Ernest avait vraiment hâte d’être en deuxième année. Les sortilèges avaient tous l’air plus intéressants les uns que les autres. Non pas que ceux de première année ne le soit pas mais il commençait à être à court d’idées nouvelles. Évidemment, il pourrait encore largement les perfectionner. Il y avait toujours moyen de s’améliorer. Mais il ne se débrouillait pas trop mal. Son petit carnet était plein de toutes les expériences qu’il avait déjà tenté jusqu’à présent. Pour Diffindo, la carte était la dernière en date. Pour travailler sa précision. Il aurait bien voulu aller plus loin, essayer d’autres matériaux, mais les possibilités étaient limitées. Mis à part le papier, le tissu, le bois et la pierre sur laquelle ça n’avait eu qu’un effet se limitant à graver très légèrement ses initiales sur le mur de la salle commune, il n’avait pas grand-chose sous la main. Il avait bien pensé à son chaudron mais ça semblait un peu risqué. Et s’il le perçait ? Il n’était pas certain que cela marche avec l’étain mais c’était peut-être un risque qu’il valait mieux ne pas prendre.

“J’aimerais bien savoir fabriquer du feu…”

Il faudrait qu’il se montre patient. Encore quelques mois et ce serait son tour. La discussion des deux adolescents fut interrompue par l’arrivée de leur professeur de sortilèges. Malgré le nombre de mois qu’ils avaient passé à Poudlard, le petit brun était toujours intimidé par la plupart de ses professeurs, par cet aura d’autorité et de maîtrise qu’il admirait et qu’il enviait autant qu’il la craignait. Le monde des adultes était rempli d’ombres qu’il ne comprenait pas et dont il se méfiait. Ernest baissa les yeux et rougit légèrement à la remarque de Miss Priddy. Un sourire en coin se dessina néanmoins sur ses lèvres. C’est vrai que vu comme ça…

“Beaucoup ? Mais vous saviez toujours quoi écrire dedans ? Moi j’aime bien les faire mais…mmm… je sais jamais trop quoi dire…”

Ernest ressorti sa carte de son sac avec une moue dubitative. C’était une réponse à ses deux mamans pour toutes les petites douceurs qu’elles lui avaient envoyées pour Pâques. C’était Lucy, sa maman moldu qui avait toujours aimé les origami et les bricolages ludiques. Mais c’était pour impressionner Elianor qu’il s’était donné autant de mal. Pour lui montrer ses progrès et lui prouver qu’il pouvait lui aussi être aussi bon en sortilèges. Qu’il était à la hauteur d’elle. Il aurait bien aimé y ajouter quelques petites subtilités volantes, mais pour ça, il ne s'y connaissait pas encore assez en magie. Ses capacités étaient une limite au-delà de desquelles son imagination ne pouvait pas se concrétiser.

Quand Miss Priddy s’adressa à Erinn en utilisant les termes “jeu” et “feu” les yeux du garçon s’illuminèrent d’intérêt. Il se pencha légèrement pour observer le plan de travail que leur professeur dressait pour sa camarade. Un regard sur sa carte et une nouvelle moue se dessina sur son visage. Diffindo c’était bien… mais pas aussi stimulant que le feu… Tripotant sa baguette avec nervosité, il leva alors son regard vers sa professeur et tenta de se parer de son plus beau sourire qui ressemblait plutôt à une grimace figée. Mais la lueur plein d’espoir qui enflammait son regard ne trompait pas. Armé de tout son courage, il finit par se lancer.

"Moi aussi je peux essayer ? Euh… S’il vous plaît ?”

Après tout, qui ne tentait rien…

L'arrivée de Miss Priddy avait fait sursauter Ernest qui en avait fait tomber une partie de ses affaires qu'il essaya ensuite de ranger précipitamment dans son sac. Oh, mais il fallait qu'il fasse attention à la jolie carte qu'il avait préparé pour sa mère. Il avait du passer du temps à réaliser les différents découpages pour y faire apparaître la silhouette de Poudlard. Et en plus, j'avais fait disparaître la tâche chocolatée qu'il y avait laissé.
- Tu sais, j'pense que peu importe c'que tu vas y écrire, ça lui fera plaisir. C'est l'intention qui compte, non ?, dis-je en regardant alternativement Ernest et l'enseignante. Tu peux lui dire que tu l'as faite en utilisant un sortilège. Comme ça, elle pourra voir que t'as bien travaillé., proposais-je, mais ne sachant pas à laquelle de ses mamans était destinée la carte.

Miss Priddy avait préparé une table à mon intention. Elle y avait fait venir une bougie posée sur son socle cuivré ainsi qu'une carafe d'eau. D'une main légèrement tremblante, je sors de mon sac ma paire de gants. Je n'aime pas ne plus sentir ma baguette directement contre la paume de ma main.
La formule et la gestuelle je les connais. La visualisation n'est pas trop compliqué...
Le souci vient plus de ma peur à utiliser ce sort. J'ai l'impression d'être bloquée.

- Euh... Miss?, appelais-je la professeur de sortilèges. J'pense que j'ai des difficultés avec mes émotions pour ce sort... Vous auriez un conseil ?, demandais-je avec espoir.

Sarah s'arrêta soudain alors qu'elle allait quitté la salle. Qu'elle idiote elle faisait !

" Mais, Miss Fergusson, c'est normal que vous ne maîtrisiez pas encore ce sort, nous ne l'avons vu qu'en théorie. Si vous le maîtrisiez, mes cours ne serviraient plus à rien. Et je vous confie une bougie en plus. N'importe quoi... "

Un coup de baguette et la bougie repartie dans l'autre sens. Réussir à allumer une bougie n'était pas la première étape pour la maîtrise de ce sort, loin de là.

" Le sortilège Incendio est un des sorts de feu les plus complexes en deuxième année Monsieur Stevens, et sans aucun doute le plus dangereux, commencer par lui n'est pas forcément une bonne idée. En revanche Miss Fergusson pourrait vous apprendre le Flambios si elle s'en sent capable. C'est un sortilège impressionnant visuellement mais sans le moindre risque. Bien sûr pour la précision, il faudra de l'entrainement, mais je ne doute pas que vous puissiez y arriver. Vous aimez jouer ? FlamBIos. "

Sarah agita à nouveau sa baguette et une grille de morpion enflammée apparut dans les airs entre les deux enfants.

" Qui prend les croix, qui prend les ronds ? Je suis l'arbitre. Monsieur Stevens, il vous faudra de la concentration et une visualisation bien précise de ce que vous voulez tracer. Ensuite, appuyez sur le BI de flambios et tracer avec votre baguette en pointant la direction voulue. "

Le regard d’Ernest allait et venait entre sa carte et Erin. Il lui adressa un sourire timide en réponse à ses encouragements. Évidemment, c’était l’intention qui comptait. Mais le gamin avait la fâcheuse habitude de mettre la barre très haute quand il s’agissait de sa mère sorcière. Beaucoup trop haute pour un adolescent de douze ans. C’était un bon moteur, certes, mais également une source de pression qu’il ne savait pas toujours gérer.

“Ouai… T’as raison… Merci Erin. Pour la tâche aussi.”

En voyant la réaction de la rouquine, le petit brun s’en voulut un peu d’avoir montré un tel enthousiasme. Il savait parfaitement ce qu’on ressentait quand on n'était pas à l’aise avec un sortilège. Lui, c’était plutôt la présence des autres qui le décontenançait mais l’idée était là. Ce n’était pas agréable du tout. Il comprenait le sentiment d’appréhension et il n’avait pas de mal à s’y identifier. Et puis il n’osait jamais poser de questions en classe. Le fait que la serdaigle soit assez courageuse pour demander de l’aide produisait chez lui une certaine admiration. Il fit donc un signe de tête encourageant à l’adresse de la demoiselle.

Ernest se redressa subitement quand Miss Priddy s’adressa ensuite à lui et ses joues se colorèrent d’une légère teinte rosée. C’est qu’il ne s’y habituait pas. Ce qui était assez paradoxal étant donné que c’était lui qui avait posé la question. Ses yeux se mirent à pétiller quand sa professeur de sortilèges lui proposa une alternative et déjà sa main tâtonnait machinalement la table pour se saisir de sa baguette. Toute son attention était tournée vers l’adulte qu’il écoutait religieusement. Les yeux ronds et la bouche légèrement entrouverte, il observa la grille de feu apparaître dans les airs avec émerveillement.

“Pour… pour de vrai ?”

Le regard du gamin fit quelques allers-retours entre l’élève de serdaigle et le professeur, comme pour s’assurer que ce n’était pas une plaisanterie. Mais ce n’était pas le genre de Miss Priddy. Alors il se leva d’un bon, baguette brandit, prêt à faire danser les diables et les dieux. D’accord, ce n’était pas du vrai feu, mais Flambios, c’était déjà sacrément cool. Et puis c’était un sortilège de deuxième année ! Qu’est-ce qu’il y avait de plus cool que ça, franchement ?

Ernest ne savait pas vraiment jouer au morpion mais ça n’avait aucune espèce d’importance. Il avait bien compris qu’il y avait des cases, des croix et des ronds. Tout ce qui comptait, c’était de faire de la magie. De faire du feu ! Il était complètement galvanisé par l’idée. Au point qu’il en avait oublié la galanterie et les bonnes manières et s'apprêtait déjà à tenter de lancer son sort avant de se reprendre in extremis.

“Euh… tu veux jouer quelle forme, Erin ?”

Il n’avait pas complètement disparu le bon garçon à ses mamans. Malgré l’enthousiasme. Et puis s’il connaissait la formule et la gestuelle pour avoir pris un peu d’avance sur son manuel, tout ça c’était de la théorie. Valait peut-être mieux laisser Erin prendre les devants et observer ce qu’elle faisait plutôt que de se précipiter. Un effort surhumain. Ernest trépignait d’impatience.

La date est changée Aucun souci pour le retard, vous n'avez que des journées de 24h, comme tout le monde Quoique, des fois je me demande si vous n'auriez pas un don d'ubiquité

Je devais reconnaitre que le travail de découpage qu'Ernest avait effectué était vraiment impressionnant. Je n'aurais surement pas obtenu un tel résultat si j'avais eu l'idée de faire la même chose l'année dernière. D'ailleurs, je n'étais même pas si d'obtenir la même précision, le même souci des détails actuellement. Le jeune Serpentard était vraiment doué, ou particulièrement motivé lorsqu'il était mis au travail.
Il aurait été vraiment dommage de gâcher sa carte et j'étais contente d'avoir pu effacer la tâche chocolatée qui avait été faite. Elle était donc prête à l'emploi, mais ça, c'était à Ernest de prendre la décision de l'envoyer à sa mère... mais laquelle ?
- Y'a vraiment pas d'quoi., répondis-je au première année.

C'est avec soulagement que je peux quitter la paire de gants protecteur et que je vois la bougie s'éloigner de moi. Je ne suis vraiment pas prête pour passer à la pratique de ce sortilège. Est-ce que je serais prête un jour...
Mais mon soulagement est de courte durée lorsque j'entends Miss Priddy proposer que j'apprenne à Ernest le sort de la marque de feu ! Qui moi ? Sérieusement ? Mes yeux sont du s'écarquiller sous l'effet de la surprise et je me reprends à temps avant que ce soit ma bouche qui se retrouve grande ouverte.
Bon, c'est vrai que je me débrouille plutôt bien avec ce sort. Je m'en étais même servi pour jouer aux anagrammes avec Cheryl, et ça avait été plutôt amusant, cette façon de jouer avec le feu en tout sécurité.
Et c'est au tour du jeune vert et argent de ressembler à un poisson hors de l'eau en observant la grille de morpion que vient de tracer l'enseignante. Impossible de refuser maintenant, en le voyant bondir de sa chaise, baguette en main et prêt à jouer comme l'avait proposé Miss Priddy.

- Je vais prendre la croix. Le rond sera plus facile pour toi et ainsi tu pourras te concentrer sur la précision., répondis-je. Ca serait bête de me laisser gagner on plaçant ton rond dans la mauvaise case, n'est-ce pas !, terminais-je en lui faisant un clin d'œil.

Ma baguette en main, je ferme brièvement les yeux tout en prenant une grande inspiration, puis j'expire lentement, comme pour retrouver un état de calme intérieur. J'apprécie la présence de mon catalyseur directement au contact de la peau, comme si il faisait partie de moi. Un léger sourire se dessine sur mes lèvres : j'ai envie de jouer maintenant.
- flamBIos !, prononçais-je en traçant de l'extrémité de ma baguette une croix en direction de la case supérieure gauche de la grille.

La réaction du petit Serpentard tira un sourire amusé à l'enseignante. Il semblait visiblement ravi de ce petit cours improvisé. Lui qui était venu chercher de la tranquillité si elle avait bien compris, semblait finalement tout à fait satisfait de se trouver accompagné. Elle hocha la tête à la réponse de la Serdaigle, très professionnelle. Elle avait raison, pour commencer, le rond serait plus simple ou du moins une forme ovoïde ou patatesque comme disaient certains élève. Cela évitait de devoir séparer les traits ce qui n'était pas si simple mine de rien.

La professeure de Sortilèges observa son élève se concentrer pour lancer son premier sort et sourit en voyant une petite croix arriver dans la zone supérieure gauche de la grille. Le regard de la Serdaigle, indiquait que c'était bien là la zone visée ce qui plut grandement à l'enseignante.

Dans le vide devant eux, la grille flamboyait, attendant la réponse du Serpentard. L'adulte reporta donc son regard sur le jeune garçon, afin de voir s'il allait ou non s'en sortir. Le sort n'était pas complexe, mais un premier lancer était toujours étrange. La surprise même de la réussite pouvait perturber le sort. Si le gamin y arrivait, elle les laisserait terminer tranquillement la partie. La petite Fergusson était une gamine sérieuse et, de toute façon, l'heure de manger arrivait à grands pas, elle fermerait alors sa classe après avoir fait sortir ces deux visiteurs.

Erin avait effectivement l’air plus à l’aise à l’idée de jouer aux morpions avec un sortilège moins dangereux. Et ça allait tout à fait à Ernest. Erin, elle s’occupait bien de sa plante, ça avait l’air d’être une élève sérieuse. Parce que pour lui, c’était un sacré critère, les plantes. Poing serré sur sa baguette, l’adolescent acquieçait vivement aux paroles de la rouquine avant que son regard ne se reporte sur la grille avec fascination. Dans sa tête, commençaient déjà à se former les symboles et les calculs stratégiques. Il y avait neuf cases… ça voulait dire qu’hypothétiquement… il pourrait lancer le sortilège à quatre reprises ! C’était ça son objectif.

Le petit brun se décala légèrement pour pouvoir observer la Serdaigle et ne pas en louper une miette. Il remarqua que tout comme lui - et comme un certain nombre d’autres élèves - Erin prenait une inspiration profonde avant de commencer. La respiration, c’était un truc vachement important. Qui mériterait peut-être qu’il se penche avec plus d’assiduité sur la question. Avec attention, il nota la manière dont elle avait actionné sa baguette et fut particulièrement vigilant à la façon dont elle avait prononcé la formule. Déjà ses lèvres s’articulaient dans une mimique silencieuse.

Et puis c’était son tour. Deux paires d’yeux rivées sur lui, ce n’était pas évident. Ernest déglutit avant de faire tourner doucement sa baguette au creux de la paume de sa main. Pas de précipitation… Plus facile à dire qu’à faire. Il ferma les yeux et compta deux secondes entre chacun de ses souffles. Il se rappela les lignes de boucles qu’on lui avait fait écrire à l’école primaire. Dans sa tête, l’anneau de feu se formait avec précision.

“Ok…”

Le regard rivé sur la grille et avec toute la concentration dont il était capable et une bonne dose de détermination, il prononça la formule distinctement en visant la case centrale.

“flamBIos !... ah... euh... ça compte quand même ?"

L'adolescent haussa les épaules, un sourire un peu gêné accroché aux lèvres. Rome ne s'était pas bâtie en un jour...

L'entrain d'Ernest à l'idée d'apprendre un nouveau sort était plaisant à voir, comme l'indique le petit sourire qui s'était formé sur le visage de l'enseignante. D'ailleurs celle-ci sembla valider la proposition que j'avais faite au petit Serpentard en lui laissant le rond pour cette partie improvisée de morpion.

C'est avec soulagement que je vois ma croix se former dans la bonne case. Si Miss Priddy me laisse enseigner le sort de la marque de feu, c'est qu'elle pense que j'en suis capable. Et rien de plus valorisant que de réussir dans ce cas.
Mais ce ne fut pas le cas du première année. Mince.
- Non, non.. t'inquiètes, y'a pas d'souci., dis-je pour le rassurer. On aurait p'être du commencer autrement. 'fin, j'veux dire, pas avec la grille., poursuivis-je en regardant la grille de jeu et l'ensemble de la pièce.

Essayer un sort jamais vu, c'était déjà un défi, mais rajouter en plus la grille de morpion, ça faisait peut-être trop de pression pour le garçon.
Avisant un bout de mur libre, sans étagère ou autre meuble, je propose :
- On va procéder par étape. D'abord le sort. Ta prononciation me semble correcte... mais p'être qu'il faut qu'tu concentres plus sur ta baguette avant d'le lancer., dis-je tout en regardant la réaction de l'enseignante. Essaye de tracer ton cercle en direction de ce mur., proposais-je en indiquant le coin de mur libre. T'inquiète pas pour la grille, elle va pas disparaitre tout de suite. Le sort dure une heure.

- Allez Ernest, j'suis sûre qu'tu vas y arriver !, dis-je pour motiver le petit Serpentard.

Erin, elle avait l’air de bien maîtriser son sortilège. Ernest l’avait observé les yeux ronds. Regarder les autres faire de la magie, c’était presque aussi fascinant que de pratiquer soi-même. Si on partait d’un principe qu’aucun lancer n’était jamais le même, que toutes les émotions aussi semblables puissent-t-elle paraître étaient différentes et propre à chacun, chaque sort formulé élargissait alors un peu plus le spectre du possible, dessinait les contours de la magie un tout petit peu plus précisément. Et les contours, ça rassurait Ernest. Savoir où les choses commençaient et où elles prenaient fin. Après avoir râté, il tourna son regard navré vers la rouquine. À ce rythme-là, ils n’étaient pas prêts de la finir la partie. Mais la bienveillance de la Serdaigle l’empêcha de se décourager. Et puis râter ça faisait aussi partie de l’apprentissage.

Il écouta la plus grande de ses deux oreilles. Les conseils, il les collectait comme des p’tits cailloux sur le chemin. Au bout d’un moment, il en avait un sac plein. Assez de réponses pour reconstituer le puzzle. Ernest se frotta l’arrière de la tête légèrement gêné, ses joues toujours empourpré d’une légère teinte rosée. Il se racla la gorge sans oser regarder ni la jeune fille, ni l’adulte et répondi à mi-voix.

“C’est… ‘fin… qu’j’ai du mal quand… on m’regarde…”

L’aveu était d’une transparence et d’une honnêteté implacable. Ernest avait conscience de ses points faibles, sans pour autant arriver à les dépasser. Pas encore. Mais l’idée d’Erin n’était pas mauvaise. Et même plutôt bonne. Sans s’en rendre compte, elle résolvait une partie de son problème. L’adolescent acquiça à l’encouragement de la rouquine avant de se tourner vers le mur. Les regards, il savait qu’ils étaient là. Mais de cette manière, c’était plus facile de les oublier. Il ferma les yeux l’espace d’un instant pour se reconcentrer sur la visualisation. Sur la flamme qui émerge, le cercle qui se dessine.

Il se concentra sur sa respiration et sur son souffle. Comme si c’était lui qui allait s’embraser et composer l’anneau désiré si ardemment. Son précieux... Il répéta les cinq étapes consciencieusement et lança son sortilège.

Petit à petit, les flammes prenaient vie sous son regard ébahi. L'excitation était telle que le gamin en oublia de refermer son cercle. Il se tourna vers la jeune fille et la professeur, les yeux pétillants d'enthousiasme et un sourire qui fendait son visage d'une oreille à l'autre.

"Vous avez vu ?! Vous avez vu ?!

Conscient de son emportement, il baissa les yeux au sol et rougit violemment mais le sourire ne quittait pas ses lèvres.

" 'Fin... je... ça a marché, quoi..."

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Je me suis permise de continuer...

L'enseignante écoutait avec attention les conseils prodigués par la jeune Serdaigle. Ses paroles étaient justes même si Sarah soupçonnait que le problème du petit brun n'était pas forcément lié à la connexion avec son catalyseur. Il confirma d'ailleurs l'idee de la galloise un instant plus tard. L'adulte ne dit rien cependant, laissant les enfants apprendre l'un de l'autre. Elle ne put retenir un grand sourire devant l'évident bonheur du gamin. La magie avait des effets secondaires puissant, le petit Stevens en était l'illustration même. L'enseignante posa une main bienveillante sur l'épaule du garçon qui semblait soudain regretter son éclat de joie.

" Vous pouvez être fier. Ne vous souciez pas du regard des autres, il y aura toujours des gens pour vous juger en bien ou en mal. Gardez le poignet bien souple et n'oubliez pas, il faut savoir précisément ce que vous allez dessiner avant de vous lancer. Enfin... de lancer votre sort surtout. "

Elle retira sa main de l'épaule du garçon avant de reprendre la parole, le regard tourné vers la pendule de la salle de classe.

" Je vous laisse encore dix minutes. Ensuite, il me faudra fermer la salle. Amusez vous bien, je vous fait confiance, pas de bêtise. "

Sur ce, elle fit demi tour pour retourner dans son bureau. Elle devait terminer sa prise de notes et ramener le livre à la bibliothèque avant la fermeture de midi. Ah oui... et remplir la demande de sortie pour Elina.