Il était sûrement attendu ce hibou. Celui qui viendrait vous annoncer la date de votre second entretien de votre formation pour devenir un Animagus. Le contenu était en revanche un peu plus surprenant. Bien que signé de la main de votre professeur, il était écrit noir sur blanc que ce serait une autre personne qui allait s'entretenir avec vous, une certaine Sybille Luneau. Votre professeur ajoutait toutefois dans la lettre que vous n'aviez pas à vous inquiéter, outre ses qualifications plus que remarques, toutes les informations concernant votre progression lui serait communiqué au préalable. La missive se terminait assez rapidement, insistant sur l'importance d'être à l'heure à votre rendez-vous avant de vous indiquer le lieu : une des salles de classe désaffectée de l'école.

Arrivée un bon quart d'heure avant le début de votre entretien, Sybille n'avait pas trainé en chemin et vous attendait présentement dans la salle qu'on avait mit à votre disposition. La jeune femme d'une petite vingtaine d'années avait relevé ses longs cheveux blonds dans un chignon serré et regardait un petit parchemin. Bien qu'occupée à relire ses notes, la jeune femme restait alerte et ne manquant pas de vous voir arriver. «  Mister Eaven ?  » demanda la femme en posant ses yeux bleus-gris sur vous. Si un petit accent français était décelable dans sa voix, son anglais était impeccable pour autant. Elle attendit une confirmation de votre part avant de reprendre la parole. «  Je suis Sybille Luneau. Vos professeurs vous ont prévus que je me chargerais de ce second entretien, n'est-ce pas ?  » La française marqua une seconde pause, pour vous laisser une nouvelle fois répondre à sa question, bien qu'elle se doutait de la réponse en réalité. «  Comment s'est passé cette première année de formation pour vous ? »

Sybille Luneau ? Si cette identité complète lui était inconnue, le nom - aux sonorités françaises - de Luneau ne l'était pas. Était-elle de la famille de la célèbre Aude Luneau que l'on voyait parfois à Poudlard ? Malgré une réelle curiosité sur le sujet, Bad ne s'interrogea pas plus longuement sur le profil de son examinatrice et se remit à lire le courrier. Son entretien aurait lieu le mercredi suivant à dix heures. Le Serdaigle n'avait pas cours ce jour-là et aurait donc l'esprit complètement libre pour affronter cette épreuve. Car oui, cela en était une. La réussite de sa formation Animagus résidait en partie dans cet entretien et il était hors de question pour Bad d'échouer après tout cet investissement. Il avait passé des heures de recherches et de sueurs l'année précédente ce qui n'avait fait que renforcer encore sa détermination.

Le jour de l'entretien, quelques minutes avant l'heure du rendez-vous, Bad fit mentalement le tour de ses connaissances. Aussi stressé que lors d'un examen, il faisait tourner machinalement sa baguette entre ses doigts au fond de la poche de sa robe de sorcier. Les escaliers magiques du château ne se jouèrent pas de lui et il arriva un peu en avance sur place. La porte de la salle où il était convié était ouverte et Bad osa entrer en frappant deux coups contre le bois pour signaler sa présence. Une femme, plus jeune qu'il ne l'avait imaginée, leva les yeux vers lui. Très jolie avec son regard bleu-gris et ses cheveux blonds attachés, le Serdaigle rougit légèrement. Le petit accent français lui donnait un charme indéniable et confirma, pour Bad, son lien de parenté avec Aude Luneau. Le garçon de cinquième année se ressaisit en se tenant droit. Il était hors de question de faire mauvaise impression.

« Bonjour, Miss Luneau. Oui, c'est bien moi. Bad prit place sur une chaise face à la jeune femme qui semblait l'y inviter du regard. Oui, j'ai bien reçu un message de leur part pour me le dire. J'imagine qu'ils sont occupés ailleurs, lança hypothétiquement le Serdaigle autant pour lui que pour l'examinatrice. Sybille Luneau le questionna ensuite sur sa première année de formation. Bad baissa un instant les yeux avant de les tourner à nouveau vers elle. Il tenta de faire un bilan concis et efficace. Alors, au début, ça n'a pas été très simple de gérer en parallèle la formation Animagus, les cours et mes activités extra-scolaires mais j'ai fini par trouver un rythme qui me convenait. J'ai passé beaucoup de temps les premiers mois à la bibliothèque dans des recherches théoriques puis je me suis mis à travailler la pratique. La partie métamorphose m'est plus facile que celle de soins aux créatures magiques mais j'apprends beaucoup et surtout j'ai pris beaucoup de plaisir sur cette année de formation. C'était exigent mais enrichissant et formateur. Bad fit une pause pour déglutir. Il était toujours un peu stressé. J'ai aussi des amis qui m'ont aidés lorsque c'était plus compliqué. Et les professeurs aussi. Je suis souvent allé leur demander des informations supplémentaires ou des précisions sur les exercices qu'ils m'avaient donné. »

Bad n'avait pas préparé cette question pour l'entretien et ses propos décousus s'en ressentaient. Pourtant, il avait joué la carte de la franchise et espérait que cela paierait.

«  Tout à fait » confirma très sobrement la jeune femme alors que vous mentionnez les occupations vos professeurs. Elle ne fit pas d'autres commentaires à ce sujet, ce n'était pas nécessaire que vous en sachiez davantage après tout, préférant ouvrir l'entretien en vous demandant un petit bilan de l'année écoulée. La française ne vous quittait pas des yeux, analysant aussi bien vos mots, que vos expressions faciales et votre posture. La française attendit que vous ayez terminé de parler pour reprendre la parole. « C'est bien. Vous semblez conscient de vos forces et de ce qui vous fait défaut. Être capable de se voir tel qu'on est est primordial pour devenir un Animagus. » Sybille marqua une courte pause, comme pour donner un peu plus de poids encore à ses propos. « Notez que la suite de la formation sera tout aussi exigeante. En plus de parfaire vos connaissances en métamorphoses et sur les créatures magiques ou non, il va falloir commencer à préparer activement votre esprit et votre corps. Mais si vous êtes ici, c'est que vous êtes motivé pour poursuivre, qu'importe les obstacles et difficultés. Non ? » Sans vous laisser le temps de répondre, la question étant davantage rhétorique, elle enchaînait. « Si vous n'avez rien de plus a ajouter concernant votre bilan de cette année écoulée, nous allons poursuivre et commencer d'abord par confirmer les acquis de votre première année. »

La blonde marqua un petit temps de pause, pour vous laisser l'occasion d'ajouter quelques mots si vous le vouliez avant de reprendre. « Vous êtes supposé maîtriser à la perfection les 3 métamorphoses suivantes si mes informations sont exactes. » Sans même baisser les yeux vers son parchemin pour vérifier, Sybille énuméra : « un lapin nain, un magyar à pointes et enfin, un épervier. C'est cela ? » À nouveau, la jeune femme attendit une confirmation de votre part avant de sortir sa baguette pour invoquer un mouchoir blanc avant de vous donner comme unique indication : « vous êtes libre procéder dans l'ordre que vous voulez. »

Les premiers mots de Sybille Luneau sonnèrent agréablement aux oreilles de Bad qui commença à se détendre. La carte de l'honnêteté et de la franchise avait donc était la bonne mais le Serdaigle resta attentif à la suite des propos de l'examinatrice. Ce n'était que le début et la route serait encore longue avant de pouvoir entamer - ou non - sa deuxième année de formation Animagus. Ce fut à ce propos que Miss Luneau le mis en garde ensuite. Elle lui rappela l'implication et la difficulté de ce qui l'attendait. Bad hocha la tête tandis que ses pensées répondaient mentalement à la femme.

Je ne lâcherai rien. Mes motivations à devenir Animagus sont toujours présentes et je ferai tout pour réussir. Repousser ses limites, c'est le seul moyen de grandir, de devenir plus fort. Vous ne pensez pas ? Ce n'était pas l'entretien de Sybille Luneau mais Bad aurait souhaité connaître l'avis de cette femme qu'il respectait davantage de minute en minute. Un avis d'adolescent tranché mais n'était-ce pas là le comble de la jeunesse ?

Pour l'heure, l'examinatrice annonça la deuxième partie de l'examen portant sur les acquis de première année.

« C'est bon pour moi, fit sobrement Bad en attendant de savoir à quelle sauce il allait être mangé. Après l'énoncé des métamorphoses qu'il devait connaître, le Serdaigle confirma d'un geste de tête. Oui, ce sont bien ces trois là. »

Il se souvenait encore les difficultés à maîtriser celle de l'épervier et n'espérait pas tomber sur cette métamorphose. Pourtant Sybille Luneau ne lui demanda pas d'en exécuter une mais bien les trois. Bad sentit une vague de chaleur alors qu'il s'approchait du mouchoir blanc tout en sortant sa baguette de la poche de sa robe de sorcier.

Pour assurer le coup, il allait commencer par le sortilège qu'il maîtrisait le mieux. Pointant sa cible de tissu, Bad s'imagina le mouchoir blanc garder sa couleur mais prendre la forme d'une boule de poils de laquelle sortirait une tête aux longues oreilles, des yeux, un petit museau mais aussi quatre pattes et une petite queue ronde. S'emplissant du sentiment nécessaire, le Serdaigle effectua un mouvement du poignet et dit à haute voix.

« Laponifors ! »

Pouf ! Le mouchoir blanc se métamorphosa en un lapin nain qui effectua quelques sauts en direction de l'opposé de la pièce. Après un regard de validation vers Sybille Luneau, Bad lança un Finite sur le lapin magique qui redevint alors le sobre mouchoir qu'il avait été quelques secondes auparavant. Le Serdaigle passa ensuite à la deuxième métamorphose. Il se remémora le magyar à pointes maintes fois réalisé lors des ses entraînements. Après la visualisation, place à la concentration, l'émotion et la gestuelle alors que Bad déclara d'un ton sec et franc :

« Draconifors ! »

Cette fois, le mouchoir prit l'apparence d'un dragon noir d'une quarantaine de centimètres qui leva la tête et cracha son souffle enflammé dans les airs. Bad était satisfait du résultat mais ses pensées étaient majoritairement occupées par l'ultime métamorphose. Celle qu'il craignait véritablement. En effet, s'il maîtrisait le sortilège Avifors, la difficulté principale avait été de créer un oiseau qui ressemblait parfaitement à un épervier. Avec l'aide d'Eider Dawkins et d'une bonne dose de persévérance, il y était finalement parvenu. Mais serait-il encore aujourd'hui capable du même exploit ?

Bad, qui avait lancé l'Antisort général sur son dragon, se plaça fasse au mouchoir tombé au sol. Dans les moindres détails, il visualisa l'épervier de ses souvenirs. Celui qui, de ses ailes agiles, avait fait le tour du saule où le garçon s'était exercé dans le parc. Faisant attention aux autres étapes du lancer de sortilège, Bad prononça l'incantation de l'ultime métamorphose.

« Avifors ! »

Ce fut alors que le mouchoir devint un magnifique épervier qui s'envola à travers la pièce. Heureux et avec un doux sourire sur le visage, Bad, toujours debout, se tourna vers l'examinatrice en attendant son verdict.

Par quelle métamorphose le garçon allait-il commencer ? Le lapin était sans l'ombre d'un doute la plus facile. Bien sûr il fallait respecter l'espèce donnée et c'était là l'enjeu, mais c'était un animal assez commun finalement. Le dragon était probablement le plus complexe. Il devait respecter la créature d'origine, tout en étant une miniature. Et il devait savoir voler. C'était d'ailleurs la principale difficulté qu'il partageait avec l'épervier. Il y avait tant de détails et de paramètres dont il fallait tenir compte. Les ailes devaient être symétriques, les plumes dans le bon sens et assez fournis au risque d'assister à crash de l'animal.

Sybille continua d'observer le visage du Serdaigle quelques minutes de plus, alors qu'il semblait se concentrer. Ce n'est qu'une fois le sortilège prononcé que les yeux bleus-gris de la femme quittèrent Bad des yeux pour se poser sur la créature qui venait d'apparaître. Elle détailla pendant de longues minutes la métamorphose, cherchant clairement après un petit défaut. N'en trouvant pas sur le lapin, elle fit signe à l'élève de poursuivre. Elle procéda à l'identique pour les deux autres exercices. Cherchant après l'écaille manquante ou un déséquilibre dans le vol qui serait due à une aile imparfaite, mais force était d'admettre que le garçon avait vraiment bien travaillé ses sorts et si elle n'était pas du genre à être impressionnée pour si peu, Sybille reconnaitrait volontiers que c'était là des très bonnes métamorphose lorsqu'elle en parlerait aux professeurs. « Très bien » déclara la jeune femme, esquissant pour la première fois depuis le début de l'entretien un tout petit sourire.

« Ce sera tout pour cette partie. Nous allons à présent parler de ce qui vous attend sur cette seconde année de formation. Vos professeurs vous détailleront un peu plus les contenus au fur et à mesure, mais j'ai tout de même plusieurs informations à vous communiquer. Tout d'abord, sachez que vous aurez toujours un cours particulier en soirée toutes les trois semaines environ avec alternance entre soin aux créatures magiques et métamorphose. Cette année vous allez travailler la métamorphose inter-espèces et étudierez des créatures plus sauvages. Vous n'aurez pas de créatures à vous occuper, mais vous irez probablement observer des créatures sauvages en compagnie de Hagrid ou de votre professeur. Enfin, et c'est sur ça que j'aimerais m'arrêter quelques instants, vous allez avoir de nombreux exercices à pratiquer quotidiennement pour vous initier à la méditation et préparer votre corps et votre esprit. Est-ce que vous avez une routine quotidienne ? En termes de sport, méditation ou d'exercices pour vider votre esprit ? »

Au regard non-expert de Bad, ses trois métamorphoses semblaient réussies et il en était satisfait. Fatigué mais satisfait. Il avait tenté de leur donner de nombreux de détails et de faire preuve du maximum de précision dont il était capable et le résultat était à la hauteur de ses espérances. Le léger sourire qu'afficha Miss Luneau et le commentaire associé détendirent le Serdaigle qui semblait avoir fait mouche.

L'examinatrice passa ensuite au contenu de la deuxième année. C'est bon signe !, se dit Bad en entendant qu'elle se projetait plutôt que de revenir sur un quelconque point précédent. Encore plus détendu, et curieux comme un Serdaigle, le garçon tendit une oreille attentive. Les modalités d'un cours alterné toutes les trois semaines furent confirmées mais ce qui intrigua davantage Bad fut de connaître quelles étaient ces créatures plus sauvages qu'il allait découvrir. Un séjour dans la forêt interdite ne lui était pas impossible et le Serdaigle en était ravi. Pour le moment en tout cas. Le jour où il poserait les pieds en ce lieu inquiétant, il était clair qu'il ne serait pas aussi serein.

Le point suivant qui intéressait Miss Luneau fut la pratique de la méditation qu'effectuait Bad. Elle pouvait difficilement lui faire davantage plaisir qu'en abordant ce sujet avec lui. Poursuivant avec le maximum d'honnêteté, le Serdaigle ne perdit pas une seconde pour répondre.

« Depuis petit, je fais du yoga avec mon père et mon frère. À l'origine, c'était pour aider à canaliser l'énergie débordante de mon frère Cadell mais j'y ai pris goût et j'en pratique encore aujourd'hui, même si c'est moins régulier. Il y a dans ce sport une partie de méditation comme vous le savez. Bad eut peur de prendre Miss Luneau pour un gnome en faisant preuve de condescendance. Tous les mercredis, ma chouette Obaia et moi pratiquons le yogâteau. C'est une activité qui consiste à faire du yoga et à prendre un goûter, ajouta Bad en rougissant devant ce passe-temps qui pouvait paraître idiot mais qu'il adorait. Je suis aussi les cours de divination de Miss Field en option car ma mère a étudié cet art à l'Académie des Arts Divinatoires et d'Étude des Runes et que je voulais découvrir ce domaine afin que cela nous rapproche tous les deux. La peau des joues du garçon redoublèrent de couleur. Décidément, il se livrait aujourd'hui. Il était probable que le poids de ses métamorphoses réussies parti y soit pour quelque chose. Pour réussir dans cette matière, j'essaye de faire des exercices de respiration et de relaxation chaque jour pendant quelques minutes. Par contre, à part cela, je ne suis pas très sportif. J'essaye de faire quelques séances d'exercices avec mes amis mais ce n'est pas vraiment une partie de plaisir... Mais bon, il faut en faire, conclut le garçon en haussant les épaules avec une petite moue. »

Des choses à dire suite à sa question, il en avait à dire le garçon. Alors Sybille le laissa parler et lister toutes ses activités. Elle haussa très brièvement un sourcil à la mention du yogâteau, qu'elle ne connaissait pas. Mais avant qu'elle n'ait à poser de question, le garçon explicitait le concept. Original, commenta son cerveau sans que cela ne franchisse la barrière de ses lèvres. Tellement Serdaigle aussi, mais avant que ses pensées ne dévient sur ses souvenirs de son propre passage à Poufsouffle à la fin de ses études, elle se re-concentra pour ne rien manquer des différents éléments afin de pouvoir les répéter aux deux professeurs à la fin de l'entretien.

« C'est déjà bien de pratiquer le yoga et des exercices de respiration. Je vous encourage naturellement à poursuivre. La méditation ne devrait pas être trop difficile pour vous à ajouter à votre quotidien. Pour le sport, je vous recommande de trouver quelque chose qui vous plaît, mais c'est important d'avoir une bonne condition physique. Vous ne savez pas en quoi vous allez vous transformer et vous devez préparer votre corps à plus d'endurance. » La française marqua une petite pause avant de poursuivre, toujours aussi sérieusement. « La préparation de votre esprit sera primordiale pour aborder sereinement votre quête intérieure. C'est ce que je mentionnais en tout début d'entretien. Personne ne pourra vous aider à surmonter cette étape, celle de vous voir tel que vous êtes, sans artifices. La réalité peut être parfois un peu brutale, pour ceux qui ne s'y préparent pas ou s'idéalisent. Je vous invite vivement tout au long de l'année à vous observer dans un miroir, à lister vos forces, mais aussi vos défauts. À demander à vos proches également, s'ils vous parlent franchement, cela peut vous aider à vous préparer et à accepter certaines caractéristiques qui font de vous celui que vous êtes. Peut-être y avez vous déjà songé cela dit... Vous avez déjà réfléchi à la forme Animagus que vous pourriez prendre ? » Sybille s'éloignait un peu de la liste des points à aborder, mais elle était curieuse de savoir où en était le garçon sur le chemin. Bien sûr, le Serdaigle ne pourrait émettre que des suppositions, mais cela restait un exercice intéressant si on s'y essayait avec sérieux.

Lorsque Bad lui expliqua le contexte de sa pratique de la méditation, Miss Luneau parut concentrée mais son visage restait stoïque mis à part un sourcil levé à la mention du yogâteau. Le garçon espérait n'avoir rien dit qui mettrait fin à ses espoirs de devenir Animagus. Il avait déjà tant donné pour accomplir cet objectif. Pourtant, il n'en était qu'aux prémices.

Heureusement, les mots qui s'échappèrent de la fine bouche de l'examinatrice vinrent rassurer Bad. Ce dernier hocha la tête lorsqu'elle lui conseilla comment s'y prendre pour renforcer sa condition physique. Il n'y avait pas que le Quidditch comme sport dans la vie et le garçon inscrivit dans un coin de sa tête d'aller demander conseil à ses amis.

D'un air sérieux et assez grave, Miss Luneau le mit ensuite en garde sur la force d'esprit qu'il devrait avoir pour se voir tel qu'il était vraiment. Difficile pour un adolescent encore en pleine recherche de son véritable moi. Mais loin d'être impossible. Bad s'était inscrit en connaissance de cause. Il ne voulait pas être Animagus pour amuser la galerie et parader dans le château. Non, son but était ailleurs et bien plus personnel. La peur et l'impuissance que le Serdaigle pouvait parfois ressentir ne pouvaient être vaincu qu'en devenant une version plus aboutie de lui-même. Et c'était en cela que la formation Animagus, bien plus que son aboutissement, était une quête salvatrice.

Miss Luneau s'interrompit par une question sur la forme d'Animagus que Bad pourrait prendre. C'était une question délicate et peu évidente pour le garçon. Pourtant, il avait déjà réfléchi à la question et livra ses hypothèses à la femme devant lui.

« Parfois, quand je rêve, je vois un hibou posé sur la tête d'un crocodile face à moi et tous deux me regardent. Ça peut paraître bizarre mais je me suis toujours demandé pourquoi je voyais ces animaux dans mon sommeil. En faisant des recherches à la bibliothèque de Poudlard, j'ai pu lire qu'ils avaient des symboles qui sont proches de qui je suis et de ce que j'ai vécu. Il y a aussi le scarabée car quand j'étais petit, je les collectionnais dans une sorte de petit vivarium et j'aimais bien jouer avec eux. Bad laissa passer un silence où il se remémora ces souvenirs. Enfin bon, je ne sais pas encore si ce sera l'une de ses formes que je prendrai. Mais si c'était le cas, je n'en serais pas surpris. »

Ce n'était pas tant une question piège que de demander la forme Animagus, mais la pente était glissante si l'élève n'y faisait pas attention. S'il répondait par un seul animal et avec trop d'assurance, ou si au contraire, il disait qu'il n'y avait jamais songé, Sybille aurait été dubitative. Mais Bad y répondit avec sérieux, apportant des nuances à son propos. Très intéressée, la jeune femme écoutait attentivement la réponse du garçon. Un crocodile et deux animaux volants, réputés pour être plus rare : un hibou et un scarabée. Mais ce qui intrigua le plus la française fut la mention du passé du garçon. Malgré sa curiosité, elle ne lui posa pas de question, le laissant poursuivre. Elle n'était pas une spécialiste, mais d'après l'onirologie, la vision de ces créatures en rêve pouvaient avoir une tout autre signification et le garçon semblait d'ailleurs parfait conscient de cela. La jeune femme acquiesça gravement à sa remarque à ce sujet. À nouveau, le serdaigle faisait preuve de réserve et de lucidité. Ce n'était pas dit qu'il accepterait sa forme sans sourciller lorsqu'elle se présenterait à lui, mais c'était un bon signe pour la suite pour Sybille. La française baissa les yeux sur ses notes, les survolant rapidement à la recherche d'un point qu'elle aurait oublié d'aborder avant de revenir sur le visage de Bad. « Il me semble que j'ai toutes les informations dont j'ai besoin. Je ne suis pas en capacité de vous dire si vous allez pouvoir poursuivre la formation, mais je vais discuter de cet entretien avec vos professeurs et ces derniers reviendront vite vers vous par hibou. Bien sûr, si vous avez des questions, je vous en prie dites moi. »

Les yeux de l'examinatrice redoublèrent d'éclat lorsque Bad répondit à son interrogation sur l'apparence supposée de l'Animagus. Sybille Luneau semblait jauger davantage la forme de sa réponse que la teneur de cette dernière. Enfin, la femme acquiesça et lu ses notes tandis que le Serdaigle estimait mentalement quelle pouvait être la suite de l'entretien tel un parieur dans un stade de Quidditch. Peut-être Miss Luneau souhaitait-elle connaître la manière dont il allait aborder la deuxième année de formation - s'il était reconduit. À moins qu'elle espérait en savoir davantage sur la manière dont il s'était préparé à cet entretien. Mais que nenni. La jeune blonde releva finalement ses yeux d'un bleu proche du gris pour les fixer dans ceux de Bad qui attendait de savoir à quelle sauce il allait être mangé. Quelque chose de doux plutôt que d'épicé car Miss Luneau annonça la clôture de cet échange. Elle lui expliqua qu'il recevrait un hibou une fois qu'elle aurait effectué son compte-rendu aux professeurs.

« Tout est bon pour moi, fit Bad en souriant à la fois soulagé et content de la finalité de cet échange. »

Le garçon, les mains posées sur les arêtes latérales de sa chaise, s'apprêtait à se lever quand une question, proche de la curiosité mal placée, lui vint en tête. Il hésita une seconde à la poser mais bien vite, il se laissa aller à l'envie de connaître la réponse.

« Ah oui, Miss, je me demandais quelque chose. La voix du garçon flotta un instant avant qu'il reprenne la parole. Est-ce que vous êtes une Animagus ? Et si oui, est-ce que vous avez suivi ce genre de formation ? Et aussi, comment vous l'avez vécu ? »

Bad rougit. Il était plus proche de l'interrogatoire que de la question de pure politesse.

Merci Miss Luneau@Jae Dawson pour cet entretien ! C'était chouette de découvrir ce personnage