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30 mai 2023, 23:38
 Recueil d'OS  La cabine du Ténor et ses perruches
PRÉLUDE : DÉCOUVERTE DU LIEU
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Le 04 janvier 2048, dans la chambre adjacente à la Salle de Répétition












𝄞 ♪♭𝅗𝅥
Le Maestro déposa sa valise au pied du lit puis la cage des oiseaux sur la table de nuit. Un elfe de maison était sans aucun doute récemment passé dans la petite pièce : la fenêtre accueillait le vent hivernal pour aérer cette petite chambre - il y faisait curieusement toujours chaud -, les draps déjà faits sentaient le savon et il n'y avait aucune trace de poussière sur la surface du sol ou sur les trois meubles. Bien que l'endroit semblait bien sommaire en comparaison aux autres salles du château et surtout aux dortoirs qu'il avait connu plus jeune, la vue lui plaisait déjà beaucoup : elle serait riche et verdoyante dès les premiers jours de printemps. Les mains jointes derrière son dos, la posture droite, Piccolo observait l'horizon à travers ce paysage familier qui laissait présager de bons jours. Ce n'était pas rien de retourner à Poudlard après tant d'années, d'autant plus que le sorcier réalisait à présent qu'il marchait dans le sillage du chef de chœur qui avait exercé durant sa scolarité. L'avait-il vu venir, lorsqu'il chantait parmi ses disciples ? Aurait-il été fier de lui ?

Dans la cage à oiseau, le petit Romeo agitait son plumage, comprenant peut-être que ce long voyage depuis Londres prenait définitivement fin. La contemplation gênée par le raffut qu'il produisait, le Maestro se décida à fermer la fenêtre glacée avec précaution et tester la poignée de porte de la cabine pour s'assurer que l'endroit était bien clos avant de tirer la petite trappe. Romeo s'envola sans hésitation, poussant presque la main du sorcier dans son empressement, et laissa Juliet approcher la sortie derrière lui d'un air plus dédaigneux.

« On sera très bien ici », assura-t-il, plus pour lui-même si l'on relevait le doute dans sa voix.

Il laissa le couple d'inséparables se familiariser au lieu en cherchant la petite bête dans tous les recoins, un peu à son image. Peut-être que les précédents vacataires lui avaient laissé quelques trésors à découvrir entre deux lattes de plancher ? Dans la petite salle d'eau attenante, le Maestro avait été déçu de ne pas y trouver de baignoire, lui qui adorait se prélasser pour stimuler son inspiration : les sels de bain qu'il avait apporté ne serviraient pas. Aussi, le miroir n'était vraiment pas assez grand à son goût, il essayerait de s'en procurer un autre. Retournant dans la petite chambre, le sorcier tourna vers lui sa valise déposée sur son lit pour y déclipser les attaches.

S'il n'avait pas laissé sa mère lui préparer ses affaires, l'organisation n'en restait pas moins millimétrée. Il sortit d'abord ses trois robes de sorcier qu'il laissa pendre dans l'armoire à côté de sa cape d'hiver. Diverses capes prirent place à côté des robes avant que le Maestro ne commence à tirer de son bagage une sacrée collection de chaussures : à boucles, pointues, talonnées, brodées de fils d'or... Nul doute qu'il ne comptait pas s'aventurer trop loin dans le domaine humide de Poudlard. Au-dessus de l'armoire, il plaça deux chapeaux pointus presque identiques. Romeo en profita pour se percher sur l'un deux, toujours dissipé.

« Il faut prendre ses aises, tu as bien raison mon chéri », s'autorisa à sourire le Maestro.

Juliet se contentait de réaliser des allers-retours sur le lit, observant avec curiosité les objets qui lui étaient familiers apparaître hors du bagage. Il n'aurait jamais pu laisser ses oiseaux derrière lui. Bien qu'il n'avait jamais demandé à être propriétaire d'un couple d'inséparables, il fallait avouer qu'au fil des années ils étaient devenus ses compagnons les plus fidèles, bien plus charmants que les sorciers. Il pouvait profiter de leur présence rassurante sans avoir à tenir une conversation, par exemple.

Les bras remplis de divers flacons de parfums de couleurs et de formes différentes, le Maestro sembla se demander où est-ce qu'il allait bien pouvoir loger le reste de sa valise. Disparaissant dans la petite salle d'eau qui ne laissa entendre que quelques sons de protestation, il revint avec un air renfrogné.

« Un sorcier comme moi ! Relégué dans la plus petite des loges ! »

D'un geste de dédain, se demandant sûrement par quels stratagèmes il allait pouvoir faire agrandir cet espace, le Maestro retourna à sa valise pour y sortir des statuettes et des bougies qui donnèrent un air antique à la chambre. Inviter le professeur Montmort pour lui servir l'un de ses discours larmoyants figurait en tête de liste lorsqu'il tira de sa valise une boite ouvragée incrustée de minuscules pierres précieuses : une boîte à secrets. Elle datait de la Belle Epoque, et si l'on en croyait la façon avec laquelle les prunelles du sorcier avaient brillé devant son apparition, elle contenait des choses tout aussi précieuses. Il la plaça avec précaution tout en bas de l'armoire, derrière ses multiples paires de chaussures, puis plaça un doigt sur sa bouche en observant Juliet qui s'était posée sur son épaule. Aussi raffinée que lui, il était important que l'oiselle soit la seule gardienne de son emplacement.

Le Maestro ferma l'armoire à clef, déposant cette dernière dans le tiroir de sa table de nuit qu'il verrouilla magiquement. Les mains sur les hanches, une perruche toujours logée sur son épaule, il observa les lieux comme s'il effectuait un bilan. Il manquait des draperies à la fenêtre, un joli tapis au sol, un lutrin et une plus grande cage pour accueillir ses charmants compagnons de cellule... Mais il se sentait curieusement très bien, à présent. Les ajouts ne tarderaient pas, évidemment, et Piccolo gardait toujours dans un coin de sa tête ses ruses pour transformer la douche en baignoire et pousser les murs jusqu'à trouver un espace assez grand pour contenir tout son talent.

Quelque chose manquait à l'appel, cela dit, et ce constat lui fit perdre son sourire satisfait. Le sorcier remit Juliet dans la petite cage et sifflota pour rappeler Romeo. Une fois la trappe refermée sur eux, il sortit de la cabine pour revenir avec une sorte d'étui à guitare entre les mains, celui qu'il avait laissé dans le couloir : le luth maudit, comme il aimait le surnommer. C'était probablement la dernière pièce à installer et il savait déjà quelle place il allait occuper, pourtant, Piccolo s'assit au bord de son lit pour s'en équiper. Ses deux premiers choristes, Romeo et Juliet, piaillèrent comme si elles souhaitaient encourager le sorcier dans sa décision. Le sorcier commença à pincer les cordes de l'instrument. C'était une belle façon d'investir les lieux, après tout... Une sorte de rite de passage pour tous les musiciens et chanteurs qui avaient occupé la fonction de chef de chœur à Poudlard. Cet espace avait dû être un sanctuaire pour beaucoup, comme il l'était à présent pour lui-même. Connecté à ses prédécesseurs par la mélodie du luth, enveloppé dans cette atmosphère qui faisait résonner le passé, le manque d'espace ne le préoccupait plus réellement.

Maestro Piccolo inRP
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Avatar : picmitsuba

08 juin 2023, 01:00
 Recueil d'OS  La cabine du Ténor et ses perruches
LA BERCEUSE DE TRIPPLEHORN
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Dans la nuit du 04 au 05 janvier 2048














𝄞 ♪♭𝅗𝅥
Le luth allongé négligemment sur le lit et les perruches blotties l'une contre l'autre dans leur cage, le Maestro restait le grand absent de cette chambre dans laquelle il logeait à présent officiellement. Le sorcier avait apparemment décidé de prendre congé de ce moment suspendu qui avait lié, le temps d'un morceau, ses propres souvenirs à ceux dont regorgeait ce lieu ancestral. La cabine en avait vu passer, des chefs de chœur... Des plus excentriques aux plus sensibles ou des plus mystérieux aux plus caractériels, Piccolo se trouvait quelque part au milieu de ce spectre. Nul doute que les choses étaient devenues plus concrètes dans sa tête, comme s'il venait réellement de comprendre ce que signifiait d'avoir pour mission la direction du chœur du château. Enveloppé dans une large robe de chambre en soie qui collait contre sa peau encore mouillée, il réapparut derrière la porte de la salle d'eau, en train de se frotter les cheveux avec une serviette chaude. Le visage toujours quelque peu désorienté et grave, son corps émacié se reposa contre le chambranle de la porte comme pour photographier l'endroit - ou bien finissait-il seulement d'établir la liste mentale de tous les éléments manquant à son décor rêvé.

L'air indécis, Piccolo s'approcha de son luth "maudit", s'agenouillant près de lui, sa frange quelque peu emmêlée. Au fil des années, sa relation avec cet instrument n'avait cessé de fluctuer. Si ces derniers temps les choses s'étaient bien passées, qu'en serait-il de tous ces lendemains imprévisibles... Caressant les cordes, pensif, le sorcier appréhendait son introduction à tous les résidents du château et nul doute qu'il ne trouverait pas le sommeil avant un bon moment pour cette raison. A l'extérieur, le vent d'hiver frappait contre la vitre. Piccolo délaissa une nouvelle fois le luth pour se relever et observer le paysage nocturne. Le spectacle saisissant des flocons de neige se mêlant aux étoiles les plus étincelantes du ciel lui tira un sourire ébahi. Cette nuit sans lune semblait l'appeler, l'obscurité avait toujours été reposante pour cet homme qui avait appris à fuir les projecteurs.

Piccolo tendit le bras pour attraper distraitement le luth, ne quittant pas le spectacle des yeux. Il poussa ses bougies pour s'installer à leur place sur le rebord de la fenêtre, grimpant difficilement avec sa grande robe de chambre. Calé de côté, il entrouvrit la fenêtre pour écouter une dernière fois le silence de cette vue où l'on pouvait imaginer facilement des formes mystiques ; un public imaginaire. Se ferait-il connaitre en avance à de rares paires d'oreilles restées dans le château durant les fêtes de fin d'années ? Le vent serait son assistant, chargé de porter sa berceuse à ceux qui pouvaient l'accueillir. Ses doigts se positionnèrent avec méticulosité sur les vieilles cordes. Piccolo ferma les yeux un instant comme pour choisir ses mots avec précautions.

« Comme un rayon de soleil dans une nuit si spéciale,
Une voix s'élève dans l'atmosphère glaciale... »
entonna-t-il avant de gratter les cordes dans un charmant arpège.

Sa voix galante résonna de nouveau, du même air :

« Berçant vos songes, vous enveloppant tendrement,
Le grand Maestro dirige le souffle du vent... »


Une nouvelle fois, le son du luth reprit la main dans une douce mélodie qui semblait venir d'un siècle reculé. Il ouvrit un œil pour observer les oiseaux qui l'observaient en retour d'un air curieux.

« L'oiseau bleu a renversé ses potions de sommeil...
Complice de sa belle oiselle rouge vermeil. »


Un incident que l'on pouvait facilement imaginer être tiré d'un fait réel étant donné le caractère des inséparables. Les deux perruches semblaient d'ailleurs être devenues silencieusement davantage attentives, comme si elles avaient compris qu'elles étaient impliquées dans cette berceuse.

« Alors, laissez-vous emporter par la mélodie,
Dans les bras de Morphée, en toute sérénité. »


Les doigts engourdis, le Maestro finit sa phrase musicale en laissant la dernière note se suspendre. Depuis son perchoir, son regard se perdit dans l'obscurité du domaine. Au milieu de ce paysage, il imaginait sûrement son public constitué d'arbres et d'animaux nocturnes applaudir. Il ne chantait plus aussi souvent qu'avant. Il y avait de rares moments comme celui-ci où son cœur brûlait de s'exprimer, mais c'était toujours quand personne ne l'écoutait et, bien que Piccolo n'avait pas utilisé sa voix de ténor, il pouvait tout de même sentir les faiblesses de son organe. Le reflet des étoiles sur l'eau, au loin, le perdait complètement, mais un courant d'air glacial eut raison de cette contemplation. Refermant peignoir et fenêtre, il retrouva l'impression de cloisonnement qui l'avait saisi en arrivant ici. Piccolo déposa le vieil instrument contre l'armoire et s'affala sur son lit, soupirant. C'était sûrement une question d'habitude : son esprit serait complètement obnubilé par son travail, ces prochaines semaines et il n'y penserait sûrement plus.

Ses doigts testèrent la texture du drap au-dessous de lui ; du coton. C'était acceptable, bien qu'il ne pouvait s'empêcher de penser inexorablement à ses draps de satin, à Londres. Les goûts de plus en plus luxueux du Maestro avaient de quoi interpeler, lui qui ne cessait de répéter fièrement qu'il venait d'un milieu modeste. Peut-être bien qu'il ne se rendait même pas compte qu'il avait changé de façon irrémédiable et que le fait d'habiter dans un cadre aussi exceptionnel le rappelait à ses pires travers.

« Le grand Maestro dirige le souffle du vent... » chantonna-t-il doucement en se redressant.

Habillé d'un soyeux pyjama d'un riche pourpre, Piccolo s'assura une dernière fois que tous les accès à sa chambre étaient barrés avant de tester entièrement le confort du lit. Ainsi callé dans ses draps, ses perruches trônant à ses côtés, il se demanda un instant s'il n'était pas revenu dans son dortoir de garçonnet de Serpentard. Les yeux à moitié endormis, trouvant enfin le courage d'entamer cette première nuit, le Maestro dirigea le souffle du vent sur la bougie qui le plongea dans cette obscurité qu'il appréciait tant.

Maestro Piccolo inRP
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30 sept. 2023, 18:26
 Recueil d'OS  La cabine du Ténor et ses perruches
LE PLAN D'URGENCE
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Dans la nuit du 06 au 07 mars 2048
Après une chasse aux sorcières mouvementée












𝄞 ♪♭𝅗𝅥
Lorsque l'on pénétrait dans la petite cabine du Maestro Piccolo, ôter ses chaussures devait être la première chose à laquelle il fallait penser. Il s'agissait davantage d'une démonstration de politesse pour respecter son étiquette que par souci de la propreté puisqu'il pouvait nettoyer de potentielles tâches en deux ou trois coups de baguette magique - bien qu'il préférait plutôt laisser les elfes de maison s'en charger. Si ce premier geste d'entrée était naturel pour lui, aujourd'hui il n'en était rien puisque le sorcier restait au sol à inspecter chacune de ses chaussures à boucle minutieusement : elles avaient effectivement subi des dégâts après son passage dans la gadoue, usées en pleine tempête à l'extérieur. Il ne s'était pas souvenu de Poudlard aussi humide mais il fallait dire que, depuis la période de sa scolarité en ces lieux, le paysage avait changé lorsqu'il était devenu une île - et fort peu ensoleillée de part sa nature écossaise.

Seul le bruit d'un éclat, suivi de près par les piaillements de ses perruches, put le tirer de ses sombres pensées. D'autres créatures avaient besoin de lui à présent, et il ne s'agissait pas d'ingrates petites filles comme celles qu'il avait malheureusement ramenées au château durant sa ronde... Les petits oiseaux Romeo et Juliet s'étaient recroquevillés l'un contre l'autre au fond de leur cage, tremblotants. Tripplehorn abandonna les deux chaussures qui n'étaient définitivement plus les mêmes à ses yeux - bien qu'elles ne présentaient rien de très alarmant à première vue - pour se délester de son capuchon ainsi que de son chapeau pointu, rangeant le tout dans son armoire. Il tira la carte de l'école - il avait bien fait de pas l'oublier en début de soirée - de son ceinturon pour la déposer sur son lutrin avant de s'assurer que tous les accès demeuraient barrés.

« Mes beaux oiseaux... », susurra-t-il en ouvrant la trappe de la cage.

Les pauvres n'étaient pas habitués à un tel vacarme au-dehors, étant au moins aussi raffinés que le sorcier en terme de bruit. Romeo, toujours plus téméraire, vint le premier à la rencontre de sa main. Comme une berceuse à ses auditeurs privilégiés, le Maestro chantonna :

« Ange adorable, ange immortel,
Viens éclairer ma nuit cruelle,
Viens sourire à mes doux aveux,
Ah ! Lève-toi, soleil radieux !
1 »


Un reste de l'opéra, sans l'aspect lyrique, qui ne serait hélas insuffisant pour les calmer mais c'était déjà un début. Un peu comme pour lui et sa précieuse santé, il fallait réaliser entièrement le plan d'urgence pour espérer retrouver une certaine quiétude en pleine tempête. Première chose à faire : se détourner des sons désagréables en se concentrant sur un autre son. Le sorcier anima le gramophone de la cabine, faisant tourner un disque qui s'y trouvait déjà. Une mélodie d'autrefois plongea la petite pièce dans une ambiance déjà plus confortable pour ses occupants. L'ombre de Tripplehorn s'affairait pour allumer les lanternes et préparer ses habits de nuit, tandis que les inséparables s'amusaient déjà à grimper sur le disque pour tourner en même temps que lui, le faisant quelque peu dérailler.

« Par pitié ne faites pas de bêtises ce soir, je n'y survivrai pas », leur conseilla-t-il avant de disparaitre dans la salle d'eau.

Le Maestro ne s'était jamais réconcilié avec cette pièce trop sommaire à son goût. On pouvait pourtant observer ses tentatives de décoration : le miroir ouvragé avait des airs d'antiquité et quelques pousses de lierre magnifiait la cabine de douche. Il n'avait pas encore pris son courage à deux mains pour demander la métamorphose de cette dernière en baignoire, mais cela devenait urgent, surtout s'il commençait à faire face à des situations comme celle qu'il venait de vivre avec sa jeune collègue Mia. C'était justement le moment de se débarrasser de cette expérience en la transformant en un simple mauvais souvenir. L'odeur exquise de son savon le transporta un instant au-delà de la mer Méditerranée, là où il semblait faire toujours beau. Bain ou non, le plan d'urgence commençait à fonctionner. Il était à des kilomètres d'ici, sans petites sorcières aux sourires sardoniques, sans pluies torrentielles... Peut-être même se trouvait-il sur les planches d'un théâtre ou d'un opéra à interpréter une œuvre énigmatiquement bonne parmi toutes celles du moldu Bizet. Voilà, c'était là qu'il se trouvait, dans cette Espagne imaginaire, sous les applaudissements d'un public qui en redemandait. GRRRROOOOUM. L'horrible craquement du ciel avait fait sursauter toute la cabine. Les nouveaux piaillements de Romeo et Juliet lui indiquaient qu'il s'agissait déjà de la fin de son voyage mental.

« Ce n'est rien, ce n'est rien », mentit-il à travers la pièce, sortant précipitamment de la douche pour se sécher.

Lorsqu'il réapparut dans son long peignoir en soie, les perruches se perchèrent sur ses cheveux encore humide.

« Cet orage va bien finir par s'éloigner... »

Le sorcier leva sa main et les oiseaux obéirent en s'y posant. Il les plaça délicatement dans leur cage, refermant la trappe avec un soupir. Après trois mois passés dans les bottes du chef de chœur de Poudlard, il lui semblait avoir retrouvé une certaine stabilité, celle que les adultes de son âge étaient censés rechercher à tout prix. Même s'il s'agissait d'une illusion, il était certain que les choses allaient mieux et prenaient un chemin favorable à sa reconstruction. Il y avait hélas parfois des événements comme ceux de cette soirée qui remettaient tout en doute en un claquement de doigts mais, heureusement, il suffisait de réaliser toutes les étapes d'un plan d'urgence bien ficelé pour retrouver sa sérénité. Les perruches de nouveau en cage, le Maestro pouvait maintenant allumer quelques bougies parfumées. De retour devant son miroir, la musique lui parvenant sans difficulté, il pouvait s'atteler à un autre rituel : celui des lotions et des crèmes.

« Laa~a-a-a~aaa », pouvaient entendre Romeo et Juliet, habitués aux vocalises du sorcier.

Finalement, l'orage n'aurait jamais pu le faire taire. On ne se rendait compte de sa force que dans ces moments de défis, après tout, et Placido Tripplehorn avait la sienne : les charmants choristes de Poudlard et tout ce qui gravitait autour d'eux. Avec une telle mission sur les épaules, on ne pouvait s'autoriser à laisser de sombres pensées gâcher la fête. Mais tout de même... Tout de même... Cette petite sorcière lui donnait quarante ans...

1 Ah ! Lève toi, Soleil ! — Roméo et Juliette (C. Gounod)

Maestro Piccolo inRP
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