Encore essoufflée par le trajet depuis les serres de botanique réalisé en à peine quelques minutes, j’arrive devant la salle au moment où mon nom est appelé. Juste à temps… C’est enfin la dernière épreuve de toute cette semaine et demi de BUSES, mais il n’y a que l’enchaînement des examens qui me permet de diminuer un peu la pression que je ressens. Néanmoins, je sais que ce n’est pas le moment de se relâcher…

« Bonjour, » salué-je l’examinateur, quelque peu impressionnée par son grand âge apparent, après avoir repris le contrôle de mon souffle. Un rideau, trois tâches derrière, j’ai compris et je hoche donc la tête pour le signaler.

Et voilà donc que déjà, l’épreuve commence. Je peux donc voir des jouets, et un petit garçon qui pleure au milieu. « Bah… » lâché-je, interloquée, avant qu’il ne me voie et que je ne comprenne mieux la raison de ses pleurs. Ainsi, il a froid aux pieds.

« Je vais t’aider. »

Mon regard fait un tour de la pièce, mais pas de chaussons ou de chaussettes en vue - je pourrai lui prêter les miennes, mais je doute que ce soit ce qui est attendu ici. La logique voudrait que je les métamorphose, vu que c’est le sujet de l’examen, et un sortilège me vient rapidement à l’esprit. Mais il me faut un lapin pour ça…

« T’as pas vu un lapin ? » demandé-je à l’enfant avant de secouer la tête devant l’absurdité de ma question. « Non, désolée. » Je le verrais certainement si un animal était présent, donc ça doit être autre chose, à moins que…

Il y a des jouets partout, et je sais aussi transformer des objets en lapins. Le bélier anglais est même une de mes spécialités depuis l’année dernière… C’est juste une double métamorphose, et je me sens un peu bête de ne pas y avoir pensé directement.

« Je vais te faire des pantoufles comme ça t’auras plus froid aux pieds, mais est-ce que je peux juste te prendre ce jouet avant ? Je vais en avoir besoin, » demandé-je au petit garçon en saisissant le premier objet que je trouve, et en changeant si jamais il préfère que j’en prenne un autre.

Bon, maintenant que j’ai une bonne idée de quoi faire sur cette première tâche, je me retrouve bien concentrée. Ma baguette à la main, je fais attention à visualiser le jouet devenir un lapin, et plus particulièrement un bélier anglais comme je connais mieux les détails de cette espèce.

« Lapifors, » énoncé-je alors que je pose la pointe de ma baguette sur ma cible.

Je me souviens bien que l’émotion associée à ce sort est de la joie, et je me concentre pour la ressentir - je suis contente rien que d’imaginer que ça va faire plaisir à l’enfant d’avoir des pieds bien au chaud dans des pantoufles confortables, et à ça s’additionne le fait d’avoir trouvé quoi faire pour cette partie.

Voilà un beau bélier anglais, je ne crois pas qu’il y en a beaucoup que j’ai mieux réussis que celui-ci. Satisfaite, je fais un petit sourire à l’enfant.

« Tu vas voir, tu vas pouvoir avoir chaud aux pieds. »

Deuxième étape, maintenant. Certaine du sort que je dois lancer, je me concentre et visualise le lapin - heureusement immobile, c’est plus pratique - changer de forme pour devenir deux pantoufles bien chaudes et confortables. Quant à leur apparence plus spécifique… Des rayures et un petit bandeau ‘bonne nuit’ sur le dessus, ce sera mignon.

« Pantouflin, » je reprends en traçant un huit couché suivi d’un rapide trait vers le bas avec la pointe de ma baguette.

J’essaie ensuite de trouver comme émotion le bien être d’être comme dans un cocon confortable et rassurant. Encore une fois, malgré la pression des examens - qui a aussi été bien diminuée par la mise en situation - l’effet attendu du sortilège m’aide bien pour ça.

Contente de voir à la fois des pantoufles qui me semblent bien réussies, et le petit garçon qui m’a l’air ravi de pouvoir les mettre, je retiens tout juste à temps un petit soupir lorsque j’entends quelqu’un écrire sur du parchemin. J’ai l’impression que cette première partie s’est bien passée, mais est-ce que c’est vraiment le cas ? Je l’espère…

Voilà ensuite que le rideau s’ouvre sur… Un mur de glace. Perplexe, j’ai un instant d’hésitation.

Et ?

Ah oui ! L’idée de quel sort utiliser me revient d’un coup, et je me sens même plutôt bête de ne pas y avoir pensé directement. Évidemment, j’ai songé à pleins d’autres sortilèges que je connais, mais qui n’ont pas nécessairement leur place dans un examen de métamorphose ; lui, si.

Prenant quelques secondes pour me concentrer après ce temps d’arrêt, je visualise ensuite les atomes du mur de glace chauffer jusqu’à arriver à cent degrés et se retrouver séparés, formant ainsi de la vapeur.

« Vaporem Fieri, » dis-je en pointant ma baguette vers ma cible, tout en me concentrant sur le sentiment de liberté que pourrait procurer le fait d’être à l’état gazeux.

Soulagée de voir le mur de glace disparaître - une deuxième partie normalement plutôt bien réussie, si je n’ai rien manqué - j’avance ensuite pour voir ce qui se tient derrière. Et je reste quelques instants plantée devant les quatre coupoles. Qu’est-ce que c’est que ce truc ? Est-ce qu’il faut qu’elles aient toutes le même contenu ? Mais lequel choisir, alors ? Peut-être la terre, comme il y en a déjà deux ? Et pourquoi est-ce que les coupoles sont de couleurs différentes ?

Hésitante avec ma baguette à la main, mon cerveau fait soudain le lien entre les éléments et les couleurs des coupoles, et je me sens bête de ne pas y avoir pensé immédiatement. Le bleu pour l’eau, le blanc pour l’air, le vert pour la terre, et évidemment le rouge pour le feu, c’est donc ce qu’il faut que je mette dans ce quatrième bol. Ça paraît évident, maintenant que je le sais…

Me reconcentrant ainsi avec quelques battements de cils, je visualise la terre de la troisième coupole se changer en flammes.

« Transforma Terra Ignis ! » dis-je clairement en traçant trois barres avec la pointe de ma baguette : une verticale de bas en haut, une de gauche à droite, puis une de haut en bas.

Je me focalise ensuite sur la chaleur et l’énergie du feu que je veux créer pour ressentir une joie teintée d’impétuosité.