« Pardon. Pardon. PARDON. »

Raah, ces fichus touristes. Certes, j’en suis un également. Je ne suis venu ici que pour pouvoir passer mes journées entières à parler de Quidditch, penser au Quidditch et voir du Quidditch. Par la barbe de Merlin, qu’est-ce que j’aime ce sport ! Ne vous méprenez pas : il n’arrivera jamais à la cheville du football ou du rugby. Mais cela ne m’empêche pas de profiter de chaque occasion possible pour observer un match. Je ne me le serai jamais pardonné si j’avais raté la Coupe du Monde. Fort heureusement, Père a lâché sans sourciller un sac rempli de Gallions pour nous permettre d’assister non seulement à la finale, mais aussi aux demi-finales et à la petite finale ! Je suppose qu’il était soulagé de pouvoir se débarrasser de mes frères et de moi-même pendant quasiment une semaine. Ainsi, depuis quatre jours déjà, j’arpente l’île, profitant de l’ambiance festive.

Le visage intégralement recouvert par un maquillage aux couleurs de l’Écosse, la faim me tiraillant l’estomac, je commence à légèrement perdre patience tandis que je me fraie un chemin parmi les nombreux supporters présents au stand de nourriture. Je recherche désespérément une table libre afin de pouvoir déguster les plats que j’ai commandé (« Du lapu-lapu, des empadão et des bonbons patates, s’il vous plaît ! »). Depuis mon arrivée sur l'île de Salamangka, je profite de chaque occasion pour goûter les spécialités de différents pays. Elles offrent un contraste agréable avec les repas que l’elfe de maison de Père prépare ! Perdu dans mes pensées, je ne fais pas attention aux endroits où je mets les pieds et trébuche, bousculant l’une des supporters. Dépité, je contemple le sinistre résultat : une partie de mon assiette a fini à mes pieds.

« Nooon, mon lapu-lapu… » dis-je d’un air désespéré, la voix cassée après avoir passé la journée à chanter pour témoigner mon soutien à l’équipe d’Écosse.

"Un hamburgers avec frites et un cheesecake, s'il-vous-plaît" demanda la jeune fille en se concentrant pour prononcer correctement les plats. Depuis son arrivée, la blonde avait testé des plats provenant de diverses pays, appréciant certains plus que d'autres. En voyant la diversité de nourritures présentes, Canelle avait décidé d'établir une sorte de planning: un jour, un pays. Ce jour-là, c'était au tour des Etats-Unis d'être testé, même si l'anglaise avait déjà mangé des hamburgers à de nombreuses reprises. Elle espérait que celui-ci serait bon.

Arrivée un peu plus d'une semaine auparavant pour les quarts de finale, Canelle avait tout de suite une préférence pour l'Irlande. Même si elle n'appréciait pas jouer au quidditch ou même le vol, regarder des joueurs aussi doués lui faisait vraiment plaisir. L'attrapeuse des Irlandais, Kate O'Sullivan, était tout simplement géniale. La Serdaigle avait été plus que ravie de voir que son équipe préférée était qualifiée en finale, finale qui se déroulerait le lendemain. Elle n'avait donc pas été particulièrement attentive au match de ce jour-là, bataille entre l'Angola et l'Ecosse pour la troisième place.

Quelques minutes plus tard, son repas en main, la jeune fille tentait de se frayer un chemin à travers la foule pour se trouver une table. Peut-être que sa famille la rejoindrait plus tard, ses frères étant encore en train de se doucher. Son père n'était pas là, pour le plus grand bonheur de l'anglaise, mais sa mère, ses frères et sa soeur passaient un excellent moment. C'était probablement les meilleurs vacances que Canelle passait depuis des années, passant tout son temps en compagnie de sa mère, à se balader, visiter des pays, à jouer ou même juste à discuter. Elles avaient deux ans à rattraper, après tout.

Perdue dans ses pensées, la futur quatrième année ne fit pas attention au garçon qui passait à côté d'elle, ne réalisant qu'il était là qu'au moment où elle le bousculait, une partie du repas du brun finissant par terre. Oups. Etait-ce elle qui l'avait bousculé, ou bien lui ? La blonde n'en avait aucune idée, revenant à peine à la réalité, son hamburger fermement entouré par ses mains. "Hum.. euh... désolée, balbutia-t-elle. J't'avais pas vu..euh... j'suis vraiment désolée." Les joues de la jeune fille se teintèrent de rose à mesure qu'elle parlait, consciente que le garçon n'en avait clairement rien à faire.

Suivant le regard du brun vers le sol, la jeune fille se mordit la lèvre. Une grande partie de l'assiette du garçon était tombée par terre, ce qui semblait être un désastre aux yeux du garçon. "Euh.. tu veux que j'aille t'en reprendre ?" demanda-t-elle, hésitante. Canelle ne savait pas quoi faire, mal à l'aise.

Une moue boudeuse sur les lèvres, je continue de fixer le terrible désastre qui s'étend sous mes yeux. Certes, ce repas ne m'inspirait pas totalement confiance ; je l'avais choisi uniquement parce qu'il s'agit d'une spécialité locale. Les liens de parenté entre ce poisson et le mérou ne m'ouvraient pas spécialement l'appétit, mais puisque je ne risque pas de remettre les pieds dans cette région du monde de sitôt, je voulais tout tenter. Je suppose que c'est un signe du destin pour m'indiquer que j'aurais détesté ce lapu-lapu, et qu'il faut mieux que je me contente d'un bon welsh cawl, ou encore de la salade de pommes de terre à laquelle j'ai été habitué lors de mes multiples voyages en Allemagne. En vendent-ils dans ce stand ? Je jetterai un oeil au menu dès que j'en aurais l'occasion.

Levant les yeux de ce pauvre poisson qui a fini à mes pieds, je souris devant le désarroi de la fille qui m'a bousculé - ou peut-être était-ce moi qui l'ai bousculée ? Je ne serais pas capable de le dire. Elle se confond en excuses et propose même d'aller me rechercher le même plat. Fort heureusement, il s'agit d'une anglophone. Je commence à en avoir marre de ne pas comprendre quand un supporter m'adresse la parole dans un idiome inconnu. Mon mauvais caractère m'a déjà poussé à chercher querelle à des supporters de l'Angola qui, à mon grand dam, ne parlait que portugais. Comment expliquer par le langage des signes à quelqu'un qu'il faut absolument supporter l'Écosse ?

"T'inquiète, je vais me contenter des empadao et de ces bonbons bizarres. Par contre, si tu veux me faire don de quelques unes de tes frites pour t'excuser, je ne dis pas non."

J'ai sans aucun doute terriblement mal prononcer le nom de ce plat brésilien. Em-pa-da-o. Il y a trop de syllabes. La prochaine fois, je me contenterai d'un simple fish and chips.

Fronçant légèrement les sourcils, je me reconcentre sur la fille. Avait-elle un accent américain, ou peut-être australien, quand elle m'a adressé la parole ?

"Tu vas à quelle école ? Ilvermorny ? Walmanba ? Tawaneer ? J'espère que tu soutiens l'Australie, parce que sinon, je ne pourrai jamais te pardonner d'avoir renversé mon lapu-lapu."

La moue boudeuse que continuait d'afficher le garçon inquiétait la blonde, qui avait peur que celui-ci explose de rage. Elle savait qu'ils parlaient la même langue, l'ayant entendu se lamenter sur son plat quelques secondes auparavant, et n'avait aucune envie de se disputer avec lui. La première raison était que Canelle détestait toutes les sortes de dispute, surtout quand ça l'incluait. La seconde était qu'ils étaient au milieu de la foule, et qu'une dispute serait particulièrement gênante à ce moment-là.

Le soulagement de l'anglaise n'en fut que plus grand quand le brun reprit la parole. Tout allait bien, celui-ci n'avait pas l'air trop énervé. Tout en l'écoutant parler, la jeune fille croisa le regard du garçon, levant la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux. Il ne semblait pas beaucoup plus âgé qu'elle, et pourtant il était vachement grand. Elle qui était souvent considérée comme grande, se sentait toute petite face à lui. Il devait bien la dépasser d'une bonne dizaine de centimètres, si la Serdaigle visait à peu près juste.

Soulagée, la jeune fille avait retrouvé sa langue. Depuis le retour de sa mère, elle était bien plus chaleureuse et bavarde. Toujours un peu timide, mais Canelle avait l'impression que ça allait de mieux en mieux. "Ah ca va alors, fit-elle avant d'expliquer. J'avoue que j'avais pas trop envie de retraverser tout le monde... Hum... vas-y, sers-toi !" Un sourire amusé aux lèvres, la jeune sorcière lui tendit la barquette de frites en se disant que de toute façon, elle lui devait bien ça. Et puis, elle ne les mangerait probablement pas toutes.

Depuis toute petite, Canelle avait été maladroite. La plupart du temps, elle tombait sur des personnes compréhensives, mais parfois elle finissait par se faire détester par des inconnus. Heureusement, ce jour-là, elle était plutôt tombée sur la première catégorie, ce qui la mettait définitivement plus à l'aise.

La jeune anglaise attendit que le nom de son école sorte de la bouche du garçon, en vain. Apparemment, Poudlard ne devait pas être si connue que ça puisque le brun ne devait pas en avoir déjà entendu parler. "Poudlard, fit-elle. J'sais pas si tu connais... Aah, dommage, je suis pour l'Irlande. Leur attrapeuse est géniale !" Comprenant que le garçon plaisantait, la jeune fille ria doucement avant de demander: "Au fait, tu t'appelles comment ?" Généralement, Canelle n'était pas si à l'aise avec les personnes qu'elle ne connaissait pas bien. Seulement, elle était persuadée qu'elle ne le reverrait pas alors...

Affamé, j’accepte avec joie les frites que la blonde me propose. Durant le match, j’étais trop occupé à manifester bruyamment mon soutien à l’Écosse pour profiter des nombreuses friandises que mon plus jeune frère avait emporté. Antony, allez savoir pourquoi, n’a jamais été un grand fan de Quidditch. Si Peter l’y autorisait, il resterait probablement enfermé dans notre tente, et lirait quelques bouquins ennuyeux à en mourir dans l’un des nombreux canapés dont dispose l’abri. Mais, puisque notre aîné l’oblige à assister aux matchs - comment cela peut-il être une obligation ? - il préfère s’allonger sur nos places, que nous délaissons tous pour nous presser contre la rambarde et admirer le jeu des sportifs. Maintenant que mon estomac gronde, et qu’une partie de mon repas est à mes pieds, je regrette amèrement de ne pas avoir piocher dans ses stocks de provisions.

 « Merci ! Les frites sont excellentes, elles viennent de quel pays ? La prochaine fois, je commanderai ça. »

Je me permets de reprendre quelques frites tout en goûtant les bonbons à la patate que j’ai décidé d’acheter. Étonnamment, c’est plutôt bon, même si j’ai l’étrange impression qu’il y a un mélange entre du sucré et du salé : était-ce censé être un dessert ?

 « Tu viens de Poudlard ? Moi aussi ! Mais pour le moment j’ai croisé personne de l’école, à part mon frère, évidemment. »

Je ne suis pas étonné de ne pas l’avoir reconnue. À part mes camarades de promotion et quelques élèves de Gryffondor, j’ai tendance à ne pas faire attention aux gens du collège, et je suis tout bonnement incapable de les reconnaître en dehors de l’enceinte de l’école.

Mes yeux s’écarquillent lorsque je l’entends affirmer qu’elle est pour l’Irlande. Venant d’une élève de Poudlard, ce n’est pas étonnant. Mais quand même ! Comment peut-on préférer l’équipe d’Irlande, lorsque l’on voit la composition de celle d’Australie ?

 « Tu es pour l’Irlande ? Mais c’est insensé ! Il y a Ellan Smith dans l’équipe d’Australie, c’est le meilleur batteur du monde ! En Irlande, ils ont juste Fitzgerald, et il ne fait pas le poids face à Smith. »

Ai-je un petit faible pour Smith ? Évidemment. L’équipe de mon batteur préféré, Dimitrios Motsekis, ayant été battue dès les poules, il a fallu que je me rabatte sur mon deuxième favori.

 « Max. Et toi ? »

Le garçon accepta rapidement les frites que Canelle lui tendait, visiblement affamé. Un sourire amusé aux lèvres, la jeune fille le laissa se servir largement, consciente que celui-ci devait en avoir plus besoin qu'elle. La Serdaigle avait beaucoup mangé durant la journée, surtout pendant le match. La blonde ne soutenant aucune des deux équipes, ce n'avait pas été un match particulièrement intéressant, et elle en avait profité pour grignoter le goûter que sa mère avait apporté, tout comme sa soeur. Les jumeaux n'avaient pas vraiment fait attention à elles, à fond dans les encouragements dans l'espoir que l'Ecosse gagne. Visiblement, leur voeu avait été exaucé, l'équipe ayant remporté le match.

"Ca vient des Etats-Unis, répondit-elle. Prenant une frite pour goûter, elle enchaîna : c'est vrai que c'est bon" La blonde en avait déjà goûté quelques fois, bien que très rarement. Chez eux, ils mangeaient surtout de la nourriture italienne quand sa mère était là. Canelle ne s'en plaignait pas, adorant tout ce qui était préparé. De toute façon, face aux plats surgelés que faisaient son père, les plats faits maison de sa mère paraissaient être un festin. L'anglaise ne réalisait pas totalement à quel point sa mère lui avait manqué.

Etonnée, la jeune fille en eut la bouche bée. Comment se faisait-il qu'elle ne l'ait pas reconnu ? Evidemment, la blonde ne connaissait pas tout le monde au château, mais elle avait généralement une bonne mémoire. Habituellement, même s'il n'avait jamais parlé à quelqu'un, elle reconnaissait la personne sortie du contexte. Cette fois-ci, ce n'était pas le cas apparemment, le visage du brun ne lui semblant absolument pas familier.

"Vraiment ? s'étonna-t-elle avant d'enchaîner timidement. C'est fou, j'crois pas t'avoir déjà vu avant.... Hum... moi non plus, j'ai pas croisé beaucoup de monde, juste quelques personnes." La jeune fille était persuadée d'avoir aperçu sa meilleure amie quelques jours auparavant, même si elle ne l'avait pas très bien vu. Celle-ci était venu à la coupe du monde avec la famille d'un ami à elle, et Canelle aurait bien aimé la voir. Malheureusement, elles n'avaient pas encore eu l'occasion de discuter, ne s'étant jamais vraiment croisé jusque-là.

Un sourire amusé se dessina sur son visage à mesure que le garçon s'étonnait. Apparemment, l'équipe de l'Australie était une de ses favorites. A vrai dire, Canelle n'était pas très bonne en vol, et admirait donc toute personne qui savait tenir sur un balai. Elle avait eu un coup de coeur pour l'équipe de l'Irlande depuis qu'elle était arrivée, sans même se douter qu'ils finiraient en finale. Qu'est-ce qu'elle était contente ! La blonde comptait bien les encourager un maximum.

"J'sais pas, ils sont quand même hyper forts les Irlandais, sourit-elle. O'Sullivan est géniale, et O'Hara est pas mal non plus." A vrai dire, il n'y avait pas de raison particulière pour que Canelle préfère cette équipe-là. Son choix s'était fait de lui-même quand elle était arrivée sur l'île, sans qu'elle ne le décide réellement.

Max. C''était court, probablement un diminutif de quelque chose de plus long. Maxime ? Maxence ? L'anglaise n'osa pas demander, se disant qu'il devait bien y avoir une raison pour que le garçon préfère qu'on l'appelle Max. Et puis, vu sa maladresse habituelle, le brun pouvait aussi tout simplement s'appeler Max sans que ce soit un diminutif. "Canelle" fit-elle finalement, décidant d'interrompre ses pensées.

Des États-unis ? Je souris en me remémorant la défaite de leur équipe face à la Grèce, il y a quelques semaines. Quel dommage que les Grecs n’aient pas su reproduire cet exploit face à l’Angola ! Je pioche une nouvelle frite : après tout, la blonde a renversé mon plat entier par terre, je peux donc me permettre de manger une partie de son repas. Je n’ai pas l’habitude de goûter ce genre de plats durant l’été ; l’elfe de Père a une préférence pour les plats typiquement britanniques ou allemands, et depuis notre déménagement à Godric’s Hollow, je n’ai plus l’occasion d’aller chercher à manger dans les commerces moldus.

Je secoue la tête. Comment peut-elle soutenir l’Irlande ? Comment puis-je converser avec l’une des supporters de cette équipe ? Pourquoi tout le monde ne s’accorde-t-il pas pour affirmer cette évidence : l’Australie mérite plus que toute autre équipe de gagner la Coupe du Monde de Quidditch.

 « M’ouais, O’Sullivan est douée, je vais pas dire le contraire. Mais je n’aime pas le Club de Flaquemare. Si elle était attrapeuse pour les Pies de Montrose, ce serait mieux ! »

Je désigne le badge de cette équipe, qui est épinglé sur mon tee-shirt. Avant de prendre le Portoloin pour rejoindre cette île des Philippines, j’ai réuni quelques gadgets de fans de Quidditch que je possède : le vieux chapeau de farfadets qui traînait dans un coin du grenier y est bien évidemment resté. Cette collection d’objets va d’ailleurs être bientôt agrémentée de tous les accessoires aux couleurs de l’Australie que je pourrais trouver.

 « Cannelle, comme l’épice ? »

La jeune fille écouta le garçon parler avec amusement, celui-ci n'étant clairement pas d'accord avec elle. La blonde ne comptait pas débattre sur le quidditch, n'y connaissant rien, mais trouvait intéressant de connaître l'avis des autres personnes. Sa famille exclue -ils étaient tous pour l'Irlande eux aussi- Canelle n'avait pas eu l'occasion de discuter avec beaucoup de monde depuis le début de la coupe du monde. Elle avait bien cru aperçevoir Zoey une fois ou deux, mais impossible de mettre la main sur celle-ci. Elle devait probablement passer un bon moment avec la famille de son ami.

Laissant son camarade piocher quelques frites, la blonde essayait de se remémorer la dernière fois qu'elle en avait mangées. Ca devait remonter à pas mal de temps, la futur quatrième année n'arrivant pas à s'imaginer l'image dans sa tête. Ce qui était sûr, c'était qu'elle n'en avait pas mangé avec son père. Ca devait donc remonter à avant sa première année... Canelle était contente d'en manger à nouveau ce jour-là, les plats proposés étant en plus souvent bien préparés. Il n'y avait pas une fois où l'anglaise n'avait pas apprécié son repas, même s'il y avait des aliments qu'elle préférait à d'autres.

"Mouais, c'est vrai" acquiesca-t-elle. Canelle avait beau être facilement influençable, elle continuait à soutenir l'Irlande. Elle avait apprécié l'équipe depuis qu'elle était arrivée et ne risquait pas de changer d'avis si facilement. La blonde n'avait cependant rien contre l'Australie, qui étaient plutôt doués aussi. De toute façon, les deux équipes devaient forcément bien se débrouiller pour se retrouver en finale. Un sourire amusé aux lèvres après avoir jeté un oeil au badge épinglé sur le t-shirt du garçon, la blonde demanda: "T'es venue avec ta famille ?"

La jeune sorcière hocha la tête, réfléchissant avant de répondre. Elle avait souvent subi des moqueries à propos de son prénom, ce qui la mettait un peu sur la défensive, n'aimant pas vraiment en parler. Mais le garçon n'avait pas l'air moqueur en posant sa question, se comportant normalement. Se répétant qu'il n'allait pas se moquer d'elle pour quelque chose qu'elle n'avait même pas choisie, Canelle se prépara à répondre.

"Euh... ouais, mais avec un seul n, répondit-elle timidement, hésitante. Ma mère aimait bien les épices et la France, alors..." Canelle avait beau ne pas apprécier son prénom, elle respectait le choix de sa mère. Elle était contente que ce soit elle qui ait choisi son prénom, et ne le critiquait jamais devant celle-ci.

Plongeant prudemment une fourchette dans ma part d'empadao, qui risque également de finir au sol, puisque je tiens mon assiette du bout des doigts, j'examine le plat en fronçant les sourcils. Est-ce que ce sera à la hauteur des excellentes frites que je viens de goûter ? Je n'en suis pas sûr ; il sera difficile de les égaler. Haussant les épaules, j'avale une bouchée du repas, tout en continuant d'écouter Canelle.

"Oui, avec mes frères. Mais ils sont restés à notre tente parce qu'apparemment je passe trop de temps au stand de nourriture. J'y peux rien si j'ai une faim de loup-garou !"

Peter, Antony et Jacob ont tendance à m'envoyer paître dès que j'émets la proposition que l'un d'eux m'accompagne manger. Quel manque d'amabilité de leur part !

"Et toi ?"

Je continue de hocher la tête pendant ses explications sur son nom, en prenant quelques autres bouchées d'empadao, qui s'avère être un excellent plat. Il faudrait que je pense à m'inscrire aux échanges AMICO cette année, juste pour avoir l'occasion d'aller à Castelobruxo et de déguster d'autres plats brésiliens. N'est-ce pas une bonne raison pour participer à ces échanges ?

"Elle aimait les épices au point de te donner le nom de l'une d'entre elle ?"

Par Merlin, heureusement que ce n'est pas ainsi que Père et Mère ont choisi mon prénom ! Je n'aurais pas le moins du monde apprécié que l'on m'appelle avec l'un des nombreux plats allemands aux noms imprononçables que Père affectionne tant. Porter le nom de mon arrière-arrière-grand-père le moins recommandable est déjà assez désagréable, étant donné son goût prononcé pour le harcèlement de Nés-Moldus.

"T'as de la chance, elle aurait pu choisir de t'appeler Paprika. Et avec un nom comme ça, tu aurais été obligée de supporter le Paraguay, le Pérou, le Brésil ou je-ne-sais-quelle autre équipe d'Amérique du Sud ! Déjà que tu n'as pas réussi à faire le bon choix entre l'Irlande et l'Australie..."

La jeune fille laissa un léger rire éclairait son visage en entendant la réponse de son camarade, amusée. Canelle ignorait tout de la famille du jeune homme, mais se doutait que ses frères devaient être plus petits que lui. Sinon, ne seraient-ils pas là avec lui ? De son côté, elle était seule parce que sa mère et sa sœur attendaient ses frères. Les jumeaux mettaient toujours des heures à se doucher et ce jour-là n’y avait pas échappé. Sa mère et sa sœur avaient préféré les surveiller et laisser la blonde allait chercher à manger toute seule. A vrai dire, ça ne dérangeait pas vraiment la blonde qui avait toujours aimé être seule. Maintenant que sa mère était là, elle pouvait passer tout le temps qu’elle voulait avec elle.

« Ah, okay, ria-t-elle doucement. Ça fait longtemps que t’es ici ? ‘Fin à la coupe du monde, pas au stand… » Canelle, qui était arrivée aux quarts de finale, se demandait si la plupart des gens avaient fait comme elle ou s’ils étaient venus dès le début. Elle supposait que les fans de quidditch devaient avoir envie de voir tous les matchs, mais ignoraient s’ils avaient vraiment envie de passer une grande partie de leur été là-bas. Rester quelques semaines suffisaient amplement à la futur quatrième année, qui profitait un maximum des moments passés sur l’île. Être en, compagnie de sa mère la rendait vraiment heureuse, lui faisant passer un séjour génial.

La jeune fille haussa les épaules, un peu gênée. « Apparemment » se contenta-t-elle de répondre, n’aimant pas parler de son prénom. Elle savait que c’était quand même assez original, ayant subi pas mal de moqueries étant plus jeune. Mais elle avait cependant appris à respecter son prénom, aimant trop sa mère pour critiquer sa décision. Ça avait beau ne pas avoir été l’idée la plus brillante qu’elle ait eu, ça restait une de ses idées. Et puis, ça ne gâchait pas non plus la vie de l’anglaise, qui avait appris à ne plus réagir aux réactions des autres.

Se détendant en entendant la suite des paroles du garçon, Canelle ne put s’empêcher d’éclater de rire. La blonde n’aurait de toute façon pas survécu bien longtemps avec un prénom pareil, ne s’imaginant pas une seule seconde pouvoir s’appeler Paprika. « Ouais, c’est vrai, faut relativiser, sourit-elle. Hey ! L’Irlande c’est très bien… » L’anglaise ne prenait pas plus à cœur que ça les paroles de son camarade, ne défendant que très peu son équipe préférée. Elle ne connaissait rien au quidditch et ne pouvait pas vraiment défendre son équipe avec de vrais raisons. Valait mieux ne pas insister.