Narcisse progressait. Il le sentait. Il était désormais capable de faire des choses qu'il n'aurait même pas cru possibles lorsqu'il était entré à Poudlard. Toutefois, à son goût, il progressait bien trop lentement, et bien trop aléatoirement. Quelque chose manquait. Il avait déjà remarqué qu'il se sentait bien plus à l'aise lorsqu'il affrontait des élèves plus âgés que lui. Leo Ginger ou Leann Hartley n'étaient que des exemples parmi tant d'autres. Non pas qu'il ne progressait pas avec les autres, mais... Il sentait quelque chose, une émotion, un ressenti, tout particulier, lorsqu'il se trouvait dans ces situations. La même que celle qu'il ressentait lorsqu'il affrontait sa mère.

Le stress, la pression.

C'était quand il était au pied du mur que Narcisse progressait le plus efficacement et le plus rapidement, son instinct le poussant dans la bonne réaction. Son potentiel se révélait bien mieux dans ce genre de situation, quand il s'abandonnait à ses réflexes et à cet instinct qui ne demandaient qu'à être développés. Il allait de soi que tout cela, il était incapable de le conceptualiser. Alors il se contentait de ce sentiment de frustration et de flottement, de questionnement angoissant et de problème apparemment insoluble.

Il avait beaucoup hésité à retourner voir Miss Valerion. Pour une multitude de raison. Le premier cours de cette année l'avait marqué, il avait l'impression de l'exaspérer grandement. Sans compter qu'elle avait l'air particulièrement triste depuis cette rentrée, mais il n'arrivait pas à savoir pourquoi. Cet élément de sa personnalité non plus, il était incapable de le conceptualiser. Il ressentait sa tristesse, sans même le réaliser ni comprendre, il ne pouvait rien en faire. Toutefois, il avait pas mal réfléchi, et une fois son jogging et ses exercices matinaux faits, il prit sa décision sous la douche. Il allait retourner la voir. De tous les profs, elle semblait être la plus appropriée pour l'aider.

Les cheveux encore légèrement humides de la douche, il prit une grande inspiration face à la porte. Malgré la fraicheur de la saison, il ne portait qu'un jean et un t-shirt à manches courtes, laissant apparaître son étui à baguette accroché à son avant-bras droit. Après quelques roulements d'épaules pour se motiver, il toqua gentiment à la porte.

Si elle s'ouvrait, il s'inclinerait rapidement, un peu tendu, en essayant d'être le plus concis possible pour ne pas irriter d'entrée de jeu Miss Valerion.

« Bonjour Miss, j'espère qu'vous allez bien ! Pardon d'vous déranger, mais j'crois que j'ai vraiment besoin de votre aide. »

Il se redresserait en prononçant ces derniers mots, plongeant courageusement ses yeux noir dans ceux de la professeure.

Si en temps normal, l'année dernière, Sixtine passait tout son temps dans ses quartiers en compagnie de Suileabhan, cette année les choses étaient bien différente. Elle était seule, sujette à des angoisses, à des colères et à des doutes. Elle espérait que Suileabhan ne passe plus jamais cette porte. Plus que tout, elle aurait souhaité oublier tous les souvenirs qu'elle avait créé avec lui dans ces lieux. Ce dimanche matin, elle avait ouvert les yeux aux alentours de 4h du matin, elle avait bu un grand café, avait commencé à corriger quelques parchemins puis, la fatigue avait fini par revenir et elle était de nouveau partie rejoindre les bras de morphée.

Elle fut réveillée quelques heures plus tard par une personne frappant à sa porte. La peur et la colère s'emparèrent de son corps et elle ne prit pas le temps de revêtir une tenue plus correcte avant d'ouvrir la porte de manière brutale tout en pointant sa baguette face à elle. A moitié endormie elle fut d'abord surprise de ne pas voir un grand viking barbu mais un petit troll les cheveux encore humides. Il ouvrit la bouche pour parler mais aucun bruit n'était parvenu jusqu'aux oreilles de la professeure.

Toujours dans l'encadrement de la porte, elle se frotta les yeux, observa sa propre tenue avant de soupirer et de se décaler pour faire entrer son élève.

- Asseyez vous ici et ne touchez à rien jusqu'à ce que je revienne. Lui avait elle dit en désignant un fauteuil non loin de la cheminée. Puis, elle était partie jusqu'à sa chambre, avait prit une douche, s'était habillée avant de revenir dans le salon. Me voir toute la semaine ne vous suffit pas, vous avez aussi besoin de venir jusque dans mes quartiers ? Vous avez plutôt intérêt à avoir une bonne raison d'être ici ou je vous promets une mort dans d'atroce souffrance.

Narcisse s'était incliné pour saluer la professeure qui ouvrit la porte. Ses mots moururent sur ses lèvres lorsqu'il se redressa, il sentit son visage devenir rouge, et sa peau devint encore plus brûlante que d'habitude. Il fut pris de tournis et sa mâchoire manqua de se décrocher. Son cerveau court-circuita, il ne remarqua même pas la baguette braquée sur son visage. Elle ne portait qu'un t-shirt, elle n'était pas maquillée ni coiffée ! C'en fut presque trop pour le petit garçon, qui manqua d'exploser intérieurement de s'évanouir. C'est ce qui serait arrivé s'il n'avait pas remarqué qu'il était menacé d'une baguette. Il bondit en arrière en levant les mains au niveau de son visage.

« OAH ! P... PARDON !! J... j... j'suis désolé Miss ! J'voulais pas vous déranger !! »

Il toucha ses joues de la paume de ses mains, totalement paniqué, elles étaient brûlantes, le rouge s'était étendu jusqu'à ses oreilles. Ses réflexes revinrent et il baissa le regard pour fixer ses pieds, essayant de ne pas s'attarder sur les jambes de sa professeure, mais qu'est-ce qui se passait ?!! Ses pensées filaient dans tous les sens. Lorsqu'elle se décala, il continua de fixer le sol pour s'avancer, manquant de se prendre l'encadrure, il était à deux doigts de se cacher les yeux de ses mains.

Son cœur battait la chamade, il ne se fit pas prier pour s'asseoir et reprendre son souffle, attendant bien d'entendre le bruit de la porte qui se fermait pour enfin relever les yeux. Il s'affala sur le fauteuil, s'essuyant le front de la manche, avec une longue expiration.

« Sapristi... »

Il ferma les yeux avant de secouer la tête pour chasser l'image de la professeure. En vain, elle semblait s'être gravée sur sa rétine. De la paume de ses mains, il claqua doucement ses joues pour en chasser les picotements que la chaleur provoquait. Encore une fois, en vain.

Les quinze minutes d'attente se déroulèrent en un clin d'œil tant il était en proie à ses émotions, essayant simplement de se détendre. Par réflexe, lorsqu'elle revint, il baissa les yeux pour regarder le sol, inspirant brusquement en rougissant de nouveau. Pour la bonne mesure, il double la précaution en fermant les yeux. Bizarrement, la menace de mort lui glissa dessus, comme l'eau glisse sur le papier ciré. Il laissa flotter quelques petites secondes de silence, avant de se risquer à redresser doucement la tête en entrouvrant les yeux. Il soupira de soulagement en constatant que tout allait bien. Elle était tellement différente ainsi. Il ressentit un étrange sentiment, mais était incapable de mettre un mot dessus.

Il secoua encore la tête, toujours aussi rouge, avant de se racler la gorge, se remémorant la raison de sa visite.

« Ok, euh... Hrm. »

Il déglutit.

« Euh, en fait, j'ai beaucoup beaucoup pensé à c'que vous m'aviez dit, l'année dernière, au club de duel avec Leo. Sur le fait que j'pouvais pas comprendre le sentiment de protection, et que j'pouvais pas matérialiser mes émotions... »

Il s'agita doucement sur le fauteuil. Il s'était redressé dès qu'elle était entrée, mais désormais, ses épaules étaient légèrement voûtées.

« Et du coup, j'ai vraiment essayé, j'ai vraiment essayé d'm'entraîner énormément, avec plein d'monde. J'vais beaucoup au club de duel, en salle sur demande, même avec des adultes parfois ! Mais... j'sais pas, j'arrive pas à savoir c'que c'est, mais j'ai vraiment l'impression que y'a un truc qui manque. J'veux dire, j'ai jamais l'impression que... que y'a un... tsk, comment dire... J'ai jamais vraiment l'impression d'risquer quelque chose en fait, même quand ça a dérapé avec Leann et qu'elle m'a brûlé, bah Mister Featherstone était là et... j'sais pas... ça m'bloque parfois, j'saurais pas expliquer. »

Il avait baissé les yeux, il les releva pour la regarder d'un air déterminé, le rouge de ses joues avait commencé à se dissiper légèrement.

« Vous vous êtes déjà retrouvé dans une situation pareille ? J'veux dire, une situation où vous aviez l'impression qu'vous arrivez pas à progresser ? Qu'il manque quelque chose ? Comment vous avez fait ? J'sais vraiment pas quoi faire, vous pensez qu'vous pourriez m'aider ? »

Tout en écoutant les raisons de sa venue jusqu'ici, Sixtine s'installa sur son sofa, face à celui qui ne cessait de s'agiter. Une information était venue titiller sa curiosité. En tant que directrice de la maison Serpentard, elle voulait absolument en savoir plus sur cette histoire de brulure avec une élève de sa maison. Avant de l'interrompre, elle le laissa terminer, il avait besoin d'aide, encore.

Avant de pouvoir lui répondre, Sixtine avait besoin d'une source d'énergie. Elle le laissa là pendant quelques minutes avant de revenir avec une grande tasse de café à la main. Avant de s'enfoncer dans son sofa, elle demanda à son élève si il voulait un café car après tout, elle avait un certain savoir vivre et savait recevoir. Celui-ci refusa et elle put s'installer confortablement.

- Vous êtes aussi efficace qu'un bourbon pour me donner mal à la tête. Avant de revenir sur le sujet principal de la conversation, la professeure prit le temps de boire son café et d'observer le gamin face à elle. Parlez moi de cette histoire avec Hartley. Avait elle simplement dit, ignorant totalement les questions de Brando. Vous dites qu'elle vous a brûlé et que Featherstone était là ? Que s'est il passé ?

Elle se leva de nouveau fit signe à Brando de ne pas répondre pour l'instant avant de revenir quelques secondes plus tard avec une nouvelle tasse de café et une bouteille d'alcool dont elle versa quelques gouttes dans son café.

- Allez y.

Narcisse pencha la tête sur le côté en fronçant les sourcils. On aurait presque pu voir les points d'interrogation flotter à côté de sa petite tête. "Aussi efficace qu'un bourdon" ? Est-ce que... ça voulait dire qu'il ne lui donnait pas mal à la tête ? Un mince sourire se dessina sur ses lèvres, il rougit doucement, avant de doucement se réjouir intérieurement. Toutefois, lorsqu'elle parla de Leann, il se retrouva totalement pris de cours, et son visage se décomposa. Il n'arriva même pas à réfléchir, il n'arriva même pas à pencher le pour et le contre avant de répondre.

« Euh, mais, c'était rien ! C'était un accident pendant un duel ! J'l'ai un peu blessé, elle s'est faite mal à la cheville, et elle a eu un réflexe malheureux et m'a lancé un Incendio sur... »

Ses mains se levèrent brusquement pour couvrir sa bouche. Son visage était pourpre et brûlant d'embarras. Il ne mentait jamais, il détestait ça et ne savait même pas mentir, mais il détestait également dire du mal de ses camarades ! Il reprit son souffle avant d'agiter les mains face à lui.

« Mais mais mais mais !! Mais y'a aucun souci hein !! On a été puni déjà et j'suis venu discuter avec sa famille avec mes parents !! Tout est réglé hein ! C'est mon amie Leann ! Et euh... j'voudrais pas qu'ça lui retombe encore dessus... C'était un accident Miss... vraiment... »

Ses deux index se frottaient l'un contre l'autre nerveusement. Comment la conversation avait-elle pu glisser ainsi ?! Il secoua la tête pour essayer de changer de sujet.

« Vraiment Miss, j'vous assure que c'est rien, c'était un accident d'duel comme il m'en est arrivé plein ! S'il vous plaît. »

Son regard plongeait dans le bleu profond des yeux de Miss Valerion. Une grande résolution brillait au fond de son regard, les sourcils légèrement tendus sous le coup de l'émotion. Il n'osait pas relancer directement la professeure sur la raison de sa venue, il estimait qu'il lui avait déjà expliqué, et que si elle ne désirait pas y revenir, il n'avait rien à dire.

Un duel, ne pouvait il pas en faire mention dès le début ? Après ce mot, elle n'entendit qu'un bruit désagréable dans ses oreilles et n'écouta même pas les paroles de ce pauvre enfant. Qu'il pouvait être assommant d'ennui ce garçon. Elle avala son café d'une traite et... Par Merlin elle n'avait pas eu la main légère sur l'alcool. Il était hors de question pour la professeure de rester ainsi plus longtemps, elle se leva et prit la direction de la salle de bain et se brossa les dents.

Elle revint au salon 2 minutes plus tard dépitée de constater que l'enfant était encore là. Elle avait naturellement cru qu'il allait quitter ses quartiers mais non, il était encore là, il n'avait pas bougé d'un petit centimètre. Même son comportement était d'un ennui mortel.

- Brando, vous voulez quoi déjà ? Ah oui comme je vous aide, encore et toujours. Vous ne progressez pas, c'est peut être simplement que vous êtes mauvais. Dit elle en observant sa réaction avant de reprendre au bout de quelques secondes. Ce qui vous manque c'est la peur. Vous ne connaissez que la peur d'un enfant, vous ne connaissez pas le stress dû à la peur. J'aurais bien remédié à ce problème, soyez en certains mais le petit sucre de deuxième année que vous êtes risque d'aller pleurer dans les jupes de je ne sais qui.

Pensant en avoir terminé avec celui-ci, elle se dirigea vers sa chambre sans adresser un regard à l'élève qui était venu chercher de l'aide.

Narcisse se redressa en fronçant les sourcils de confusion. Ses bras se croisèrent sur sa poitrine, tandis qu'il observait sa professeure aller et venir comme s'il n'était pas là. Il se frotta l'arrière de la tête, en proie à une visible perplexité, il n'arrivait décidément pas à comprendre Miss Valerion. Peut-être était-elle dans un mauvais jour ? Et peut-être devrait-il tout simplement la laisser tranquille ? Non, elle le lui aurait dit, si elle ne voulait pas de sa présence, c'était évident. Il carra donc les épaules en attendant son retour. Plus l'attente se faisait, plus sa résolution se renforçait.

Lorsqu'elle revint, il écarquilla les yeux face aux mots qu'elle lui balança. Ses dents se serrèrent et son regard se fit plus dur. Peut-être qu'il était mauvais, mais il faisait tout pour y remédier, et il n'allait certainement pas se laisser faire ! Elle venait d'allumer une flamme au fond de son cœur, en le mettant ainsi face à ses propres doutes. Mais il ne dit rien, il se contenta de l'observer en retenant un rictus de colère, elle n'avait terminé.

S'il fut intrigué par le début de la suite de son discours, il ressentit en revanche une immense frustration en entendant la fin. Certes, elle avait mis le doigt sur ce qui, apparemment, lui manquait, mais voilà qu'elle le balayait en le sous-estimant ! S'il y avait bien une chose que Narcisse ne faisait pas, c'était aller pleurer dans les jupes de quelqu'un. Pris d'une impulsion soudaine, il se leva droitement, de toute sa taille. Petite certes, mais il ne s'était jamais soucié de ce détail. Son regard flamboyait de passion et de détermination.

« Vous croyez vraiment que c'est mon genre de faire ça ?! J'dois vous rappeler que j'suis peut-être le seul à être venu vous voir après l'histoire de Lavinia, au lieu d'aller comploter dans votre dos comme certains l'ont fait ? »

Il se mordit l'intérieur de la joue, mais ne s'arrêta pas pour autant.

« Le petit sucre de deuxième année, comme vous l'appelez, est peut-être le petit sucre de deuxième année qui s'entraîne le plus ! Vous pensez sincèrement que j'viendrais vous demander de l'aide, pour ensuite aller balancer lâchement à j'sais pas qui que "ouin ouin Miss Valerion m'a fait peur" alors que c'est moi qui vous l'aurait demandé ? »

Il croisa ses bras sur la poitrine, le cœur battant, réalisant à peine ses propres mots. Une drôle de boule flottait dans sa gorge, ne demandant qu'à éclater, il soupira en baissant la tête.

« J'ai juste envie de me préparer... vous-même vous m'avez donné plein d'leçons, avec Klee, au club de duel, même en cours ! Et là, d'un coup, vous refusez parce que vous avez peur que je m'en plaigne derrière ?.. »

Il secoua la tête, dépité. Qui êtes-vous, et qu'avez-vous fait de Sixtine Valerion ? Il serra le poing avant de redresser la tête pour la défier du regard.

« Si vous pensez sincèrement qu'j'suis du genre à faire ça, bah vous vous trompez, toutes mes excuses de vous dire ça, mais vous vous plantez sévèrement. »

Je m'apprête à passer la porte de ma chambre quand il se décide à répondre. J'entends toute sa colère bien que je ne la vois pas, je reste de dos pour l'écouter. Quand il termine sa première phrase je fais un pas de plus vers la chambre mais il reprend alors, de nouveau, je m'arrête. Je serre les dents en l'écoutant, je sens ma mâchoire qui se contracte à chacun de ses mots. J'ai envie de le découper, je veux voir son sang éclabousser sur les murs de mon appartement. Je veux qu'il se taise.

Puis, il aborda le sujet de la peur. Lui, ce garçon qui n'y connaissait rien, venait d'aborder un sujet bien trop complexe. Comment ose t-il affirmer que mon refus est dû à la peur ? La peur je la connais, elle m'accompagne depuis 50 ans. Plus encore depuis quelques semaines. La peur, la crainte, l'angoisse que des sentiments que je connais trop bien. Et lui, cet enfant ingrat ose venir me parler de la peur ?

J'expire bruyamment l'air contenu dans mes poumons avant de me retourner vers cet immonde gamin. Tout chez lui me désespère. Son regard, ses cheveux ébouriffés, son optimiste. Mais là, il n'est pas optimiste, il est énervé et quel plaisir de le voir dans cet état là. Enfin il se laisse aller à des émotions plus négatives, enfin il va pouvoir progresser.

- Toute une vie ne suffira pas à vous rendre meilleur.

Allez y Brando, énervez-vous.

Narcisse reprit son souffle en passant sa main sur sa nuque. Il avait l'impression d'avoir été trop loin. Pourquoi avait-il dit tout cela à Miss Valerion ? Cela ne lui ressemblait clairement pas, mais pour une étrange raison, une drôle de boule s'étendait de son cœur jusqu'à envahir sa poitrine. S'il avait été un peu plus perspicace, il aurait peut-être perçu que la professeure ne faisait que le tester. Mais en l'occurrence, lorsqu'elle se retourna vers lui, et l'assomma de sa répartie, il vit rouge. Son cœur tonna à ses oreilles, les traits de son visage se figèrent tant le choc était grand. Abattement fut la première réaction. Réaction qui ne dura qu'une simple seconde.

Sa mère lui avait toujours appris que la colère était bien plus productive et efficace que de se laisser aller à un abattement maussade. De plus, sa nature était profondément incompatible avec le fait de se lamenter. Un rictus, un rire nerveux fit évaser ses narines. Puis, calmement, très calmement, il s'avança vers, jusqu'à lui faire face, plongeant son regard dans le sien. Elle était plus grande que lui, mais pas de beaucoup.

Ses dents crissèrent, et lorsqu'il parla, sa voix trahissait sa grande colère. Plus tard, il aurait autant de coffre et de puissance dans la voix que sa mère, pour le moment, elle n'était que l'ombre de ce qu'elle serait un jour.

« Et vous en savez quoi, hein ? »

Ses traits se déformaient lentement sous la fureur, ses poings se serraient.

« C'est des preuves que vous attendez, c'est ça, hein ?! C'est ça que vous voulez ?! D'accord, on va faire comme ça ! »

Il passa sa main dans ses cheveux en soufflant, comme s'il essayait d'expirer toute sa rancœur et sa frustration.

« Vous avez b'soin de quoi, hein ?! Vous voulez qu'j'affronte tous les élèves du château en duel ! En un contre un ? Tous à la fois ?! OK ! Oh, et puis, vous savez quoi ? Si vous avez pas envie d'm'aider, je me débrouillerai tout seul ! Parce que croyez pas que je vais m'arrêter, peu importe c'que vous m'dites ! »

Il redressa la tête.

« Vous avez dû en baver dans votre vie pour être comme ça, mais c'est pas une raison ! Alors écoutez-moi bien, avant la fin de ma scolarité à Poudlard, avant la fin, peu importe quand, peu importe où, je vous battrai. J'en fais la PROMESSE ! Je vous battrai en duel, peu importe ce que vous y mettez ou ce que vous faites, peu importe si vous refusez d'nous donner des vrais cours. Je. n'arrêterais. jamais. Et j'y arriverais, avec ou sans vous ! J'ai pas envie d'rester faible toute ma vie ! »

Son cœur manqua un battement. Il fit un pas en arrière, la respiration courte. Son cœur tonnait à ses oreilles. Il n'arrivait pas à détacher son regard de la professeure, mais il se sentit soudainement très faible, physiquement. Son corps n'avait pas l'habitude de supporter une telle colère. Si sa gorge n'avait pas été sèche comme du parchemin, il aurait certainement murmuré des excuses avant de s'en aller. Mais en l'occurrence, il refusait de s'en aller avant de s'être excusé. Il avait clairement dépassé les bornes, non ?

Je le regarde, je vois ses joues devenir rouges. Il réagit avant de parler, il a le courage de s'avancer. Enfin, il se laisse porter par la colère, enfin, il laisse ses émotions négatives vivre, il était temps. "Vous avez b'soin de quoi, hein ?!" Brando si vous saviez... J'ai besoin de beaucoup de choses, mais je ne mérite rien. J'aurais eu besoin d'une mère, j'aurais eu besoin d'un père aimant, j'aurais eu besoin qu'on me considère et que l'on me traite bien. Et, lorsque j'ai trouvé la personne capable de m'aimer, je l'ai finalement brisé, il s'est assombri à mes côtés jusqu'à tomber dans les ténèbres. J'aurais juste besoin d'être une autre personne.

Il fait une promesse, comme si les promesses avaient une quelconque importance dans ce monde. Je le laisse finir sa phrase, son discours. Je soutiens son regard, j'attends d'être certaine qu'il a terminé avant de pouvoir répondre.

- Nous allons enfin pouvoir travailler. Arrêtez de ravaler votre colère ou les sentiments négatifs que vous éprouvez vous en avez besoin pour progresser. Il n'y a pas d'ascension sans peine.

Rapidement, j'attrape son menton entre ma main droite pour qu'il puisse voir mes yeux et uniquement mes yeux. Je veux qu'il voie toute la sincérité dans les paroles qui vont suivre, je veux qu'il n'y voie aucune émotion, que la vérité.

- Tous ceux que vous aimez vont mourir.

Puis je relâche son visage pour observer sa réaction, il est temps d'agir Brando.