Vendredi 31 juillet 2048 - 1/4 de finale : Islande - Ecosse
@Lukas Sharp

J'étais à la fois excitée à l'idée d'enfin venir voir l'équipe d'Écosse jouer un match de Quidditch, surtout puisqu'il s'agit de la Coupe du Monde, mais je suis aussi terriblement stressée. Mes petits frères étaient restés à la maison avec mon père puisque ma mère a insisté, en expliquant au reste de ma famille que si on y allait c'était aussi pour que je retrouve un ami. Mais plus le temps passe et me rapproche de mes retrouvailles avec Lukas, plus je me sens toute bizarre. Je sais qu'il est accompagné de sa maman, tout comme moi, et qu'il m'avait répondu être d'accord pour que l'on se retrouve aujourd'hui. Mais... et s'il avait changé d'avis ?

- Bonnie, chérie, est-ce que tout va bien ? Tu me parais anxieuse.

Je sens les mains de ma maman se poser sur mes épaules et je la regarde. Je lui souris, pour la rassurer.

- Tout va bien, Maman. Par contre...

- Oui, je sais pardon. Personne ne sait quel est ton surnom. Je veillerais à ne pas me tromper. C'est juste que j'ai tellement l'habitude.

Son rire me réchauffe le cœur puis je regarde partout autour de nous. Pour être sûrs de nous retrouver, nous nous sommes donnés rendez-vous à un endroit stratégique et nous y étions. Il nous suffisait d'attendre. Bien que patiente d'habitude, j'avoue avoir du mal à rester calme. Heureusement, ma maman me tient compagnie et surtout ouvre la discussion pour m'aider à penser à autre chose. L'attente se fera surement moins longue, comme ça. Pourvu que tout se passe bien...

N'hésite pas si le moindre détail te dérange

Se donner un lieu de rendez-vous dans une foule comme celle-ci n'est pas chose aisée. Ma mère a tenté de gérer la choses et elle me maintient que ce lieu devrait nous aider nous, mais aussi Mary et sa famille à ce que l'on se retrouve. Je scanne les vêtements de chacun, je cherche une sorcière plus petite que moi, des yeux bleus qui sortiraient de la foule, mais mes yeux qui se lèvent à m'en tordre le coup ne repère rien. Je tire sur la main de ma mère, lui demandant d'aller plus vite alors qu'elle est déjà chargée de multiplettes et d'un sceau en carton rempli de nourriture. Je ne veux pas non plus arriver en retard au match. J'aurais préféré un match Ecosse-Japon, mais soutenir l'Ecosse marque déjà mon camp. Je n'ai pas manqué de repeindre les murs de ma chambre de posters de Quidditch, histoire que mon père sache que ce sport de sorcier est désormais le mien, et me voilà enfin loin de lui. Plus qu'à tenter de me prêter au jeu complètement.

- Ah, je crois que... Je plisse les yeux pour m'assurer des traits de celle que je crois avoir repérée. Oui, maman, elle est là ! Je pointe du doigt Mary et tournant ma tête en arrière, en direction de ma mère, pour m'assurer qu'elle aussi l'a repérée ; ou du moins, qu'elle repère sa mère quand je repère la fille.

Je lâche la main qui m'est tenue pour foncer vers Mary et sans même dire un mot, c'est vers ses bras que je me dirige. Personne ne peut dire que nos liens nous permettraient une telle réaction de ma part, mais c'est mes dernières journées de colère qui le demandent. Mary reçoit l'étreinte d'un enfant qui s'agrippe à ce monde magique, et elle est celle qui, de parents totalement sorciers, en est le plus proche. Je m'en défais après quelques secondes et pense seulement à m'excuser.

- Pardon.. Salut, lancé-je légèrement gêné par ce petit rire incontrôlé. Je me retourne vers celle qui accompagne mon amie et je tends ma main en me redressant, prêt à lui serrer la main comme un garçon normalement bien élevé. Bonjour Madame.

Ma mère me rejoint enfin, aucunement alertée par ma fuite soudaine à en juger le sourire qu'elle m'envoie à moi et à la mère de Mary. Elle place une main sur mon épaule, comme si son arrivée n'avait pas suffi à signaler son lien de parenté avec moi.

- Bonjour. J'en déduis que vous êtes la maman de Mary ?, demande-t-elle en tendant sa main pour la saluer, toujours accompagnée d'un sourire. Elle tourne la tête vers mon amie. Merci d'avoir invité Lukas, c'est gentil de ta part.

Je voyais bien que ma fille était anxieuse, cela se voyait sur tous les traits de son visage. Ses yeux brillaient d'une lueur que je n'aimais pas voir dans son regard. Ses sourcils étaient froncés, exactement comme le fait son père. Elle se pince les lèvres, ce comportement elle le tient de son grand père. Inutile d'avoir besoin d'un flair d'expert pour se rendre compte qu'elle n'était pas à l'aise et appréhendait les retrouvailles avec ce fameux Lukas. J'en avais longuement entendu parler de ce jeune garçon. Mary nous en parlait beaucoup dans ses lettres il y a encore quelques mois. Mais au fil de ses lèvres, il nous a été évident de constater avec son père qu'elle en parlait de moins en moins. J'ai alors tout de suite compris que quelque chose s'était passé.

En en parlant avec elle, je me suis rendue compte qu'il ne s'agissait de rien de grave mais plutôt un simple malentendu d'enfants. Le manque de communication à cet âge peut être fatal pour une toute jeune amitié. J'espérais que cette journée leur permettrait de renouer le contact et de ne pas perdre ce qu'ils semblaient partager. Après tout, il était sur la première page de son album photos.

- Chérie, tu sais...

Ma phrase reste en suspens lorsque je vis un petit garçon se jeter dans les bras de ma fille. La surprise est là, mais je compris très vite de qui il s'agissait. Lukas. Je reste silencieuse et m'efface pour leur laisser cette accolade. Je vois ma fille légèrement rougir, certainement sous l'effet de la surprise. Elle ne s'attendait certainement pas à ce que son ami vienne la prendre dans ses bras aussi subitement. Finalement, ils doivent être encore assez proches tous les deux. Elle a du s'inquiéter pour rien.

- Bonjour Lukas, je suis ravie de te rencontrer.

Serrant la main de ce jeune garçon qui semblait rempli d'énergie, je vis que Mary semblait reprendre ses esprits. Je la vis échanger un petit sourire à son ami avant de me regarder. Je la rassure en lui souriant à mon tour, signalant ainsi que tout va bien. Nous sommes rapidement rejoints par la mère du jeune garçon que je ne tarde pas à saluer.

- Tout à fait, et vous la maman de Lukas. Je suis ravie de vous rencontrer. J'espère que le voyage ne fut pas trop difficile pour vous deux.

Elle s'adressa par la suite à ma jeune héritière et je la laisse prendre le relai.

- C'est moi qui vous remercie d'avoir accepté de l'accompagner. Je suis contente de pouvoir le voir pendant les vacances !

Enfin, son sourire redevient celui que je lui ai toujours connu. Elle semble avoir perdu toute peur.

- On a prévu des friandises si jamais ça te dit ! On va se trouver une place ?

La laissant guider la marche avec son ami, je les suis de près en compagnie de la seconde adulte de notre petit groupe de 4.

- Merci d'être venu Lukas, j'avais peur que tu ne viennes pas tu sais...