Lalo était le plus jeune frère de ma mère, ce qui faisait de lui mon oncle. Dans notre clan, tout le monde s'accordait à dire que je lui ressemblais. Physiquement déjà, nous étions très proche : minces et puissants, des yeux verts légèrement bridés, le tain mate, une tignasse brune et épaisse. Mais nos similitudes étaient d'autant plus flagrantes sur le plan des caractères : francs et farouches, vifs d'esprit, téméraires, souvent enclin à enfreindre les règles. Je l'adorais à le vénérer, comme un grand frère,d' un amour inconditionnel et malheureusement à double tranchant.

Car Lalo n'était pas né sous une bonne étoile. Il n'avait pas toujours fait les bons choix. A la suite d'une bagarre qui avait mal tourné, mon père fut contraint de le bannir de nos terres, l'obligeant à s'éloigner des Marshes. Dès lors, je recevais quelques nouvelles par lettre, surtout depuis mon entrée à Poudlard, dans lesquelles il me réclamait notamment quelques services. C'était en partie à cause d'une de ces lettres, que l'année dernière j'avais tenté de m'introduire dans la réserve des potions pour y voler des ingrédients que Lalo aurait pu revendre. En dehors de cela, cela faisait maintenant deux ans que je ne l'avais pas revu... jusqu'à cet été, où, Lalo était réapparu.

C'était peu avant la fin des grandes vacances, une visite brève, inquiétante, à la tombée de la nuit. Tourmenté, il m'avait récité des bouts de phrases comme pris dans une transe, répétant un récit incompréhensible au milieu duquel revenait sans cesse : "trouve l'oeil clair"... "brule"... "et débarrasse toi de ça dans le lac" puis avant de disparaître tel un dément dans l'obscurité, il me fourra dans la main un bracelet d'or ouvragé.



La fumée blanche, dense, collante, ne mit que très peu de temps à envahir l'espace, formant un nuage trouble autour de moi. Rapidement, alors que je m'affairais, l'air saturé par les vapeurs âcres devint piquant. Retenant ma respiration, je me hâtais d'éteindre la combustion dans l'eau des toilettes et me jetais hors de la cabine pour reprendre mon souffle.

Je ne sais pas ce que je fais ici dans les toilettes abandonnées là ou peu de personnes vont pour ne pas dire personne enfin à part moi aujourd'hui. Mais j'y suis. Et d'ailleurs, ça pue. On est que le 3 septembre ça veut dire que ça ne fait que trois jours que les élèves sont de retour alors pourquoi ça pue ? Je veux bien que ce soit des toilettes abandonnées, mais personne ne nettoie jamais ? Fin, tout le monde sait que de temps en temps des gens y vont une fois par mois voir tous les deux mois un nettoyage serait sûrement utile.

Plus les secondes passent plus je me rends compte qu'il y a une sorte de nuage de poussières... voir de fumée ? Non, ça doit être une illusion pourquoi y aurait il un nuage de fumée dans ces toilettes ?
Un clignement, deux clignements, trois clignements toujours un espèce de brouillard et ça pue toujours autant.
Alors que j'essaie de trouver la source, je tombe sur un Ezra un peu toussant, les yeux humides. Je ne le connais pas particulièrement, mais je crois que c'est un ami d'Ernest ou en tout cas une de ses connaissances qui n'a d'ailleurs pas l'air en pleine forme. Peut-être qu'il fait une allergie à la poussière?

- Ez... Ezra ? Tout va bien ? C'est à cause de ce brouillard bizarre que t'as pas l'air en pleine forme ?

Si ça impact mes camarades, il faut vraiment que je trouve d'où vient cette poussière. Elle n'est pas très épaisse pourtant. Ezra doit être très sensible.

Je me redressais vivement à l'entente de mon nom et reconnus immédiatement le visage de celle qui s'était approché de moi. Pris au dépourvu, je fermais la porte de la cabine dont je venais de m'extirper. Mon nez, mes yeux, ma gorge agressés par l'âcreté des émanations me brulaient. Mais après quelques raclements de gorge, je parvenais à répondre :

" Blair ? Qu'est ce que..." demandais je confus.

Même si dans l'espace plus vaste des toilettes, la fumée s'avérait moins épaisse, je peinais à reprendre mes esprits comme si l'inhalation d'une trop grande quantité de fumée mêlée à la surprise m'embrumait l'esprit. Il fallait pourtant que je trouve une explication pour justifier ma présence ici au milieu de ce brouillard à l'odeur d'herbe brulée.
Blair n'était surement pas bête et, à moins qu'un troisième élève ne surgissent d'une des cabines, il y avait fort à parier qu'elle se questionnait déjà sur cette fumée et son origine. J'optais pour gagner un peu de temps, suffisamment pour retrouver mes esprits, et simulais une quinte de toux.

"Merlin ! Cette odeur est infecte ! On devrait peut être ouvrir la porte du couloir pour aérer la pièce ?"

J'interrogeais du regard Blair. Après tout, tant que la Serpentard ne m'avait pas fait part de ses doutes, se placer dans le rôle de la victime était peut être la meilleure chose à faire pour détourner son attention.

Aaaaah Ezra aussi avait remarqué cette odeur, je n'étais pas folle. Il ne m'avait pas répondu, mais au moins, il avait confirmé que c'était pas juste moi. En même temps comment ça pourrait être juste moi ? Des illuminations peut-être ? Mais qu'est-ce que je raconte, on dit des hallucinations en plus. De toute façon, ça ne pourrait pas juste être moi, c'est impossible la surface et l'odeur sont si grandes et fortes qu'il faudrait probablement m'enfermer si j'ai des hallucinations du genre.

- Oui, tu as raison ouvrons la porte du couloir pour aérer ! Mais surtout, il faut qu'on trouve la source de cette odeur infecte et de cette fumée. On est que le 3 pourtant qu'est ce qui peut créer cette fumée en trois jours ? Et surtout cette odeur ! Quelle HORREUR ! T'as une idée ?

J'ouvre la porte menant au couloir et inspire une grosse bouffée d'air qui est novatrice, c'est le cas de le dire. Ça fait du bien. Je ne sais toujours pas ce que je fais ici, mais si je sais une chose, c'est que je ne reviendrai pas de sitôt. Si c'est pour me retrouver intoxiquer ça ira, c'est gentil merci.

Je commence à ouvrir les portes des toilettes, une légère appréhension me prend. Et si on trouvait un truc vraiment toxique ? Je pousse prudemment la 3eme porte. Ouf rien à signaler. Quelque chose me tracasse quand même. Comment ça se fait qu'Ezra ait été si touché. D'habitude, c'est moi la sensible pas les autres. Il n'y a pas 30 000 explications de toute façon, soit il est plus sensible que moi c'est pas impossible mais rare. Soit il était à proximité de la source. Ce qui est pour le coup probable.

- Ça va toi ? T'as un peu les yeux rouges voire humides. Tu me rappelles dans quelle cabine tu étais ?

Je lance cette question de façon tout à fait innocente, mais je commence à douter. Et si c'était lui enfaite la source ? Pour la puanteur, ça peut expliquer des choses, mais pour la fumée ? Enfin pas qu'Ezra pue spécialement, mais...