UNE CHOCO DE TROP...
Salle de classe de Sortilèges
Troisième étage
Mercredi 22 avril 2048
RP Libre

Ernest aimait bien le mercredi. Si la plupart des élèves qui n’avaient pas cours ce jour-là en profitaient pour traîner un peu, le petit brun observait le même rituel et se levait avant les autres pour rejoindre la Grande Salle et être parmi les premiers à prendre son petit déjeuner. Tout en machouillant sa tartine, il réfléchissait à l’élaboration de son nouveau projet. Du papier, une règle, un crayon bien taillé, tout ça il l’avait dans son sac. Et son manuel de Sortilèges aussi, on ne savait jamais. Ne manquait plus que de trouver un endroit où il aurait assez de place pour s’étaler un peu et surtout être au calme. La Salle commune était exclue, il y aurait trop d’élèves durant la matinée.

Tout en retournant dans son dortoir, il réfléchissait à l’endroit où il aurait le plus de chance de ne pas être dérangé. Une fois dans sa chambre, il rassembla ses affaires en silence pour ne pas déranger ses colocataires. Où était donc ce fichu manuel ? Ernest passa en revue chaque recoin de l’espace qui lui était dédié, vérifia deux fois dans sa malle. Derrière lui, Ezra émit un grognement dans son sommeil ce qui le fit sursauter. Et se rappeler par la même occasion la dernière fois qu’il l’avait utilisé le bouquin. Il le voyait parfaitement sur le bord de sa table en cours de Sortilèges qu’il avait eu la veille.

Il articula silencieusement un juron et frappa sa main contre son front. Il quitta la Salle commune de Serpentard dans une certaine hâte. Pourvu qu’il y soit toujours. La porte de la salle de classe était ouverte mais pas celle du bureau de Miss Priddy. Fallait-il toquer quand même ? Il opta pour la discrétion et se faufila dans la classe en silence. Pas de livre à l’horizon. Il passa en revue les étagères du regard et finit par tomber sur ce qu’il cherchait. Avant la rentrée, sa mère avait collé des stickers de serpents “rigolos” sur toutes les tranches de ses livres. Ernest trouvait ça ridicule mais pour le coup, il était bien content qu’elle l’ait fait.

Il était sur le point de ranger son manuel dans son sac quand il réalisa qu’il n’avait peut-être pas besoin de chercher un autre endroit. Quelles étaient les chances que des élèves viennent squatter la classe de Miss Priddy un mercredi matin ? Juste après les vacances surtout. Et à cette heure-ci ? Il n’était même pas neuf heures du matin. Et puis il aimait bien cette salle, c’était l’un de ses cours préféré. Il s’y sentait à l’aise, plus qu’ailleurs en tout cas. Ce qui était déjà pas mal. Le garçon s’installa donc à sa place habituelle au premier rang, un peu par superstition et déballa son fourbis sur la table.

L’adolescent commença par vérifier ses croquis et ses notes dans son petit carnet. Il avait l’image bien en tête. Les plis, les découpes, Ernest les avait étudié méticuleusement. Il vérifia une nouvelle fois que son crayon était bien taillé et commença les tracés sur sa feuille cartonnée avec application. Bien différencier le dedans du dehors, le plein du vide. L’étape était importante, elle définirait la manière dont il découperait sa carte. Une fois satisfait de son travail de préparation, il sortit sa baguette de son sac. Du bout du pouce, il lui flatta l’arrière train. Bonjour, toi. Il faudrait qu’ils soient précis.

Ernest inspira profondément. Tout était calme. La solitude l’enveloppait comme un cocon et lui apportait une certaine sérénité même si elle était parfois pesante. Ses tracés étaient là pour l’aider à visualiser le trajet qu’il devrait suivre avec sa baguette. Il se concentra sur sa mère, sur l’envie de lui faire plaisir et c’était un moteur suffisant à sa volonté. Qu’est-ce qu’il ne ferait pas Lucy ? Allez, c’était le moment de vérité. Il actionna sa baguette de haut en bas, puis de bas en haut avant de finir le zigzag de manière fluide. Dans un même temps, il avait articulé l’incantation. DifINdoé. En accentuant bien la syllabe “in” comme le leur avait appris Miss Priddy.

L’adolescent était concentré et méticuleux. Ce qui ne l’empêcha pas de s’y reprendre à plusieurs fois pour compléter son découpage. Si la papier était facile à couper, il était également plus fragile et l’exercice demandait une certaine prudence. Mais le petit brun prenait son temps et s’appliquait. Les minutes passaient et morceau par morceau, Ernest ajourait sa futur carte. Et le résultat était à la hauteur de ses efforts. Il était plutôt fier de lui. Il ne restait plus qu’à trouver quoi écrire à sa mère. Merci. C’était déjà pas mal pour commencer. Pour les attentions, pour les oeufs de Pâques et les chocogrenouilles. Pour les tritons au gingembre qu’il affectionnait tant. Enfin il n’allait pas dresser une liste exhaustive.

Tout en se grattant la tête avec sa plume à la recherche de l'inspiration, il sortit de son sac l’une des fameuses chocogrenouilles. Le chocolat, c’était son péché mignon. Il aimait bien suçoter leur pattes alors qu’elles gesticulaient encore. Ça faisait des chatouilles sous la langue. Mais l’adolescent n’était pas doué pour faire plusieurs choses en même temps et la grenouille enchantée profita d’un instant d’inattention pour se faire la malle… et retomber directement sur sa carte, y laissant une grosse empreinte de chocolat fondu.

“Aahh… naaannnnnn…..”

C’était la choco de trop.

Comme l'année dernière, j'avais ma journée du mercredi entièrement libre. La différence avec l'année précédente était que je réservais souvent mes après-midi pour les passer avec Ellana. Il était fréquent que nous travaillions ensemble, soit dans la salle commune, quand elle n'était pas trop bruyante, ou à la bibliothèque, qui était bien plus calme.
En effet, la troisième année avait cours de métamorphose dans la matinée et ça serait donc bientôt mon cas puisque je comptais prendre la même filière que mon amie. La filière sciences avait le gros avantage de ne plus proposer de cours de vol, mais elle avait également l'inconvénient de ne pas proposer de cours de sortilèges et de défense. Si je voulais poursuivre ses cours, j'allais devoir les choisir en options, ce qui ajouterait un peu plus de travail à faire, mais je n'avais pas peur de cette charge supplémentaire.

C'est ainsi qu'en ce mercredi matin, j'avais pris la direction de la salle de sortilèges, espérant m'entrainer avec les sortilèges de feu que nous étudions depuis janvier. Enfin, surtout celui des flammes bleues et de la marque de feu. J'avais encore quelques hésitations avec incendio.

Entrant dans la salle que je pensais vide, j'eu la surprise d'y trouver le jeune garçon croisé le mois dernier dans la serre n°6.
- Hé, Ernest ! Ca va ? Qu'est-ce qui t'arrives ?, saluais-je le jeune Serpentard puis m'inquiétant en l'entendant gémir.

Ernest avait passé tellement de temps sur sa carte, il avait pris tellement de soin à faire le tracer et puis à la découper grâce à son sortilège. Et voilà le résultat… Il y avait à présent une énorme tâche de chocolat qui venait gâcher tout son dur labeur. Intérieurement, il se maudit. Ça lui apprendrait à se gaver de sucreries. Sa mère avait raison, le sucre, c’était le mal. Mais ça n’arrangeait pas son problème. Il ne pouvait pas envoyer cette carte à Lucy. Ses lettres à elle étaient toujours soignées, parfumées. Toujours remplies de petites attentions à son égard.

Il sursauta en entendant quelqu’un l’appeler en prononçant son nom. Il n’avait pas trop l’habitude et puis il ne pensait pas croiser qui que ce soit ici ce matin. Il se retourna et reconnut Erin, la petite rousse qu’il avait rencontrée quelques semaines auparavant dans la serre N°6. Il lui adressa un sourire timide suivit d’une moue contrite.

“Hey… euhm.. Salut… Oh, rien de très grave…”

Après s’être assuré que ses mains étaient à présent propres - en les essuyant sur le bas de sa robe de sorcier, il leva la carte vers la demoiselle pour lui montrer l’étendu des dégâts.

“Je voulais faire un truc spécial pour ma mère…”

Il était déçu, évidemment. Est-ce qu’il saurait retrouver la motivation intérieure pour recommencer ? Le résultat était pourtant parfait. C’était un peu décourageant. Il essaya de se réconforter en se disant qu’au moins, il avait réussi à maîtriser son sort à la perfection et que ça lui avait servi d’entraînement. Une case de plus à cocher dans son petit carnet. Mais Ernest détestait les erreurs et il avait du mal à digérer ses propres échecs. Et malgré les encouragements de ses mamans qui lui avaient toujours expliqué que c’était la seule manière de progresser, il se montrait souvent intransigeant avec lui-même.

“Ça m’apprendra à faire plusieurs trucs en même temps… et toi ? Il est vachement tôt, qu’est-ce que tu fais là ?”

@Erin Fergusson

J'avais croisé Ernest, un garçon de première année de la maison Serpentard, dans la serre n°6. C'était le propriétaire de Maggy, une plante carnivore, une des occupantes assez récentes de la serre où les élèves passionnés de botanique pouvoir déposer leur plante et venir l'entretenir quand on en avait l'opportunité. J'y avais d'ailleurs déposé ma plante depuis plus d'un année et mon amie Ellana s'était finalement décidé en janvier. Rosalia et Lapinou étaient à présent voisines de serre, comme Ellana et moi étions voisines de dortoir.

La salutation d'Ernest était peu enthousiaste, et je comprends pourquoi lorsque je vois la carte qui avait réalisé à l'intention de sa mère gâchée par une grosse tâche chocolatée.
- Aïe... J'comprends qu'tu sois déçu..., commençais-je à dire avant de poser mes yeux sur la table où il était installé. Mais attends ! T'as fait ça sans ciseaux ? En utilisant l'sort de découpe ! Mais t'es super doué !, m'exclamais-je de regardant en détail le travail minutieux de découpe réalisé.
Je comprenais qu'il soit déçu : tout le temps passé à effectuer le découpage afin d'obtenir cette carte qu'il comptait offrir à sa mère et finir par une trace de chocolat dessus...
Je serais surement dans le même état émotionnel de lui.

- Ben, j'étais venue pour m'entrainer sur quelques sorts... mais... Oh ! J'ai p'être une idée !
Posant mes affaires et sortant ma baguette, je me concentre et observe attentivement la carte du jeune Serpentard pour l'imaginer telle qu'elle devrait être : d'un blanc immaculé
"REcurVITe", prononçais-je en traçant un S en direction de la carte.

Ernest haussa les épaules quand Erin fit preuve de compréhension et de compassion. Ce n’était pas des comportements dont il était très familier et dans ces cas-là, il était généralement pris d’excès de pudeur. Il ne savait pas mieux recevoir les compliments que les critiques. Ses joues s’assortirent d’un joli rose clair quand la rouquine le félicita pour son travail et un léger sourire fendit son visage. Il en oublia presque la catastrophe qui venait d’arriver.

“J’aime bien ce sortilège… enfin tous les sortilèges… mais celui-ci je le trouve vraiment cool… on peut faire plein de trucs avec Diffindo.”

C’était probablement l’un des sortilèges sur lequel il s’était le plus entraîné depuis le début de l’année malgré le fait qu’il ne l’ai pas appris depuis très longtemps. Les possibilités étaient tellement nombreuses. Dès qu’il voyait un objet, qu’il touchait une matière, il se demandait de quelle manière il pourrait bien le couper. Il avait déjà essayé pas mal de choses. Tissus, bois, plastique,... et une fois le sortilège Reparo appris dans la foulée, les expériences étaient sans limite. Il avait d’ailleurs coupé son manuel de Sortilèges en deux pour voir. Évidemment, il avait bien pris soin de le découper avec le plus de précision possible, au cas où il n’arriverait pas à le réparer, les coupes étaient assez franches pour arriver à lire malgré tout.

Et si le garçon était toujours appliqué dans les cours de Miss Priddy, il s’exerçait bien plus volontiers aux sortilèges les plus attractifs. Il avait commencé à apprendre le sortilège Recurvite que lança Erin, mais il n’y avait pas pensé sur le coup. Il faut dire qu’il n’y trouvait pas un intérêt fou à s’entraîner. Faire le ménage, c’était ennuyeux… Et il n’y avait pas trop d’alternatives d’utilisation au sortilège de nettoyage. À présent, il réalisait son erreur. Heureusement, Erin avait l’air assez studieuse et ne semblait pas avoir fait l’impasse sur cette leçon. D’un coup de baguette, elle redonna à la carte d’Ernest son aspect d’origine, minus la tâche de chocolat. Il lui adressa l’un de ces sourires qui se cachait généralement loin derrière ses yeux. Un sourire honnête et spontané. Une chose rare.

“Woaw ! T’as réussi du premier coup ! T’es vachement à l’aise avec ce sort. Ta chambre doit être super propre…”

Ce qui n’était absolument pas le cas de celle du garçon. Mais il le ferait dès qu’il aurait un peu de temps, ou du moins, il essayait de s’en convaincre.

Je ne savais pas comment interpréter les réactions d'Ernest. Je ne le connais pas vraiment, on n'avait discuté qu'une seule fois, dans la serre n°6, et les échanges avaient été en majorité orientés sur les plantes puis sur le choix des filières.
Ainsi, son haussement d'épaule pouvait laisser penser qu'il se moquait que son travail était abimé, mais si ça avait été le cas, il aurait froissé la feuille qu'il avait passé du temps à découper minutieusement pour la jeter. Et puis, il avait rougit sous mon compliment pour sa maitrise du sortilège de découpe. Il avait du s'entrainer souvent pour arriver à obtenir un tel résultat.
- J'aime bien les sortilèges aussi... mais pas tous..., commençais-je à répondre au première année. J'sais pas si j'aurais dit que Diffindo est cool... Il peut être dangereux aussi... une seconde d'inattention et ça peut être la catastrophe... un peu comme avec Incendio. J'suis pas toujours très à l'aise avec ses sorts..., terminais-je, un soupçon d'inquiétude dans la voix.

J'avais voulu arranger la situation dans laquelle se trouvait Ernest : la tâche de chocolat sur la carte qu'il avait préparé pour sa mère. Intérieurement, je me demande que laquelle il parle.
A la vue de la carte nettoyée, la joie du Serpentard est visible.
- J'aime bien l'côté utile de la magie., lui dis-je en rougissant légèrement sous son compliment. Euh... y'a une différence entre une chambre propre et une chambre bien rangée !, complétais-je en riant. Et donc, t'aimes bien les chocogrenouilles, apparemment ?, demandasi-je en faisant référence à la tâche de chocolat qui était présente quelques instant plus tôt sur son découpage.

Elle avait commencé sa matinée comme bien souvent le mercredi, regrettant déjà les vacances qui s'étaient pourtant terminées il y a peu. Corrections des exercices des élèves de sixième année, préparation des cours des élèves de deuxième et troisième année et... un petit thé aurait été bienvenu pour accompagner ses grattages de parchemins. Elle hésita un instant et finit par se lever pour quitter sa salle de classe. Elle pénétra dans son bureau, et sans se presser rassembla ses affaires. Elle sursauta soudain en entendant un cri venant de la salle de cours.

C'est un peu surprise qu'elle repassa la tête par la porte de son bureau, une théière dans la main droite et une tasse offerte par sa sœur dans la main gauche. Deux gamins, de dos, semblaient s'être installés dans la salle pour... lancer des sorts. Bon, au moins il y avait un peu de cohérence dans le choix du lieu. Elle toussota pour faire savoir aux deux élèves qu'elle était là.

" Bonjour, lança t'elle en pénétrant pour de bon dans la pièce et en s'approchant. Elle reconnut rapidement le Serpentard et la Serdaigle qu'elle voyait en cours chaque semaine. Vous aviez besoin d'un renseignement particulier ? "

En général, les élèves se rendaient plutôt en salle d'études pour travailler. Sarah savait que Padrec surveillait régulièrement les lieux. Elle n'avait pas l'habitude de voir des élèves s'installer sans une raison particulière.

Ernest avait beau avoir dédié une page entière de son carnet aux consignes de sécurité que leur avait donné Miss Priddy et certains autres professeurs, le danger, ce n’était pas la première chose à laquelle il pensait quand il découvrait un sortilège. Ni même quand il se mettait à l’explorer. Il n’était pas pour autant à l’abri des dangers et il avait appris la leçon de l’épuisement physique de la manière forte. Mais il semblait bien que cet enseignement là ne voulait pas rentrer dans sa tête.

“J’me suis coupée une fois ou deux, mais c’était pas très grave…”

Il avait probablement appris tous les chemins les plus courts pour se rendre à l’infirmerie depuis le début de l’année.

“Incendio ?! C’est le sortilège du feu ça, nan ? Ça doit être trop cool à apprendre !”

Pour Ernest, absolument tous les sortilèges étaient “cool”. C’était un adjectif passe-partout mais ça reflétait bien son intérêt pour la pratique. Il avait également l’impression qu’à chaque sortilège qu’il commençait à maîtriser, son image s’améliorait. Que les autres oublieraient son teint pâle, sa petite taille et son incapacité à aligner plus de trois mots en public s’il prouvait être un sorcier aguerri. Pour revenir à Incendio, le sortilège le fascinait. Il n’était pas rare qu’il se perde en contemplation du brasier qui illuminait le Petit Salon de sa salle commune, s’imaginant sorcier tout puissant, maître des éléments. Maître du feu. Là c’est sûr que plus personne le prendrait de haut.

“Enfin, j’veux dire… ouai faut faire attention si tu le sens pas…”

Il avait bien entendu la pointe de crainte que soulevaient les paroles d’Erin. Mais la petite rousse retrouva bien vite son ton jovial et son sourire. Ernest laissa échapper une grimace à sa réflexion. C’est pas que sa chambre était sale. Mais il y accumulait tout un tas de breloques dont il se servait pour tester ses sortilèges. Et avec le temps, ça commençait à faire beaucoup de bazar. Il faudrait qu’il demande une malle sans fond pour son prochain anniversaire. Comme beaucoup de gamins de son âge, Ernest nourrisait une passion pour les trucs à collectionner. Les chocogrenouilles n’en faisaient pas exception, d’autant qu'elles alliaient le côté “cool” de la magie au chocolat. Son deuxième péché mignon.

“Ouai… ma mère veut pas que j’en mange trop.. mais bon, elle est pas là… mais si elle avait vu la tâche, elle m’aurait grillé tout de suite…”

Le petit brun n’eut pas le temps de terminer sa phrase qu’une voix familière le fit sursauter. Comme un réflexe de survie, l’adolescent se dressait d’un bon de sa chaise lorsqu’un adulte pénétrait dans une pièce ou lui adressait la parole. Mais ça, ça n’arrivait pas tellement souvent.

“Pardon M’dame… euh… enfin j’veux dire… Bonjour… euh… non…enfin… J’venais juste chercher mon manuel… j’l’avais oublié hier et… j’voulais pas vous déranger, c’est pour ça… j’avais pas l’intention de rester… mais…euh… ‘fin… dans les salles d’études… bin… y a des gens…”

Ernest dans toute sa splendeur. Les mots et lui n’étaient pas toujours copains et il se méfiait d’eux comme de la peste. La plupart du temps, il préférait rester silencieux que de se mettre dans ce genre de situation gênante où il ne savait simplement pas où se mettre. Dans son élan, il avait fait tomber la plupart de ses affaires au sol et tout en mâchant ses mots, il tentait de rassembler maladroitement ses bricolages et de les fourrer dans son sac.

Que ce soit avec les sorts ou avec les potions, il y avait toujours un peu de danger lors de leur pratique.
Avec une maman potionniste, j'avais pu l'observer à de nombreuses reprises, avant d'entrer à Poudlard, en train de préparer les ingrédients dont certains étaient directement vendus dans la boutique, mais aussi brasser quelques potions. Une occasion en or pour obtenir quelques précieux conseils que j'avais pu mettre en application dès la réalisation de mes premières potions lors des cours de Miss Xarinez.
Mais les sortilèges, c'était autre chose. Se concentrer sur la bonne émotion, visualiser avec précision le résultat que l'on souhaite obtenir et si on rajouter le risque d'épuisement magique ou les problèmes de baguette comme ce que j'avais vécu en début d'année après les vacances... Beaucoup de paramètres à contrôler pour lancer un sort sans risque. Et il fallait compléter en prenant en compte les sorts qui pouvaient eux même présenter un danger, comme le sortilège de découpe qu'Ernest avait utilisé pour réaliser sa carte ou le sortilège de feu que j'apprenais depuis plusieurs semaines.

- Euh... cool, j'sais pas... en fait, j'suis pas très à l'aise avec ce sort... J'espère que j'aurais pas à l'utiliser pour l'examen., expliquais-je car des trois sorts de feu, incendio était vraiment celui que je maitrisais le moins bien.

Je laisse passer un petit rire en entendant la remarque du première année à propos de sa mère et de sa consommation de chocogrenouilles. Mais je n'ai pas le temps de lui demander si il collectionne les cartes qu'une voix résonne dans la pièce.
Je vois le Serpentard se lever tel un ressort, renversant une partie de ses affaires. Ernest ne semblait pas à l'aise pour répondre à l'enseignante.
- B'jour Miss... J'voulais m'entrainer encore pour les sorts de feu. J'ai encore du mal avec incendio..., répondis-je à l'adulte alors qu'Ernest ramassait ses affaires.

De toute évidence, ils ne l'avaient pas entendu arriver et la réaction du petit serpentard fut un tantinet excessive. Des gens... Sarah ne put retenir un sourire amusé à cette mention.

" Oui, vous avez remarqué ce phénomène vous aussi Monsieur Stevens. Il y a des gens partout dans ce château. À croire qu'ils vivent ici. Son regard rieur se posa alors sur les papiers que le gamin tentait de ramasser à la hate et les yeux de l'enseignante s'illuminèrent un instant. Vous faites des cartes ? Ne les abimez pas. J'en faisait beaucoup à votre age pour ma petite sœur, souvent des origamis. Vous pouvez continuer tranquillement ici si vous ne faites pad trop de bruits. "

Elle se tourna ensuite vers la Serdaigle en haussant les sourcils et sortit sa baguette magique.

" Par contre miss Fergusson, pour jouer avec le feu, il faut s'organiser, surtout si on ne maîtrise pas. Gelo. Mettez vous sur cette table. Vous avez vos gants protecteurs au cas oû ? Locomotor. "

Une carafe d'eau arriva par la porte restée ouverte et vint se poser sur la table protégée un instant plus tôt. Une bougie blanche la suivait, posée sur un petit bougeoir en cuivre.

" Je vous laisse vous entrainer tranquillement. Je dois partir dans... elle jeta un coup d'œil à sa montre, une grosse demi-heure. Je fermerais alors la salle. Vous avez besoin d'aide pour quelque chose ? "

Curieuse, elle tentait discrètement de deviner l'aspect des cartes - si s'en était - réalisées par le première année.