La tête baissée sur mes pieds, je repense à ce que Valerion m’avait dit cet été, assis sur les marches de son escalier immense : la deuxième année sera plus intéressante en termes de contenu. C’était ça qu’elle voulait dire ? Apprendre à faire danser quelqu’un ? C’est quoi l’utilité ? Je veux bien apprendre, je veux bien tenir ma promesse d’utiliser ma baguette, mais il va falloir que j’y voie une utilité, car sinon, je vais me retrouver aux examens avec une connaissance assez partielle. La pensée bien prématurée des examens m’effraie et je n’ai, heureusement, pas besoin d’y penser plus longtemps qu’un coup reçu dans l’épaule me ramène à la réalité. Je relève la tête, entends une excuse à peine audible et reconnais la tête du Serpentard assis plus tôt contre le mur. River. Parfait. Celui que j’attendais.

— Attends !, m’exclamé-je en l’attrapant par l’épaule et en l’obligeant à se retourner. Je le fixe dans les yeux, remarque sa même petite tête de chien battu qu’il y a vingt minutes et m’en étonne. Pourquoi tu tires cette tête ? Je demande, poussé par la curiosité, oubliant mon dessein premier.

N’écoutant finalement pas sa réponse, je jette un regard en arrière, en direction de la salle où nous étions plus tôt et fais un signe de la main au Serpentard pour lui signaler de ne pas bouger. Je passe la tête dans l’embrasure de la porte pour vérifier qu’Houston soit bien partie et reviens au Serpentard. Passer du temps avec Valerion me donne une énergie que je n’avais pas l’année dernière. J’imite inconsciemment ses airs, sa posture et ses intonations. Je me crois parfois invincible.

— Suis-moi et ferme la porte derrière toi., ordonné-je comme un ordre que lancerait sa directrice de maison, avec fermeté, sans appel, et convaincu qu’il suivra.

Sans même regarder derrière moi, je me dirige vers le mannequin que j’aurais dû attaquer plus tôt et le remets en place. Cette fois, je me retourne, lève la tête et aperçois que l’on a obéi à mon ordre. Je souris, satisfait.

— Pourquoi Valerion t’a demandé de venir t’entrainer sur le mannequin ? Tu sais faire quoi de plus ?

Quoi de plus, quoi de plus que moi. Comme depuis que je suis dans ce château, je me compare. Je me compare à tous ceux qui reçoivent l’attention que je n’ai pas, et j’ai besoin de connaître la place que ce Serpentard a.


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Actions vues avec le joueur

Je n'ai pas le temps de faire un pas de plus qu'une main agrippe mon épaule. Je lève la tête pour apercevoir Lukas et mes sourcils se froncent légèrement. Qu'est-ce qu'il me veut ? Je l'écoute d'une oreille distraite et je suis surpris de voir que je ne conteste pas son ordre. Habituellement, j'aurais refusé ou alors je n'aurais même pas pris la peine de répondre. Pourtant me voilà en train de retourner dans la salle où j'étais quelques minutes plus tôt. Sa question me prend au dépourvu et je soupire en m'adossant contre le mur le plus proche.

- C'est bien ce que je me demande.

Pourquoi Valerion a accepté que je participe à ce cours particulier alors que je suis stupide ? Je ne sais pas si j'aurais la réponse un jour.

- Si tu veux mon avis, elle a dû avoir pitié du pauvre petit Serpentard qui est assez stupide pour ne pas comprendre le comportement de sa meilleure amie et pour se laisser gifler sans rien faire. C'est la seule explication.

Face à ce Poufsouffle, je me sens plus que vulnérable et pourtant bizarrement, ça ne me dérange pas. Quelque chose dans son attitude capte mon attention mais je suis incapable de savoir de quoi il s'agit. J'ai comme l'impression que je suis à l'aise avec lui, lui faire confiance.

Je le regarde se laisser presque tomber contre le mur, soupirer et me répondre que lui-même ne sait pas. Mes yeux s’écarquillent face à tant de lassitude et d’autoflagellation. Sa justification ne tient pas la route, et je ne comprends rien à son histoire de gifle, mais ça m’est égal. Je place mon bras sur l’épaule gauche du mannequin et m’appuie dessus, m’imposant face à ce petit Vert qui n’est clairement plus un rival dont je devrais me méfier.

— C’est ta directrice de maison et tu crois qu’elle a eu pitié de toi ?, répété-je en ricanant. On doit pas parler de la même.

Je retire mon bras et viens m’approcher du Serpentard.

— T’as eu quoi comme note, l’année dernière, dans sa matière ?

L’entendre s’insulter de stupide m’étonne. Moi qui voyais les Serpentard comme imbus d’eux-mêmes, voilà que ma gentillesse de Poufsouffle prend le dessus pour le défendre de cet adjectif qu’il s’impose. Sa note devrait me donner un indice sur son intelligence. Je me retourne face au mannequin, les bras croisés.

— Vas-y, sors ta baguette et lance un sort. Celui que tu veux, lancé-je d’un ton sec mais plus aimable qu’avant. Sur le mannequin, hein. T’avise pas de le lancer sur moi. Je précise au cas où son adjectif lui aille finalement mieux que je ne veuille le croire. Étrangement, le voir si mou et si faible me donne envie de le secouer, de lui montrer ce qu’il doit y avoir enfoui en lui. Comme lorsque Valerion m’a trouvé l’année dernière.