Il n'avait pas vraiment laissé le choix à Yesenia et l'avait convoqué purement et simplement dans les anciennes toilettes abandonnées de l'école - chose absurde que ces toilettes, personne ne pouvait les réparer ? Pourquoi les laisser accessibles ? En tant que préfet en Chef il ne comprenait pas que leur existence fut-ce ne serait ce que tolérée étant donné les multiples opportunités qu'elles donnaient à tout potentiel élève voulant enfreindre le règlement. Cela étant dit elles étaient parfaite pour avoir une discussion privée, bien à l'abri des regards donc en ce moment précis Aliosus rangeait bien volontier son avis sur cet endroit - afin de pouvoir s'expliquer sur le comportement de sa petite amie quelques jours auparavant. Il lui avait laissé le temps de se remettre, puis n'avait pas encore osé franchir le pas de cette discussion qu'il savait bien sûr indispensable, mais surtout, déplaisante à souhait. A la hauteur du moment désagréable qu'avait été la nuit à les sortir, elle et Kelly, du pétrin.

Ayant trainé la quatrième année derrière lui, il lui fit signe de ne pas faire le bruit le temps de vérifier que personne d'autre ne fut présent, inspectant chaque recoin, avant de revenir vers Yesenia.

«Bon, maintenant que nous sommes seuls, j'attends tes explications sur ce qu'il s'est passé l'autre soir. Je t'écoute.»
Le ton était accusateur et froid et Aliosus, bras croisés sur sa poitrine, avait mal au cœur de l'user contre sa petite amie, surtout sans savoir si, à la fin de la discussion, elle le serait encore....

@Yesenia Cooper

La soirée plus-qu'arrosée s'était conclue d'une manière bien étrange et les souvenirs brumeux s'emmêlaient dans le cerveau de l'adolescente. Elle se rappelait de tout, bien évidemment, mais tout était si flou. Si la soirée l'avait particulièrement amusée, elle ne pouvait en dire autant du matin suivant, qui fut particulièrement désagréable.

L'infirmier avait fait en sorte que les deux Serpentard ne soient pas malades, et c'était tant mieux d'ailleurs, mais Yesenia avait conservé un mal de crâne interminable, qu'elle avait tenté de dissiper avec de l'eau. La gueule de bois, ce n'était vraiment pas drôle. Elle, qui espérait entrer dans les bonnes grâces de Mr. O'Belt, pour son métier qu'elle trouvait fascinant, n'avait pas récolté ce dont elle désirait. Déçue par son propre comportement, elle n'avait plus dit un mot, depuis.

Désormais, les ennuis étaient ailleurs. Elle suivit son petit ami, en silence, jusqu'aux toilettes abandonnées du deuxième étage. Même si Yesenia savait qu'ils étaient là pour discuter, l'adolescente espérait tout de même, au fond d'elle, que son petit ami l'emmenait réaliser une de leurs nombreuses séances de galochages. Son ton était froid, et tous les espoirs d'Yesenia tombèrent en morceaux.

Yesenia n'osait même pas le regarder, et préféra s'intéresser au bout de ses chaussures. Des Converses, noires, en tissus, usées par le temps, mais toujours en très bon état. C'était sa paire préférée, parmi toutes celles qu'elle emmenait à Poudlard. Une sorte de paires de baskets porte-bonheur, qu'elle portait à chaque examen, ou même lorsqu'elle avait besoin d'un peu de courage. Il y avait un peu de terre, et pour cause, Yesenia avait passé beaucoup de temps dans les serres de botaniques, seule, rempotant toute plante qui nécessitait un peu d'attention. C'était sa manière à elle de se faire toute petite, après la plus grosse bêtise de l'année.

- Je... marmonna-t-elle, je ne sais pas ce que tu attends de moi, exactement. Je suis désolée que tu sois passé par là, et que tu aies été embarqué là dedans. Ce n'était pas vraiment censé se terminer comme ça.

Son coeur battait à tout rompre. Etait-ce vraiment la fin de leur couple ? Yesenia ne parvenait ni à tenir un poste de préfète, ni une relation plus de six mois, comme si chaque chose dans sa vie avait une date d'expiration.

- Il y avait cette liste... Les choses à faire avant de mourir. Je voulais juste essayer. C'est tout. Je ne m'attendais pas à ce que ça dérape.

Elle jeta un coup d'oeil à Aliosus. Il était beau, même lorsqu'il était fâché. Yesenia n'imaginait pas un seul instant passer le reste de ses études à Poudlard sans qu'il ne soit à ses côtés.

Il n'en revenait pas de ce qu'il entendait, c'était pire que ce à quoi il s'était attendu. Il connaissait Yesenia, son caractère, sa propension aux écarts vis à vis du règlement, peut être même que ça faisait partie des choses qui lui avaient plu, inconsciemment, un des ingrédient du charme incontestable de sa petite amie. Mais là, là, non, il bouillait. Par où commencer ?

«Tu ne sais pas quoi dire ? VRAIMENT ? Je te trouve en plein couvre feu avec Kelly en train de boire l'alcool de Miss Valerion et tu ne sais pas quoi me dire ? Tu t'entends ? Non seulement ça mais tu n'es même pas désolé en fait, juste de t'être faite prendre ! PAR MOI par dessus le marché ! Si tu avais pu passer ta soirée tranquillement sans être interrompu par un préfet en chef trop rasoir et borné pour te rejoindre dans ta petite fête ça aurait été parfait non ? C'est ça que tu aurais voulu ? Est ce que tu imagines seulement ce qui se serait passé si je n'étais pas venu Yesenia ? La probabilité que ce soit Miss Valerion elle-même qui vous trouve endormies dans son bureau, les bouteilles jonchant le sol, vous, deux anciennes préfètes de la Maison Serpentard, sa Maison ? Notre Maison ?»

Trop de colère s'exprimait en même temps dans la bouche du jeune homme, mais si encore elle avait eu une réponse plus sensée...

«Et pour quoi ? Pour une liste ? Une liste de choses à faire avant de... Tu as SEIZE ANS YESENIA, seize ! La mort ne te guette pas par Merlin ! Et toi tu t'es dis qu'il fallait absolument cocher la case "enfreindre le maximum de règles de Poudlard en même temps" ? Il marqua une pause et reprit d'un ton beaucoup plus calme, mais d'une froideur qu'il n'avait jamais entendu de sa propre bouche. C'était ta liste Yesenia ? La tienne ou celle de Kelly ?»

Et puis d'un coup, le silence était brisé. Aliosus avait explosé, et jamais Yesenia ne l'avait vu de cette manière. Elle baissa à nouveau la tête, tandis que le rouge lui montait aux joues. L'adolescente se sentait comme prise au piège par la conversation, il n'y avait aucune issue que d'écouter et d'attendre. Son coeur battait si fort qu'elle le sentait tambouriner dans sa poitrine, et dans sa gorge. Yesenia n'était plus une enfant, que l'on grondait pour avoir enfreint le règlement. Elle releva la tête, apercevant les expressions du visage de son presque-plus-petit-ami.

- Je suis désolée parce que je ne veux pas que mes choix et décisions impactent ta vie. dit-elle si doucement, qu'elle crut qu'il ne l'entendit pas.

Elle pouvait sentir le noeud se former dans sa gorge, celui qu'elle connaissait si bien, celui qui prévenait au cerveau que les larmes couleraient bientôt. Mais il était hors de question qu'elle pleure. Elle se mordit l'intérieur des joues, espérant que la douleur qui inondait sa poitrine se dissipe. Avait-elle des remords vis-à-vis de ce qu'elle avait fait ? Elle en doutait. Décevoir les gens était bien plus grave que de vider une bouteille dans le bureau d'un professeur, pensait-elle. Et actuellement, celui qui semblait le plus déçu était Aliosus Nerrah.

Rien ne pourrait l'apaiser, parce qu'il devait s'en douter, elle recommencerait. Parce que c'était ancré en elle. A chaque bêtise, elle promettait d'arrêter, et de se comporter comme une adulte, comme une personne de confiance, et elle-même s'en persuadait. Pourtant, la part d'ombre en elle finirait par lui tendre à nouveau la main, et sans qu'elle ne s'en aperçoive, elle l'accepterait.

Oh bien sûr, Yesenia aurait pu dire que tout était de la faute de Kelly, après tout, c'était sa liste, tout comme c'était Jeremiah Walsh qui l'avait incitée à faire exploser une grenouille. Mais l'influence n'était pas le seul paramètre, puisqu'il lui arrivait de pousser ses bêtises plus loin sans besoin de l'aide de personne, comme lorsqu'elle avait décidé d'enfermer la tête d'un Poufsouffle dans une citrouille et que celui-ci avait bien failli se rompre le cou dans les escaliers. Heureusement, Aliosus Nerrah finissait toujours par réparer ses bêtises. Mais à quel prix ?

- Je ne sais pas. dit-elle, en étouffant un sanglot. Je ne sais pas à quoi je pensais. Elle m'a montré sa liste, et puis, et puis... elle renifla, faisant en sorte d'éviter son regard, je ne sais pas ce qui cloche chez moi.

Il commençait à obtenir du concret, mais c'était encore bien maigre, dérisoire même en comparaison de l'importance et de la gravité des faits.

«Tu peux au moins me regarder quand tu dis que tu ne veux pas que tes choix impactent ma vie. C'est trop tard Yesenia, bien trop tard... Bon sang je pensais pas que je devais avoir cette discussion avec toi, que c'était du bon sens, mais visiblement non. Mon père siège à la plus haute institution du pays Yesenia, tu le sais pourtant non ? Et moi, je ne vais pas te rappeler ce qui est inscrit sur mon badge, si ?»

Il détestait parler de ça, mais c'était tout le nœud du problème. Il ne lui en voulait pas de cette stupide idée, mais plutôt de l'avoir réalisé sans aucune considérations pour les conséquences.

«Maintenant qu'est ce que tu crois qu'on va penser du préfet en chef de Poudlard si sa propre petite amie viole aussi allègrement le règlement ? D'abord évidemment, qu'il est un incapable, même pas fichu de mettre du plomb dans la tête à une quatrième année, mais ça va plus loin. Le prestige du poste de préfet en chef est un honneur avant tout pour notre Maison, il n'y en a que deux, pas quatre, et Serpentard bénéficie de cette aura, pas Serdaigle, pas Gryffondor. Tu vois ce que je veux dire ? Deux anciennes préfètes de Serpentard prises dans un tel scandale, dont la petite amie du préfet en chef de Serpentard aussi, avec pour cible le bureau de la Directrice de Serpentard !»

A aligner tout cela bout à bout il sentit la colère remonter en lui, pour peu qu'elle avait commencé à diminuer.

«C'est pas une simple idée stupide, c'est un attentat contre notre Maison, qui discrédite tout le monde, qui te déshonore toi, Kelly, Miss Valerion, moi et tous nos camarades ! Oh et sans compter mon père dont les adversaires politiques se feront une joie de lui rappeler que son fils est la risée de l'école. Ses adversaires, tu comprends de qui je veux parler ? La famille Harrison, Yesenia.»

Il avait le tournis en pensant aux implications que la soirée aurait pu avoir, et pouvait encore, si jamais tout le nécessaire n'était pas fait dans les prochains jours.

«Comment as tu pu être aussi égoïste ?»

En plus du tournis, il tremblait à présent, sous le coup du mélange de sa colère, de sa déception et de la crainte du futur.

Aliosus ne l'écoutait pas. Aliosus ne la comprenait pas. Comment n'avait-elle pas pu s'en rendre compte auparavant ? L'adolescente avait ouvert une porte sur ce qu'elle ressentait envers elle-même, mais le garçon avait simplement ignoré le sujet. Elle essuya d'un revers de la manche la larme qui menaçait de s'écrouler sur son visage, en plantant ses yeux dans ceux d'Aliosus Nerrah, d'un regard amer. Yesenia avait les dents serrées, et le feu menaçait de se propager hors de sa poitrine. A mesure qu'il parlait, l'adolescente se contenait, et s'empêchait de répondre, mais Aliosus avait atteint le point de non-retour.

- Ton badge, ton père, ton statut... J'EN AI RIEN A FOUTRE, ALIOSUS. Tout ça, là, ça me dépasse, et j'en ai sincèrement rien à foutre de l'image que je renvoie.

Sa voix était cassée, brisée, tout comme la tournure que cette discussion prenait. La colère avait remplacé la douceur en si peu de temps, et Yesenia se rendait compte à quel point les choses étaient fragiles et reposaient sur des valeurs simples, qui pouvaient s'envoler à la moindre occasion.

Il le savait. Depuis le début. Elle avait toujours été pareille. Elle n'avait jamais caché une seule partie de sa personnalité, pire, Yesenia se sentait pleinement elle-même en compagnie d'Aliosus. Désormais, c'est ce qu'il lui reprochait, et quelque chose se brisa en elle.

- Et tu devrais en avoir rien à foutre toi aussi. cracha-t-elle, en reculant de quelques pas pour prendre de la distance sur la conversation. Je ne t'ai jamais demandé de me protéger ou de t'immiscer dans mes histoires. Alors pourquoi tu es venu te mêler de ça, si ton image est plus importante que tout ?

Des vieux monsieurs, en costume trois pièces, dont la pureté du sang était le principal sujet de conversation n'impressionnait pas Yesenia Cooper. La famille Harrison n'était qu'une bande d'imbéciles, avec des goûts douteux et une éducation morbide lorsqu'il s'agissait d'apprendre les valeurs à leurs enfants. Carry en était bien la preuve, même si celle-ci semblait changer et évoluer. Ces gens-là pouvaient bien avoir l'opinion qu'ils voulaient sur elle, sur lui, et ça ne changerait rien à qui que ce soit. Parce qu'elle savait qui elle était, parce qu'elle savait ce qu'il valait, et rien n'importait plus que ça à ses yeux.

Yesenia n'avait pas une pensée pour la maison Serpentard. Elle était fière d'y appartenir, mais n'avait jamais promit à qui que ce soit d'être celle dont la maison pourrait être fière, et ce, depuis sa première année. Oh il est vrai, elle s'était tenue à carreaux lorsqu'elle était préfète, mais elle ne s'était pas sentie complètement elle-même. Jouer un rôle était bien plus difficile qu'elle ne le pensait.

- Si tu n'es pas assez courageux pour lâcher prise sur ce qu'on peut penser de toi, de ta famille ou peu importe, je ne vois pas ce que l'on fiche ensemble. finit-elle par dire d'un ton sec. Je suis peut-être égoiste, mais je ne changerai jamais qui je suis. Je ne suis pas faible.

Aliosus perdait le contrôle de la situation.
Il avait poussé trop loin, il avait poussé Yesenia dans ses retranchements et à présent, elle explosait, comme lui s'était laissé aller à déverser le flot de sa colère provoquée par l'inquiétude mêlée à l'incompréhension du comportement de sa petite amie.
Il haïssait perdre le contrôle, cela n'arrivait presque jamais, et, parfois, par miracle, cela pouvait le pousser à déposer un baiser maladroit sur les lèvres d'une quatrième année sublime dans sa robe de soirée de réveillon après avoir dansé avec elle. Mais la plupart du temps, lorsque le contrôle lui échappait c'était qu'il se passait quelque chose de grave. Des élèves étaient agressés, la panique régnait autour des sorts et du feu, Alice hoquetait de terreur dans son sang, une urne noire imposait sa loi à miss Loewy, Carry resserrait son étreinte sur lui, il se trouvait prisonnier du Poudlard express sans rien pouvoir tenter que de se faire mal aux os à force de frapper sur un carreau avec un chaudron portatif.
En réalité Aliosus ne détestait pas perdre le contrôle. C'était plutôt que ça le terrifiait au plus profond de lui. Et en cet instant, alors que son cœur battait déjà à tout rompre, il sentait l'air lui échapper, un poids immense peser en lui, des milliers d'épingles minuscules le transperçaient par tous les pores de sa peau. Il réalisait que maintenant qu'elle lui hurlait dessus, il avait peur de ce qu'il avait provoqué.

Il savait que Yesenia n'avait pas tort, au fond, tout au fond, loin derrière ses apparences. Mais elles étaient tout pour lui, ces fichues apparences. Depuis trop longtemps il s'était forgé un rôle dans lequel il se complaisait, préfet, fils de Patriarche, préfet en chef, peut être aimait il plus ce que ça représentait, plutôt que la réalité. Mais la confrontation était trop brutale, trop soudaine pour qu'il arrive à aligner une réponse sensée à la colère brûlante de Yesenia avec laquelle elle répondait à sa colère glacée. Jusqu'à ce que.

«Tu n'es pas faible.»
Le ton était sans appel, il reprenait l'assertion de la brune et l'approuvait sans réserve.
«Tu n'es pas faible Yesenia, tu es irréfléchie et impulsive, mais pas faible. Volcanique, maladroite, spontanée, mais PAS faible. Si tu étais faible jamais je n'aurai pu tomber amoureux de toi.»
Sa voix n'était pas bien forte, et il sentait qu'il ne la maîtrisait plus vraiment, de même que les tremblements de son menton et de ses mains, ou les gouttes qui perlaient à ses yeux. Il détestait aussi perdre le contrôle de son corps ainsi mais si en cet instant, devant elle, s'il ne pouvait s'autoriser à être, lui, un peu faible, du moins, vulnérable, alors à quoi bon ?
«Te souviens tu de ce que tu m'as dit dans ce bureau Yesenia ? T'en souviens tu seulement ?»

Yesenia ne s'était pas rendue compte que sa colère était plus forte, plus brûlante, que tout ce qu'elle avait pu ressentir auparavant. Jamais Yesenia n'avait perdu le contrôle à ce point. Oh bien sûr, il y avait bien la fois où elle s'était battue dans un couloir du château, lors de sa première année, mais la colère qu'elle ressentait à cet instant précis n'était pas aussi intense. La déception générait en elle une colère bien plus dense qu'une querelle avec une élève à peine rencontrée. C'était tout simplement incomparable. Jamais Yesenia n'avait pensé perdre son sang froid face à Aliosus. Honteuse, elle fuit son regard.

Son sang battait dans ses tempes, et pourtant, balancer toutes ses émotions, toutes ses pensées, à son petit ami, avait été étonnamment libérateur. Libérée d'un poids, de ressentiments contenus depuis trop longtemps, la Serpentard se sentait à nouveau plus légère. Les morsures qu'elle s'infligeait à l'intérieur de ses joues l'empêchaient de déverser le torrent de larmes qui menaçait de se jeter sur son visage depuis qu'elle était entrée dans les toilettes abandonnées.

Yesenia voulait partir. Quitter la conversation. Elle espérait même qu'Aliosus aie la même idée, et quitte la pièce le premier. Mais étonnamment, il resta. Sa voix brisa le silence, et Yesenia leva la tête vers lui, sans se retourner complètement pour l'écouter. Elle ne savait pas quoi répondre. Si c'était vrai, alors d'où venait toute cette colère qui les avait submergés ?

- Je ne crois pas... dit-elle en murmurant.

Elle s'en souvenait.

- Peut-être, finit-elle par avouer, en se tournant complètement vers Aliosus, haussant les épaules. Mais ça ne change rien. N'est-ce pas ?

Elle s'en souvenait, elle avait beau éluder la question, il le sentait, il le voyait, il pouvait le lire dans sa posture, dans le ton de sa voix, dans son regard, lorsqu'elle s'était enfin retournée pour lui faire face. Ses grands yeux verts dont il connaissait la géographie par cœur, chaque variation du sapin à l'olive, chaque reflet doré pendant les jours ensoleillés.


C'est Ye-se-nia Et puis, un Poufsouffle de plus ou de moins, qu'est-ce que ça change ?
Un premier échange dans l'escalier, elle, lui et une tête de citrouille.


Je suis désarmée, promis.
L'été mourrait à petit feu alors qu'ils se étaient dans le parc, elle et ses dessins, lui et son épée d'entrainement.


En quoi abaisse-t-on ses défenses lorsqu’on embrasse ? On se sent vraiment plus fragile ? Pourquoi c’est réservé aux amoureux ? Rho c’est vraiment compliqué...
Oui c'était compliqué en théorie, allongés là tous les deux sous un arbre du parc alors que l'été renaissait, il essayait de lui faire comprendre que quand le moment était venu, tout était simple alors.


Jeremiah ! Arrête !
La détresse dans cette voix, son regret de ne pas être intervenu avant.


Peut-être le chou a t-il décidé de prendre des vacances bien méritées et peut-être que le chou t’enverra une carte postale. Ou peut-être pas.
L'un en face de l'autre, éclairés par les lumières glauques du lac noir, chacun calé dans un fauteuil, crayon en main.


Tout le monde a besoin d'espoir.
Tout le monde a besoin d'hortensias lui avait-elle dit, allongée sur son lit, à Pré au Lard, la tête pendue dans le vide.


J’ai suffisamment de temps devant moi pour boire un chocolat chaud et recevoir ma leçon, Nerrah. J’ai pleins de questions, à vrai dire…
Enfin quelqu'un qui s'était intéressé à son expérience. Elle avait tant voulu bien faire.


Le parfait viffet a besoin d'un parfait botruc. Sinon, ça ne fonctionne pas.
Quelques secondes avant que tout ne bascule. Que tout devienne simple.


Tu cherchais un livre, ou juste moi ?
Elle caresse sa robe de sorcier, un sourire à se damner sur son visage, dans les confins de la bibliothèque.


Je t'offre ma cravate, Aliosus, parce que je t'aime. Maintenant, Dame Valerion et moi allons nous coucher, demain nous allons chasser du concierge dans la Forêt Interdite.
Une avalanche de sentiments contradictoire, son cœur battant à tout rompre.


Si tu n'es pas assez courageux pour lâcher prise sur ce qu'on peut penser de toi, de ta famille ou peu importe, je ne vois pas ce que l'on fiche ensemble.
Pas ça non.


Aliosus ?
Une pause, un soupir.
On est amis, n’est-ce pas ? Amis pour la vie.
Oui Yesenia, et plus encore.


Il approcha les mains des siennes, priant pour qu'elle ne le repousse pas.
«C'est ce que tu veux ? Que ça ne change rien ?»
Les considérations dont il avait la base de tous ses reproches étaient repoussées au fond de son cerveau qui n'était plus focalisé que sur les yeux verts de Yesenia, et sur les mots à venir.