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02 juil. 2023, 19:48
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Le samedi 6 juin,
Juste devant la salle de métamorphose,
Dans l’après-midi
Précédemment



On vient tout juste de se faire mettre à la porte par le professeur de métamorphose. Moi et Bristyle, on s’est fait mettre à la porte d’une salle de classe. Moi je me suis fait virer d’une salle de métamorphose !

Toutes les deux, on a échoué. Ça faisait longtemps que je n’avais pas échoué un sortilège de métamorphose aussi basique. Parce que là, on parle d’un Réparo, d’un simplissime, d’un classique sortilège de réparation.

Je serre ma baguette entre mes doigts, mes dents l’une contre l’autre et mes sourcils au-dessus de mes yeux. Je croise le regard de Bristyle quand on se retrouve dehors. Avec mes yeux, j’essaie de l’inviter à rester parce que j’ai l’irrésistible envie de brandir ma baguette et d’exploser la porte avec un sortilège mal maîtrisé mais bien travaillé avec celle qui se tient juste là.

Je crois qu’elle comprend. C’est sur qu’elle comprend, parce qu’elle reste là, sans bouger. Bientôt on se retrouve seules. Derrière la porte on entend encore un léger brouhaha d’un professeur qui s’affaire à réparer ce qu’on a pas su réparer.

« Mais c’est quoi notre problème ? »

Je lui dis, les yeux dans les yeux. Elle lit sûrement le désespoir qui m’envahit. Un échec si près des examens, c’est dur à encaisser.


@Aelle Bristyle
Dernière modification par Adaline Macbeth le 05 juil. 2023, 08:25, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

02 juil. 2023, 23:21
J’aurais pas du ouvrir cette porte
6 juin 2048
Couloirs — Poudlard
7ème année



Un sentiment de flottement s'empare de moi lorsque je me retrouve dans le couloir en compagnie des trois autres. Les deux plus jeunes s'éloignent rapidement. Ne restent que Macbeth et moi. Mais j'ai beau sentir le regard de la Gryffondor sur moi, je ne parviens pas à me concentrer sur ce qu'il signifie. J'ai une boule dans la gorge, une boule de frustration. Et une grande tempête qui se soulève à l'intérieur de ma tête. Je m'efforce de respirer calmement afin de comprendre ce qu'il s'est passé. La salle de Métamorphose, le sortilège simplissime et l'échec. Les échecs. Entiers et irrémédiables. Je sens encore sur moi le regard brûlant de Lynch. Je me fiche comme de ma première cape de décevoir un professeur, je me fiche de cet homme, je me fiche de son jugement... Et pourtant... Pourtant le souvenir de son regard me brûle l'âme.

Je fais un pas, un second, puis je m'arrête, incapable de savoir où je vais. Incapable, surtout, de reprendre le cours de ma marche de révision. Ce n'est pas la lassitude qui me tombe dessus, pas non plus le désespoir. Je sais ce que je vaux et je sais que je reste compétente malgré ce qu'il vient d'arriver. Mais... Mais j'ai échoué alors que cela n'arrive jamais ! Je baisse les yeux sur ma baguette, la tempête toujours coincée à l'intérieur de ma tête ne demandant qu'à s'exprimer, et je me questionne : pourquoi ?

Comme en écho, la question de Macbeth résonne dans le couloir. Je lève les yeux sur elle et son regard me pourfend le coeur. Dans ses billes sombres, je trouve les mêmes déboires que les miens. Je comprends sa déception, sa colère et sa frustration avec ce simple regard. Et tout à coup, le brouillard qui m'entourait disparaît. Ne reste qu'une impression d'injustice puissante qui m'enflamme le sang dans les veines. Il ne nous a même pas laissé plus de temps pour prouver notre valeur ! À cet instant, je ne me souviens plus qu'il ne s'agissait pas même d'un examen et que le professeur s'en fiche bien de notre valeur. Ne reste que la colère qui me fait serrer le poing autour de ma baguette. Je pousse à voix haute et sans me soucier des élèves qui nous entoure un gros juron qui en ferait rougir plus d'un. Mais cela ne calme en rien ma frustration.

Aussitôt, comme si je me souvenais de quelque chose, je ramène mon regard dans celui de la Gryffondor. Mes yeux se vrillent aux siens lorsque je dis d'une voix sourde :

« On a aucun problème, Macbeth ! »

J'aimerais approfondir ma réflexion, sortir tous mes arguments un par un pour lui prouver que j'ai raison, pour effacer le doute que sa voix laisse voir et qui commence doucement à se répandre en moi, mais je n'y parviens pas. Tout simplement parce que je n'ai aucun argument à lui présenter.

Alors je reste là, les poings serrés bien appuyés contre le front à avaler de grandes inspirations pour m'empêcher de faire exploser quelque chose, n'importe quoi, pour prouver à ce foutu monde que je peux lancer des sortilèges.

17 août 2023, 16:25
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Elle aussi, elle suinte le désespoir. Et je n’ai que rarement vu ce genre de sentiments émaner d’elle. Non, en général Bristyle ne laisse rien paraître ou transparaître - excepté la réussite ou la passion. Je ne saurai dire si ces sentiments me frappent si fort parce que je les ressent jusque dans mes os ou si c'est véritablement ce qu'on peut lire sur son visage. Parfois, j'ai du mal à savoir si les émotions que je sens chez les gens sont les leurs ou les miennes.

Je la regarde, elle est en colère. Et il s'avère que moi aussi je suis en colère.

Et bizarrement, voir qu'elle bouillonne autant que moi me mets d'autant plus en colère. Ce professeur là n'a pas le droit de mettre Aelle Bristyle dans un tel état, il n'a pas le droit de faire de cette figure d'admiration une petite chose qui se bouffe les poings de colère. Jamais, jamais je ne le lui dirai, mais c'est à cet instant précis que je réalise à quel point j'admire cette fille. Au moment où je ne peux que constater sa faiblesse, que je me rends compte qu'elle est devenue au fil du temps un vrai modèle pour moi. Cette pensée m'émeut et je sens de l'eau monter à mes yeux. Alors je serre les poings à mon tour et je mords l'intérieur de ma bouche pour faire disparaître ce sentiment là - et me concentrer sur la colère.

« T'as raison. C'est lui, qui a un problème. On a pas eu le temps de lui montrer. »

Ajouté-je sèchement.

Je dis ces mots cru assez bas pour qu'il ne puisse pas les entendre derrière la porte. Je suis en colère contre moi avant toute chose, je suis surtout très déçue, mais je ne veux pas gâcher mes chances aussi bien pour la formation que pour les examens de métamorphose à venir.

Magic Always Has a Price
6ème année

02 sept. 2023, 17:07
J’aurais pas du ouvrir cette porte
À travers l'écran de fumée de ma colère, j'entends la réponse de Macbeth. Je dois faire un véritable effort pour enlever mes poings de contre mon crâne et baisser les bras. Rendre visible mon visage accroisse encore un peu ma colère. Comme si elle se nourrissait de ma présence dans le monde et qu'elle grandissait en rentrant en contact avec celle, évidente, de la Gryffondor. C'est rare que je cherche à contrôler mes sentiments brûlants, comme ça. Habituellement, je les laisse sortir d'une façon ou d'une autre. Je les laisse exploser. Je ne sais pas pourquoi là, je n'explose pas.

J'ai l'impression que c'est une autre qui agit à ma place. Une autre qui braque les yeux sur la porte de la salle de Métamorphose fermée. Une autre qui répond à Macbeth par un hochement sec de la tête. Une autre qui fait quelques pas pour s'adosser au mur, le souffle court. Une autre qui se concentre sur sa respiration pour... Pour quoi ? Mes yeux tombent sur le profil de ma camarade d'infortune. Je me rends soudainement compte que si elle n'avait pas été là, j'aurais depuis longtemps explosé. Je serais partie en vitesse, j'aurais traversé quelques couloirs et je crois que j'aurais, dès que possible, envoyé mon poing dans un mur. Un coup, un choc, une douleur qui remonte jusqu'à l'épaule... Puis je serais rentrée dans ma Salle Commune et la journée aurait repris son cours. Mais là, je suis avec Adaline Macbeth et ma colère est coincée dans mon corps. Je n'arrive pas à l'exprimer car je ne suis pas seule.

La raison voudrait qu'après cette prise de conscience soudaine, je prenne congé de Macbeth. Sauf que quelque chose m'en empêche et que je sais pas très bien quoi. La seule chose que je sais, c'est que je n'ai pas envie de rester ici. Si la porte s'ouvre et que Lynch sort...

Je me détache subitement du mur et passe devant Macbeth. Je poursuis dans le couloir sans m'arrêter.

« Ramène-toi, lui lancé-je sur un ton dur, si on est encore là quand il sort de la classe, je vais avoir encore plus envie de frapper quelque chose. »

Je prends à peine conscience que je viens de lui faire part à voix haute de l'envie qui me bouffe de l'intérieur. Normalement, les gens sont choqués par de telles vérités. Quand on est une personne bien dans sa tête, on a pas envie de frapper dans des trucs, hein ? Quelle connerie. Mais ça fait longtemps que je ne considère plus Macbeth comme une simple élève parmi les autres. Et ça fait aussi longtemps que je ne m'empêche plus de dire ce que je pense devant elle. Que ça la choque ou non, ce n'est pas mon souci.

Je ne sais pas où nous allons, je ne suis même pas sûre d'avoir encore envie de sa présence une fois passé l'angle du couloir vers lequel je me dirige, mais pour le moment je veux juste quitter ce couloir et j'ai envie qu'elle vienne avoir moi — non, ce n'est pas une envie, en fait, c'est juste une question de logique : pour moi, il n'existe aucune version dans laquelle Macbeth ne me suit pas.

05 sept. 2023, 18:54
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Je ne sais pas ce qu'on fait là, derrière cette porte dans laquelle se trouve un professeur que je croyais admirer, ou jusqu'à quand est-ce qu'on va rester là. Sans me demander si c'est raisonnable de chuchoter derrière cette fichue porte, sans penser au risque qu'il puisse sortir en trombe à tout instant, je reste simplement les pieds planté dans le sol et je laisse la colère s'enraciner dans mon coeur.

C'est Aelle Bristyle qui met fin à cette contemplation malsaine du sol et à la tambouillie que je fais dans ma tête avec toutes ses idées noires.

Sans prêter d'attention particulière à la violence de ce qu'elle me dit, sans ressentir ce heurt dans la poitrine qui coupe le souffle le temps d'un instant, sans même sourciller ; je me mets à la suivre docilement. On tourne, on traverse un couloir puis un autre sans dire un mot.

Et puis les choses changent brusquement dans ma tête. Je serre ma baguette un peu plus fort dans ma main et je passe devant Bristyle, toujours sans lui dire un mot, pour prendre la tête de notre petit cortège. Je pense qu'elle me suit quand je tourne au prochain croisement et emprunte un chemin que nous connaissons toutes les deux très bien. Dans ma tête, il n'y a plus qu'une seule idée et qu'une seule image que je garde précieusement. Il ne nous faut que quelques instants de plus pour arriver devant la porte.

Cette porte n'est pas encore visible, alors sans me retourner pour vérifier qu'Aelle Bristyle est derrière moi, je commence le rituel. Je garde en tête l'image précise de la pièce dans laquelle je veux entrer et je passe trois fois devant le mur vierge...

La porte se dessine progressivement et je me plante devant elle pour être prête à la pousse dès qu'elle se sera complètement matérialisée. La salle sur demande ouvre bientôt ses bras pour nous faire entrer dans notre salle d'entraînement. En vérité, c'est la sienne, cette pièce, et je ne me rends pas compte que je suis en train de me l'approprier. En cet instant, c'est simplement la pièce dans laquelle je vais pouvoir laisser couler ma colère à travers ma baguette magique, et je ne doute pas un instant qu'Aelle verra les choses de la même manière.

« Un cours particulier sur Reducto ? »

Demandé-je, avec un sourire dans la voix mais une face toujours déterminée.

Les portes se referment sur nous, progressivement, alors que je scrute chaque recoin de la pièce. La reproduction de le salle d'entraînement du professeur Bristyle est pas mal fidèle - j'ai une bonne mémoire - et j'arrête plus longuement mon regard sur la forêt de mannequin qui attendent dans un coin.

J'ai pris des libertés en supposant qu'Aelle suivrait Ada, si ça ne va pas redis moi !

Magic Always Has a Price
6ème année

08 sept. 2023, 13:00
J’aurais pas du ouvrir cette porte
C'était absolument parfait !

Elle ne se contente pas de me suivre. Elle prend la tête de notre duo colérique, son pas s'allonge. Je la suis rapidement, heureuse de pouvoir donner une direction à ma colère même si aller quelque part sans savoir où je vais ne m'amuse pas particulièrement.

Mes yeux suivent le mouvement des mèches noires de la Gryffondor. Je peux sentir une détermination nouvelle dans sa démarche, à moins que ça ne soit que la volonté de mettre de la distance entre Lynch et nous. De là où je suis, je peux voir quand elle lance sa main en arrière qu'elle tient sa baguette bien serrée entre ses doigts. Cette vision m'inspire de grandes choses, comme une frénésie très déplacée au milieu de la frustration qui brouille mes sens. La vision d'une Adaline Macbeth en proie à la colère me plaît, j'en prends conscience au moment même où je reconnais le chemin qu'elle emprunte dans les couloirs.

Ce chemin, je ne le connais par coeur. C'est celui de la Salle sur Demande. C'est celui de nos entraînements en trio et de mes nombreuses heures de travail en solitaire. Je comprends instantanément ce qu'elle a en tête. Je le sais, tout comme je sais qu'elle brûle de la même frustration de moi. Et cela aussi, ça me plaît. L'idée que cette fille puisse vouloir se défouler de cette manière-là. Mêmes si je reste prudente : sur un malentendu, elle pourrait faire apparaître un salon dans l'optique que nous discutions. Mais je n'ai pas envie de discuter. Si elle fait ça, je ferais exploser son joli mobilier jusqu'à ce qu'elle consente à en faire de même.

La tapisserie de Barnabas le Follet est bientôt visible. Ni Macbeth ni moi ne lui accordons notre attention. C'est le mur en face qui nous intéresse. C'est la porte qui apparaît et la salle qu'elle cache derrière. C'est la porte qui s'ouvre et mes yeux qui découvrent notre nouvel environnement. Oh. Je m'attendais à un paysage que j'aurais aimé voir. Là, j'ai besoin des falaises de Skye, de ses paysages escarpés. Mais évidemment, c'est la Gryffondor qui a décidé du thème. Je ne m'attendais simplement pas à voir apparaître notre salle d'entraînement. Ce que je vais faire n'a rien d'un entraînement. Je ne vais rien apprendre, rien en conclure, je ne ressortirai pas de salle grandie par le savoir, mais épuisée par la magie. Enfin, pourquoi pas. Pourquoi pas, il y a toute une foule de mannequins qui me fait de l'oeil, après tout.

Je m'avance dans la pièce en me tournant vers la fille. Ses mots, son ton, sa détermination me parviennent. Face à ce visage qui montre quelque chose, le mien doit paraître bien pâle : il n'exprime pas ce qu'il se passe à l'intérieur de moi, il est neutre, vide, lisse.

« Pas de cours particuliers, » j'assène brusquement.

Sans bouger de ma place, je lève tout à coup ma baguette en direction des mannequins. Gestuelle, formule, rage. Un fuseau magique s'expulse de mon arme — deux mannequins explosent en même temps, réduits en poussière. Leur disparition soudaine déséquilibre le tas qui s'effondre dans un grand bruit.

« C'est pas un cours, ça. »

Je me déplace de deux pas sur la gauche, le regard vorace tournés vers les mannequins.

« Confringo. »

J'ai passé des heures à perfectionner ce sortilège avec Nyakane. Deux explosions retentissent successivement dans la salle, des morceaux de bois et de métal volent jusqu'à nos pieds. Le bruit, violent, me fait tiquer — aussitôt, une vague de satisfaction se répand dans les veines. Merlin, ce que je peux aimer ça.

11 sept. 2023, 19:55
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Je croise le regard d'Aelle Bristyle mais je suis incapable de le lire. C'est de la colère ou de l'ennui ? Plutôt du dépit ou de la pitié ? Mais je n'ai pas à soutenir longtemps son regard, puisqu'il se tourne en un instant vers les mannequins qui explosent tout aussi rapidement. Cet éclair de colère est brut autant qu'il est brusque, et je me sens frémir de me trouver si proche de la magie éclatante de ma complice souvent professeure.

Ce n'est pas un cour particulier, mais moi j'apprends.

En la voyant balancer des sortilèges avec autant de violence, je suis électrisée. Ma main tremble autour de ma baguette et bientôt, je me retourne pour faire face à la deuxième forêt de mannequin, de l'autre côté de la pièce. Dos à la sorcière dont émane toujours la magie, les formules sifflées et les explosions furieuses, je me sens vivre.

« Reducto ! »

Lancé-je à mon tour. Une lueur s'échappe de ma baguette pour frapper un mannequin qui tombe en morceaux. Je n'ai jamais aussi bien réussi ce sortilège qu'avec la rage au ventre et cette sensation coule dans tous mes membres. La magie irradie jusque dans ma baguette et je lance un deuxième, puis un troisième sortilège.

Je me mets alors à lancer fébrilement mes sortilèges en avançant pas à pas vers la forêt de mannequin qui se réduit à vue d'oeil.

Mes sortilèges fusent, les formules que je prononce sont bientôt des cris furieux, la folie gagne mon cerveau qui ne pense plus qu'à détruite. Je me retrouve dans un état de transe, mais ça n'a rien à voir avec les moments de transe méditative qui se distinguent par un calme et une sérénité lumineuse. Dans cette folie destructice, il n'y a que les filets qui sortent de ma baguette qui sont lumineux.
Dernière modification par Adaline Macbeth le 19 sept. 2023, 18:37, modifié 1 fois.

Magic Always Has a Price
6ème année

15 sept. 2023, 17:08
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Aspirée par la satisfaction frénétique que je ressens, ma colère se réduit jusqu'à devenir une arme destructrice. Ce n'est pas comme ces fois-là où j'ai besoin de me laisser envahir par la rage pour donner de la force à mes sortilèges, ce n'est pas comme lorsque j'ai la colère violente, celle qui étouffe et qui fait trembler. Je suis en colère mais je ne suis pas dépassée. Peut-être parce que je ne suis pas seule. Peut-être parce que la frustration que je ressens n'est pas suffisante pour me faire éclater. Peut-être parce que je préfère contrôler la magie qui sort de moi que de me laisser contrôler par elle. Peut-être, oui.

J'entends les bruits dans mon dos mais je ne me retourne pas. Les explosions, les mannequins qui sont réduits en copeaux. Sa voix se fait plus pressante et plus le rythme augmente, plus mon cœur tourbillonne contre ma cage thoracique. J'exulte de la colère d'Adaline Macbeth et c'est un sourire vorace qui apparaît sur mes lèvres quand je lance un nouveau Reducto qui réduit en poussière fine un mannequin comme si de rien n'était. Ce sont des frissons qui courent sur ma peau quand la magie glisse dans mes veines pour s'exprimer violemment dans le monde. Il y a mes yeux qui voient les effets de mes sortilèges que je lance les uns à la suite des autres, qui s'abreuve des pantins désarticulés qui s'écroulent sous mes Ventus, qui explosent avec une violence qui me tord les entrailles grâce à mes Confringo ; il y a mes oreilles qui captent les bruits du chaos, les bourrasques qui font voler mes cheveux, les morceaux de mannequin qui s'accrochent à mon uniforme. Et il y a Macbeth dont la rage s'accroisse au fur et à mesure qu'elle ordonne à sa magie de détruire.

Arrive un moment où, à bout de souffle mais exultée par ma propre magie, je me retourne pour la regarder. J'ai toujours connu cette Gryffondor très maîtresse d'elle-même. Elle parle calmement et ne s'enflamme que pour les sujets qui la passionnent. Elle ne crie que rarement, elle rit avec retenue, du moins avec moi, elle contrôle son environnement et est plus sérieuse que légère. Mais cette Macbeth que j'ai sous les yeux… Je baisse ma baguette, séduite par la vision de cette fille qui ne contrôle plus rien. Ses coups de baguette comme des claques qu'elle assène au monde. Les formules ne sont pas prononcées, elle sont hurlées, criées avec cette rage qui part du ventre et qui rend la voix rocailleuse. Elle se meut dans la pièce comme si elle n'avait plus conscience de ce qui l'entourait. Et c'est à ça que je dois ressembler quand les grandes émotions m'envahissent. À cet être plein de rage qui pourrait se retourner en un instant pour me désigner comme sa prochaine victime du bout de sa baguette.

Cela devrait me faire peur mais ce n'est pas le cas. J'aime ce que je vois, j'aime les frissons qui courent sur ma peau et j'aime l'idée que Celle-qui-crée puisse devenir Celle-qui-détruit.

J'éprouve soudainement l'envie de l'appeler, de la forcer à se tourner vers moi. J'ai envie de la provoquer pour être la cible de son regard orageux, la victime de ses traits furieux. Je veux que ses cris soient dirigés contre moi, et que ses sortilèges me forcent à me plonger toute entière dans un combat acharné que je pourrais ensuite lui reprocher avec ardeur. J'ai envie que son comportement réveille mes plus noires émotions afin de perdre le contrôle comme elle le fait, pour hurler à m'en déchirer les cordes vocales et pour me sentir puissante.

Les pensées s'entortillent sous mon crâne. Je reste immobile au milieu de la pièce, le souffle court à cause de mes actes de magie. Pour une fois, je m'abreuve d'une rage qui ne m'appartient pas, si bien que j'en oublie de détruire les mannequins qui me narguent en bout de pièce.

Magnifiques.

19 sept. 2023, 18:50
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Ma colère est comme un troubillon. Elle m'emporte moi et toutes les pensées sombres qui sortent de ma tête pour nous mêler les uns aux autres. C'est comme se retrouver dans l'oeil d'un cyclone et voir passer un morceau du toit de sa maison ou son canapé. Je suis dans une tempête si dense que je ne peux que regarder mes pensées passer sous mes yeux et s'échapper par ma baguette pour aller s'écraser contre des mannequins avant de tomber en morceau. Voilà à quoi ressemble la frénésie destructice qui me prend toute entière.

Il n'est plus question de savoir ce qu'on pourrait bien penser de moi si je dis un mot trop haut, de savoir comment mon professeur de métamorphose me jugerait s'il apprenait que j'ai envie qu'il cède sa place à un autre, de savoir ce qu'il se passerait si j'échouais à cette formation.

Tous mes complexes, toutes mes angoisses, toutes mes responsabilités s'évanouissent.

Et je me sens vivante.

Je ne savais pas que ma colère pouvait être si puissante, que je pouvais crier si fort, que je pouvais lancer autant de sortilèges à la suite, que mon poignet était si adroit. C'est probablement parce que je n'ai jamais essayé de tout lâcher. Depuis toujours, je contrôle toutes mes émotions pour les enfermer dans une boîte et les sceller. Mais aujourd'hui, en sentant la colère d'Aelle Bristyle se défouler et irradier dans toute la pièce, les gongs ont sauté. Et la boîte qui renferme toute ma colère est maintenant grande ouverte et elle se déverse dans tout mon corps jusqu'à teinter l'essence même de ma magie. Une magie brutale.

Le recul, je ne l'ai pas. Je suis bien incapable de penser à quoi que ce soit alors que cette adrénaline secoue la moindre parcelle de mon être. Alors je balance mon poignet à droite et à gauche, je prononce la même formule jusqu'à manquer de souffle, je fais briller la pièce avec les jets magiques qui sortent de ma baguette furieuse jusqu'à épuiser la moindre goutte, la moindre lumière.

Et puis je m'effondre.

Je tombe sur mes genoux et mes cheveux, longs, noirs, en bataille, recouvrent mon visage transpirant. Mais je ne pleure pas. Je souris.

Et si Aelle Bristyle s'approche de moi, je lui montrerai un visage souriant et je lui dirai avec un aplomb tout nouveau : « Merci. »

Magic Always Has a Price
6ème année

02 oct. 2023, 10:08
J’aurais pas du ouvrir cette porte
Comme crochetés à elle, mes yeux la suivent lorsque son corps tombe au sol. D'ici, je ne peux pas voir son visage. Je ne sais pas si elle brûle de colère, si elle pleure, si elle sourit, si elle souffre, si elle est fière ou dégoûtée. C'est pour cela que je ne bouge pas encore, que je reste là où je suis pour la regarder de dos. Je préfère lui imaginer toute sorte d'émotions plutôt que d'affronter celles qui passent vraiment sur son visage. Je reste quelques secondes ainsi, à la regarder dans le silence retombé dans la salle, avant de me décider à l'approcher.

Ma baguette pend toujours au bout de mon bras. Mes doigts sont serrés autour du bois. Je n'arrive pas à les relâcher et je n'ai de toute manière pas envie de le faire. Je ne veux pas ranger mon arme, j'ai envie que les frissons qui courent sur ma peau restent là pour toujours. Mon coeur palpite doucement dans mon corps et toujours mon regard est braqué sur le profil de la jeune fille de laquelle je m'approche. Je la contourne lentement, mes yeux découvrent d'abord ses cheveux en bataille, puis ils trouvent un morceau de visage auquel se raccrocher ; et enfin, je vois son regard. Je découvre la même Adaline Macbeth que je connais depuis quelques années, elle n'a pas changé, pourtant je le trouve différente.

Son sourire me parait déplacé. Je crois cependant que je l'apprécie et qu'il trouve un écho en moi, un écho qui n'a pas envie d'apparaître sur mes propres lèvres mais qui se répercute dans les frissons qui font se dresser les poils sur mes bras. Je ne montre pas que j'ai entendu son remerciement. Je ne sais pas trop pourquoi elle me remercie. Pour lui avoir permis de se défouler ? Pour l'avoir emmenée ici ? Je me rappelle après un moment de vide que c'est elle qui a décidé de notre destination, même si ça aurait très bien pu être moi puisque tout à l'heure dans le couloir, nous avions les mêmes envies. Je crois qu'une partie de moi comprend ces remerciements mais qu'une partie plus puissante n'a pas tellement envie de s'y appesantir dessus.

Je garde bouche close, mais ma main se lève d'elle-même. La gauche, puisque la droite est occupée par ma baguette magique. Je lui offre ma main tendue. Je ne songe pas à un seul moment qu'elle pourrait tout à fait refuser de la saisir ; elle pourrait se lever sans mon aide et cela marquerait la fin brutale de ce que nous sommes en train de partager. Je n'y pense pas car cela ne peut pas arriver, je ne l'envisage même pas. Ce que j'ai vu de cette fille aujourd'hui, je suis persuadée d'être la seule au monde à l'avoir déjà vu. Est-ce que cela explique pourquoi je lui tends la main ? Peut-être, en partie. Pas complètement.