C'était le cœur lourd que Apryll serrait dans ses bras sa mère, et donnait un dernier baiser sur la joue des membres de sa famille, même Ruth, sa petite sœur insupportable, avait eu le droit à son bisou d'au revoir. Pendant ce temps, sa valise était emmenée pour être rangée à bord du Poudlard Express, il restait un bon quart d'heure avant le départ mais la famille Holden était du genre prévoyant.

La jeune fille, commença à s'approcher des marches, et montant sur la première, elle se retourna pour faire un ultime signe de la main et lancer un baiser à qui bon voudrait l'attraper. Elle s'engouffrât ensuite dans le train non sans essayer de garder un contact visuel avec sa famille qui se dirigeait vers la sortie. Elle soupira, c'était une aventure bien excitante et à la fois terrifiante.

Apryll se mit en quête d'un compartiment vide, ou tout du moins le plus tranquille possible, et le fait d'être arrivée en avance lui octroyait le loisir de choisir où elle laisserait choir son séant. Elle parcourra quelques compartiments avant d'élire le sien, où elle s'assit sur la banquette faisant face au sens de la marche, côté fenêtre évidemment.

Sur la place à côté d'elle, elle posa son sac qu'elle se mit à fouiller en quête de sa bouteille d'eau et d'un livre, la victime était Le livre des Sorts, la demoiselle l'ouvrit à la première page et se mit à lire.

@Hallie MacCruimein

D'une humeur exécrable, Hallie monta dans la voiture avec son bagage à la main, soucieuse de ne pas égarer ses affaires sur le trajet. Le voyage avait été long, les séparations douloureuses, et elle n'était pas d'humeur pour repartir sur les rails en direction d'un lieu inconnu. L'excitation n'était pour dire pas au rendez-vous.

La veille pourtant, la jeune fille avait été incapable de dormir pendant plusieurs heures malgré un coucher tôt. Son esprit passait d'une chose à l'autre, se demandant si elle allait rencontrer des plantes magiques dévoreuses d'enfants, ou bien si elle allait pouvoir apprendre à invoquer de l'or pour aider sa famille financièrement. Elle se tourna dans tous les sens, mais elle ne pouvait contenir son anticipation, ainsi que son stress. Après des minutes qui lui semblèrent des journées, son esprit tomba dans les bras de Morphée. Hallie rêva de Monsieur Super Chelou qui était apparu au pas de sa porte en fin de juillet. Il porta son sac banane sur son front, et sa tête était déformée. Dans ses mains, au lieu du gâteau, il portait une plante carnivore que l'on trouvait dans les jeux-vidéos de la collection de Mario. Son sourire était machiavélique, et son rire lui faisait froid dans le dos. Elle put entendre sa voix résonner dans l'obscurité. « Hallie... Hallie ..! Tu iras à Poudlard .. ! »
Tous ses souvenirs se mélangèrent pour créer une vision d'horreur de ce qui sera son futur dans sa nouvelle école. Etant incapable de dormir, et trop agitée, elle avait prit un calmant avant de retourner se coucher, pour seulement quelques heures. Elle avait été réveillée par sa mère très tôt le matin, autour de cinq heures et demie du matin. Branle-bas de combat, et c'était parti pour six heures de train.

A cette heure précise, la rouquine tirait la tête, irritée de ne pas avoir eu assez de sommeil. Elle s'était faite traîner d'avant en arrière par sa mère, comme un pantin sans os ayant fusionné sa main à celle de son marionnettiste. Lyubov ne disait rien mais elle avait pu sentir les ondes négatives émaner de sa fille à des kilomètres à la ronde. La séparation fut difficile pour tous les partis, et Duncan, son père, avait fait une scène devant tous les passants de la gare, suppliant à sa fille de ne pas l'abandonner tel un enfant allant à sa première colonie de vacances qui implorerait ses parents.
La fatigue aux pattes, Hallie commença à errer dans la voiture numéro trois afin de se trouver une place où elle pourrait dormir pour le reste du voyage. La plupart des cabines étaient déjà occupées par d'autres enfants qui bourdonnaient de vie. Certains sautaient partout, alors même que le train venait de se mettre en route, tandis que d'autres échangeaient sur leurs attentes de ce qu'allait être leur première année dans cette école de magie.

Exaspérée, Hallie poussa un soupire de fatigue. Il fallait se rendre à l'évidence : elle ne trouverait pas de cabines vides où elle aurait le choix de ne côtoyer personne. Elle parcourut le chemin dans le sens inverse, examinant chaque cabine où une personne y était déjà, les jugeant de la plus bruyante à la plus calme. Une cabine en particulier attira son attention : la future élève, blonde aux yeux verts, avait les yeux rivés sur une sorte de livre, à tel point qu'elle ne semblait pas remarquer sa présence pour le moment. « Bingo, pensa alors Hallie. Elle ferra amplement l'affaire. » La rouquine entra, et salua la lectrice d'un "salut" à peine audible, si l'on n'avait pas tendu l'oreille. Agacée, elle jetta son bagage au dessus de son siège, en sortit un plaid que sa mère avait soigneusement préparé, ainsi qu'un petit cousin, et les installa sur la banquette. Elle enleva ses bottines en faux cuir noires, et se coucha sur le champ sans attendre de réponse ou de remarque de la part de sa voisine.

A fleur de peau, un rien pouvait l'envoyer valser. Elle s'enveloppa de son plaid et essaya de trouver une position confortable dans laquelle dormir. Cependant, après s'être tournée, et retournée plusieurs fois, un constat lui vint à l'esprit : peu importe ce dont elle faisait face, elle se sentait prise au piège. Tourner le dos à l'inconnu la faisait sentir épiée, et en possible danger, là où lui faire face était gênant.
Allongée, toujours sous sa couverture, elle se retourna pour faire face à l'inconnu. Elle lisait un livre qui s'appelait... Le livre des sorts dont l'auteur était à ce jour inconnu, caché par la main de l'enfant. A en juger par le nombre de pages lues, elle venait de commencer le livre. Les cheveux ondulés de la voisine lui tombaient sur le visage, et donnaient une attitude un peu stricte à l'élève.
Lassée de cette situation, Hallie décida de prendre la parole, tout en continuant d'observer la jeune élève attentivement. « Mfph. Yo. J'm'appelle Hallie, je vais à Poudlard comme toi. J'ai à peine dormi cette nuit donc je vais essayer de rattraper quelques heures. Ça te dérange si je pique un somme ? »

@Apryll Holden et voilà ! J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire ce texte. Dis-moi si quelque chose ne te convient pas. Hâte de te lire.

Plongée en pleine lecture, Apryll fut largement dérangée par le coup de sifflet qui précédait la mise en route du train. Elle leva le nez de son livre et regarda insipidement au-dehors, la gare grouillait d'élèves qui prenaient congé de leur famille avant de se précipiter dans le train. Et restés sur le quai, les nombreux parents faisaient un signe de bye bye quasiment tous avec une synchronicité remarquable. L'enfant tenta de voir si les siens étaient encore présents, mais elle s'aperçut rapidement que non.

Elle se demandait si elle était déçue de cet état de fait quand le train annonça son départ par deux bruyants tchou tchou, suivis d'un troisième plus long. La jeune blonde sentit vaguement le train se mettre en branle, bien qu'un léger à-coup décolla son dos du siège. Revenue à sa posture initiale, elle releva le livre et le rapprocha de son visage, afin de poursuivre ce qu'elle avait commencé.

Elle était tellement intéressée par ce qu'elle lisait qu'elle n'avait tout simplement pas entendu l'autre élève arriver ni saluer. En fait, elle aurait pu passer inaperçue si cette-dernière ne s'était pas autant agitée. Apryll leva un sourcil dédaigneux et investigateur. Vraiment ? Cette demoiselle comptait absolument remuer de la sorte tout le trajet ?

"Bonjour" finit par lâcher froidement la blonde puis elle retourna à sa lecture, de toute façon, l'inconnue qui venait de s'installer n'avait pas l'air de vouloir causer. D'ailleurs, elle semblait de ne même pas vouloir considérer la présence d'Apryll, s'installant de la meilleure manière que cela soit possible afin de dormir.

Regardant discrètement par-dessus son manuel, la petite blonde haussa des épaules l'air de dire "Bah tant mieux en fait." D'une parce que ça lui évitait de socialiser, de deux parce qu'au moins elle pouvait continuer sa lecture. Enfin, c'était sans compter les nombreux retournements de la jeune fille rousse qui malgré toute sa bonne volonté, semblait ne pas pouvoir s'endormir. Et malgré toute l'éducation dont Apryll pouvait faire preuve, autant de mouvements parasites dans sa périphérie faisaient que même si elle ne voulait pas, ses yeux dirigeaient à chaque fois et automatiquement vers la dormeuse.

Elle se râcla la gorge discrètement, et essaya de se recentrer sur l'ouvrage. Apryll faisait de son mieux, à présent elle réussissait presque à ignorer totalement l'autre élève, en fait, elle se répétait dans la tête la prononciation de Lumos, en accentuant bien - peut-être trop - la première syllabe, et imaginait les yeux fermés le mouvement adéquat.

C'est alors que la rousse parla, et la blonde releva la tête pour scruter son interlocutrice, décortiquant et analysant la phrase : l'inconnue était Hallie. Elle va à Poudlard, oui logique, fallait pas être bien perspicace pour le deviner. A sommeil, ok. Lui demande l'autorisation de dormir. Alors là, Apryll ne savait pas comment réagir et répondit sur un ton légèrement désabusé tout en reposant son livre sur les genoux :

"Mais ce n'est pas déjà ce que tu essayais de faire?"

@Hallie MacCruimein

Hallie avait vu juste : l'inconnue ne lui paraissait pas loquace, comme prévu. C'était un très bon point. Cependant, la jeune fille ne s'attendait pas à se retrouver humiliée sur place, alors même qu'elle avait essayé de sa propre initiative de résoudre une situation qui était de toute évidence gênante pour les deux partis.

Par courtoisie, et c'était bien entendu une question rhétorique, Hallie avait demandé à la nouvelle élève s'il était possible qu'elle pique un somme. La mondanité aurait voulu qu'elle lui réponde que ce n'était pas un problème, et qu'elle ne la dérangeait pas. Au lieu de quoi, Hallie s'était prise une vague de dédain en pleine figure.

La jeune blonde, visiblement agacée, avait pris soin de marquer une pause, avant la regarder avec des yeux grands ouverts, comme si elle semblait se demander si Hallie se moquait d'elle. Hallie ne savait que dire quand elle entendit la réponse de sa colocataire. Les deux enfants se regardèrent pendant quelques secondes : l'une était dans l'attente, le livre posé sur les genoux, tandis que l'autre était chaudement enmitoufflée sous sa couverture préférée, et regardait le visage carré de l'enfant, gênée. Elle ne laissa pas traîner le silence cette fois-ci. Elle ne le sentait pas. Cette fille qui ne paraissait pas hâbleuse, allait peut-être lui causer sa perte. L'ambiance lui semblait électrique. Il ne manquait plus que le fameux ding d'un match de catch pour que le combat ne commence. « Oui, merci Sherlock. Je ne l'aurais jamais deviné si tu ne me l'avais pas dis, répondit-elle acerbement. Si j'te demande, c'est qu'il y a toujours possibilité que tu me répondes non, et que ce soit ok. »

Le paysage commençait à défiler doucement par la fenêtre tandis que les derniers élèves en retard essayait de se trouver une place à bord du train. Le train était en train de traverser le Londres banlieusard pour se diriger à terme vers la campagne. Le bruit du train se faisait entendre dans la cabine, et les râclements des roues métaliques contre les rails de fer jouait en fond comme de la musique irritante d'un phonogramme à disque vinyl rayé. Le son environnant illustrait à la perfection l'atmosphère tendue de la pièce. Hallie avait les sourcils froncés, et faisait face à l'inconnue. Allongée et mal à l'aise, elle décida de se relever afin que la jeune fille ne la prenne pas comme insultante, et pour pouvoir lui parler à son niveau. Elle ramena les genoux vers elle, et calla sa couverture contre ses derniers. Elle attrapa ses jambiers antiérieurs, et afficha une grimace. Elle reprit :
« Je pense que c'est un peu mort maintenant pour dormir. Et toi, tu t'es pas présentée. C'est la moindre des choses quand quelqu'un le fait. En général, cela se passe comme suit : "Mon nom c'est Hallie", "Salut Hallie, moi c'est Amy !". C'est quoi ton nom ? Et ton livre, il parle de quoi ? » conclua la fille, qui avait totalement perdu ses illusions quant à la gentillesse de la fille.

@Apryll Holden et voilà !

Sherlock ? C'est quoi Sherlock ? Apryll fouilla sa mémoire.

Ah oui....c'était ce détective sorti d'un roman moldu du siècle dernier, son père lui avait dit que c'était plutôt un personnage célèbre et connaissant son goût pour la littérature policière, lui en avait offert un roman pour satisfaire sa curiosité. Mais l'expression dans laquelle elle était employée lui semblait assez vague, ou du moins pas familière dans son milieu même si la blonde en devina le sens avec le reste de la phrase.

Apryll resta dubitative, tant par la mention de Sherlock mais par ce ton de réponse, à vrai dire, elle ne pensait pas que ses paroles auraient provoqué une telle hargne de la part de son interlocutrice. Elle était tranquille elle, avant que l'autre n'arrive, en plus, elle avait tenté de l'ignorer et de se faire discrète pour la laisser dormir. Elle souffla par le nez, comme pour rester calme, Apryll n'était pas du genre à créer des esclandres, bien que parfois...s'il fallait y passer, elle n'était pas en reste. Toujours est-il qu'elle opta pour la quiétude.

"Je pense que si tu es fatiguée, le mieux est de dormir. Ce n'est pas moi qui vais t'en empêcher."

Sur ce, elle replongea son nez dans son livre tandis que l'autre fille restait allongée, la blonde n'avait pas vu ses sourcils forts froncés mais elle notait bien la tension dans le compartiment, la rendant mal à l'aise. Le train défilant, Apryll jeta un regard en direction de la fenêtre, observant le paysage défiler gentiment, elle put apercevoir du coin de l'œil, sa camarade se redresser, ce qui ramena automatiquement son attention vers elle.

La sorcière restait sidérée par ce qu'elle venait d'entendre, et par le ton de son interlocutrice, elle ouvrit des yeux encore plus grands et entrouvrit la bouche. Sérieusement, elle allait lui donner une leçon de politesse, à elle? Tout à coup, elle eut l'impression de se disputer avec sa soeur, c'était typiquement le genre de crescendo qu'il pouvait y avoir entre elles...

Apryll n'était pas du genre à créer des disputes mais si on la cherchait, elle était prête à répondre. Aussi, la petite blonde réfléchit un instant à une phrase bien sentie. Bingo, elle avait trouvé, elle esquissa un sourire, satisfaite d'elle-même, savourant à l'avance, la consonnance de ses mots.

"La moindre des choses," elle marqua une pause pour souligner ses paroles "c'est de se présenter avant de se mettre à dormir."

Boum, elle l'avait pas vu venir celle-là! Au moins, Apryll lui avait fait goûter sa propre médecine. Et comme une libération, son humeur s'apaisa et elle reprit sa neutralité naturelle. Bon, question d'éducation, il fallait bien qu'elle finisse par lui dire son nom.

"Enfin bref, je m'appelle Apryll et je lis le manuel de Sortilèges et Enchantements."

@Hallie MacCruimein

L'arme avait fait feu, mais Hallie ne ressentit pas la douleur. Elle avait beau avoir été chargée, c'était bel et bien un coup à blanc qui avait été tiré sur Hallie. S'il y avait une intention malsaine derrière ce qu'avait prononcé Apryll, la future élève ne l'avait pas saisit. Elle était confuse quant à la raison pour laquelle la jeune blonde lui avait demandé de se présenter avant de s'endormir : elle l'avait bien fait, non ? Cela avait été partiellement la raison pour laquelle elle avait prit la parole. Etait-elle sotte ? Hallie avait l'impression qu'à raison de l'intonation qu'elle avait prise, il devait y avoir une espèce de punchline, mais Apryll s'était juste ridiculisée seule. Ou était-ce Hallie qui était sotte ? Cette dernière ne savait pas trop quoi penser, et la confusion pouvait aisément se lire sur son visage.

Au lieu d'apporter une réponse à sa collocataire, la rouquine se contenta de ne rien dire, tout en gardant les sourcils froncés. De même, la façon dont elle s'était présentée, elle et son livre, était plutôt sèche. Peut-être qu'elle aussi s'était sentie offusquée. La fatigue aux yeux, Hallie ne savait pas quoi lui dire pour continuer la conversation et lâcha un faible "Oh, okay". Apryll ne lui avait laissé aucune ouverture. Elle présuma qu'elle souhaitait qu'on la laisse tranquille pour qu'elle puisse lire son magnifique et enchanteur livre sur les sortilèges. Quoi de plus passionnant que des livres dans un train après tout. Ce n'était pas comme s'ils allaient devoir étudier, et ouvrir des livres pendant toute une année.

Hallie mit temporairement le plaid de côté sur la banquette et se leva pour sortir de la cabine. Elle ne pouvait plus rester en face de la blonde. Quelque chose dans sa façon d'être, sa neutralité des émotions la faisait sentir mal à l'aise. Le dialogue était loin d'être ouvert. Elle prit quelques minutes pour se resaisir, et se rappela brièvement de son chemin parcouru. Une petite tape sur les joues, et c'était reparti. Elle avait accepté de partir à Poudlard pour maîtriser ses pouvoirs dont elle n'avait jusqu'à présent pas d'emprise. Elle était partie à Poudlard pour essayer de réussir là où elle avait échoué ailleurs. Ce n'était pas une fille cheloue dans un train qui allait la faire perdre ses moyens. Comment son père aurait-il réagit à la situation ? Elle imagina le bougre qu'était son père, assis sur la banquette incomfortable, fulminant de tout son être, incapable de résister à la moindre provocation. Non, il lui aurait lancé un duel de magie, ou pire encore, un duel de catch.

Son père n'était pas forcément le meilleur des exemples... Et le professeur Super Chelou, qu'est-ce qu'il aurait fait ? Un grand sourire, un petit "allons, nous sommes tous amis", et la situation aurait été réglée. Mais ce n'est pas pour rien qu'Hallie le surnomme ainsi. Elle secoua sa tête tout en fermant ses yeux.
Le trajet ne pouvait pas être si long. Dans le cas échéant, peut-être que les langues se délieraient avec l'ennui. La jeune rousse fit coulisser la porte de sa cabine, puis, les pieds sur la banquette, fouilla son sac afin d'essayer d'attraper les deux pochettes tant convoitées. Dans l'une s'y trouvait sa console rétro : la nintendo Switch, et de l'autre se trouvait une tablette de chocolat, un de ses péchés mignons. Tout en croquant un gros morceau, elle réfléchit au fait d'en partager avec Apryll qui était encore occupée dans son coin, sans échanger le moindre mot, le visage inplacide. Toujours mal à l'aise, elle se ravisa de le faire directement. Au lieu de cela, elle posa la tablette sur la table commune de la cabine, invitant indirectement sa colocataire à se servir par elle-même.

Hallie avait la moitié de la tablette dans une main, tandis que sa gauche tenait difficilement les joy cons de la Switch. Une couette, une Switch, du chocolat, une voisine mutiste, qu'est-ce qui pourrait mal se passer ?

Apryll n'avait pas replongé son nez dans son bouquin tout de suite et lut toute la confusion qui régnait chez son interlocutrice. Bingo se dit-elle, la remarque avait fait mouche. Elle était plutôt fière, bien qu'elle camouflait son sourire, ô combien radieux en son for intérieur, par une expression neutre. Devant le silence, la blonde ne savait que faire: lire, ne pas lire, telle était la question. Puis Hallie répondit enfin quelque chose avant de se lever et sortir, la jeune fille la suivit des yeux.

Elle est vraiment bizarre cette fille. pensa-t-elle, sur quoi elle aurait tiré la langue dans le dos de l'autre, si cela avait été sa soeur, mais comme ce n'était pas le cas, elle s'abstint.

Et sitôt la rousse dehors, Apryll se détendit et se remit à lire paisiblement. Pourtant, le désagréable souvenir de cette interaction lui remontait au cerveau, se mettant en pleine lumière, éclipsant de son ombre le sortilège d'allumage de baguette qu'elle tentait de mémoriser. Et plus elle faisait d'effort pour lire et relire le même passage et plus sa pensée se focalisait sur autre chose.

Non vraiment, y'avait vraiment rien qui allait dans cette rencontre. Son regard se perdit dans le vide, immobile, et à entendre de nouveau la porte s'ouvrir, elle secoua la tête pour reprendre ses esprits et se râcla discrètement la gorge. Et le malaise la reprit...mais en fait, plus elle analysait la situation, plus elle se disait que ce qui la gênait réellement c'était que la fille puisse penser du mal d'elle.

Apryll n'était pas très confiante, et le paraître étaient quelque chose d'important, paraître gentille et éduquée voilà qui la convenait, imaginer que cette fille colporterait de mauvaises idées reçues à son sujet, voilà qui la chagriner. Bien plus qu'une simple question de superficialité, la blonde n'était pas quelqu'un de méchant et optait plutôt pour la paix. Aussi, se dit-elle qu'à l'occasion elle tenterait d'adoucir cette tension.

Ce n'était pas pour autant que son visage se décrispa, elle avait toujours son air froid et studieux, qu'elle quittait difficilement pour sa défense. Sa voisine bougeait dans tous les sens, ou du moins, de son point de vue, et tandis que le remue-ménage finit par se calmer, des petits bruits se firent entendre: des gliiiigs, bouiiings, bref des sons de jeux vidéos, mais les jeux vidéos, Apryll ne savait pas ce que c'était. Aussi était-elle bien intriguée qu'elle leva discrètement son regard pour épier, par moment, la rousse, l'attention portée sur l'objet qu'elle tenait dans les mains, bien que l'on pourrait croire qu'elle s'intéressait au chocolat.

@Hallie MacCruimein

Les bruits de la console que la jeune fille tenait dans la main retentirent dans toute la cabine. Les joues de cette dernière se changèrent rapidement en un rouge cramoisi. Elle prit soin de baisser le volume au minimum, avant de grogner quelque peu. Elle qui était enfin installée, et prête à voir le temps défiler, devait se relever une fois de plus. Fatiguée, elle farfouilla de nouveau dans le sac que sa mère avait pris soin de préparer pour le voyage, naviguant entre les bonbons, le nécessaire de toilettes, et autres objets qu'une maman pourrait mettre pour le voyage de son enfant, pour enfin y trouver, tout au fond, ses vieux écouteurs à prise jack. « Ah enfin, pensa Hallie. Avec ça j'vais pouvoir jouer tranquillement et sans gêner. мама m'aurait rouspété pour ça... »

Satisfaite de sa trouvaille, elle se rassit très rapidement et dans la précipitation, laissa son sac de voyage déborder du compartiment des bagages, menaçant ainsi de s'écrouler à tout moment.
C'était à se demander comment cette console avait subsisté pendant tout ce temps. Bizarrement, la batterie aurait dû être usée et inutilisable, mais un soin exceptionnel avait été apporté à cet objet visiblement cher aux yeux de la petite. Elle était fière de sa console, quand bien même elle n'était pas une joueuse avide.
Elle avait maintenant retrouvé un semblant de sourire. La musique qui circulait dans ses écouteurs appaisait tous ses sens, comme si elle faisait une séance de méditation. Sa concentration se fixa rapidement sur le jeu, avant d'être interrompue dans son élan par son estomac :
GRRRBBBBBLLLLL
Faisant comme si de rien n'était, elle reprit le jeu assez rapidement. Au bout de quelques minutes, elle avait l'impression d'être épiée. Par moment, lorsqu'Hallie levait les yeux, ils rencontrèrent ceux d'Apryll, visiblement intéressée soit par le chocolat laissé pour elle, soit par la vieille console. Peu lui importait : les deux étaient quelque chose qu'elle aimait ! « Ah, peut-être qu'elle est pas si méchante que ça, en fait ?, se demanda Hallie en silence, interloquée. Est-ce que ça s'rait ma chance ? » Naviguant entre sa console et Apryll, ses yeux ne savaient pas où se poser. Elle enleva l'écouteur gauche de son oreille, et lança un sourire à la blonde, teinté d'incertitude quant à son attitude impassible. Hallie n'avait pas explosé devant son interlocutrice qui pourtant l'avait bien cherchée. C'était un miracle pour elle. Elle pensa brièvement à Hisham, son ami barman à Aviemore. Serait-il fier d'elle ?
Ajouté à cela, elle déclara soudainement, avec une candeur enfantine :

« Je présume que tu ne sais pas ce que c'est. C'est une console de jeux-vidéo super vieille. C'est ma mère qui me l'a donnée. Elle se l'était achetée avec ses économies quand elle était très jeune. Elle marqua une courte pause avant de reprendre. Est-ce que tu veux v'nir jouer avec moi à la Switch ? Il faut qu'on soit assise à côté par contre. »

@Apryll Holden

Décidément, sa colocataire de voyage était du genre à remuer dans tous les sens. En réalité ça ne dérangeait pas tellement Apryll, son attention s’était portée sur l’objet que tenait la jeune rousse. Elle était fort intriguée et tentait par tous les moyens de savoir ce que c’était. Elle fouina donc dans les recoins de sa mémoire juvénile à la recherche d’un objet s’apparentant à celui-ci…mais rien. Ensuite, elle tenta de deviner si, par hasard, ses parents avaient mentionné cette chose auparavant, mais franchement aucun objet magique ne semblait correspondre.

Finalement elle abandonna, elle ne savait définitivement pas ce qu’était cet artéfact. Et ça la rendait encore plus curieuse, sûrement que sa camarade avait remarqué ses regards fugaces mais nombreux, puisque cette dernière finit par lui apprendre qu’il s’agissait d’une console de jeux-vidéos, super vieille en plus. Mais, c’est quoi une console de jeux-vidéos? Même récente, la blonde n’avait jamais vu, approché ou touché ce type d’objet, et encore moins un jeu-vidéo.

Premièrement, elle rougit, parce que visiblement elle n’avait pas été discrète et savait bien que c’était quelque peu impoli…et puis vu comme c’était parti à la base, loin d’elle l’envie de provoquer un nouvel accrochage. Mais ça, apparemment, tout semblait bien aller, le ton de l’écossaise - l’accent la trahissait largement - était plutôt détendu sans aucune pointe d’animosité.

Deuxièmement, c’est quoi une Switch ? Oui, une console de jeux-vidéos, jusque là ok. Mais ça sert à quoi? Comment ça fonctionne? Venir à côté d’elle pour jouer? Trop de questions à la fois, Apryll ne voulait pas rester dans l’ignorance, pas plus qu’elle ne voulait laisser passer l’occasion d’apaiser les tensions qui la rendaient tant mal à l’aise.

Et c’est justement parce qu’elle était très mal à l’aise qu’elle manqua de refuser l’invitation, avant d’y repenser à deux fois.

« D’accord…mais » elle déglutit discrètement « c’est quoi une console de jeux-vidéos? »

Sur quoi, elle posa son livre ouvert sur la banquette qu’elle quittait pour aller s’asseoir à côté d’Hallie. Mais en se levant, elle fouilla d’abord dans son sac pour sortir deux sandwichs à l’omelette et jambon, elle en proposa un à la jeune fille.

« Je t’ai entendu gargouiller alors…peut-être que tu souhaiterais manger?»

Après tout, la rousse avait fait un premier pas, à elle maintenant de montrer ses bons côtés.

@Hallie MacCruimein

En ce premier jour de septembre, dans la gare de King’s Cross. Le Poudlard Express était sur le point de partir. L'horloge de la voie 9 3/4 indiquait 10h59. Les parents qui étaient restés sur le quai avant le départ, saluaient une dernière fois leurs enfants.

Le train était en marche, le bruit strident des essieux sur les rails avait retenti quelques secondes plutôt. De grands panaches de vapeurs commençaient à envahir l'édifice. Drelall fit quelques signes de la main à ses parents, depuis la cabine d’un compartiment vide. Il était penché sur la fenêtre, et il se redressa une fois qu’ils étaient trop loin pour les apercevoir.

Ses bagages en main, il s’apprêtait à s’installer dans la cabine. Mais un détail le freina dans son élan. Les banquettes de celle-ci avaient toutes été démontés. A la place, des serpillières fixées contre le mur, des sauts, et un chariot y était entreposé. Ainsi qu’un tas d’autres objets pour garantir la propreté du train. Le jeune sorcier compris assez vite, qu’il n’avait rien à faire là. Il sortit de la cabine avec ses affaires, et se mêla aux autres étudiant qui cherchaient encore une place.


Le garçon devait prendre sur lui, car il détestait les transports en commun. Se mélanger à la foule, dans un lieu aussi exigu qu’une rame de train. Lui donnait un peu le vertige.
De temps à autre, en croisant des élèves, il se tenait aux parois du wagon. Ce morceau de métal, tanguait en alternant des sursauts violents et imprévisibles. Malgré cela, il continua sa recherche. Marchant comme un funambule, légèrement nauséeux, et chargé comme jamais. Il traînait ses bagages derrière lui.

Il traversa deux wagons : un ou il s’était arrêté aux toilettes ; une expérience, qu’il ne souhaite plus jamais renouveler dans un train. Et lors du franchissement du troisième wagon, il s’était retrouvé dans un couloir saturé de première année. Ils étaient en train de dévaliser le chariot de confiserie qui circulait entre les cabines. Il lui fallut, un bon quart d’heure supplémentaire pour sortir de là.