Le match entre l'Ecosse et l'Irlande avait été marqué par la domination sans appel des joueurs de la lyre. A se demander même s'il y avait véritablement eut un match! Cette remarque était probablement exagérée mais la centaine de points d'écart entre les deux équipes avaient révélé un déséquilibre inattendu pour Ennis. Les joueurs de Saint Andrée étaient solides et la jeune fille aurait apprécié une finale avant la finale. Tant pis. Cela ne l'avait certainement pas empêchée d'exulter alors que O'Sullivan mettait fin à la rencontre. Même son père lui avait paru être bien plus jovial que la normale, d'ailleurs, il ne se départissait pas vraiment de son sourire, pas plus que sa fille ou le petit-ami de cette dernière.

Les première festivités immédiates passées, les trois irlandais avait rejoint leur tente pour se changer avant d'aller dîner sur une île philippine voisine dans un restaurant où ils purent déguster des mets locaux dans une quiétude relative. Car il y avait des supporters particulièrement heureux de fêter la victoire, australien ou de leur propre pays. Mais le tout restait tout de même raisonnable puisque l'endroit semblait plutôt fréquenté par des sorciers et sorcières issus de familles qu'on pourrait qualifiées d'aristocratiques, pour leur monde du moins.

En sortant, Ennis se fit la réflexion qu'elle n'avait pas envie de rentrer à la tente immédiatement. Pas qu'elle ait de crainte quand à l'ambiance. Là où ils étaient, le calme régnerait. Mais elle avait envie de poursuivre les festivités, sans forcément être prise dans des élans où elle pourrait se sentir mal à l'aise. "Père, puis-je rester avec Tomas encore un peu sur l'île? Le temps semble calme, j'aimerais en profiter." Même si elle était majeure, elle savait qu'elle ne serait pas considérée comme telle par ses parents tant qu'elle suivrait ses cours à Poudlard, voire tant qu'il paieraient pour elle ses études, son logement... tous ses frais de vie. Ce qui impliquait de demander l'autorisation, même si elle aurait préféré ne pas être encore vu comme une enfant.

Mais plus cela venait, plus ce genre de demande semblaient obtenir des réponses positives. Peut-être que le fait de ne pas être seule, en compagnie d'un garçon un peu plus âgé que le briseur de sort avait déjà eut le temps de sonder avec des observations et des questions multiples. Un jeune homme qui restait parfois intimidé ou impressionné mais qui semblait être dans les bonnes grâces de celui qui deviendrait sans doute son beau-père si la relation se poursuivait.

Briac repartit donc seul au camping et le jeune couple avait désormais quartier libre jusqu'à l'heure convenue pour être rentrés. Une heure particulièrement souple mais à laquelle l'homme tenait puisqu'il avait assuré aux Doyle qu'il s'assurerait du bon déroulement du séjour. Mais malgré l'heure déjà avancée, voilà qu'ils avaient plus de trois heures pour eux et prenaient la direction de la plage pour une balade sous la lumière de la lune. Et sur le chemin, Tomas repéra quelqu'un de connu qu'il désigna à la châtain. "Alyona?" L'interpella-t-elle.


@Alyona Farrow, j'ai enfin lancé le RP comme convenu!

« Je n'arrive pas à croire qu'ils aient perdu... »

Mon père secoue la tête, dépité. Depuis que nous sommes sortis des tribunes, il ne me parle que de cela. Il faut dire que nous étions venus pour soutenir notre équipe jusqu'à la fin — nous l'espérions — et la voilà éliminée en demi-finale, si proche de la victoire ! Il y a de quoi être déçu. L'Écosse n'a pas fait un beau match, et cela a un peu plombé notre journée. Les sœurs Dunn ne remporteront pas la coupe, et nos favoris, après avoir éliminé la dangereuse équipe d'Islande, se voient mis au pied de la porte juste avant la finale.

« Et pas qu'un peu, ah ! Plus de cent points d'écart ! Ils sont vraiment passés à côté du match. Ah Merlin, si on me l'avait dit...! »

Si cela me fait sourire de le voir ainsi, je suis aussi déçue que lui. Moi aussi, je voulais continuer à porter les couleurs de l'Écosse sur mes joues pendant encore quelques jours ; maintenant, elles sont presque déjà effacées, on devine un bleu discret, taché de déception.

Je marche avec mon père sans avoir de direction exacte. Nous allons où nos pas nous portent, et c'est étrange. Nous n'en avons pas parlé avant, nous sommes juste partis, guidés par un regard, une envie commune, un échange muet. Depuis que nous sommes arrivés aux Philippines, nous parvenons de manière assez inespérée à recréer un lien entre nous. Les convictions politiques de mes parents et ma colère d'enfant contre l'astronomie m'avaient progressivement éloigné d'eux. Combien de vacances ai-je ainsi passé en leur compagnie, incapable de leur parler véritablement, gardant en permanence une distance ? Nous n'avons jamais été particulièrement proches. Avec mon père, nous avons toujours aimé pêcher ensemble. Je le faisais plus jeune, et j'ai arrêté il y a quelques années. L'été dernier, j'ai essayé de repartir avec lui pour cette activité, et je n'ai pas vraiment réussi, il faut dire que je n'y mettais pas du mien. Le Quidditch aussi nous a longtemps uni. C'était notre passion commune à tous les deux. C'est lui qui m'a fait découvrir ce sport, qui m'a appris à supporter une équipe, qui m'a fait vivre des matchs depuis les tribunes, m'a ouvert à cette ferveur des supporters, si forte, si belle. Peut-être est-ce d'ailleurs pour cela que cette année, il m'a proposé d'aller à la Coupe du Monde avec lui, pour renouer un peu avec ce père qu'il est et que j'étais en train de perdre.

« Ce n'est pas grave, on les verra gagner leur match pour la troisième place. Ils réussiront, j'en suis certaine. »

Son regard chaleureux m'englobe quelques secondes. J'avais oublié la douceur, la tendresse de ce regard. Comment ai-je pu renoncer à cette relation, à ce que nous partagions ? L'adolescence nous pousse-t-elle toujours vers un autre chemin que celui que nos parents empruntent ? Est-ce trop tard pour rattraper ces années d'éloignement ?

Je passe mon bras autour du sien et pose un bref instant ma tête sur son épaule. Un sourire se glisse sur mon visage.

Nous continuons à avancer, bercés par nos pensées. Des fois, des éléments du paysage nous poussent à partager quelques mots, quelques réflexions soudaines et pleines de sincérité. Les syllabes qu'on se souffle l'un à l'autre dans cette terre inconnue nous réconforte. C'est mon père, celui avec qui je partage bien plus que le sang, celui dont je ne pourrai jamais m'éloigner vraiment, celui qui sera toujours là pour me soutenir, peu importe les moments, peu importe face à quoi. Sa présence me soulage, me porte un peu plus haut. Je suis heureuse de le retrouver, là, ici, pour cette occasion qui représente tant.

Soudain, alors qu'un silence confortable s'installe dans les dizaines de centimètres qui me séparent de mon père, j'entends mon prénom prononcé par un fort accent irlandais. Par un instinct plus fort que moi, je me retourne, mon père suivant mon mouvement. Quelle surprise alors de découvrir là, à quelques mètres de moi, Ennis et Tomas.

J'observe l'ancien Serdaigle et la Gryffondor sans bouger, étonnée de les découvrir ici. Mes yeux glissent vers ceux de mon père ; les siens sont interrogatifs. Évidemment, il ne connaît pas Ennis et Tomas. À lui comme à ma mère, je ne parle pas de Poudlard — cela a toujours été la solution la plus simple. Alors, dans cette situation, il préfère me laisser, comme s'il n'avait pas sa place dans tout ce qui concerne Poudlard ; et peut-être est-ce un peu vrai.

« Tu me rejoindras plus tard. »

Il pose sa main sur mon épaule en souriant avant de s'en aller. Je le suis du regard quelques instants pour revenir ensuite vers la Rouge et l'ancien Bleu, m'approchant d'eux.

« Bonsoir à vous deux ! Je suis agréablement surprise de vous croiser ici. »

J'accompagne mes paroles d'un sourire poli mais sincère. J'apprécie Ennis, c'est une personne singulière et réfléchie. Quant à Tomas, il était de la même maison et de la même promotion que moi alors, même si je le connais peu, ce que je sais sur lui m'incite à penser que c'est un garçon sympathique.

« Vous êtes venus soutenir l'Irlande, même jusqu'au bout du monde ? » De l'amusement s'est glissé dans ma voix. « Ils ont assuré aujourd'hui. » Même si ce n'était pas ce que j'espérais, mais je sais reconnaître les victoires quand elles sont méritées.

L'interpellation de la châtain avait eu l'effet escompté, se faire retourner l'ancienne Serdaigle mais aussi l'homme qui l'accompagnait. Si elle ne lui ressemblait pas forcément autant qu'elle-même ressemblait à son père, Ennis jurerait d'une filiation du fait des gestes qu'ils avaient pu avoir comme de quelques traits qui ne pouvaient mentir. La future septième année le regarda parler à l'oreille de sa fille au loin, se faisant une réflexion que son voisin lui fit d'ailleurs à l'oreille. "On dirait ton père avec toi." La jeune femme se tourna vers lui, une expression incertaine sur le visage, d'incrédule à soufflée qu'il ait pu déjà noter des détails comme celui-ci. L'échange s'arrêta pourtant là puisqu'Alyona s'approchait et venait les saluer.

- "Bonsoir." Commença la châtain avant que le blond ne fasse de même. "Oui, difficile de faire l'impasse sur la Coupe du Monde, surtout avec l'Irlande dans les favoris." Poursuivit la jeune fille avec un sourire. "Pas trop déçue de ton côté?" Elles avaient pu un peu discuter lorsque la plus âgée l'avait aidé pour le russe, il lui semblait que sa nationalité écossaise avait été évoquée. "Je crois que les joueurs irlandais n'avait pas envie de prendre un seul risque." Commenta Tomas, moins au fait des niveaux des différentes équipes. "Possible oui." Elle lança un regard au jeune homme puis revint vers l'ancienne Serdaigle. "On pensait aller sur la plage pour profiter de la soirée. Je crois qu'on peut y prendre de quoi boire, tu veux te joindre à nous?" Proposa la Gryffondor de bon cœur. Plus qu'un moment à deux, elle avait voulu un moment sans la présence de son père.

Je hoche la tête. J'avais vu juste, Ennis et Tomas sont là pour soutenir l'Irlande. Je savais la Rouge irlandaise — son accent ne laisse de toute manière aucun doute —, mais je ne me souvenais plus que l'ancien Bleu avait un lien particulier avec cette terre, mais peut-être en est-il tout simplement originaire, et peut-être l'avais-je juste oublié. J'espère pour eux que l'Irlande gagnera cette coupe. C'est une des équipes favorites, son parcours est pour le moment sans embûche, et elle est parvenue à remporter son match contre l'Écosse, elle mériterait bien une victoire en finale. Oh, je sais que mon père ne sera pas de cet avis, il a un côté assez rancunier et mauvais joueur qui l'empêcherait de se réjouir en cas d'une victoire de l'Irlande. Je le comprends assez, il m'est également difficile de digérer la défaite de l'Écosse, mais je sais que mon soutien ira toujours envers une équipe que je connais bien, et dont je me sens proche. Après tout, l'Irlande n'est pas si loin de chez moi, n'est-ce pas ?

Je hausse les épaules aux paroles d'Ennis. Déçue ? « Si, je le suis un peu. C'est dur de ne pas l'être, surtout après un match aussi... frustrant. Je ne m'attendais pas à une défaite aussi écrasante. » Et pour être honnête avec moi-même, je suis bien plus que déçue, je suis dépitée. C'est vrai, la Coupe continue, je ne devrai pas m'arrêter sur cette défaite, mais Merlin, elle était si inattendue ! Si on m'avait dit que cela se passerait ainsi... ! J'aurais préféré que mon équipe gagne, que je puisse la soutenir jusqu'à la fin, mais désormais c'est terminé pour elle. Enfin, je ne dois pas trop m'y attarder, c'est ainsi et je sais que l'Écosse saura se rattraper pour la troisième place, j'y crois de tout mon coeur.

Le commentaire de Tomas me fait gentiment grimacer. Il a probablement raison, c'est certain, mais j'aurai préféré, de manière assez égoïste, que l'Irlande ne se prépare pas autant pour le match de ce matin. Et si, après tout, cela la desservait pour son dernier match ? Je ne le souhaite pas vraiment, mais cela peut arriver. Nous verrons bien, je suppose, nous qui trônerons au sommet des tribunes, le coeur au bord des lèvres, hurlant d'une seule voix, offrant notre présent à ce plaisir trouvé dans l'observation d'un match. Tout peut arriver, n'est-ce pas ce que l'on dit souvent en matière de sports ?

Apparemment, cela ne se limite pas au sport.

Je suis agréablement surprise par la proposition d'Ennis. Oui, il y a de l'agréable dans cette surprise. A vrai dire, je ne m'attendais pas à une telle offre, je pensais que la Rouge et Tomas préféreraient passer cette soirée à deux, loin des regards connus ; je pensais que cette discussion ne se poursuivrait pas ailleurs, qu'elle ne serait un peu que de passage, comme une simple politesse. Alors, sur le moment, je ne sais pas comment réagir. Mes sourcils s'arquent de surprise, mon regard passe de la Rouge à l'ancien Bleu sans se décider sur qui s'arrêter et aucun mot ne me vient à l'esprit. Dois-je refuser poliment en inventant un prétexte pour ne pas que ma présence ne vienne rompre leur duo ? Ou au contraire, dois-je accepter en remerciant Ennis pour cette proposition ? Celle-ci me tente bien, je dois me montrer honnête. Mon père accepterait-il seulement que je rentre plus tard que prévu ? Probablement, il n'est pas trop difficile sur ce point, après tout, il est habitué à me voir disparaître quelque temps quand je m'en vais chez mes grands-mères. Alors, rien ne semble s'opposer à l'acceptation de cette offre, sauf peut-être ma propre hésitation.

« Merci mais, tu es sûre que je ne vous dérangerai pas ? » Une image de la plage se glisse brusquement dans mes pensées. La fraîcheur, le bruit reposant de la mer, la douceur d'une soirée avec des amis, et la tentation qui me pique le coeur, qui démange mon imagination, qui fait apparaître un sourire timide sur mes lèvres. « Mais si cela ne vous gêne pas, je serai très heureuse de vous accompagner. »

Les deux irlandais sont d'une compagnie agréable, et je sais que cette proposition qu'ils me font pourrait se transformer en une soirée tout à fait plaisante qui me permettrait d'échapper un peu à la déception encore fraîche dans mon esprit.

Ennis grimaça. Même si elle était enchantée de la victoire des joueurs de son pays, il fallait être honnête, elle pensait voir un spectacle plus intéressant. Une finale avant la finale. Et ça n'avait pas vraiment été ça. Cependant, la châtain s'abstint de le dire préférant éviter de donner l'impression d'appuyer sur une douleur encore trop vive pour son aînée. Pour certains ce n'était que du sport mais pour d'autres, comme Ennis, il y avait une part de fierté et d'engouement national qui pouvait décupler la déception. C'était d'ailleurs aussi pour ça qu'elle avait proposé à leur ancienne camarade de les accompagner sur la plage pour passer quelques heures de manière plus détendue.

- "Si on te propose c'est que ça ne nous dérange pas." Confirma le jeune homme en souriant. "Je crois qu'Ennis voulait surtout se débarrasser de son père pour quelques heures." Termina-t-il dans un rire dissimulé, surtout vu comme la sus-nommée levait les yeux au ciel. "En même temps mon père est..." Elle chercha le mot approprié sans vraiment le trouver. "... n'est pas le plus progressiste qui soit concernant le fit d'être en couple?" Tenta-t-elle avant de se corriger. "Encore que je pense qu'il y a pire!" Poursuivit-elle en songeant aux collègues de ce dernier à la Chambre qui comptait finalement assez peu d'esprit un tant soit peu ouverts. Et si son père s'accordait de l'être pour les questions de sang et d'égalité des chances, sa vision du couple avant le mariage était plus rétrograde... Le pauvre avec ses trois enfants, il était servi!

- "Allons-y." Dit plutôt celle-ci en initiant le mouvement qui les mènerait vers l'étendue de sable? qui n'était pas si loin au demeurant, un trajet qui se fit dans un silence assez apaisant jusqu'à ce qu'il y parviennent puisque le lieu semblait être un endroit privilégié de regroupement pour les jeunes gens. "Par là!" Les guida Tomas jusqu'à un bar fait dans une sorte de pagode. Là il purent prendre des boissons dans des verres faits d'une matière inconnue pour Ennis. "Du carton." Avait soufflé Tomas qui avait suivi des cours d'étude des moldus. Ils s'éloignèrent ensuite jusqu'à trouver un coin relativement calme où s'asseoir. "Comment se passe ton été? Tu es là depuis le début du tournoi?" Questionna alors la châtain qui s'appuyait doucement sur son petit-ami.

La réponse de Tomas me rassure et me permet de retrouver ce sourire léger qui s'était échappé il y a quelques heures de mon visage. Je ne dérange pas, c'est donc une proposition sincère et tout à fait amicale qui m'a été faite. C'est là quelque chose qui me touche assez tout en me faisant fort plaisir. Non seulement je ne m'attendais pas à recevoir une telle proposition d'eux à moi, mais je ne pensais pas non plus qu'elle puisse être aussi attrayante. Alors, je ne suis pas gênée par cette incitation à bouleverser mes plans de la soirée, à changer de route pour tourner brusquement vers la plage. À vrai dire, je pense même que cela me fera du bien ; je pourrai échapper un peu au poids lourd d'une défaite inattendue et à ce quotidien qui se ressemble chaque jour depuis mon arrivée ; je pourrai m'accorder du temps pour profiter de ce voyage pour ce qu'il est, c'est-à-dire une occasion de voir d'autres paysages et de passer des moments inattendus avec des personnes.

Cette référence au père d'Ennis qui fait réagir de manière bien différente les deux Irlandais me fait sourire. J'apprends rapidement son explication, et donc le fait que le père O'Belt a des idées bien ancrées sur ce qu'est un couple. Je devine qu'actuellement, ce doit être compliqué pour la Rouge de faire valoir ses idées à elle, elle qui est encore jeune et peut-être même jugée « trop jeune » par son paternel pour développer et soutenir ses propres idées. Maintenant que j'y pense, il me semble que le père d'Ennis siège également à la Chambre des sorciers. Alors, je comprends davantage cette mention d'idées peu progressistes. À Poudlard, je ne suis pas sourde, je sais bien ce qu'on dit du Conseil, je sais bien que ses idées trop traditionnelles dérangent.

« Dans ce cas, merci beaucoup de m'avoir fait cette proposition. Je vous accompagne avec plaisir ; je n'ai probablement pas profité autant de la plage que je le souhaitais depuis mon arrivée. Ce sera l'occasion ! »

J'attrape un sourire ravi avant de suivre le couple vers notre destination. Plus que de me rendre au bord de mer avec eux, l'idée même d'être invitée à les rejoindre me fait plaisir.

Sur le chemin menant à notre nouvelle destination, je garde le silence, me plaçant aux côtés d'Ennis, parfois derrière elle et Tomas. Je ne peux m'empêcher d'observer autour de moi cet environnement que j'apprends à connaître. C'est très différent de l'Angleterre, et plus encore de Castelobruxo. Cependant, cela me plaît, c'est joli, et cette différence est agréable car elle invite à poser son regard sur des éléments nouveaux, inconnus, mais aussi intéressants. Voyager pour découvrir d'autres horizons est assez incroyable. Avec mes parents, nous n'avons jamais vraiment quitté le Royaume-Uni. De temps en temps, nous partons en Russie pour rendre visite à ma famille maternelle, mais cela reste bien rare, et nous nous rendons généralement dans des lieux que nous connaissons déjà. Mon voyage au Brésil a eu cela de merveilleux : il m'a permis d'aller sur un continent sur lequel je n'aurai probablement jamais mis les pieds sans cette occasion. Alors, cette année est plutôt riche en voyages, mais je crois que cela me convient. Avant, je n'étais pas tentée par cette envie de franchir des frontières et de rencontrer d'autres cultures, d'autres paysages ; maintenant, cela m'intéresse davantage. Il y a à l'autre bout du monde des pays qui cachent tout un monde que je ne connais pas et que j'aimerais découvrir.

Des langues que je n'avais jamais entendues se glissent jusqu'à moi. Elles ont des sonorités étranges, inattendues, me rappellent cette semaine à Poudlard où tous les correspondants étaient venus rejoindre l'école pour le programme AMICO. Combien de langues existe-t-il ? Combien que je n'ai jamais entendues ? J'ai l'impression de voir le monde devenir de plus en plus grand à mesure que je le découvre.

Enfin, nous arrivons au bord de la plage, près d'un bar. Nous ne sommes pas les seuls à avoir eu cette idée ; ainsi, plusieurs groupes de jeunes nous entourent, ce qui nous plonge dans une ambiance assez agréable, celle réservée aux moments de détente entre amis. Je me sens rapidement à l'aise ici malgré la proximité de l'eau qui m'inquiétait un peu. Mes mains s'éloignent de ma baguette, mes muscles se relâchent, un sourire vient flotter comme une musique sur mes lèvres.

Comme Ennis et Tomas, je décide de prendre une boisson — choisie parmi celles que je ne connais pas. Son goût éclot en saveurs fruitées contre ma langue ; c'est délicieux. J'ai l'impression d'avoir l'aurore dans mon verre et l'été dans ma bouche.

« Il se passe plutôt bien, répondis-je à la question d'Ennis en m'asseyant avec eux au calme. C'est agréable de pouvoir se reposer après une année aussi chargée. » Je leur souris, je pense qu'ils doivent partager ce ressenti. « Je suis arrivée le trente avec mon père. On a déjà pu voir quelques matchs, donc c'est super. »

Je pose mon verre à côté de moi avant de glisser de nouveau mes yeux vers la Rouge et l'ancien Bleu.

« Et vous alors ? Quand êtes-vous arrivés ici ? Vous avez peut-être d'autres choses de prévu pour le reste de l'été ? »

Les trois jeunes avaient dégoté un coin de plage plus calme mais pas forcément très éloigné du cœur de vie de la plage. Il leur parvenait le son de diverses musiques - toutes inconnues, probablement moldues, des irlandais - et des discussions en version assourdie. Tomas avait sorti un plaid de sa sacoche magiquement étendue et tous les trois avaient pu y prendre place à leur aise mais aussi à l'abri d'un trop plein de sable. Lui avait même retiré chaussures et chaussettes pour être plus à son aise et profiter de la chaleur qui émanait encore du sol en ce début de nuit.

Ennis - au contraire des deux autres - avait attendu d'être assise pour prendre une première gorgée de sa boisson que la personne qui les avait servi avait certifiée être sans alcool. Mélange de fruits exotiques, le palais de l'irlandaise fut assailli de nouvelles saveurs qui se mariaient parfaitement entre elle, le tout sans être trop sucré ce qui n'était pas pour lui déplaire. "J'ai été prise tout l'été pour un stage à Apothic'herbes. J'ai pu avoir une semaine de congé pour venir. On est arrivé après ma journée de travail, comme vous, le trente." Expliqua la châtain avant de reprendre une gorgée de sa boisson, se laissant même aller à fermer les yeux pour mieux la goûter. Ça pouvait donner une allure singulière, surtout avec le sourire de bien-être qui accompagnait le tout. Un sourire qui englobait toutes les circonstances du moment; le lieux, l'ambiance, d'être avec son petit-ami et une très bonne connaissance, une amie peut-être, elle ne saurait trop le dire à ce stade, le climat de la journée... "Moi c'est comme toi." Reprit Tomas avec une sorte de sourire de connivence. "Après les ASPIC... J'ai préparé les dossiers d'entrée dans les deux écoles que je souhaite intégrer mais c'est tout. Ah, et ce qu'on pouvait faire ici aussi, en dehors des matches bien sûr. Le père d'Ennis en a eu pour tous." Il se reprit cependant, ne souhaitant pas être pris pour un parvenu. "Enfin, j'ai pu lui en rembourser une partie, c'est juste qu'il a pu voir directement avec le Secrétaire en charge pour les prendre."

Il y avait une légère trace de gêne dans la voix du blond qui risqua un œil vers la plus jeune qui chercha à le rassurer en glissant une main sur la sienne. Il baissa doucement le menton, prit une gorgée de sa propre boisson et poursuivit. "Sinon... Repos pour moi, je n'ai pas grand chose de prévu même si je pense que j'irais revoir mes grands-parents." Il tut qu'il était prévu de séjourner chez Ennis - dans l'appartement qu'elle partageait avec ses frères - mais pas simplement venir la journée, passer quelques jours tous les deux. C'était quelque chose qu'il considérait comme plus intimes, et la jeune fille aussi. Ils avaient d'ailleurs convenu de ne pas en parler devant le patriarche qui, par chance, ne débarquait pas là bas à l'improviste. "Tu as visité un peu en dehors des matches?" Demanda alors la Gryffondor avant d'ajouter. "On a fait quelques randonnées, on doit visiter plusieurs autres endroits aussi." Tomas grimaça derrière son verre, clairement, les randonnées, il n'en avait pas assez bien estimé la difficulté physique.

L'été... Il fait se nouer mon ventre d'angoisse. Je n'ai, je pense, jamais vraiment apprécié cette période d'attente entre deux années scolaires. En temps normal, c'est généralement durant ces deux mois que j'ai le plus de mal à m'occuper ; je tourne vite en rond. Je relis mes cours, j'apprends, je lis, je fais des recherches, je m'occupe des serres de ma grand-mère, je passe du temps avec ma famille ; et j'attends. Cet été, c'est plus terrible encore. Je ne sais même pas où je serai en septembre, ce qu'il adviendra de moi. Je dois trouver un moyen de m'occuper pour que mon crâne ne reste pas vide comme mes mains. C'est dur, parfois. Cela me fait peur. Cependant, dans un mois, ce sera terminé ; l'avenir sera fixé et l'impatience de le voir défiler remplacera l'angoisse de le sentir inconnu.

Un stage à Apothic'herbes ! Voilà une bonne idée d'occupation. On doit se sentir utile quand on fait cela. J'aurai pu également tenter l'expérience, mais cette année c'était plus compliqué. Tout est plus complexe en ce moment, n'est-ce pas ? C'est cette attente, oui, c'est cette attente... Heureusement, ici, à l'autre bout du monde, je peux lui échapper quelques jours, me soustraire à son emprise, respirer sans qu'elle ne s'infiltre dans mes poumons.

« C'est une bonne idée, ce stage ! Et alors, cela te plaît ? Au moins, cela occupe. J'ai hésité à en faire un cette année, mais c'est compliqué avec l'admission à l'IMSM... » Je baisse les yeux vers le sol, les pose sur mes doigts accrochés à mes chevilles. « Cette semaine, je devrai savoir si je suis convoquée pour l'épreuve écrite. »

Mais j'attends, encore, toujours, inlassablement.

Je redresse mon regard pour observer et écouter Tomas. Ses paroles étendent sur mes lèvres un sourire mi-figue mi-raisin. C'est un drôle d'été, n'est-ce pas ? Il faut qu'on se détende, qu'on pense à autre chose, qu'on profite de ces quelques semaines de repos, mais en réalité, sans savoir comment la suite sera, comment être entièrement plongé dans le présent ? J'ai un nuage dans le ventre et je n'arrive pas à le chasser. Cependant, réaliser que je ne suis pas seule dans cet état d'entre-deux me rassure un peu. Lui aussi, il comprend ; lui aussi, il sait que ce n'est pas simple. Mais bientôt, ce sera fini, n'est-ce pas ? Je n'ai pas tellement envie de m'en inquiéter aujourd'hui, alors que je suis si bien avec eux, sur cette plage calme et agréable.

Je porte mon verre à mes lèvres pour profiter une nouvelle fois de ce goût fruité, si différent de ce que j'ai l'habitude de boire. Je suis loin de chez moi, je suis loin du Royaume-Uni, je suis loin de mes angoisses. Alors, le sourire sur mes lèvres retrouve sa sincérité.

« Le repos est séduisant aussi, c'est vrai. Après les ASPIC, on ne peut que le savourer, » dis-je avec une forme d'amusement dans la voix.

Je hoche la tête en simple réponse aux propos de Tomas. Voir ses grands-parents, se reposer... C'est un programme agréable et commun, mais c'est souvent pour lui qu'on attend la venue de l'été. Je passerai probablement aussi par ces différentes activités, même si je me suis déjà bien détendue et que j'ai déjà été voir mes deux grands-mères. Cependant, je compte bien repasser chez-elles, cela m'empêchera de tourner en rond à Godric's Hollow.

« Un peu, oui, répondis-je à la Rouge. Nous sommes allés marcher avec mon père pour découvrir les environs. Mais jamais très loin, avoué-je en baissant la voix, comme une confession, le sourire aux lèvres. Où avez-vous été pour le moment ? J'aimerais bien aller randonner, demain ou après-demain. Je pense que cela me ferait du bien. »

Peut-être que la Rouge et l'ancien Bleu pourront m'aider à trouver un sentier agréable pour mon projet ? Il faudrait que j'en parle à mon père, aussi, même si je pense que cela ne le gênera pas de me laisser partir sans m'accompagner. La marche, ce n'est pas vraiment ce qu'il préfère, bien que je le sais apprécier la découverte de ces nouveaux paysages.

Entourée de deux futurs étudiants, Ennis ne pouvait que ressentir les sentiments ambivalents qu'ils dégageaient. Aussi elle se permit de se rapprocher un peu du jeune homme, pour lui apporter un soutien par un contact physique. Ce dernier y répondit en passant un bras derrière le dos de la Gryffondor et la serrer contre lui alors qu'elle répondait à Alyona. "Oui, beaucoup." Elle avait un sourire qui montrait que c'était effectivement le cas même si elle apporta quelques nuances. "Il y a pas mal de tâches que je n'aime pas vraiment, j'y vais surtout pour les potions, j'avais déjà un contact avec Maddison Nash. Mais je me dis que comme ma mère est aussi apothicaire, ça pourra me servir un jour. La boutique se transmet depuis trois générations."

L'IMSM, c'était aussi son école cible pour l'année prochaine et Diarmuid était passé par là. C'était flou dans sa mémoire parce que cela faisait déjà six ans et qu'elle n'avait pas tout retenu du calendrier. Mais il devait ressembler à l'actuel. "C'est vrai, je crois que c'était ça pour Diarmuid aussi. Tu voudrais suivre quelle filière?" Se renseigna alors l'irlandaise avant de reprendre une gorgée de sa boisson. Par la suite, elle comme Tomas restèrent silencieux. Le repos... Le garçon avait hoché doucement la tête et elle, ça la renvoyait à sa discussion avec Miss Montmort en début d'année. Le rythme de stage était très différent, Certes elle travaillait tous les jours sauf le dimanche et sa semaine de coupure se passait à l'autre bout de la Terre, mais il n'y avait pas de devoir, pas de rondes, pas de brouhaha une fois rentrée. La fatigue était surtout physique - passé les premiers jours à ingurgiter tout le mode de fonctionnement d'Apthic'herbes et les informations essentielles qui allaient avec.

Tomas eut alors une longue expiration de détente alors que justement, le repos était au centre de leur conversation, jusqu'à ce que le programme de leurs séjours respectifs vienne animer le tout. Ce fut l'ancien Serdaigle qui répondit à sa camarade de promotion. "J'ai cru que je ne parviendrais jamais à grimper sur le Cuernos de Negros. Mais j'ai réussi! Malgré la douche qu'on s'est pris sur la tête." Il sourit et Ennis rit au souvenir de la rencontre avec Izel Birthwhistle. "La tête de mon père à notre retour valait son pesant en gallions." Pouffa-t-elle en cachant à moitié son visage dans l'épaule du garçon pour contenir le fou-rire.

- "Il y a d'autres promenades et randonnées plus faciles, d'autres plus longues." Poursuivit Tomas le sourire aux lèvres aux souvenirs de Briac alors qu'il revenait pile à l'heure pour le quart de final qui allait débuter et pour lequel il avaient raté les premières minutes puisqu'ils devaient se doucher et changer avant. "Spartian Trail et Ambangeg Trail to Pulag sont sympas et plus facile que le volcan. L'inconvénient c'est qu'il faut se cacher pour pouvoir repartir sans être vu." Il n'osait pas parler ouvertement de transplanage compte tenu du nombre de personnes autour d'eux quand bien même on semblait les ignorer totalement.

J'écoute Ennis avec un intérêt non dissimulé. Ce stage dont elle parle m'intrigue tout à fait, peut-être parce que l'idée de tenter cette aventure m'a traversé bien des fois l'esprit, teintée d'hésitation et de questionnements. Je craignais que ce ne soit pas comme je l'attendais, ou que je ne m'occupe pas de tâches qui m'intéressent réellement — le commerce de plantes, ce n'est pas ce que je préfère —, alors je n'ai jamais osé m'avancer sur ce chemin. Cependant, cela semble globalement bien plaire à la Rouge. J'apprends par le même biais que sa mère est apothicaire. Ainsi donc, Ennis se destine à prendre sa suite. Cela me fait penser à ma propre mère qui m'a toujours vu suivre ses pas, être promise à un avenir brillant dans la politique ou l'astronomie, gravir les échelons avec audace et ne jamais s'arrêter. Mais ma mère et moi n'avons pas les mêmes ambitions, les mêmes passions, même si elle s'en est rendu compte avec une certaine déception bien tardivement. Peut-être la Gryffondor partage-t-elle plus de choses avec sa propre mère ? Je l'espère.

« La filière botanique, pour peut-être travailler dans la recherche, ou quelque chose comme cela. » annoncé-je en réponse à sa question, un sourire léger sur les lèvres.

La Rouge aussi se destine probablement à des études à l'Institut de Médicomagie et des Sciences Magiques si elle est intéressée par le métier d'apothicaire, c'est une des filières de cette école. Alors, elle vivra ce que je vis actuellement l'année prochaine : l'attente, l'angoisse, l'incertitude. Je lui souhaite d'être moins touchée par tout cela que moi ; ce n'est pas facile de traverser cette période pleine de doutes et de questions sans réponse. Cependant, elle aura ses frères pour l'aider et la soutenir, n'est-ce pas ? Ses frères et Tomas. Nul doute qu'elle réussira, c'est une bonne élève de ce que j'ai cru comprendre.

Mon regard quitte Ennis pour se tourner vers Tomas qui semble d'humeur à me parler des différentes expéditions qu'ils ont menées dans ce pays si différent du Royaume-Uni. Les lieux qu'il mentionne me sont vaguement connus — peut-être les ai-je lus sur des panneaux de direction devant lesquels nous sommes passés avec mon père —, mais j'essaye de les retenir, bien que graver des noms dans mon crâne reste quelque chose d'assez complexe pour moi.

Voir Ennis et Tomas rire en se remémorant leurs souvenirs communs agrandit le sourire sur mon visage. J'ai toujours trouvé cela beau, ce qu'on peut partager avec une autre personne, ce qui n'a pas besoin d'être gravé par un effort de la volonté pour perdurer dans la mémoire. Depuis le début de mon séjour ici avec mon père, nous avons également vécu quelques petites aventures intéressantes, mais ce n'est pas cela qui me marque principalement, plutôt les discussions que nous avons pu avoir ensemble, les silences que nous avons partagés ; ces petites choses qui ne font pas forcément de bruit mais laissent une trace, une graine, une marque dans un voyage. On ne se souvient pas toujours de ce que l'on vit, parfois nous sommes saisis par une émotion, un regard, un geste qui sort de l'ordinaire, et c'est aussi ce qui peut être le plus doux.

Je hoche la tête aux paroles de Tomas. Une randonnée longue mais facile me tenterait bien. Je pense que j'ai besoin de m'octroyer quelques heures pour réfléchir au calme tout en faisant quelque chose —ne rien faire pendant ce temps serait inenvisageable pour moi — ; et puis, cela soulagera mon père de savoir que pour une fois, il n'est pas obligé de m'accompagner.

« Merci ! Je garde ces noms en tête. Je dois avouer que le volcan me tenterait bien... mais je vais y réfléchir ! »

Peut-être croiserai-je les deux Irlandais lors d'une randonnée ? Tout dépend du jour où ils partiront et de ce qu'ils comptent faire je suppose.

« Vous avez d'autres choses de prévu pour le reste de votre séjour ici ? Quels autres matches irez-vous voir ? »