Mon deuxième cours de soin aux créatures magiques venait de se terminer. Mais au lieu de rejoindre le château - vive la filière sciences et l'absence de cours de vol - pour rejoindre ma salle commune, j'avais décider de rejoindre la volière.
Durant l'été, le domaine de Mr Dawson avait été réorganisé. Et lors du premier cours durant lequel nous avions eu droit à une visite guidée de l'ensemble des bâtiments, j'avais noté la présence de nouvelles créatures, notamment dans la volière. J'avais été dans un premier temps déçue d'apprendre qu'il était à présence impossible d'y entrer. J'aurais bien voulu observer de l'intérieur le vol des Vivets dorés, comme l'avait fait l'ancienne préfète-en-chef de Gryffondor en janvier. Mais la présence de quelques Fées m'avait intriguée et je m'étais promis de les observer de plus près.

C'est pour cela que j'avais décidé de rester un peu après le cours. Je voulais les observer de plus près.
Arrivée à proximité de la volière entièrement faite de verre, je regarde les petites créatures à l'apparence humanoïde aux grandes ailes multicolores.
Après un petit moment, je décide de sortir mon ouvrage préféré "Vie et habitat des animaux fantastiques". Cette fois, il s'agit d'un livre neuf. J'ai toujours dans ma malle la vieille édition que j'avais récupéré de l'un de mes frères. Mais cette rentrée en troisième année avait été l'occasion d'acquérir mon propre ouvrage.
Grace au sommaire, je trouve rapidement la page correspondant aux fées : "Une fée est une petite créature décorative d'une intelligence médiocre." Mon regard se pose à nouveau dans leur direction et je constate que certaines semblent se chamailler. La suite de la lecture me confirme ce trait de caractère : les fées se querellent fréquemment et sont également extrêmement vaniteuse.
Je reste une demi-heure à les regarder et à comparer mes observations avec leur description présente dans l'ouvrage de Norbert Dragonneau. Il est à présent temps de retrouver Raidho, mon Boursouflet. Il faudrait pas que ma petite boule de poils s'ennuie.

Comme la semaine précédente, je m'attarde à la fin du cours. J'aurais pu me dépêcher de rejoindre mon dortoir pour retrouver Raidho et prendre un peu de repos avant le cours d'astronomie qui aurait lieu en soirée, mais mon intention était toute autre.
C'était comme un rituel que j'espérais tenir jusqu'à la fin de l'année : passer une petite heure à observer les différents résidents de la zone de soin aux créatures magiques.
Il y avait les résidents permanents, comme les Boursoufs et les Boursouflets qui nous venions de commencer à étudier, mais aussi des résidents temporaires, qui étaient présents en général une semaine ou deux.

C'est donc en direction du grand bâtiment qui contenait les terrariums, vivariums et autres que je me dirige. J'avais entendu que l'un des vivariums était actuellement occupé alors forcement, j'avais voulu y jeter un coup d'œil.
M'installant sur l'un des bancs mis à disposition, je sors de mon sac le livre à la couverture rouge. L'index me conduit rapidement à la page consacrée à la créature serpentine à trois têtes : le Runespoor, un serpent vivant dans les forêts du Burkina Faso et dont chaque tête a une fonction particulière.
Posant le livre ouvert à côté de moi, je sors mon matériel de dessin et un nouveau carnet, spécialement dédié aux croquis que je réaliserais cette année.
Durant l'heure suivante, quelques pages auront été noircies par mon crayon, traçant plusieurs croquis plus ou moins détaillés.

Les deux semaines précédentes, c'était en compagnie des boursoufs et des boursouflets que j'avais passé quelques instants après le cours du professeur Dawson. Chaque cage était occupée par deux mâles et deux femelles. J'avais ainsi pu observer à loisir les différences entre ces deux créatures, que ce soit sur le plan physique que comportemental.

Mais aujourd'hui, ce n'est pas en direction du grand bâtiment contenant les terrariums et autres vivariums que je me dirigeais.
Non, la créature présente actuellement dans la zone de soin était bien trop imposante pour tenir enfermée dans une cage. Tellement imposante qu'il n'y avait pas besoin de trop s'en approcher pour l'observer.

D'allure humanoïde, mais bien plus massive qu'un homme, le petit écriteau installé à côté du portail indiqué : Troll des montagnes.
Avec sa peau gris clair, son crâne chauve et ses grandes oreilles, la créature était loin de gagner un prix de beauté. Ni d'intelligence d'ailleurs. Le troll des montagnes était l'espèce de troll la plus grande, la plus méchante et surement la plus idiote qu'il existe.
Mais bon, je ne comptais pas lui faire la discussion. Car oui, les trolls "parlent", enfin, ils ont un langage, basé sur un usage de sons et de gestuelles, si j'avais bien compris les explications données lors de la réunion sur l'apprentissage des langues magiques. Apparemment, leur gourdin ne sert pas uniquement à taper sur tout ce qui passe.
Au moins, je n'aurais aucun mal à faire des croquis de cette charmante créature.

Depuis le début du mois, les cours étaient bien plus théoriques. C'était peut-être moins amusant que d'étudier une créature, mais il était également important de connaitre les réglementations sur le contrôle de la vente et de l'élevage des créatures ainsi que sur les réserves naturelles.
Je ne savais pas encore exactement ce que je ferais plus tard, mais j'avais encore quelques années à passer à Poudlard avant de rejoindre la Faculté de Soins aux Créatures Magiques. Eleveuse, dresseuse, soigneuse ou même garde-chasse, il y avait de nombreux débouchés et pour chacun, connaitre les réglementations était nécessaire.

Heureusement, il y avait ce petit moment à la fin du cours du lundi où je m'attardais une petite heure pour observer les créatures présentes dans la zone de soin. Que ce soit celles étudiées cette année ou dans les années futures, c'était toujours une bonne opportunité de les dessiner.

La créature actuellement présente dans le domaine du professeur Dawson était située dans l'un des vivariums du grand bâtiment. Avec le temps automnal qui s'installait progressivement, j'étais bien contente de m'installer à l'abri, sur le banc situé à proximité du serpent aquatique aux écailles noires et blanches et dont la tête était ornée de deux cornes. D'après l'écriteau, il s'agissait d'un serpent cornu.
Malheureusement, j'avais peu d'informations sur ce reptile. J'allais devoir faire quelques recherches à la bibliothèque ou directement me renseigner auprès de Mr Dawson.

En attendant, je sors mon carnet et mon matériel de dessin, et je plonge mon regard dans les yeux bleus de la créature... Quelle couleur envoutante...

Quel dilemme !
Actuellement, il y avait deux créatures de passage, toutes les deux étaient installées dans le grand bâtiment. Au moins, je serais à l'abri des quelques rafales de vents qui faisaient se soulever les feuilles mortes aux couleurs d'automne.

Dans l'une des cages, je note la présence de ce que je pris au premier abord pour des cailloux. Avec étonnement, je me demande pourquoi le professeur Dawson aurait installé uniquement des cailloux dans une cage. Je recherche alors la pancarte indiquant le nom de la créature installée : Povrebine. Sortant mon livre à la couverture rouge, je cherche à l'aide de l'index la page qui leur est consacrée. D'une trentaine de centimètre, ce démon d'apparence humanoïde possède un corps couvert de poils, contrairement à sa grosse tête. Et si je l'ai confondu avec un caillou, c'est que c'est ce à quoi elle ressemble lorsque la créature est assise, un caillou rond et brillant. Pas très intéressant à observer...

Par contre, lorsque mes yeux se posèrent sur le terrarium contenant les autres créatures, mon attention se détourna définitivement des cinq cailloux pour se focaliser sur le mini-volcan en activité.
Pataugeant entre les petites coulées de lave, il y avait six salamandres dont la peau avait les mêmes nuances que la roche en fusion.
Voila quelque chose de bien plus intéressant à observer et à dessiner. Sans plus d'hésitation, je m'installe sur le bac le plus proche et sort mon carnet que j'ouvre sur une nouvelle double page.
C'est parti !

La semaine dernière, j'avais été faire un tour du côté de la volière. Entièrement vitrée, elle accueillait différentes espèces de créatures, mais une seule avait retenue mon attention. Nous allions bientôt passer à l'étude des vivets dorés. Le professeur Dawson avait annoncé en début d'année le programme et j'avais noté consciencieusement la liste de toutes les créatures que nous allions étudier.
J'étais donc allée les voir, ou plutôt essayer de les voir, car lorsqu'ils se mettaient à voler, ils étaient difficiles à suivre tellement leur vitesse était impressionnante. De vrais virtuoses du vol. Difficile à observer, impossible à dessiner. Je devrais donc attendre le cours en espérant pouvoir en approcher un d'assez près et ainsi comprendre comment ils arrivaient à être aussi agile et rapide.

Mais aujourd'hui, c'était un autre type de volatile qui allait retenir mon attention.
Prenant la direction du grand bâtiment qui renfermait les cages, je slalome entre les terrariums et les vivariums jusqu'à arrivant devant mon objectif. Là, il y avait un petit oiseau qui me faisait penser à l'une des couleurs de ma maison, un oiseau aux plumes bleues. Un oiseau bien silencieux, mais dont le nom avait été utilisé pour le système d'apprentissage des langues magiques : un Jobarbille.
Perché sur une branche, il semble attendre. Peut-être pose-t-il pour moi ? En tout cas, j'en profite. Si il veut jouer les modèles, je ne vais pas le contrarier et je sors mon matériel pour le croquer sur le papier. Mais les traits noirs laissaient par mon crayon ne rendent pas hommage à ce bleu.
- Dommage que j'ai pas mon aquarelle..., pensais-je tout haut. J'pourrais rev'nir demain... Oui, j'vais en parler à Ellana lors du diner...

On prend les mêmes et on recommence...
Encore un lundi et à nouveau j'avais pris la direction du grand bâtiment. Comme la semaine dernière.
Mon objectif du jour est encore un oiseau, et de surcroit, un oiseau bleu. Mais si celui de la semaine précédente était incapable de parler - enfin, c'est pas qu'il ne peut pas mais il ne le faisait qu'au moment de sa mort et alors il restituait tous les sons entendus au cours de sa vie - celui d'aujourd'hui était incapable de vol.
D'ailleurs, ce n'était pas le seul oiseau inapte au vol. Au cours de mes recherches liées à la métamorphose, j'avais découvert que certains oiseaux avaient perdu cette aptitude qui avait été compensé par une aptitude à la course, comme pour les autruches ou les émeus, ou à la nage dans le cas des manchots.
Et puis, il y avait le dirico. Cet oiseau aux plumes bouffantes, plutôt dodu et d'un naturel craintif, avait la particularité de pouvoir se téléporter. Rien que ça !

Installée sur le banc à proximité de la cage où la créature à plumes avait été installée par le professeur Dawson, je m'étais mise à en faite une esquisse. Cette fois, j'avais pris mon matériel d'aquarelle. D'ailleurs, j'allais prendre l'habitude de l'avoir toujours avec moi, que ce soit pour un animal ou une plante, je devais m'exercer régulièrement.
Avec son corps tout en rondeur, il me faisait penser à une peluche vivante. Mais même si la présence de la cage, il y avait peu de chance que le volatil me laisse lui faire un câlin.

Mon carnet de dessin se remplissait de plus en plus. Les dernières pages avaient pris des teintes bleutées du à la présence d'un Jobarbille puis d'un Dirico dans l'une des cages de grand bâtiment.
Et bientôt, ça serait de petits oiseaux tout en rondeur et aux plumes dorés qui viendraient s'y ajouter. En effet, nous venions d'entamer l'étude des vivets dorés en cours.

Contrairement aux précédents lundi, ce n'était pas vers le bâtiment qui hébergeait les vivariums, les terrariums et autres cages que je me dirigeais après la séance de cours du professeur Dawson, mais vers l'enclos. En effet, les créatures que j'allais voir étaient bien plus grosses d'un oiseau. Et même si elles avaient en commun de posséder des plumes, elles n'étaient pas des oiseaux. Ou du moins pas entièrement. Créatures hybrides, les hippogriffes avaient le corps d'un cheval et la tête d'un aigle.
Ce n'était pas la première fois que j'en voyais. Lors des vacances de décembre dernier, j'étais restée à Poudlard afin d'assister aux animations organisées pour la venue des correspondants AMICO. Et parmi elles, il y avait eu une session d'équitation sorcière où chevaux ailés et hippogriffes étaient présents.

Installée devant l'enclos, mon crayon glisse avec fluidité sur le papier blanc, traçant les contours de l'une des créatures. Mes dessins manquent peut-être de précision, mais ce que je voulais faire cette fois-ci, c'était la mise en couleur. A présent, je pensais à apporter avec moi ma boite d'aquarelle.

Les hippogriffes présents la semaine dernière dans l'enclos avait laissé la place à...rien. Mince.
Bon, en même temps, si ça m'évitait de passer une heure assise dans le froid de cette fin de mois de novembre, c'était ça de gagner. Et c'était donc d'un pas guilleret que j'avais rejoint le grand bâtiment qui hébergeait les terrariums, vivariums et autres cages. Mais à ma grande déception, pas de nouvel occupant ici non plus. Après plus de deux mois à arpenter la zone, j'avais fini pour mémoriser les lieux et les occupants permanents de la bâtisse. Il fallait dire qu'ils n'étaient pas si nombreux que ça. Il y avait les deux cages qui contenaient les boursoufs et les boursouflets - des créatures qu'on avait étudié en septembre - et un peu plus loin, dans l'un des terrariums, quelques crapauds qui servaient au Chœur de Grenouilles. Vu mon manque d'intérêt pour le chant, ce n'était pas animaux les plus intéressants à mes yeux.
Par contre, l'espèce de reptile qui était dans le terrarium situé à côté, oui. Le lézard en question ressemblait assez à un iguane, mais sans crête. L'étiquette à proximité indiqua qu'il s'agissait d'un Moke. M'installant sur le banc, je pose mon exemplaire du livre de Dragonneau sur mes genoux et après avoir consulté l'index, je tourne les pages jusqu'à celle qui m'intéresse. Originaire de Grande-Bretagne et d'Irlande, ce lézard d'environ 25 cm de longueur avait comme particularité de rétrécir à volonté. D'un naturel craintif, l'animal usait de cette particularité pour fuir face au danger. Leur peau aux écailles d'un vert argenté servait en maroquinerie pour réaliser des sacs et des bourses.
Fermant alors le livre pour le ranger dans sa sacoche, j'en sors à la place mon matériel de dessin. Il était temps de mettre sur le papier le reptile.

Comme chaque lundi, dès la fin du cours du professeur Dawson, à peine mes affaires rangées, je prenais la direction du bâtiment qui regroupaient vivariums et cages afin de faire connaissance avec l'une des créatures hébergées dans la zone, le focifère.
Mais parfois, les choses ne se passent pas comme elles devraient. Et ce fut le cas d'aujourd'hui.

Premier fait marquant fut de croiser Marine, une amie en quatrième année à Gryffondor. Si sa présence m'avait étonnée, ce fut surtout le brouhaha qui régnait dans le bâtiment qui nous surpris le plus. Les résidents de la pièce semblaient très agités, bien plus que d'habitude. Quelque chose n'allait pas. Et c'est ainsi que tout commença.
Mr Dawson pénétra en premier dans la pièce et moi, par curiosité, je le suis, entrainant également Marine. Le bruit de créatures était insupportable, et parmi les cris des boules de poils et des crapauds, j'entends les battement d'ailes du focifère et c'est donc naturellement vers lui que je me dirige. Si il n'émet aucun bruit, puisqu'il est soumis à un sort de mutisme, son agitation est bien visible et on aurait dit qu'il cherchait à sortir de sa cage.
Je finis par rejoindre Marine et l'enseignant de Soin aux Créatures Magiques, espérant que lui s'aurait ce qui se passe. Celui-ci était en train d'ouvrir le terrarium contenant les crapauds pour essayer d'en saisir un. Les batraciens s'éloignèrent de la main intruse et se turent, rendant le calme à la pièce. Mes oreilles soulagées, j'observe l'adulte sortir sa baguette pour immobiliser l'un des crapauds harmoniques servant aux élèves de la chorale. Malheureusement, le calme fut de courte durée et l'agitation reprend de plus belle.
A ma proposition d'aide, le professeur nous demanda de calmer les amphibiens le temps qu'il aille chercher du dictame. Suivant son exemple, je tente d'immobiliser deux crapauds alors que Marina s'essaye à les faire taire... sans succès... aggravant même la situation sonore.
Mr Dawson revient alors, accompagné par un inconnu qui se dirige vers les malheureux crapauds, nous bousculant au passage, Marine et moi. Si il semblait identifier le problème dont souffrait les pauvres crapauds, on ne pouvait pas dire qu'il était vraiment très aimable... Heureusement, Mr Dawson nous demanda de l'aider pour faire taire les dernières créatures agitées, s'occupant des boursouflets et nous laissant les boursoufs.
Le silence revenant peu à peu dans la pièce, j'écoute d'une oreille les paroles du spécialiste des amphibiens. Celui-ci parla de maladie contagieuse et qu'il fallait donc les isoler dans un nouvel espace. Pensant au bien-être de ses malheureuses créatures, je m'adresse à nouveau à mon enseignant, lui proposant de l'aider. Ce dernier accepte et c'est le "Mr crapaud" qui nous indique quoi faire : aller chercher de la terre et des mottes d'herbe. Suivant les conseils de mon directeur de maison, Marine s'empresse d'accomplir la tâche confiée et je me dépêche de la rejoindre, remplissant nos seaux de terre humide.
Une fois de retour dans la bâtiment et après avoir vidé la terre boueuse dans le nouveau vivarium, le spécialiste nous demande de déplacer les malades en les faisant léviter pour ne pas avoir à les toucher. Courageusement... je laisse Marine se débrouiller et fuit pour chercher de l'herbe. Faire léviter les crapauds me semblait hors de portée et je n'avais aucune envie d'aggraver la situation de ses pauvres malades. J'étais pas vraiment fière, sur le coup, de laisser Marine se débrouiller toute seule. De retour, je finis de tenter d'aménager le logement provisoire des malades. Marine avait récupéré l'un des seaux pour s'en servir pour transporter le crapaud, réalisant alors que j'aurais pu faire de même pour l'aider plutôt que de la laisser toute seule.
Finalement, les crapauds sont installés et les deux adultes quittent bientôt la pièce.

Avec tout ça, je n'ai pas vraiment eu l'occasion d'observer le focifère, mais je me sens épuisée. Je n'ai qu'une envie, rejoindre la grande salle pour y chiper quelques choses à grignoter.

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