses doigts serraient sa robe, et elle secoua la tête nerveusement.

- Fanny !

Blablabla Elle voulut s'avancer vers elle, Georges affirma sa prise sur son épaule.

- Aïe... Monsieur... vous me faites mal...

- Shhh... Où crois-tu aller comme ça ? Tu dois écouter ce que ta chère grande sœur veut te dire, pas vrai ? Ce serait extrêmement impoli de ne pas lui accorder ta complète et entière attention, tu ne crois pas ?

Blablabla Il leva les yeux vers Tiffanie. S'il souriait auparavant, ivre de sa position, ses traits devinrent soudainement durs comme la pierre.

- Regarde... tu la perturbes tellement qu'elle en oublie comment s'adresser correctement à moi.

Blablabla Tous les sens de Narcisse sonnèrent l'alarme. Ils hurlaient, se débattaient, tentaient vainement de faire réagir l'adolescent, mais il demeura figé. La panique le gagnait peu à peu, mélangée à la haine et au désespoir. Il était coincé. Jamais il ne pourrait faire le moindre pas, le moindre geste, sans que Georges ne tue la petite. Et malgré tout ce qu'il voulait lui faire subir, aussi fort qu'il voulait prendre sa revanche, il préférait mourir que de causer une victime innocente. Tiffanie était désormais agenouillée, le visage rougi par les larmes, les cheveux défaits tombant sur son visage, sa voix éraillée se brisant dans le silence de la nuit.

- Pardonnez-moi !! Je vous en prie, j'ai... J'ai...

- Shhh...

Blablabla Georges apposa son index sur ses lèvres, tenant sa baguette entre son pouce et son majeur. Son autre main tapota doucement l'épaule d'Ella. Narcisse grimaça alors que son estomac se nouait, menaçant de rendre le contenu de son repas, sa gorge serrée par le dégoût que lui inspirait cet homme. Ce dernier abaissa son doigt, avant lever les sourcils.

- Tu avais quelque chose à dire à ta petite sœur.

Blablabla Son ton ne laissait aucune place au doute ni à la discussion, mais Tiffanie commença par imperceptiblement secouer la tête de gauche à droite. Jamais elle n'avait prévu de revoir sa petite sœur, malgré tout l'amour qu'elle lui portait. Elle ne comprenait pas ce qu'elle faisait là, pourquoi Georges l'avait amené au milieu de tout ça, pourquoi il la menaçait, elle ne comprenait pas. Et puis Tuséki leva le regard vers Narcisse, un sourire carnassier étirant ses lèvres, ses dents reflétèrent la lumière de la lune. Un rire mauvais le secoua, et Ella se tourna vers lui.

- Vous allez bien monsieur ?

- Oui ma petite, tout va très bien.

Blablabla Narcisse comprit. Tiffanie comprit. Les deux s'échangèrent un regard. Après un bref instant de flottement, durant lequel Narcisse chercha encore comment se tirer de cette situation, il cligna des yeux. Un geste anodin, banal, mais il cligna des yeux. Il le fit une seconde trop longtemps pour que cela échappe à Tiffanie. Et en rouvrant ses paupières, toute animosité avait disparu. Un grand frisson lui parcourut le dos alors que la tension qui l'envahissait se relâcha brusquement. Il sourit à la jeune femme, baissant légèrement la tête, en signe d'assentiment. Fais-le. Les yeux de la jeune femme s'embuèrent à nouveau de larmes, mais elle ferma les poings, et se redressa lentement. Georges continuait de rire doucement.

- Ella... il fallait que je te dise... Je... Tout va bien. Je passerai bientôt pour vous revoir, toi et maman, d'accord ? Mais avant...

Blablabla La pointe de sa baguette se mit à trembler sous la crispation de son poing, et lorsqu'elle releva la tête, les perles de ses larmes tombèrent sur le sol de la forêt.

- Avant, j'ai quelque chose à faire. Une mission, tu comprends ? C'est... c'est important, c'est pour notre famille, pour que papa puisse être pardonné de ce qu'il a fait. Et ensuite, je pourrais venir vous voir.

- Mais... Mais...

Tiffanie lui jeta un regard implorant. Les lèvres d'Ella se fermèrent, et elle baissa la tête une seconde, avant de regarder à nouveau sa grande sœur, déterminée..

- Promis ?..

- Promis.

Blablabla Georges éclata sans prévenir d'un rire lugubre, alors qu'une boule indicible grandissait dans la poitrine de Narcisse. Son esprit combattif n'était pas encore éteint, luttant de toutes ses forces, cherchant désespérément à redonner vie à l'organisme de son propriétaire. L'adolescent le moucha d'une respiration. Il leva les yeux vers Tiffanie, refusant de regarder l'homme se tenant à quelques pas de lui. Un mince sourire se dessinait sur son visage. Ses souvenirs affluaient, mais il ne tremblait pas. Seule la colère et le regret étaient encore présents en lui. Il avait bien veillé à éteindre tous les autres. Il ne voulait pas avoir peur, il refusait de se laisser aller, de donner ce plaisir à Georges. S'il devait partir, il le ferait dignement. Autant qu'un adolescent terrifié et empli de regrets pouvait le faire. La jeune femme regarda son mari et sa sœur, le regard suppliant.

- S'il vous plaît... Ne la forcez pas à voir ça...

Blablabla Il se redressa, gardant sa main sur l'épaule d'Ella, un ricanement vibrant du fond de sa gorge.

- Allons... tu ne vas pas priver ta chère petite sœur du spectacle, si ? Après tout, elle fait partie de la famille...

Blablabla Sa deuxième main se posa sur l'autre épaule de la petite, les enserrant doucement, et elle leva les yeux pour le regarder, perdue et confuse. Narcisse devinait l'ébauche de l'inquiétude commencer à grandir en elle. Elle lui faisait beaucoup penser à lui, à son âge. Une vague de tristesse et de nostalgie le frappa de plein fouet. Il se mordit l'intérieur de la joue, chassant cette menace à son impassibilité. Un sanglot secoua Tiffanie.

- Fanny, tu dois faire quoi ? Je peux t'aider si tu veux ! Ça fait longtemps qu'on n'a pas fait quelque chose toutes les deux !

Blablabla Un autre sanglot menaça de terrasser la jeune femme, elle ne put même pas répondre, sa main se plaçant sur sa bouche tremblotante alors qu'elle levait lentement sa baguette. Narcisse se tourna légèrement vers elle, se tenant droit, carrant les épaules, la regardant dans les yeux. Ella se débattit quelque peu, cherchant désespérément à rejoindre sa grande sœur. L'adolescent ne voulait pas la regarder, il se sentait tellement coupable pour ce à quoi elle allait assister. Il se dit qu'il avait fait tout ce qu'il pouvait, qu'il avait essayé. Il savait que c'était un mensonge, mais c'était trop tard. Le vent froid fit battre la cape de Georges, souriant et fier, satisfait et conquérant. Elle s'agrippa à ses doigts, se penchant vers Tiffanie.

- Qu'est-ce que tu fais ! Fanny ! Pourquoi tu lèves ta baguette ! Maman dit toujours qu'on montre pas les gens de la baguette, c'est pas poli !

Blablabla Tuséki rit à nouveau, jubilant, Narcisse pouvait sentir sa satisfaction et sa jouissance. Pire encore que la mort, l'idée d'avoir perdu face à cet homme faisait accélérer sa respiration. La pointe de la baguette de Tiffanie arriva face à ses yeux, elle tremblait comme un arbrisseau victime d'un vent violent. L'adolescent ressassa ses pensées, avait-il fait absolument tout ce qu'il pouvait faire ? Il ferma les yeux, et soupira. Il serra les dents et le poing. Mais son esprit lui souffla qu'il lui restait encore une toute petite chose à faire, la dernière bonne chose qu'il pourrait faire. Rassemblant tout son courage, et mettant de côté sa fierté, il tourna la tête pour regarder Georges, qui lui rendit son regard.

- Georges. J'ai droit à une dernière volonté ?

Blablabla L'homme écarquilla les yeux, et ne put retenir son sourire de découvrir ses dents sous la satisfaction. Il frissonna de plaisir, savourant sa victoire qui était désormais entière. L'envie ne manquait pas de le faire taire, de refuser ou même de l'ignorer, mais la tentation de potentiellement l'entendre supplier était trop grande.

- Moui... Je t'écoute.

Blablabla Ella regarda les trois à tour de rôle, l'air totalement paniquée désormais. Une supplique voulut sortir de sa bouche, mais la main de Georges vint se poser sur son visage, la rendant totalement silencieuse. Il ne voulait pas gâcher ce moment, et seuls les cris étouffés de la petite parvenaient désormais aux oreilles de Narcisse et de sa sœur. Cette dernière fixait la pointe de sa baguette, affermissant sa prise aussi fort qu'elle le pouvait, la respiration courte et les joues ruisselant de larmes. Narcisse prit une grande inspiration.

- Tiffanie... Après qu'elle m'ait tué...

Blablabla Il se mordit la lèvre, avant de réussir à surmonter sa volonté de ne rien demander à Georges. Ce qu'il avait à dire était trop important. Ce qu'il avait vu, tout à l'heure, lorsqu'il avait regardé Tiffanie. Ce qu'il avait vu, l'énergie magique parasite dans le ventre de son amie... Il n'y avait aucun doute.

- Elle est enceinte. Alors s'il te plaît, si pour une fois dans ta vie, tu dois traiter quelqu'un correctement, fais que ce soit elle.

Blablabla Un silence assourdissant fit écho à cette déclaration. Georges ne riait plus. Il plongeait son regard dans les yeux noirs de Narcisse, en quête de la moindre trace de mensonge ou de duperie. Et pour la première fois depuis qu'il l'avait rencontré, l'adolescent le vit hésitant, vulnérable. Georges regarda Tiffanie, qui s'était elle aussi figée totalement, respirant à peine. Sa main libre s'était par réflexe posée sur son ventre, ses larmes avaient cessé de couler. L'homme prit une grande inspiration, avant de sourire. Mais ce sourire manqua de faire vomir Narcisse. Mielleux, et chimérique, son regard se fit doux. Il retira sa main du visage d'Ella, qui ne trouva pas l'énergie de réagir, avant de la lever vers sa femme, lui faisant signe de la rejoindre. Sa voit était dégoulinante et suave.

- Mon aimée, ma douce... Ne te soucie plus de rien. Pardonne-moi de t'avoir ainsi imposé une telle épreuve, mais c'est fi...

- Je peux le faire !!

Blablabla La voix stridente de Tiffanie retentit dans le silence, coupant la parole de Georges, qui ne put retenir un sursaut de surprise. Ses doigts glissaient les uns contre les autres, alors qu'il hésitait, son regard oscillant de Narcisse à sa femme. Ella regardait sa grande sœur, tirant sur la main de Georges qui la maintenait en place, avant de finalement hocher la tête, l'air satisfait, presque fier.

- Fanny arrête... s'il te plaît... tu me fais peur... arrête... rentre à la maison, s'il te plaît...

Blablabla Narcisse réfléchissait à toute allure, il venait d'ouvrir une brèche dans les défenses de Georges, mais il n'avait aucun moyen de l'exploiter ! Et soudainement, alors que son cerveau échafaudait à trouver un plan, une lumière verte se forma au bout de la baguette de Tiffanie, éclairant le visage de Narcisse. Son cœur manqua un battement, il ferma les yeux. Il regarda le sol, puis Ella, même Georges, qui suintait de satisfaction, et enfin la femme qui allait le tuer. Il ne lui en voulait pas, il ne la détestait pas. L'air autour d'eux se chargea de magie, ils frissonnèrent. Narcisse connaissait le sort, et il fit le rapide souhait, au fond de lui, qu'il soit aussi efficace et rapide qu'on le disait. Le temps semblait comme suspendu, nul mouvement ne se fit, seule la lumière verte s'échappant par bribes de l'extrémité de la baguette de la jeune femme rompait avec le silence et l'immobilité.

- Avada...

Blablabla Dans le silence de la nuit, une détonation retentit. La vision de Narcisse se brouilla, et son corps entier frissonna. Quelque chose d'horrible allait arriver, mais il ne put que regarder, impuissant. Seule sa bouche eut le temps de s'entrouvrir alors qu'il ne fit qu'amorcer le geste qui aurait normalement pu lui permettre de lever sa main. Quelque chose traversa la poitrine de Tiffanie de part en part. Une gerbe de sang gicla, tachant ses vêtements, recouvrant le sol. De sa bouche coula une cascade de sang, alors que sa magie s'éteignait, ses yeux gris devinrent opaques. Et alors que Narcisse la regardait, captant la dernière étincelle de vie jaillissant de ses pupilles grises, elle s'effondra, comme si l'on venait de couper les fils d'une marionnette.

Le bruit du corps de Tiffanie s'écroulant sur le sol hanterait l'adolescent pour le restant de ses jours.

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29 juin 2023, 23:39
 Fanfiction  Honor Brando - La Traque  Tome 2 - Terminé 
CHAPITRE HUIT

Blablabla L'adolescent mit du temps à comprendre ce qui venait de se passer. Plusieurs longs instants s'écoulèrent, tandis que l'environnement autour de lui semblait s'être figé. Le temps avait ralenti, les feuilles balayées par le vent s'étaient immobilisées, et les battements de son cœur furent le seul son qui parvint à ses oreilles. Mélangés au bruit de sa respiration courte et paniquée, il s'avançait vers le corps de Tiffanie, un pas après l'autre, à un rythme lui paraissait beaucoup trop lent par rapport à l'urgence de la situation. Ses traits se déformèrent alors qu'il tomba à genoux à côté d'elle, le bras ballant, la bouche entrouverte, des gargouillements de gorge et des cris brisés peinant à s'échapper de ses cordes vocales. Les yeux écarquillés et injectés de sang, le souffle court, laissant échapper des volutes de vapeur d'eau, il posa ses mains sur elle. Lorsqu'il l'avait rencontré, il l'avait tout de suite considéré comme une amie. Chaque être humain que Narcisse rencontrait méritait une place dans son cœur, et elle ne faisait pas exception. Il s'était cru proche d'elle à une époque, jusqu'à ce qu'elle se fasse laver le cerveau par la famille de son grand-père, qui l'avait convaincu de s'éloigner de lui et de sa famille. Et dans un éclair de tristesse et de regret, l'adolescent se souvint d'une lettre qu'il avait reçue durant sa convalescence.

Blablabla Il l'avait lu, cette lettre, écrite par la mère de la femme qu'il tenait désormais dans ses bras, le sang chaud coulant entre ses doigts, les battements de son cœur laissant échapper les derniers souffles de vie de ce corps affaibli. Diane, c'est ainsi que sa mère s'appelait. Cette femme, veuve, à cause de la mère de Narcisse, avait malgré tout rassemblé toutes les forces qu'elle avait pour supplier Narcisse, dans une lettre dont il se souvenait à peine, pour humblement lui demander d'aider sa fille. Cet enfant qui lui avait été arraché par Georges, en échange d'un pardon illusoire pour un crime qu'elle n'avait pas commis. Il se souvint qu'elle lui avait demandé cela, il se souvint qu'elle avait écrit qu'elle se souvenait qu'il avait été l'un des seuls présents pour elle, quand plus personne ne voulait être proche d'elle. Malgré tout ce qu'elle faisait pour rejeter le né-moldu qu'il était.

Blablabla Mais alors qu'il baissa les yeux, trouvant enfin la force de mouvoir son cou, la vision de Narcisse se brouilla, alors que les larmes coulèrent sans s'arrêter le long de ses joues. Un petit corps s'affala sur Tiffanie. Ella, sa petite sœur. Narcisse ne la connaissait pas, il ne l'avait jamais vu. Il ne savait même pas qu'elle existait, mais elle était bien là, et elle avait tout vu. Son corps tremblait de tous ses membres alors qu'elle prenait le visage de sa grande sœur entre ses petits doigts. Cette vision paracheva la souffrance de l'adolescent, qui sentit une vague d'électricité le parcourir, terrassant son cœur qu'il avait tenté autant qu'il le pouvait d'ignorer. Ses yeux tombèrent sur la blessure. Un trou, une balle avait transpercé son corps de part en part, ressortant de l'autre côté, laissant couler le sang en cascade. Dans un mouvement désespéré, paniqué, il voulut appliquer une pression, tentant vainement de juguler le flot du liquide vital qui semblait ne jamais vouloir s'arrêter. L'hyperventilation de l'adolescent ne cessait pas, et la panique le gagnait alors qu'il jeta un regard en arrière.

Blablabla Georges était à plusieurs mètres de là, catalysant des sorts à répétition en direction d'une silhouette que l'adolescent reconnu immédiatement. Sa tristesse fut remplacée par la colère. Une fureur blanche, aveuglante, qui électrisa l'air autour de lui. Il fit glisser un pied au sol, laissant un genou à terre. Honor. Sa mère. Armée d'un fusil d'assaut, elle courait à toute allure en esquivant les sorts de son adversaire, qui parait habilement ses balles, ne s'arrêtant pas de courir vers elle, dans un hurlement de furie. Puis il se figea, tournant son regard vers le corps qu'il tenait. S'il l'abandonnait maintenant, elle mourrait à coup sûr. Mais s'il ne s'interposait pas entre Georges et sa mère... Un cri paniqué, rauque, s'échappa de sa gorge, alors que son cœur battait de plus en plus vite, sa respiration devenait de plus en plus courte, peinant à oxygéner son cerveau, alors qu'il balayait du regard les alentours.

- Je... je peux pas... Je... AAAH ! JE FAIS QUOI !?...

Blablabla Les larmes ruisselaient sur ses joues, il saisit sa tête entre ses doigts. La petite Ella leva les yeux vers lui, le suppliant d'aider sa sœur. Tiffanie ouvrit les yeux, et Narcisse se pencha vers elle, ajustant la position de ses mains.

- N... Bouge pas ! Ça va aller ! Ça va aller !

- Fanny, Fanny, FANNY !!

Blablabla Le cri déchirant de la fillette fit frissonner Narcisse. Il tourna son regard derrière lui, Georges venait de décocher un violent coup de pied à sa mère, qui peinait à garder la distance avec lui, malgré tous ses talents. Il regarda à nouveau Tiffanie. Il devait au moins la soigner, il devait au moins faire ça !

- Vulne...

Blablabla Un coup le frappa brutalement au ventre, le propulsant violemment en l'air. Le temps ralentit à nouveau. Ella écarquilla les yeux, sa tête plongeant dans le creux de l'épaule de sa sœur alors qu'elle se mit à sangloter de plus belle. Narcisse comprit. De la pointe de la baguette de Tiffanie s'éteignait une lumière violette. Elle l'avait projeté. Elle avait décidé pour lui. Et dans un souffle qu'il devinait l'un des derniers, ses yeux gris le fixèrent, sans peur, sans haine, presque suppliants, eux aussi. Il se mordit les joues, fermant les yeux un instant.

Blablabla Puis le temps reprit son cours, et Narcisse se tourna souplement en l'air, à plusieurs mètres du sol, fondant tel un faucon sur les deux combattants qui menaient une lutte sans merci pour leur vie. Un hurlement de rage s'échappa de sa gorge, attirant l'attention de Georges et d'Honor. Tous deux eurent un bref temps d'hésitation. Narcisse chargea la magie dans son poing fermé, appréhendant l'impact qu'il comptait amplifier de toutes ses forces. Le sol trembla sous sa magie, son poing heurtant la terre, créant des fissures autour de lui. Un genou à terre, l'adolescent poussa sur son bras, faisant ressortir une gerbe de magie blanche sous les pieds de Georges et Honor. Le premier fut trop surpris pour l'éviter, mais sa mère le connaissait, et ses réflexes étaient vifs, elle roula sur le côté, redirigeant son arme vers l'homme aveuglé.

Blablabla Narcisse n'hésita pas un instant, et faisant pivoter son corps, il s'appuya sur sa main pour catapulter sa jambe, son pied heurtant le canon du fusil, l'éjectant à plusieurs mètres de là. Un coup réflexe fut tiré, transperçant sa chaussure et son pied. Il serra les dents, la douleur anesthésiée par l'adrénaline coulant côte à côte avec sa magie pulsant dans ses veines. Ses yeux étaient blancs, mais il voyait le monde normalement, il avait l'entier contrôle de son corps et de sa magie.

- HONOOOOOOOR !!!

Blablabla Un cri de désespoir, de rage, de vengeance, il fondit sur elle alors qu'elle se mettait en garde. Son poing vola, sans précision, ni méthode, ne voulant que la blesse le plus gravement possible, pour enfin la maîtriser et l'arrêter. Ses phalanges ne rencontrèrent que du vide, mais le tranchant de la main de la militaire heurta de plein fouet son flanc. Sa respiration fut coupée, ses yeux se fermèrent sous la douleur, mais il appuya de toutes ses forces sur ses jambes, avant de pivoter le haut de son corps pour ramener son poing fermé sur le visage de sa mère. Le coup fut violent, le retour de sensations fut bon, mais elle ne broncha pas. Il resta accroupi, le haut du corps replié sur lui-même, ses yeux fixant le regard d'Honor, injectés de sang, le souffle court. Le visage de la militaire ne lui rendait qu'un regard de glace, sans émotion, le visage aussi dur que de la pierre.

- Elle était enceinte !!!

Blablabla Alors que son poing voulut à nouveau la frapper, une décharge de magie le heurta de plein fouet dans son dos, l'élevant à plusieurs mètres du sol. La douleur cuisante déchirant ses vêtements, il tourna la tête, Georges tenait son visage ensanglanté d'une main, sa baguette dans l'autre. Il était sur le point de lancer un nouveau sort, et la lumière verte s'échappant de la pointe ne trompait pas. Narcisse aurait été sérieusement blessé par le premier sort s'il n'avait pas renforcé son corps d'un bouclier. C'était quelque chose de nouveau, mais qu'il faisait désormais naturellement. Lors de sa convalescence, personne ne pouvait le toucher, mais il ne pouvait également pas être blessé. Et l'une des raisons pour lesquelles il avait mis si longtemps à revenir à lui, c'était parce que son corps s'adaptait à sa nouvelle magie. Sous sa forme la plus pure, sa défense était désormais à toute épreuve, et sans qu'il ait besoin de catalyser un quelconque sort, une mince couche de magie protégeait désormais constamment l'entièreté de son corps. Mais ce dernier n'était pas à toute épreuve, et il sentit qu'il n'avait désormais plus le droit à l'erreur, sentant le sang couler le long de son dos, déchiqueté par mille coupures.

Blablabla Souplement, il se retourna, s'aidant de sa magie pour se catapulter dans une autre direction et esquiver le sort qui lui était destiné alors qu'Honor fondait à son tour sur Georges. Lorsque Narcisse retoucha terre, elle était au contact, le mitraillant de coups tous plus mortels les uns que les autres. L'homme avait beau être solide, elle savait où frapper pour faire mal, et chaque coup retentissait plus fort que le précédent. Un bruit métallique retentit lorsqu'elle dégaina son couteau.

Blablabla Narcisse vit rouge, et appuyant sur ses jambes, il s'interposa entre eux, canalisant sa magie dans sa main avant de la projeter en direction des deux adversaires. Le fil de la lame entailla sa joue, laissant couler une cascade de sang.

- LEVICORPUS !

Blablabla Leurs corps s'élevèrent brutalement en l'air, suspendus par leurs chevilles, mais cela ne suffisait pas. Georges braqua sa baguette dans la direction de Narcisse.

- GARCE ! Vous n'êtes bon qu'à ça, les animaux ! Un enfant pour un enfant !

Blablabla Mais l'adolescent fut plus vif, et il tourna sur lui-même pour accompagner l'énergie de sa magie, effectuant la gestuelle du sort des doigts.

- IMMOBILUS !

Blablabla L'œil du cyclone. L'accalmie dans la tempête. Même le vent sembla tomber lorsque le silence s'abattit sur le champ de bataille. Le corps de Narcisse le faisait atrocement souffrir, chacun de ses membres hurlant de douleur, sa vision zébrée d'éclairs sous l'effort magique qu'il devait fournir pour maintenir deux sorts actifs à la fois. Sa main tendue vers le ciel, entre les deux corps immobiles, il reprenait difficilement sa respiration, s'étouffant dans son sang. Son corps se brisait à petit feu, cédant du terrain à chaque nouvelle respiration qu'il s'efforçait de prendre.

- Kof... Kof, argh...

Blablabla Mais son regard était vif, acéré, et il ne lâchait pas des yeux ni Georges, ni sa mère.

- Vous... Vous...

Blablabla Sa poitrine l'élança soudainement, l'un de ses genoux toucha terre, tandis que les bords de sa vision s'assombrirent. Il voulait parler. Mais le sort ne pouvait pas être maintenu indéfiniment. Il n'avait qu'une main, là où il aurait eu besoin des deux pour catalyser un sort par cible. Il ne pouvait pas maintenir le sort en visant les deux corps, il devait forcément en libérer un, et vite. Il serra les dents au point de les faire crisser, mouvant imperceptiblement son pouce, et le corps d'Honor retrouva sa liberté. Le bruit sourd de ses pieds touchant le sol retentit, et il tourna le regard dans sa direction, se redressant lentement. Ses yeux noirs plongés dans ceux de sa mère qui s'avançait désormais vers lui, alors qu'elle se tenait le flanc, son visage n'exprimant toujours aucune émotion.

Blablabla L'adolescent ne put davantage se restreindre.

- MAMAN ! ÇA SUFFIT !

Blablabla Elle ne s'arrêta pas, elle ne ralentit même pas, levant les yeux vers Georges qui luttait de toutes ses forces pour rompre le sort, opposant à Narcisse une résistance farouche.

- Maman... Si tu fais un pas de plus...

Blablabla Honor glissa en un éclair jusqu'à lui, utilisant son jeu de jambes pour s'approcher. Sa main passa sous la veste de Narcisse, dégainant le pistolet qu'il avait récupéré chez eux. Un sentiment de désespoir envahit l'adolescent lorsque sans hésiter la moindre seconde, sa mère braqua l'homme de l'arme, armant le chien dans un cliquetis métallique.

- ARRÊTE !!

Blablabla Lui non plus n'hésita pas, et il fonça sur elle. Il la heurta de tout son poids, la forçant à manquer son tir qui retentit dans la forêt, le bruit de la détonation faisant écho à leurs corps tombant au sol. Il tenta de la désarmer, mais le bruit d'un autre corps tombant au sol le fit frissonner. Il eut à peine le temps de regarder derrière lui.

- ENDOLORIS !

Blablabla Impossible à éviter. Narcisse fit barrage de son corps pour bloquer le sort destiné à sa mère. La douleur indescriptible qui le traversa le fit se tordre au sol, bavant et convulsant, incapable d'avoir le moindre contrôle sur son organisme. Mille entailles perçaient sa peau, mille aiguilles pénétraient ses yeux, on lui arrachait les os pour les enfoncer dans ses muscles, on frottait des débris de verre sur son visage et ses muqueuses. Le monde s'effaça, disparaissant alors que ses paupières se fermaient malgré lui. Une autre détonation, la douleur cessa. Il rouvrit les yeux, respirant difficilement.

Blablabla Sa mère se redressait péniblement, le canon de son arme fumant. Un autre coup, Georges bloqua de sa baguette, avant de l'attirer brusquement à lui d'un autre mouvement de son catalyseur, elle laissa échapper l'arme de ses doigts. L'homme appuyait de sa main libre sur sa jambe sanguinolente, le visage déformé par la douleur et la rage. Le corps d'Honor, comme suspendu par des fils invisibles, s'approcha lentement de lui, il plongea son regard dans le sien.

- Chienne... Foutue chienne... As-tu la moindre idée, la MOINDRE idée de la difficulté que j'ai eue pour engrosser la femme que tu as tuée ?

Blablabla Sa main libre lâcha sa jambe pour empoigner la gorge de la femme, qui agrippa ses doigts de toutes ses forces. Elle voulut le rouer de coups de pied, mais sa magie immobilisa ses jambes, la forçant à lentement s'étouffer, serrant de plus en plus fort.

- Meurtre de la femme du nouveau président du conseil des sorciers, et de son futur enfant, résistance à arrestation, rébellion, coups et blessures sur un haut placé du gouvernement, assassinats et complots...

Blablabla Il leva sa baguette.

- Au nom de la pureté de mon sang, je vous condamne à MORT !

Blablabla Sa baguette s'abaissa, une lumière verte luisant à sa pointe. Un coup de feu. Il lâcha sa baguette, le souffle coupé. Le corps d'Honor heurta le sol lorsqu'il la lâcha à son tour, et tous deux portèrent leurs regards en direction du bruit. Narcisse, tremblant, peinant à reprendre son souffle, le visage ensanglanté, tenant entre ses doigts le pistolet qu'il prédestinait à sa mère. Une tache rouge sombre s'agrandit sur le flanc de la chemise de Georges. Il toussa, reculant d'un pas, se courbant sur lui-même. Il voulut s'emparer de sa baguette, une nouvelle balle la heurta de plein fouet, la réduisant en morceaux. Puis l'adolescent pointa le canon en direction de sa tête.

- Arrêtez... A... arrêtez... P... Bougez pas... ARRÊTEZ !

Blablabla Sa main tremblait. Il visa sa mère, puis l'homme, et alternait entre les deux, son index n'arrivant pas à presser la détente une nouvelle fois. Il se mordait la lèvre si fort que le sang ruisselait. Georges eut un sourire carnassier, jetant un regard à l'adolescent, puis à Honor.

- Maudits...

Blablabla Un claquement de fouet brisa le silence, suivi par une détonation, et la balle fendit l'air. Elle disparut au loin, heurtant un tronc à l'orée de la clairière, passant à l'endroit où la tête de l'homme se trouvait, il y a encore une seconde. Narcisse sanglota brusquement, n'arrivant plus à tenir son arme, tremblant comme un roseau sous le vent, il l'abaissant convulsivement, les genoux au sol, le regard embué de larmes.

Blablabla Sa mère toussa encore quelques instants, avant de se redresser péniblement, serrant sa gorge. Elle se dirigea vers l'arme que Narcisse avait projetée au sol quelques instants plus tôt. L'adolescent leva à nouveau son arme, le bruit du métal retentissait sous les tremblements de sa main alors qu'il peinait à se lever.

- A... Arrête... Si tu touches ça...

Blablabla Honor continua de marcher jusqu'à son fusil, s'arrêtant brusquement. Elle tourna lentement la tête pour regarder son fils, le visage encore et toujours dépourvu de toute émotion. Narcisse tremblait, respirait péniblement, chaque fibre de son corps le faisait souffrir. La militaire se pencha, tendant la main.

- ARRÊTE !

Les doigts d'Honor se refermèrent sur la crosse de son arme. Narcisse pressa la détente.

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2A RP - 13 ans - 1m40
Avatar par Merinda Swart